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Full text of "La religion des Gaulois; les Druides et le druidisme; leçons professées à l'École du Louvre en 1896"

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NOS  ORIGINES 


LA 


liELIGION  DES  OAULOIS 


LES  DRUIDES  ET  LE  DRUIDISME 


I    l.<    »»NS      i'IU)I  I.SSKI.S     A     i/kCOI.  I.      lU       I.OlVHI.     1.  N      1  SO^Î 


PAR 


Am:xam)KE    HKHiriANl) 


MKMItllK    I»K    I.  INsilTi:r 


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NOS  ORIGINES 


U  RELIGION  DES  GAULOIS 


LES  DRUIBGS  ET  LE  DRUIDISME 


1*  Arehé'- 
2-  La  Gfir 

3.  LesC« 

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A  LA  MEMOIRE  DE  MON  PERE 

Alexandre-Jacques- François  BERTRAND 

AKCIKN  ÉL&VB  DE  L*éCOLB  POLTTBCHlflQOB 
DOCTEUR   BN  MiDBCINB   DB    LA   FACULTÉ  DB   PARIS 

(17G4-1831) 

AITTBDR 

du  Traité  du  somnambulisme  (1822), 

des  Lettres  sur  les  révolutions  du  globe  (1824), 

du   Magnétisme  animal  en  France  et  de  f Extase 

dans  les  traitements  magnétiques  (1826). 


PRÉFACE 


Hùc  unum  plane  tibi  approbarg  v«l- 
lem  omnia  me  illa  tentirê  qug  âiee' 
rem,  née  tantum  ientirê  sed  amare. 

StNÈQVB. 

Nihil  eat  simul  inventum  et  perfeetum. 
(Siçillum  Oljli  Maoni). 


Ces  leçons  sont  publiées  telles  qu'elles  ont  été  dites. 
Nous  sentons  tout  ce  qui  leur  manque.  Si  nous  avions  vingt 
ans  de  moins,  nous  les  aurions  remaniées  et  complétées. 
Nous  en  aurions  fait  une  œuvre  mieux  ordonnée,  mieux 
équilibrée  dans  ses  diverses  parties.  Mais  à  notre  âge  on 
ne  peut  attendre  :  nous  réclamons  Tindulgence  du  lecteur. 
Des  circonstances  particulières  nous  ont  permis  de  voir 
autre  chose  —  sinon  mieux  que  nos  devanciers  —  dans  le 
domaine  de  la  religion  gauloise.  Nous  avons  dit  ce  que  nous 
voyons.  Le  lecteur  trouvera  dans  nos  leçons  plutôt  des 
aperçus  que  des  démonstrations,  une  orientation  vers  la 
vérité  plulôt  qu'un  exposé  logique  de  vérités  démontrées. 
Le  litre  devrait  être  simplement  :  Nos  vues  sur\la  Religion 
des  Gaulois.  Nous  le  laissons  tel  qu'il  a  été  annoncé  par 
notre  éditeur  espérant  que  ce  livre  sera  pour  d'autres  un 
point  de  départ. 


vin  PRÉFACE 

Quelques-unes  de  nos  propositions  nous  paraissent  avoir 
pour  elles  un  grand  degré  de  probabilité.  Elles  s'appuient 
sur  des  faits  déjà  nombreux. 

La  division  de  la  religion  pré-romaine  des  Gaulois  en 
deux  branches,  la  celtique  et  la  galatique^  précédées  d'nne 
période  chamanique,  nous  semble  devoir  s'imposer  désor- 
mais à  tous  les  chercheurs. 

Nous  croyons,  antérieurement  à  la  période  celtique^  an 
contact  de  nos  populations  primitives  avec  le  monde  sep- 
tentrionaly  que  Pruner  Bey  et  François  Lenormant  ont 
qualifié  de  Touranien. 

Nous  croyons  à  la  valeur  des  survivances  comme  moyen 
d'information  sur  les  temps  les  plus  éloignés.  Fustel  de 
Coulanges  a  magistralement  montré,  dans  sa  Cité  antique^ 
combien  il  y  a  de  survivances  dans  nos  institutions,  nos 
lois,  nos  coutumes.  Le  même  travail  doit  et  peut  être  fait 
dans  le  domaine  des  Religions. 

Nous  croyons  que  certains  symboles  solaires  sont  aussi 
vieux  que  les  langues  indo-européennes  elles-mêmes.  Ce 
langage  primitif,  nous  devons  nous  efforcer  de  le  suivre  à 
travers  les  siècles  et  d'en  comprendre  le  sens.  Les  mé- 
dailles celtiques  nous  paraissent  devoir  être  sérieusement 
étudiées  à  ce  point  de  vue. 

Nous  croyons  à  l'existence  en  Gaule,  en  Angleterre^  en 
Irlande  de  grandes  communautés  druidiques,  analogues 
aux  lamaseries  de  la  Tartarie  et  du  Thibet.  Nous  soupçon- 
nons que  de  semblables  communautés,  sous  divers  noms, 
ont  joué  dans  le  monde  un  rôle  considérable  comme  fac- 
teurs do  la  propagation  et  de  T acclimatation  des  langues 
et  de  la  civilisation  indo-européenne  en  Occident  :  ces 
communautés  sont  à  nos  yeux  l'origine  et  le  modèle  de 
nos  grandes  abbayes  chrétiennes  de  moines  occidentaux. 

iNos  convictions  s'appuient  sans  doute  en  grande  partie 


PRÉFACE  IX 

sur  des  arguments  moraux.  Plusieurs  de  nos  propositions 
ont  le  caractère  d'hypothèses.  Mais  l'hypothèse  n'est- 
elle  pas  un  procédé  scientifique  fécond  ?  et  n'est-il  pas 
permis  de  tâtonner  à  la  poursuite  d'un  problème  aussi 
obscur  et  aussi  compliqué  que  celui  de  la  Religion  des 
Gaulois? 

Nous  avons  foi  dans  nos  idées;  nous  prions  le  lecteur  de 
ne  pas  nous  juger  à  la  légère.  Ces  idées  sont  le  fruit  de 
longues  réflexions.  Nous  regretterions  quelles  fussent 
compromises  par  Tinsuffisance  de  notre  argumentation  et 
des  erreurs  de  détail.  Nous  espérons  que  d'autres  achève- 
ront ce  que  nous  avons  commencé.  Si  nous  nous  sommes 
trompé  on  nous  excusera  pour  notre  bonne  volonté  et 
notre  sincérité  scientifique.  Notre  livre  est,  comme  les 
précédents,  suivant  l'expression  de  Montaigne,  un  lirre  de 
bonne  foi. 

Saiot-Geraiain,  25  décembre  1897. 

AlexandI^e  BERTRAND. 


■  '..-» 


NOS  ORIGINES 


LA  RELIGION  DES  GAULOIS 


LES  DRUIDES  ET  LE  DRUIDISME 


Leçons  professées  a   l'École  du   Louvre  en  189G 


V  LEÇON 

LEÇON  D'OUVERTURE' 

Mon  savant  confrère  cl  ami  M.  Michel  Bréal,  iaviléù  prendre 
la  parole  au  Congrès  des  Orienlalislcs  réuni  à  Genève  en  1894*, 
commençail  ainsi  une  intéressante  communication  sur  les 
Doms  de  certaines  divinités  communes  aux  Etrusques  et  aux 
Romains  : 

<c  Le  monde  est  plus  ancien  et  il  y  a  plus  de  continuité  dans 
les  choses  humaines  qu'on  n'aTair  de  le  supposer  d'ordinaire. 
Tout  n'a  pas  commencé  en  Europe  avec  la  race  indo-euro- 
péenne. L'Europe,  comme  l'Asie,  avait  déjà  ses  dieux,  se;^  lé- 

1.  Le  sujet  du  cours  avait  été  ainsi  formulé  : 

U  Professeur  étudiera  la  relif)ion  de  ta  Gaule  aux  diverses  périodes  de  son 
histoire  deput'^  les  temps  les  plus  reculés  jusquii  ta  cntiversion  des  Francs  au 
ciirislianismej  d'après  les  monuments^  les  textes  et  tes  tétjendes.  La  prô:?i'Dt 
Tobme  s'arrête  à  La  couquùtc  romaiue. 

i.  De  quelques  divinités  italiques^  par  Micliel  Bréal,  Leide,  189^,  p.  3. 

1 


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l.A  hEl.l«;iHN  iii:s  r.  it'Lois 


^iMiiics  ri  M»-^  rili's  aviiiil  tjiii'  loMlriiiitT'i  vi'iiu^i  ilr  l:i  l'ivilisîi- 
limi  viii^sriit  iinijs  iiii|Hi<iT  li'iir  l:iiii;iii*  l't  |i*iir  riii|iirf.  As- 
Kiiri'iiiciit  l.'i  lan:;ur  <lfs  llniiiain^  rst  uni-  laii::ijr  âi\«'iiiif. 
il  m*  pi'iil  V  .'ivuir  :i  n*  Miji'l  aiit'iiii  iloiilt'.  iiiai<^  ili*  ^'r  i|iif  la 
IniiLMii- i-^l  àiifiiii*'.  il  IH*  N  ('ii*>iiil  |i.i*«  i|ii«'  la  li'lijitii  Ir  s«iil 
Mil  i|iri*lli*  If  s«iit  rii  l'iitii-r.   - 

r.i's  |iari»l''>  |n*ii\i'iit  s*a|i|ilii|U(*r  aviT  |ilii%  ilr  jn-^liv-M*  riirnii- 
a  la  liaiili*  <|n  a  l'Il.ilif.  i\*'  si-raii  uni;  ::i-aiiili*  firnir  ili*  nui- 
siiiritT  rminiii'  un  paiillifiin  pinuilif  Ir  |ianllii'iiii  i'aiil«iis  tri 
r|iii-  (lésai  iiMiis  Ir  |iirsiiiir.  I/i  (iaiili'.  avaiil  (ffii  aiiiM-r  la. 
avait   tra\iTM-  ilr>  ri'V(»liitiittiN  4|tii  a\ait'iit  Kiinm*  liaiis  Ir  pa\s 

ili**«  tiaci's  prufiiihlrs.  I  .-'S  vrilles  i'i>!liliir||rr||t  â  >  illIpuM'l' 
à  t'ill-  1rs  rsplils  irllrrlils.  L  lilllliailili*  -  -  i  li.ii|ih' p.i\  :«  rii  p.n - 
lifllllri     —     .1    pas"»r    par    ili-s    riais    IrlJL'irUV    MliTi'Nsifs.  hr 

l'hai  un  ilr  l'i-s  riais,  irsir  ilaiis  Ir  suivant  rt  ilan*«  li's  siii\.inls 
un  ii'Milu  «|iii  s  ;iiiiin<'it  IhuJiiiiis.  mais  ur  ilisparait  jain.iis  ri 

l'Illpêrlir  i|U  .1  .Illi'Uni*  rpii.|i|r  ii|i  ||i-  titMl\r  |  rrllrinclll  l'Iir/ 
1rs  Il.lli'ills  rivill>rrs   llllilr  i|i-  r|ii\.l||i f  ' 

V'iiis  iriiiiiiiaisM'/  II.  .\|«'s<»ii.'iii's,  l'i*  i|ur  niiiisa\iiiis  appcli*  . 

frs  -m  *  1»  'tilt  r\  I '.r-*  Mil  \  i vaih'i- s  sii||l  sui  liilil  liniiilirrilsoH  ilaiis 
Ir    •liiniailli'    |i'll;:iril\      NiMls    rsH.iifiiiii^    ijr    IfllMIltiT    a    li'llls 

«tri::inis. 

I/aii  lir«i|i)L'ir  ist  I  II  iiii'-'iiii'  il*'  lii'iii'tntii'r  -^  iimis  rii  aviiiis 

«iiilllli'  «li-s  piruvr  s    siu.i!i>ilil.illtrs      -  i|i]i'  |  Uliilr  .Ippai  t'Ilt^'   lii' 

ili-  la  iiati-iiiaiili'  .  iiil<>i^<-  .i    t  rpntph-  i|r  la  r«iii*|iirlr  minainr 

rsl  tili.-  ii!u-«i"lt.  L.l  \  i-lllr  «Vl  illi*-  ijirs  II  iIm|s  i|r  |\prH  p||\  ««iilili'!» 
Iri-s  tii>i|**.  •  l»i  ai  h\i'i'pli  ||rs,  •lnlii  tiiirrplialrs  .  liirs;ith-r- 
pliali-s     lil  UII<*  ri   !ii->II<|s,   i|.'   ;;f  ih.jr   il    >!••   prlllr    lailN'   —   il  ••II- 

::iiir  It  •^  •l:'!»nnN'.  ifi  i|r|in|s  lin  !ih-  il^'s  liiiMis  l'i  ili"»  |ji:uirs', 

^<-  ^'tli!  <•(!••  •■«•»l\t||ifMil  rl.llihi-^  siii  litilir  <»<i|  a  «ll's  rpinlllrs 
plil^    iMl    liii*ii|o    rltiljliri»    |i'*<    Ulps   ili  ^     aUli's  i-t    «pi  rJlr.H    iillt 

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aUijU'  I   11  «   .Illl'  iir*    •  I  l^«|i|ll^'s  iilil     I   •Illli-   |i-«>   li'iMI^   «II*   (.•  i|rH  i-l 


I.'     i>    '.' 


LEÇON   D  OUVERTURE  3 

de  Gaulois.  Les  conquêtes  romaine  et  franque  ont  continué 
ce  mouvement. 

Je  ne  parle  pas  seulement  ici  des  races  primitives  que  les 
anciens  auraient  qualifiées  d*autochtones  :  races  quaternaires 
(antédiluviennes  de  Boucher  de  Perthes,  nomades  des  ca- 
vernes de  Lartel),  sur  Torigine  desquelles  plane  une  profonde 
obscurité  ;  je  veux  parler  des  trois  groupes  principaux  d'immi- 
grants dont  nous  avons  étudié  avec  vous  les  monuments  et 
qui  successivement  ou  parallèlement  ont  occupé  à  l'état  dis- 
tinct une  partie  des  contrées  qui  sont,  aujourd'hui,  la  France, 
avant  de  s*unir  et  de  se  confondre  dans  Tensemble  d'une  or- 
ganisation politique. 

Nous  rappellerons  succinctement  les  traits  principaux  par 
lesquels  ces  trois  groupes  se  distinguent  les  uns  des  autres, 
géographiquement, chronologiquement, politiquement, en  vue 
de  préparer  vos  esprits  à  retrouver  dans  la  religion  gauloise 
les  mêmes  divisions. 


PREMIER  GROUPE 

Le  premier  groupe,  le  plus  ancien,  le  plus  nombreux,  le 
plus  persistant  est  celui  auquel  nous  devons  l'érection  des 
monuments  mégalithiques.  Les  anciens  ne  lui  ont  pas  donné 
de  nom.  Ils  ne  semblent  pas  l'avoir  distingué  des  deux  au- 
tres '.  Les  caractères  de  ce  groupe  sont  cependant  très  tran- 
chés sous  tous  les  rapports.  Sans  lui^  notre  histoire  serait 
inexplicable. 

L examen  de  la  carte  des  dolmens  et  allées  couvertes^  ex- 
posée au  Musée  de  Saint-Germain  sur  laquelle  sont  marquées 

i.  A  luoiu:^  qu'il  ne  faille  y  rccouiiallre  des  Ligures,  thèse  qui  u'u  ricu 
d'iovraisemblable  et  s'acrorderuit  assez  bieu  avec  la  doctrine  de  M.  d'Arbois 
de  JabaîuTilIe  aux  yeux  du({uel  les  Ligures  uut  joué  à  Torigine  de  notre  his- 
toire un  rôle  prépondérant.  Cf.  ï^cs  pretniers  habitants  de  VKurope^  2"^  édil., 
L  I,  p.  330-393. 

2.  Voir  au  Musée  de  Saint-Germain,  salle  2^  lu  carte  dressée  par  nos  soins 
pour  la  Com mission  de  la  topographie  des  Gaules,  ci  Ardiéoloffique  celtique  et 
gauloise j  pi.  IV. 


4  LA  RELIGION  DES  GAULOIS 

les  communes  où  a  été  conslalée  la  présencei  en  plus  ou 
moins  grand  nombre,  de  monuments  appartenant  à  celte  caté- 
gorie, révèle  un  premier  fait  important.  Les  populations  dont 
ce  groupe  se  compose,  même  au  moment  de  leur  plus  grande 
puissance  de  développement,  n'occupaient  qu'une  partie  du 
territoire  qui  plus  tard  fut  la  Gaule. . 

La  statistique  de  ces  monuments  —  dolmens  et  allées  cou- 
vertes*, dont  le  caractère  sépulcral  est  incontestable  —  au 
nombre  de  près  de  trois  mille,  montre  qu'ils  se  répartissent 
entre  un  peu  plus  de  onze  cents  communes  dépendant  de 
soixante-dix  départements. 

Si  Ton  partage  la  Gaule,  non  la  France  actuelle,  la  Gaule 
avec  ses  limites  naturelles  qui  s'arrêtent  au  Rhin,  en  deux 
zones,  l'une  de  Touest,  l'autre  de  l'est,  un  simple  regard 
jeté  sur  la  carte  teintée  fera  ressortir  à  tous  les  yeux  la  loi 
générale  de  distribution  de  ces  monuments.  Les  dolmens  et 
allées  couvertes  appartiennent  presque  exclusivement  à  la  zone 
dorouest. 

Cet  état  de  choses  ne  provient  pas  de  la  destruction  acciden- 
telle ou  voulue  de  ces  monuments  dans  l'autre  zone.  II  est  la 
conséquence  de  la  différence  sensible,  qui,  dèsTorigine,  exista 
entre  Tétat  social  des  deux  zones.  Il  se  rattache,  suivant  toute 
vraisemblance,  à  un  grand  mouvement  de  migration  affectant 
la  direclion  du  nord-est  à  Touest  et  au  sud-ouest  dont  nous 
ne  pouvons  pas  encore  déterminer  avec  certitude  le  point  de 
départ  initial^  mais  dont  les  traces  se  manifestent  très  distinc- 
tement de  la  Suède  au  Portugal  en  passant  par  le  Danemark, 
la  Graiide-Brelagne,  llrlande,  les  îles  du  Canal  Saint- 
Georges  et  de  la  Manche  et  parallèlement  suivant  les  côtes 
occidentales  do  rAllema{,Mic  du  Nord,  en  Mekiembourg,  Ha- 
novre, Ilolstein,  Hollande,  pour  se  retrouver  sur  le  littoral  de 


I .  Voir  la  li.<le  do  ces  monuiuent»  dans  notre  Archéologie  celtique  et  gauloise^ 
lî  L'dit.,  p.  i;jO.  Nous  devons  prévenir  que  cette  liste  est  incomplète;  un  cer- 
liiij  iioml)!"'.;  dt'  niouuinciits  ont  été  signalés  depuis  la  publication  de  notre 
Arclunlu'jic  cellifjiw  et  (jauiuiae.  Ou  eu  si^'uale  encore  tous  les  jours  de  nou- 
veaux. 


LEÇON   D  OUVERTURE  5 

la  France  occidentale  qui  est  une  des  régions  où  cos  monu- 
ments sont  le  plus  nombreux.  La  présence  de  ces  monuments 
dans  les  îles  de  la  Manche,  Jersey  et  Guernesoy.  dans  les 
îles  du  Canal  Saint-Georges,  notamment  dans  Pile  de  Man, 
à  Belle-lle-en-Mer,  sur  les  côtes  de  la  Bretagne  (Finistère  et 
Morbihan),  Tidentité  de  certains  monuments  d'Irlande  et  d'E- 
cosse avec  nos  monuments  armoricains*  indiquent  assez  clai- 
rement que  la  migration  s'est  faite,  en  partie,  par  mer*. 

Si  nous  traçons  une  ligne  idéale  qui»  parlant  de  Marseille, 
suive  le  cours  du  Rhône  et  de  la  Saône  jusqu'à  Gray  et 
MézièreSy  pour  de  là  s'élever  à  la  hauteur  de  Maubeugc  en 
longeant  les  pentes  occidentales  de  TArgonne,  puis  tournant 
brusquement  à  l'est  parallèlement  aux  côtes  de  la  mer  du 
Nord,  gagner  TElbe,  puis  Berlin,  celle  ligne  pourra  être 
considérée  comme  indiquant  la  limite  d'action  de  cette  grande 
migration  '.  Les  contrées  situées  au  sud  et  à  Test  de  cette  ligne 
ne  possèdent  ni  dolmens,  ni  allées  couvertes,  ni  sépultures 
semblables.  Pour  en  retrouver  du  côté  de  Test  qui  soient  ana- 
logues, mais  dénotant  une  époque  relativement  plus  récente, 
il  faut  s'avancer  jusqu'aux  pieds  du  Caucase,  sur  les  bords 
orientaux  de  la  mer  Noire  d'un  côté,  sur  les  bords  occiden- 
taux de  la  mer  Caspienne  de  l'autre  \ 

Nous  sommes  en  présence  d'un  monde  à  part  sur  lequel  le 
mofide  connu  des  anciens  parait  avoir  exercé  peu  d'influence; 
qui  semble  même  s'être  tenu,  avec  intention,  volontairement , 
à  distance  do  ces  civilisations  raffinées  dont  il  craignait  le 
contact.  Ce  monde  inconnu  des  anciens  n'est  point  un  monde 
barbare.  Il  a  son  originalité,  sa  très  grande  originalité.  L'élude 
qui  en  a  été  faite  par  les  archéologues  du  nord  nous  y  révèle 


1.  Voir  FergussoD,  Les  monuments  méfjalithiques de  tous  pai/s,  Iradiictiou  de 
l'abbé  Hamard,  1  vol.  in-8o,  1878. 

2.  Nous  y  verrions  volontiers  un  argument  pour  identifier  cette  migration 
avec  celle  des  Lignrcs.  Voir,  dans  La  (ianle  avant  les  Gaulois^  notre  chapitre  : 
Ligures,  p.  233,  248. 

3.  Voir  notre  carte  n<*  V,  Archéologie  celtique  et  gauloise ^  I.  c. 

♦.  Cf.  Dubois  de  Montpercux,  Voyage  autour  du  Caucase,  et  de  Morgan,  E.r- 
ploration  de  la  Perse  et  de  V Arménie. 


une  civilisation  doal  il  osl  impossible  <le  méconiiattrc  la  puis- 
sance '.  Celle  civilisation  s'etaJl  répandue  jnsqu't^n  Gaulo  et 
y  avait  de  fortes  assises.  Les  populaLionB  mégalithiifttes,  qui 
no  sont  pcul-èlre  autres  que  les  Ligures  de  l'histoire',  ont  été 
un  jour  celtisées  suivant  l'heureuse  expression  de  Henri  Mar- 
tin, sans  avoir  jamais  perdu  enlièremeat  leur  personnalité. 
Nous  en  retrouvons  la  (race  à  toutes  les  époques  de  notre 
histoire. 

Pour  tout  historien,  pour  tout  penseur  préoccupé  des  condi> 
lions  premières  qui  ont  présidé  i>  ta  formation  du  la  nationa- 
lité gauloise,  grand  compte  doit  être  tenu  de  ce  premier  groupe 
qui,  en  Gaule,  avant  l'introduclion  des  métaux  ou  du  moins  à 
une  époque  oii  les  mélau?L  étaient  encore,  en  Gaule,  un  pro- 
duit étranger  d'une  rareté  extrême,  nous  olîre,  en  dehors  des 
civilisations  classiques  el  du  courant  indo-européen,  l'étoo' 
nant  spectacle  d'une  association  disciplluée  des  forces  humai- 
nes sous  l'impulsion  de  croyances  communes  ayant  étenda 
leur  action  et  l'ayant  maintenue  pendant  de  longs  siècles  sur 
de  vastes  contrées. 

De  la  Suède  aus  Pyrénées,  en  Irlande  comme  en  Armori. 
que,  le  rite  funéraire  dominant  est  le  mémo,  rite  dispendieui 
ot  compliqué  exigeant  le  maniement  de  blocs  énormes  en  vue 
de  construire  aux  moris  une  demeure  indestructible.  Ces 
morts  sont  certainement  les  rois,  les  princes,  les  chefs  de  ces 
tribus;  le  menu  peuple  devait  avoir  d'autres  sépultures.  La  va- 
leur de  ces  monuments  royaux  n'en  est  que  plus  grande. 

Ces  populations,  bien  que  de  races  mêlées,  mais  dont  le  type 
physique  appartient  déjà  au  type  des  races  supérieures  des 

1.  Voir  (iBcar  Moateliua,  Le«  trmpi  préhàtQeiqties  en  Suide  e{  dana  Ittautftt 

/lai/s  icaniUnaven,  Iraiiuit  par  Salouioii  Hr  luacli  ;  et  J.  Evau» ,  Lfs  dje»  de  la 
pîTi-e,  trai!.  II;irliier. 

2.  Non»  xoiinDta  aujourd'hui  tiicu  tontiï  de  nous  rallier  a  l'oplnioa  de 
M-  il'Ai'boii>  (le  Jiiba<UTill«,  pour  qui  uoa  populaUoas  primitives  Bout  les  U- 
guriis  Af.  l'hiittoirc  dont  piirlail  déjà  le  P«eudo- Hésiode.  Celle  tbËse,  qui  ft 
l'iivaiiUige  de  combler  nue  iB'-.uiie  daus  a<t%  counaissauces,  cadre  parfaitemeol, 
couiinc  ou  le  vvrra,  avec  l'euseiulile  de  uos  idées.  Nous  cooserverons  toute- 
rois,  ilnll^  Kt:  volume,  à  ces  popidatious  le  uom  de  mégalithiques  doul  aous 
iiuuâ  sommes  servi,  jusqu'ici,  dans  uotre  cours. 


I 


LEÇON  D  OUVERTURE  7 

races  nobles  (il  y  en  a  en  dehors  de  la  race  dite  caucasique)  %  se 
montrent  à  nous  comme  éminemment  perfectibles.  11  nous  est 
difficile  de  les  suivre  dans  toutes  les  pbases  de  leur  dévelop* 
pemenl.  Il  nous  suffira  de  rappeler  que  en  dehors  de  leur 
puissance  de  constructeurs,  elles  étaient,  en  Gaule,  des  les 
temps  les  plus  anciens,  en  possession  des  deux  industries  qui 
distinguent  le  mieux  les  tribus  sorties  de  Tétat  sauvage,  le 
pâturage  et  l'agriculture'.  Ajoutons  que  Tart  de  la  navigation 
ne  leur  était  pas  étranger. 

11  nous  parait  probable  que  les  descendants  de  ces  tribus 
pastorales  et  agricoles  forment  encore  le  fond  principal  de 
nos  populations  rurales  de  Touest  et  du  centre  de  la  France. 
Nous  croyons  pouvoir  retrouver  chez  elles,  nous  devons  au 
moins  y  rechercher,  Técho,  quelqu'affaibli  qu'il  soit,  de  leur 
esprit,  de  leurs  superstitions,  de  leurs  légendes  :  esprit  de 
conservation  dont  ils  ont  donné,  à  plusieurs  époques  de  notre 
histoire  et  tout  récemment  encore,  des  preuves  incontestables*. 
Ce  sentiment  commence  à  gagner  ceux-là  même  que  leurs 
éludes  et  leurs  habitudes  d'esprit  avaient  tenus  longtemps  sys- 
tématiquement étrangers  au  progrès  des  études  archéologi- 
ques. Ce  sont  aujourd'hui  ces  populations  primitives  que 
M.  d'Arbois  de  Jubainville,  d'accord,  sur  ce  point,  avec  nous, 
considère  comme  formant  le  fond  principal  des  populations 
de  la  France*. 


1. 11  suffit  de  citer  les  Fiunois,  les  Turcs,  les  Iloagrois. 

2.  Voir  La  Gaule  avant  les  Gaulois,  p.  182-190. 

3.  Nous  nous  sommes  amusé  à  superposer  à  notre  carte  teintée  des  dolmens 
la  carte  teintée  des  élections  à  la  Chambre  des  députés  de  1871  qui  a  été  ven- 
due dans  les  rues  de  Paris,  divisée  en  départements  conservateurs  et  dépar- 
lements i^puUicains.  Les  départements  conservateurs  recouvrent  très  sensi- 
blement les  teintes  foncées  de.  la  carte  des  dolmens  ;  nous  sommes  enclin  à 
croire  que  celle  coïncidence  n'est  pas  fortuite. 

4.  Cf.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  premiers  habitants  de  r Europe^  2«  édit., 
l.  II.  p.  XXII  de  la  Préface  :  a  Si  je  prends  la  défense  des  Celtes  (M.  d'Arbois 
ne  fait  aucune  distinction  entre  les  Celtes  et  les  Gauloise,  ce  nesl  pas  que  je 
pense  être  en  quelque  façon  'issu  de  ces  antiques  héros.  Si  Celle  ni  Franc  doit 
être  le  dop^me.  géuéalogique  de  la  plupart  des  Frani.ais\  »  et  plus  loin  :  «  De 
DOS  grands-pères,  habitants  des  c^iverucs,  coustru(!tcurs  de  monuments  mé- 
galithiques, les  écrivains  de  l'antiquité  n'ont  rien  dit,  ce  n'est  pas  une  raison 
pour  rougir  de  ces  vieux  parents.  On  retrouvera  peu  a    peu  leur  histoire.  Les 


s 


lA    ItFl.n.loN    hftS   i'..\ri.OlN 


riM  XUMK  i.Roi  l'ft; 


Li*  iiciixit*ni«*  prriiipo,  iiiim«*rit|iii*iiiiMil  moins  roiisii|r*ralil«*. 
nioiii'i  r«iiii|i.ir|  <iirloiil.  si  ii<iiis  nous  «mi  rap|Htr(oiis  ,-iii\  ilmi- 
iii*i><  lit*  rArrli('i»lML'ii*  r<irri»Ii<ircf«i  p:ir  Irs  iIdiiih'i'h  lii*  I  lii>lnirt* 
^'•''niTali*.  i-sl  l'iilrr  «*ii  (iaiilt*  â  mit*  «*|mh|iii*  srii««ililfiiionliii<»iim 
aiirii'iiiif  sans  ipn*  nmis  piiissiims  ni  fixiT  la  ila(«*V 

i\v  ^l«iil|M*  rtail    ili'jâ  i-ll    |iossi*s«»i(iii  tlfs  «''l«''f1l«'llN   1rs    plus 

arlifs  (!«•  la  LTaiiili*  ri\ilisaliiin,  de  tmis  1rs  avaiilaL'4*s  4|iii*  IHn 
i->l  riin\i'nii  il'-  l'fHisidfiiT  riMiiiiic  l'apaiia::!*  roiniiinii  ilrs  Iri- 
liii>  iiii|-ii*L'iii'*('N  ih-  l.i  rixilis.'itloii  in«lo  «•nn»prfiiii<-.  L«*s  iinti* 
vi-lli-s  tiilnis  rtai'-iil  iiiili^fs  .iii\  sititIs  iIc  \,i  iiif1:illiii-::ii*  mii 
an  iiiiiiiis  l'ii  iiitiiiii's  rapports  a\iT  li*s  faniillfs  ijin  il'Orinit 
«'Il  av.'iiffil  apporli'  i-1  runsrrvi*  !«•  ilrpôt.  <ln  saxail  autt»iir 
i|'fili*H  l'iiiiliT  i-i  inaili'It'i  I''  lii'iii/f,  piHiJniri*  !«■  f'T  à  l.i 
l'.il.il.iin-.  trailiiÏMii  ipii  <^  i'<«i  miisiTvrr  jiisi|ir,i  nus  jnnrs  ij.ins 
II-  Jiii.1  •-!  il.iii«  lis  i*\  ii-nt*rs;  lilis  iiTurillaii'nl  l'iir  ipii*  rliar- 
M.iii-ni  .il*ii  s.  iii  aliiiiiii.iih'i'.  |i-  Hliin,  lArii'^f  cl  l'Ailoui .  niii-l- 
ijip's  niin^  •*  il  •'I.iin  p-irai^*>i-!il  iii«'iiii*  ax^ii  «'•(«'*  rvplitilffs  dans 
1 1  l'i*irf/f  !•(  il.iiis  1.1  ||.Mit«'- Vii'iiiir '  Li's  niini-s  iffLiin  iji's 
I  i^Niifii'lt'^  i-LtM'iit  iii'.i  •'iiiiiini"«.  L'-^  nti'N  lai'ii<«lii*s  sni  Liis 
ii.'ilnii  U  i-l  .11  lilh  ii-N,  il'ifit  l.i  pii"«iii('''  a  4'ti*  rtinsl.ili'i*  sni  It* 
Huit  llinn!i'.  iri  l'.is.iljiini-,  i-n  lii-l\i-lii-.  i-n  lil  iii>li'.  n-in**  Ifs 
rii'iiitii  iii  i-iifi^iMirlrni  s  ji.tluli's 

I  n  t-n^i-iiii»}!'  iji-  Il  ii\  iiii'i  s  ti.'iiiitMiiiii'Itfs  riifiiiiiiinfs  mus 
lilnnl  <  li«  /   i-ll' s    un   mmiI.iMi-  i  h  |i*   iIi    pr.ili<pii-s    ri-li;:i*'nsi'N 
•nii  lis  r.i|ipi>iri(  lit  |to  nn>*s  lii-^   iniii-^  il  i-n  fii<»iit  nii«*  iiriili* 


ir  1    p."  .    •     f-  4  .1       ■  ,  •     ■       ■  Ni    ■:  1    I  •  ■i.p    r     ■•■•!■*•■  f    •!«■     l'ii  !■ 

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LEÇON   d'ouverture  9 

morale.  —  Le  lien  religieux  a  été  de  tout  temps  le  lien  le 
plus  solide,  le  plus  puissant  entre  les  hommes.  —  Les  morts 
étaient  honorés  presque  partout  de  la  même  manière  :  on  n*Gn- 
sevelissait  plus  comme  à  la'  période  précédente,  on  tnciné^ 
rail\  Ce  rite,  chez  quelques-unes  de  ces  tribus,  était  d'obli- 
gation stricte.  A  Go/asecca,  dans  la  Cisalpine,  sur  plus  de  six 
mille  tombes,  pas  une  seule  n*est  à  inhumation. 

Ce  groupe,  comme  le  premier,  se  livrait,  en  majorité,  à  rélève 
du  bétail.  Il  y  a  quelque  raison  de  croire  que  nous  lui  devons 
la  domestication  d'un  certain  nombre  de  nos  espèces  sauvages. 
Il  est  probable  qu*à  leur  arrivée  en  Gaule  sur  le  Danube  et  en 
Italie,  ces  tribus  n'étaient  pas  encore  sorties  de  Télat  patriar- 
cal. Chaque  tribu  devait  avoir  sa  personnalité  à  la  manière 
des  clans  écossais^  et  des  tribus  mongoliqucs  actuelles. 

Autre  remarque  :  aucune  de  ces  tribus  n'offre  l'apparence 
d'une  organisation  préparée  en  vue  d'expéditions  guerrières. 
Elles  semblent  s*ètre  infiltrées  dans  le  pays,  pacifiquement,  al- 
lant s'établir  dans  les  vallées  et  les  plaines  inoccupées,  comp- 
tant pour  s'y  maintenir  plutôt  sur  leur  supériorité  morale  que 
sur  la  force  de  leurs  armes,  ainsi  que  cela  a  dû  arriver  à 
presque  tous  les  immigrants  indo-européens  dans  les  pays 
occidentaux.  S'il  y  a  eu  lutte,  elle  n'a  pas  été  longue  et  elle 
a  fini  par  un  accord.  Sur  certains  points  de  l'Armorique  l'éta- 
blissement de  ce  groupe  paraît  avoir  revêtu  le  caractère  de 
missions  religieuses  en  rapport  avec  l'établissement  des  Celtes 
en  Irlande. 

Ce  ne  sont  là,  sans  doute,  encore  que  des  aperçus,  mais  ces 
conjectures,  conséquence  d'observations  précises,  forment  un 
fond,  qui,  bien  qu'en  partie  hypothétique,  mérite  que  Ton 
s'appuie  sur  lui.  Ce  sont  des  pistes  à  suivre  :  je  vous  les 
recommande.  11  y  a  là  une  action  lente  et  très  puissante  sur 
la  Gaule  dont  il  faut  tenir  grand  compte,  dont  nous  saisissons 
clairement  les  effets,  bien  que  nous  ne  ne  fassions  encore 

1.  Voir  A.  Bertrand  et  S.  Reinach,  Les  Celles  dans  lea  vaUées  du  Pô  el  du 
Danuf^,  1894. 

2.  Voir  Pauorka,  La  tribu  dans  Vantiquité. 


10  LA  RELIGION  DES  GAULOIS 

qu'entrevoir  ses  causes.  Le  devoir  de  l'archéologae  est  de  1m 
rechercher.  Comme  dans  toutes  les  sciences,  l'hypothèse  eit 
un  des  moyeus  d'investigation  les  plus  utiles;  ces  hypothèses, 
les  faits  viendront  peu  à  peu  ou  les  confirmer,  ou  les  modifier 
on  les  détruire  :  ce  sera  l'affaire  du  temps.  Nous  devons  au- 
jourd'hui savoir  nous  contenter  de  vraisemblances. 

Le  point  de  départ  de  cette  action  n'est  plus  exclusivement 
le  nord-est;  les  tribus  de  ce  second  groupe,  et  ce  n'est  plus 
ici  une  conjecture,  ont  pénétré  en  Gaule,  en  majorité,  par 
l'Helvétio,  le  Haut-Rhin  et  les  vallées  des  Alpes  où  plusieurs 
se  sont  établies  de  bonne  heure,  en  même  temps  qu'en  Cisal- 
pine à  c6té  des  tribus  illyriennes. 

Nous  ne  savons  pas  encore  où  placer  la  ruche  primitive 
d'où  ont  essaimé  ces  nouvelles  tribus.  Ce  que  nous  savons, 
c'est  que  leur  point  de  départ  prochain  en  Europe  a  été  les 
vallées  du  Haut-Danuhe,  de  la  Drave,  de  la  Save  et  de  l'Inn. 
C'est  sur  le  Haut-Danube  que  ces  tribus  paraissent  avoir  eu  la 
première  conscience  de  leur  personnalité,  qu'elles  se  sont 
organisées  en  pleine  liberté.  Nous  avons  étudié  leurs  mœurs 
en  détail  dans  le  volume  que  nous  venons  de  publier  de 
concert  avec  M.  S.  Reinach,  Les  Celtes  dans  les  vallées  du 
Pu  et  du  Danube.  Au  vi«  siècle  avant  notre  ère,  elles  étaient 
déjà  arrivées,  dans  ces  contrées,  à  un  haut  degré  de  civili- 
sation. Ces  tribus  ont  été  connues  d'Hérodote  au  v  siècle, 
alors  qu'elles  étaient  dans  leur  plus  complet  étal  de  dévelop- 
pement, quand  il  disait  :  «  le  fleuve  Ister  prend  sa  source  chet 
les  Celtps  »  ' , 

11  n'est  pas  étonnant  que  l'établissement  do  quolques-i 
de  ces  tribus  en  Gaule  y  ait  été  l'occasion  d'une  révolu) 
sociale,  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  supposur  que  les  iid 
granls  fussent  très  nombreux.  On  sait  di>  'jiicis  instinctsyd 
pieux  et  poéliqnos  étaient  douées  ces  tribus  thracg^ 
Nous  d(!Vons  donc  nous  allcndre  à  joliouver  quâ| 


1.  HrruJute.  Iil>.  [V,  rh.  x 

2.  Voir  SIraboii,  yaxnim. 


LEÇON   d'ouverture  11 

de  ces  qualités  à  Télat  de  survivance,  sur  certains  points  de 
la  Gaule  :  nous  nous  y  eiïorcerons. 


TROISIÈME  GROUPE 

Le  troisième  groupe  suivit  ïe  second  d'assez  près.  Le  com- 
mencement du  VI'  siècle  parait  être  la  date  la  plus  ancienne 
de  son  apparition  sur  la  rive  gauche  du  Rhin.  Ce  groupe  ap- 
partenait, comme  le  second,  à  la  grande  famille  celtique, 
c'esl-à-dire  qu'il  parlait  la  même  langue  ou  un  dialecte  de  la 
même  langue  que  les  Celtes  du  Danube  et  du  Pô.  Notre 
opinion  est  que  Ton  doit  rattachera  ce  groupe  non  seulement 
les  Gala  es  des  écrivains  grecs,  mais  les  Cimbres  ou  Kimri, 
les  Bastarnes  et  en  remontant  plus  haut  les  Cimmériens  et  les 
Trères —  FaXaTat  tsu  Kî^tixoD  yevou^,  comme  disait  Plutarque  *  ; 
ce  sont  les  Galli  des  Romains. 

Contrairement  à  l'opinion  de  notre  confrère  et  ami  M.  d'Ar- 
bois  de  Jubainville,  nous  croyons,  de  plus  en  plus  fermement, 
qu'il  faut  les  distinguer  nettement  des  Celtes  primitifs  (notre 
deaxième  groupe)  dont  mon  savant  confrère  et  ami  ne  tient 
aucun  compte,  ce  qui  lui  permet  de  réduire  à  presque  rien 
rapport  de  la  famille  celtique  on  Gaule,  qui, suivant  lui,  ne  nous 
aurait  guère  donné  que  sa  langue  ^ 

La  ruche  d'où,  aux  environs  du  vi**  siècle  avant  notre  ère, 
s'échappent  par  essaims  les  nouveaux  venus,  est  également 
Test  de  la  Germanie,  mais  tandis  que  les  traces  laissées  par  le 
second  groupe  se  rencontrent  surtout  au  sud  de  l'Isler,  lapré- 
scnce  du  groupe  galatique  ou  belge  (les  Kimri  d'Amédée 
Thierr)'),  se  révèle  à  nous  plus  particulièrement  au  nord  du 
fleuve,  en  Bohême,  en  Bavière,  en  Wurlembeg  et  plus  au 
nord  dans  la  Hesse,  en  Westphalic,  et  jusqu'en  Hanovre. 

Les  anc^'tres  de  ce  groupe,  en  sorlanl  des  Balkans  ou  des 

1.  lu  Vitn  Camilli,  c.   xv;  cf.  Revue  archèoloijique,  t.  X.XXI  (1876),  p.  18. 

2.  Le»  Galates  soûl  le»  seuls  Celtes  dout  M.  d'Arbois  do  Juhaiuville  recon- 
Daissc  la  pr^seuce  ou  Gaule  (Le.v  premiers  hahilanls  de  t'Europey  2«  édit., 
t  H,  Préface). 


I    l-.  - 

Karpalhes,  où  ils  ont  dû  séjourner,  y  menant,  comme  Icsl 
riens  avant  leur  descente  en  Gr&ce,  la  rude  vie  do 
gTiard8(lcs  Galales  soni  nosDoriens),  semblent  avoir  biFtirque 
au  début  de  leur  marche  en  avant  vers  l'ouest.  Les  uns,  les 
Kimro-Belges,  se  dirigeant  vers  ip  bassin  de  la  Visiule  et  de 
l'Oder,  parvinrent  promptement  à  travers  les  vastes  plaines 
de  la  Pologne  jusqu'à  la  hauteur  de  la  presqu'île  cimbrique. 
Les  autres,  gagnant  les  Alpes  Souabes  par  la  Moravie,  après 
avoir  laissé  quelques  tribus  en  Hongrie',  se  sont  fortement 
établis  sur  le  Nckar  et  sur  le  *toin',  avant  de  passer  le  Rhin 
et  de  franchir  les  Alpes  dans  la  direction  de  l'Italie. 

Un  earailèro  uoiivenii  Irès  tranché,  en  dehors  de  nuances 
moins  importantes,  distingue  ce  troisième  groupe.  Il  se  com- 
pose, en  majorité,  de  tribus  de  caractère  guerrier  faisant  volon- 
tiers métier  de  mercenaires  :  tjaesalae  e  re  dicii  qiiod  sera 
beltandi}  mercri  estent  so/td' '.Ces  tribus  inhument,  elles  n'inci- 
nèrent plus.  Elles  ont  un  autre  culte  que  les  vieux  Celtes.  Mœurs 
et  religion  sontsensiblemcnt  différentes. 

Celte  apparition  en  Europe  de  tribus  organisées  à  l'état  de 
bandes  armées,  do  lignes  guerrières  suivant  l'expression  de 
Fréret,  perpétuellement  en  mouvement  au  milieu  des  popula- 
tions paisibles  de  pasteurs  et  d'agriculteurs  qu'elles  défon- 
daient au  besoin,  mais  dont  elles  vivaient  quand  elles  ne  vi- 
vaient pas  de  pillage,  constitue  une  des  révolutions  sociales  les 
plus  grosses  de  conséquences  dont  le  monde  occidental  ail  été 
le  théâtre.  De  ce  jour  date  en  Gaule  la  fin  de  l'étal  patriarcal 
qui  y  avait  dominé  jusque-là'. 

L'ère  des  arislocratîos  militaires  commence  avec  son  cortège 
d'oppression  et  de  dédain  pour  les  travaux  manuels,  l'indus- 


1.  Voir  (e  mémoire  de  M.  François  Polshy  daDS  laHniue  archéologique,  nou- 
velle strie,  [.  XXXVIII  (1879).  p.')58,  2H,  265. 

2.  Voir  les  décourertea  TaiteA  dau4  \p.%  tumiiK  de  ces  conlrées  publiées  par 
te  D''  L.  LiiiJeuactimil  ilaus  ses  Anlii/uUis  de  noire  passé  paym  (Die  Aller' 
tfiiàmer  iinsei-er  lieidiiixchen  Vorzeil). 

:i.  [lolylie,  III,  22,  I. 

i.  Comme  it  doiuina  eu  Cisalpioe  jusqu'à  l'iavasioa  gauloise,  c'est'â-dire 
galaliquc. 


LEÇON  d'ouverture  13 

Irie  et  même  les  arls.  Les  vieilles  races,  les  tribus  indigènes, 
jusque-là  à  demi  indépendantes,  à  l'état  où  elles  se  montrent 
encore  à  nous  en  Irlande  à  Tépoque  de  la  conversion  des  Idan- 
dais  au  christianisme,  seront  désormais  attachées  à  la  glèbe,  re- 
foulées dans  la  pratique  de  métiers  méprisés  des  conquérants. 
Une  classe  inférieure  se  constitue  à  côté  d'une  aristocratie  mili- 
taire. César  dit  qu'elle  est  presque  réduite  à  Tétat  d'esclave  : 
Plebs  poene  servorum  hahetur  loco  '.  L'Irlande  seule  parmi  les 
pays  celtiques  échappa  à  cette  oppression. 

Les  teintes  vertes  de  la  cinquième  carte*  de  noiv^Archéolo- 
gie  celtique  et  gauloise  indiquent  approximativement  les  con- 
trées où  les  traces  de  ces  tribus  guerrières  ont  été  signalées. 
Les  parties  de  la  Gaule  où  elles  s'établissent  tout  d'abord  sont 
nettement  circonscrites.  Le  même  fait  se  reproduira  à  l'époque 
franque.  Les  points  où  s'eiTectue  le  passage  des  envahisseurs 
sont  :  la  trouée  de  Belfort  et  le  coude  du  Rhin  à  Mayence.  Ils 
ont  laissé  moins  de  traces  en  Belgique  qu'ils  ont  cependant 
traversée,  mais  peut-être  ne  s'y  sont-ils  pas  arrêtés. 

Les  territoires  sérieusement,  c'est-à-dire  définitivement,  oc- 
cupés par  eux  sont  la  Suisse,  la  Franche-Comté,  l'Alsace,  le 
Palatinat,  la  Bourgogne,  la  Champagne,  les  Ardennes.  Nous 
verrons  les  Francs  et  les  Burgondcs  prendre  position  dans  les 
mêmes  provinces  et  y  rester  pendant  plus  d*un  siècle  à  l'état 
de  tribus  distinctes  avant  leur  fusion  apparente  avec  les 
groupes  précédents. 

L'existence  des  trois  groupes  si  différents  dont  nous  venons 
d'esquisser  le  caractère  doit  être  considérée  comme  une  vérité 
acquise  à  la  science. 

Résumons-nous. 

Les  éléments  constitutifs  de  la  nationalité  gauloise,  ceux 
qui  ont  concouru  plus  ou  moins  activement  à  la  formation  du 

1.  Celte  situation  fut  légèrement  atténuée  peudaot  la  domination  romaine 
où  le  commerce  et  Tindustrie  furent  remis  en  honneur,  comme  nous  l'avons 
montré  en  étudiant  la  salle  romaine  des  Métiers  (salle  XXVI),  si  éloquente  à 
rc  point  de  vue.  Les  patrons  des  corporations  de  métiers  arrivent  aux  bon- 
Dciirs  municipaux. 

2.  Aichéo/ogie  celtique  et  Qauloise^  2«  édit.,  p.  261. 


14  LA  REUGION  DES  GAULOIS 

caractère  et  de  l'esprit  aational,  dont  le  rapprochement  et  la 
fusion  avaient  fait  la  Gaule  ce  qu'elle  était  au  temps  de  César, 
sont  : 

1^  Les  populations  satvi  nom  historique  auxquelles  appar- 
tiennent les  sépultures  mégalithiques  {âge  de  la  pierre  polie). 

2^  Les  tribus  celtiques  ou  celtisées,  pastorales  et  agricoles, 
avec  rite  funéraire  dominant  de  Vincinération  {premier  âge 
du  fer,  prédominance  du  bronze). 

3*  Les  tribus  galatiques  {Helvètes^  Kimri,  Belges),  avec  rite 
funéraire  de  Tinhumation  {plein  âge  du  fer,  disparition  des 
armes  de  bronze^. 

Amédée  Thierry  a  vu  très  juste  en  signalant  la  grande  im- 
portance de  ce  troisième  groupe,  qui,  aux  yeux  de  M.  d'Ârbois 
de  Jubainville,  est  môme  le  seul  groupe  celtique  ou  gaulois 
qui  soit  historique.  Chacun  de  ces  groupes  a  eu  sa  religion, 
ses  pratiques  religieuses,  ses  superstitions.  Il  y  a  eu  action  et 
réaction  des  uns  sur  les  autres  :  de  nombreuses  traces  en  sont 
restées  à  Tétat  de  survivances.  Les  recherches  de  ces  traces  non 
encore  complètement  effacées  feront  le  sujet  de  nos  leçons. 
Le  passé  en  effet  ne  meurt  jamais  complètement;  «Thomme 
peut  bien  l'oublier,  a  écrit  Fustel  de  Coulangcs^  mais  il  le 
garde  toujours  en  lui,  car,  tel  qu'il  est  à  chaque  époque,  il  est 
le  produit  et  le  résumé  de  toutes  les  époques.  » 

Cette  recherche  est  difficile  ;  elle  n'est  pas  inabordable  ; 
nous  l'aborderons,  en  réclamant  votre  indulgence  pour  notre 
hardiesse  *. 


1.  Fustel  de  Coulanges,  La  cité  antique. 

2.  Il  ue  faut  pas  croire  que  les  auciens  eux-mômes  D^aioat  pas  eu  uoe  cer- 
taiue  couscicuce  de  la  diversité  de  ces  élémeuts  coofoodus  daos  l'uuité  gau- 
loise. Les  Druides  enseignaieut  que,  si  uue  partie  de  la  population  était  iudi- 
gcue,  une  autre  était  originaire  de  contrées  éloignées  :  Drasidae  {Druidae) 
memorant  rêvera  fuisse  popiili  parlein  indvjenam^  sed  alios  qiioquc  ah  insulis 
exlimià-  confluxisse  et  Iractibus  Irafisrhetianis  (Animieu  Marcelliu,  XV,  9, 
d'après  Tiniagènc).  César  commence  ses  Commenlaires  par  uue  phrase  dont 
nous  croyons  que  Ton  n'a  pas  assez  tenu  compte  et  qui  est  pourtant  bien 
siguilicalive  :  «  Le  territoire  de  la  Gaule  se  divise  en  trois  parties...  Ces  trois 
peuples  di//'èrenl  entre  eux  par  te  lungage,  tes  mœurs  et  les  lois  :  lli  omnes 
lingua,  inslitutis,  legibus  iuterse  diU'eruut.  n —  Ou  nepcutguëre  étreplus  affir- 
matif.  —  Un  n'en  a  pas  moins  continué  dans  l'antiquité,  comme  de  nos  jours. 


LEÇON   D*ÛUVERTURE  15 

i  parler  des  Gaulois  comme  s'ils  eusseot  formé  uoe  unités  dont  on  pou- 
vait parier  d*une  manière  géoérale  sans  faire  aucune  réserve.  Devous-uous 
nous  eu  étonner?  Notre  histoire  ne  nons  prèsente-t-elle  pas  un  autre  exemple 
ioalogue  bien  frappant!  —  Sans  les  travaux  des  érudits  de  nos  jours,  nous 
eo  serions  encore  à  l'état  d'esprit  qu'Augustin  Thierry  siguale  avoir  existé 
iQ  zu*  siècle  :  «  Lorsque  le  mélange  des  différentes  races  d'hommes  que  les 
iMBOsions  avaient  mises  en  présence  sur  le  sol  de  la  Gaule  fut  accompli  et  eut 
fermé  de  nouveaux  peuples  et  des  idiomes  nouveaux^  lorsqu'il  y  eut  un  royaume 
de  France  et  une  nation  française,  quelle  idée  cette  nation  se  fit-elle  d'abord 
de  son  origine?  Si  fon  se  place  au  \u*  tiède  et  que  ton  interroge  la  littérature 
de  cette  époque,  on  verra  que  toute  tradition  de  la  diversité  des  élémenLt  na- 
tionaux, de  la  distinction  primitive  des  conquérants  et  des  vaincus,  des  Francs 
et  des  GaliO'Romains  avait  disparu  »  (Augustin  Thierry,  Considérations  sur 
rkistoire  de  France,  édit.  in-8,  p  .  31).  Il  en  était  de  môme  au  temps  de 
César.  C'est  à  nous  a  faire  pour  la  Gaule  pré-romaine  ce  qu'Augustin  Thierry 
i  fait  pour  la  Gaule  franque. 


II    LEÇON 


M.S  snrni:K>       i.v  mi.tiihdi; 


Nniis  ur  ]His?«ril«iiis  t'iiiruiii*  i*lii«lf  4'i»iii|ili'l<*  MIT  la  ifli^imi 
tlvs  (îaiilois.  'I  itiil  re  «jiii  a  l'ii*  i*rril  .1  ri'  siijrl  ('^l  nu  puu  sa- 
lisfaisaiil  011  iiii*iiiii|ili'l.  Lis  lii>liiiifiiN  1rs  plus  iiishn;;ii«*s. 
cniiiiiif  Mirlii'Iolfl  iii'iiii  Marliii,  les  irciivaiiis  s|iiM-iaiix  rdiiiiiu* 
Doiii  Mai'liii.  J«*an  Heyiiaiiil  l't  h*  liamii  Idi^M't  ilt*  lli*ll«i^'iii*l, 
ainsi  <|iii*  Lnii;:|i«'ii«*r  '  l'a  ri.*iiian|iii\  nul  iiiaiH|ii«'  lii*  iiirllioilr 
Aiiii''tl«*('  1  liirrry  n'a  Mit'*iii''  |ia^  o^c  alhinlrr  le  snjrl. 

«•  i*ar  siiilf  il  un  |»irjiiu'«'  fniiiMn«*nt  <*niai'iii(*  ilaii^Ufs  ««siiiii^h 
on  n  o)  ail,  (in  rmit  innu  i*.  l'<'Im*i  ali'int- ni.  ipir  la  ifli^'inn  ;:aii  - 
IftJHi»  riin^i*»lail  en  un  ««^sli'nii'  |iiiii\.inl  m*  if^uiin'i-  i-n  t-frlaiii^ 
(|n;:in<'s  ilnnl  la  «'•iiinaiN'^ani  i*  auiail  liniuii*  i.i  riff  ilu  n-Nlt*. 
.N«i^  innili-ui^  lti*«toiii-n^.  ilil  L«*n»'|iiiii-i .  mil  |i.ii-|f  ilf  la 
r**li.'i<*n  t|f«i  lianl'*!^,  riMiiiih-  lU  laui.iii-nl  lail  i|i*  lu  ii'li::inn 
iji'sjuif^.  il*-**  I  liit*lii'n>  iiu  ili  s  iiiU'*uini.inN.  L«'ui  unii|Ut*  nn- 
liioili-  a  i  nii^i^if,   .i|i|i'^  a\;iii  ir!«\f  It-n  i.iii<^  iimIh  alinii^  «|Uf 

riinlit'lin«'lll    li**«    nllN    lit-^   ln^tnr  h  li*>      L'riii:i.i|ihi-s,  |iiifti*s  nU 

|i|iili>^'i|i)ii  *«  :;if'r*'nii  l.tliii<«.  il  in  ttii  i  un  1  \|ii»^i*  iji*  «1*  ^v^ilriin' 
aui|Ui-i  ii«  nul  iliiiiut'  II-  n<'Ui  <li-  ilinhlionti*.  Mai«>  )  unili*  1  •tMiin«* 
la  liuii'i*  n*'  |i«'Ul  «•'  |>|imIuii<-  «|u<-  la  mu  r\i*«l**  un  A' m.  un 
rmii'  tiui  II*. Il-  l.i  f*>i  il  .  in<li'  11'**  i  ••ii^>  H  II-  •  »  !••'«  Iiiiulm^.  ili* 
nii''ni<'  <|n*-  .«'N  liii'>  «.  n  "iii  |'.i«  i-u  •  •  >  1**1*  ii-iiL'H'uv  \u*»^i  lf<« 
inniiuin*  iii^  il'-  1.1  (■.iiiif  iMinini-  <«'U\  lii-  l.idiiii-.  ui'U^  mui- 
il«  1  ••u»<  i\i'  li i\*  iMi  il  un  u  •.i-i'i ii^i'li  i.iii!*-  i!i-  <  ul*i^ 


LES  SOURCES   —   LA   MÉTHODE  17 

iouos  religieuses  particulières  qu'il  est  impos- 

'««•liLT  à  un  système  unique.   (Test  à  rarchéo- 

';i''in(nl  dite,  à  la  numismalitjue,  à  l'épigraphie*, 

>  'lf.'V(Hîs  demander  les  renseignements  à  Taide  dcs- 

.   i  'î-siiuils  auront  été   réunis   et  classés   mélhodique- 

I;;.  iji\  jM»una  composer  un  lableau  quelque  peu  exact  des 

;.. values  adoptées  par  les  diverses  populations  de  la  Gaule; 

i!i^']UO-lâ  on  sera  obligé  de  se  borner  à  des  considérations 

îTunérales  qui  risquent  de  se  trouver  en  contradiction  avec 

les  faits  positifs  que  l'archéologie  est  en  train  de  mettre  en 

lumière.  » 

M.  Gaidoz  dans  l'esquisse  de  la  religion  des  Gaulois  qu'il  a 
rédigée  pour  YEncyclopédie  des  sciences  relifjieuses^^  débute 
par  les  mêmes  réflexions  présentées,  presque  daus  les  mômes 
termes,  tant  ces  vérités  s'imposent'  : 

ff  La  religion  des  Gaulois,  écrit-il,  est  à  la  fois  peu  connue 
et  mal  connue.  Elle  est  peu  connue,  parce  que  les  documents 
qui  la  concernent  sont  bien  loin  d'avoir  été  réunis  et  classés. 
Elle  est  mal  connue  parce  que  a  priori  et  sans  preuves  on  Ta 
considérée  comme  un  système  philosophique.  On  a  appelé  ce 
srslème  et  par  suite  la  religion  des  Gaulois  du  nom  de  drin- 
disme,  mot  formé  dans  ce  siècle  sur  le  nom  que  les  Gaulois 
donnaient  à  leurs  prêtres,  ce  mot  ne  correspondant  à  aucune 
réalité  historique.  » 

Un  grand  progrès  a  été  fait  depuis  quel()ue  temps  dans  cet 
ordre  d'études.  Le  vœu  de   Longpérier  se  trouve  en  partie 
réalisé  par  la  création  des  salles  de  mythologie  gauloise  que 
nous  avons  organisées  au  Musée  de  Saint-Germain.  De  nom- 
breux albums  de  dessins  et  de  photographies  complètent  nos 
séries  de  moulages.  La  série  des  inscriptions  portant  des 
noms  de  divinités  découvertes  en  (iaulo  est  aujourd'hui  nom- 
breuse. M.  Salomon  Reinach  avec  la  patience  et  la  tenacilé 


1.  Ajoutons  un  foik-iore. 

2.  T.  V  08**J)- 

3.  Voir,  Annexe  A,  li'S  stages  rétlexious  que   faisait  déjà  Frérct  à  la  tin  du 

sièole  dernier. 


18 


L\    llK1.1iili>N    1>KS   li  AT  LOIS 


f|ni'  viiiis  lui  ronii'ii^iiez  s*n(^ni|H*,  i*t  il  v  riMi^isir.i.  (|i>  iviinir 
cclli*H  i|iii  irni^  III  irii|iii*iil.  Kiiriii,  l:i  //  ru*-  ih-^  tni /i/ini>  yi'/- 
/;///'ifr/'«  iih'l  a  iintn*  ili>|Misiliii(;  un  rcrnfil  di*  Ir^rihli'**  IihmIch 
i|iii  Niiiit  liiiii  il  i^.n*  saiiN  v.'iitMir. 

Nmii<  |ifi*>M''i|fMis  ilniir  iii.'niil'-iiaiit.  a  ra|>|iiii  4|i>  uns  iim'Iut* 
rlifs,  iiti  iiiifiiiiii*  rtiiisi.iiMalili*  tli*  f.ijis  imsilif^,  in'li*iriil:il»|i*s. 
rt*iiii!s  |MMir  la  |iri'iiiif*ri*  Ttis.  s.'iii*i  aiiriiii  i*s|irii  i|t*  s\>li*iiii\  à 
rôti*  <l«*s  liy|Hitlii'M's  l'iiiiN»"*  «|U'»l'|Ui'liii*i.  ilaii»*  I»'  i»a«**i%  avrr 
Ircip  i|i*  IrL'iTrii».  N.Mis  rt'*uni*'**iins  i'*::aliini'nl  |ii'ii  a  ih-ii  a  la 
liilili«iilif'i|iii'  tlii  MiiHi'i*  >.  «]ni  r>\  nuv  liililii»i|ifi|iii*  •i|iri*ialf. 
Idiil  ri*  i|ii<*  li's  riTiii'ils  ili*  |iriiviii«*i*  nuitii'iiiH'iit  an  siijfl  lii's 
(iiviiiilrs  l'ii'ali's.  Ilaii^  |ir«'Hi|tir  loiilrs  i*i*h  iiiniitii'raphift  (|iii 
rniiinii'iii-ciii  a  <<*  niiilliiilii*r.  il  y  a  «|iii*li|iii'  rlinsi'  a  |irriii|ri'. 

NoiiH  i-lp  TiliiT'iriN  a  L'iiHipiT  •■«'•>  •iiH'Uiiii'iiU,  a  li's  rhis^fr 
liari'-iKMiiii'^.  .1  l«»H  iiil«-r|tri't*'i ,  a  lii'riiivnr  Ir  snis  «Irs  «iViii)i-»li**« 
«III  «lu  iiiiiiiis  .1  l'ii  iliMiTiiiiiiiT  roi'i.'iiii'  pmlialili*  l't  |i*  raiarti'r**  : 
tnivai!  ilflii'il,  rf''<iii«i  i*ii  iii'i'i*|iliun*i.  mais  ipril  faut  «isfr  imi 
Iri'i'ii'inlii*  |i  mr  vimis  m  nitri'r  la  vitii*.  Nniis  t.'n'liiiniis  il'ail- 
li-iirn  il>*  fa. il*  l<iiij>itiis,  lit*  iinlfi'  fiiii'iix.ja  pari  ilii  rfitaiii.  ilii 
priili  ili'i*.  «Il'  I  iiiriTtaiii.  ilii  rliiiiii'ri<|iu' 

M  lis  ji'^  ifp(«'^f'iitathtiiN  fiL'iiii*'*^  11*'  H  nit  p  in  |i*^   m'iiU  «Ih- 
riiiiii'iil-»  «liiiit   iitiii*>   piiit^iiiiis   tiiiT  prniii.    |i   r\i<»|i'.   nu   il   a 
i*\i»lf   ilr  iiiiMii'iiii*  il  li>>iiiiiii',  ilariN  iintii'  p.i\ -»  «'iiiiiini' fil    Ir- 
laii(i«*,  fil  AIS'iii  i;:ii'*  <*t  ilaiis  !•'*«  pa\  ^  sr,|[|i|||i:i\rs.  ilf  \i«*iilf% 
riiiitiMip'^,  •]•'  \  ii'iili-s  tr  t'Iili  >ii^.  <li*  \  :«'Hlf^  onjn'i  •^IMiniis.  i*  lin*» 
•ilTaiiili**.  iiiai*^  <'ii>  nn*  rt'i''iti'i'ti*«H  i!»Ii-s.  i|.'>  i'|i'i  |ii>'s  priimiivi-^ 
•'  r.li:i«»M'«.  ili-H  li*!ii|i|i"i.  .1  pli  !•  i.r»'  M    11  liiii/ \  ji's  «Iti'iix  L'.ni 
luis  %f  oMiit  ii'fiijti*^  i|  iiis  II  iH  I  iiiip  l'jif-^     .  ii<»iis  innis  ji'N  \ 
rlii-;i  li<-i     L'  s  lin    ii|t(ii>*   •jii'*    I  l!.*ii*i-  a   pM**  il**  tii-^    liiiniii* 
h»-ijii*  «!••  ^li.'iii  i!i"»«'i  l'-s  •.  ii-i  II  "»  I  rM\  iiii  ■■*,  «II-  ji-li-r  Mil    i-;!''* 
raiia'li**iiii  ,  Kii  t\»'  li-<»  •  II!  1^  i  tiii^i-i  I  II  i-M  I  li.in.'i  .mi  1  i>%pi  M  .  !• 
plii^  «"'in*-!!^  *>  iti*i  1*11  iiim|i!i«-i  •>iM'»iI>  •':ih-fil  i.i  [••iini-,  ii.ir  iiii- 
piii»«.iii  •-  'il'  li"«>ii'ia*  iih-r.  h'iii<i:.'i|i-  Il  iiiiiMif-iil  •In  i>'*ii'  iiiipiir- 


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1 1 


LES  SOUnCES  —  LA  MÉTHODE  19 

tant  qu'elles  avaient  joué  dans  le  pays  avant  Tëro  chrétienne 
et  du  vif  attachement  que  les  populations  leur  avaient  voué  \ 

La  nnétliode  que  nous  adoptons  est  donc  Topposé  de  la 
méthode  suivie  jusqu'ici  par  ceux  qui  se  sont  occupés  de  la 
religion  de  nos  pères,  Dom  Martin  et  Jean  Reynaud  en 
particulier,  sauf  M.  IL  Gaidoz  qui  a  indiqué  la  vraie  voie, 
sans  pouvoir,  faute  de  documents  suffisants,  en  tirer  tout  le 
parti  possible.  Nous  attendons  avec  confiance  son  travail 
défmitif. 

Nous  aborderons  Tétude  des  textes  en  dernier  lieu,  quand 
notre  éducation  positive  sera  faite,  vrai  moyen  de  les  bien 
comprendre.  Alors  seulement  nous  soulèverons  la  question 
des  druides  et  du  rôle  religieux,  politique  et  social  joué  en 
Gaule  par  ce  grand  corps  sacerdotal  dont  il  serait  très  injuste 
de  méconnaître  UimpoVtance.  C'est  là  une  question  distincte 
de  la  question  religieuse  proprement  dite,  considérée  dans  sa 
généralité;  cette  marche  est  logique  :  Tinfluence  des  druides 
étant  une  influence  importée,  tardive,  et  au  fond  plus  sociale 
que  religieuse. 

Mais  avant  d'aller  plus  loin,  nous  plaçons-nous  sur  un  ter- 
rain solide?  Le  témoignage  des  textes  ne  prime-t-il  pas  celui 
des  monuments  et  des  légendes?  Avons-nous  donc  des  mo- 
numents antérieurs  à  César  qui  méritent  confiance?  Les  mo- 
numents réunis  dans  nos  salles  mythologiques  (les  salles 
mythologiques  du  Musée)  ne  sont-ils  pas  d*époque  romaine, 
œuvres  d'artistes  gallo-romains,  tout  au  plus  du  i®%  plus  géné- 
ralement du  n®,  sinon  duui*  siècle  de  notre  ère? 

Les  légendes,  les  pratiques  superstitieuses  sous  la  forme  où 
il  nous  est  possible  de  les  saisir,  n'appartienuent-elles  pas 
également  à  des  temps  notablement  postérieurs  à  Tère  chré- 
tienne? Les  plus  anciennes  mentions  qui  en  sont  faites  se  ren- 
contrent dans  les  Pères  de  TÉglise  ou  dans  les  conciles  ;  aucun 
de  ces  renseignements  n  est,  comme  date,  antérieur  au  iv' 
siècle  de  notre  ère.  Les  légendes  les  plus  populaires  ne  re- 

1.  Voir  Alfred  Maary,  Les  Fées  au  moyen  dge. 


•J) 


LA    IU.I.I(il>>>    ['Kft   (•A^Ln|^ 


iiioiilriil  inriiif  ^MiîTi*  aiilhiMitii|ni'mi*iil  plus  li.iiil  i|iii*  !•• 
iiiftvi'ii  âL'i'.  ^U\  iir  |M'iit  Ifs  «iiiivrir  nii  <li*hi  i|iif  par  n»iiji*rliiif. 
L:i  li'L'cii'li*  ili'  ri.'iriraiilii.'i  ijui  p.ir.ii  uni*  IfL'cinli'  snlain*  m* 
li;;i)rt'  ilann  aucun  h'\tt*  a\aiil  It*  \ii-  Nirrir.  Hiirl  riili*i'iiiiii 
av«>ns-iiiiiis  iliiiM'  i|iii  iiniis  pi-i-iiifilf  ilir  MM'iiiiiiaiiii'.  rn  prr- 
si'ih'i*  ili?  i'rs  iIiii'iiiih'IiIh  .  rduti  \  l'iin'iil  l'iMi-iils.  ri'ii.x  «|iii 
piiili'iil  la  iiian|i]i>  <lii  i^iMiii*  L'aiil<ii<«?  r«i>iiiiiiriil  ii«-iiit'*|iT<iii*>' 
nmis  tiaii**  ifiix  >|in  iiniis  parait  mut  avoir  ri*  l'ararlrii*  li*s 
tiaili(**«  aiii'ii mil'**  fl  pun'H  fi  rrruii^-iiiMis  la  p.iit  ili*  ri'llt*^ 
f|iit*  li*^  iiilliii'iii'fs  nniiaiiif.  ;:i*riiiaiiii|iit'  r)ii  la  pi>litii|iii'  <if<» 
rvr<|iii  >  i*t  iji's  l'iinrili's  niil  |iii  v  iiitriiiliiin*  / 

Il  \  a  plii^  :  ii<iii^  aviiii**  pailf  di*  syiiiliH|i<«  ii*li::irii\.  r.«'s 
sviiili<i|i>«i  sniit  pniii  la  plupart  \r>  altiilitits  «If  ili\iiii[t'*s  n'prt* 
^i>riti'i->  a  l.i  rniiiaiiit',  ii|i*iililii'<'**  avn*  |i*<«  ilifiix  «lu  paiillii'*iii 
rniii.iiii.  Ni*  l'tiiil-itii  pan  *>i\iiir  i|iii'  U"-  liai.l*iis  ri*|iiiL'iiaii'iit  a 
ri'pri'<«fij|i-i  la  ilixiiiiti*  hhun  :|i>«  fiiMiifs  lniiiiaiin's  '  Crlti*  iii- 
li'itjiriitiii  ijf  pa^'*!--!  «-Iii*  pas  iiii'iin*  pnur  avuir  fait  partit*  «ir 
la  iliH'tiiiif  ilt-s  •iriii'i'-s  :    i\iiii%  iimiih  |i*  i|rt>il  tir  pri-ihlri*  au 

M-tli'IlX     •  <-    li.lllll Il  i|i>lllfll\   ' 

Miii^  \l<^-ii'iii  «.   Hini>  i-ii  a\Mii«»  ji-  ilfiiil.  Ji'  m*  rrois  fiirrin» 
pa**  a\.irii  ••!  un  p.ii.t«lii\i-  •  ii  •li'«  int  i|ni-  iiiu«>  "•••tnin*-*^  fti  inriJ 
Ji'Uif  "«i'u  iti  •ri  i|iif    iii'  I  ••i.iii-nl    t'.i*«ar.    IIiimI'iii*.   ^Iraliiin  iUi 

PiiUi'    pnlK    pi'lli*I|-|-t    i'-^   Hi  ri'i  |>    iji-    Il    \|i'|lif*     ni\  tlldliil'ii*    L»  Ml 

Inioi'.  pMiir  li'^  ili*;;a:;ii  •!•■  l'i-nxi-ioppi'  ir.illii-iiiniaini*  tpi:  |i'« 
«!issitnnli*  IN.i'  f  .1  un  i..ut  luMi-  p  •ml  «ii*  ^ui*  >|iii'  n<>s  ili'\an- 
cnT**,  ii<iM<i  iii'  ii<Mi^  pr><|H)SMiiN  p  (<•  piiur  iuit  i|i-  m'<in»iiiti<  r, 
ai«îi'^  lair  •!  .lulii**  •l-itit  li**  •  'li'its  mit  ••'••  -ti-nli"^.  I'imisi-ilmii" 

lll<  II!    «•'•  I*-'   Mil    pllliili     •|i-<i  pli'M   <*    .'  I*!!-!.**       Il   I  <»l    pi  •>li.l|tii'  ijlii'. 

siiii*    i-i-    i.iji;i.iil,    iiiu-    Il  ••il    "»  uM'ii*  j  un  iiH  plus   «pi»-  1  ••   ipji» 

n<>:]s  i-li  nut  'l.l  (  .i"^  ir  .   hl'fl   II  •■     ^!!    lit  •!!  i- 1  l*i  1 1|>       \|  il**  •  Il  iIi'Im*  h 

•i*- 1  i-l  fii^i  i.ip  iiM'ir  «I  p*  u  •■(  «I  III  t'  •'••iirni.  «Aïoiiiit  •  Il  tiaiiii'  —' 
il  II  \  I  ;•  i«,  I  •  •  I  rj  I-  •!  !•  Il  h  •m  Ir  •  «1  iijtf  -  un  \*  il\  tli«-!<k||ii* 
Iii-^  iilp»,  'r.^  v.iii»'.  ijf^  pr.ilii|ip—  iiMijh'U*!- -  Il  iMiiiial<  <». 
iliiiit  lis  •'IiUf-Ml-  i*-Mi'itit  II*  lit  :iii\  i»ri_'irii-^  iiii'iiif»  ili*  l.i  Mi- 
I n^ii .  'i"!!*  .  I  ■  \  .  -  '  II.  I  1  I  •  .'••  i|ti  /f'//r.".'  •■  •»''»•»*/  !••<»  i|i*i . 
iiH-!*'    li'iiip'*,  ^i  (!■   puis  iii  i-xiH  iiiitr    .1111^1,  l'si  iiiiplii  iti'iiirir. 


LES  SOURCES)    ~   LA    MÉTHODE  21 

constatée  par  C;isar  lui-même  quand  il  dit  ^  que  :  '<  Les  Gaulois 
ont  sur  les  Dieux  à  peu  près  les  mêmes  idées  que  les  autres 
peuples  »  (c'est-à-dire  les  Grecs  et  les  Romains)  :  De  his  eam- 
dem  fere  qtiam  reliquae  gentes  habent  opinionem.  César  ne 
prête  point  les  mêmes  idées  aux  druides.  Il  y  a  là  deux  cou- 
rants religieux  différents.  Le  baron  Roget  de  Belloguel,  dans 
son  Eihnogénie  gauloise,  insiste  à  plusieurs  reprises  sur  cette 
dualité  de  la  race  et  de  la  religion  gauloises  S  vue  très  juste 
dont  ce  consciencieux  érudit  aurait  pu  tirer  meilleur  parti. 

Ces  vieilles  croyances,  après  Tinvasion  galatique,  avaient 
été  rejetées  au  second  plan.  L'habile  politique  d'Auguste  les 
replaça  au  premier.  Je  m'exprime  mal.  Quand  équités  et 
druides,  les  deux  classes  qui  composaient  l'aristocratie  gau- 
loise, eurent  été  vaincus  par  César,  leur  pouvoir  militaire 
et  moral  anéanti,  la  révolution  religieuse  se  fit  d'elle-même, 
par  la  force  des  choses.  L'enseignement  des  druides  s'adres- 
sait presque  uniquement  à  l'aristocratie.  Quand  leurs  écoles 
se  fermèrent,  remplacées  par  les  écoles  impériales  de  Mar- 
seille, de  Lyon  et  d'Autun  où  les  fils  des  équités  s'empres- 
sèrent d'accourir,  la  vieille  religion  populaire  livrée  à  elle- 
même  reprit  le  dessus. 

Les  races  celtiques  ou  pénétrées  do  l'esprit  celtique,  qu'il 
ne  faut  pas  confondre  avec  Tesprit  druidique,  ont  toujours  été 
particulièrement  superstitieuses  i/ia/Zoomm*'  Gallonnn  admo- 
dum  dedita  religiombus,  écrit  César  ^  Strabon  fait  la  même 
réflexion  au  sujet  des  tribus  celtiques  et  thraces  du  Danube. 
L'enseignement  des  druides  qui  était  restreint  à  l'élite  de  la 
nation  ne  pouvait  que  très  légèrement  modifier  ce  caractère 
natif.  Le  christianisme  y  a  échoué.  Si  Renan  a  pu  dire  avec 
vérité*  :  «  Transportée  chez  les  races  polythéistes,  la  reli- 
gion chrétienne,  si  pure  en  son  principe,  devint  un  vrai 
paganisme.  Les  chrétiens  du  temps   de  Grégoire  de  Tours 


1.  César,  B.  G.,  VI,  17. 

2.  Barou  Roget  de  Belloguet,  Eihnogénie  gauloise^  1. 111,  p.  103,  274  ^ipassim. 

3.  César,  B.  G,,  VI,  16. 

4.  E.  Renao,  Nouvelles  études  d'histoire  religieuse,  1884,  p.  8. 


*2*2  i.A   itFi.K'.itiv  Ms  f;Ari^ii> 

fii*><(*iit  fnil  linrriMir  n  snini  l*niil  >■  ;  p«'nsr-l-i>ii  f|iif  l'in- 
lliH'nrt'  «Ifs  iliiiiilix.  i|i)cllt'  i|ii'ail  rti*  li'iir  iliM-lriiii*  yi/i//'M«/- 
/i/iitfur  ^  rari!i<|nitr  v<\  imaiiiini*  à  nitiis  afliiiiifr  i]ii*iN  m 
avaifiit  iiiii*  --.  ait  pu  iM'in-i  iiri«-  arlinii  pins  rflirari*,  plun 
pnifniiilr  Mir  la  iiias*>r  «lu  prupli*  i\\u*  iir  II*  filent  li'<  rvrqut'^ 
ol  l«*<  foiiriJcs  rliri'tii'us?  «  (^uand  nn  parruiirl  Irl  rantnn 
érarli*  «If  la  Nruinandii'  ou  ilt»  la  Urrta^ni*.  rtuilinu*'  lt<*iian*. 
f|u*nii  s*arnMi'  à  rliaruin*  il«*<  rliap4-l!«'<  rf»n<a<'rri»s  à  un  saint 
liirai.  (|u'nu  «>i-  fail  mnlrr  riunpti*  par  1rs  pAysaii*^  ilfs  spi-ria- 

lili's  iiiriliral(*>«  «!•■  rhaiMin  <lr  ri'>  sainU ,  «iU  si»  rappiMIf  ri*s 

iiinoml»iaiil«***  <li«'n\  ^raiiliii*^  4|ui  a\airnt  «Ifs  fonrlion^  tiuitfs 
Krnililahlfs  ft  oii  ariivi*  a  iTtiirc  i|uc  «laus  |i«s  riuirlifs  prii- 
fiimlt'H  (lu  pi-npli*  la  i'i-liL'ii*ii  a  ««ii  soinruf  pi'ii  rliaiiL't*.  •.  Si  li* 
prfi>t'*i\  liMui*  rliiftifu  r\  ilruiiii>|ni-  a  lai^»t'*  aiii^i.  au  riuiil. 
sur  t.inl  <ir  pniuK  ilii  tiTi ilitin*.  1«'>  «liii^ifs  m  Iflat.  a  p!ii« 
fi)ili'  r.ii*>iiii  i'ii  a-t-il  ••!<•  <l«*  inriui'  lii*  railiiiini*»lrati>iii  r**- 
iiiaitii'  ijui  n*ajaiiiai*«  fail  «i**  pii>p.i::aii  l**  n'li;:l<-ii*>i*. 

Ilii-n  plu*i  •'••u\fnl  i|n Un  in*  ]•-  pi*fi^«*.  ji's  P'IiL'iniis  niiuvi*lli'<« 
!«<int  it|iii;:i'i'*«  tr..('ri'|t:fr  <!•'  lti'  **\i  •!•*  fnri'i'  uni*  L'rau-li*  |iarhi* 
il«»  riirril  IL'»*  'I*'*»  f''iiL'i"ii-  iju'«II«"i  r-'iiipl  iiN'iii.  iV%->{  ain-i  >|iii* 
plu<*ii'ur<*  iiii-iiliii*'  i»ii'  •'!••  «>uiiii'tiii«''«>  >!•■  iTiiix.  *|Mi'  h's  pii'rri's 
lrnu>'*'^  <l<'  c'rrl  iiii<  >l<i|iiii-n*«  nul  rt**  i*rii'a^tri*i's  ila!i«>  If  iiiaifrc- 
aiiti-i  ili's  i';:ii««i-* '.  ijUi-  ri'rtairï»N  -ninrf*  ^ariffs  nul  si'i\i  •!#' 
liapli*>!i'Ti' 

l'.i-^  \>Tiit'^  ^'i*'  laiii'iiniil  .1  \ii<»  \i  ij\  il  uni*  luinii-fi'  piii«  vi\«* 
,iiii'"»'ir'-  iju»  I  ""i*  .'4\aiii'i'i  Mil*  il  iii««  i|i»s  ••In  II'»!.  \n;*  i-hIm*. 
ron^  «jiH'  ^  •II''  \  m-iii  /  ji  i-ii  !•!••%  i«.im:'i'Iiii'  i'  11^1*  f.uii'  ni'  Iji, 
I  II  a  <  ■  t  l'i'  ■  ■îiirii.  It  !*•■  It'^i'mii-  iji'  ii.iN  ri'-'lii'ii  li»-^  înu-  Il  ml 
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.    \         ••  '  '  •■■Il 


LES  SOURCES  —  LA  MÉTHODE  23 

Xo US  sommes  donc  aujourd'hui  en  possession  de  matériaux 
déjàsuffisammentnombreuxpourque  nous  osions  aborder  après 
tant  d'autres,  en  espérant  y  porter  quelque  lumière,  cette  dif- 
ficile élude  de  la  religion  des  Gaulois  aux  différentes  époques 
de  leur  histoire  —  et  puisque,  comme  nous  croyons  l'avoir 
démontré  dans  le  cours  de  nos  leçons,  la  nationalité  gauloise, 
au  temps  de  César,  était  déjà  composée  de  plusieurs  éléments 
distincts,  de  caractère  primitivement  divers,  qui  bien  qu'ayant 
fini  par  se  fondre  en  une  grande  unité  politique  n'en  conser- 
vaient pas  moins  des  traces  nombreuses,  bien  qu'en  partie 
latentes,  de  leur  origine  première  — nous  devons  interroger 
chacun  de  ces  éléments  à  part. 

Nous  avons  dit  que  l'ensemble  de  ces  éléments  constituait 
Irois  groupes  :  le  mégalithique,  le  celtique^  le  galatique.  Or 
Varchéologie  démontre  que  chacun  de  ces  groupes  à  l'époque 
où  il  a  été  prédominant  avait  un  centre  d'action  particulier;  le 
mégalithique  occupant  les  contrées  de  Touest  de  la  Gironde 
aux  côtes  de  la  Manche;  le  ce/tique  dominant  sur  le  centre  et 
nord-ouest  du  pays  ;  le  galatique  s'étendant  sur  Test  et  le 
nord-est,  de  l'Helvétie  aux  embouchures  du  Rhin. 

Ce  n'est  donc  pas  seulement  un  besoin  do  clarté;  ce  sont 
de  très  sérieuses  considérations  d'ordre  chronologique  et  géo- 
graphique qui  nous  imposent  la  méthode  à  laquelle  nous 
nous  arrêtons.  On  ne  peut  guère  douter  que  chacun  de  ces 
groupes  soit  entré  en  Gaule,  ou  s'y  soit  constitué,  entouré  de 
pratiques  religieuses,  de  rites  à  lui  propres,  de  traditions  que 
nous  pouvons  qualifier  de  traditions  de  famille  ou  de  race. 
Le  premier  groupe,  le  mégalithique,  paraît  surtout,  sous  ce 
rapport,  se  séparer  nettement  des  deux  autres  et  exige  une 
étude  à  part.  Plus  rapprochés  l'un  de  Tautre,  le  groupe  celtique 
et  le  galatique,  les  Celtes  et  les  Galates,  bien  que  considérés, 
par  les  anciens  eux-mêmes,  comme  consanguins,  ne  se  pré- 
sentent pas  à  nous  sous  le  même  aspect  religieux.  De  notables 
différences  les  distinguent.  Ces  deux  groupes  ne  doivent  pas 
èlre  confondus  dans  la  même  étude.  Une  carte  des  divinités 
et  superstitions  de  la  Gaule  montrerait  que,  comme  nos  groupes 


'2i 


lA    llFI.Ii.inN    |»FS   fUTLOIS 


îii'i  lifi»lii^'ii|iii*s.  r«*H  liiviiiMfH,  rt**i  M]|M-r.stiiii»iis  m*  rr|i:irti<'«<Mil 
inrL'.'ili'inrril  mit  la  «^iirl.h'i*  ilii  navs,  rlwiriini'  a\aiil  smi  aiii-  «l** 
i|t*vi*|iip|M'iiiriit  |iarli(*iiliiTf.  ii''|»r)inlaiit  an  ^nitipi'iinMil  |iriiiii- 
lif  i|i*s  iliviTses  I»r.in«'lit*s  il«*  i'i*m  <Ii.*ii\  faiiiilifs.  L'cxinifncc  «li* 
pliisii-iirs  niiiraiiN  n*li:;ii*ti\  sr  iiiaiiiffsh*  aux  vimix  <Ii'  IHIi- 
stTvatiMir.  rjianiti  dt**»  trois  ^piiiprs  m?  |irrsi'iili»  a  imiis  avrr 
ili*s  Ifiiiiaiiri's  ri*li::ii-i]*irs  ililli-n'iilfs,  j'omtuïa  iliri*  un  li'ni|ii** 
ranirnl  rfliL'i**iix  m|i|mik(*. 

r.i;s  (litTi'rfnr4's,  ith  ii|i|ti)siUi»ns  iiativi*.s  i*iilr**  le  rniiri'pt 
relJL'itMix  ili*H  lriii*i  |iririripal«'*(  frai'liiMiH  ili*  la  iiatiim  L'anluisi* 
nous  (lii'iiMit  la  111  iri*lie  ipii*  iihiih  aviin*(  à  siiivn*.  !.<■  lirui- 
di^m*\  la  lininiiialiori  iji**;  ilriiii«'s  ««ii  Tianli*.  fiant  ji*  fait  ilnne 
ri'ViiJnliitii  ii-liu'ifiiHr  ri'lativi*in«'n(  riTi-nti*.  tl*f)iii:}nt'  iMran- 
;:i*ri'',  nn  i*pi"*iM|r  fian*^  ri*iiM*niIilf  ilii  niiiu\t*int'iii  ri*iiL'i«-iix 
«il*  la  nalinii,  ikhis  rinilicron!^  rt*  ipi'nn  appi'ili'  li*  ilrinili*«nii', 
••n  tliTnitT  lirii. 

Avant  «raiiMnli  r  ii-l  nliscur  t*t  (liflirih*  pnililtMnt'.  nous  n*ins 
piis«>i'ons  f*t  tà<'|]i*r>ins  (!•'   r«''<iiiiii||-i>  |i*s  «luf^tinns  snivaiili**»: 

\  ^i\U'\\%*  part  «lans  li*<i  ]iralii|iii*<  d  >upt'r>iilinnN  pnpulaiii's 
p**nt  ri'\rnir  an  L'r<Mipf  riii*.'alitliii|iii' ' 

2  niii'lli*  paît  an  ::pMipi*  rf*llH|i]i'  primitif  avant  ^a  ^niiini'« 
«JMn  an\  «lrni<li'^ .' 

•(  Miii'.ji*  part  .in  L'iwnpf  kiniii|ni'  «-t  .1  «>"^  **<in^-ilt\i<«iiii«, 
•  lal.it»'"».  Ui-lji'H  *'\  t.irnlii.'s  * 

i  Ijni'lli'  a  t'îi'  j'aîutn'l'*  •!••••  •Iniiil«'s  vi<-a-vi^  *\**  ri-^ 
»rii\aiiii"«  n  itimi  ili—  .* 

•i    tj  I  ■.  t't  II'.  I'  t'ii  i  ;*T>*    •i'iniinanl  •!•'  hmii  or.'atii^.rifi'i  ' 

li    lJni'iii-<»    'livinitt***   .fiiir  lit  <*ii  m   lianit*.  mhi**   liiMnii'.i 
th'ii  i|i*^    •iriii«li'^.   ipii  para  «^ot-iil  m  iviiii  rn  .1  imix  aMmn  p.ui- 

lliriin  p  11  Ut  il.Li'l  ' 

"'Oiii'jli-    iiiMii:tii'a'i-*ii  i.i  I  ••ri<:iii  :•-  itiniuiii-  .iiiiiin  :.i-t-i'iii-  .1 
N  ino  •  •iinni«*ni'i'i ••n^   par  I  i-lnil«*  ilu  pifinii-i  iMniipi* 


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PREMIÈRE    PARTIE 


LA   GAULE  AVANT  LES  DRUIDES 


LA  GAULE  AVANT  LES  DRUIDES 


III»  LEÇON 

LE  GROUPE  MÉGALITHIQUE.  —  LA  CIVILISATION 

TOURANIENNE 

Nous  aurions  grand  intérêt  à  connaître  l'origine  du  premier 
groupe;  malheureusement,  bien  que  le  rite  funéraire  de  ce 
groupe  soit  resté  sur  presque  tous  les  points  où  il  s'établit 
Xinhumation  ;  bien  que  par  conséquent  de  nombreux  sque- 
lettes appartenant  à  ce  groupe  aient  pu  être  exhumés  et  étu- 
diés par  les  anthropologistes,  le  problème  reste  jusqu'ici  sans 
solution  certaine.  Les  maîtres  de  la  science  se  déclarent  im- 
puissants à  nous  dire  oti  nous  devons  placer  le  centre  primitif 
dedéveloppementy  le  point  de  départ  de  la  race  ou  des  races 
dont  se  composaient  les  tribus  constructeurs  de  mégalithes 
qni  certainement  en  Gaule  ne  sont  point  autochtones. 

Sommes-nous  en  présence  d'une  race  caucasique  suivant 
laocienne    classification ,    avant-garde    des   tribus   qui   ont 
apporté  en  Occident,  avec  tant  d'autres  merveilleuses  créa- 
tions du  génie  aryen,  la  connaissance  de  la  famille  de  langues 
à  laquelle  les  langues  celtiques  appartiennent^  ou  bien  faut-il 
rattacher  ces  races  au  grand  groupe  hyperboréen,  toiiranien 
de  François  Lenormanl,  ainsi  que  la  distribution  des  monu- 
ments mégalithiques  en  Europe  semble  l'indiquer?  Nous  ne 
saurions   le  dire  avec  certitude.  Cette   dernière  hypothèse, 
après  mûre  réflexion,  nous  semble  toutefois  de  beaucoup  la 
plos  vraisemblable.  D'autres  motifs  très  graves,  comme  nous 
le  verrons  en  dehors  de  la  distribution  géographique  des  mé- 
galitheSy  nous  font  incliner  vers  cette  solution. 


2« 


I.A  nn.ir.ioN  riRS  gaitlois 


NiiU.'^  .soiiiiiii  N.  f-u  «  iiiiM'i|iifiir«',  |ii»iir  il  «'Mtiji'rliiriT  quf  li* 
fiiini  «II*  I»  n'IJLji'in  4l«'s  |Mi|»iilaliiiiis  Mii'i;.'ililliii|iicH  aii\i|ii<*lli*A 
il  «*<t  inipiissililf  «II*  ri'rii*ii'i*  1111  iirofiiini  rarai'tî'n*  nflti;it*ii\,  — 
liMji's  iiiiiiiiiUM'iits  fiiiit'r.'iiMs  ni  fniil  fui  —  ilt*vait  si*  ra])|irti- 
rlirr  ilf«»  rrii\aii('>'s  tli*  ri>*»  rarfs  dti  ninii  l'I  avnir  i|u<*lt|iii*  rap- 
{iiirl  avi'i*  If  I  iMMiniiiMiii*  ii«"«  ('(»iili'«*«*s  Imri'alfs  v{  tonte  la 
s«Ti('  ili*  M)|ii*i>tilii>tis  iMicoM'  vivauti's  riiez  d'^  Fiiiri>>is  «'t  If*» 
MoMLidU  «%iir  il'  ratarlei'f  (lrs(|iifU  immk  riiiiiriit'ri«;<)iis  a  avtiir 

Vitiis  |i(iii\i'/  \miin  élMiiiit't  «|iii-  iiiiiis  allarliiiiils  iirii*  se- 
lifii'^f  iiii|>ni  laiin*  a  nii  L'rnu|t*- de  ri'iiL'ii»iiH  N'a{i|iii\aiit  ririi- 
i|iif'iiifiit.  m  .i|i|iaitiii-i'  ail  iiiiiiiN.  ««iii  <li*s  |iratii|Ui'H  iiia;:ii|iii'« 
l'I  a\aiit  ili*^  H.iirifTs  |iiiiir  |ii itii'i|i:iti\  iiilfr|irf'l*"<i.  <'.riiii«*  i|ii«* 
I  rlii>if  <!•*  ri's  Hiipri  •^hliiiMn  n'uili*'  i|iriiii  iiili*r«''t  île  l'iiriiiijie 
M-rait  une  ;:raMile  irreiir.  Le  iiii'iiri*»  mi  elles  etai«'iil  tmntu'es 
au  iiti>veti  .'i::!'  aii\  \eii\  «le  la  pirlie  êrlaiièt*  (l«*  la  iialMii  ne 
i\**i[  |Ms  iioiis  f.iire  1  iiisiiiii.  KriHituiis  la  |ii<»li*<»l.iliMii  ije  rraii- 
fiiis  I^i'tiiirinaril  i  itiiie  i-e  Mit*|iMN  «liiiie  lies  i:r.ifi>ie<i  iiiaiiiffs- 
taiiiwiH  «le  I  e-^i'i'ii  liiiiii  lin  : 

L  lii^|ii:ri'  i|i'   l'i'i  l.iiiii's  Mi|»«T^htiiinN  '  rnii^lilui'   l'ilii  ilen 
rliapitie^  |<s  |.iri^  e'.i.in.'i'-»,   ni. lit  non  j  un  'Ii-n  iipiiiis  iuipor- 

l.mN     i|i'    riM«>lnire   ili-    l'«--«{illî     liUni.lin    *-\   *\*'    ses    fif*\e|ii|iiie- 

m'-nl*».  nii«-ii;n''  f--!!'"  iju  .iii-nl  •'•!••  I  ■«•  ïé\erit«»  île  la  ni  itrie  el 
<|e  I  .i«»tr<il<i.'ie.  iiu*  \*\\i*-  inin  iiue  n<»ii'%  ">i>voiis  fiiainti'iiant . 
LT.'n  e  au  [iinji!"*  ilf^  ^1  1»  in"»"*.  -il"»  l'Ii'i-^ijiii  les  nril  ins|iiree«, 
I  lli—    int  iAi  r«è  s'il    l«'^  liii;iiiiii^.  |ii'nl  ml  ili*  lniii;'»  sieile^.  ••! 

Ju''i|u  .1    iiiii*    ep  '•|>h-   iri'iiri*   Ihi-u  r  ipjir  m"i le    n^iu^.   iiiif 

ititlui  Ri'i'  ti'iji  jii'i!iin)|i*  ••!  iri'ji  'i''-  .^iM"  [miii  ttre  rif.'l  !!:•*•'•»  ilo 
ii'liii  i|ui  ilit|.|.i-  1  *iru!ti  M^  plii^i-H  iii<«  .iiMialfs  inlelliT- 
liii-.-ii  <«  t\*-  I  iiuniaiii-e     I..  ^  «:••.  Ii-h  |f^  piu^  eilairè^  iiièfiin   ilp 

I  .iriti-ini  e  Kiil  il  iiu!«*  fdi  .i  «  i  «  i>ri  <'li^'«'<» .  1  *'ni|»ire  îles  sriefirr^ 
j  '•■«.  lit  I  ii:i»>    ili*    1.1    «iiji  I  ^'iii>iu   [i.iti'nti*-,    s|ir\ivanl   au 

II  iiiiiijiii-  'lu  1  lu  i^ti.in.^Mp'.  ■*•-  iipifitt'*-  iiiui-puiss  uii  .-m  ninven 
.iL'i-  •  l  I  •    Il  >  «l  i|u*-  la  SI  i«  lu  .-   Miiii|i-rni'  i|iii   e^t  |iar\enii«*  a  en 


i  '    I 


1  .  î   /  . 


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,  t 


'   f.-l-  r-         l'rrf  1'  .  .    I'     * 


NE      29 

^D8  dominé 

tH  à 

(tiens 

l'cmitT 

sec  mé- 

itre  impor- 
chez  nous, 
histoire.  On 
.ieux  constatés 
téennes.  Depuis 
end,  Tarménien, 
ue,  ombrien),  les 
icinien,  le  vicil-alle- 
^tituenl   une  grande 
mêmes  lois  philolo- 
ine  organisme  gramma- 
vie  sensibles,  peuvent  être 
■  a  trace  évidente,  indiscu- 
lucienne,  très  profonde  qui 
,orilô  des  nations  qui  s'étcn- 
<  iolonnes  d*Herculc.  La  com- 
le  la   communauté  de  langue, 
re  d'unité  qui  a  vivement  frappé 
.:  famille  indo-européenne  a  jus- 
ut  absorbé  Tatlention  dos  savants 
lour  d'avoir  tiré  le  moude  do  la  bar- 

iillc  do  langues,  un  autre  groupe  de 

lié  est  aussi  bien  constatée  et  dont  lo 

i  dosIndo-Européeus,  peut-ùtre  autériour 


•fiffie  el  Vaslroloffie  dans  l'anliquilf^. 
■  découverte  revient  îi  b'rôdéric  Schlci,'»*!,  i|iii   «mj  |ni?';i 
■  iivrage  paru  cii  180S  :  Lun;/ut'  cl  àwjvsse  i/ea  Indiens.  La 
iiido-européeDuu  «latu  «iu  ce  livre  de  ^M'^uie. 


Il 


28 


LA    RELIGION    DES   G  A 


.Nous  sommet,  en  «  uiihocjut'iici»,  | 
fond  (le  laivIii:ion  ilrs  po|nilalioiis 
il  est  impossilik'  di»  refuser  un  prof 
leurs  nnuiiinieiits  funéraires  en  fi» 
cher  des  erovanees  de  ces  rares  d 

■ 

jM>rl  avee  le  ehanjanisme  des   en 
sérii'  de  sn|H'rstili()ns  encore  vi\ 
Mnn,i:cds  sur  le  caraelére  desiji; 
des  rensei::neinenls  pn'cis. 

Vous  iiouve/.  vous   élonnei 
riensi'   iinpor lance  à  un  ^rou. 
qucnienl,  eiuipparence  au  m 
et  îiyant  des  sorciers  pour  p: 
rétucie  d»'  ces  superstitions 
serait  nru*  |irand(^  erreur.  1 
an  moyen  à^e  aux  veux  d 
doit  |)as  nous  faire  iliusi«e 
cois  Lenorinanl  contre  r» 
talions  d{\  l'esprit  humai" 

u   L'histoire  de  certai 
chapitres  les  plus  élraii 
lîints   de  riiistoirc  de 
ments.  Quelque  folle- 
de  l'aslrolcj^ie,  quoh: 
grâce  au  progrès  dos 
elles  ont  exercé  sur 
jusqu'à   une  époq» 
influence  trop  prof* 
celui  qui  cherche 
tuelles  de  l*huma 


•  > 


;  cadieu 
>f,  mon- 
iiongroise, 
•^'Ui  étendue 
i  eu  sa  civili- 
La  civilisation 
n'est  pas  repré- 
d'écrilure  connu 
is  ancien  système 
«ne  conception  reli- 
nons en  retrouvions 
anciennes  de  TAsie  et 
•  encore  en  maitre  sur 
"ù  il  conserve  ses  carac- 
le  ce  groupe  qu'il  faut  en 
■  lUtes  les  pratiques  supersli- 
•  ncore  en  si  grand  honneur 


Tantiquité  ont  a* 
occultes,  hérita* 
triomphe  ducli 
âge  et  ce  n'est 


f.  hristianisme  n'avait  pu  les 

.dations  rurales;  Tislamisme 

iil  à  boul^  elles  n'ont  reculé  et 

mt  les  lumières  de  la  science; 

\  très  ardent. 

-.ide  louranien,  au  point  de  vue 
:_»  vue  linguistique,  forment  deux 
\ivaoes  et  qui,  bien  que  de  génie 
.  niêrilenl  tous  deux  également,  si- 
.  noire  attention.  D'un  autre  côté  il 
.  s  aryens  n'ont  été  nulle  part  eu  liu- 
u::s  du  sol.  Pour  ne  parler  que  de  ci^ 
.:x,  aucun  de  vous  n'ignore  que  les 


^,j   |'*p.   L.'îiwmant  f*l  qui  p.ir.iit  ir'iiiT.ihiim.'iit 
A.U"*:iî4  ri>injirviiiieiit  li.*:*  Scytlics  et  prohiblo- 

.i.y."<'  <•'  i'dstr^tio'jic  flans  /\inli'/uiU\   IStiJ. 


rj 


THO>   TOURANIENNE      Hl 

(laule  inhabitée, 

i)iis  de  sauvages, 

Thiarry  lui-même 

■t's  premières  Iribus 

.iiictré,  était  déjà  non 

:iie  civilisation  mégali- 

\r  la  forte  organisation, 

^iMitir  alors  de  la  Suède  au 

•  l'autre.  L'hypothèse  la  plus 

il.'  le  courant  sous  Tiniluence 

:ijveloppée  était  le  courant  tou- 

.•'  couche  profonde  de  population 
Il  Europe^  il  en  avait  été  de  m^me 
est-à  dire  des  Touraniens,  ce  n'est 
lin  fait  historique  scientifiquement  dé- 
codé les  Âryas,  les  Iraniens  et  les  Se- 
l'Asie  antérieure,  T Aryen,  Tlranien,  le 
i\sé  à  des  populations  plus  anciennes,  beau- 
.  ce  semble,  que  les  nouveaux  venus,  et  déjà 
'lies  de  réial  sauvage.  Le  rôle  des  Touraniens 
.",  prépondérant  en  Asie.  Nous  devons  recon- 
N  les  premiers  pionniers  de  la  civilisation,  les 
^ulateurs  des  pratiques  religieuses.  La  religion 
.-  est  avant  tout  un  naturalisme  dont  le  fond  est  la 
•î  la  présence  d'esprits  ou  démons  '  animant  ou  sur 
tout  être,  toute  chose  en  ce  monde.  Sur  ces  esprits, 
r   démons  l'homme  peut  exercer  une  action  plus  ou 

:-ijri  Martin  n'a  été  désabusé  à  cet  é^ard  que  il.ius  les  deruiértid  années 
1  vie;  au  momeDt  de  sa  mort,  il  préparait  une  rûvisiou  complète  d^  sou 
.lûT  volume  oii  il  faisait  très  large  la  part  des  populations  pré-celtique:^. 
>i'Arbois  de  Jubaioville  sVst  rattaché  à  la  uK'me  doctriuc. 
-■  Coquebert- M  CD  tore  t,  baron  de  Monbret  (cf.  Mêm.  de  la  Soc.  anL  de 
".mce,  t.  VII,  p.  2}  a  cutreva  cette  vérité.  Sclou   lui,   plusieurs    religions 
ifâieut  existé  en  Gaule,  dout  Tuue,  la  plus  aucienue,  était  uu  sab^.hmn  mêlé  de 
chamanisme  gui  lui  élait  commun  avec  toutes  les  ivitioiu  du  nord  de  Caii' 
cien  continent. 
3.  Ce  que  Toa  a  appelé  :  un  polydé monisme. 


'3*2  LA    llKLlùlU.N    in.7>   UALLUlA 

iiminA  |iiiiAsanlo  h  Taifie  Av  forniiili*s  riitmarr^t>s.  d'inr.'inl.i- 
tiniis.  tli*  |)ralh|iii-s  iii:i<:i(|ii«*N.  linril  r«Tt.'iiii*»rMlli*^'t*s  «li>  pri'hcH 
sont  il«*|Misitairi'N.  Kn  .\*(syrir,  avant  la  (liMiiiiialion  «ifs  S«*- 
niiti's.  rii  .M«*iih'  avaiil  rrWr  th^s  Iraiiii-iis,  1rs  ni||i*::cs  di* 
pri'ln**'  iinii*»  pailiiiiH  ili*  .'{.'Wio  a  iOOO  an*;  avant  iritri'  iti* 
avaii'iit  lit'j.i  fixi*  n***  |irah«|ii«'s  p.ir  «'crit  dans  uin*  lan.;iii*  ipii. 
ajirî'S  la  rtini|ni*li'  a^s\ril'nn<^  ri*sla  la  lan;;iii*  litiir«:ii|ii(*,  la 
lan^nt*  «iarm*  iIi'n  (Ihaldrrns  coninu'  li*  ;;ri'r  i*t  li*  latin  ilans 
notre  litur::!*'  rlirrtiiiini*. 

A  ri*s  fiiriniili*^.  à  i'***<  ini'.intatiinis  til*^(int'*l*s  à  apiisiT  lf*s 
r.sjirits  <»n  a  furriM*  Ifur  liii'nvrilL'uiro  st>  Innivait'nt  ni«'*lfH  Avs 
r«'Ct'ltt's  int'*ilir.ilfN«  ilrs  rflfv«''H  fl*i»li<t>rvatiiitis  astr«»n<iniii|nt's 
M*rvant  «if  haM*  aux  >|M'riiiatiiins  «i«*s  astr<»liii;nt's.  Li*s  ina^'t*  • 
i|ni  fornitMi'iil  plus  taiii  uin*  «aslf*  a  Uili\lon<>  lM'*rilt*ri'nt  'ii> 
o'tli»  M*it*nrt*  a  l.ii|iii'lli'  iU  ont  «idiin**  liMir  nnin.  Iiii'ii  f|irflli* 
fnt  tout  arraiiicniM*.  La  Mi'ilif,  suivant  rf'\|iirssiiin  11*1111  an* 
rirn,  avait  •*tt'*  infi'itfi»  lii*  n-s  sup«*r**titii>n'«.  aussi  Ihimi  «|u<* 
la  r.lialtli'i*.  !«<'•«  nif t|i'rin*«  «il*  ranli«|uili'*  n  i^nnraii'Ul  pas  rnii- 
;:in«'  lie  rctif   srii'int*;  ils  rrrnnniisH.-iifnl  i|u  il  y  avait  fii  i*n 

MimIii*.   a  nnt'  «MiMiiiii'  tr«'s  ri'*'iili*i*,  un  riVtT  lrt'<«  int*'iisf  di* 

I     •  • 

supi*rstitiiin'«  raisMuin-fs,  |)a«>fi's  mit  I  •di*»»-!  valinn  •!••  la  natiiri'  ; 

ini'l.iiiL'r  >in::uli«'r  i\r  vniti's  l't  d  ri  irut  ^.  <'.«'  niflaiiiri'  •!  frriMirs 

«*l  ili-  xcritcs  i-\pli.]iii' I:i  fiittun«' iii'iuif  di*  la  ina^'ir.  diint.  pins 

di*   tini^  iiiilii-  an*'  aprrs  rr.-|ii<«iiiti  df  ri'lli*   srirui  c.  iinns  |-i*- 

tr(»ii\iins  |i-s  liai  f^  rni'i«if  vi\;inii-s  imii  Hful'Mui'nt  t*ii  ltr.iii>ii*- 

Itri-t.ii-ih*  cl  *-ii  li.in  r.  mais  ;iu  i-fuln*  nii'-nn*  di"«  naiiiifi^  li*s 

plu«  1 1\  ili*«c'i'^.  •!  .\tlii-ii«"«.  .1  Itiiiui'.  a   \!t  \.iiidi  II*.  .N<Mi<«  la  n*- 

tp<u\iin«  iiK  iiri' anjunid'liiii  inii*-:i':M>-iil  iniiiri'«>Hi*  i!r^  i'<«pril» 

*-iir   iiti  I  •>;.  ««-•-  Miiiii*  ii«>"  <«  t'ii  ii'l.in'.  d'- la  rinlaniii'  a'i    I  lui»*  I 

Il  \  a  II  ij.iti^  l«-  d<iMi.iin<-  ri-iu'i'-iix  un  |di>'niiiiii*n«'  atitl-i^Mif  .1 

('fini  ijui-  pii"«*-irt*,  •liiis  I  (»rlr*-  I  i)jiii^lh|ii<'.  l'i'Xp  iii«>hiii  lifs 

lan«:ut  <«  ar\*-nni-^    *'iiMiMi|iH"»  ri  t'iiUaunMiiii^^ 

1 .1  ••ul•<h^  I  •   i\\it'  (H'U^  ilit  l'iiui-  '  -1  •  •-  ^>ij*'l  ;  **<>n  tipiiiitin  r^t 

•    r  //    ^      \\\    :     I    irv^i- 1.   ..  I   it"     i    II    i-     .*- 


■  ■■I« 


LA  CIVILISATION  TOURANIENNE      33 

:ii>mbrc  des  choses  sur  lesquelles  il 

-  tiil-cc  qu'à  ce  titre  qu'étant  le  plus 

li  (Ml  par  tout  le  monde  et  on  tout 

'•dit.  On  ne  s'étonnera  pas  do  rinfluoncc 

^t  acquise,  car  elle    a  soûle  embrassé  et 

irts  qui  ont  le  plus  do  pouvoir  sur  Tesprit 

née  d*abord  de  la  médecine,  cela  n'est  pas 

is  Tapparence  d'avoir  pour  objet  notre  salut, 

comme  une  autre  médecine,  plus  profonde  et 

•il  second  lieu,  aux  promesses  les  plus  flatteuses 

..^duisantes,  elle  a  joint  le  ressort  de  la  religion, 

•quel  le  genre  humain  est  encore,  aujourd'hui,  le 

ulc.  Eniin^  pour  comble,  elle  s'est  incorporé  Tart 

i  }ue  ;  or  tout  homme  est  avide  de  connaître  son  avenir 

•   iiomme  pense  que  cette  connaissance  se  tire  du  ciel 

.*:  plus  de  certitude.  Ainsi,  tenant  enchaînés  les  esprits 

un  triple  lien,  la  magie  s'est  élevée  à  un  tel  points  qu^au- 

ird'hui  même  elle  prévaut  chez  un  grand  nombre  de  nations 

i  Jans  rOrienl  commande  aux  rois  des  rois,  ut  et  in  Oriente 

•f'*/um  regibus  imperet, 

n  C'est  dans  l'Orient  sans  doute  qu'elle  a  été  inventée  ;  dans 
la  Perse,  par  Zoroastre.  Les  auteurs  s'accordent  sur  ce  point. 
Mais  n'y  a-t-il  eu  qu'un  Zoroastre?  Ëudoxe  qui  a  prétendu 
que,  parmi  les  sectes  philosophiques,  la  magie  était  la  plus  il- 
lustre et  la  plus  utile,  plaçait  ce  Zoroastre  six  mille  ans  avant 
la  mort  de  Platon;  autant  en  faisait  Aristote.  Hermippo,  qui  a 
écrit  avec  beaucoup  d'exactitude  sur  toutes  les  parties  de  cet 
art  et  qui  a  commenté  les  deux  millions  de  vers  composés  par 
Zoroastre  et  mis  des  tables  aux  ouvrages  de  cet  autour,  rap- 
porte que  Zoroastre  a  puisé  la  doctrine  chez  Azonaces  et  vécut 

cinq    mille  ans  avant  la  guerre  de  Troie Je  remarque 

qu'anciennement  et  presque  toujours  on  chercha  dans  cette 
science  le  plus  haut  point  de  l'éclat  et  de  la  gloire  littéraires  ; 
du  moins,  Pylhagore,Elmpédocle,Démocrito,  Platon,  pour  s'y 
instruire,  traversèrent  les  mers,  exilés,  à  vrai  dire,  plutôt  que 
voyageurs.  Revenus  dans  leur  patrie,  ils  vantèrent  la  magie  ; 

3 


32 

moins  p; 
lions,  d< 
sont  dv 
mites^ 
prêtre- 
avaiei- 
après 
langi! 
noin 
A 
espri 
recel 
servi 
qui 
cetti' 
fût 
cien 
laC 
gini 
Méd 

SUpr 

mél 

etii 

de 

tro? 

Brc 


-Ift  iACLOIS 

..  rxisibcfaez  les  nations  italiennes 

i-  -le^npie  dans  nos  lois  des  Douze 

LÀ.  *  Jinme  je  l'ai  dit  dans  un  livre 

js   (-r  iU5si  possédées  par  la  ma- 

,^^_  :r.^T*  iinj*.  car  c'est  l'empereur  Tibère 

^j^^-mue^  K:etle  tourbe  de  prophètes  et 

;^..  .  «ui  -î«Hi  rapporter  ces  prohibitions  au 

'.•céan  et  qui  a  pénétré  jusqu'où 

_  jPT^osjitf  cultive  aujourd'hui  même  l'art 

.?  ^Li<!$  cérémonies  qu'elle  semblerait 

^>i>«<w..  Ainsi  tous  les  peuples  se  sont 


.  -.-^' 


K^ 


,  ii^vid  wu*  a  paru  nécessaire.  Toutes  les 

-^m^ucr  Retenons  de  cet  instructif  résumé 
*.  -  •* 

-  .•»'!»  ivail  faites  sur  l'histoire  et  le  carac- 
...  -."  ^rf** 

agaoïcui.  lUX  découvertes  récentes  dues  au 

-». .  iacnpiions  cunéiformes,  la  magie  est  un 

•^.oKUiiLe  bien  au  delà  des  temps  historiques 

^  M  en  Orient  chez  les  Mèdes',  le  pays  de 


•tu,  pif  les  rapports  qu'il  prétendait  établir 

^  esprits  de  la  nature,  était  une  religion  à 

datent  la  médecine  et  Tastrologie,  avait  été 

Hiitue  heure,  fixé  par  écrit,  immobilisé  pour 

^Qi.  ti^ruiules  rythmées  affectant  un  caractère 

^  Ia  magie,  originaire  d'Orient,  a  inondé  le 


\»skirii  principatus  susUdit  druidas  eorum.  Voir,  pour 
■*  lrtJ<*«  l'^wali'l  de   Coulantes:  Comment  le  druidisme   a 
^\  ,Uii*«/w.  Thorin,  1819. 

■"         ^  M^y*  toiirauicu.  Nous  savons  aujourd'hui  que  la  nra^iv. 
"*"     ùic  luvîiii^ro  la  Mrdii.',  mais  la  Clialdée. 

:«*^»icltv*  oui  ùià  découTortes  à  Bahylone  appartenaul  a  rc 


LK   GROUPE  MÉGAUTUIQUE  —  LA  CIVILISATION  TOUBANIENNE     35 

Mais  ici  même,  d*aprës  le  texte  de  Pline,  il  y  a  une  distinc- 
tion à  faire.  Non  seulement  Pline  sait  que  la  magie  est  origi- 
naire d'Orient,  mais  il  croit  savoir  comment  elle  a  pénétré  en 
Grèce  et  en  Italie.  «  Le  premier,  d'après  le  résultat  de  nos  re- 
cherches, qui  ait  écrit  sur  ce  sujet  et  dont  les  ouvrages  sub- 
sistent, est  Oslhanès.  Il  avait  accompagné  Xercès  dans  la 
guerre  faite  aux  Grecs  par  ce  prince  ;  il  dissémina  pour  ainsi 
dire  les  germes  de  cet  art  monstrueux  et  en  infecta  tous  les 
lieux  qu'il  parcourut.  » 

Quant  à  l'Italie,  il  croit  que  c'est  Orphée  qui  le  premier  a 
de  Thrace  transporté  de  proche  en  proche  les  superstitions 
magiques,  avec  les  découvertes  de  la  médecine,  bien  que  la 
Thrace  oii  il  faisait  son  séjour  eût  été  totalement  étrangère  à 
la  magie,  Orphée  avait  donc  puisé  cet  art  ailleurs. 

L'art  de  la  magie  n'est  point  un  art  hellénique.  Pline  insiste 
sur  ce  fait.  «  Homère,  dit-il,  garde  sur  cet  art  un  silence  com- 
plet dans  ï Iliade  »  et^  au  temps  de  la  guerre  de  Troie,  en 
Thessalie,  où  la  magie  pénètre  plus  tard»  «  on  se  bornait  aux 
remèdes  du  centaure  Ghiron.  »  Partout,  en  Grèce  comme  en 
Italie^  la  magie  est  un  art  étranger^  un  art  importé.  Pline,  au 
contraire,  semble  la  regarder  comme  presque  indigène  en 
Grande-Bretagne  :  c<  Elle  la  pratique  avec  une  telle  foi  et  de 
telles  cérémonies  que  ton  croirait  que  cest  elle  qui  a  transmis 
cet  art  aux  Perses.  » 

L'extension  de  la  magie  s'explique  par  l'histoire  de  la  race 
louranienne. 

«  Les  populations  diverses,  écrivait  François  Lenormant^ 
en  1874,  qui  de  la  Finlande  aux  bords  de  l'Amour  habitent 
encore  aujourd'hui  le  nord  de  l'Europe  et  de  l'Asie,  Finnois 
etTchoudes,  Turcs  et  Tartares^  Mongols^  Tongouses,  et  dont 
les  travaux  des  Rask,  des  Castren  et  des  Max  Mûller  ont 
démontré  l'unité  linguistique,  sont  les  derniers  débris,  refou* 
lés  dans  les  climats  les  plus  septentrionaux^  d'une  grande 
race  qui  a  couvert  autrefois  une  immense  étendue  de  terri- 

1.  La  magie  chez  les  Chaldéens  et  les  origines  accadiennes^  p*  323. 


:Ui  LA   RKUiatiN   IiES  GAlLOIS 

toir«*,  car  nous  \i\  voyons  répaiultn*  ilans  la  haute  aiilit|ijili* 
sur  uni*  ^'rand«'  parli«'  <it«  l'Ash*  antérieure  et  les  antliro- 
|iolopiHteA,  de  leur  côté,  signali*nt  (l'autn*s  trilius  di*  ri*lte 
rare  dans  l'Hurope  |iréliiHtt)rî(]ue.  avant  rétalilis<enient 
des  tribus  aryennes*.  •«  J'ai  (*Hsayé  de  prouver  ailleurs, 
ajoute  Fran(;ois  Lenormant.  qut*  re  sont  ces  p<ipulations  ipi 
ont  les  premières  inventé  et  pratii|ué  la  niétallur^Me,  opinii»n 
soutenue  également  par  le  bariin  d'Krkslein  et  par  Alfred 
Maurv.  »> 

L'unité  de  relt«>  ^^randt*  rare  éclate  non  seulenint  d  u  fait 
de  la  parenté  des  lan^ui's  qui  s'y  parlent,  mais  du  fait  que 
tous  les  membres  de  la  famille  ont  vécu  et  vivent  ••nrore  sous 
l'empire  d'une  même  pdifrion.  dont  les  traces  se  retrouvent 
enron*  visibles  nièm«*  dans  les  braiirbes  depuis  lon^îtenips 
séparées  du  tronc  commun,  t'.fttc  reli^'ion  a  un  earactèn*  par- 
tirnlier.  Je  lais>e  mcore  la  parole  à  François  Lenormant  '  : 
••  Mal^rré  les  ditTérenres  i|ui  ont  forcément  résulté  des  rtuidi* 
tioUH  si  diver.sr<4  ii«*  tléveliippenient  auxquelles  la  rare  a  été 
soumisr,  ji*  rrois  ipraprés  un  coup  d'cril  jeté  sur  le  matrisine 
inèdiquiM't  sur  lescroyancesdes  anriiMis  Finnois,  telles qn'elles 
i»nt  b'urs  expressjuns  dans  la  L'rande  épopée  du  Kolrmlti, 
les  affinités  avec  le  sysliMUi*  que  nous  venons  d  e.xpuser  d'à- 
près  les  tirhris  du  recueil  lie  la  ma^ne  accadienne  di*\i«*n- 
dn»nt  si  ii<imbrensi*H  v\  si  frappantes  i|u**  !•■  b*rteur  sera  ron- 
iluit  .1  ('•mstati-r  avec  imiis  Texistence  d'une  fainilb*  ib* 
reji::i>ins  1res  iiflteinent  rara»  ti-risi»»».  \\{  relie  famille.  i|u'i»n 
ajiiM|uii'i  tttip  laissfi*  dans  i'uniliie,  cnrri'spondrait  i*xat'tf* 
meni  à  une  kTan^le  divismn  ethnique  a  laqui'lle  il  faut  désor- 
mais f.iiie  sa  |i.irl  dans  riiistniie  ;;eneialt*  d«*  Ibunianite  • . 
\\    Fianrnjs  L»n<»rmanl  cara<  terisi*   ainsi  relie  famille  reli- 

U'ieU-^e      : 

Li'tude   ruinparative  a  lai]Uelle    inius   veiiiins    de    ni»us 
l:vriT   conduit    a   rei-niiiiailii-    une   pareiiti*    étroite   entre    la 


LE  GROUPE  MÉGâUTHIQUE   —  LA   CIVILISATION  TOURANIENNE      37 

magie  chaldéenne  et  celle  des  peuples  ouralo-altcâques  ou 
touraniens,  parliculiërement  celle  des  Finnois.  Les  idées 
religieuses  auxquelles  elle  se  rattache  et  sur  lesquelles  elle 
se  fonde  constituent  un  système  de  mythologie'  complet  et 
très  bien  lié  dans  toutes  ses  parties^,  qui  n'est  qu'un  déve- 
loppement normal  et  logique  de  la  forme  de  naturalisme 
propre  à  cet  ensemble  de  peuples,  du  culte  des  esprits,  des 
éléments  et  de  la  nature.  Tout  concourt  à  nous  ramener  à 
la  même  race  de  Thumauité  comme  ayant  implanté,  dans 
une  antiquité  prodigieusement  reculée,  les  superstitions 
démonologiques  et  magiques  qui  lui  sont  propres,  dans  le 
bassin  de  l'Euphrate  et  du  Tigre. 

<(  Comme  conclusion  de  nos  recherches  nous  entrevoyons 
une  famille  de  nations  qui  s'est  séparée  avant  les  autres  du 
tronc  commun  d'où  sont  sortis  tous  les  peuples  qui  ont  un 
nom  dans  Tbistoire  et  se  répandant  au  loin  la  première  [dans 
la  direction  du  nord]  s'est  constituée  en  tribus  ayant  une  exis- 
tence ethnique  et  distincte,  dès  une  antiquité  tellement  re- 
culée qu'on  ne  saurait  l'apprécier  en  nombres.  Une  intuition 
historique  des  plus  remarquables  avait  déjà  conduit  Bunsen 
à  cette  conclusion,  quand  on  ne  possédait  encore  aucune  des 
preuves  que  les  études  cunéiformes'  sont  venues  fournir  de- 
puis quelques  années.  L'hypothèse  de  Bunsen  devient  main- 
tenant un  fait  appuyé  par  de  solides  arguments  et  qui  tend 
chaque  jour  à  une  démonstration  complète.  Le  jour  où  il  aura 
'été  définitivement  établi,  l'histoire  de  l'humanité  primitive 
et  des  plus  anciennes  migrations  des  peuples  aura  fait  un  grand 
pas.  » 

Ce  jour  nous  parait  proche.  Il  est  de  plus  en  plus  probable 
que  c'est  à  Tinfluence  de  ce  courant  touranien  primitif  que  nous 
devons  attribuer  l'érection  des  sépultures  mégalithiques  et  tout 
le  développement  social  et  religieux  que  Tétude  de  ces  monu- 
ments révèle'  et  que  les  traditions  classiques  n'expliquent  pas. 

1.  Mythologie  n'est  peut-être  pas  le  mot  juste. 

2.  Et  les  études  archéologiques. 

3.  Nous  en  donneroDs  des  preuves  daos  les  leçons  suivantes. 


D8  LA   RRI.IGION   l»R8  OAULOIS 

L<*  prand  rôli*  f|iie  nous  priions  se  la  racrel  à  lariviiiiialion 
toiiranionncii  à  l'auron*  di*  riiifttoirc  do  rhumanîté  osl-il  une 
illiiMon  d«>  notre  i^uprit?  Il  faudrait,  pour  le  croire,  ne  tenir 
aucun  compte  des  récentes  découvert«'s  de  l'archéoloi^ie  dan^ 
le  domaine  de  la  prcbi^toire*.  confirmant  de  vieilles  traditions 
dtmt  il  n'est  pas  possible  di*  nier  la  vAl«»ur.  Les  ancif>ns 
n*avnii*nl  pas  complèti*ment  ifrnon'*  le  rAle  ron<(idrrable  que 
les  Scythes,  cVst-îi-dire  les  Touraniens*,  d'un  cAlé,  h-s  llyper- 
bor^«*ns  d«*  l'autre,  avaient  jou^  dans  le  momie  avant  IVta- 
bliss(*nif*nt  des  grands  empires  historiques.  Tout  un  chapitre 
de  Justin.  abr«*p'anl  Troirui'-Pompée,  nous  édifie*  ci  cet  égard. 
Tropue-Pompée*  nous  dit  : 

1'  One  les  Scythes  dès  r(»rigine  ont  jeté  je  plus  grand  éclat 
dan^i  le  monde  :  tinn  minus  illit%triti  imtin  t/itam  inipenttm 
/lafturrr, 

2*  Hue  le  peuple  scytlie  avait  toujours  été  rei^ariié  romme 
le  plus  ancien  de  l'univers  :  Srt/ihtirum  t/rpi.s  tintif/ftissimn  sfm- 
prr  hihitti,  —  plus  ancien  mèrm»  que  les  Kgypiiens. 

.'i'  i\\u*  leur  empire  était  immense  :  multum  in  Inwfitudi" 
nnn  rt  huitudinnn  pntrt. 

i*  i^hrils  iiut  trois  fuis  nmhitinnnê  l'empire  di*  TA^ii*  : 
imprrhtm  Auttr  irr  tfuarsirrrr  et  qu'avant  Ni  nus.  prre  de  Semi- 
ramis,  |i>  premier  roi  d*Assvrii«.  TAhIi»  leur  avait  paye  trihut 
pi*nilant  tfuukzr  rrai^ttus  :  -  //m  *srythis.  .\^i*i prr  nnlh*  tpim- 
tjrttins    tiniius    rrr  iitftiiis    ftllt      l*rn»l*'ndt    tnhuil    /ifif'fH    A'iii»/*, 

rrj-  A*^t/rnrNm,  iiiipostiit.  »• 

TriiL'ue-Piimpé*'  lions  apprenti  de  plus  i|ue  l'empire  di*^ 
Parllii's  et  «les  Hactrieii*»  était  leur  ouvraL'i*  :  Pftrthitnm  rt 
Wirirumum  imp»rhnik  ip^i  mmlitlmint^. 


J.  /'•  *  ',/''•.  '■'  r  'ii-r  tr*  l-.ur  f'^'i*  •  ii.-lilfrr  l.rri<irili«<«l  r  r-l  \t|i| 
•|i  fiilr[i!*'i!r-  ■•  'II-'  ••  ^lf,«»  •l'iml  i  •ii,"l  ■!•  I\-ii.  »ii  r''i'»:i:.t  ^ 
•  l'iPiti'itl   J'%ri|.    i:irr»-    ■!#•    ••rvlfir»    •!  Kijrit|*r 

1      J-liltri,      f'i../i     /'    «nf^i     '  ;i/-rij'  -itii     ^;i/rr>ni      ||r       ||.     ]    4  f  r'i|ri|#>-|*  •{!> 

yém  *  •l    l'.i   !i>»t>ri«!i  tr-«    ••':■    jt. 

«  \  .>!•  rr  >\  ■:!•  !*■■  •!  Irr  jr  i*j  !  !>■  re\  •\-,f  lpt  trâliti>itj«  «l'il  -inl  rnniinr 
r^l'ra   .,      •>    riri-trfr    -îr   IrriA'ih    f|   f]  iliiitrr*  «lil^     it'u^rril    t'Irr     roij«|.|r  ré#* 


LS  GROUPE. MÉGAUTHIQUE  —   LA.  CIVILISATION  TOURANIENNE      39 

Ces  vieilles  traditions  sont  parfaitement  d^accord  avec  notre 
thèse.  Elles  s'imposaient  aux  historiens  du  siècle  d'Auguste, 
tant  elles  avaient  d'autorité.  Diodore  de  Sicile  les  connaît  et 
les  recueille  comme  Trogue-Pompée  Ml  nous  parle  d'un  temps 
où  l'empire  scythe  s'étendait  de  la  Thrace  à  l'Egypte  et  comp- 
tait parmi  ses  sujets  les  Saces,  les  Massagëtes,  les  Arimaspes, 
les  Assyriens  et  les  Mëdes  chez  lesquels  ils  avaient  établi  des 
colonies. 

Quant  aux  Hyperboréens,  nom  collectif  des  populations  bo- 
réales, Hécatée,  au  rapport  du  même  Diodore,  non  seulement 
en  faisait  mention  à  la  fin  du  iv^  siècle  avant  notre  ère^  mais 
donnait  sur  leur  pays  et  le  caractère  de  leur  civilisation  de 
nombreux  détailsdontquelques-uns  peuvent  paraître  fabuleux, 
sans  détruire  la  valeur  de  Taffirmalion  du  géographe  grec 
touchant  l'existence  et  la  haute  civilisation  relative  de  ce 
groupe  humain.  Nous  avons  d'ailleurs  le  témoignage  d'Héro- 
dote* qui  mentionne  des  faits  précis.  Après  avoir  rappelé 
qu'Homère  et  Hésiode  ont  parlé  des  Hyperboréens,  il  ajoute  : 
«  Les  Déliens  en  parlent  beaucoup  plus  amplement.  Ils  ra- 
content que  les  Hyperboréens  leur  envoyèrent  dos  offrandes 
enveloppées  dans  de  la  paille  de  froment.  Ces  offrandes  pas- 
saientchezles  5cyM^5  ;  transmises  ensuite,  de  peuple  en  peuple, 
elles  étaient  portées  le  plus  loin  possible  vers  l'occident,  jus- 
qu'à la  mer  Adriatique*.  De  là  on  les  envoyait  du  côté  du 
midi.  Les  Dodonéens  étaient  les  premiers  Grecs  qui  les  rece- 
vaient. Elles  descendaient  de  Dodone  jusqu'au  golfe  Maliaque 
d'où  elles  passaient  en  Eubéo  et  de  ville  en  ville  jusqu'à  Ca- 
ryste.  De  là,  sans  toucher  à  Andros  *,  les  Carystiensles  portaient 
à  Ténos  et  les  Tenions  à  Délos.  » 


<y»iDme  très  sérieuses.  Quel  intérêt  les  Grecs  et  les  Romains  auraient-ils  pu 
avoir  à  les  recueillir,  si  la  force  des  choses  ne  les  leur  imposait  pas  ?  Cf.  Fré- 
ret,  fEuvres  complètes^  in-12  :  Histoire^  I,  p.  72. 

1.  Diodore,  H,  43. 

2.  Hérodote,  1.  IV,  xxxiixxxiv. 

3.  On  Fait  que  Pambre  était  également  transporté  de  la  Baltique  aux  embou- 
f  hures  du  Pô. 

4.  Tout  cela  semble  bien  représenter  un  pèlerinage  dont  toutes  les  stations 


i4l  LA    IlELUilON    UKiy  i;\!;LOlS 

••  L(*s  h('«li«*iis  aJDiitt'iit  qu'à  ruri^ini'  l(*s  llyprrhnn't'nïi 
:iv:iif*nt  «*nv<»yi*  cvs  i>iïraii(i«'A  par  iIimix  vii*rf;«*s  dotil  riin«*.  Mii- 
vaiil  «'ux,  s'ap|M*lait  llyprn»chr%*\  l'autre*  hiudire.  {)\u\  pour  ' 
srriiritr  (i«*  rt's  vicr^res.  ils  lt*s  avaiiMit  fait  arctuiipa^iifr  ; 
v\\\\\  (i«*  ItMirsoilfiyotis  aiixqiii*ls  ils  (Innnciit  It*  nmii  ili*  prrfihf" 
r/'M't  à  (|iii  l'on  n*n(i  rnron*  il«'  ^Tamls  lioiiiioiirs  à  Ut'*los,  mais 
(]titM*cs  IN*rplit*r«*s  nVtaiit  pas  revenus  dans  leur  pays,  |i*s  Ily- 
pi'rliiirri^ns,  craignant  <|ii«>  cv  fait  sf  renouvelât,  prirriil  le  parti 
(l<*  porter  sur  leurs  frontières  leurs  otTiaiides  dans  la  paille  de 
froment  i*t  de  les  confier  à  leurs  voisins  en  les  priant  instam- 
ment de  li*s  arrouipa^Mier  jusipi'iL  une  autii*  nation..  Li*s  yVi/- 
«/■*  Ih'lirns  tir  fun  ri  rautrr  wrr  se  rtiupent  les  rlieViMix  en 
riitiuneur  lie  res  vier;:i's  hypi'rl)orêi*niies  qui  moururent  a 
llelns.  Les  IIHcs  |eur  rendent  re  devilir  avant  leur  tnaria;:e. 
Kllt*s  pri'uni*nt  um*  liourlt»  de  leurs  cheveux,  l'entortillent  au- 
tour d'un  fuM*au  «*t  le  déposent  sur  li*  monument  deri*s  vier- 
::i's  qui  est  tlaiis  l'enreintt*  ronsaeréi'  a  Artêmis.  a  main  ^au- 
l'Ile  tii  l'iilrant.  Les  jeunes  lleliens  entortillent  leurs  ehev*  u\ 
auliMir  ti'iint*  certaine  lierlie  et  les  di'pnseiit  é^'alemenl  sur  le 
tomhraii  dfs  ll\  perhoréennes'.  Les  hêliefis  disent  au>si  i|ui' 
dans  II*  mèmesirrleiMi  resd«*putes  vinrent  à  llelosdeux  autres 
\ii'rL'<'s  livpiTlmréennes,  dnn!  l'une  s*appi'lait  A  rué  et  Tauiri* 

ilpis.  V  etaienl  \i*mie«i  avant  //«//#»•/'##//»  ri  iM'tdirr,  r.i*l|e«-ri 
appi»rtait*iil  à  llvtriie  ies  trilnils  qurlir*»  elait'tit  rhar;:ees 
ii*iil1rir  pour  If  prmnpt  et  heureux  ai'couchi'inent  des  femtni's 
de  h-iir  pi\s    M. lis  .\nfi-  %*\   Ojits  fiaient  arrivéï'S  vu  l.i  rom- 

p  iL'Nle  des  •Unix   Ulêllies     Api»ilon   1*1    Alléinin       Aussi  li'H  |li*. 

h'-iis  Ifiir  fi  ii'ifiil'ils  d'autP's  linnufiirs.  Leurs  ffinmes  que. 
li  lit  |i«iiir  i-lii-s  vi  rrifhrent  h'iir  iinm  ilatis  un  Ii\iiini*  i|ir(Meii 
d'-  L\rii-  a  I  ••iiiposi'  eu  h-iir  hoiiiifiir  ..  Les  mêmes  llelii-tis 
:ij>iuti-nl  i|u  apifs  avoir  fait  liiii!i-r  sur  r.iut*'!  Ii's  nji^Hf^  di  s 
Mihiiit^  Mil  •  Il   rfp.tni  l.i  «'•■iidif  siir   If  inmlifau  li '//«m  it 


•  II-      l   r»    !»:■    !«•  II!»    f  t  ?.!•»■•.   \  fi|«   iii-   •  •iiiriir .    ;..i.|il  rfi   j-r»  ■l'ii'  r  •!  iiTir    |  .  r« 
,    .  .iî.  .i    '.'.'.      .iw.Mt:     .••'i.r    !•  >   {•••  tr- •   .  ir  t  (  fi.|  |.  -  fr«i«.  li  >   j.ir4it 
i  •  ".      .■  r    !.   f    •      •  .I» 
t     •  c*  ri|>  •  •••lit  •«  i  iTtr-iiil  •!«    liilUi:iti  :(•    •  l  •!•  I  iiiti<|Uit<^  Jr»  Irt  liti  in* 


LE  GROUPE  MÉGÂUTHIQUE  —  LÀ  CIVILISATION  TOURANIENNE      41 

i'Argé.  Ce  tombeau  est  derrière  le  temple  cTArtémis,  à  test  et 
près  de  la  salle  où  les  Céieiis  font  leurs  festvis  *.  » 
'■  Voilà  deux  monuments  de  pierre,  deux  monuments  con- 
*  Ztés  parla  religion,  dans  le  centre  même  du  culte  d*une  des 
plus  grandes  divinités  de  la  Grèce,  portant  témoignage  de  Tan- 
cienneté  et  de  la  valeur  non  seulement  religieuse,  mais  histo- 
rique, des  traditions  concernant  les  Hyperboréens.  Peut-on 
d'ailleurs  douter  de  l'existence  de  cette  antique  civilisation 
septentrionale,  depuis  que  nous  ont  été  révélées  les  antiqui- 
tés primitives  de  la  Suède,  du  Danemark,  de  l'Ecosse  et  de 
l'Irlande,  antiquités  remontant  aux  âges  de  la  pierre  et  du 
bronze^  si  heureusement  mises  en  lumière  par  les  Worsaae  *, 
les  Nilsson',  les  John  Evans*  et  tout  récemment  par  M.  Oscar 
Montelius^  dans  son  intéressant  ouvrage  :  Les  temps  préhis- 
toriques de  la  SuèdCy  traduit  par  M.  Salomon  Reinach. 

La  lecture  de  ces  ditrérents  ouvrages  vous  sera  le  meilleur 
commentaire  de  ma  leçon.  J'espère  qu'après  vous  être  nour- 
ris de  ces  études  vous  ne  serez  pas  étonnés  de  retrouver  en 
Gaule  un  écho  de  cette  grande  civilisation  touranienne  '. 


i.  n  ya  là  une  rivalité  de  sanctuaires  qui  montre  l'importance  que  les  Dé- 
iiens  attachaient  à  ces  légendes  et  en  augmente  encore  l'intérêt.  Cf.  Porphyre, 
De  abstinentia^  U,  c.  xa. 

2.  J.  A.  Worsaae,  The  primeval  antiquilies  of  Danemark^  I8i9;  Mémoires  de 
la  Société  des  Antiquaires  du  nordy  traduits  par  Beau  vois,  1860-1815  ;  Danish 
arts,  publication  du  South  Kensington  Muséum,  1882. 

3.  Sven  Nilsson,  Les  habitants  primitifs  de  la  Scandinavie^  1868. 

4.  John  Evans,  Les  âges  de  la  pierre,  traduction  Barbier,  avec  476  figures 
intercalées  dans  le  texte  et  une  planche  hors  texte,  1878. 

fi.  Oscar  Montelius,  Les  temps  préhistoriques  en  Suède  et  dans  les  autres 
pays  Scandinaves,  avec  une  carte,  20  planches  et  427  figures  dans  le  texte,  1895, 
ouvrage  traduit  par  Salomon  Reinach. 

6.  Quatrefages,  dans  son  livre  sur  L'espèce  humaine,  p.  133,  se  plaçant 
à  un  point  de  vue  purement  anthropologique,  a  écrit  :  «  Les  grandes  migra- 
tions de  peuples  se  montrent  à  peu  près  partout  dans  l'histoire,  dans  les 
traditions,  dans  les  légendes  du  nouveau  comme  de  l'ancien  monde.  Nous 
les  constatons  chez  les  peuples  les  plus  civilisés  de  nos  jours  et  chez  les  tri- 
bus arrêtées  au  plus  bas  échelon  de  la  vie  sauvage.  La  paléontologie  humaine, 
l'archéologie  préhistorique  ajoutent  chaque  jour  leurs  témoignages  à  ceux 
des  sciences  historiques.  » 


IV'  LEÇON 


f.K  r.rijK  PKs  iMKiinF>< 


Ail  nnmbro  c1«>a  Kupi*r'«litioii«  qui  non»  parai^Kent  romonlor 
à  l'tTe  miVAlilhiqiM*  t*|  r«*l«*vi*r  «les  infliK^nn*»  toiirani«Mitii*«. 
noiift  placi*rnn*(  au  |in*mi«T  ran^  l«»  l'iilU»  d**%  pi^rn»».  Th's  vi- 
vacf  <;  «>iirnn*  au  moy«Mi  c1ip\  c<*a  Hup«Tstition^  n*ont  paHt*nron* 
roniplt*'tein«*nt  disparu  do  noAranipai:n«**( '.  li  rn*  ^'a^it  pan  «K* 
«up«*r*«tiliniiH  îaoIim*!!.  iipora(ii(|ueH,  pour  ain^i  din*.  ni^esiiorir 
rotiAtiinrfH  loral**^,  cl  ayant  un  rarartèn*  pan^a^or,  niait^  tii* 
HU|MT*«titi(>nA  ciirarinf'M'A  d.in^  le  «ni,  «e  reproduisant  pn^Hipii* 
idi'ntii|u«'H.  aux  diviTH^-^  i«piM]ut*H  d«*  iintn*  liintiùrf*.  nur  uni* 
éti'ndiif  iii>  pay*(  ronnidéralili*.  dmit  le  rhanip  de  i|Uflf|u<*«-un<*<( 
d«*paH4f  fil*  hiMuroup  !«*«  liniitfH  ilt»  la  li;iuli*.  .Nous  ni*  tli** 
vous  y  \oir  ni  des  fantai^icH.  ni  dfs  |iizarriTΫ>4  df  !'.*sprit  in- 
di\iiiui'l,  niiiin  It*  friiil  ili*  riTlaini'H  dinp^sitionn  inl«*lliTlu**lle4 
di*  r.irf*.réL'ié<'4,  «'t  roniiiit*  ron«<»lidéi>saiii'Sf*|»n«|ui*s  lointaines 
par  ri'ux  qui  h-s  preniiiTH  m*  dinint'n'tit  la  min^ion  d<*  dirii:«*r 
{••H  inspirations  ri*lii:i«*u«t*<«  des  nalitm*^  en  rapport  aver  leurs 
intèrriN  La  main  du  prêtre,  ilu  fhanian,  a  passé  mir  res 
rrii\anr«*^  fl  leur  a  impriint*  a  r<»ri.'ini'  un  rarnrtfri*  sarré. 
tloinini*nt  sans  rela  He\plii|ui>r  leur  extrar»rdinaire  vitalité.' 
l!«*  «tint  dfs  Hiir\i\anres  il'un  et.it  sorial  lii^pAru,  ni\  |i>  peuple 
était  eli'V.*  il.iii^  la  f>>i  i>n  la  piiis^.-mr*'  iniii^rutée  lie  res  pr.i- 
ij'jiii'*  ••!  fiirinulf's  (NinHarrées.  1^  expérience  et  l'Iiistoire  de- 
nii'iitrent   que   rieli   n  est   plus  diftirile  a   tiéraeiner   que  res 


44  LA    HKLIGION   DES  GAULOIS 

(•ncon*  iio  ï\n%  j«Mirs.  d(*H  vertus  pruphylaclique^  attarliêosaiix 
li.'irlies  (it>  pierre,  aux  pierres  di*  tonnerre  ronimo  «»n  «lit. 
croyanrt*  rêpamlue  parliruliêri*nitut  dans  la  région  (iesnutnu- 
ni«*nts  m«'frali(liii|ues,  en  .\rn[)orii|no.  en.Morvan.tMi  Anleehe, 
l'ii  .\vevri»n  f*t  dans  l«>s  devenues,  où  les  haches  el  rollit^rti 
Ci  imposés  de  certaines  piern>s  étaient  encore  C4>mptées,  il  y  a 
p«Mi  de  temps,  ennmie  val«*ur  apprêriahie  «lans  les  héritages, 
ainsi  que  les  dossiers  de  plusieurs  notaires  en  font  foi^  ne 
peut  lais*«er  di*  doiitt»  a  c«*t  e^'ani. 

l'n  niènmiri*  fort  iutiTessaiil  de  M.  Ëmih*  r.artailhar  *, 
nii*ni4>ire  ipii  pourrait  déjà  n*e«*voir  plus  d'un  ilêveloppi*inent 
nouveau.  ni'Uilre  Ci>mhien  ws  reili«*n*lies  sruit  frroiid«'S  et  a 
c<inil»i«*ntle  contrées  elles  peuvt'iitN'a|ipli«|uer.  Laerttyanceaux 
/nrrrrs  df  fttitilrr  ou  pirrrrs  dr  tifnn^'rrf  se  relnuive  non  seu- 
liMueut  en  France,  mais  en  Anirleii-rn*.  en  Aili*niai;nf,  en 
llidlanih*.  en  haiii'niark.  «'ii  Irlande,  en  Suétle.  en  lli>n^Tie, 
«•u  Kinlandf.  i-ii  Holiêm*'.  en  Sibérie,  en  Mi»u^olie  et  en  r.liiue. 
r.ftti*  extension  dune  uiéuif  supt'rstitiiui,  siuih  les  niêuies 
fi»rnii's,  dans  um*  zone  mi  Tartiiin  ilu  ^'énii*  ttuiranien  si*  fait 
Hi'utir  *^oii*t  t.itit  d'aspt'i'tn  liitTereiits.  ni*  plaide-t-«'|le  pan  en 
f.ivt'urdi-  l'iirijine  toiiranieniit*  tli*  «*rtli*su|H*rstihnn  eu  liauie  .' 
Kui'tri*  aujourflliui  r'e»«i  ««n  Sijésii*  et  «mi  Hongrie.  e*est-.i- 
4iir«*  au  *«i'in  d<*  |i«ipiilati>»UN  irtiri^'iui*  touraniennt»,  (|ue  ri**»  ^u- 
piTNtitiou'^  M»ii(  !••  [dus  vivarf?». 

•i  V.u  IIiiultm*.  disait  riniiati  l(ii(ut*r  au  T^oiilti-s  tir  |\iri« 
iMi  ISfîT*.  1«'H  harhes  et  Miartfaiix  «le  pi«Tre  se  ren«*nnlt«*nt 
«"lu/  II"»  [»avs.ii.«.  •Ii*>pfrsf*  Il  i-i  |.i.  <«iiiis  jf  nom  «!••  /*»udrr 
ltt*it'\  di'  /'fudrf  t'ff  fi'iintf\  il.-  ///  «  Ar  dr  hien,  !*.••%  fXprf«sii»n« 
*«  lUl  «'•■lli-H  il-iiil  sf  HiTt  eiit'.iri-  aiijiiiirii'hui  très  snuvfiii  le 
ptii)  I''  l'U  jurant  Un  ri'urniiiri*  .ilMiinlamment  ces  «dijet*»  dans 
t  iiiH  li'<«  \ill.ii:fs  r||i'/  li's  vieill>-s  «'•immèri*s  et  sa;;i*s-feniinf%, 

■■?..  I  lir    .A  ,1  î.  !•:: 

-      •      ■,■•«•     .'■'■.  'I     /.».('.'•.;■■■•     .  ir  et  *i 'ir-  hf''it»jir  f*rf  Kt^tf-f  ^uti.rtirt 

If  ■.'*.'.  '  "  '  ji  .1  t  ;  l(  11-  r.  ii'ii  •  •(  •  « A-jiir.  éLàtt  lliir'jt  pUr-  .|i|f  ;.«r» 
*  ;        r        ■  •  \\f    «rt  >1i  Lui* ,    >  I-   11.    i  it..:*-  ijr  •ij;irr»lilitiiit  |*.iiriiiir«  r|  t\t 


LB  CULTE  DES  PIERRES  45 

comme  des  amulettes  qu'elles  font  frauduleusement  et  plu- 
sieurs  fois  de  suite  bénir  par  les  curés  principalement  y  en  les 
plaïQani  sous  le  coussin  de  Tenfant  pendant  le  baptême  ;  puis 
elles  s*en  servent  pour  guérir  différentes  maladies  et  font  avec 
elles  de  nombreuses  sorcelleries.  Les  traditions  sur  la  pro- 
duction des  haches  par  la  foudre^  leurs  prétendues  vertus 
prophylactiques  sont  les  mêmes  chez  les  paysans  magyares, 
allemands  et  slaves;  en  Hongrie  elles  découlent  encore  du 
paganisme  »,  disons  d*une  source  commune  bien  antérieure 
aux  dernières  migrations.  Je  n'insiste  pas,  le  mémoire  de 
M.  Emile  Cartailhac  est  tout  entier  à  lire. 

2*  Une  seconde  preuve  peut  être  tirée  de  ce  fait  que  certains 
monuments  sépulcraux  mégalithiques,  certains  blocs,  débris  de 
monuments  détruits,  étaient  encore  au  moyen  âge,  malgré  les 
défenses  réitérées  du  clergé,  un  but  de  pèlerinage  en  vue  d'ob- 
tenir des  guérisons  miraculeuses  ou  la  satisfaction  de  vœux 
particuliers,  comme  sont  en  Orient  les  tombeaux  des  saints 
bouddhistes  ou  des  marabouts  musulmans. 

Ces  superstitions  n'ont  pu  naître  ni  au  moyen  âge  ni  à 
Pépoque  romaine.  Elles  sont  en  rapport  avec  une  série  de 
monuments  ayant  joué  un  rôle  important  bien  avant  Tère  chré- 
tienne. Des  monnaies  romaines,  parmi  lesquelles  des  mon- 
naies de  Tibère  et  de  Trajan,  recueillies  à  la  superficie  de  plu- 
sieurs des  tumulus  recouvrant  des  mégalithes,  tumulus  isolés 
dans  la  campagne,  à  assez  grande  distance  de  centres  habités, 
témoignent  que  ces  monuments  étaient  déjà,  au  i^'  siècle  de 
notre  ère,  un  but  de  pèlerinage.  Ces  pratiques  n'ont  pas  dis- 
paru partout.  Elles  étaient  encore  vivantes,  il  y  a  une  quinzaine 
d'années,  dans  certaines  vallées  des  Pyrénées  où  sont  éga- 
lement signalées  de  nombreuses  sépultures  pré-romaines. 

En  1877,  un  des  correspondants  de  la  Société  d'anthropolo- 
gie de  Paris  faisait  à  une  des  séances  la  communication  sui- 
vante,  sur  ce  qu'il  appelait  :  Les  pierres  sacrées  des  vallées  py- 
rénéennes* : 

i.  BuUelin  de  la  Société  d'anthropologie,  1877,  p.  287. 


4<i  LA  HLLIGIUN   ïiKA  GAULOIS 

i)ii  ti'iiiv»-  vkii  |iii>rrfH  sacrt'fs  If  plut  sniivi-nl  au  ini»iii.-ii:<'  il*'<>  f"ii- 
larn'H',  *iiiii|il>-^  til'M-^  ili*  ;:tiimt  |iiii|i)i\riihli*  nu  .unpliihulifi'ii'.  'iImii- 
i|iiiiiif!i  '«■M  lii  iiiii[ii.i;;iii'  par  !*■  i'..i<'h-r  i|iMlrinairi*  i*l  .lyaiit  l'iulrt-Tu^ 
<ti*Mi  a  ili'^  iina.'i's  <{ii'il  n'fHi  plu*»  |H«kSiM>'  ili*  pn'i'iMT  Uut'lt|Ui*«-uii«  ilf 
t  *-'%  iitii^  «■■ni  iii'«  pHTP-H  .1  li'i»oiii*i".  Kll«-H  Hiiiil,  [iiiilffiiis,  pieftipji*  l<i(i- 
Juins  liMilf«>,  pii"«i'iitiiit  i^H'i-iin-iil  ■|u*-li|iii-  ilinM'  i|ui  li*%  «li>liiii;iir  ilr» 
.iijiii-i  .'i'>«^>-s  pii-iii*»  tp.ii^i'^  sur  rK*«pi<tut  '.  11  i'ti  v%i  luMUc-nip  p.iriiii 
f'i>-H  i|ui  p<t«>^**i>ii<-iil  iiiiip*'!!'!!!'*^  tl>'  riili<«i'i  i.iil'ur.  si  \**%  lr<i<lili<iii«»  hn-alcs 
••1  II  viii-i  ilitiu  il*  s  li.iliit.inl'*  iii-  li*<»  «i;;ii.il.ii«-iil  a  «on  tiilnilhui 

\i.ius  il  ppifiiinli*  v.ill Il'  LilirnuM.  •-|ru«i*i>  «lu  tiruiiii'  lu  i'Ii.iIih-  i1i*« 

|*wiMi«'*>-«,  l>iiii  lit'  t<iu<*  ifs  iiiiii.iiit»  «l»'  I  i%ili^.'«li*iii.  •  l'H  Hupi'r»li1ii'ii«  ii''% 

.i.'i-^  '-v  ilfiiJIs  «•■  «iifit  III  iilllft|ijf«  .ivi'i'  illH-  r|ii>r;;if  ti*lli-  «lllf.  fi.ili%  plu- 
*>i>iil«  V  Jl.iji'H.  iinl.ililllli'lit  .1  l'ilii'l,  il  Jiir<-vi<-ll*'.  fllfs  Hf  iiimIi-iiI  ilillfiir- 
III'  ril  iii\  iiii).!!!!  l'ft  ilu  iMlliMJhiikriif  * 

I  fi  ^  iiii  !•'«  pi-  ii>-s  i>-«  I  oiii  )<.ill<'iil  «'Il  t  linri-,  ils  rrniit  \*,i\  |i'-ij««i  .i  U'% 
•-\lii'p«T  il''    toii«   ii'H  I- r-iim.     Kn    i.iiii    il<«   fiiiil    »i  rrt-li-iiii*ii(   lii'lniin-  l>-« 

pi'ir*'^.  ri-«[u'i-s  il pik' iiii^iii'-  p«*i«i«tiiit  ••!  >urtiMil  ifllf*»  pr>  •  i|f%- 

ipj<-li<-H  H«-  il'ifiiitMit  r>-iii|i-/-% ■•ii«  if*«  ji'Uii*-<*  ••-iM  l'I  li'«  ji'Ufif!^  Illl**«  \j'% 
h  il'il  iiil«.  I  •t^-j'iil^  «iiipr  riifiit  li-^  ■•iivrit-i  s,  <»*;iriii'iilriil.  !■[  fuipr.  h^'Ht 
r>iiiw  *\"  •!•  «ir  iii  tinri.  OiMiiil  iiii  .1  pli  r.ii  I  iiiiiplir  «ans  rii-illfr  |t*iir 
.ilti  iiti>>n.  lU  1  i««i-niM**nl  lfs  iIi|<iih,  Ii's  ifriii'tt**iil  i'Ii  pt.ii*' i-l  •  ••ntiiiib  iiI 
.1  ifo  •  iii<i:ii>  r  •!•-  fil*  I  •(  •iiu  11  TimI  ilisp<'r%*-r  iiu  Imn  \»s  t|f*}i|it  t\*'  I4 
p.' ri>-  «l'ii'  piiMT  \"ir  •  •■«•fi  i'  •  nllf  dont  fl!i- ft.iiiriilip't  :  rniiiriiit  Mil 
•  11'  •lui  •l--rii*->iii'  N.iii>  «t  ipj*  l>pji'f<ii%  \f>  pii'>ir>'s  \  pl.iiitt'iil  un**  i'iiii\ 
p  "il   fiii<-  lii-if-li  !•  I  l.i  l'I  •■■•M  <lii  i«Hp>r>  tr.KlitiMiiiii'l  \  »\tv  an  lii-n 

i\t*  ii*i*sl  ii»'ii  .n'ôh»  (|i><i  fiils  i|(ii'  ii'iiis  ii'Vi'li»  rètiifl<*  lit*  ri*r- 
(«iiii*«  iiiiiiiii(iii*ii(h  ili'  r.Vriiitiri<jiii*  t*i  Ji*  l'Irlariili*.  Je  vniv  par- 

liT  lif^  lllllll|lll*«  l'iilllllic  ri'ilX  (II'  li.lVr  Illiis,  tin  Mnilt.*-lT-||ori  k 

i-t  ilu  M.iiit'-Lii'i  «-Il  liii-lai:fif\  lie  .Ni>\v-(iraiii;r  fl  Luii^-htlrrw 
m  lilainli'    . 

L*' hiiiinlijH  lit*  (■û\l*•llli^  .1  mil' rlui|in'ii('t*  |iarhniiirri*  à  uns 
\*-ii\  .Niiijs  II*'  piiii\>>ii*«  tiMiiH  i-iii|»«'rlii'r  «l'y  viiir  la  raviTiir 
ni'j.iilir.ilr,  |Hiil  flr*'   la  ii-liaili*  M'riflr  d'un  iiittk'iniri,  il  iiu 

'     \  '  r    .  I  I*  liiii  1  litri    i'  •  nii   «iir  !•-     ul'»    i***  '  •'ifiii-  n. 
^     >  ■■!•  •  !i  |>  ir  'r-i:!*   |>iii«  l<-iii 

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•    ■         .1.'   •    .Miiik'ri' 

^     ■!    \  i     Mil \.l.]il-«     :il.->'ii.-*     ■••    '«:i.itii'!i«<l^'ir«iii:ii* 

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•      •  1^     ■       W  ••''    if     I     i    ,i4i.'<i   ■•  i;.,i-ii.^i      liitiiinlliripii*  , 


LE  CULTE  DES  PIERRES  47 

cbaman  de  Tépoque  mégalithique.  Les  chamans,  les  sorciers 
devaient  être  les  rois  de  cette  époque,  comme  ils  le  sont  en- 
core dans  certaines  contrées  boréales.  En  Sibérie,  encore  au- 
jourd'hui, le  cbaman»  le  sorcier,  est  un  personnage  de  la  plus 
grande  importance.  Les  familles  des  cbamans  constituent  des 
familles  sacerdotales  très  respectées,  très  redoutées,  très  puis- 
santes,  pouvant  avoir  et  ayant  eu  sur  la  destinée  des  tribus, 
au  milieu  desquelles  elles  vivent,  la  plus  grande  influence. 
L'introduction  nominale  du  christianisme  dans  ces  contrées 
Ta  à  peine  diminuée  ^ 

Ces  cbamans  sont  sans  doute  des  magiciens,  mais,  il  ne  faut 
pas  Toublier,  des  magiciens  convaincus,  ayant  foi  en  eux- 
mêmes,  comme  le  peuple  a  foi  en  eux.  L'on  aurait  grand  tort 
de  les  considérer  comme  des  fous  ou  des  imposteurs,  ayant 
conscience  de  leurs  impostures.  Tous  les  voyageurs  qui  ont 
pénétré  dans  ces  pays  avec  un  esprit  observateur  les  ont  ré- 
habilités à  cet  égard. 

Sans  doute,  pour  soutenir  leur  pouvoir,  ils  usent  de  tous 
les  moyens  (parmi  lesquels  il  y  en  a  de  blâmables)  pouvant 
donner  créance  à  leur  influence  surnaturelle.  Mais  ils  croient 
eux-mêmes  à  cette  influence,  la  magie  pour  eux  est  une 
science  véritable  dont  ils  se  regardent  et  dont  ils  sont,  en  cfl'el, 
les  seuls  dépositaires.  Certains  secrets  de  la  nature,  fruit  d'une 
observation  sagace  prolongée,  leur  sont  familiers  et  ils  savent 
en  tirer  des  efl'ets  d'une  grande  puissance.  Ils  se  croient  vrai- 
ment les  interprètes  des  esprits, 

«  On  peut  être  sorcier  de  très  bonne  foi,  écrivait  en  1876 
un  de  nos  ingénieurs  des  mines  les  plus  distingués  ',  surtout 
lorsqu'on  se  trouve  entouré  de  croyants,  et  les  pratiques  de  la 
sorcellerie  sont  telles  qu'elles  trompent  avec  la  même  facilité 
et  celui  qui  s'y  adonne  et  ceux  qui  s'y  confient.  Le  magicien 
était  et  est  encore  dans  les  contrées  boréales,  où  le  culte  de  la 
magie  s'est   réfugié,   familier  avec  les  vertus  de  certaines 

i.  Cf.  WraDgell,  Le  nord  de  la  Sibérie  (trad.  Galitzine)  et  VAnnexe  B  :  Le 
chamanisme  d'après  V enquête  de  la  Commission  russe  en  1776. 
i.  Feoilletou  du  journal  La  République  française^  du  4  mars  i876. 


[   .   . 


46 


LA  REUOION  DES   OÀDUIIB 


On  trouve  ces  pierres  sacrées  le  plus  souveat  au 
taines',  simples  blocs  de  granii  porphyroîde  oa  ar. 
dounés  sur  la  inonlafjue  par  le  glacier  qualernair 
servi  â  des  usages  qu'il  n'est  plus  possible  de  prâci; 
ces  blocs  sont  des  pierres  à  bassins*.  Elles  sont,  l< 
jours  brûles,  préseulant  rarement  quelque  cboïc 
autres  grosses  pierres  éparses  sur  l'Espiaut  *.  11  c 
elles  qui  passeraient  inaperçues  de  l'obser valeur, 
el  la  vénéralion  «les  habilaiit?  ii<j  hs  M;;n:i!.iii'ii' 

Dans  la  profonde  vallée  de  l.nliiuusl,  ticuaiT 
Pyrénées,  loin  de  tous  les  courants  de  civilisa 
âges  évanouis  se  sont  maintenues  avec  une  £i> 
sieurs  villages,  notamment  â  Portet,  à  Jurcvi 
ment  aux  croyances  du  calbolicisme  *. 

En  vain  les  préires  les  combnltect  en  clim 
eilirper  de  tous  les  csurs.    Kn    vain  ilsi  ! 
pierres,  vestiges  de  ce  paganisme  peraisi 
quelles  se  donnent  rendex-vous  les  jeum 
habitants,  lorsqu'ils  surprennent  lesouv< 
l'œuvre  de  destruction.  Quand  on  on  -^  ■■ 

attention,  ils  rassemblent  les  débris,  ti* 
à  les  entourer  de  vénération.  Il  fsul  ' 
pierre  sacrée  pour  voir  cuaser  h  culli-  ■ 
elle  était  demeure  sacré  et  queliiud'  «4 

pour  faire  bénélicier  la  religion  <Iu  i  ^  u 


s  l'an- 
uresqni 

1  nient  si 

it'.itdcscs- 

.•«rpoiii.  Les 

.>4l(!p.  Hue, 

.  a  assislé  à 

i  ùe  point  Tef- 


Ce  n'est  riea  à  côté  des  fail;* 
laÎDs  monuments  de  l'Armoriii 
1er  des  tumulus  comme  ceux 
el  du  Mané-Lud  en  Brela^i 
en  Irlande  '. 

Le  lumulu8  de  Gavr*-i[i(       , 
yeux.  Nous  ne  pouvons  i 
sépulcrale,  peul-ètre  tu  i 


k  salle  m  du 
une  ré- 
^e«  des  pierres 
MMCUrée  Ëurt'iut 
nie  sculptés  sur 
B  rvpréseutation 
4«  isolées,  sem- 
n  iéposées  dans 
HKBables  égale- 
mâ.  là  des  escep- 
I  atfn  caracibre, 
gaôlé  des  archéo- 


LK  CULTE   Des  PIERRES  49 

rexlrémilé  des  doigts,  lignes  ondulées  et  concentriques  d'un 
aspect  tout  à  fait  particulier*,  agrandissez  cet  assemblage  de 
lignes  par  la  pholograpliie  et  comparez-les  aux  sculptures  de 
Gavr'-Inis  :  il  n  y  a  pas  seulement  analogie  entre  les  deux 
séries,  il  y  a  identité  ;  elles  semblent  calquées  Tune  sur  l'autre. 
Doit-on  voir  dans  celle  coïncidence  un  simple  effet  du  hasard? 
Cela  nous  semble  d'autant  plus  invraisemblable  que,  si  nous 
cheichons  des  représenlalions  analogues,  je  ne  dis  pas  iden- 
tiques, soit  dans  Tantiquilé,  soit  au  moyen  âge,  nous  n'en  ren- 
controns aucune.  Quelques  monuments  mégalithiques  d'Ir- 
lande et  d'Ecosse  en  offrent  seuls  de  nouveaux  spécimens. 

Pour  ceux  qui  voudront  bien  se  placer  à  noire  poinl  de  vue, 
se  rappeler  que  la  hache  et  le  serpent  jouaient  un  rôle  impor- 
tant dans  les  opérations  magiques,  que  la  chiromancie  était 
encore  au  moyen  âge  une  branche  de  la  magie',  l'hypothèse 
que  nous  sommes  dans  l'antre  ou  le  tombeau  d'un  magicien 
chiromancien  ne  paraîtra  peut-être  pas  déraisonnable*.  Quoi 
qu'il  en  soit  des  sculptures  de  Gavr'-Inis  et  de  leur  rapport 
avec  Tari  de  la  magie,  il  est  au  moins  certain  que,  lors  des 
funérailles  des  grands  personnages,  à  l'époque  mégalithique, 
avant  que  la  chambre  funéraire  et  la  galerie  qui  y  conduisait 
fussent  recouvertes  de  terre,  des  cérémonies  qui  s'accordent 
merveilleusement  avec  le  caractère   magique  que  nous  leur 
prêtons  s'y  accomplissaient. 

Reportons-nous  à  l'intéressant  rapport  que  notre  auditeur 
assidu,  le  regretté  René  Galles,  publiait  en  1864  dans  les 
Mémoires  df*  la  Société polymathique  du  Morbihan  à  la  suite  des 
belles  fouilles  pratiquées  par  lui  au  Mané-Lud,  Ce  mémoire  a 

1.  Le  moulage  Je  plusieurs  maios  a  été  mis  sous  les  yeux  des  auditeurs, 
im\  que  les  pliotographîes  de  ces  moulages.  Ces  photographies  sont  dépo- 
^^^  à  la  bibliothèque  du  Musée  où  on  peut  les  examiuer.  Voir  Revue  archéo- 
'^«9Me,  nouvelle  série,  année  1884,  t.  H,  p.  332,  article  de  M.  Abel  Maître.  Voir 
diri*  La  Gaule  avant  les  Gaulois  (2*»  édil.),  p.  155,  la  comparaison  des  deux  séries. 

-.  Voir  Ferdinand  Deuis,  Sciences  occultes^  p.  50. 

3.  M.  E.-A.  Mertel,  dans  Tiutéressaut  volume  qu'il  vient  de  publier,  Irlande  et 
Citernes  anglaises^  p.  168,  donne  le  dessin  d'une  cellule  monastique  archaïque, 
pf^  de  laquelle  la  grotte  de  Gavr'-Inis  serait  un  palais  (voir  notre  pi.  I).  Cf. 
Plndelonvragc  de  M.  A.  Martel,  L'Oratoire  de  Gallerus  (v*  ou  vi»  siècle). 


Ml  I.A    RKLIIilOM    llKS    GAULOIS 

mil*  It'lli*  iiiiporlaiice(|ii«Minu!icn»yi)iiftd(*vuir  It»  ro|iru(luin*i«'i 

11.  Il  Ml  I.I'N-IHiI.MKN  l»ir  MANKI.ll) 

■  l.«'  I1.itit'-I.tii|  »•%{  SI  fiiitsiii.'il  ipif  j'iiiirui^  |Mi  nii*  irniiv  ir<iii*i|Mifii-  n 

un  .iiiti*'  l«*tii|i«.  i'li*-i  1111  .lulit'  |fii|ili-  i|ii lin  ilf  n<i«  iiirb'<ililli«'H  nitli- 

iMii**^.  J«*  iii«'ll  Ils  >iu  joiii  a  •  h.i  |iit>  •  iiiip  «k'  piDi  hi'  un  nrilii'  *\  Tnls  l'iul 
n«iii«tMii'.  Ji*  iji'i  iMivr.iis  l«*  tlit'Ali'**  iriiiiiii|(it*sfiiiii*i>'iiili*H  (Imii  1**  sn\  •  hiihct- 
vait  t-ni'orf  tlrn  Iimi^s  simisiMi*^.  I.*-  M<ifii''l.iiil.iiii  !•*  ^lil,  rmiii-  iinf  liull*- 
arlitii-ifllf  lif«  «lliinM*"',  H<Mih-irt'«  if**  Innu  sm  Tiihlf  l.irtf''.  ri  tiMii:iit|ii.t- 
IfliMni'iil  It.i^^i*.  r)*.r>i)  «l'tili'iihiil  il'i-li*i;iliiiii.  J'i'fi  ili't'i  ir.ii  l'iiitt'-i  l'-iii  (I  iiift 
l'airiiii'  <!•■  nifs  rmilli-H  ilunt  !•'  |iihiiI  «I»*  i|i)i.iH  i-l.iii  a  IVHivnnti'' liiifiiLili* 
ilii  liiiiiiilus.  \  (Il  m» '.r«-s.  jf  itiii-iiiii(i>  un  .i]i;:iii-iiiiMit  •  iii-uli.:iif  tU- 
|if|iis  iiiciiliir^  i|f  !■)  il  Î4i  •  ••iiiiiiM>iii>«  iff  liiniiiMir  «*\  î\n\*s  n  t*.ryi.  au* 

ifi'HS-iIlH   il'l    tiiflItlM-l.   iJ.lll^    !•'«   \.|«i-«i    l|i-^M'i'||i-l'^  i|lll    fiillDi'Ill    l.l    hilIllH-lt'-. 

t'.i-lti-  ]i;:iii-  i|i'  |i|*-ll*'««  .o.iil  IJ  fiitti*<«  iffliMitliif.  Sut  4  li.iriiiit-  t\fs  «-iii«| 
pitTli-s  tlfliiiill    r>llll.|lll  rfil|«*|||i|i-  ll'irii,    lliiiJS  .l^tiIlH  IfiilMr    II-  Ji/fi'/«ff' 

ffiifi'  t't»  •/•■  »hffil*.  I  iif  «i-i-iMii|r  iaii|.'t'i'  i|i'  |iii'iii-s  |i.ii.illi'|c4  .1  l.i  pf«  - 
nu»  n-  —  rellH  i.iiik''***  l'Inil  ii  .^'•..'ill  iJf  |<i  |iri'in-i-ii'  —  ftirniail  .!**■•  «'Il»' 
iiiif  «•■lit»-  tl  •illi-i*.  Kil**  «'Il  tlitl*-r-iit  i*n  «'•■  iiip-  <ki-s  ••lrriit*rit«  ;iii  l<>'ii  i|i'  »•- 
t'tin  hi-f  iLiP  iil  Hf|i.iiiS  |iii  t|t-H  iiili-i  t.illf<«  i|f  tu  iii>-ifi«  ••iiiifiiii.  A  l'.iili; 
i|i'  t  i-l  .ili;;n**tii>iil.  nniii-  triii>lpt*,  fii  s'jv.mr  itil  vii*»  r>Hii-%|,  :i  lri»iiT*'- 
!•'  «iij  ii.iiiiti*i  ifi  tiiiii'ii  fl  itii<-  ■•Ml- h'*  •!•'  pM'rii*%  <itr||f»  ^'l'initliiiit  a\**' 
iiri<  ••|i.iiH%i*iit  il*-  4*^  •  ffilifiii'trt's  il.in^  l'inif  Ti  ii-inltji',  irnii*-  «llr^l•  •-  -t 
pfii  |ii.«  ••!  i!i-  I  iii;*!!*'  ili  II)  iii'ln-^  i'I  .i\.iiit  1*^  in*tii'<'  «il*  l:iik''iir 
ni'iitiiiif  (.'Ih-  riipp»  i|f  |>i>  it  f  it  m^  |i.ii  lit  .i%iiii  fil  |i.ii  Ih  iilh-fi  iii<  lit 
|iiiiii  |ii|f.  ■!•■  i>'>  tijirii  !•■  iii-ii  ••■!  ■  •■r(.iiiii-s  pi  ili>p!««  fiiiiiTiiri**  ^f  »•■!  ii"iit 
•ii  •' •iiip.ii-«    rii    II  m^  .n>iiiH  liKiivi-  •■Il  II  «"•iili-t  iiil.  il'.iliiiij,  .1  *<  iii'li*** 

i\*'S    Ill'-Il'lir«  :||li'll<-i||  %,    1111    Hl-iM.  •Mil    ili     •  Il  II  (•>il|«   •!•■    Iiii:^.    pi||«  plll«    I   <'tl, 

•I  1.'  iii> '.i-«  •!•■  •I:«l.iiii  -  .  fin--  a»'k'l>iii' I  .itMii  «1  xSHi  IIP  iils  «1  .iiinii  i>i\. 
1*1  •-•  !«•  iiifii!     Il    pli  II    il'     rf|iill>iil  •m   M'iil^  .i«<i|l<i  l*-ll<'"llll  •' I*'llll'l« 

i|f(>ii«,  .  i'i,t  i-lii-  I  un-'  ilifiiii>-  il»-  iii«'tit*H  ilii  •'•nlfi-  lin  tniiiulii*.  i« 
■  ••<!  Il-  'I--  p:--ri'  «'•  il  ï>  ,  pii  «  o  I- •tilt"-  I  II  I  ••iii  h'iid' ,  ili*  m  ini' '•-  •% 
f-'m!- I  un  «.'i..'!''  o-'iiiMiN!'  i  i''i>»  •  •  ui  ipi»-  ii>iii«  •  •un  ii<k«^ii«,  m  ii% 
•|'ii  I  »  un' i-i  •  i'i- I  pf  I  •!iM»'li'".  *•  ii-i'ikf  1  1  ♦•ii.'l"!"'"  ■!••  I  -'il' ^  pifl*i 
'I  i'i«  .  ■  '■  •!  m-    *.  -m!'   1  •    *[••  \  !<»■'  *  -1  •  il   il  ••  •  iip*    .1  p''ii  pr*  •  )•■  fiii'ii>  t| 

■  \  1      ;iii  •-  •)  1  ;;.i '.- 1'  >{'ii.  p-iiii   \'i  iii*-li>  «  -II*  I  1 1 -iii,  .1  «  •  !•  i*>-.  pr  •  ««-iit' 

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f^:  'i  I  .  >  !'  >'.''•  'i  ;  1  •  .  *  «  lit  r  «-(il  •  I  <  1  ■•  I  -1  •  |il  iiii  !!•  •  -i  I  m-  m  i.rc 
•!•    M-      '   '•!'     ■     1       •  j.  !  f,  ..    I   p'   t  |>ii-«   ii.l'  •  !•  I    I-    •  it  IiM  i.ii«-    lli  :.•-  t»\.\*  •  a 


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r-i-iipi'  1    .•  •    lit   Ir  lit  j  •   II*  î  .r  •  •  •  I  II*    'i^'.'  * 

1     V*:«-'ail-1<    ti:r*'l    I*    pu  rf  •■•  i.ti  |r«  pirr  r.  •    :'*:iiiri«-ijt 
4.  \  !■'    'iiArm- 


LE  CULTE  DES  PIERRES  5L 

ttoe  bauleut  de  2"»,20,  nous  avons  trouvé,  aU  milieu  des  terres  amon- 
celées, une  crypte  longue  d'un  peu  plus  de  2  mètres,  large  de  lm,25  et 
haute  de  l"'jlO.  Les  parois  de  ce  caveau  sont  formées  d'une  grossière 
maçoûnerie  de  pierres  sèches.  Sa  voûte,  au  lieu  de  consister,  comme 
d'ordinaire,  en  une  ou  deilx  tables  de  granit,  est  composée  d'un  grand 
nombre  de  dalles  plates,  non  taillées  et  retenues  seulement  par  Tagen- 
c^ment  des  pierres  du  galgal,  de  telle  façon  que  le  dérangement  d'une 
seule  de  ces  pierres  peut  faire  crouler  tolit  ce  fragile  édifice.  Cette  crypte 
complètement  fermée  de  toutes  parts  était  une  tombe.  La  position  rela- 
tive des  ossements  semble  indi(}uer  que  les  corps  (il  y  avait  deux  têtes) 
avaient  été  repliés  sur  eux-mêmes*.  Vers  le  milieu  de  la  chambre  étaient 
un  petit  tas  de  charbon  de  bois  et  quelques  fragments  d'os  calcibés*.  A 
Tautre  extrémité  uti  petit  couteau  en  roche  siliceuse  du  pays,  puis  quel- 
ques débris  de  poterie  grossière  et  deux  morceaux  de  silex  pyromaque. 

«  Après  avoir  vidé  la  chambre  qui  était  en  partie  remplie  de  terre,  nous 
pûmes  constater  au-dessous  du  lit  de  terre  un  dallage  irrégulier  en  pierres 
plates  épaisses  de  5  à  6  oentimèlres  et  recouverte  en  dessus  d'une  couche 
onctueuse  couleur  de  rouille  dans  laquelle  nous  avons  bientôt  reconnu 
les  restes  d'un  plancher*  de  bois,  dont  plusieurs  parcelles  se  sont  trou- 
vées sufGsamment  conservées.  Au-dessous  des  dalles  un  lit  de  terre  de 
5  centimètres  d'épaissetir  reposait  sur  le  sol  naturel  et  ne  contenait 
rien  en  particulier. 

i(  A  Touest  du  galgal  central,  nous  n'avons  plus  trouvé  que  la  roche  gra- 
nitique; mais  là,  comme  à  l'est,  la  roche  avait  été  aplanie,  nous  voulons 
dire  dépouillée  de  l'enveloppe  de  terre  naturelle  qui  la  recouvrait.  Les 
ouvriers  avaient  probablement  reculé  devant  la  difficulté  de  l'attaquer 
elle-même. 

«  A  l'extrémité  du  tumulus,  au  point  de  la  plaine  d'où  Ton  voit  le  soleil 
dispatraltre  chaque  soir  dans  l'Océan,  se  dresse,  vdrs  le  ravin,  l'allée 
couverte  mise  à  nu  par  nos  devanciers*.  Nous  n'avions  plus  à  l'explorer; 
mais  nous  devons  nous  rappeler  que  ses  parois  sont,  en  quelques  en- 
droits, couvertes  de  signes  bizarres  encore  visibles  dont  la  patience  de 
M.  Samuel  Fergusson  *  a  pu  rétablir  les  contours. 

«  En  somme  qu*avons-noas  trouvé?  D'abord  une  plate-forme  rocheuse 
ph^parée  sur  une  étendue  de  pius  de  80  mètres  en  longueur  et  de  50  en 
largeur.  Ensuite  à  Textrémilé  occidentale  de  ce  plateau  un  beau  dolmen 
a  galerie  et  à  l'extrémité  orientale  une  avenue  de  pierres  debout,  dont 


i.  Cette  attitude  accroupie  est  très  fréquente  sous  les  sépultures  mégali- 
thiques de  France  et  de  Scaudinavie.  Cf.  La  Gaule  avant  les  Gaulois  (2«  édit.j, 
p.  158,  et  Nilsson,  Les  habitants  primitifs  de  la  Scandinavie  (édit.  franc., 
p.  116  et  pi.  XIX). 

1  Protiablement  d'animaux» 

3.  Ce  plancher  s'est  retrouvé  dans  beaucoup  de  sépultures  mégalithiques 
4t  chefs,  dans  le  Finistère  et  dans  les  Côtes-du-Nord. 

4.  Oa  u'a  conservé  aucun  souvenir  de  cette  fouille. 
^.  Fergussou,  /.  c,  p.  379,  fig.  145. 


52 

quelques-unes  supportaienl  des  t^ies  île  cheval.  Au  milieu,  un  galgal 
formé  de  pierres  sèches  et  rei:oiiïran(  une  crjple  sépulcrale  élablie  d'a- 
près un  système  de  conslruclion  parliculîer  vl  renTerniant  des  ossements 
humains  et  quelques  objets  de  l'âge  de  la  pierre  polie,  t^ulre  le  ^sl^nl  et 
les  menhirs,  une  masse  de  pierre  arliflcielle  couvrant  le  sol  nalurel  et 
qui,  soulevée,  laissa  voir  uo  mnuceau  de  charbons;  plus  loin  un  tas  d'os- 
sements d'animaui.  Knlln  toutes  ces  choses  noyées  dans  un  monlicule 
de  vases  desséchées,  eulassées  à  grande  peine  et  formant  une  masse  im- 
perméable de  près  de  dix  mille  mêlreu  cubas.  Le  lumulus  allongé  n'était 
pas  destiné  seulement  à  protéger  les  cryptes,  mail  à  mcouvrir  le  fAAKre 
tout  entier  d'une  scène  funérnire  imposante.  Pour  nous,  le  Mnné-I.ud  est 
une  illustre  tombe  et  ces  tôtes  équestres,  ces  restes  de  sacrifice,  ces 
squelettes  humains  sont  là  pour  nccompngner  la  dépouille  inorlclle  d'un 
(irand  chef.  « 

Ajoutons  qu'S  cette  époque  existaient  évidemment  des  rilea 
parfaitement  délinis,  dénonçant  l'esislence  d'un  clergé  puis- 
sant capable  de  faire  mouvoir  des  milliers  de  bras  ni^cessaires 
à  l'édilication  d'un  pareil  monument  '. 

Le  Mané-Lnd  est  entouré  d'autres  lumuhis  demi^mecarac- 
lère,  aussi  imposants  :  Le  mousloir  Carnac',  le  mont  Saint-Mi- 
chel ',  les  lumulus  de  Tumiac,  de  Kergonfals,  de  la  Trinilé- 
en-Mer  et  enfin  le  Mané-er-H'oeck  '  dont  la  fouille  a  révélé  un 
rite  particulier  sur  lequel  nous  devons  insister. 

Au  Mané-er-H'oeck,  à  l'entrée  de  la  chambre,  circonslance 
uniquQ  jusqu'ici,  se  trouvait  placée  une  dalle  sculptée  sur  la- 
quelle dans  une  espèce  de  cartouche  était  gravé  soit  le  tolrm 
du  chef,  soit  quelques-uns  de  ces  .signes  mystérieux  dont  la 
magie  faisait  si  grand  usage;  mais  It  n'est  pas  la  plus  grande 
originalité  du  Mané-er-H'oeck.  «  Tout,  dil  Kené  Galles,  qui  a 
fouillé  ce  lumulus  avec  le  mt^me  soin  qu'il  avait  fait  te  Mané- 
Luil,  tout  dans  la  chambre  quand  nous  y  pénélrSmes  élait 
encore  intact.  La  surface  des  terres  élait  parfaitement  unie. 
La  chambre  était  inviolée.  >' 

1.  Henri  Martin,  Études  d'nrch.  cetligue,  p.  2S3.  croit  également  à  l'eiis- 
teuc<!  (le  trihus  saccrdotnlea  chez  les  popiilalions  qui  ont  élevé  les  m^galilhes. 

2.  Voir  Itruw  anhioi.,  186S.  t.  XII,  p.  13  f\  *uiv.  :  FouUlts  de  René  GalUi- 
:!.  Siiriiotii  J'uu  tuuiuluï  sur  lequel  a  été  élevée  une  chapelle  k  l'arcbauge 

sailli  .MiKhfl. 

4.  Ileriifarcliifol.,  1.  ].\  (1364),  p.  137;  U  Gaule  acail  les  Gauloi»  13°  édit.), 
p.  IM-UI.  fis,  120,  121,  1Ï2. 


LE  CULTE  DES  P1EHRE8  53 

x  Imrnédiatement  au-dessus  de  l'entrée  nous  ramassons  une  belle  pen- 
deloque en  jaspe  vert,  grosse  comme  un  œuf.  Au  centre  de  la  chambre 
est  placé  complètement  à  découvert  un  grand  anneau  plat  en  jadéile, 
lêg»?rement  ovale*  de  0»»,93  de  diamèlre  sur  0™,83.  Sur  celte  espèce  (l'a- 
mulette était  appuyée  la  pointe  d'une  magnitiqiie  hache  également  en 
jadéite  de  0'"/23  de  long,  du  plus  beau  travail.  Un  peu  plus  loin  en  ligne 
droite,  faisant  suite  à  la  hache,  deux  grandes  pendeloques  en  jaspe  vert, 
puis  une  hache  en  jade  (?)  blanc,  puis  encore  une  pendeloque  de  jaspe. 
L'anneau,  la  grande  hache,  la  petite  hache  et  les  pendeloques  étaient 
très  visiblement  alignes,  et  celle  ligne  droite  coïncidait  parfaitement 
avec  une  des  diagonales  de  la  chambre  dans  la  direction  du  nord-ouest 
au  sud-est.  Dans  un  des  angles  de  la  chambre  nous  trouvâmes  réunies 
cent  H  une  haches  dont  onze  en  jade  ou  jadeile  et  quatre-vingt-dix  en 
iibrolilhe.  » 

Les  terres  de  la  chambre  tamisées  donnèrent  en  outre  cinq 
belles  pendeloques  en  jade,  quartz  et  agate,  un  prisme  en 
quartz  cristallin,  neuf  morceaux  de  silex  tranchants  et  deux 
petites  haches  ordinaires.  Aucune  lra<*e  d*o$semenls  ou  de 
cendres,  aucune  urne  cinéraire  ou  autre'.  Ne  sommes-nous 
pas  encore  ici  en  présence  d'une  cérémonie  relevant  des  pra- 
tiques de  la  magie? 

Ce  monument  est  de  ceux  qui  paraissent  avoir  été  à  l'é- 
poque romaine  un  but  de  pèlerinage.  Dans  les  terres  qui 
recouvrent  la  chambre  à  diverses  hauteurs  furent  recueillis: 
onze  monnaies  romaines  (depuis  Tibère  jusqu'à  Trajan),  dix 
en  bronze,  une  en  argent,  cette  dernière  à  Teffigie  de  Domi- 
tien;  quelques  débris  de  bronze;  une  bague  dont  le  chaton 
est  marqué  d'un  X;  les  débris  d'une  iiole  en  verre,  deux 
grands  colliers  en  émail  bleu  cannelés,  un  grain  de  pâle  de 
verre  noirâtre  à  veines  d'azur,  une  bille  de  verre,  et,  plus  pro- 
fondément, quatre  grains  de  collier  de  forme  diverse  en  argile 
cuite,  de  couleur  brune,  quelques  fragments  de  poterie 
grossière,  du  charbon,  et  trois  beaux  grains  percés  de  jaspe 
vert^. 


1.  Oq  connaît  un  certain  uombre  d'aoneaiix  9iMiibiabIe8. 

2.  La  chambre,  comme  celle  du  Maué-Lud,  avait  été   dallée  et  recouverte 
•i'ciu  plancher  en  bois. 

3.  Comtuuuicatiou   du  D**  Closinadeiic  à  rAcadéniie  des  in!<criptious,  lUvue 
arthéol.^  /.  C. 


t.  I-A    RELIGION    DES   GAULOIS 

Il  est  ImpoesiblQ  de  dénier  au  Mané-er-H'oeck  son  carac- 
tère religieux. 

Nous  n'avons  pas  assurément  la  prétention  de  reconslituer 
et  de  faire  revivre  à  vos  yeiiï  ces  vieux  rites  païens  j'allais      ! 
dire  touraniens,  mais  ne  sommes-nous  pas  là  aussi  loin  que 
possible  des  traditions   et  des   usages  des   Hellènes  et  des 
LaMna,  tout  a  fait  en  dehors  des  traditions  aryennes,  et  cepen-      i 
danl,  cet  ensemble  de  monuments  et  de  cérémonies  funèbres      ; 
n'éveille-t-il  pas  en  nous  l'idée  d'une  civilisation  réelle?  où  en      j 
chercher  l'origine?   n'est-il  pas  naturel  de  tourner  les  yeux 
vers  ce  monde  sepleutrional  inconnu  et  méconnu,   à  peine 
soupçonné   des  anciens  malgré  son  étendue  et  sa  vitalité,      i 
dont  l'archéologie    eshume    aujourd'hui    les    remarquables      j 
antiquités  et  dont  tant  de  survivances  se  retrouvent  chez  les      i 
peuplades  des  contrées  boréales.  En  tout  cas,  l'existence  en 
Gaule,  à  l'époque  mégalithique,  d'une  religion,  avec  un  clergé,      I 
chamaus  ou  autres,  y  présidant,  doit,  Messieurs,  vous  paraître 
déjà,  comme  à  moi,  un  fait  plus  que  probable,  une  vérité 
acquise,  i 

Je  vous  apporte  ici,  je  ne  me  le  dissimule  pas,  des  aperçus 
plutôt  que  dos  démonstrations,  mais  ces  aperçus  donnent  sur 
un  horizon  immense,  derrière  lequel  se  cache  la  seule  expli- 
cation logique  de  faits  sociaux,  autrement  inexplicables.  C'est 
à  la  jeune  génération,  que  vous  êtes,  à  explorer  ce  nouveau 
domaine  ;  j'ai  tenu  à  vous  indiquer  la  voie. 


V^  LEÇON 

SUPERSTITIONS  RELATIVES  AUX  PIERRES  PRÉCIEUSES 
—  PIERRES  A  BASSINS  —  DOLMENS  TROUÉS 

Nous  avons  vu  que  des  {laches,  en  pierres  précieuses  d'origiqe 
.étr^Dgère,ainsi  que  des  fragments  ^e  cristal  de  roche  étaient 
déposés  daqs  les  sépultures  ipégalilhiques  des  grands  chefs, 
à  titre  d*amulettes  ou  comme  instruments  de  pratiques  magi- 
ques^ sans  qqe  nous  puissions  indiquer  quelle  puissance  mysté- 
rieuse la  superstition  attribuait  à  ces  minéraux.  Des  fragments 
delivresde  magie  parvenus  jusqu'à  nous  sous  le  nom  d'Orphée^ 
ou  recueillis  par  Pline  daqs  les  écrits  des  médecins  grecs  aux- 
quels, comme  il  nous  Tapprend,  ces  pratiques  étaient  fami- 
lières, nous  donnent  à  ce  sujet  des  délai js  qu'il  n*cstpas  inutile 
de  rappeler  ici.  Pline  fait  remarquer  que  ces  pratiques  antipa- 
thiques au  génie  grec  sont  d'origine  médique.  Nous  les  ren- 
controns en  Europe  à  Tétai  de  stirvivances,  L*universalité  de 
ces  superstitions  prouve  en  effet  qu'elles  émanent  d'une  source 
unique  qui  n'est  pas  européenne.  Il  est  difficile  de  les  considé- 
rer comme  un  produit  de  l'esprit  aryen  ;  il  faut  remonter  plus 
haut  pour  en  trouver  l'origine.  Si,  en  Gaule,  en  Grande-Bre- 
tagne, en  Irlande,  tant  de  superstitions  relevant  de  la  magie 
existaient  encore  au  temps  de  Pline  enracinées  dans  les  esprits 
à  tel  point  que  le  grand  naturaliste  pouvait  dire,  à  propos  de  la 
Bretagne,  qu'il  semblait  que  ce  fût  elle  qui  avait  donné  la 
magie  à  la  Perse  *,  c*est  qu'en   Gaule,  en  Grande-Bretagne, 

1.  lUpt  ÀiôoAv,  dans  les  Orphica. 

2.  PliDC,  //.  N.,  XXX.' 1,  2. 


r>fi  LA    IIKLI4;14)N    liKsi    ('«AU (JUS 

et  en  Irlaiiiii*  l«*  foiiil  tlv  la  |in|iiilalitui  riait  rom|Mi«>r  ifrlfintMils 
<*lraii,i:i*r.^  à  la  rat*t»  arv«*iiiif.  roiiiiiii*  |i«<  faits  ar«'lit'*iilii::i*|iii*< 
II*  il«'*iii<»iitrt*ii(,  ainsi  i|iit*  h*  rrronnail  imin*  i'tiiiii<-iit  nirifini* 
<*taiiii..M.  «i'Arliiii^i  ili*  Jiiiiaiiivilli*  liii-iiiriiii*  *. 

La  rrnvaih'i*  a  la  vitIii  *\r  ri>r(aiii<  ininêr^iix  rniKinh*  n  la 
pliiH  iiaiilt*  aiilii|iiiti*.  Li  tratiitiiui  i>ii  «'•tait  rniisfi-vt*r  li.iii^  ilfA 
fiii-fiiiili*H  ivUiiiiêi*!i  iin'iiii  .savant  roiiiiin*  riifiiphrastf  [irni.nL 
t'in  *»t'*ri«*ii\.  t*i>H  fiWMiulifH  a[i|»<irt«*nai«*iil  a  la  |M*r:o<ii*  «l'fxiian- 
Hidii  (II*  la  niaiMtf. alors  «jut*  rAsii»  aiUérinin*  riail  fnrnri*  ^mik 
la  «iiiininalion  (l«'s  Ai'rails  rt  il«*<  r«|i;il«|t'»t»iis.  l'.st-il  pussililr  ili* 
sn|»|Misi*r«|iii*  r«*H  Mi|M*r<«litii»ns  n'ait*n(  pas  eu  iiii  mitri'  ti\<'  ili* 
«*ri*ahon''  Si  Inii  piMit  ailiiH'ttrt*  i|ni*la  rniiH(;(i;iii«i||  i|r  |;i  \iThi 
iiii*ilirinait*  «Ifs  |ilaiil4'N.\4Thi  irrll**,  fariU*  a  runlriiliT  |i.-ir  !  i*\- 
|i4*iii*iiri'.  M»il  I4*  fait  tl  tih^rrxatimis  Inr.ilrs  intli\i«liiilli*s, 
i*|iars«*s  sur  «Irs  ti*rriti»irrs  rlfiiihis,  sanM|n  il  suit  lirsniii  i|i*  lui 
rhcrrliiT  iiii  4'«'iilr4*  il CrliiHiiin  parliriilirr.  il  iiCii  |m*iiI  rlii*  lie 
nit**ini>  ijnaiiilil  s'ai'it  'jf  l.i  irrhi  iïr>  |iit'rM's,  \rilii  iiiiai:in.iire 
i|iii  iii*  H'imml  il  aiirnn  fait  irMli^i'r\ah«in.  fl  a  ia«|iii-lli'  (-«'|irti- 
liant  tii*<i  liiininit'H  |ias«.ant  |Hiiir  «Vlan fs mil  «tu  |»ii-ni|u«-  jii«  |n  a 
nos  jiHM'H  ' .  iin  «iiilf  «•Il  .1  lin  rire  «'laliiM  i*  a  I  Hi  i::ini'  au  snn  il*iin 
ili'  «'fs  rii||i>:;i<^  ilr  jir«*li fs-sun'iiTs.  «l'iiiii'  aiiloiit**  n-conniH*, 
«l'»nl  ri'Xi^tt'iirf  l'ii  MtiiMil.  «Ii's  uiii-  «*|i«ii|ii*'  •■\li«*iiii-;iit'iiK 
iiTiili'f.  ••«!  aiijiMiiiriini  s«'ii-niitii|ui*nii-Ml  lifiiiunlit'iv  La  (irm* 
|i'  ri-iiii'illil. 

lu   |Hii"in«*  lih*   I»  ir    I  li»'ii[i|ir.isi.'.  i|i*ri|ili-   il"  \ri'»lii:.-.   Il::- 

'/    '1  .  *  .      ^'""    /*  *    /tirr.rs^      |i. !•«•». Ill      |iiilll      «"'Irt'     rH'IMIi'     il  •>[  |iiii'(». 

ikj'tM-i'  .lur.iil  ri'iiii-iili  i'«  s  \ii-i!|i'<«  ti.i  lilions  ••rii-iilal*"'     Nmiu 

/.«■i    I     ^      .'»  t    '1  ;'  .     l'i  .'.    ii'     ,■  ^ f.^     t      II      .*    I    11!   .    !  •  •        Pi  •     I    r.    |i      \  i 

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!   ■        .  •  ■    î     .  :  .    r  ;.     .»       .;     ;.  .  i..      ■    ■  I'.    .  i   ;   -i-îf», 

• ■     '  ..'-  .1   ■  I   II  ■    r.  -.:•     •  I-  .     i  rr.liiitnd 

|ii      .  •      /  r  I    I    .    •■.'    I  .i.  -r  .      [■      !  _  * 


SUPERSTITIONS   RELATIVES  AUX   PIERRES  57 

en  possédons  une  reproduction  plus  ou  moins  remaniée 
à  Tépoque  alexandrine.  Le  fond  doit  avoir  peu  changé.  De 
telles  superstitions  se  transmettent  d'âge  eu  Age  presque  sans 
altération,  le  moindre  changement  dans  les  formules  leur 
enlevant  lout  pouvoir  aux  yeux  des  initiés.  Nous  en  avons  la 
preuve  dans  ce  fait  que  Pline,  qui  puise  à  d'autres  sources  — 
les  œuvres  des  médecins  grecs  —  mentionne  les  mêmes 
croyances  presque  dans  les  mêmes  termes  que  le  pseudo- 
Orphée*. 

Quelques  extraits  du  poème  orphique^  rapprochés  des  indi- 
cations données  par  Pline  dans  les  livres  où  il  s'occupe  de  la 
magie  et  des  pierres  précieuses  auxquelles  il  consacre  ses 
deux  derniers  livres  (XXXVI  et  XXXVII),  nous  montrent  la 
concordance  des  traditions. 

LE  CIUSTAL 

Orphée  :  Déposez  le  cristal  sur  des  copeaux  de  bois  sec:  exposez-le  au 
soleil  et  il  en  sortira  de  la  fumée,  puis  un  feu  léger,  puis  une  jurande 
flamme.  Ce  feu  est  dit  :  le  feu  sacré;  aucune  tlamme  ne  peul  allumer  les 
sacriûces  avec  plus  de  joie  pour  les  immortels*. 

Puis  un  conseil  médical  : 

I^  cristal  a  encore  une  qualité  merveilleuse.  Bien  que  auteur  de  cette 
tlamme  qui  jaillit  spontanément  de  son  soin,  il  se  refroidit  inslantané- 
m^^nt  et  peul  être  impunément  touché  par  les  mortels;  appliqué  sur  les 
reins r  il  en  guérit  les  douleurs, 

t.  Les  traités  icep\  XtÔa>v  étaieut  uombreux   dans  l'aotiqulté.   Le  traité   De 

jiluviU,  attribué  a  Plularque  (éd.  Didot,  t.  V,  p.  95  et  suiv.),  mentiouue  les 

aoiDs  d'un  Dt  rcyllos,  d'un   Nicias  .Mallotos,  d'uu  Diodes  Uhodius,  d*UQ  Dnro- 

theus  ChatdiBuSy  auteurs  de  traités  semblables  dont  quelques-uns  au  moins 

ivai<>ut  plusieurs  livres,  ainsi  que  l'indique  la  mention  :  Dercyllos,  livre  !«'. 

L'Église  faisait  remonter  ces  pratiqut^s  magiques  au  temps  où  les  an^es  avaient 

eu  commerce  avec  les  filles  des  hommes.  Cf.   le   lAvre  d'Enoch  {Diction,  des 

apocryphes,  t.  I,  p.  394)  et  Tertullieu,  De  cuUu  feininarum  (t.  1,  p.  1507  de  l'é- 

•1:1100  Mi;jjQe)  qui  rapporte  avec  foi   la    mAme  lé^jeude.  Toutes  ces  traditious 

t»ncurdent.  Quelques-iiues  de  ces   superstitions  ont  encore  cours  daus   nos 

catmpagnes.  Le  recuoil  n'eu  a  pas  été  Fait.  H  serait  très  Instructif  et  nous  re- 

eommauduos  ce  travail  à  nos  auditeurs. 

1  Ciî  fait  présenté  comtne  une  espèce  de  miracle  montre  que  la  forfuule 
r-ia-jute  à  une  époque  très  reculée,  eu  lout  cas  antérieure  à  Archiniède  et  à 
rE^ole  d'Alexandrie,  où  l'action  du  soleil  sur  les  leutilles  de  cristal  était  bien 
cxiQue.  Ou  a  trouvé  du  cristal  daus  des  sépultures  mégalithiques. 


1*1 1 M'.  Iiv.  WWM,  2  :  Ji*  lift  il.inN  Ifs  iiii''it«'>Mii'<i  t\iv*  l«*  mfîiHt'urc.'iuit'r^ 
t'Nt  iiiif  )i<iiili*  i|i'  t'ii^i.il  !•'•  *-\;iiit  !•■<  i.i\iins  ilii  H'ilfil. 

î.\  «•«I.ACTirE 

Ohi-id'k  :  Ji*  t'iilTp- *  mit*  .lulif  |iii'rri*  l'-ijaloiiiiMil  fiivur.ihl*' a  rt*!!!  i|iii 
.iili'-'^Hfrit  Ifiii»  |iiii'ii-H  -'lui  liii-iii  '.  •  ||i*  f\\  |ili'ii]i' il  iiii  lut  (liviiit  i'>*i»'«*' 
\f\  %i-iii<k  it'niii- ji-iiiif  lill>'  ifiii  .1  I  •uii  II  |iiiiir  l:i  |iifiiMfr**  Tn^.  1.**^  •m»  i<*ii« 
l'iiiit  :i|i|ii*ltM'  'li'i9wv\f  i'-i/il,  |iii'i-  1(11  il  tli-i  liit  re^pril  «i*'^  ilitMii.  On 
\  .i\i\***\\t^  'jahi' hlf  \*At*f  i|i|i-.  ^1  iiii  i.i  Itit^f,  il  i-iiiil*'  itf  riiiifri*'ur  une 
iiM>-ll4'  lil.nh'lif  MMiili  .ilili- ,1  iiu  t.iit  ;  Iii|ifiii  fil  liifi'  I  ri|irrip|ire«  l'i'la  f^t 
f-i' I-*'...  OlTi'i' .iii\  jciin>-%  rn>i  iH  mn- >i>>ii- •  !•••:«>«. .n  nii  «<ri  iiit''i*'*i*  «ti»  li  ;:.i- 
1 1  'tit<'.  itiii  «in'i  ll>-«  I-  )i  M  tiiil  .1  !•  m  {«i .  •■  m  ti-iii  <^  l'-iiiii'H  •  iif.iiit«  i.io^  iMt-« 
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\*i  •\fi-i|iii«  |t  III.  •  Iji- |>iiii.|  il  un--  iiiiMi'f  !•  m  II  >|ii-il<ii' i'-iH)if  I  it  !•' 
u"-'>i  'i'i  I  iti  (tii  'lit  •iii'i-l  •  li  ititit  |i>-.itii  >iii|.  ii>  Il  t  .1111  iiiitirih'*'^;  *\n*'. 
.ilt.i*  iii'i'   ii|  I  -iii    f|.  <t  •  iif.iiii<t    •■  l«'  |>i  ■•liiit  ■  le  /    <-ii\  !••  ■iii<'<^ii|i  il*'  «>.ilii«-, 

•  l  'l'i''.  iiii"'"  il. ni"»  1 1  \">i\'  !i",  fil'    *»#■  fiiiiil  '. 

r.  rsi    liifii,  aviT  |HMi    ili*  vari.'iiih'H,  la  Irrulilimi    «ir|ilii(|iip 

I  iir  [itiMivi'  i|iii'  ri'<i  <iii|M't>lihiiiiH  ri'iiKintt'iit  au  fi«*l«'i  ili*» 

tfMii|iH  lii»inriii|ii**<.  i'^{  |«»  iVijf  4|iii*  joiii'iil  «|u«>li|ii«*<»-iiii«*«  <lt* 

ri's  |iii*rri"^  •l.'iii»»  \»*^  lfji-iii|i'«4  ri-Litivi-s  .i  ili'»»  IpT'»»»  «Imit  il  •'*! 

i|iii-H|iiiii  ij.'ifi*»  l'I'ri'ff  rt  I  /i'/i/«w#-. -1  Pliiliii'tt'ti*  i»t  a  ll«'*l«'*nii»V 

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11.      '    \    \^      :   rr-    -i:  *  <   ■  i-ii-        i        .i'  ;■  \;   >  Ir    •••  ■    i  ii  >hi  tu  rr  rt4iii'  •  \»ttrrT% 

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j-  •  r--    I  I   .  •  ;    ■    '       !•■■  •  ■;  '  f  -I  I:  ■  .     I                ••  "  ■   I  *tr\tUrf  »\  ,\t  l'Unr  pi  r  ait 

:i  i-  ■■'.:     I  .    .  .  ■  I   ••■        •   r  I  t.'.  I  ïir-'  .  ;l  •  •'    •  ■  'ii  i'i|  i  iM-  ,  tii'ilrfiii*,  '\.tr  •mii  rr 

■I-    ■   •  ;i  ■•■•?.•  i'      I  !■   :    I    :•     1.  i-j  -I  ■uni  ••   •Un»  li    f*it' (•ami«i  rr 

i'     •  i    .   ■•  ■  '  t  .          .  ■      .•       ■!  •  .<       .'!•-••/       X  iiir  I  «il  •'••'     hut  %t^' 

:    I     /•  '.   .  /   '     ■  '  :   iî  .•     .    r 

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Iv.   >•.  !  ;• 


1 1 


o    RELATIVES  AUX   PIERRES  50 

■  lua  sur  la  cuisse  au  lieu  de  remède,  et  ren- 
î.  i.i;  noble  héros  tua  le  perfide  Paris. 

.  «'►-».  Pline  ne  fait  que  mentionner  Vosiritis  : 
.    a  le  nom  et  Tapparence  de  Thuître  »;  mais 
•  uMnentsur  Yophite^  variété  de  Tostrilis,   qxti 
•'  pierre  ayant  guéri  Philoctète^\  c'est  elle  qui, 
lé,  pendant  qu'il  était  dans  son  île,  Pavail  pré- 
.fiorsure  des  serpents, 

.1  des  taches  semblables  à  celle  des  serpents,  d'où  lui  vient  le 
■l'-'  porle.  Il  y  en  a  deux  variétés...  On  dit  que,  portées  en  amu- 
tifs  deux  guérissent  les  douleurs  de  tète  et  les  morsures  desser- 

>  ilfailail  en  croire  lepseudo-Orphée,  To/^Ai/^  rentrerait  dans 
!  «.'atégorie  des  aimants  marpietes  dont  Pline  di|<  qu'il  n'y  a 
"î»'n  de  plus  merveilleux.  La  légende  voulait  qu'Hélénus 
rendu  une  de  ces  pierres  vivante  à  force  de  jeûnes  et  de 
continence»  Celle  légende  est  curieuse  et  montre  à  quel  point 
ces  superslitions  étaient  liées,  dans  le  principe,  à  des  pra- 
tiques religieuses. 

J'ai  appris,  dit  Orphée,  que  pendant  trois  fois  sept  jours*  Hélénus  se 
tiût  éloigné  du  lit  de  son  épouse  et  dfs  bains  communs,  et  que  cet 
hoDime  grave  et  continent  s'abstint  pendant  tout  ce  temps  de  se  nourrir 
de  la  chair  des  animaux;  mais  lavant,  chaque  jour,  la  pierre  dans  une 
fontaine  intarissable,  et  l'habillant  do  doux  viHements,  la  réchauffait 
comme  un  jeune  nourrison  en  lui  offrant  des  sacrifices  comme  à  un  dieu. 
VàT  sefi  incantations  puissantes  y  il  la  rendit  vivante;  puis,  allumant  la 
lampe  dans  sa  chaste  maison,  il  lava  la  pierre  de  ses  propres  mains  et 
en  prit  le  plus  grand  soin  comme  une  mère  qui  porterait  dans  ses  bras 
son  petit  enfant. 

Nous  sommes  en  pleine  magie.  Ces  légendes  ne  relèvent 
point  du  génie  aryen. 

Une  vertu  préservatrice  contre  les  serpents  appartenait  aussi 
au  jais,  selon  Pline  et  Orphée. 


1.  Pline,  //.  ^.,  XXXVI,  11,  et  XXXVI,  25. 

2.  La  période  de  21  jours  que  nous  retrouvons  dans  nn  certain  nombre  de 
prescription*  médicales.  C'est  encore  la  période  de  traitemont  à  certaines 
eaux  thermali^s. 


I  II 


I.A    iiKl.l4;|uN    liKS   4; Ai; LUIS 


I.»    J\|4 

<ifii|iè'i    :  l.i-N    ri'ptili'H    fiii«'ril    I»    )  iih  il>>iii    l.i    iiijiiv.iih Ifin    iln.'iii' 

|.iii«  ;•'%  M|ii  I  •■;%'.  1.  ji'tli*  lin  M  v>tii  '{>■  ffii  «•■III M  i|il>>  .1  •  •  lui  li  iiin  hi  m-  U** 
•ii'  |iiti    ii.ili*.  m  ii«    1  •  \'i  ii>'  •->(  iiii  m*-   l<-iii)i<>    iirii*  mit  m  jinliil*-  ii'u  •  «t 

iii«ii;i]i  ■!  l  ili!«-.    Il  |f  ij^  \-iii«  otT  vil   -1  f  m riii  rlfi-  1--S  ti>iiMiiii  «    ifTi  •  lioi 

1!  tiii-'  iii.ili>ti«-  H. I- !■■■'.  '.II.  t|»'  «kiiit*.  f!i  |i'  «•■rit  ml.  iiNHif.iii:  •••iiilii-H, 
f'iii**'*  •■!  jui'.'Nil'-  l-iiis  •'■U",  •■!  '>■•  i"ul»"ii«iil  •!  Il  II'-  il-  ili'i.li  «l 
il*    j  iii>  II*-. 

l'i  i-  I .  \\\M    i<i  :  I.'"  ;  *'«,  Il  l'i'trr  7.1  /if'  .  [•  -lî»-  !-•  n  iiii  <|i-  l.i  mW--  «t 
i\n  îîi-tr.f  lii^'i»  i-n  1  \>\'      Kntl  iliiliii-'-.  ill  ■   r/i-i»»»-    /   •    .t'r;itrif«  i-l    •l:»'.i|'f 
l'Iii  *'•  I  !•■  *    l.ii  fiiin  ,.-  l'ii  •!!.  •  il'    !  11!    I  i  <  >•^rl  i.ii  •■  I  •  fuii-iioi'*  i-l    j  1  \ii  .hhIi 
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ij'i       i*;>'-    •  !•■•' n*.    •!    •!  iiij>-    • 'iiil^  m      i- ri'-ritif,    !••    ■   1  m    <!•  s    Miirii*it>!> 
«■  I  I  t  ■  ;  •  il .    I  «    v<  1  H«  :  •iil    »iii      I    (llll-   •!•  ««•-I  ||i-  ■  i|i  *    |i!i):>  «  iiii  •    li  inli  « 
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III    ■  • 


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SUPERSTITIONS   RELATIVES  AUX   PIERRES  (î1 

La  puissance  des  pierres  était  rattachée  à  une  doctrine  gé- 
nérale concernant  les  produits  de  la  terre  qui  mérite  d'être 
rappelée  : 

Prôte-moi.  dit  Orphée  à  son  disciple,  une  oreille  attentive.  La  terre 
noire  produit  le  mal  pour  les  infortunés  mortels,  mais  en  même  temps 
ell^  pruduit  le  rem«;de  à  chaque  mal...  C'est  de  la  terre  que  viennent  toutes 
les  espèces  de  pierres  dans  lesquelles  se  trouve  une  puissance  prodi- 
gieuse el  variée.  Tons  les  avantajjes  que  présentent  les  racines,  les  pierres 
les  otîreul  aussi.  Les  racines  ont  une  grande  force,  mais  les  pierres  en 
onl  une  hien  supérieure;  la  terre  les  crée  incorruptibles  y  el  jamais  elles  ne 
vieiUi«seiit.  La  racine  meurt,  elle  ne  verdoie  que  pendant  un  temps  très 
court:  tant  qu'elle  vit,  on  peut  en  récolter  les  fruits,  mais,  morte,  quel 
espoir  pouvez-vous  conserver  en  elle?...  Parmi  les  herbes  que  vous  trou- 
verez au  printemps,  les  unes  sont  utiles,  les  autres  nuisibles.  Mais  vous 
rencontrerez  diflicilement  des  pierres  dangereuses,  et  cependant  il  y  a 
aolant  de  pierres  qu'il  y  a  d'herbes. 

Un  pvoœmium  ou  préface,  œuvre  probable  de  celui  qui  a 
fait  la  dernière  reconsion  du  poème,  un  vrai  croyant,  à  une 
époque  de  persécution  de  la  magie  *,  énumère  les  merveilleux 
bienfaits  de  la  science  dont  le  mage  a  le  dépôt. 

Voilà  les  privilèges  dont  jouit  celui  à  qui  celte  science  est  révélée  : 
Lorsqu'il  répandra  ses  prières  aux  pieds  des  immortels,  elles  parvien- 
dront de  suiïe  à  leurs  oreilles  bienveillantes...  Ses  serviteurs  le  vénére- 
ront comme  leur  père  el  chériront  la  maison  de  leur  maiire.  Quand  il 
le  voudra,  il  connaîtra   les  pensées  les  plus   occultes  que  les  hommes 
renferment  dans  leur  esprit;  il  comprendra  tous  les  cris  que  jettent  dans 
les  bois  les  prophètes  ailés  de  Jupiter,  les  oiseaux  dont  les  chants  annon- 
cent l'avenir...  Il  saura  rendre  impuissant  le  dard  des  reptiles  dangereux. 
Il  pourra  guérir  les  hommes  atteints  de  folio  ou  aftligés  de  maladies  pes- 
tilentielles..., mais  les  hommes  ne  croient  plus  ;i  celte  science,  les  insensés  1 
lis  l'ont  exilée  des  villes  et  la  méprisent.  Le  mage,  cet  homme  divin,  est 
mort  dans  le  combat,  cet  homme  divin,  cette  vaillante  épée,  sans  avoir 
re«;u  aucun  honneur.  Mais  moi,  s'écrie  l'auteur  de  ce  proœmium^  je  dé- 
voilerai ce  trésor  plus  précieux  que  l'or  à  ceux  qui  m'écouleront. 

Nous  sommes  en  présence  d'un  extrait  des  livres  sacrés  de 
la  magie.  Peu  importe  la  date  de  la  dernière  rédaction.    La 

i.  Un  des  éditeurs  du  Uepi  XOwv,  Thomas  Tyrwhitt,  en  a  conclu  qup  le 
poème  datait  du  rè^ne  de  Constantin,  époque  où  de»  édits  ont  été  lancés 
cjutre  la  mau'ie.  Mais  cette  opinion,  ({ui  s'appuie  sur  une  base  bien  fragile, 
o'«?utralne  d'ailleurs  aucunement  comme  couséquence  le  rajeuuissemeut  des 
pratiques  et  des  superstitions  qui  fout  l'objet  du  poème. 


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i..\  m i  h. ION  iift.s  i;\ri.iiis 


>(Mi*nn-  i|iriN  p*iiftMiiiaii'iit  n'i^nt  ni  lii«lli'>iiii|iif  ni  lutine.  «'IIi* 
VT^i  :iiitt'*iii'nri'  iii'«*<  ili'iix  rivili<i.itinn'«.  rr  ni'  <iint  ni  Ifs  Latine 
ni  II'*'  <îi-tTs  i|iii  l'un'.  inhn.|iiit**i*n  ri.iiili*.  l'.lli  \  n  |irnt'*lri'  par 
nnt'  .'lulii*  \oii-,  iMiiniiji'  «lan^  If  ir^it-  liu  ninn>li*.  L  i'|M»i|ni'  tli* 
^••n  intr<Hiiiriiiiii  aji|i:it'lii'nt  :i  I  i pri'  h-.^tnin'.  \.\W  v^\  riiiili'niiiii- 
raini'  \\*'s  -r.iti'ii*^  niiL'r.ilinn<«  |itiiiiili\i*^  ilmil  ni»ii>  ri»ti^lati'ns 
li'H  rilfiH,  i|t»ii(  \v>  liiNliirii  11^  ::ti*i's  r|  Lilins  n'utit  «-ii  i|iif  ii* 
**iiu|M;i>n.  ^.'in*^  ri'|ii'nil.inl  lt<4  a\iiir  i'iiin|tli'ti*in*'iit  i::n<iirfN. 
IMii'^ii-nt  <»  «Ji.ijiiiri'N  ili'**  liiNdiir***»  iriliTmluti'.  riiijn*--l'«iiii- 
|ii'*i-.  IMmiImii*  i|i' Sii'il»'  %*\  sti.iliiiu  i-n  hml  f<»i  ' 

Li"*  Ml|if*l  «»lllii>ll<«  Ii*lilh\i'*«   an\  filr  nr^  t/r  fiiU'iir,\rynU,\llf^ 

t|i'  i  lila'iili>a  la    <àliiiii>.  plii^    jiai  liiiilifrt*  ni)*ril    lian*^   la   /■•m* 
•"•lilt'iilMi'iia.i'  tlii  iiinii<l>-.  la  \a**!i'  /iiiif  ii|i|iiiNi>i'  .1  |.i  /uni-  liu 

Itî'iHil»      f  nHtHé     ttt  s    tl/fi  ttli"      .  lliMiN   tilll    «If    A    iliilllif    ,1    lif|lHf{    ijllf 

«ji-^    •••niniiihii  .ilinnn  fntii-    «-i-<<    «ifiix   |i«iinK  r\li*'ni<*s   iji'  !.i 


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#  #10 

Forinea  Jiveriea  Je  cercles  aceompatinaul  le»  ciipnlee. 


-   •>>iinli-ii!t.  HDCCCI.XVll.  Bdinbuix.    M.   ititell 
I  l'i.-lr  le  Bnm  de  îlakadioi.  Voir  plu  loin,  p  G 


SUPERSTITIONS   RELATIVES  AUX  PIERRES  03 

Itm  habitée  avbient  ekisté  dans  ta  haule  antiquité,  résultat 
èioiigritions  (iréhistoriques.  Un  autre  fait  se  rattachant  aux 
Hdmons  de  dolre  groupe  mégalithique  conduit  atix  mfimes 
conJusions;  nous  voulons  parler  de  l'existence  simultanée 
eDEuTOpii  el  dans  l'Inde  des  pierre  à  cupules,  à  bassins,  à  cer~ 
titscmetntriques  avec  fusées  (voir  pi,  II)  el  des  pierres  trouées'. 


f\\[.  I.  —  Pierre  avec  cupules  et  cercle»  de  Aucbiutary, 

Kirkcudbrigbisbire  (Angleterre). 

SiniptoD,  Anhaie  nnlpturingi,  pi.  XHl,  Rg.  J. 


fig.  3.  —  Pierre  «cjlptée  probablumeut  sépulcrale, 
de   Walltown   Forrarsliire  (AngJeterre). 


Vous  connaissez,  au  moins  de  nom,  ces  cupules,   pi'lile: 

I.  Voir  dsns  notre  Archfoiogie  crlli'iuf  ri  naiiUihe,  2'  v<\.,  le  ch.  vu  iiili 
tjl  ;  :  l.'allife  couverte  de  Conflam  el  Im  dolment  li^iuât  et  i'iiig^uieiist:  uolici 
de  M.  Ileuri  Gaîdoi  ;  tin  vUuj:  riU  médical,  cti.  m,  p.  23  :  Pierres  et  rocher 
■I  lr.ju$  (t8!«!. 


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I.A    Ml  l.l<;lil\    h»^    tiAl'I.iilN 


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inrj^litiii-s  iMi  ilr  m'iaiiis  r*ir|i«M's.  sniivriil  ;i«*riiiii|i.'i;;ii«*i>^  lii* 

pai  tii'iiliiT*.    Viiir  |»l.  Il 

L  Irl.iti'li'.  ir.«t»"»'»i' ',  1  \iii:l»t«Tr»*\  !••  h  iii**iii»i  k.  I;i  >iif'li*. 
r  \iI»iii.ii'iM'  «lu  N'inl.  I-i  >iii*si' •  fl  l'iiliii  ]ili>n'ni»i  ili' iiiis 
|»M»\in(i-N  l'ii  |iM^^i'i|i'iil  iiiM'it  i.iiii  inuiiliri'.  Il  fti  i\  fit*  «^ijniU* 
il.i!!'»  !•■*  < .■'l'i-^-ilii  %••! .1.  I.'i  Li'iii-  liifi'i ii'iiri' '  4*1  !••  M'nlnhaii. 
!•■  l'iiii^^fi-ii-   .  •Il  Itri'l.'ijiii*.  ilriiis  l'i  Ttimim*.  I:i  ll.iiil**-L<*in'  .1.1 

|.ii/i*H'.     Il»    l*ll\-«lf    hiillH*.    Il*     MlinlH*     •■!     Il—    |l:i^«.|.H   |»\  ii-tli'i'*. 

l'V<iiiiii'.  Li'  MiitA  m  •'iii-i»iiiii-fil  iitirri  li'iiniiiiiiiliii*.  Li'^lrL'*'n-l*'*^ 
<|iii  \  «^nii!  ;4:l;ii|ii-«"»  nul  |i-iiintit  !#•  in»''!nfr;ir:ii'hTi'.  L«' *•/'"//.  !•■* 
/i  'Hiu  »  t/tit/i*'^.  il'- /*#■»,  \f  *//#//#/#■.  \  jiiiinil  iiii  nMi'  a  rûli"  ilf  l/i 
\i'iL'<-  iitn*  ]•*  iii'i\iii  /iL'i*  \  H  *>iili^liiui*iv  haiiN  i|iii«|i|iifH  In  a  i 
II"»  iiti  !«■•»  a|»jH'l!i' ;  jiiftits  tft\hts,  iittrrr\  t/f  «^iti  nh*  f .  jm-n  »'\ 

N.iii»»  i|i\.iii-  I  •>iii.iii]ii>r  iiiii*  »  •"*  iiiMiN-H  ri  ^Ïl'Ih*»»  a«' •*••"*- 
M.jfi'H  s,,  ri-ii' niilrrti!  iii  inajiiiîh*  «^iir  «li"»  rnfiiliir>.  t\r^  ilnl* 
rr-t'ii*».  iiilii|ii-iiit  a»«*«/  ci.iii'ftiit-iit  .i  ipn'l  ••filn*  *\**  rivili-ili-in 
iU  ;i|':':ir  I i*-ii!ii>i:l  Lt'N  ni;;iii'<«  ai'i'i  ^*«iiir t**«  iiiii\t*iil  HiirïiMit 
af  l!i  •  r  \'i!!"  aMi-iili'iii  '  hi  n»*  Ninp-iii  niliii<-l(ii'  iiin*  •!•"*  an  i- 
I  •«•«••*  au-*^!  îf  .!!•['  mil"»  •'••ii-iil  I  •■ir»*l  «l»i  lia'^ai  1. 

I.'-    iM  ('tj-iiN    iji*    N.i'lailia<-.    ajifi"«    axinr    <»■  Mipi)l*'ii«<-iii<-ni  * 


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Perre   a  cupules  du  tuDiuliis  de   IteDoogarl,  en  Plovaa. 

|u,n  F  ml  du  I  hikllier  nu  ch^lciu  d«  K.tbui,  pris»  Pgnt-L'AbW, 

dsiMs  une  pli  lograïUie  it  M,  du  OiaUlLier.) 


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Cjpules  d'un  rocher  de  Ja  cbaioe  de  Connaou  (Iode]. 

D'sprii  iliieU-Cariuc. 


THF    NK'.V    >  .,-f;K 

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SUPERSTITIONS  RELATIVES  AUX   PIERRES  65 

analysé  les  travaux  où  il  est  question  des  pierres  à  cupules^ 
conchil  ainsi  :  «  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  superstitions,  il 
est  difficile  d^admettre  qu'elles  n'aient  aucune  signification  et 
soient  TcfTet  du  pur  hasard,  d'une  simple  similitude  de  Tintel- 
ligence  humaine  et  ne  constituent  aucun  lieu  ethnologique 
entre  des  populations  en  apparence  seulement  si  diverses.  » 

Telle  est  aussi  notre  conclusion. 

Mais  ce  qui  donne  à  cet  ordre  de  faits  son  principal  intérêt, 
au  point  de  vue  où  nous  nous  plaçons,  c'est  que  ces  mêmes 
pierres  à  cupules^  à  éciielles  ou  à  bassins,  comme  on  voudra 
les  appeler,  entourées  des  mêmes  superstitions,  se  retrou- 
vent dans  rinde  associées  à  l'existence  des  anciennes  tribus 
dravidiennes. 

Un  officier  de  Tarmée  anglaise,  d'origine  bretonne,  M.  Ri- 
vell-Carnac,  correspondant  de  la  Société  des  Antiquaires  de 
France,  signalait,  il  y  a  quelques  années,  des  écuelles  ou  cu- 
pules, en  tout  semblables  aux  écuelles,  cupules  et  cercles  de 
nos  contrées  occidentales,  aux  environs  de  Nagpour  (Inde)  ; 
plus  lard,  il  en  découvrit  un  nombre  considérable  à  Ghan- 
deswar  dans  les  montagnes  de  Gamaon.  Il  y  cite  un  bloc  de 
13  pieds  de  long  sur  9  de  large  et  7  de  haut,  sur  lequel  il  a 
compté  cinq  rangées  d'écuelles.  L'opinion  des  indigènes  est 
que  ces  signes  ont  été  gravés  par  d'anciens  géants.  Il  nous 
montre  ces  mêmes  cupules  gravées  sur  des  parois  de  rochers 
où  elles  revêtent  un  caractère  imposant  par  leur  nombre  et 
leurs  combinaisons.  Ges  rochers,  qui  appartiennent  à  la  même 
chaîne  de  montagnes,  sont  situés  à  2  milles  et  demi  anglais  au 
sud  d'une  localité  du  nom  de  Dwàrâ-Hàt,  à  12  milles  de  la 
station  militaire  de  Ranikhet,  province  de  Bénarès*. 

A  l'entrée  de  la  gorge  où  sont  situés  ces  rochers  s'élève 
un  temple  consacré  à  Mahadéo  ou  Mahadevo  [\q  grand  dieu)  ^ 
surnom  de  Siva,  le  dieu  delà  destruction  et  de  la  génération. 


1.  Rivett-Cnrnac,  On  some  ancient  sculplunngs  on  rocks  similar  lo  Ihose 
fijund  on  monolithes  and  rocks  in  Europe,  LonJon,  1877.  Extrait  du  Journal  of 
Ihe  Asiatic  Society  of  Bengale  1877.  Le  D""  Vercbère  en  avait  déjà,  remarqué 
gar  les  bords  de  l'indus  eutre  lubbie  et  Nikkie  (E.  Desor). 


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LA  HKi.ir.it i\  iiKs  i;%i:l<ii> 


r«i's  roi'lii'rs  Siiiit  lt*  hiit  il*'  nnriihmix  p«*liM'inaï;f*«*.  r,'i'*it  â 
2  Hl  vanis  fiiviron  Hll  niî'lrfs-  iln  (i*iii|ilr  t|iii*  ^«>  tnnivi'tit  li**^ 
i-ii|iiiif^  (III  i*(M|t*||i*s.  On  ii'rii  t*oin|il«*  |)a«  iiinins  tli*  t/rur  irnfs 
«Ilmum-s  «Ml  «liviTs  v'*'>"|*'*'*  ***'riim*  Mirfa«NM|i*  1."»U  |iii'>ls  rari'i*^. 
iPi.  IV.) 

Kl  iii.iiiiti'tiarit,  un  lii'ii  histiirii|iii*  un  ri*li;:i«*n\  cxinti*  i-il 
«•ntriï  ('<**«  nioniifni'iiis  «li*  l'Iiiil**  i*i  |i*s  tii'itri's  .'  .Nnn<  n  lii**>i- 
\n\\^  |»ns  a  riiiirliiii*  nflirmalivtMiP'iii.  Nmis  aviins  vn  i|nt*  tfllf 
A  *'l**  la  romlnHirin   ilii  niarijinH  ili»  Naiiaillar.  KnL'«*ni*  hfMir. 

I  Iriliilt*  ;:(Mi|uL'ni'  miÎshc,  ipii  a  fait  ii«*  i*i*s  iiiiitinnirnlH  nru* 
(*lniit*  |iai]ii'iilii*ri*,  li-iniinait  nm*  ronfiTrnn*  fail«*  a  Oi'hrvc  i*n 
IHTH  par  li'«i  paroli's  Miivanlfs  : 

•  P'Hir  non**,  l'ii^a::!'  lii'  v'*'^^*''*  ^'iir  1*'^  Mitr*»  iTratii|iii''i,  ««nr 
|i*H  nii'iiliii**.  *iiir  iU'>  l'ni'licr^,  ilfs  rupulrs  mi  iias*^in<»,  n>>ii*» 
parait  ii'iiinnlt'r  a  raiirt*ri>  (i«*  la  p«'*riiMlr  rirnlillnpii'  «'l  l'-^ri* 
riiiit(*ni|Hiiain  il«*  l'i'ii'i'tinn  ili'*^  pri'nii''r>  ilnlnirn**.  i-  i***l-  a-<iii i* 
ili'^  ti'nips  iMi  il  niiciii  '  nnl  pi'*n('-îri'*  rli(>/nnns  li-*%lriliii^  p<i^:<<- 
rili's  «|ni,a\ant  Vvw  ilfH  ni«*laiix.M*  snnl  ^nii'«liliii*«'N  aux  li-»- 
^1  MUti'siii*  lai'i*  pr>»lial»lt'nit*nl  in<iii::(i|r,iiiiiit  Ir*^  Lapini^  Hunt 
1*11  I  iimpi'  les  «IcniiftH  ri'ji'tnn^.  Il  hunn  ri'sti'rail  à  ri'<'lH*T- 
rli«*r  par  ijni'ili*  \*^w  cf^  aiiriniH  niloti*»  d'A^it'  sont  anÏM*^  i-n 
Kiiiii|M*,  H|  liHiH  tint  Miivi  !«'  iiiriuf  ilicinin  on,  «il  y  a  lii-ii 
(i'aiiinfllr*'  i|f-<«  lltiU  siiri-i'*«ifH,  ayaril  pri^  Av^  n»nti'H  ilnli-- 
ri-iili's.  i-  l'Ht  II  lin  pHililfiu**  a  la  \n\r^  vanh*  •'!  atiiii  ijii  il  «'^t 
iiiip  i^^ilih'  (l.iliitiiji'r  ilaiiH  nii**  fS(|nisHf  an>si  lapnii'.  <  hi 
\iiil  <|iif  lli'^iir  a-liiicltail  un**  rrialiitii  inm  <*(|iii\iii|iii'.  l'ii 
i'v^  (i-inpH  ifriiii*<».  cntii'  IMiirrit  «•!  TKnriip*'  i»i-i-|i|i*niali- 

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1'  «    '       !            •                       J-   •      I  ,'■■  iT  t'f    •!<      :  »•  III    .,    1      •  i'.|;'    .  '>'   ]   i''    •!  «Il*    i     •    Ti>   ■   ••  t>      '* 
•lit*        .  >    -.     •  I    •   '.      i''      >•  I     •  t  >    •!»'   ji   •      '.  I   ,•   (•  ■    !•  in' I     ri,-  •    «    .!il    l'Iip.   •' rf 

il   f .  ■  !■■     1       I     .    ■    ■    1  ■  i     ■}     ■!    t  •  'iir   nii-'    •      \.     h>  ■  ir       \  nr    iU'«  i»-   • 

m     h  ■  i*.-     *      I    'i  .1   •  •  :,(■    I  Iff      ■  ■  •   p    ;■  r  iti  'iM,  |Mi  ir  iiii.i*   ••ni  ii-iiHf  •   |-»r 

II  »     .    :  .  ■    :  • 


Mahadios  des  rocher*  de  ChandeBhwai 
D'iprifi  Ili«ll-C«nuK.  op.  laad.,  pi.  III, 


^ 


SUPERSTITIONS   RELATIVES   AUX   PIERRES 


67 


Retenons  de  ces  lignes,  qu'aux  yeux  d'Eugène  Deaor,  comme 
aux  nAlres,  les  mégalithes  et  le  culte  des  pierres  dont  la  su- 
perstition des  cupules  fait  partie,  appartiennent  au  groupe  dont 
la  traînée  des  dolmens  nous  a  permis  de  suivre  si  loin  la  trace. 
D'uD  autre  côté,  Aymard,  un  autre  géologue  distingué, 
président  de  la  Société  académique  du  Puy,  reconnaissait 
déji,  il  y  a  plus  do  trente  ans,  <<  qu'aux  traits  dislinctifs  des 
pierres  à  bassins  nous  devions  reconnaître  des  monuments 
ipparlenant  &  une  vieille  religion  antérieure  au  druidisme*.  » 
Aymard  écrivait  à  une  époque  où  la  science  préhistorique 
élait  à  ses  débuta.  Son  opinion  était  alors  une  nouveauté 
quelque  peu  hardie  ;  elle  n'en  a  que  plus  de  poids  :  il  fut 
DD  précurseur.  Il  n'est  besoin  d'aucune  hardiesse  aujour- 
d'hui pour  soutenir  de  pareilles  doctrines.  Vos  esprits,  s'ils  n'y 
lonl  déjà  habitués,  s'y  habitueront  peu  à  peu. 

I.  Jniu)/.  de  CAcad.  du  Paj/,  I.  XXIV,  p.  44. 


B«^>  KDiptëei  à  Auchnabreach,   Argylescbire,  représentant  de»  Mahadéos. 
U'uprii  âimpHn,  Ardiaic  sculpluringi.  pi.  X\lll. 


VP  LEÇON 


LES  SACRIFICES  HUMAINS 


Si  les  superstilions  relatives  au  culte  des  pierres  et  à  cer- 
taines pratiques  magiques  d'origine  pré-celtique  et  probable- 
ment touranienne  out  persisté  presque  jusqu'à  nos  jours, 
montrant  ainsi  à  quel  point  elles  étaient  enracinées  dans  Tâme 
des  populations,  il  est  une  autre  catégorie  de  superstilions  qui, 
depuis  longtemps  répudiées  et  honnies  en  Occident,  nous 
paraissent  de  même  origine  et  aussi  anciennes.  Nous  vou- 
lons parler  des  sacrifices  humains,  bien  qu*un  préjugé  presque 
classique  en  rattache  l'introduction  en  Gaule  aux  druides  :  er- 
reur grave,  parce  qu*elle  donne  une  idée  fausse  de  la  réforme, 
je  dirai  de  la  révolution  sociale  introduite  en  Gaule  par  les 
druides,  aussi  bien  que  de  leur  enseignement  et  do  leur  action 

civilisatrice. 

Que  les  sacrifices  humains  aient  été  encore  en  usage  après 
U  réforme  druidique,  que  les  druides  n'aient  pas  énergique- 
ment  ou  du  moins  victorieusement  combattu  ces  pratiques 
barbants,  qu'à  l'époque  de  la  conquête  de  la  Gaule  par 
J,  Oê^ar  on  crût  encore  à  l'efficacité  de  ces  sacrifices,  cela  est 
vrtain.  Il  est  impossible  de  nier,  après  mûr  examendes  textes, 
viuo  los  sacrifices  humains  aient  été,  avant  la  conquête  ro- 
ttt^ino,  très  populaires  et  de  pratique  usuelle  dans  plusieurs 
»4rtio5  de  lu  Gaule  et  de  la  Germanie. 

It  est  constant,  d'un  autre  côté,  bien  que  leur  doctrine  fût 
'''>Alr\^î^np*^ï'i^'"' *^T"^'^^'^^^^'^"^^'^^^^^^'^^^^^^  tolérèrenlen 

rait  réfléchir,  avaut  d'accuser  les  druides,  qu'en  Irlande,  le  pay» 


LES  SACRIFICES  HUMAINS  69 

Gaule  ces  détestables  pratiques,  mais  les  autorisaient  de  leur 
présence.  Les  témoignages  concordants  de  J.  César,  de  Dir- 
dore  de  Sicile,  de  Strabon,  de  Pomponius  Mêla,  de  Pline  le 
naturaliste  et  de  Lucain  ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard. 
Les  druides  sont-ils  responsables  de  ces  horreurs  et  dans  quelle 
mesure?  Tel  est  le  problème  que  nous  avons  à  résoudre.  11  a 
préoccupé  nos  devanciers.  Nous  lisons  dans  les  Mémoires  de 
t Académie  des  Inscriptions  i^our  l'année  1746  : 

«  Un  mémoire  de  M.  Duclos*  sur  les  druides,  dit  le  rédacteur  des  Comptes 
rendus  des  séances^  lu  le  4  février  1746,  fit  naître  de  grandes  discussions 
au  sujet  des  sacrifices  humains,  au  sein  de  TAcadémie.  Dans  la  cha- 
leur qui  accompagne  ces  sortes  de  disputes  littéraires,  on  s'avança  jus- 
qu'à révoquer  en  doute  Tusage  des  sacrifices  humains  chez  les  Gaulois 
et  l'on  prétendit  fonder  le  pyrrhonisme  à  cet  égard  sur  des  raisonne- 
ments généraux  soutenus  de  quelques   inductions  particulières  qu'on 
tirait  de  Tessence  de  la  religion  gauloise,  absolument  éloignée,  disait-on» 
du  polyttiéisme  ou  du  moins  de  l'idolâtrie.  Mais  en  matière  de  faits  les 
raisonnements  ne  peuvent  rien  contre  les    autorités.   Les  différentes 
sciences  ont  chacune  leur  façon  de  procéder  à  la  recherche  des  vérités 
qui  sont  de  leur  ressort  et  Thistoire,  comme  les  autres,  a  ses  démons- 
trations. Les   témoignages  unanimes  d'auteurs  graves,  contemporains, 
désintéressés  en  un  mot,  dont  on  ne  peut  contester  ni  les  lumières  ni  la 
bonne  foi,  constituent  la  certitude  historique;  et  ce  serait  une  injustice 
(l'exiger   d'elle  des  preuves  d'une  espèce  différente*  M.   Fréret,  après 
s'être  étendu  sur  la  vérité  de  ce  principe,  en  fit  aisément  l'application  à 
l'objet  de  la  dispute.  Sa  mémoire  lui  fournit  une  longue   suite  de  pas- 
sages dont  les  uns  cités  à  l'instant  môme  et  les  autres  simplement  indi- 
qués, concoururent  à  prouver  que  l'immolation  des  victimes  humaines 
était  un  des  rites  les  plus  universellement  répandus  dans  différentes  sectes 
du  paganisme.  Bientôt  ces  diverses  autorités,  réunies  avec  ordre,  for- 
mèrent un  mémoire  qu'il  apporta  quelques  jours  après  et  dans  lequel  il 
fit  voir  que  les  autels  furent  autrefois  souillés  presque  partout  par  le  sang 
des  hommes*. 


druidique  par  excelleDce,  les  sacrifices  humains  liturgiques  étaient  inconnus. 
M.  d'Arbois  de  Jubainville,  daus  ses  belles  études  sur  les  druideM,  n'en  a 
trouvé  aucune  trace.  Cf.  d*Arbois  de  Jubainville,  Inlroduclion  à  ta  iiiléralure 
celtique^  t.  I,  p.  51  et  suiv. 

1.  Duclos  était  membre  de  l'Académie  des  Inscriptions.  On  s'occupait  alors 
beaucoup  des  druides;  nous  relevons  à  la  même  époque,  t. XXIV  des  Af^/notre^ 
(1741),  une  lecture  de  Fréret  portant  le  titre  de  :  Observations  sur  la  religion  des 
Gaulois  et  celle  des  Get^mains,  et,  t.  XVIII  de  L'Histoire  de  f  Académie,  commu- 
uication  sur  la  nature  et  les  dogmes  les  plus  anciens  de  la  retigion  gauloise. 

2.  Malheureusement  le  mémoire  sur  Vusage  des  sacrifices  humains  établis 


LA    RELIGION    DES   GAULOIS 

Conclusion  :  L'usage  des  sacrilicos  humains  est  un  fail 
général  antérieur  à  la  venue  des  druides  en  Gaule  et  dont  il 
faut  décharger  leur  mémoire,  gd  lanl  qu'ils  auraient  élé  dans 
Dotre  pays  les  inlroducleurs  de  ces  odieuses  cérémonies.  La 
question  étail  ainsi  parFailement  posée  et  résolue,  en  principe, 
il  y  a  près  de  cent  cini]uanle  ans,  au  sein  de  nolro  Académie. 

C'est  cette  thèse  que  nous  reprenons  en  la  développant*. 

L'étude  historique  des  sacrilices  humains,  consacrés  par  la 
religion,  accompagnés  de  nies  sacrés,  conduit  à  la  convie* 
ijon  que  nous  fommes,  en  Europe,  grour  ce  qui  concerne  ces 
sanglantes  pratiques,  comme  pour  les  autres  pratiques  de  la 
liiagie,  en  présence  de  survivances  des  temps  préhistoriques, 
9e  perpétuant  au  sein  des  nationalités  ceitisées  ou  sémitisées 
par  suite  de  la  permanencOj  presque  générale,  d'un  fond  pri- 
mitif antérieur  aux  invasions  aryennes.  C'est  de  ce  vieux  fond 
que  tant  de  superstitions  touchant  à  la  magie  ont  remonté  à 
la  surface  dans  l'antiquité  comme  au  moyen  âge.  Ce  phéno- 
mène a  un  caractère  de  généralité  sur  lequel  nous  devons 
attirer  l'attention.  Cette  succession  de  couches  de  civilisations 
distinctes  d'origine  et  d'esprit,  finissant  par  fusionner  en- 
semble, est  un  phénomène  sur  lequel  ne  saurait  trop  méditer 
l'historien,  qui  au  delh  des  faits  sociaux  en  cherche  les  lois. 

Certains  pliilosophes  nous  représentent  l'humanité  traver- 
sant successivement,  par  obéissance  &  une  sorte  de  loi  fatale, 
l'état  sauvage,  pastoral,  agricole,  passant  du  gouvernement 
patriarcal  au  gouvernement  théocratique,  monarchique^  féo- 
dal ou  républicain.  Sous  le  nom  de  science  des  religions,  des 
esprits  systématiques  nous  présentent  un  classement  analogue. 
Ces  conceptions  a  priori  ne  sont  point  d'accord  avec  les  faits. 

ehe-i  différentes  nations  et  pai-ticuliêremfitl  cAe:  In  Gauloia  est  resté  ioédit; 
voir  ce  mùmi;  t.  Wlll,  p.  17S.  Noua  nous  souimee  assuré  que  ce  manuscrit 
ii'eiijile  pas  au  Secrétariat  de  l'Iuetitut. 

1.  Nous  avious  été  aiueuâ  p^r  uos  études  nui  mêmes  conclusious  que  Fréret 
avaul  d'avoir  eu  connaissance  de  son  mémoire.  Krèrel  est  trop  D^gligé.  Ce 
luervïilleux  esprit,  si  traaçnis,  est  arrivé  sur  ud  graud  nombre  de  sujets  à  des 
aolulioua  que  l'ou  reprend,  aujourd'hui,  sans  lui  en  faire  honneur,  par  igno- 
rance. Ce  qu'ii  i  dit  de  la  religion  des  Gaulois,  en  particulier,  n'a  pas  encore 
Été  dêpaesé.  Nous  en  donnerons  de«  eiilrails,  voir  Annexe  A. 


LES  SACRIFICES  HUMAINS  71 

Noos  ne  conaaissons  aucun  pays  où  la  civilisalioa  ait  suivi, 
auseiades  mêmes  tribus,  sans  apports  du  dehors,  celte  mar- 
f  che  régulière.  Nous  entrevoyons,  aujourd'hui,  très  clairement, 
que  le  résultat  définitif  des  recherches  historiques  et  préhisto- 
riques, dont  les  progrès  sont  si  rapides,  sera  de  prouver  que 
la  loi  supérieure  de  l'humanité  n*est  point  un  développement 
recliligne,  mais  la  loi  même  de  la  division  du  travail,  Thuma- 
nité  se  composant  d'un  nombre  considérable  de  groupes, 
diversement  doués,  ayant  chacun  à  remplir  un  rôle  distinct, 
l'accomplissant  plus  ou  moins  lentement,  avec  plus  ou  moins 
d'éclat,  pour  disparaître,  le  plussouveut,  dans  l'ensemble  en 
y  laissant  Théritage  de  leur  labeur. 

Il  y  a  lieu  de  chercher  pour  chaque  grande   manifesta- 
tion de  Tesprit  humain  dans  le  domaine  religieux,  comme  dans 
les  autres  domaines  de  Tactivité  humaine,  son  point  d'origine, 
en  vue  de  déterminer,  dans  le  chaos  et  la  confusion  des  sociétés 
modernes,  la  part  de  chaque  groupe,  son  apport  particulier 
dans  Tœuvre  commune.  Ce  travail  des  groupes  humains  a 
commencé  bien  avant  l'époque  historique.   On  est  obligé  de 
reconnaître,   aujourd'hui,  que  des  groupes  dont  l'existence 
avait  été  ignorée  jusqu'ici,  dont  le  nom  avait  été  à  peine  pro- 
noncé par  l'histoire  ont  joué  dans  le  monde  un  rôle  bien  autre- 
ment important  qu'on  ne  le  soupçonnait.  Tout  ce  qui  touche 
à  l'existence  de  ces  groupes  oubliés  ou  méconnus  intéresse 
en  particulier  quiconque  poursuit  la  solution  du  problème  des 
origines  en  vue  d'expliquer  l'originalité  complexe  des  di- 
verses nationalités, 

Nous  avons  dit  que  les  pratiques  se  rattachant  à  la  science 
que  Pline  qualifie  du  nom  général  de  magie  étaient  d'origine 
scytho-médique.  Les  superstitions  relatives  à  la  puissance 
mystique  des  sacrifices  humains  nous  paraissent  découler  de 
la  même  source.  Sans  doute  la  coutume  d'immoler  des  vic- 
times humaines  aux  puissances  supérieures  relève  d'un  ins- 
tinct commun  à  presque  tous  les  peuples  primitifs.  Nous 
retrouvons  ces  usages  barbares  chez  les  tribus  jaunes  de  l'Amé- 
rique, chez  les  tribus  noires  de  l'Afrique,  aussi  bien  que  chez 


72  LA  RELIGION  DES  OAULOIS 

les  Gaulois.  L'humanité  a  partout,  à  un  degré  plus  ou  moins 
prononcé,  les  mêmes  instincts  natifs.  Mais  ces  instincts  sont 
loin  de  se  développer  partout  de  la  même  manière.  Tandis 
que  la  croyance  aux  esprits  s'arrête  chez  certaines  tribns 
sauvages  à  Tadoration  des  manitous  et  des  féticheii,  à  ia 
création  de  prêtres  fclicheurs,  elle  est  en  Chaldée  le  point 
de  départ  de  l'organisation  des  collèges  sacerdotaux  aux- 
quels nous  devons  les  principaux  éléments  de  la  magie  et 
le  code  où  se  trouvent  les  formules  destinées  à  rendre  effi- 
cace le  sacrifice  humain.  C'est  le  sacrifice  humain  consacré 
par  les  formules  religieuses,  comme  en  Grèce,  à  Rome,  en 
Gaule,  qui  nous  semble  se  rattacher  aux  traditions  orien- 
tales de  la  magie.  Les  hécatombes  sanglantes  du  Dahomey 
ne  rentrent  pas. dans  le  même  cadre.  Il  nous  paraît  certain 
que  ces  pratiques  en  Gaule  ne  sont  ni  d'importation  phéni- 
cienne, comme  on  l'a  prétendu,  ni  d'importation  druidique,  ce 
qui  est  la  thèse  la  plus  populaire.  Comme  on  ne  pçut  les  rat- 
tacher au  groupe  celtique  proprement  dit,  tel  que  nous  Ta- 
vons  défini,  groupe  de  tradition  aryenne,  force  est  de  faire 
remonter  ces  pratiques  à  une  époque  antérieure,  celle  des  mé- 
galithes. Henri  Martin,  dans  ses  études  d'archéologique  cel- 
tique^ a  soutenu  la  même  thèse. 

Ma  conviction  est,  malgré  le  talent  qu'un  de  nos  jeunes  ca- 
marades de  l'École  d'Athènes  *  vient  de  déployer  pour  la  sou- 
tenir, que  la  thèse  phénicienne  n'est  pas  plus  applicable  à  la 
Grèce  et  à  riialie...  qu'à  la  Gaule.  Les  mêmes  influences 
me  paraissent  avoir  agi  sur  ces  trois  pays  par  des  voies  di- 
verses. Deux  passages  de  PJine  sont,  à  cet  égard,  signifi- 
catifs. Par  l'un  nous  apprenons  qu'il  était  question  des  sa- 
crifices humains  dans  la  loi  des  XII  Tables,  quij)ar  conséquent 
les  autorisait,  en  les  réglementant,  comme  les  autres  pra- 
tiques magiques'  : 


1.  Victor  Bérard,  Origine  des'  cultes  arcadiens.  l^e  caractère  phénicieu  de 
Tautel  du  Lycée,  que  je  ne  couteste  pas,  doit  être  uue  superposiliou  à  uu 
autel  plus  ancien. 

2.  Pliae,  U.  N.,  XXVIll,  3,  4  ;  XXX,  3  (édit.  Litlré). 


LES  SACRIFICES  HUMAINS  73 

II  existe  certainement  des  traces  de  la  magie  chez  les  nations  ita- 
liennes, par  exemple  dans  la  loi  des  XIl  Tables  et  d'autres  monuments, 
romme  je  Tai  fait  voir  dans  un  livre  précédent  ^  Ce  n'est»  en  etfel,  que 
Tan  de  Rome  657,  sous  le  consulat  de  Gn.  Cornélius  Lenlulus  Crassus, 
qu'il  fut  défendu  par  un  sénatus-consulte  d'immoler  un  homme  ;  ce  qui 
prouve  que  jusqu'à  cette  époque  on  faisait  de  ces  horribles  sacrifices. 

Une  des  phrases  suivantes  nous  apprend  qu'aux  yeux  de 
Pline  les  sacrifices  humains  religieux  étaient  particulièrement 
liés  aux  pratiques  de  la  magie  : 

Ainsi  tous  les  peuples,  quoiqu'en  discordes  et  inconnus  les  uns  des 
aulreSf  se  sont  accordés  sur  ce  point  [rattachement  aux  superstitions  de 
la  magie].  On  ne  saurait  donc  sufflsamment  estimer  l'obligation  due  aux 
Romains  pour  avoir  supprimé  ces  monstruosités  dans  lesquelles  tuer  un 
homme  était  faire  acte  de  religion* 

Le  paragraphe  3  du  livre  XXVIII  nous  donne  un  renseigne- 
ment également  précieux.  Nous  y  lisons  que  le  sacrifice  hu- 
main devait,  pour  avoir  son  effet,  être  précédé  de  cérémonies  et 
de  formules  desquelles  rien  ne  devait  être  omis  ni  modifié.  Ces 
cérémonies  et  ces  formules  remontaient  au  delà  de  la  fondation 
de  Rome  :  ce  Un  homme  et  une  femme,  grecs  d'origine,  ou  de 
quelqu'une  des  autres  nations  avec  qui  nous  étions  alors  en 
g-uerre,  ont  été  enterrés  vivants  dans  le  marché  aux  bœufs.  La 
prière  usitée,  dans  le  sacrifice,  laquelle  est  récitée  d'abord  par 
le  chef  du  collège  des  quindécemvirs,  arrachera  certainement 
à  celui  qui  la  lira  Tavcu  de  la  puissance  de  ces  formules,  puis- 
sance confirmée  par  huit  cent  trente  ans  de  succès.  »  Huit  cent 
trente  ans  est  le  temps  écoulé  entre  la  fondation  de  Rome  et 
Tannée  où  Pline  écrivait  ces  lignes.  Ces  formules,  aux  yeux 
de  Pline,  remontaient  donc  à  une  époque  antérieure  à  la  fon- 
dation de  la  Ville  élernellc.  Pline,  quelques  lignes  plus  haut^ 
nous  avait  dit  quelles  précautions  on  prenait  pour  laconset^va- 
tioa  et  rintégrité  des  formules  :  «  Il  y  a  des  formules  diverses. 
Sans  une  de  ces  formules  de  prières  il  serait  inutile  d'immoler 
des  victimes,  les  dieux  ne  pourraient  être  convenablement 
consultés.  Nous  avons  vu  les  citoyens  chargés  des  plus  hautes 

1.  Liv.  xxvni,  4. 


74  LA  RELIGION    DES   GAULOIS 

magistratures  les  inaugurer  pur  des  formules  déterminées'. 
Pour  n'omelire  on  ne  transposer  aucun  mol,  un  homme  pro-  ' 
nonce  la  formule  qu'il  lit  sur  le  rituel,  un  aulre  est  préposé 
pour  suivre  louLes  les  paroles,  un  aulre  est  chargé  de  faire 
observer  le  silence,  un  mucisicn  joue  de  la  llùte  pour  qu'au- 
cune autre  parole  nesoit  entendue.  »  Le  respect  de  Pline  pour 
ces  cérémonies  nous  étonne.  C'est  à  peine  s'il  ose  dire  qu'il 
n'y  croit  pas  :  "  Les  paroles  et  charmes  magiques  ont-ils 
quelque  puissance?  Les  gens  les  plus  sages  (c'est-à-dire  ïns- 
Iruils)  n'eu  croient  rien  et,  cependant,  en  masse,  nos  actes  de 
tous  les  itislants  impliquent  sans  qu'on  s'e?i  aperçoive  la 
croyance  à  cette  puissance,  d 

Nous  trouvons  déjà  chez  Tite-Live  ce  mélange  d'incrédulité 
et  de  respect  : 

"  Je  n'ignore  pas,  écrit-il,  que  l'esprit  qui  règne  aujourd'hui, 
opposé  à  ce  qne  l'on  croie  que  les  dieux  puissent  intervenir 
dans  nos  alîaires,  est  contraire  ii  ce  que  Ton  publie  les  pro- 
diges du  passé;  maïs  pendant  que  je  raconte  les  choses  d'au- 
trefois, il  me  semble  que  mon  cœur  prend,  lui  aussi,  des 
années  et  je  sens  qu'un  respect  religieux  m'aslreint  à  repro- 
duire dans  mes  annales,  ce  que  tant  d'hommes  très  sages  ont 
cru  devoir  recueillir  pour  la  postérité*,  m 

Peut-on  s'étonner  après  cela  de  la  persistance  des  survi- 
vances"! de  la  difficulté  qu'il  y  avait  à  déraciner  ces  supersti- 
tions*, de  l'obligation  où  avaient  pu  être  les  druides  de  les 
tolérer? 

Plus  nous  étudions  \&  question,  plus  nous  étendons  le  cer- 
cle de  nos  recherches,  plus  il  nous  semble  évident  que  les 
sacrifices  humains  ayant  un  caractère  religieux  sont,  partout 
où  nous  les  trouvons,  un  reste  des  vieilles  superstitions  cha- 
maniques,  nées  en  dehors  du  groupe  aryen  qui,  en  étendant 

1.  Cerlis  precalionibus  obsecrasse. 

l.Titi-.-Livi;  XLIII,  la,  2. 

Ij.  Les  exégèles  d'Aryas,  dit  Pausanias  qui  écrivait  soae  Hadrieo,  savent  bien    ' 
eai-mêmes  que  (oui  ce  qu'ils  disent  n'etl  pas  vrai;  ils  n'en  continuent  pax  moina 
à  le  .lire.  Tant    il  est  difficile  de    [aire   reeenir   le  peuple  Sur   ce  qu'il  a   une 
fot«„dBpl-'  (Coriiilb.,  XXIIII. 


LES  SACRIFICES  HUMAINS  75 

sa  bien  foi  santé  action  sur  le  monde,  n'a  pas  toujours  pu  les 

détruire. 
Fustel  de  Coulanges  a  montré  dans  son  beau  livre  :  La  Cité 

antique^  avec  quel  succès  les  Aryas  ont  fait  pénétrer,  au  sein 

des  populations  sur  lesquelles  ils  ont  étendu  leur  domination, 
les  principaux  éléments  de  leur  organisation  patriarcale^  en 
leur  communiquant  en  même  temps  le  culte  de  leurs  divini* 
tés,  ennemies  de  tout  sacrifice  sanglant.  Mais  il  y  eut  des 
luttes.  L'histoire  légendaire  en  a  laissé  en  Grèce  de  nom- 
breuses traces.  Zeus  et  Apollon  ne  détrônèrent  pas  Kronos  et 
les  Ëuménides  sans  résistance  : 

<c  Dieu  nouveau,  disent  les  Ëuménides,  s*adrcssant  à  Phœ- 
bus,  tu  outrages  d'antiques  déesses.  Voilà  donc  ce  qu'osent 
les  nouveaux  dieux  \  »  Les  légendes  de  TArcadic  nous  en  sont 
un  autre  témoignage. 

Lycaon,  fils  de  Pélasgus,  roi  d'Arcadie,  avait  été  changé 
en  loup  pour  avoir  sacrifié  un  enfant  à  Zeus  sur  le  Lycée, 
sacrifice  dont  la  nouvelle  religion  avait  horreur.  Or  tout 
dernièrement  M.  Victor  Bérard'  démontre  que  ce  culte  bar- 
bare n'avait  jamais  été  complètement  aboli  sur  la  montagne 
sainte  d*Arcadie,  même  sous  la  domination  romaine.  Les 
Arcadiens-Hellènes  purent  succéder  aux  Pélasges  comme 
maîtres  du  pays,  ce  qui  ne  veut  pas  dire  qu'ils  en  chassèrent 
les  Pélasges  et  que  la  population  fut  renouvelée;  le  culte  ne  se 
modifia  pas;  on  continua  à  offrir  au  dieu  du  Lycée,  à  l'occasion 
des  fêtes  (Lycaea)  qui  s'y  célébraient,  des  victimes  humaines, 
dans  une  enceinte  où  aucun  profane  ne  pouvait  pénétrer. 
Platon,  dans  le  dialogue  intitulé  MinoSy  après  avoir  rappelé 
que,  chez  les  Carthaginois,  les  lois  non  seulement  autorisaient 
les  sacrifices  humains»  mais  que  chez  eux  ces  sacrifices  étaient 
un  usage  sacrée  tandis  que  ces  sacrifices  étaient  une  impiété 
aux  yeux  des  Hellènes,  est  obligé  d'avouer  qu'il  n'en  avait  pas 
été  toujours  de  même  et  que  même  ces  sacrifices  n'étaient  pas 
partout  abolis  : 

1.  Ëuménides  d*Eschyle,  v.  3,  9  et  150. 

2.  Op.  /aud. 


76  LA    RELIGION   DE9   GAULOIS 

n  est  aisé,  Socrale',  Je  reconnaître  que  le  même  peuple  n 
pas  toujours  In  même  législation  et  que  li-s  tlifTéronls  peuples  onlaassi 
des  lois  ditTi.' renies.  Ainsi  parmi  nous,  il  n'y  a  pas  de  lui  qui  prescrive 
les  sacridces  humains;  que  dis-je,  ce  serait  une  impiélél  Mais  chei  les 
CarLiia^^inois  ces  gacriflces,  loin  d'être  désavoués  par  les  lois,  pa^senl  poup 
des  acles  agréables  nui  dieux,  à  ce  point  que  quelques-uns  d'entre  eux 
immolent  leurs  propres  enfants  k  Kronos,  comme  ou  te  I'zl  raconté;  et 
ce  n'est  pas  seulement  chei  les  Barbares  qu'où  trouve  des  lois  si  dilTc- 
renles  des  nôtres:  sur  te  Lycée  quels  sarrilices  ne  font  pas  les  succes- 
seurs d'Alliunias'  et  cependant  ce  sont  des  Grecs! 

Plalon  est  plus  explicite  au  livre  VIII  de  /m  République  : 
tt  Mais  par  où  le  prolecteiir  du  peuple  commence-l-il  h  en 
devenir  le  lyran?  N'est-ce  pas  évidemment  lorsqu'il  com- 
mence à  lui  arriver  quelque  chose  de  semblable  à  ce  qui  se 
passe,  dit-on,  dans  le  lemple  de  Jupilor  Lycéen  en  Arcadie  où 
celui  quia  goûlé  des  entrailles  d'une  créature  humaine  mê- 
lées à  celle  des  autres  victimes  se  change  inévilablcment  en 
loup?  Ne  l'aurais-tu  pas  entendu  riirc,  Adamanle? 

«  Oui,  je  le  sais,  répond  celui-ci.  " 

Théophrasie  est  encore  plus  aFIirmatif  ;  «  Encore  aujour- 
d'hui*, [jLJ)rpi  Toïtviiv,  les  Arcadiens  coutinuent  à  faire  en  corn- 

),  PJfllDD,  Wnos,  trail.  Cousin,  i.  ,\1II,  p.  35. 

S.  Il  eemble  que  Platon  couroad  ici  deux  légeuiieB.  —  M.  Victor  Bïrard 
trausForme  ainsi  la  ptiraae  :  Dan$  les  fêles  du  Lycée,  comme  chet  le»  destendanlt 
d'AI/tamas,  les  Uellines  font  encore  les  mêmes  sacrifices  (Bérard,  op.  taud., 
p.  59). 

3.  Fréret,  qui  cite  ce  texte  dans  son  mémoire  sur  des  sacriDees  humaiDs, 
l'nttribue,  comme  M.  V.  Bérard,  à  Théopliraste.  En  réalité  il  est  de  Porphyre 
(l'urptiyre,  Deabslinenlia,  II,  27]  qui  ne  cite  point  Théophnste  eu  cet  endroit. 
Le  [léxpi  toî  vOï  s'appliquerait  alors  au  temps  de  Porphyre,  ce  qui  n'est  point 
invralseinblable,  puisque  Pausanias  nous  donue  un  renseignement  analogue. 
L'erreur  vieut  de  ce  que  Porphyre  a  beaucoup  puisé  dam  Tbéophrasle  auquel 
il  renvoie  daus  sept  pas^uges  ililTiireuts  (liv.  Il,  11,  21,  S6,  32,  43,  53;  liv.  lit, 
25  ;  liv.  IV,  20)  et  plusieurs  fois  au  sujet  des  sacriSces  huroaint  '.  Ce  n'est  pai 
une  raison  pour  attribuer  à  Théopbraste  des  pbrasea  a  propos  desquelles  «on 
nom  n'est  pas  prononcé.  Il  e^it,  au  coutraire,  un  long  passage  qui  esl  bieu  de 
Ttiéophraetc  et  que  nous  citerons  parce  qu'il  est  uue  couBruiatiou  de  notre 
tbèse.  Voici  couimeol  il  s'exprime  d'après  Porpbjre  (II,  55)  ;  <■  Les  histoires 
rapportées  par  Tbèopbrsste  font  mention  de  sacriUces  humaiii!>,  nous  en  don- 
nerons quelques  exemples.  On  sacribait  à  Rhodes  un  homme  s  Kronos,  le  6  du 
mois  M'tJifieituiou  (juillcl).  A  cet  effet  on  conservait  en  prison  jusqu'à  la  ffile 
de  Kronos  nu  de  ceux  qui  avaient  été  condamnÉs  à  mort  et  le  jour  da  la  fête 
on  uieuait  cet  homme  hors  des  portes  vis-à-vis  de  l'autel  du  Bon  Conseil  et 
après  lui  avoir  fuit  boire  du  vin,  ou  l'égorgeait,  A  Solamine  (de  Chypre)  qu'où 


LES  SACRIFICES  HUMAINS  77 

mon  des  sacrifices  humains.  Bien  plus,  à  certaines  époques 
périodiques,  ils  vont  jusqu'à  arroser  Tautel  du  sang  des  leurs, 
bien  qu'ils  écartent  de  leurs  sacrifices  tout  meurtrier  souillé 
de  sang  hamain.  » 

Cinq  cents  ans  plus  tard,  continue  M.  Bérard,  a  Pausanias 
satque  les  sacrifices  du  Lycée  étaient  secrets;  ils  ne  voulut 
point  pénétrer  ce  mystère  et  laissa  les  choses  être  ce  qu'elles 
avaient  toujours  été  dés  le  commencement^.  Il  semble  craindre, 
à  l'enquête,  une  découverte  désagréable  pour  sa  piété  ou  son 
orgueil  d'Hellène  ».  Cette  persistance  de  l'usage  des  sacrifices 
humains,  sur  le  Lycée,  au  sein  de  la  Grèce  civilisée^  bien 
après  le  siècle  de  Périclès,  parait  donc  un  fait  certain. 

Ces  vieux  usages  n'avaient  pas  persisté  partout  aussi  long- 

nommait  autrefois  Coroois,  pendant  le  mois  appelé  Aphrodisium  par  les 
Chypriotes,  on  sacrifiût  un  homme  à  Agraule,  fille  de  Cécrops  et  de  la  nym- 
phe Agraulis.  Cette  coatume  dura  jusqu'au  temps  oCi  on  sacrifia  à  Diomède. 
Les  temples  d'Athéna,  d'Agraule  et  de  Diomède  étaient  enfermés  dans  une 
même  enceinte.  Celui  qui  devait  être  sacrifié  y  était  mené  par  des  jeunes 
gens  ;  il  faisait  trois  fois  le  tour  de  Taatel  en  courant  ;  puis  le  prêtre  le  frap- 
pait d'un  coup  de  lance  dans  Kestomac,  et  le  brûlait,  après  cela,  tout  entier  sur 
an  bûcher.  Ce  pacrifice  fut  aboli  par  Diphile,  roi  de  Chypre,  vers  le  temps  de 
Séieacus  le  Théologue.  11  changea  cet  usage  en  celui  de  sacrifier  un  bœuf  et 
le  démon  agréa  ce  bœuf  à  la  place  de  l'homme...  Dans  l'Ile  de  Chio  et  a  Téné- 
dos  on  sacrifiait  un  homme  à  Dionysos  Omadios  (anthropophage).  Le  même 
«acrifice  se  faisait  à  Ténédos,  comme  le  rapporte  Evelpis  de  Caryste.  Apol- 
lodore  rapporte  aussi  que  le?  Lacédémonieus  sacrifiaient  un  homme  à  Ares... 
Je  ne  dis  rien  ni  des  Th races,  ni  des  Scythes,  ni  comment  les  Athéniens  ont 
fait  mourir  la  fille  d'Ërechthée  et  de  Praxithée  (probablement  parce  que  ces 
faits  étaient  trop  connus).  Qui  ne  sait,  ajoute  Porphyre,  qae  présentement  à 
Rome  même,  à  la  fête  de  Jupiter  Latialis,  on  immole  un  homme  ?  »  (Traduction 
de  Buriguy,  1767.)  M.  Salomon  Reinach,  à  qui  j'avuis  commuuiqué  mes  doutes, 
a  cherché  sur  quelle  autorité  on  attribue  le  passage  de  Porphyre  à  Théophraste. 
Il  o'a  rien  trouvé  avant  Fréret.  11  m'apprend  que  c'était  eocore  l'opinion  de 
Welcker  {G riechische  GoellerUhre^  l,  p.  211),  opinion  repoussée  par  Beckers, 
De  hostiis  humanis  apud  Graecos,  1867,  p.  39.  Le  môme  auteur  dit  que  le  pas- 
sii^e  est  très  obscur.  Voici  ce  passage,  faussement  attribué  a  Théophraste  : 

*  Le  texte  grec,  dont  le  sens  général  est  clair,  ofi're,  en  effet,  quelque  dif- 
ficulté de  détail,  comme  l'a  remarqué  Beckers.  Nous  croyons  en  conséquence 
devoir  le  donner  en  grec  in  extenso.  «  'Aç'  ou  [depuis  le  temps  où  les  of- 
frandes de  fruits  Furent  remplacées  par  des  victimes  sanglantes]  pé/pi  toO  vOv 
ovx  £v  Apxa^éa  |i6vov  toÎ;  Auxatoi;,  oj5'  èv  Kap/r,5ôvi  xw  Kpovw  xoivrj  irâvre; 
iv^ptiKtoOvroD^v,  aXXà  xarà  «eptofiov  Tyj;  toO  voficfiou  /âpiv  {ivjQfxr;;  £|jlç«jXiov  a'fjia 
pxivov<n  Tcpb;  Toùç  ^(i)|j.ou;,  xol\  izip  t^ç  iiap'  «utoî;  6<jta;  èÇEipyo'jayi;  '**>v  iîpcâvi 
Tot;  ic£ptppacvTT,p:oic  xtjpvyii^Ti  erti;  arixaio;  avOptoTreJou  {lerafTio;.  » 

1.  Pausauia}*,  VIII,  38,  7:  c^éTco  ce  w;  e/ci  xat  w;  sa/ev  eÇ  àp/f,;.- 


t.A    llKLIRION    11 

là  le  souvenir  s'en   était  conservé  dans  plusieurs  ' 
larliea  de  la  Grèce.  En  Laconie,  la  pratique  des  sacri- 
A  humains  passait  pour  n'avoir  cessé  qu'après  l'invasioa 
rienne  et  l'introduction  dans  le  pays  du  culte  d'Apollon.  La 
loi  qui  les  abolissait  était  duo  à  Lycurgue.  La  légende  d'Alha" 
mas  nous  montre  que  les  mémos  préjugés  religieux  esislaient 
Il  Orchomèae  de  Itéotie.  Les  descendants  d'Alliamas  avaient 
conservé  ces  pratiques   sanglantes  comme    culte    familial.  , 
Mêmes  pratiques  sanglantes  en  Allique,  à  l'époque  pélas- 
gique.  Cécrops,  le  premier,  suivant  la  tradition,  aurait  sub-  ■ 
slitué  aux  sacrilices  sanglants  l'offrande  des  gftteaux  de  miel. 
Mêmes  traditions  en  Crète  où  le»  Curetés  immolaient,  disait- 
on,  des  enfants  àZeus,  avant  que  lesDoriens  eussent  introduit  i 
dans  l'île  le  cuite  d'Apollon  '.  i 

Ces  traditions,  sans  doute,  sont  vagues,  mais  leur  concor-  ' 
dance,  s'appliquant  à  la  m^nie  période,  leur  donne  un  certain 
poids.  Nous  sortons  d'ailleurs  des  données  vagues  et  des  pré- 
somptions en  nous  IransporlautàBrauron,  bourg  de  l'Atlique. 
On  sait  que  le  bourg  do  lîrauron  est  situé  à  quelques  kilomè- 
tres de  Marathon;  c'est  là  que, suivant  la  légende,  aurait  débar- 
qué Iphigcnie  la  fille  d'Agamernnon,  fuyant  la  Taurtde  après 
le  vol  de  Ja  statue  d'Arlémis.  ici  l'histoire  vient  à  l'appui  de  la 
légende.  <-  Vraie  ou  fausse,  dit  M.  Victor  Bérard,  la  légende 
d'Iphigénie  consacrant  dans  le  temple  de  Brauron  la  statue 
enlevée  a  la  Tauride  prouve  qu'il  y  avait  là  à  l'époque  où  la 
légende  a  pris  naissance  un  culte  qui  s'adressait  k  une  déesse 
sensiblement  semblable  à  VArlémis  taurigue,  cette  déesse 
sanglante  que  révéraient  tous  les  peuples  de  l'Asie  mineure  ». 
Or  l'existence  de  ce  temple  ou  de  cette  statue  est  si  réelle, 
la  croyance  à  la  véracité  de  la  légende  était  si  bien  établie  dans 
les  esprits,  la  réputation  de  la  déesse  si  grande  bien  avant  le 
vi«  siècle  que  Xercès,  maître  de  l'Altique,  s'était  empressé 
d'enlever  la  statue,  non  pour  la  restituer  à  la  Tauride,  mais, 
tant  il  lui  croyait  de  puissance,  pour  la  consacrer  dans  un 

1.  Voir  p.  1ti  (noie),  \e  Iftuoigiiagc  de  Thèop  liras  te. 


LES  SACRIFICES  HUMAINS  79 

temple  à  Suse^  Une  statue  d*Arlémii  Brauronia  était  attri- 
buée à  Praxitèle. 

Ces  pratiques,  des  que  nous  pénétrons  dans  les  couches  pro- 
fondes de  rhistoire,  en  Grèce  comme  en  Italie,  se  générali- 
sent donc,  conservant  partout  le  même  caractère  religieux. 
Ce  préjugé  n'avait  jamais  été  déraciné  de  Fesprit  des  Grecs. 
II  persistait  vivant  au  fond  de  la  population  non  lettrée.  Il  s*im- 
posait  dans  les  grands  dangers  même  à  la  Pythie,  Pausanias 
raconte  qu'au  temps  de  la  guerre  de  Messénie  l'oracle  de  Del- 
phes, interrogé  par  le  devin  Tisis,  répondit  au  devin  mcssénien 
que  le  salut  de  la  patrie  exigeait  le  sacrifice  d'une  vierge  de 
la  race  d*Epytus  :  «  Sacrifiez-la  pendant  la  nuit  aux  dieux 
infernaux;  si  elle  prend  la  fuite,  sacrifiez-en  une  autre  que 
Ton  viendra  offrir  volontairement.  »  Aristodème  avait  offert 
sa  propre  fille  après  la  fuite  de  Lycisca.  Ces  vers  conservés 
dans  la  famille  d'Aristodème  rappelaient  ce  patriotique 
dévouement.  Cette  inscription  existait  encore  au  temps  de 
Pausanias.  Nous  trouvons  des  traces  de  ces  mêmes  pratiques 
en  Tauride,  dans  le  Pont  et  dans  la  Cappadocc,  sur  les  bords 
de  la  mer  Noire,  au  centre  des  exploits  des  Cimmériens,  des 
Scythes  et  des  Amazones.  Nous  voici  sur  une  piste  intéres- 
sante qui  nous  éloigne,  de  plus  en  plus,  des  influences  phé- 
niciennes. 

On  sait  quelle  place  importante  tenait,enCappadoce  et  dans 
le  Pont,  sous  différents  noms,  le  culte  de  la  déesse  qui  por- 
tait le  nom  à*Artémis  en  Tauride  comme  à  Brauron.  A  Co- 
mana',  son  principal  sanctuaire,  elle  était  servie  par  six  mille 
hiérodules  {esclaves  sacrés)  serviteurs  de  la  déesse,  à  la  tète 
desquels  était  un  prêtre-roi,  véritable  souverain.  Là  s'accom- 
plissaient encore  du  temps  de  Strabon  de  sanglants  sacri- 
fices, auxquels  des  prêtresses  prenaient  part.  C'est  même  là, 
suivant  le  géographe  grec,  qu'aurait  été  déposée  par  Iphigé- 
nie  la  vraie  statue  d'Artémis  que  lui  disputaient  Brauron  et 
Lacédémone.  Le  culte  de  Comana  remonterait  à  cette  époque 

1.  Pausanias,  1,  33;  IV,  46. 

2.  Coinaua  en  Cappadoce. 


n.  n  y  a  I&  une  ehatoe  non 
•  uxquelles  leur  caraclère 
trévélâDt  en  Europe  et  jus- 
■t  àl'iotroduclicm  en  Occi- 
1  état  Bocial  inférieur  dont 
«  ^cn-  les  traces. 

M  M*p  d'œil  sur  la  carte  du  monde 
pM  1rs  histoires  d'Hérodote.  Reraar- 
mmiatms  inconnues,  terra  incognita, 
à  «  k  l'ouiist.  Là  est  le  domaine  de 
«  ifm  rarchéologie  nous  révèle  et  qui 
it  joué  dans  le  monde  (il  faut  nous  y 
KCÉbqn«celui  que  l'on  estporté  à  lui  al- 
ites invasions  scylhiques,  c'est-à-dire 
i  les  premiers  États  civilisés  sur  les 
I  rViphrale  ol  dont  les  représentants  for- 
i  historiques  le  fond  de  la  population 
kée  la  brillante  civilisation  scandi- 
t  Tvtix  ce  que  devait  être  la  civilisation 
«t  Homère  et  Hérodote  attestent  l'exis- 

»  jtfjuilalJLiDS  mégalithiques  avec  ce  grand 

t  aousa  paru  probable.  Il  a  été  jusqu'ici 

_      .  .Nous  avons  tout  intérêt  à  le  bien  con- 

-,.j^  -■twcrogeons  les  voyageurs  modernes  qui  dans 

■.^  •■>.»»  t>at  exploré  ces  vastes  contrées,  dont  une 

_^   j^  i^^miuencement  de  ce  siècle,  presque  aussi  in- 

^Bi^psd'Hérodole,  nous  y  trouvons  des  mœurs  et 

.jf^tiuinance  des  pratiques  de  la  magie  qui  nous 

-^  ju*  l'arcbéologie  préhistorique  et  l'élude  des 

.>»rt#  M  '■""'*  <"""''  '"  Oaiihia,  S*  éd.,  p.  162,  flg.  H&l  et  la 

"    '      ,,  l«h»rii>»iil  :  Alliir  d'Hislairrnndtiine lit l'Orienl,p\.  \t,A^e <l( 

"^If-*  **^  l't-un-il"  ft  d"  Tuuraa'enr  avanl  le*  miyralions  iiryçnnts. 

'"■  *    ^vsili'liu*.  /.<■«  ttmpt  iiréliitlorigues  en  Suède  et  dans  /es  autres 


LES  SACRIFICES  IIUUAINS  81 

superstitions  survivaates  nous  font  entrevoir  comme  l'état  pro- 
bable de  nos  populations  primitives.  £n  sorte  que  nos  conjec- 
tures prennent  pour  ainsi  dire  un  corps  à  la  vue  des  faits  ana- 
logues constatés  de  vùu  par  des  témoins  dont  on  ne  peut 
récuser  le  témoignage  désintéressé- 

Nous  melterons  sous  vos  yeux  dans  une  prochaine  leçon 
un  cerlaia  nombre  de  ces  exemples. 


Fig,  *.  —  Roche»  &  cuputea  des  environs  de  Weat  Kilpaltick  (Ècoase). 
D'iptta  Jobn  Brsce,  f.  S.  À.  Scot  (mir  p.  M  «t  imuis  0). 


LT 


Vir  LEÇON 

SUFEIISTITIONS  ET  CROYANCES  DES  POPULATIONS 
DU  NORD  DE  LKUROPE  ET  DE  L'ASIE, 

ANALOGUES    AUX    CROÏANCES   ET  SUPERSTITIONS   DE   NOS   POPULATIONS 
PBIMITIVKS 

Le  Dombre  des  ouvrages  où  les  mœurs  des  populations 
lïanoisoa  et  ouralo-al laïques  soni  décriles  est  assez  restreint: 
la  plupart  sont  écrits  en  langues  étrangères  :  norvégien, 
suédois,  danois,  rnsse,  finlandais,  peu  abordables  pour  nous. 
Il  en  est,  heureusement,  qui  sont  Lrarluits  en  anglais,  eo  alle- 
mand ou  en  français.  C'est  à  ces  traductions  que  nous  au- 
rons recours.  Ce  que  nous  possédons,  en  ce  genre,  suffit  à 
nous  éclairer.  Nous  recommandons  la  lecture  des  ouvrages 
suivants  : 

i"  Description  de  toutes  les  nations  de  fEmpire  de  Russie 
où  l'on  expose  leurs  mœurs,  religions,  usages,  habitations, 
habillements  et  autres  particularités  remarquables  (traduit  de 
l'allemand].  Saint- Pétersbourg,  aux  dépens  de  Charles-Guil- 
laume Miiller,  1776'. 

2"  Pallas,  Voyages  du  professeur  Pallas  dans  plusieurs  pro- 
vinces de  [Empire  de  Russie  et  dans  fAsie  septentrionale, 
7  vol.  in-8°  (traduit  de  l'allemand,  par   G.  Gauthier  de  la 
Peyronie,  1802). 
3°  Wrangbl,  Exploration  du  nord  de  la  Sibérie, par  l'amiral 

i.  Je  doia  ce  rarissime  volume  a  la  généroBité  de  M.  Louis  Larlet,  le  fils  de 
notre  graad  paléoatologiste.  Je  l'ai  déposé  a  la  bibliotliëque  dj  Mutée  où  il 
ji<!Ul  être  consulté. 


SUPERSTITIONS    DU  NORD  DE  L'eUROPE  ET  DE  L*ASIE  83 

/ 

Wrangel  et  MM.  Malsouchkine  et  Kosmine,  officiers  de  marine 
russe^  1828  (traduit  parle  prince  Emmanuel  Galitzin). 

4®  DcBois  DE  MoNTPEREUx,  Voyage  autour  du  Cawcéw^,  5  vol. 
iD-8%  deux  atlas  de  65-26  planches.  Paris,  1839  '. 

5*  HiTc,  Souvenirs  d'un  voyage  dans  la  Tartarie  et  le  Thibet 
pendojit  les  années  1844,  1845-1846, 2  vol.  in-8%  1857. 

Ces  explorations  du  monde  Scandinave,  finnois,  ouralo- 
altaîque  ne  nous  transportent  pas  dans  un  monde  de  sauvages 
dégénérés,  mais  chez  des  tribus  organisées,  vivant  de  la  vie 
patriarcale  simple  et  primitive  de  leurs  aïeux;  elles  nous  pré- 
sentent un  état  social  à  peu  près  immobilisé  depuis  des  siècles. 
Notre  premier  groupe  a  dû  passer  par  cet  état  et  s'y  arréler 
longtemps  avant  son  contact  avec  les  migrations  aryennes. 
L'étude  attentive  de  ces  populations  permet  à  qui  a  la  foi  de 
se  représenter  avec  toute  la  netteté  possible  certains  côtés  de  la 
vie  de  nos  populations  primitives  que  Tarchéologic  nous  a  fait 
entrevoir.  Nous  nous  expliquons,  ainsi,  bien  des  survivances. 
La  plupart  des  superstitions  dont  nous  avons  eu  à  nous  occu- 
per s'y  retrouvent  inaltérées  avec  toute  leur  intensité  native  : 
c  Les  nations  du  groupe  finnois,  dit  le  rapporteur  de  la  Com- 
mission d*enquète  russe  en  1776%  so7it  fières  de  leur  patrie 
et  tellement  éprises  de  leur  pays  et  delle-mêmes^  que  hors  de 
chez  eux,  ils  meurent  ordinairement  de  la  nostalgie  ou  mala- 
die du  pays  »  :  ainsi  s'explique  leur  immobilité  relative. 

L'élude  de  ces  tribus  est  donc  particulièrement  précieuse. 
Nous  devons  nous  attendre  à  y  trouver  un  grand  nombre  de 
5?/rcii;ance5  remontant  à  l'origine  même  des  civilisations  tou- 
raniennes.  Ce  qui  frappe  tout  d'abord  le  lecteur  de  ÏEnquête, 
c'est  l'unité  dans  la  variété  de  ces  nombreuses  petites  tui- 
tiorn,  ayant  chacune  leur  vie  propre,  leur  nom  particulier, 
bien  que  se  rattachant  toutes  au  rameau  finnois  : 

Il  est  étonnant,  dil  VEnquétey  que  ]a  plupart  de  œs  jyeuphd^s  finw^ises. 
dispersées,  malgré  la  situation  de  leurs  possessions,  aient  conservé  tant 

1.  Dubois  de  Montpereux,  dans  ses  dissertatioDs,  fail  trouvent  des  excur- 
•ioD8  du  côté  de  la  Scandinavie. 

2.  Op.  laud.,  p.  3. 


Si  LA   RELIGION    DES  GAULOIS 


de  ce  qui  leur  osl  propre  et  Us  earaetèrise  '  et  une  si  grande  ressfmblane^ 
avec  les  tiges  llnniiises  originaires,  ressemblance  qui  s'observe  Lant  du 
côté  de  la  ligure  cl  de  reitérieur  qu'à  l'égard  du  caractère  national,  de 
leur  langage,  miEurs,  coutumes,  superstitions,  elc.  Il  n'est  pas  moins 
remarquable  que  la  plupart  de  <?es  peuples  n'habitent  encore,  aujourd'hui, 
que  des  pays  septentrionaux,  marêcageui  et  couverts  de  forets,  lesquels 
dans  les  temps  les  plus  reculés  étaient  les  (Montrées  favorites  de  lu  na* 
tion  linnoise,  ainsi  que  le  prouve  leur  nom  d'habitants  des  maraii 
(*t/«oma  jii;nc),  ouLreque  la  chasse,  !a  pèche,  étaient  leur  première  occu- 
pation. Une  si  grande  ressemblance  parait  prouver  irrévocablement  que 
toutes  ces  peuplades  ne  sont  que  dus  branches  jinnoises. 

Le  rapport  officiel  disting:ue,  toutefois,  parmi  ces  tribus 
ou  nations  soumises  à  l'Enquête  : 

Les  Lapons  Finnois;  Les  Tscbouwaches; 

Les  Finnois  de  l'intérieur;  Les  Hordwines; 

Les  Lettonieus  ;  Les  Woljaks; 

Les  Ëstonniens  ;  Les  Terptyairéîs  ; 

Les  Liwes  ■;  Les  Wopoulcs  ; 

Les  Ingriens;  Les  Oslyaks  '. 
Les  Tschérémisses  ; 

Uu  second  groupe  ilistinct  du  groupe  linnois,  mais  égaie- 
menL  touranien,  le  groupe  des  nations  lalares  *  (c'est  ainsi 
que  le  rapport  les  désigne),  est  aussi  nombreux  et  donne  lieu 
aux  mêmes  observations.  Leurs  mœurs  sont  les  mêmes. 

Cette  division  en  petites  nations'  qui  remoale  aux  temps 
primitifs,  k  l'état  patriarcal  de  ces  nations,  nous  donne  le  secret 
de  la  multiplicité  des  nationes  gauloises  qui  k  l'époque  de  la 
conquête  romaine,  d'après  Plutarque,  s'élevaient  encore  à 
trois  cents°.  Or,  en  dehors  de  la  parenté,  des  langues  parlées 
par  les  groupes  finnois  et  tartares  et  de  la  communauté  des 
traditions,    VEnquêle  de  1776  révèle  les  faits  particuliers 

t.  Souligné  dans  le  texte. 

•1.  Prononcez  Lifes. 

3.  UuclquG9-unes  de  ces  trlbuBsout  présentées  comme  les  restes  du  rameau 
Uougrois  et  du  rameau  turc. 

\.  L'étude  (le  ce  groupe  forme  le  second  volume  AaX'Enqtièlt. 

'■S.  Chaque  naliou  comptait  souvent  plusleure  riiyautés  ;  te  R.  P.  Hue 
couipte  chez  le»  A'An/c^ias  quatre  royautés  et  viogl-quatre  baaulères.  ctiez 
ks  Mougoia  niÉridlouaux  duuie  royautés. 

(:  Le  uouibre  île  cea  espèces  de  royautés  s'élevait  au  même  chiiïre  en 
trlauile. 


SUPERSTITIONS  DU  NORD  DE   l'eUROPE  ET  DE   L*A8!E  85 

suivants.  Bien  que  chréliennes  de  nom,  catholiques  ou  or- 
thodoxes^ toutes  ces  nations,  il  y  a  cent  vingt  ans,  n'avaient 
abandonné  aucune  des  pratiques  de  leur  ancien  culte  dont  ou- 
vertement ou  clandestinement  elles  suivaient  encore  les  rites. 
Toutes  avaient  conservé  l'habitude  d'avoir  recours,  dans  les 
circonstances  graves  de  la  vie,  à  Tautorité,  à  la  puissance  de 
leurs  anciens  prêtres,  sorciers  et  magiciens,  les  chamans.  Je 
copie,  p.  40  du  rapport,  ce  qui  est  dit  des  Tschérémisses  : 
K  Quant  au  culte,  les  Tschérémisses,  bien  que  officiellement 
chrétiens,  ont  encore  des  idoles  et  suivent  aveuglément  les 
préceptes  de  leurs  prêtres  V  Ces  prêtres  et  prétondus  magiciens 
sont  les  interprètes  des  songes  et  se  piquent  de  prédire  l'ave- 
nir et  de  dire  la  bonne  aventure.  Les  Tschérémisses  ont  ces 
visionnaires  en  grande  vénération  —  chaque  communauté  a  un 
de  ces  prêtres  choisi  à  l'élection.  —  A  chacun  de  ces  prêtres 
est  subordonné  un  sons-préire  en  qualité  d'adjoint.  Ces  prêtres 
sont  juxtaposés  aux  papas*  et  cela  bien  que  les  Tschérémisses 
comptassent  alors  6,580  hommes  et  5,951  femmes  ayant  reçu 
le  baptême.  Mais  ces  soi-disant  chrétiens  n'en  célèbrent  pas 
moins,  presque  tous  en  cachette,  il  est  vrai,  leurs  fêtes  païennes 
ou  prennent  part  au  cérémonies  de  leurs  frères  non  encore 
convertis  autant  qu'ils  le  peuvent  faire  sans  être  découverts  et 
punis  par  le  clergé.  »  Même  remarque  chez  les  Tschouwaches  '• 
Leurs  prêtres  sont  tour  à  tour  sacrificateurs,  diseurs  de  bonne 
aventure  et  magiciens.  Dans  les  villages  où  il  n'y  a  pas  de 
prêtres,  un  sage  vieillard  en  fait  les  fonctions;  ils  ne  se  passent 
jamais  de  prêtres  ». 

Le  christianisme  n'avait  pas  encore  pénétré  chez  les  Ostyaks 
septentrionaux  en  1776^.  Ce  qui  en  est  dit  montre  que  le  culte 
des  Tschérémisses  et  des  Tschouwaches  élail  bien  l'ancien 
culte,  le  culte  national  resté  pur  malgré  son  contact  avec  le 

1.  Nous  De  devons  pas  nons  étonner  de  trouver,  chez  Ie§  catholiques  ou 
protestants  de  nom  des  peuplades  malgaches  de  Madagascar,  Ja  même  fidé- 
lité plus  on  moins  dissimulée  à  leur  ancien  culte. 

2.  Les  curés  du  rite  grec. 

3.  P.  53  de  VEnquéle. 

4.  Op.  laud,,  p.  105. 


chrislianisme.  Nous  retrouvons,  on  effet,  les  mômes  usages 
choKlesOslyaks,  avec  plus  de  détails.  «  LesOslyaks  païens  ont 
des  prêtres  appelés  lot^.ha  ou  toschéba.  Ces  magiciens  interprè- 
tent tcssonges,  disent  des  prophéties,  commandent  aux  diables 
et  les  conjurent;  ils  guérissent  les  malades,  récitent  les  prières 
elfoiU  les  sacrifices.  Ces  Ostyaks  n'ont  ni  temples  ni  kérémets 
proprement  dits,  mais  ils  font  leurs  dévolions  sur  des  mon- 
tagnes ou  des  collines  consacrées  qui  se  trouvent  en  différents 
endroits  dans  leurs  forets  ;  sur  ces  monlagiics  ils  posent  diffé- 
rents st/m/ioles  (\m  représentent  leurs  idoles'.  Ils  craignent 
beaucoup  ces  collines  et  n'y  vont  jamais  couper  de  bois  ni 
puiser  de  l'eau  dans  les  sources  qui  pourraient  s'y  trouver. 
Depuis  ni2  on  a  brûlé  un  très  grand  nombre  de  ces  idoles 
(de  ces  symboles)  et  démoli  les  places  qui  leur  étaient  con- 
sacrées; cependant  il  y  en  a  encore  une  assez  grande  quan- 
lilé.  » 

Toutes  ces  nations  étaient  donc  très  religieuses  à  leur  ma- 
nière*. Le  rapport  répète  à  chaque  instant  qu'elles  croient  à 
l'existence  d'un  diett  suprême  :  pour  beaucoup  d'entre  elles,  un 
dieu  ayant  une  épouse  et  un  fils  ou  une  fille,  une  espèce  de 
trinité.  a  Lea  Tscliéréiiiisses,  par  exemple,  ont  un  Dieu  su- 
prême, Koujoujouma  ;  ce  dieu  a  une  épouse  qu'ils  nomment 
Yoiimon  Awa  ou  mère  des  dieux,  pour  laquelle  immédiate- 
ment après  rhtre  suprême,  ils  ont  une  vénération  particu- 
lières, lis  admettent  des  divinités  subalternes  bienfaisantes  et 
s'imaginent  qu'elles  sont  les  enfants  des  deux  divinités  su- 
prêmes ou  du  moins  de  leur  famille  et  que  le  gouvernement 
du  monde  et  la  disiribulion  du  sort  des  humains  sont  partagés 
entre  ces  enfants  des  dieus.  » 

La  théologie  des  Ostyaks  est  à  peu  près  la  même .  «  Pour 
ce  qui  regarde  les  idées  que  les  Ostyaks  se  forment  de  l'Être 
suprême,  ils  suivent  les  opinions  des  autres  nations  païennes, 
leurs  sacrifices,  leurs  adorations  sont  les  mêmes.  Ils  donnent  à 

I.  Mal beureu sèment  il  ae  qous  ust  pas  dit  en  quoi  consistaient  cas  lym- 
a.  Ailmadum  liedilae  religiuni/'ui  [Céiar,  B.  G.,  VI,  16). 


SUPERSTITIONS  DU  NORD  DE  l'eUROPE  ET  DE  L  ASIE  87 

Dieu  le  nom  de  Intien  Nom^  c'est-à-dire  dans  leur  langue  Dieu 
qui  est  en  haut  ou  Dieu  du  ciel.  Outre  cette  divinité  ils  se 
figurent  des  dieux  subalternes.  Lous  et  Komdéguenson\.  Aq^ 
noms  qu*ils  donnent  à  Satan,  lis  ont  un  dieu  des  eaux,  Ou- 
tegO'Lous  ;  un  dieu  des  bois,  Massou-Lous.  En  général  ils 
donnent  le  nom  de  Lous^  c'est-à-dire  de  Satan,  à  leurs  idoles. 
Ce  sont  des  figures  taillées  en  bois  ou  bien  des  arbres,  prin- 
cipalement ceux  où  les  aigles  font  leurs  nids,  ou  bien  ce  sont 
des  rocs  informes  ou  des  pierres  d'une  configuration  particu- 
lière et  peu  commune.  Les  deux  principales  idoles  des  Os- 
tyaks  auxquelles  les  Samoyèdes  adressent  en  même  temps  leur 
culte  étaient  posées  dans  l'année  1772  sur  la  côte  occidentale 
du  golfe  de  VObyy  dans  une  for^.t  à  70  wcrsles  au-dessus  d'Od- 
darsk.  dans  le  voisinage  des  yourtes  *  de  Woksarsk.  L'une  de 
ces  idoles  représente  la  figure  d'un  homme  et  Tautre  celle 
d*une  femme.  Chacune  est  posée  dans  une  cabane  sous  un 
arbre  contre  lequel  elle  est  appuyée  ;  elles  sont  toutes  deux 
posées  à  la  manière  des  Ostyaks,  couvertes  d*habits  de  drap 
et  de  fourrures  et  ornées  de  quantité  de  figures  taillées  de  fer 
blanc  et  de  lames  de  fer  ;  ces  figures  qui  sont  en  même  temps 
la  parure  ordinaire  des  chamans  ou  sorciers  de  la  nation  re- 
présentent des  hommes^  des  quadrupèdes,  des  oiseaux,  des 
poissons,  des  canots,  etc.  Les  hommes  adressent  leurs  prières 
à  celle  qui  représente  la  figure  d'homme,  les  femmes  révèrent 
l'autre  sous  la  figure  de  femme.  On  rencontre  dans  différents 
endroits  des  arbres  qui  passent  pour  sacrés  chez  ce  peuple*.  » 

Cette  mythologie  est  développée  ailleurs  avec  plus  de  dé- 
tails encore;  nous  n*avons  pas  intérêt  à  nous  y  arrêter.  Nous 
devons,  toutefois,  insister  sur  leur  principal  dogme,  le  dogme 
gaulois,  par  excellences  celui  de  l'imiyiortalité  de  Came.  Fré- 
ret  écrivait  déjà  en  1747  :  «Le  dogme  sur  Téternité  des  âmes' 


1.  Cabanes. 

2.  Fréret,  Les  superstitions  de  nos  populations  primitives  devaient  être  ab- 
solomont  les  mêmes. 

3.  Mémoire  sur  la  religion  des  anciens  peuples  de  C Europe,  éd.  in-12,  t.  XVII I, 
p.  179. 


'_k   WU«ION   DRS  GAULOIS 

t  [Mfwft  «Tt^ir  été  commun  aux  Gaulois  avec  les 
M.  Il  se  trouve,  quoique  mêlé  de  délaiU 
ba»  VEdda  on  dans  les  recuoils  de  l'an- 
Ksnldos  ou  poètes  de  la  Scandinavie... 
ice  même  système  chez  irautres  nations 
1  commerce  entre  elles,  il  faut  qu'il 
s  premières  idées  qui  se  présentent 
•  wriains  groupes  humains).  Il  serait  dérai- 
t^'il  ail  été  porté  par  tes  Grecs  ou  par  les 
renies  nations'.  » 
Lpv  une  sorte  d'intuilioD,  soutenait  la  même 
t  AîmII^  ces  doctrines  sur  l'immortalité  l'apanage 
A^h»  arrtbiqiies  et  gauloises  qui  en  auraient  eu  spé- 
tfc  Ayit'-  Nous  retrouvons  les  mêmes  dispositions 
pMMSbtnles  chez  nos  peuplades  finnoises  ;  ouvrons 
w*"i  â  s  *f  )t  des  Ingriens  baptisés  : 

t^tnpt^t^t  assista  à  l'eDtcrrement  de  leurs  moris.  Mds  ces 
^  ^liwit  retournent  à  la  fosse  pendaul  la  nuit  pnur  enter- 


M  qu'ils  répèienl  plusieurs  jours  de  suite.  Leur  o 

m  l'ûu  continue  à  vivre  dans  le  monde  souterrain, 

d«  la  terre  et  que  le  tombeau  n'est  que  l'habilation 

nisun  ils  enlerrenl  leur  nreenl  pour  en  faire  usage 

M»  parlent  aui:  décèdes  et  nux  morts  dans  les  tombeaux 

t)iteit)UBs  amis  de  l'auteur  de  ce  rapport  qui  sacaienl  la 

Mir|>rir«Dl  uu  jour  une  femme  dans  un  village  tschorien 

MMi  tl»  $>i»>'l'i't"rsl>ourg  e(  l'écoutèrent  sans  en  être  aperçus; 

MK  ayirM  U  mort  de  son  mari  elle  s'était  remariée  et,  pour 

U.  W.1>»«1  d»  son  défunt  et  pour  préreair  tout  accident  flcheui, 

>l  nmtMifl  tur  le  tombeau  du  décédé  où  on  la  trouva  couchée, 

4M tMTkxH'Dts  ni  des  lamentations;  elle  pleurait  et  geslicu- 

MmA  «nliv  autres  :  Te  voilà  mort  hélas  !  Mlas  I  ne  sais  du  moins 

AwfHf/'ii  ipounê  ce  garçon  plua  jeune  que  loi,  kélns!  këlas!  Je 

kP^  NHiiM:i''in  (Je fan  fils,  di  Ion  blondin,  kilas!  heias: 

LtfK  ti»wK^»  (lu  temps  do  César  n'obéissaient-ils  pas  aux 


A  <^  JIt*  ipio  le  giTuiK  de  CES  iiléee 


l'espril  dt  la  Gaule,  p.  r 


\ 


SUPERSTITIONS  DU   NORD  DE.L'EUROPE  ET  DK  L'aSIE  89 

mêmes  superstitions,  quand,  d'après  les  Commentaires^^  ils 
jetaient  dans  les  flammes  du  bûcher  tout  ce  qui  avait  été  cher 
aux  morts,  même  les  animaux;  quand,  diaprés  Diodore  de 
Sicile',  ils  confiaient  à  ces  flammes  des  lettres  à  destination 
des  morts  et  acceptaient  l'échéance  d'une  dette  à  payer  dans 
l'autre  monde  : 

«  Les  funérailles  des  Gaulois  sont  relativement  à  leur  état 
de  civilisation  {pro  cullu  Gallorum)  magnifiques  et  somp- 
tueuses. Tout  ce  qu'on  croit  avoir  été  cher  aux  morts,  même 
les  animaux,  est  jeté  dans  les  flammes  du  bûcher  et,  il  n'y  a 
pas  bien  longtemps  encore  que  esclaves  et  clients  étaient  aussi 
brûlés  après  la  cérémonie  funèbre.  »  (César,  B.  G.,  VI,  19). 

<r  Les  Gaulois  ont  fait  prévaloir  chez  eux  Topinion  de  Py- 
tbagore  que  les  âmes  des  morts  sont  immortelles  et  que  cha- 
cune d*elles  s*introduisant  après  la  mort  dans  un  autre  corps 
revit  pendant  un  nombre  déterminé  d'années.  C'est  pourquoi 
pendant  les  funérailles  ils  jettent  dans  le  bûcher  des  lettres 
adressées  à  leurs  parents  décédés,  comme  si  les  morts  devaient 
les  lire.  »  (Diodore,  V,  28.) 

cr  Autrefois  les  Gaulois  remettaient  le  règlement  de  leurs 
comptes,  le  paiement  de  leurs  à^W^sadinferos,  »  (Pomponius 
Mêla,  m.) 

«  Les  Gaulois  se  prêtent  les  uns  aux  autres  de  Targent 
payable  dans  l'autre  vie.  »  (Valère  Maxime,  II,  6.) 

Nous  reviendrons  sur  ce  dogme  en  parlant  des  druides. 

Le  rapporteur  russe  avait  déjà  dit,  à  propos  des  Tschéré- 
misses  :  «Les  Tschérémisses  pensent,  avec  la  plupart  des  peu- 
plades païennes  de  la  Russie,  que  l'existence  après  la  mort 
est  une  continuation  de  la  vie  actuelle,  à  peu  de  différence 
près  :  c*est  pourquoi  ils  donnent  aux  morts  des  meubles,  de 
l'argent,  des  mangeailles.  » 

Nous  pouvons  noter  un  certain  nombre  d'autres  usages  sj 
pnHant  à  des  rapprochements  intéressants  :  «  Les  Finnois 
païens  honoraient  un  dieu  universel  dans  leur  joumar  ou  jou- 

1.  César,  i/.  G,  VI,  19. 

2,  Diod.,  V,  28. 


!NI  LA   RF.MGION    l»F.S  GAl'LOIS 

;;<^///ii4|<>ntirié  h  T/tor  ;  ilsropn*si>ntaient  ci*  iIiimi  aoiih  la  li^^nn* 
il'iinr  ^ramlc  slahie  portant  un  rollirr  («>n|ni*s'  d'or.  "  ^n 
sait  que  Ii*  colIiiT  ou  torques  d'or  n'était  pas  seulement  «tiex 
les  I îaulois  un  insigne  mililairo.  réronipense  ilu  courage,  r't*tait 
eurore  Taltriliut  «le  certaines  tliviuilés.  deOrnunnos  et  il'.Vr- 
léinis  entre  autres,  ainsi  tpie  rétuile  des  nuinnaies  d*or  de  la 
(iaule  et  certiiiiies  représentations  li^nrées  ledémontrent. 

.Nous  piissétl«inseu  (îaule  un  ^rand  ntunbre  d'enceintes  prr^ 
ce/iif/fir%,  au  sens  que  nous  attribuons  â  re  terme;  quelqui-s- 
unes  remontent  à  l'époque  néidithique.  On  s'eKt  demantlé  miu- 
vent  si  la  plupart  de  cen  oppida  n'étaient  pas  des  lieux  de 
reunions  reli;;ieuses.  Les  /irrrmft*  di*  nos  peu|dades  finnoises 
destinées  a  rarnkmpii>semt*nt  de  sacrifices  religieux  seuilil«'nt 
renijre  riiypolhêse  prohalile. 

Kcout«*z  ce  que  «lit  i'/f/tyi/r/^  :  «i  Le  culte  des  dieux  ne  se 
fait  pas  dans  les  temples,  mais  en  |d»'in  air  dans  des  places  cnu- 
sarrécs  qu'ils  nomment  h^rvmrt.  Ils  r)nt  des  places  sacrée»  t;e- 
nérales.  d'autres  partirulii^res.  Ilans  ces  dernières  des  familles 
i^ojfi's  font  leurs  di'voiions.  I)ans  les  premières  s'a^Henildent 
lies  villages  enlii'rs.  Ils  clioisi>.srnt  les  forêts  ou  l«*s  collines 
élevéï's.  Si,  |iar  h.iNani,  il  ne  n'en  trouve  pas  «lans  le  voi^ihaire 
ilu  \illai;e,  oii  chiiiMt  un  i-niimit  ou  il  v  ail  plusieuis  ariires  : 
il  iloit  y  en  avoir  pioir  le  moins  un,  et  nn  d*tHw  ioujuiir*  ht 
ftrifvrvw»*  tiut  t  hrtu'^.  L'arlire  le  |dus  c«nisideralde  v>{  consa* 
i-fi-  .1  ïnttmi,  le  ijii'ii  siipii*nie,  le  suivant,  moins  ^rand^  â 
)  'mm'ut^.Xwft,  s.i  ffinnii*.  et  les  aiilren  tant  iju'il  y  en  a  aux 
ili\inili*s  i(if»rii'uri*s.  L«*s  fenimes  n'osent  pas  approclirr  de 
ri's  cndruits  curis.iirès  rt  \\*%  liumuM's  n'y  paraisM*nt  jamais 
s.iiis  s'i-tTi'  liaiL'iH's  i*t  lialiilles  pr«ipri'ment.  S'il  est  possi|)|«*,  lU 
t.*i<  lii'iil  i|f  iii*  p.is  \i'iiir  1.1  lidiirM*  vide  :  s«*lon  i'opiniioi  i|e 
piii^ifiji  <»  •li'iilii*  riix.  Il*  Lt'rritir:  liii-méme  i-^t  \\\\\*  di\inile 
piji'««.iiiti*  «-t  liii-ii\«*illante.  Li>  rlii-val  i**»t  la  victime  la  plus 
riTJii'ii*li»'i*. 

L<'«  i'xiliioiw.ii  lii*si-iinNideraii*nt  si  Iden  les  kerémet  comme 


\ 


SUPERSTITIONS  DU   NORD  DE  l'EUROPE  ET  DE  L*ÂSIE  91 

des  divinités  qu'ils  adressaient  leurs  prières  à  Kérémet  Asch 
(Kérémet  père),  à  Kérémet  Amsha  (Kérémet  la  mère),  à  Kéré- 
met Onewli  (Kérémel  le  tils).  Il  est  difficile  de  ne  pas  recoo- 
naître  ici  l'existence  d'une  triade. 
Je  pourrais  faire  beaucoup  d'autres  extraits  intéressants. 
Quand,  en  1823,  Tamiral  Wrangel*  entreprit  son  voyage  en 
Sibérie,  la  situation  n'avait  pas  changé.  Les  paysans  bapti- 
sés étaient  restés  aussi  païens  qu'en  1776.  Les  chamans  ou 
magiciens  y  avaient  encore  beaucoup  plus  d'influence  que  le 
clergé  orthodoxe.  Les   populations  étaient  restées  au  fond 
complètement  païennes. 

Wrangel  raconte  une  scène  horrible;  l'immolation  d'un  chef 
respecté,  sur  l'insistance  des  chamans.  Rien  ne  peut  mieux 
montrer  la  puissance  traditionnelle  des  superstitions  concer- 
nant le  sacrifice  des  victimes  humaines. 

Cette  scène  est  le  meilleur  commentaire  de  ma  leçon  sur 
les  sacrifices  humaiiis  : 

Les  Tscboaklas  en  arrivant  à  la  foire  d'Oslrownayé  y  avaient  apporté 
le  germe  d'une  maladie  contagieuse.  Les  secours  de  Part  fournis  par  le 
ponvernement  (il  y  avait  à  Ostrownayé  des  médecins  officiels),  les 
prières  du  rlcrgé  orthodoxe  étaient  restées  impuissantes  à  conjurer  la 
marche  du  fléau  qui  au^^montait  cha(|ue  jour. 

bans  d'aussi  tristes  rirconstaiices.  \Q%TschoukiasMiin  que  chrétiens, se 
(iéci(i»TeiU  à  avoir  recours  â  la  science  occulte  des  chamans.  Ceux-ci  se 
réunirent,  firent  de  solennelles  conjurations  pour  évoquer  les  esprits  et 
savoir  ce  qu'il  fallait  faire.  Les  cérémonies  achevées,  les  chamans  décla- 
rent que  les  Esprits  irrités  ne  feront  cesser  le  tléau  que  lorsque  le  ver- 
tueux Kotschèncy  Vun  des  chefs  les  plus  vénères  de  sa  nation,  leur  aura 
été  oflert  en  sacrifice, 

Kotschène  était  Tidole  du  peuple  et  peu  s*en  fallut  que  les  devins  ne 
payassent  de  leur  vie  ce  conseil  barbare. 

Cependant  la  maladie  continuait  à  sévir,  tandis  que  des  chamans, 
aussi  cruels  que  leurs  divinités,  demeurent  inébranlables,  refusant  les 
présents  qui  leur  étaient  offerts  pour  fiéchir  la  colère  des  Esprits,  mé- 
prisant les  menaces  qui  leur  étaient  faites  et  bravant  les  qiauvais  trai- 
tements. Alors  ceux-là  mérnes  qui  estimaient  le  plus  la  victime  désignée 
sentirent  leur  dévouement  chanceler  et  crurent  qu'il  était  de  leur  devoir 
(Je  consentir  à  ce  que  le  sacrifice  fût  consommé. 
Kotschène,  de  son  côté  se  prépara  à  la  mort,  rassembla  le  peuple  ha- 

1.  Op.  laud.y  Exploration  du  nord  de  la  Sibérie, 


«1  dËclarA  qu'il  voyait  lui-même  par  les 
r^pidéinie  que  les  Esprits  s'irritaient  de 
^^M  fw.  vitulant  avant  tuut  sauver  le  peuple,  il  se 
—  a  »awtr-  Kn  prononçant  ces  mois,  le  vieillard 
»  f>  M  pK^enle  aux  coups  du  tourreau.  Mais  nul 
-«  fi^a  iDT  lui  une  main  sacrilège.  Il  fallut,  chose 
il,  que  les  mlsùrahles  chamans  forçassent 
parricide,  à  égorger  son  pSre. 


douter  do  II 
«quelque  lio 


a  véracité  des  récits  que  nous 

ribles  qu'ils  soient? 

lownlrouvail  en  Tartarie  et  au  Thibel,  inal- 

t  J^jà  ancienne  dans  ces  pays  non  pas  du 

i  du  bouddhisme    et   du    lamanisme,  qui 

t  tl'uD  ordre  élevé,  un  étal  social  où  ces  su- 

HMKoro  loi  ans  yeux  du  peuple.  Tout  ce  monde 

lilé  et  en  est  encore  infecté.  Le  P.  Hue  en 

uVurs  reprises  son  étonnemenl.  Il  y  voit  une 

.  Le  boiidrlhisme,  en  effet,  aussi  bien  que  le 

jt'lle  ces  superstilioQS  —  en  principe.  —  Le 

,  ^HàMl*  un  grand  nombre  de  lamaseries,  il  en  admire 

liiou.  il  avoue  qu'on  y  respire  une  vraie  piél^;  le 

. . ...  ,!.■  (-.-s  lamaseries  est  éclairé.  Il  joue  un  grand  rôle 

i  ,  -  et  les  Mongols.  Il  n'a  pu  rompre  complète- 

w  ^nD^^i  ^  -tupurali lions  da  passé,  ft'ous  verrons  ies  druides 

V  .Jujmr  ♦j^lfOiont  chez  nous. 

^Nk  ^M^viittiul  les  bouddhistes,  dont  la  doctrine  au  temps 

Uxifeii'sVlvYait  à  un  spiritualisme  elà  une  morale  qui  peuvent 

•*<»i*»*e-**  l«»i"»l"'l*'  ''^^'^  l'Évangile,  n'ont  pas  fait  disparaître 

uo.  vjwwt.wHjil*'»,  mSih  ils  ont  été  obligés  de  tolérer,  d'adopter 

lJwW ^'-WA*'"*'*  ''"  "^*'*  pratiques  devant  l'impossibilité  de  les 

t«uutiv  **  l*  nécessilé  de  s'en  servir  comme  instrument  do 

•tfomwù'.'H.  l***  mi^dccine  des  lamaseries  est  encore  celle  des 

L»  umkU'OÎui^  écrit  le  P.  lluc',  estesclusivement  exercée  en 

,     )i^u  jWimrl,  1-e'  inscriptions  de  Piyadaii  (l'Açoka  des  Grec»),  1  vol. 
V\  UWI     t'I.VN'Ix"'  vivait  2j0  aue  eoviroa  avant  uotrc  ère. 
',  iylijv  «M  Tm-tarU  et  au  Thibel,  l,  p.  lOB. 


SUPERSTITIONS  DU  NORD  DE  L'EUROPE   ET  DE  L'ASIE  93 

Tarlarie  par  les  lamas  —  qui  ont  une  espèce  d'école  de  méde- 
cine dans  chaque  lamaserie,  —  mais  à  cette  science  se  mêlent 
des  pratiques  du  plus  pur  charlatanisme  : 

Aussitôt  qu*une  maladie  se  déclare  dans  une  famille  on  court  à  la 
lamaserie  voisine  inviter  un  médecin  ;  celui-ci  se  rend  auprès  du  malade 
et  commence  par  lui  tàter  le  pouls  en  promenant  ses  doigts  sur  les  ar- 
tères, à  peu  près  comme  les  doigts  du  musicien  courent  sur  les  cordes 
d'un  violon...  Puis  il  prononce  sa  sentence.  Comme  d*après  l'opinion 
valpaire  chez  les  Tatars,  c'est  toujours  un  Tchutgour,  c'est-à-dire  un 
diable,  qui  tourmente  par  sa  présence  la  partie  malade,  il  faut,  avant 
tout  traitement  médical,  s'occuper  de  Texpulser.  Vient  ensuite  le  traite- 
ment. 

Le  lama-médecin  est  en  même  temps  apothicaire,  il  porte  avec  lui 
toute  une  série  de  pilules  composées  de  végétaux  pulvérisés.  Quelques- 
uoes  de  ces  pilules  sont  réellement  efficaces,  mais  s'il  en  manque,  il 
o'est  pas  embarrassé,  il  les  remplace  par  des  pelits  morceaux  de  papier 
sur  lesquels  sont  inscrits  en  caractères  lhibétains*les  noms  des  remèdes.  Il 
eo  fait  des  boulettes  que  le  malade  avale  avec  autant  de  conflance  que  les 
pilules  véritables.  Après  que  les  pilules  ont  été  prises,  commencent  les 
dréinanies  magiques.  Ces  prières  sont  le  plus  souvent  accompagnées 
de  rites  lugubres  et  effrayants  que  les  bouddhistes  éclairés  réprouvent, 
mais  sans  pouvoir  les  empêcher. 

Le  P.  Hue,  étant  chargé  de  la  petite  chrétienté  de  la  Vallée 
des  eaux  noires^  eut  occasion  d*assisler  à  une  de  ces  cérémo- 
nies. Elle  est  utile  à  décrire.  Il  avait  fait  la  connaissance  d*une 
famille  mongole.  Un  jour,  la  vieille  tante  du  noble  Tokhoura^ 
chef  de  cette  famille,  fut  prise  par  les  fièvres  intermittentes  : 

J'inviterais  bien,  disait  Tokhoura,  le  docteur-lama,  mais  s'il  déclare 
qu'il  y  a  un  Tshutgour,  que  deviendrai-jc?  Les  dépenses  vont  nous  ruiner, 
lise  décida,  cependant  à  inviter  le  médecin.  Ses  prévisions  ne  furent 
paâ  trompées.  Le  lama  décida  que  le  diable  y  était  et  qu'il  fallait  le 
chasser  au  plus  tôt.  Les  préparatifs  se  firent  avec  la  plus  grande  activité. 
Sur  le  soir,  huit  lamas  arrivèrent,  et  se  mirent  à  façonner  avec  des  herbes 
sèches  un  grand  mannequin  qu'ils  nommèrent  le  diable  des  fièvres  inter- 
mittentes. Par  le  moyen  d'un  pieu  qu'ils  avaient  enfoncé  entre  ses 
jambes,  ils  le  firent  tenir  debout  dans  la  tente  où  se  trouvait  la  malade. 

La  cérémonie  commença  à  onze  heures  du  soir.  Les  lamas  vinrent  se 
rancer  en  rond,  au  fond  de  la  tente,  armés  de  cymbales,  de  conques 
mirines,  de  clochettes,  de  tambours  et  de  divers  instruments  de  leur 
bruyante  musique.  Le  cercle  était  terminé  sur  Tavant  par  les  Tartars  de 

1.  Caractèrefl  sacrés. 


9i  LA    KELIGION    l»KS  GAUI^IS 

l.'i  fariiillf,  .111  rinmltro  Ht*  ihmiT;  iU  H|:iiiMit  toun  »ririiU|û«  ri  pr**«M'«  li-« 
uriH  t'iiTitiv  |(*s  nulle»  l.a  vjpîlli*  à  frciiiiiii  ou  plutAl  ni^Nisr  »ur  %•*«  l.ilniii 
l'tail  t*ii  f.n'i*  (lu  ni.'iiititM|uiii  i|ui  r<-pr<'*%i*iil.iil  !•*  dialilr  ilr*  Itfvrp^  1^* 
t.ini;i-'l<M-trui  •  .i\;iil  (lf\;int  lui  un  ci  .uni  Im^mii  cii  i  ui\rr  n-iiiph  ili*  \fUX 
niillt'l  !•!  «If  i|ui*li|Ufs  statu«'l(i-s  lalint|U<'t*s  .i\fr  ili*  la  |i;itt'  il**  t.iriue 
(Jiif!i|'i«*H  4ntj  ./<  (Iitiii^f*  i|i*  VihIh'^  ^iiflaiiiiiit'^  j«  t.iii'iil.  avec  lii*nu<  ••up  (!■• 
fiirni'i-,  uiii*  IiiiMii  f.iiil.i^ti'iiii'  i-t  vai'illaiitr  >ui  rrtli'  rtraiip'  mviii*. 

A  un  M;;ii.tl  iliiiiut'  l'nii  Im^sIt**  ficcuti- uni*  tiutntutv  niu^iraii*  i  .ip.ilil^ 
ir«'fTii\('f  If  iliaMf  W  plu^  nilf't'pHli*.  I.f■^  h^mium  rintr^"  li.ilt<ii**nl  (!•*« 
maui*  en  •'.i«li*ihv|Hiur  ai  «'oinp-ik'ntTli'Viii  cliari^aMiiui*  k\v^  in»(nini<  nM. 
«l«'*k  IiuiI*'IM<-iiIh  fl  «1rs  |i|if|fs.  iMiiH  te  l.inia  (luviil  h*  hvr«'  «1**^  <*i(ir- 
ristni's  i|u'il  |Mis.i  sur  M"«  ^i'nnui  A  nifsuri*  <|u  il  piiiUMiiciii  \vs  ni>iU 
sitraiiK'ii'*  N.  il  puisait  il.iiiH  ji*  |i:isHiii  «|i>  i-uHrc  «piflipii-<»  .rain»  «l^'  p<*tit 
riiiiti*!  «pi'il  piiiji-lait  «M  ••(  la  aulnur  i|i'  lui.  si-lmi  «pi'il  t't.i't  iniri|ui-  pir 
la  ruliri'pjf. 

\pl>s  ili's  iiil«'rpi>||.|||M!|H  \i\f^  rt  aniMl  l's  «{U  il  a>lr''ss.iil.  m  ;:i*sti>  II- 
laiil,  au  nMiiiit"piiii.  il  «l>uiri  i  un  Mu'ual  i-n  i'*ltMi«lant  N-s  t>rn4  a  «Ir-'uti'  ••\ 
n  ijiiii  In'.  I«tus  \*\  !.iiu-i^  i-uli>iiiii'r<*iil  .lu^^iliM  un  lnilliiil  refraiii  «ur  un 
t'iti  pii-ii|ilt'  it  i.i|iii|f.  rmi^  i'«  iiistinini-iils  «l*'  inii«i<{U«*  •  lin-nl  fu  j«'ij  ; 
|i-s  jm-  tli'  Il  f  iinil  •■  «••ilaiil  )>riis  |U'iiii-nl  .i  li  UW  ^f  m  ti-iil  a  fair*-  fii 
•  •iiir.inl  !•' Imiii  ili*  Il  (•-iii»  «pi'iU  fiapp.iifiil  \i'iltMii[ii«'iil  .t%i'i'  «Ifs  |>i<rri'« 
pt'iiil.inl  (pi  iN  p'iiis«.iii'iit  <|i'«  l'IIS  a  faiii'  flr*'ssi*i  |i'!i  «lir^rui  sin  ii  Ip'-I-- 
Apit's  .unir  ••i»'i''ili*  ir-is  r>isi<-(i>-  .  mrsi*  inriTiiali*.  Ii  liU*  ri-iilr*'  :\\-<- 
pri'«  ipil  ilhiii  il  •  liji'iiii  sf  ii'riii-i  i-n  plji'*'. 

Xl'ifs  pf'h  I  ml  ipii'  liiii<»  li-s  .i«si«|.i!i|h  %i'   I  .|i  Ii.in>nl  la  fUMifr  t|i*«  ilcui 
rti  iiii«.  If  il  ••  t- m -i  iiii  I  *•'  l>'ia  p'Hir  .illrr  niftii<-  if  d-ii  .m  iiiiMin'pim 
l.f  «  'i    piiriK«  fi-ir^   «  •  inp-il'-r*  11!  «hl  «li  iM*'  f  litl  iiiiiii*'   f  t  rniii  iift  ni  |i-   p  .r* 

|i'!  •iiii<«  1 1  pi  iiM>-,    •■■Il 'l**  Il  iffiif.  pi-nil-in'  <pi''  I*'  T' hut'j^'ur  •!•-«  Iit-»r«'f 
»f  .  'iisiirn  iii  '«Il  iiiiiii*  I  il'  «  «ris  1 1  ili-s  iiiipt>  •  i  itimis  iji-^  1  un  i«  •ii-in»-u 
ri'«  .ii'i  r  lupis  iLiii*!  ri!i(iii**iir  «|i*  li  tt-nif.  «  li.iut  inl  ji'urs  priffi  «  «ui  uii 
t'ili  ^i.iii-  •■!  ^••U  Min'l. 

It.'-ii'.i'it  loiit  !•■  m  ri-lf  s'irlil  tiiMiiiltii>-iis>  iiifut  h>«t«  ili- la  1«  n'f  •!  •  Ma- 
i  un  l'-ii  ml  il  in^  ■  .'i  l'i'j'*  ni  nu  iiin'  l-'i  •  ff  i  iiirn-  •■  itii  «•'  nul  «-n  m  ir  ■  li**. 
l'o 't  'fi  h' •  ri  MF*  il  ii>  ni  i>-«  pr  •  riiit'i  *.  piij«  iiiii-[  1 1  vii-illi'  tii*\i' iis*^  ••u. 
tr||i|.-  lit-  iliiiit.  •!  ,\>-  4:.iiii  )ii  •••ii«  M  ik  l'i-i*  p.ir  «l*-ui  ni'-iiiiii*  s  .1  U 
fini.  !•-  Iiiii'i*-  il  iMiia>i''  iiiif' Il  in-nl  !•'«  Iniil  I  ini-i«  «pn  fi.«i''n1 
r'-t'ii'ii  ifs  •iii«ii>  I' iir  f  porii  ml  li'ii-  niu«i-pi>-.  i*:i  •  •ii'liii«ii  li  .«  Ii 
\  ■•  .  il  iii«  iiii'-  t' rit*'  ^  >i«i!ii'  i.ir  :«  il  •■  !•  <ii -t  iriia  i\ail  «l*'' il*-  -pi*', 
«lir.i'i!  liii'  jii'n-  •iiiii-p-,  il'*'  if*  p"urri.l  l'iiiuriifr  «1  iiis  «••u  in- i'-nri«' 
h  ijii(.it.  -Il 

r.i*  «juM  \  a  lit-  Hiirpri'iianl.  tiit  \r  V   Hijr.  vV^x  (]ir«-i|)ri*«  re 


!     <.!■•  '.  .'I.  i-    ;,     .  •  :rTi.:,i    ;■«•    i  ■■  .t>',  •  r.  tiitl    •!  ifi«    \\   l.  'T^r  hi<     .a:;.  • 

I.   |ij<-  i.ii  r  iiik*  tr- -  i:.f'  tf  \ir  A  et  ;, '.i*iii«  i  i*iia*. 


J 


SUPERSTITIONS  DU  NORD  DE  L'eUROPE  ET  DE  L'ASIB  95 

riizatre  traitement,  la  malade  fui  entièrement  guérie.  Les 
accès  de  fièvre  ne  revinrent  pas. 

Vous  venez  d'assister  à  une  cérémonie  de  Tannée  4844  qui 
pourrait  bien  être  la  reproduction  de  celles  que»  deux  mille 
ans  avant  notre  ère,  les  magiciens  chaldéens  ou  mèdes  prati- 
quaient déjà  avec  des  formules  analogues,  que  les  chamans 
récitent  encore  jusque  dans  les  contrées  de  l'Amérique  bo- 
réale :  survivances  étranges  dans  des  pays  où  l'islamisme  et 
le  bouddhisme  ont  pénétré  depuis  plusieurs  siècles.  Laissez- 
moi  Tillusion  de  croire  que,  deux  ou  trois  mille  ans  avant 
notre  ère,  nos  ancêtres  assistaient  en  Gaule  à  des  cérémonies 
semblables  et  que  nous  revivons  ainsi  les  temps  primitifs  de 
la  Gaule,  et,  si  je  puis  dire,  en  respirons  l'esprit.  Là  est  mon 
excuse  d'avoir  si  longtemps  insisté  sur  ces  pratiques  barbares. 

U  ne  viendra  certainement  à  la  pensée  d'aucun  de  vous  que 
ces  charlatanesques  cérémonies  ont  été  introduites  en  Tartarie 
à  une  époque  relativement  récente  par  les  missionnaires 
bouddhistes  ou  les  marabouts  musulmans.  Vous  y  recon- 
naissez des  survivances.  Y  a-t-il  plus  de  raison  de  croire  qu'en 
Gaule  les  pratiques  analogues,  aussi  cruelles  ou  aussi  ridi- 
cules dont  les  auteurs  anciens  font  mention,  y  aient  été  intro- 
duites par  les  druides?  Vous  ne  le  croirez  pas  davantage. 


Vlir  LEÇON 

LKS  INFLUKNCKS  AllYKNNKS  >-  Lfô  FKIX  DK  IJi 

SAINT- JKAN 

Si  noiiA  n'avnriK  pu  saisir  pour  la  pri*mu're  période  «le  notrfs 
histoire  rfli;;i«*ii.H<',  rorr(*spori<iafit  â  la  civilisation  d«*  r*^i:*'  «le 
la  piiTn*,  antn*  rlios«*  qui*  f|u<*l(|Ui*!(  mar<|Ui*H  i*xti'*ri«*uri*!i  iii*s 
sup«*r>tiiionH  (i«>  n*s  t(*iiip!(  ri*rulr«.  saiiA  pouvoir  onp^riT  oq 
n^rmistiluer  fosprit  autnMii«*iil  (|u«*  par  <icH  coiij«*rtun*s  t*l  le 
rapprurljcniiMil  hypotlH*tii|ue  (l«*  Télat  Av  cvs  populatimift  avec 
t'clui  ili*.H  triluis,  arriérro.H,  ou  attaril«M*s  ^i  l'on  v«*ut,  d<>  la  race 
ou::ro-finiifii»f  n*Att*rH  à  l'état  ilr  <ii*nii-barlfarie' ;  il  n*en  i*ftt 
pluït  (il*  ni«*'in<*  pour  tout  w  i|ui  tourhe  au  di*uxi<^mi*  ^rou|»e 
qui  est  un  ^'roup«*  ili*  oiviliîtatiou  aryi*nn«*. 

.NtiuH  avons  dit  qui*  n*  croupi*  parait  avoir  éti*,  a  l'origini*, 
ri*ljitivcnirnt  pi*u  noinhri*u\  «*n  4iaul«*.  S«iii  inilu^nrc*  n'i-n  a  |»a4 
moins  «Ml*  4'iiii»idi*raldi*  si  on  l«i  nifsun*  ii.s«*H  i*lTi*ts  qui  m*  TidI 
«•U'iiri*  M'Utir  aujoiinriiui  l't  ilont  nous  pouvons  i^ai^ir  l'origine. 
Lii  lîiiiL'iii'  il«'s  Ar\us  i*t  ili*  li'urs  fri*n*s  d«*  l'Iran  iiou!»  est 
r«iiinu«*.  NouH  savons  <|u«*lli*  étai  l'organisation  luinale  des 
un*«  t*t  di*s  autres.  Imr»  iiisliiution»,  leurs  rrovanroA,  |i*ur  reli* 
L'ion,  H  uni*  épiM|iii*  presque  préhistorique.  Fustel  de  CU>ii* 
laiiL'*'**,  li'ins  hi  ntr  antifUf^  i\  uiontrè  quelle  iufluenrt*  cette 
\i«-i.lf  l'ivili^.ili'Mi.  moins  vieilli*  rr|M*iiiiant  i|Ui*ci*lle  deii  Tiial- 
<leiii««.  ;t\.iil  v\*  ri'i'i*  sur  les  ilnu  faraudes  nations  que  nous 

f     II*      '  r    ■;i      ••   Il    XïSJ*'  •  '{'il   .i{i;-if *!•  iiijriil  j  ifWr  liraurbr  «1^  1  bQBia- 
li:!t    t  •!  i.ii  rti  II  {-i      ••i.».*»4lit    ilr    1  ajil.tiJii^    •!•'    rei    U^bui    A    mlrvc   ûaill    U 

tin.,    i*      «  ,  t      •!•  it         I. 


LES  INFLUENCES  ARYENNES  —  LES  FEUX  DE  LA  SAINT- JEAN   97 

avons  prises  jusqu'ici  pour  modèles  :  les  Grecs  et  les  Romains? 
Nous  nous  inspirerons  de  sa  méthode,  a  Quel  souvenir,  écrit 
Fuslel,  peut-il  nous  rester  de  ces  générations  qui  ne  nous  ont 
pas  laissé  un  seul  texte  écrit?  Heureusement  le  passé  ne  meurt 
jamais  complètement  pour  l'homme.  L'homme  peut  bien  l'ou- 
blier, mais  il  le  garde  toujours  en  lui.  Car,  tel  qu'il  est  lui- 
même  à  chaque  époque,  il  est  le  produit  et  le  résumé  de  toutes 
les  époques  antérieures.  S'il  descend  en  son  àmc,  il  peut  y  re- 
trouver et  y  distinguer  ces  différentes  époques  d'après  ce  que 
chacune  d'elles  a  laissé  en  lui.  Observons  les  Grecs  du  temps 
de  Périclès,  les  Romains  du  temps  de  Cicéron.  Ils  portent  en 
eux-mêmes  les  marques  authentiques  et  les  vestiges  certains 
des  siècles  les  plus  reculés.  Le  contemporain  de  Cicéron  (je 
parle  surtout  de  l'homme  du  peuple)  a  l'imagination  pleine  de 
légendes  ;  ces  légendes  lui  viennent  d'un  temps  très  antique  et 
elles  portent  témoignage  de  la  manière  de  penser  de  ce  temps- 
là*.  » 

C'est  à  un  travail  de  ce  genre,  à  une  résurrection  du  passé 
qui  est  en  nous,  que  nous  appliquons  nos  efforts.  Cette  résur- 
rection, à  mesure  que  nous  avançons  dans  nos  recherches, 
deviendra,  nous  l'espérons,  de  moins  en  moins  hypothétique 
à  vos  yeux. 

Pour  la  période  que  nous  abordons,  si  nous  n'avons  pas 
encore  de  textes,  nous  avons  des  survivances  et  des  monuments 
figiire's^d'nue  incontestable  authenticité.  Parloqs  d'abord  des 
survivances,  qui  nous  présentent  un  champ  d'exploration  plus 
vaste  et  plus  général  et  qui  sont  l'écho  de  cérémonies  dont  il 
est  facile  de  démontrer  l'extrême  ancienneté.  L'universalité 
de  quelques-unes  de  ces  légendes  et  des  pratiques  qui  s'y  rat- 
tachent    conservées    pieusement    par   presque    toutes    les 
branches  de  la  grande  famille  aryenne  (Aryas  purs  ou  arya- 
oisés)  en  démontre  suffisamment  Tantique  origine.  La  persis- 
tance, la  ténacité,  Yineffaçabilité  de  ces  pratiques,  si  ce  mot 
était  français,  en  attestent,  d'un  autre  côté,  l'importance,  la 

l.  la  du  aniiqtte,  11*  édition  »  p.  4. 


LA  RELIGION    DES 


hauLe  valeur  sociale.  Hommes  et  choses  ne  laissent  un  loag 
souvenir  que  quand  ils  ont  joué  un  grand  rôle  dans  le  monde  '. 
Je  choisirai,  parmi  ces  pratique»,  celle  dont  le  caractère  est 
peut-èlre  le  plus  saisissant,  dont  l'origine  est  historiquement 
uoe  des  plus  sinon  la  plu^  ancienne.  Je  veux  parler  des  feux 
de  la  Saint-Jean.  L'ancienneté,  la  1res  grande  ancienneté  de 
ces  pratiques  ne  peut  faire  aucuu  doute  :  elles  remontent  à  la 
plus  haute  antiquité,  elles  font  partie  de  l'héritage  de  croyances 
et  de  rites  que  les  tribus  pastorales  de  civilisation  aryenne  ont 
importés  avec  elles  en  Occident.  Elles  n'ont  cessé,  avec  de 
légères  modifications,  de  jouer  chez  nous  un  rOle  traditionnel 
qu'apr&s  la  Révolution  française,  au  contact  de  la  science  po- 
pularisée. Nous  suivons  historiquement  leur  trace  en  Italie 
à  partir  du  viii°  siècle  avant  notre  ère. 

Ovide  [Fastes,  V,  vers  720  et  suiv.)  rappelle  que  ces  céré- 
monies ont  présidé  à  la  fondation  de  la  Ville  éternelle.  Il  les 
décrit  en  détail  :  on  les  renouvelait  k  chaque  anniversaire 
de  la  fondation  de  Rome. 

Bossuet,  dans  son  Catéchisme  de  Metmx,  reconnaît  que  ces 
pratiques,  rattachées  par  l'Église  au  culte  de  saint  Jean,  sont 
des  pratiques  païennes  et  que  «  VÈglixe  s'est  résignée  à  y 
prendre  part  pour  en  bannir  les  superstitions  auxquelles  après 
tant  de  siùcics  les  populations  ne  peuvent  se  résigner  à 
renoncer».  Ces  pratiques  étaient,  pour  ainsi  dire,  passées  dans 
leur  sang^. 
Bossuet  définit  ces  superstitions,  il  n'ya  pasà  s'y  tromper  ; 
Danser  à  l'enluitr  du  feu,  jouer,  faire  des  feslint,  jeter  des 
herbes  par  dessus  le  feu,  en  cueillir  acant  midi  à  jeun,  en 
porter  sur  soi,  les  conserver  le  long  de  l'année,  garder  les  tisims 
0)1  les  c/iarùons  du  feu  sacré.  Tout  cela  est  ce  que  l'on  faisait 
déjii  à  Rome  du  temps  de  Romulus.  Ces  cérémonies,  Ovide, 
sous  Auguste,  y  avait  pris  part.  Si  elles  n'avaient  pas  disparu 


1.  C'est  aiQâi  que  tes  lé^eaJes  les  plus  fabuleuses  «q  appsrcucc  se  ralts- 
cliunt  au  ijutii  de  César,  de  salut  Alurliu,  de  Cbarlemagoe  et  de  Roland,  oui 
un  foud  de  vci'Ité  qu'il  u'est   pa»  lu)posiiblc  de  dégager  des  talilea  qui  les  re- 


LES  INFLUENCES  ARYENNES  —  LES  FEUX  DE  LA  SAINT-JEAN      99 

<la  temps  de  Bossuet,  ce  n'était  certes  pas  la  faute  de  TÉglise, 
puisque  mille  ans  auparavant  saint  Éloi'  tonnait  déjà  contre 
elles  :  a  Ne  vous  réunissez  pas  aux  solstices,  dit-il,  dans  un 
mandement  à  ses  ouailles;  qu'aucun  de  vous  ne  danse  ou  ne 
saule  autour  du  feu,  ni  ne  chante  des  chansons,  le  jour  de  la 
fête  de  saint  Jean.  Ces  chansons  sont  diaboliques  ^  » 

Qu'était  donc,  à  l'origine,  la  fête  delaSaint-Jean?A  quelle 
fête  païenne  avait-elle  succédé  ?  A  une  fête  qui  se  célébrait  à 
Rome  sous  le  nom  de  Palilies  (fête  du  dieu  Palès)^.  Cette 
fête  se  célébrait  à  Tépoque  du  solstice.  Ovide  y  avait  joué 
dans  son  enfance  un  rôle  analogue  à  celui  de  nos  enfants  de 
chœur;  il  nous  Tapprend  lui-même  :  «  Je  puis  dire  que  j'ai 
souvent  porté  à  pleines  mains  la  cendre  des  victimes  et  les 
chastes  fèves  le  jour  des  palilies.  J^ai  sauté  par  dessus  les  trois 
(eux  alignés  ;  j'ai  aspergé  l'autel  d'eau  lustrale.  Faites  comme 
moi,  aujourd'hui,  bergers,  répandez  l'eau  lustrale...  Que  le 
laurier  pétille  en  se  consumant  au  milieu  du  foyer.  Ornez  les 
bergeries  de  feuillages,  que  les  portes  soient  ombragées  d'une 
longue  et  élégante  guirlande.  Tournez-vous  du  côté  de  l'Orient, 
prononcez  trois  fois^  la  prière  d'usage  en  plongeant  vos  doigts 
dans  une  eau  pure.  Allumez  les  feux,  puis  faites  passer  vos 
membres  généreux  à  travers  les  amas  embrasés  de  la  paille 
qui  pétille.  Le  reste  de  l'année,  Paies  vous  protégera,  vos  bre- 
bis seront  fécondes  et  vos  béliers  vigoureux.  » 

J'abrège  le  récit  d'Ovide.  J*insisterai  sur  un  seul  fait:  Ovide 
qui  prenait  part  dans  son  enfance  aux  cérémonies  des  pali- 
lies, qui  y  avait  joué  un  rôle,  qui  croyait,  comme  Pline,  au 
pouvoir  des  incantations,  ne  connaissait  ni  Torigine,  ni  le 
sens  mystique  de  ces  pratiques  religieuses.  L'origine  de  ces 


1.  Né  en  588,  mort  ea  659. 

2.  Cf.  J.-B.  Thiers,  Traité  des  superstitions ^  1. 1,  p.  14.  Il  est  bien  regrettable 
qu  aucQoe  de  ces  chansons  ne  soit  parvenue  jusqu'à  nous,  ou,  s'il  en  existe, 
n'ait  pas  encore  été  signalée  par  les  amis  du  folklore.  Voir  annexe  D. 

3.  \\  y  avait  aassi  une  déesse  Paies.  A  Torigine,  les  divinités  romaines  avaient, 
aux  yeux  des  fidèles,  un  sexe  indéterminé.  Les  formules  de  prières  sont  sou- 
vent rédigées  ainsi  :  sive  deus  sive  dea. 

4.  Le  nombre  trois  est  à  noter. 


14()(i()9 


L\    RELIGION    DES  GAULOIS 


i  se  perdait  déjà,  comme  on  dit,  dans  la  nuit  des  temps. 
I  riles  à  la  fondation  de  Rome  étaient  des  fitrvivances. 
Ovide  cberche  à  en  expliquer  le  sens.  Écoulons-le,  nous  ne 
trouvons  dans  ses  vers  autre  chose  que  le  témoignage  de  soti 
ignorance  : 
J'atn^iporl^  l'usage,  il  me  reste  à  en  chercher  rorigine, 

S^t»uilus  mos  est,  morii  miki  restât  origo. 
Mitifl  otplicttion»  se  pnisonteiU  à  mon  esprit,  quelle  est  la  bonne* 
Turti'i  fncit  liubium  ;  il  y  en  a  tant  que  je  oe  sais  laquelle  clioieir,  nî  par 
ou  commencer. 

Ovide  en  propose  sept  : 

t°  Le  feu  d^vontiU  purifie  tout  ;  il  r   id  aux  mélaui  leur  purelé.  On  a 
peiuii  qui!  sa  vertu  purillcitlrice  s'^len^  lit  aux  bergers  et  aux  brebis. 
Mdnwcuni  duce  piitt/nl  ovtt. 
CeUti  première  explication  lui  parait  trop  matérielle.  D'ail- 
leurs le  feu,  dans  ces  cérémonies,  n'agil  réellement  ni  sur 
les  pastvurs  ni  sur  les  brebis. 

2*  N'est  mpasplulfll  que  le  feu  et  l'eau', ces  deux  principes  contraires, 
sont  cepenitant,  lus  principes  do  toutes  choses»  Nos  pères  ont  eu  cou- 
Bcioncn  de  cette  vôrit<i.  IUoqI  pcnui  que  ces  deux  principes  réuois  dans 
unr  in'mc  i-^rfiimnif  ftiiraieol  sur  notre  corps,  comme  sur  nos  trou- 
peaux, une  iniluence  heureuse. 
Explicalion  encore  trop  naturaliste  qu'Ovide  repousse. 
3*  Esl-ce  parce  que  l'eau  et  le  feu  sont  pour  l'homme  une  cause  de 
TÎe  ou  de  mort  ? 

An  qiuad  in  Aïs  vitae  causa  ett  ? 

Li  porte  de  l'eau  et  du  feu  équivaut  à  la  mort  pour  l'eiilé. 

Non,  ce  n'est  pas  eucore  cela. 

Vix  eqtâdtm  credo. 

1*  Il  en  est  qui  Toient  dans  ces  cérémonies  une  allusion  à  Phaéton  et 
au  d0lu)!>'  de  Deuoalion. 

Ovide  n'est  pas  plus  satisfait  de  cette  hypothèse. 

y  iraulivs  ra.-onlent  qui'  des  bergers  frappant  un  jour  contre  des 
■aÙlou\  llr.-"t  jaillir  une  -iliucelle.  La  première  s'éteignit,  mais  la 
'  •  iHilc  alla  ombraser  de  la  paille.  Les  feux  des  Patilies  rappelleraient 
,^»c  d.'couv,Tt,-, 


LSS  INFLUENCES  ARYENNES  —  LES  FEUX  DE  LA  SAINT-JEAN      101 

Explication  peu  satisfaisante  encore  à  ses  yeux. 

6«  Ne  S9ralt-ce  pas  plutôt  la  piété  d'Ênée  qui  aurait  donné  naissance  à 
cet  usage»  Énée,qui»  après  la  ruine  de  Troie,  passa  sain  et  sauf  à  travers 
les  Ûammes  en  emportant  son  père  Anchise*. 

Toutes  ces  explications  lui  semblent  insuffisantes.  11  en 
propose  une  septième  qui  lui  parait  plus  vraisemblable  : 

Hoc  ttimen  est  vero  propius. 

A  répoqiie  de  la  fondation  de  Rome,  quand  il  fallut  porter  les  dieux 
Lares  à  de  nouveaux  foyers,  les  pasteurs  nos  pères,  au  moment  de  quit- 
ter leurs  toits  agrestes  pour  toujours,  y  avaient  mis  le  feu.  Troupeaux  et 
paysans  durent  traverser  les  flammes. 

Per  /lammas  saluisse  pecus,  saluisse  colonos. 

C'est  ce  que  nous  renouvelons,  ô  Rome,  dans  le  Lalium,  à  ton  jour  de 
naissance. 

Quod  fit  natali  nunc  quoque  Roma  tuo» 

Telle  parait  à  Ovide,  après  réflexion,  l'origine  de  ces  céré- 
monies. 

Ovide  se  trompait.  La  critique  moderne  pénètre  dans  le 
secret  des  choses  religieuses  plus  avant  que  ne  faisaient  les 
augures  du  temps  de  Cicéron  et  d'Ovide.  Les  Palilies  étaient 
une  manifestation  extérieure  du  vieux  culte  du  feu  qui,  avec 
le  culte  des  morts  ^  se  retrouve  à  Torigine  chez  toutes  les 
tribus  où  Tesprit  des  Aryas  a  dominé,  chez  les  Celtes,  chez 
les  Slaves,  aussi  bien  que  chez  les  Perses,  les  Grecs  et  les 
Romains. 

A  côté  des  mille  divinités  sansnom^  dans  le  principe,  et  sans 
sexe  comme  chez  les  Pélasges*,  réprésentant  les  forces  de  la 
nature  divinisées  ;  à  côté  des  dieux  topiques,  particuliers  à 
chaque  contrée,  que  TArya  ou  l'Iranien  ne  put  emporter 
avec  lui  dans  ses  migrations,  pas  plus  que  les  arbres,  les  lacs, 
les  fontaines,  les  vents  et  les  nuages  de  la  patrie  première, 
au-dessus  de  toutes  ces  manifestations  secondaires  de  la  puis- 

1.  Cette  hypothèse  prouve  que,  diaprés  Ovide,  l'usage  de  ces  feux  remon- 
tait bien  au  delà  de  la  foDdatioo  de  Rome. 

2.  Fustel  de  Coulduges,  op.  laud.^  2«  édit.,  p.  20;  Preller,  Les  dieux  de  C an- 
cienne Rome  (trad.  Dietz),  p.  369. 

3.  Hérod.,  Il,  53. 


102  i.A  PF.UGiON  nrs  <;Ari.niR 

«anri»  «iivino.  pl.innil  iino  roliy:ion  ^iipi^TÎniiro  pins  L'i^nrrali-,  la 
n*li;:ii)ii  *l<*  la  liimirn*  ri'*li*Hie.  dn  f«'ii  qui  ilf'viiil  la  n*li::inii  liii 
soloiL  L<*  fou  ôlail  un  dini  aux  youx  tlo»  Aryas,  Irur  {iriiiripal 
ilifu  *  :  co  liiou.  ils  étaient  pprsiiadf*^  (|u'il  lioscfudail  ^ur 
raiitel  à  l'appiO  (lu  rlirf  ili*  faniilli*,  plus  tani,  ilu  rh«*f  (l«^ 
nV.  Le  feu  ôlait.  [iDur  <mix.  IVmblêmi'  ii«*  la  vi«*  pliysi(|ui*  <*t 
moralo.  rrmhiAme  di*  la  pun*(t'*.  i>t  c«*lt(*  i(i«''«*  n*liLM«'Usi*  avait 
pris  un  U'I  cinpin*.  «Mail  lifVtMiui*  un  ti*l  artirle  ii<*  Tii  rh«*/  l«*s 
triliiis  lif*  la  rar«*  i*t  sur  h^urs  sujets  ipif  n<mA  la  n*lriiUVons«>n 
Tirrri*  v{  vi\  llalir  pn*sf|n<*  inalti*r«*i*  jusi|u*à  uni*  i*p<H|ii«*  \4ii. 
i«ineii«*s  r(in(|ii«'^t<*s  ilii  rlirislianisnio. 

I.n  TiMisiiii  il'iiiiitit'i  Mil  it'iiti  Uiwiiiiii.t'irit  |-'iih|i'I  i|i*  r.<iiil.ink*' H*,  ri-n- 
r*-f  iii'ilt  tiii  .iiiti-l.  Sur  •'•-t  .iiilt  1,  il  tifv.iit  y  avilit  l'injinii^  iiii  |i('ii  i|f 
•'•'ii'tn-  t'I  il>-  l'Iiirliiin^  .illiiiii'-<»  :  «  •  l.iil  iiii'-  ■•hli;:  ilmii  «n'i**-  |-tiiir  lf> 
liM.ii*' <!•' i  II  i'{it«'  III  u*k<«ii  •i'<ti1i<  t''ini  II*  r<-ii.  j'iiii  il  iniil.  \|nllii->ir  i  l.i 
iiiii«<iii  fti|  il  \i'n.ii(  1  «'i-'f'iriM*  <.|iii|iif  I  'iir  «iii  •'•■ii\i  lit  li*«  i|iirNiti« 
tl''  ii*ii«lt«*  pMiii  \*-\  fiii|i/-.  hi'r  i|t>  Si-  I  iiii«inii*'i  •-iiiii*r>  iiii-iil.  \n  t*-\ri*,  !■• 
|>f'-iiii<-r  *>-iiii  ft.iir  il»*  r.ivi^ii  ]•   f*-ii  1 1  ii>'  I  il  iifiili-i   .i\i*>  •|ii>  I  {i|t'«  tii  m* 

l'Ii  i.:'*«    I.**  f''ii    11 <««  ni  «II*    l'iill'-i   siif  1  i(ilt>i   i|n>    l>iMi|iii*    il  finii!  •• 

.nul  |»«ti  Imit  »'.1ii'i''.  f.iyi  •"•(•'iii!.  fifiiil!»'  ••Ii'iiiti*.  «'■liH'iil  lîi  *  •-i|<ri«- 
«i>iii«  s\  iiiiin  rii«  «  •  fp'i  l"«  .iii>  i>'ii«    1. 1  •  il*   • '«riiiiH' Il  fiiiiill»  :i\  nt  «  m  f>-ij 

^.i.'fi-  i|i|i-  11'*  \i'«|.ili-«  .1  li'iriit*  l't  ii<-nt  <  il  II .' r«'iili.-l.'iMt .  I.i  !••  u'ii*. 

«oui  lit  «inf  I  ••  t»ii  fùl  l>iijj'iiir«  fini.  <.•■  iim  «i/inlinl,  .i(i  «•-[!«  I  M*r  il. 
«|ti  m  "iii    ■l-jf'.  •>  il"  II'-  «I»'»  iil  •  Ir  ■  j-'l»   •!  H»*  '■••  f"ii .  l'i  *'ii*  lijuriv  'iif  |i| 

l"MM«*      l'lj'«T|       "II.    iti'*     II-'     •l"\   lit     «'II-'     •     illlllli«*-      l'Il     *l     [i|  .'•••■ll'-i'.     <•       ft-|| 

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lî-  fr  .*  rr  r  %{•  l'Ti--  î  !■■  1 1  II-  if  ■  %  tl  ■!  ■  •■  ii«  -1  ntir  fm^t.-rt^  -trlrnii  iji  •  *!  •  rn 
f  I  '^  •    -t  r    ■  ■  t:  .-■  i*    .li:  |  ».  .    .V  ."i  j,    •  .  frr«tii«.    «-.lit     Miller.  |i     I-*.      <• 

•  I.  .-f*  ••■■  «'.r  .  ;.»..*»,  ;.,  i  ,,  ,*  .., .  ..'  tKr  ij»i  ■rn'  /•■••'i.  I  p  1  •*  2z\  »f 
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LES   INFLUENCES   ARYENNES  —  LES  FEUX   DE    LA   SAINT-JEAN      103 

Ces  difTérentes  règles  prouvent  asscx  que,  dans  l'opinion  des  anciens,  il 
ne  s'agissait  pas  seulement  de  produire  ou  de  conserver  un  élément  utile 
et  agréable  ;  ces  hommes  voyaient  autre  chose  dans  le  feu  qui  brûlait 
sur  leurs  autels.  Ce  feu  élait  quelque  chose  de  divin.  On  lui  rendait  un 
véritable  culte.  On  lui  adressait  des  prières*. 

Les  mêmes  prières  sont  adressées,  aujourd'hui,  à  Agni  par 
les  Indous.  Le  feu  du  foyer  était  la  providence  de  la  famille  ;  le 
feu  sacré  était  également  la  providence  de  la  tribu  et  de  la 
cité.  Ce  culte  remontait  bien  au  delà  de  rétablissement  des 
Hellènes  en  Grèce,  des  Latins  en  Italie.  Le  Foyer,  'Eoria, 
n'était  pas  aux  yeux  des  Grecs  la  plus  grande,  mais  la  plus 
ancienne  de  leurs  divinités.  Ils  le  reconnaissaient  implicite- 
ment. Dans  les  sacrifices  qu'ils  faisaient  à  leurs  deux  plus 
grandes  divinités,  Zeus  et  Athéna,  c'était  à  'E^Tia  que  l'on 
adressait  la  première  invocation.  Toute  prière  devait  com- 
mencer et  finir  par  une  invocation  à  'EjTia. 

A  Olympie,  le  premier  sacrifice  qu'offrait  la  Grèce  assemblée 
était  pour  Estia,  le  second  pour  Zeus  : 

Nons  touchons  ici  au  nœud  même  de  la  question. 


Importance  des  fêtes  religieuses  dans  la  haute  antiquité. 

Les  fêtes  religieuses  étaient,  dans  la  haute  antiquité,  chez 
les  Celtes  comme  chez  les  Hellènes,  des  fêtes  à  la  fois  politiques 
et  sociales.  Nous  avons,  à  cet  égard,  en  ce  qui  regarde  les 
Celtes,  des  documents  primitifs  relatifs  à  l'Irlande.  La  néces- 
sité de  ces  réunions,  leur  utilité,  est  facile  à  comprendre.  Les 
Aryas  et  leurs  descendants, même  après  qu^ils  se  fussent  plus 
on  moins  mêlés  à  d'autres  familles,  vécurent  longtemps  à  l'é- 


!.  Une  de  ce«  prières,  qui  nous  a  été  conservée  dans  le  recueil  des  Hymnes 
orphiquet,  e«t  conçue  ainsi  :  Rends-nous  toujours  florissayils^  toujours  heureux^ 
i  fi^yer^  6  toi  qui  es  étemel,  beau^  toujours  jeune^  loi  qui  nourris,  toi  qui  es 
rtrM,  reçois  de  bon  cœur  nos  offrandes  et  donne-nous  en  retour  le  bonheur  et 
^  t^nté  qui  nous  est  douce  (Wjmu,  orph.,  84). 

2.  PaoMDÎa».  V,  44. 


104  LA    RF.LKilON    PF.S  r.AULOIS 

lat  piiroinont  p«istiiral.  llii  instinct  piiiAsant,  la  fiirc«*  «li*^ 
rliostts,  II* s  poiisMi  â  lîxer  (i<*H  époques  rr?f;ulii*n*A  oii  li*s  fa- 
milles, puis  li's  triliUH,  pussent  «o  ii<»nner  la  main,  et  si*  ron- 
snltiT  sur  leurs  inlér/^ts  communn*.  Il  fallait  (|ueres  réunions 
eussent  lieu  à  (li*s  dates  faciles  :i  ihUerminer  d'avance,  r.nm- 
meut  fixer  l<*s  épo«|U(*s?  (lommeul  informer  cliai|u<*  ann«''e  U*» 
fjmiJIi'S  (je  pasteurs  éparses  souvient  dans  de  vaste<  cuntrei*» 
i»ù  chacun  clhTcliait  les  mcilliMirs  pAlura^es? 

hans  les  puvs  di*  montagnes  «u'i  nut  vécu  litn^lenip^  len 
\ryas  i*l  les  (Iflies,  les  pasl«*urs  passent  si>ulem«*nt  I  hiver 
dans  les  plaines.  Ils  nMutent  l'été  sur  Ii*h  plateaux  élevés,  nù 
ils  situt  l'iicnn*  plus  dispersés'.  Li>s  révolutions  du  soleil  |t*ur 
M*rviri*iit  d«*  réiriilatfiir.  Ile  fait  parait  avoir  été  une  reirle  L'ené- 
riilt'  dans  la  famillf  aryenni*.  Presi|ue  toutes  les  féti*s  ih*  I  au- 
tiijuité.  les  féii*s  solfunellfs,  auxi|ui*lies  ont  succédé  la  plupart 
lies  i;ratid«'s  télfs  chrétii'uni's,  Hont  réL'h'fS  par  li*s  péripéties 
les  plu*i  friippaiili'i  liu  Ciiursilii  soleil.  Ii*s  deux  solstices  et  let 
diMi\  éi|uino\i*s: 

Sn|?iliiT  d'élr  :  21  juin  ; 
Si»Ulii"e  d'hivi'f  :  2!  iléri-mlui'  ; 
Ktjiiinoxr  d(*  prinliMiip<«  :  21  mars  : 
K<)iiiii'>\»*  d'aiit'uuni*  :  2i  septi*uihr*'. 

L*"»  j*'ii\  H|\in|ii<|ui'N  «••'  •louiiaiciil  au  !*olstic«*  d'été,  l'/ftait 
.m  s.i|s(irt*  d  et«*  ijiie  f'ouimeiii;ai**nt  Ifs  tdvm|iiai|fs.  Ouand 
XMI1  rr!iii|iiri*  riiin.'iiii  <iii  rfinplara  h*^  idynipiailft  p.ir  if%  tn- 
ilii  f/»in^  '.  I.i  pii-niit-rt'  itiilirtinii  fut  fixer  au  2i  septeinlm*.  a 
ri*>{uiii->\«'  ir.iutoinni*.  i(fin:ii(|iions  (|ii>*  1**^  :;rand«*s  féK«*%.  Jeu 
;:r.iii'U  j'-ii\  d**  l.i  tiri'«"i*  s'in*.  pr#'s«|ui'  ti»us  fti»s  fél#»«*  ftol.iireA. 
.|i-^  ff-!t  s  .-Il  i'Iiiiiiiirur  du  Holeil  iiii  des  iiii*u\  tierilthcr  :  /i*u!i 


1     •<!     !iit  :i   t    •'    lr<>'i«r   iii''i{m    rlci  i  i-rltiu*   •iiiiiiiui    (i«iuf«    tf  u:ir   k^rt* 

;.  -  •       /*■•'••  •••■t.  îil  l'Ii;,.    //    V  .  \l.  .Vi    «r  f^bnifi^nf  d  r^rf.ii-ii  ^* '«w 

/.■.'■■       '  '.    •    ;.     .r    i  r'if- 'ii/rr    /ri  utn  •n^r/ff  <i'«ffrf     et  çiro- 

'  ■.'',.'    :it'     j  >tl'*-fit-    r;»i.i'ij.   ttrtr  -/"i    -l'I  'r^'d ;i|iîi0^ri« 

t  ,  .  #  .      , 

■  ■  .         ■       '  .11 

!..    i.|.-    ,  ..    r   t      i<-:it  1  ij'iiir  1  h  II  fh  ■!   imim.  «Uu-  Ui  -It^ptrlriu'ula 
•     .•;-':«-■       .•  :•  Il     •-  i  'tr'-r**,  (ii:ii  jr*  |iUiur«  Jr  I4  TbrtMli*. 

•     \*  Ti  ■  \     -!•    '\ki'ti''    i:i:i*-««. 


LES   INFLUENCES   ARYENNES  —  LES  FEUX   DE    LA  SAINT-JEAN      103 

Ces  difTérentes  règles  prouvent  assce  que,  dans  Topinion  des  anciens,  il 
ne  s'agissait  pas  seulement  de  produire  ou  de  conserver  un  élément  utile 
et  af^réable  ;  ces  hommes  voyaient  autre  chose  dans  le  feu  qui  brûlait 
sur  leurs  autels.  Ce  feu  était  quelque  chose  de  divin.  On  Jui  rendait  un 
véritable  culte.  On  Jui  adressait  des  prières*. 

Les  mêmes  prières  sont  adressées,  aujourd'hui^  à  Agni  par 
les  Indous.  Le  feu  du  foyer  était  la  providence  de  la  famille  ;  le 
feu  sacré  était  également  la  providence  de  la  tribu  et  de  la 
cité.  Ce  culte  remontait  bien  au  delà  de  rétablissement  des 
Hellènes  en  Grèce,  des  Latins  en  Italie,  Le  Foyer,  'Eoria, 
n*était  pas  aux  yeux  des  Grecs  la  plus  grande,  mais  la  plus 
ancienne  de  leurs  divinités.  Ils  le  reconnaissaient  implicite- 
ment. Dans  les  sacrifices  qu'ils  faisaient  à  leurs  deux  plus 
grandes  divinités,  Zeus  et  Athéna.  c'était  à  'Eorta  que  Ton 
adressait  la  première  invocation.  Toute  prière  devait  com- 
mencer et  finir  par  une  invocation  à  'EaTta. 

A  Olympie,  le  premier  sacrifice  qu  offrait  la  Grèce  assemblée 
était  pour  Estia^  le  second  pour  Zeus  : 

Nous  touchons  ici  au  nœud  même  de  la  question. 


Importance  des  fêtes  religieuses  dans  la  haute  antiquité. 

Les  fêtes  religieuses  étaient,  dans  la  haute  antiquité,  chez 
les  Celtes  comme  chez  les  Hellènes,  des  fêtes  à  la  fois  politiques 
et  sociales.  Nous  avons,  à  cet  égard,  en  ce  qui  regarde  les 
Celtes,  des  documents  primitifs  relatifs  à  Tlrlande.  La  néces- 
sité de  ces  réunions,  leur  utilité,  est  facile  à  comprendre.  Les 
Aryas  et  leurs  descendants, môme  après  qu'ils  se  fussent  plus 
00  moins  mêlés  à  d'autres  familles,  vécurent  longtemps  à  Té- 


I.  Uoe  de  ces  prières,  qui  nous  a  été  conservée  dans  le  recueil  des  Hymnes 

orphiques,  est  conçue  ainsi  :  Rends-nous  toujours  florissants^  toujours  heureux, 

6  foifer,  6  toi  qui  es  étemel^  beau,  toujours  jeune,  loi  gui  nourris,  loi  qui  es 

rtehe,  reçois  de  bon  cœur  nos  offrandes  et  donne-nous  en  retour  le  bonheur  et 

la  santé  qui  nous  est  douce  {}\'^xïïxï,  orph.,  84). 

1  Paus&nias.  V,  14. 


100  i,A  nEi.iGioN  nrs  catloih 

pas«rr  Ii's  brsll.iiix.  ir«'*lni(  rontrr  I«»<#'pi7.oolios  un  pn'«iiM\".iiif 
a»stir«'*  jusqu'à  l*artn«M*  suivnnlo.  ••  Mais  il  y  a  [ilus  :  cr  fi*ii  ilt* 
iti*lt«'*nt''  iMait  UN  //•//  sticr>'\  roui  nu*  vv\\\\  ilf*  \«*stalrs  à  H  uni*', 
rjinqiio  lrUn«lai8  il«*vait  y  alliimor  la  tliifnnu>  qui  inlroilui^ail 
dans  sa  raham».  pour  ranni'i»,  la  prot«*rtion  Hi*h  liirnx.  l'n 
pa«H:i^M'  fil*  la  Vi«*  il«*  saint  Pair  in*,  [luIiliiM*  par  la  Surtrtt^ 
reliuiut\  nonsapprpnil  qu<*  li*  sain!  Inuiva  ret  usai:!*  iWalili  «i  la 
mur  (lu  mi  Lm^^^aire  qui  lui  avait  arrordi*  riinspitalih'*.  Iiii*n 
quf*  ri>  roi  fût  rnrnn*  pai<*n. 

Or.  raronN*  TautiMir  riir^*h«Mi  do  la  Vi«*  du  saint  irlamlai^, 
il  arriva  qui*  la  vrilli*  d<*  la  fi**U^  |iau>nnt«  do  ltt*ll«*n«'*.  saint 
Patriri*.  rouimi*  d'Iialùtuilo.  avait  alluim*  l«'s  rii>r::i'«(  d«*  sa  pi*- 
tito  rliapellf.  Il  m  fut  si''V(*n*m<*nt  r«'*primand<*.  l'n  n**L'li*mi*nt 
royal  existait  nnlonnant  qui\  d:in»i  Inuti*  rirlaiidi», /oi/^ /rc/iri/r 
fus«f*nt  f*ti*iuts  (•<•  jo'ir-lîi,  ««l  smis  |i«s  p«*ini**^  If^  plus  s#»v«*rt»'i. 
no  fu*s«Mit  ralluiii«'*s  qu'au  frii  K*trri\  |i»  fiMi  d»*  Ta  m. 

La  ni<'*nii*  ri''mnnni<*  s«*  pratiquait  â  Itouu*  l«*  1*'  mars',  ipii 
avait  rl«*  lon;:ti*mps  li*  pr^uiirr  mois  di*  l'aïuii'***. 

Si  Vi»n*  i|ii'i!«/  i|ii-  !••*  !»  il«'rii|i*^  «|f  tn<'ir«  *  iii'nt  Ifii'i  .iiitr«'f'»i*  !••  |»r»-- 
mi*'(  rmk',  il«'^t  tl**  \i>iii  ii«  !;;••«  .iii\'|i|**|«  \nii«  pmMf/  II*  ri'«'niiriiltrr  \ 
rt*  j'iiir  W*  k'ini  I  iimI' •  «ii<k|if'ri  |i|f«  Imili*  I  .ini|i'>\  fl.ifi%  Il  ili-iiiriir>*  <!•-« 
fl^riiiiH* '.  «liHji.ir  ii^'^t-rit  p  iiir  fiii«'plii>-  ;i  i|h  riiiiniM<i\  rniiiciiit.  I.'.irl*r«' 

i|i*  Pf|irl»'M*  ••ril«"  *!•'  *•■*  f'-i|ill  ij»'*  Il   |i'illf  (|i|    t**\    il»*-   *|iTill«"i'*     l.'.iill**) 

lif  \f«li  Hi'  |ir>-  i|  iiiii'  Il  DM"!! mi  •riin-  t  i|fillii*  «nr    r.intii|ii>'    liuri^r 

i\%'%  ii|f«  l«    t:"\'ii*>     \]->)jl  iiii  'iti  .il  i[«  «••  r<ii'iin-- I-   te  fm  «•!' rr-  nu  riml 
(In  «  iti*  lii  lit •-  "-r  1 1  M  iiMiii»  ili-   I  iiiS-l  r  iiiiiii- •-  1*1  iH*'  iriin   ri'iii\i<|  i*.  IaI 

.1  / /•    /II'*  /  'ii'if'i'i  ^' r  I  ri'f*  ii«  l'/ni*  m  •!•  /** 
/»!  if'i»   •(  tir-,  fi  itittn'i  f  fifti  ruf.ti. 

Iri  |f  riMinu\i'll*'fni'nt  df  la  tianini**  riait  fntoiin'*  il«'  mvs* 
trn»,  *t/'ttti'i  ifj  .r/f' 

In  ii*.iL'f  «ifiuhi'iM»'.  l'I'i-  *ijni(irntif  riiruri'.  «existait  ilan« 
i'i'i'  *\**  Li-Minfi".  :iin<*i  qui*  ii«>iis  i  appit-iid  |*liil«i«trali*  —  tnut 
|i>  ii.'iH»..!!'!-  (-«"l  a  riliT     I  Wi  V  a  fail  ■«•MiM'iit  alluHi<ui,  »an«  quM 

1        Pf      •"       /"•      f'^ur     r/*-     1     1*1''   /    l'If    ll."i^.     |i  'i» 

J       •  »•       ■'         /     -•  V*.     III        l  1    ■ 

\'  ■'.•  •  .1-   J  i,'i!-r 
4    I  .    .  »  j  f  •  r 
'     J'î-i    iitr%l.      •    |i),  »'.»•  i\  i\     viTiii   p  un    Srplim»    >t^i^rf,  lfer»trit.  I,    p    4f 


LES  INFLUENCES  ARYENNES  —  LES  FEUX  DE  LA   SAINT-JEAN      407 

ait  jamais  été.  que  je  sache,  reproduit  intégralement ,  quoiqu'il 
soit  de  la  plus  grande  importance  au  point  de  vue  des  traditions 
religieuses  et  des  survivances.  —  Nous  y  apprenons  que  pen- 
dant neuf  jours  de  Tannée*  tout  feu  devait  être  éteint  pour  être 
rallumé  au  feu  que  le  vaisseau  sacré  rapportait  de  Délos  où 
il  avait  été  recueilli  dans  Tlle  sainte  par  excellence,  sur  Tautel 
d'Apollon.  Pour  être  sacré  le  feu  devait  descendre  directement 
du  ciel.  —  Le  feu  qui  avait  été  employé  un  certain  temps  parmi 
les  hommes  ou  qui  était  le  résultat  de  combustions  successives 
était  impropre  aux  usages  sacrés. — L'efficacité  voulue  ne  pou- 
vait appartenir  qu'à  une  flamme  nouvelle  et  non  transmise. 

Festus  rapporte  que  si  le  feu  sacré  venait  à  s'éteindre,  les 
vestales  étaient  fustigées  par  le  pontife;  puis  qu'il  fallait,  en- 
suite, susciter  un  feu  complètement  pur  pour  remplacer  l'an- 
cien. A  celte  fîn  on  prenait  une  planche  taillée  dans  le  tronc 
d'un  arbre  sacré,  on  y  perçait  un  trou  dans  lequel  on  faisait 
tourner  un  bâtonnet  jusqu'à  ce  que  les  étincelles  parussent. 
Une  vestale  recueillait  le  feu  sur  un  crible  ou  tamis  d'airain 
et  le  portait  au  temple.  Le  feu  sacré  n'était  pas  allumé  autre- 
ment chez  les  Aryas  primitifs.  Le  Véda  nous  apprend  qiïAgni, 
le  feu  divin,  était  engendré  par  le  frottement  d'une  baguette 
sur  Varani^.  On  devait  se  garder  de  se  servir  d'un  minéral  et 
surtout  de  le  frapper  avec  du  ferV  Une  exception  était  faite 
dans  le  rite  orphique  en  faveur  du  cristal  :  «Déposez,  esl-il  dit 
dans  le  flsp:  XiOwv  du  Pseudo-Orphée,  le  brillant  cristal  sur  des 
copeaux  de  bois  sec.  Exposez-le  au  soleil.  Il  en  sortira  de  la 

(Didot.  p.  3H)  :  «  Ob  facious  autem  a  Lemaiis  mulieribus  in  viros,  Veneris 
iostioctu,  commissum  quotaonis  lustratur  Lemous;  igoisque  ibi  per  novem 
dies  eistiaguitur  ;  navis  vero  sacra  ex  Delo  ignem  a(Tert,  quae  ubi  aote  ex- 
piatiooem  advenerit,  Dolla  Lemnii  parte  adpelUt,  sed  in  alto  interea  ad  pro- 
moatorium  as^itatur,  doQ(?c  fas  faerit  advehere.  laferos  eoim  deos  atque  tune 
ioTocantes  purum,  opinor,  it^oem  io  in'iri  asservant.  Sed  ubi  accesserit  na- 
ris,  igneinque  quam  in  reliquuui  vitie  usuin,  tum  in  artes  qaae  eo  indi- 
gent, distribu erint  novem  vitam  hinc  se  exordiri  aiunt.  »  Cf.  Preller,  op, 
laud.,  p.  369. 
i.  Remarquons  ce  premier  exemple  d'une  neuvaine. 

2.  La  planche  de  bois  de  Festus. 

3.  Souvenir  du  temps  où  le  bronze  était  le  métal  sacré^  le  fer  le  métal 
maudit . 


fuméo,  puis  lin  feu  léger,  puis  une  grande  flamme.  G'esl  ainsi 
que  nos  pèros  produisaient  le  feu  sacré'.  » 

Nous  n«  savons  si  ces  procédés  antiques  sont  encore  pra- 
tiquéii  do  nos  jours  quelque  part  en  Europe,  mais  nous  savons, 
par  Il>  témoignage  de  Joannes  Reiskius',  qu'à  la  fin  du 
xvir  siècle  non  seulement  il  était  d'usage  en  Allemagne  d'al- 
lumer contre  les  épizoolies  un  feu  sacré,  dit  feu  forcé  daos  le 
langage  populaire,  mais  que  ce  feu  devait  élre  produit  avec 
des  ct'-rémonies  particulières  rappelant  de  loul  point  celles  de 
l'antiquité.  Il  fallait  préalablement  éteindre  tous  les  feus  du 
village;  après  quoi  le  Teu  nouveau  était  allumé  à  l'aide  du 
Irotlement  d'un  cabestan  contre  une  pièce  de  bois  percée  d'un 
trou  enduit  de  goudron. 

Dans  les  hautes  terres  d'Ecosse  ao  xviii'  siècle  on  allumait 
encore  le  feu  sacré  de  la  même  manière.  Il  en  était  de  même 
on  Suède- 
Ces  survivances  méritent  d'être  méditées'. 
Certains  sauvages  allument  encore  le  feu  par  le  m<*rae  pro- 
cédé, comme  le  montre  notre  fïg.  5. 

1.  Nmis  avons  rpproiiuU  1p  fpu  sacré  desaol  nos  auditeurs  par  le  procédé 
ilénrit  par  Festut,  mais  on  ne  réussit  pae  toujours.  Il  font  choiair  bod  boi*  et 
hlre  maoier  le  bâtoanet  par  un  bras  vigoureux  ;  c'est  du  reste  un  proche 
bleo  coDDU  des  saavages. 

S.  Cité  par  Grimm  dans  eaDeuUche  Uylkologie. 

3.  Cette  leçon  a  été  plus  courte  que  lec  autres  à  eau»  des  expérleoees. 


-  Esquimaux  préparant  le  feu  (dessin  du  D'  Boulin). 


IX«  LEÇON 


LES  PEUX  DE  LA  SAINT-JEAN  [suite) 


Ce  n'est  pas  seulement  la  vieille  tradition  du  feu  sacré  qui 
s*est  conservée  chez  nous  et  chez  tant  d'autres  nations  de 
FEurope,  à  titre  de  survivances  ;  ce  sont  aussi  plusieurs  pra- 
tiques accessoires  qui  montrent  à  quel  point  tous  les  détails 
de  la  cérémonie  tenaient  au  cœur  des  populations  qui  les 
avaient  reçus  de  leurs  ancêtres. 

On  adorait  le  jeune  dieu,  on  lui  faisait  des  libations  de 
vin  doux,  de  miel,  de  certaines  essences,  qui  activait  le  feu 
de  lautel.  On  y  voyait  une  preuve  de  la  joie  qu'éprouvait  le 
dieu.  Le  feu  sacré,  aux  yeux  des  premières  générations,  des- 
cendant directement  de  Tastre  lumineux,  la  roue  du  soleil 
était  portée  en  triomphe  sous  la  forme  d'une  roue  enflammée. 
Ces  traditions  ne  se  sont  pas  plus  perdues  que  celles  du  feu 
sacré. 

L'usage  de  la  roue  enflammée  est  déjà  mentionné  au 
ini'  siècle  par  le  théologien  Durant  S  qui  cite,  à  ce  propos, 
an  passage  curieux  de  la  Summa  de  divinis  officiisy  de  Jean 
Beleth  (xii*  siècle)  où  on  lit  :  feruntur  quoque  infesto  Jo^ 
hannis  Baptisiœ  brandie  seu  faces  ardentes  et  fiant  ignés,  etc., 
rota  in  quibusdam  locis  volvitur^. 

La  pratique  de  la  roue  ardente  n'avait  jamais  cessé  d'être 
en  usage.  Elle  s'est  maintenue  jusqu'à  nos  jours.  La  roue  en^ 

1.  Durant,  Rationale  divinorum  officiorum, 

2.  Voir  Breuil,  op.  laud  ,  p.  35. 


il  y  a  quelques  anuies,  on 
iBJes  du  feu  de  la  Saiot-Jean. 

le  soir  de  U  Teille  de  la  Saint- 
df  Xtisse-Eontz  et  des  «oTirons  le 
t^  cm  dispose  autour  d'une  roue  de 
rdnliuremenl,  uacvlindre  de  paille^ 
l'appareil  est  trarersé  par  un^ 
tmti  de  l'ua  et  de  l'autre  côté  qui  doiK 
p*l  doniiù  par  le  maire  '  (nous  verrons 
bs  curds),  on  met  le  feu  à  la  paille  eU- 
'Mûisnaiit  L-hacun  ud  bout  de  la  perche, 
bMtuut's  de  la  montaçne  jusqu'à  la  Ho- 
Hn  ce  moment,  les  L-ris  de  joie  reten- 
du niatDS  agitent  des  manipules  de 
liaeui  n'est  pas  éteint    lorsque  les 
•a  en  augure  d'heureuses  vendanges. 

lés  nombreuses  roaelles  gauloises 

micae  en  plomb  (pi.  VI},  que  pos- 

^KtioDs  pari  iculières,  qui  sont  décrites 

.:«KW«'il»  d'arcliéologîe,  soîeot  des  amii* 

B  Kitf  de  la  roue  du  soleil*. 

réfiandues  sur  l'atilel  oil  le  feu  sacré 

thurn  iiti-rnmtjue  focos^, 
M  est  pas  conservée  au  solstice  d'été, 
iment  J'ua  autel  où  faire  les  libations 
;Vons  les  traces  très  vivantes  du  vieux 
$upei's(ilieuâ<.'S  de  la  Noël,  au  solstice 
sflQS  impurlance  pour  l'histoire  de  nos 
du  baron  Cliarles  Dupin,  dans  ses  Di~ 

Ullonville,  dani*  Mém,   Aiilig.   de   France,  t.  V, 

•n  IB33. 

dtdsignalent  pa^  li'allumer  les  teai  de  la   Saiut- 

I  le  fou  Bur  la  piaM   de  Grève   à  Paria  eu  1*71. 

mttiiia  à  laci^rémouie.Cf.  Dufcy  de  rVonne.  daus 

t.  XVni,  p.  iJ,  où  il   décrit  lee  feux  de  la 

iaMM  E. 

ronollea  {lourdes  pii-ccd  de  luoiiiiaii):)  ;  c'était  uue 
roec«»iou  de  reveuir  sur  ce  sujet. 


LES  FEUX  DE  LA  SAINT-JEAN   (sutte)  111 

vertissements  du  dépariemeîit  des  Deux-Sèvres,  nous  apprend 
que  les  paysans  de  la  contrée  répandent  de  Veau  et  du  sei  sur  la 
bûche  de  Noël. 

Millin*,  dans  son  Voyage  dans  le  midi  de  la  France,  raconte 
que  les  villageois,  dans  plusieurs  des  contrées  qu'il  a  parcou- 
rues, ont  coulume  d'arroser  la  bûche  de  Noël  avec  du  vin 
el  de  rhuile  : 

«Pendant  que  i  on  est  à  table  le  calignou  ou  calendeaUf  c*est-à-dire  la 
bûche  des  kalendes,  brûle  dans  la  cheminée.  C'est  une  grande  bûche  de 
cht^ac  qu'on  arrose  de  vin  et  d'huile.  On  criait  autrefois  en  la  plaçant  : 
Cûlene  ven,  tout  ben  ven  (Kalende  vient,  tout  va  bien).  Peut-on  mécon- 
nailre  ici  l'usage  antique  des  libations  transporté,  comme  tant  d'autres 
cérémonies  païennes,  dans  les  pratiques  des  chrétiens?  C'est  le  chef  ou  le 
plus  âgé  de  la  famille  qui  doit  mettre  le  feu  à  la  bûche,  n 

A  Toulon,  la  libation  se  faisait,  au  commencement  de  ce 
siècle^  avec  du  vin  doux  : 

((  Dans  certaines  local'tés,  la  veille  de  Noël  on  dresse  la  table,  devant  le 
foyer  où  pétille  couronnée  de  lauriers*  la  carignée,  vieux  tronc  d'oli- 
vier séché  et  conservé  avec  amour  pendant  toute  l'année  pour  la  solen- 
nité de  Noël.  Mais  avant  que  la  famille  se  mette  à  table,  le  plus  jeune 
eofant  s'agenouille  et  lui  adresse  une  prière,  puis  il  bénit  le  feUy  c'est-à- 
dire  qu'il  Tarrose  d'une  libation  de  vin  cuit  à  laquelle  la  carignée  répond 
par  des  crépitations  joyeuses.  On  chante  ensuite  des  Noëls,  jusqu'à 
l'heure  de  la  messe  *.  » 

En  présence  de  cette  série  de  faits*,  est-il  possible  de  nier 
que  nous  ayons  affaire  à  une  grande  et  très  vieille  tradition 
aryenne,  antérieure  manifestement  à  l'introduction  du  drui- 
disme  en  Gaule  et  en  étant  indépendante,  puisque  nous  la  trou- 
vons bien  ailleurs  que  dans  les  contrées  druidiques.  Nous  avons 
vu,  il  est  vrai,  des  druides  prendre  part,  en  Irlande,  à  ces  céré- 
monies; mais  est-ce  une  raison  pour  croire  qu'ils  les  y  avaient 
importées  et  non  reçues  et  acceptées  d'une  tradition  plus  an- 
cienne qu'eux-mêmes?  Tous  les  faits  recueillis  tendent  à  prou- 
ver qu'il  y  avait  tradition.  Déjà  au  temps  des  druides  ces  cé- 

1.  Millin,  t.  m,  p.  336 

2.  Cf.  Ovide,  Fualesy  III,  v.   143. 

3.  PoQcy,  dans  L'Illustration  du  27  décembre  1845. 

4.  .\ou8  aurons  roccasion  d'en  noter  biea  d'autres  daas  la  suite. 


114  LA   RELIGION    DKS   HAULOlS 

manichéen)  ;  k  Habemtis  solemnem  istum  dieti  non  sieut  infi- 
dèles propler  hiuic  solem,  sed  propter  enm  qui  fecit  hune  nolem  ; 
Nous  solcmnisons  eu  jour,  non  comme  les  inlidèles  à  cause 
du  soleil,  mais  à  causo  de  Celui  qui  a  fail  lu  soleil.  » 

Il  n'est  donc  pas  élonnant  de  relrouvercliez  les  populations 
de  la  Gaule  christianisée  un  certain  nombre  de  superstitioos 
el  de  rites  se  ratlachanl  à  des  fêtes  païennes  que  le  christia- 
nisme avait  prises  sous  sa  proleclion  en  les  sauclitîant,  de 
marne  que,  dans  les  catacombes,  le  Christ  est  représenté  sous 
la  figure  symbolique  d'Oipht^e  ou  du  Mercure  criophore. 

Ces  peintures,  ces  fêles,  étaient  un  langage  que  les  généra- 
tions se  Iransmeltaient  comme  le  langage  ordinaire  '  en  l'adap- 
tant à  leurs  idées  particulières. 

Cg  qui  était  arrivé  pour  la  Noël,  c'est-à-dire  pour  la  fêle  du 
soUlioe  d'hiver,  arriva  pour  la  fête  correspondaute  du  solstice 
d'été,  à  laquelle  les  populations  tenaient  avec  le  mémo  atta- 
chement. Que  fit  l'Eglise?  La  vie  du  Sauveur  ne  présentait 
aucun  événement  qui  rappelât  cette  date.  On  eut  recours  à 
l'histoire  du  Précurseur  pour  qui  les  fidèles  avalent,  dans  les 
premiers  siècles  de  l'Église,  une  dévotion  presque  égale  à 
celle  qu'ils  avaient  pour  le  Christ,  Un  verset  de  ÏÉvangile  de 
sailli  Jean'  :  «  lllum  oportet  crescore  me  autem  minui,  fl 
faut  qu'il  croisse  et  que  je  diminue  »,  parut  comme  une  tadi- 
cation  venue  d'en  haut.  La  fête  de  la  naissance  du  Sauveur 
était  fixée  à  l'époque  de  Taccroissemeat  des  jours.  Oa  fixa  la 
fête  de  la  naissance  de  saint  Jean  à  l'époque  de  leur  diminu- 
tion. Ce  n'est  point  nous  qui  faisons  ce  rapprochement;  nous 
le  trouvons  dans  les  Pères  de  l'Église  et  en  particulier  dans 
saint  Augustin  '  :  «  In  nalivitate  Ckrisli,  dies  crescit ,  inJohan- 
nis  nativitate  decrescit.  Profectum  plane  facit  dies  quum  mundi 
Salvator  oritur,  defeclum  palitur  quum  vllimus  prophetarum . 
générât  iir.  » 

1 .  Les  chrétJeiis  a'oal-ili  pas  adoplé  tes  molB  spei,  fidts,  carilai  qai  oot,  en 
latia,  une  loulu  autre  sij^DilicatJon,  pour  eu  faire  l'etpreesioa  de  leurs  Iroia 
verlus  thfolo'jattr^  Ils  u'oul  pas  cru  uécessaire  d'iureDler  dea  mots  D' 

2.  Éaangile  selon  saint  Jean,  tu,  10. 

3.  Salut  Augiistia,  Sertuo  XII  in  NalivilaU  Domini. 


LES  FEUX  DE  LA   SAINT-JEAN    [suite)  115 

Si  Beaosobre  a  raison,  si  la  fixation  définitive  de  ces  fêles 
date  seulement  du  milieu  du  iv«  siècle,  saint  Augustin,  né  en 
354,  devait  être  parfailement  au  courant  des  considérations  qui 
avaient  présidé  à  cette  réglementation  et  son  témoignage, 
voilé  sous  la  formule  que  nous  venons  de  citer,  parait  décisif. 
Ces  rapprochements  conciliaient  toutes  les  exigences,  celles  de 
la  foi  et  celles  de  la  politique.  Il  n'y  avait  plus  aucune  raison 
de  s  opposer  aux  réjouissances  qui,  chez  les  païens,  accompa- 
gnaient la  fête  du  solstice  d'été. 
El  c'est  ainsi  que  nos  fêtes  chrétiennes  sont  des  survivances^ 
Celte  doctrine  est  si  bien  celle  de  l'Église  que  nous  la  re- 
troavona  chez  Bossuet,  le  dernier  des  Pères  de  TËglise  après 
saint  Augustin. 

Sur  la  fêle  de  la  Nativité  de  saint  Jean-Baptiste*. 

D.  —  Pourquoi  rfiglise  témoigne-t-elle  tant  de  joie  à  la  naissance  de 
saint  Jean- Baptiste  ? 

B.  —  Elle  ne  fait  cçla  que  pour  perpétuer  la  joie  que  Tange  «ivait 
prédite. 

D.  —  Comment? 

fi.  —  L*ange  Gabriel  avait  prédit  à  son  père  Zacharie  qu'on  se  réjoui- 
rait à  sa  naissance  :  Tu  l* appelleras  Jean  et  il  sera  ta  joie  *. 

D.  —  Est-ce  pour  cela  que  l'on  allume  des  feux  de  joie? 

R.  ^  Oui,  c'est  pour  cela. 

D.  —  L'Eglise  prend-elle  part  à  ces  feux? 

R.  —  Oui,  puisque  dans  plusieurs  diocèses,  en  particulier  dans  celui-ci, 
plusieurs  paroisses  font  un  feu  qui  s'appelle  ecclésiastique  *. 

1.  NouB  devons  nous  rappeler  qu'il  n'y  avait  point  d'état-civil  dans  raotl- 
quité.  11  D*y  en  avait  assurément  pas  en  Judée.  Le  cens  ordonné  par  Auguste 
portait  sur  le  nombre  des  habitants  et  n'exigeait  point  que  Ton  prit  note  de 
la  date  des  naissances.  Quand  un  personnage  s'était  distingué  par  ses  vertus 
et  par  ses  bienfaits,  quand  il  méritait  d'être  élevé  à  la  dignité  de  saint  et 
d*ètre  honoré  à  ce  titre,  sa  fête  chez  les  chrétieiïs  était  fixée  au  jour  de  sa 
mort  qui  était,  presque  toujours,  la  seule  date  précise  de  son  existence  sur 
laqueUe  on  eût  des  données  exactes.  Il  n'y  a  d'exception  à  cet  égard  que 
pour  le  Christ  et  le  Précurseur  dont  la  date  de  naissance  précise  ne  nous  est 
cependant  révélée  nulle  part  dans  l'Évangile.  Les  Pères  de  TÉglise  n'ont 
jaoïais  prétendu  que  le  24  juin  fût  effectivement  le  jour  de  naissance  de 
Saiat-Jeaii,  ni  le  25  décembre  celui  de  la  naissance  du  Christ. 

2.  Bossuet,  Catéchisme  de  Meaux,  p.  267. 

3.  Saint  Luc,  r,  v.  13-14. 

4.  Nous  avons  vu  que  le  feu  était  d'ordinaire  allumé  par  le  maire,  mais  il 
n'était  pas  rare  qu'il  y  eût  en  même  temps  dans  la  même  ville  un  feu  allumé 


11()  LA  RELir.ioM  nés  gaulois 

IK  —  Uu«*ll<*  raison  a-l-oo  dp  fuii-^  ce  feu  d'une  manièrv  errléMji«li«|iif*? 

A.  —  Pour  en  hannirles  superstitions  qu*on  pratii|ue  au  fi*u  de  ^.iint- 
Jean. 

D.  —  Uui*lli*s  »«»nt  ce%  9U[H*r!ititionf  ? 

A.  —  I)auM>r  a  l'^ntour  du  feu,  jouer,  faire  di*A  festins,  rhanler  d*'% 
rhansons  drshnuu^l**s,  jfier  dfs  herl»es  par  dessus  le  feu,  en  cueillir 
avant  midi  nu  a  jeun,  en  porter  <»ur  s'H,  les  ronserver  le  Innu  île  l'anne**, 

garder  des  tis<ius  ou  des«'liarb«»ns  du  feu  ei  atitn*s  semltlahles. 

• 

Non»  no  (ievonA  donc  pas  nous  étonner  qtie  tant  di*  souvenirs 
|>rérhn>(i(>ns  soient  d<>meurés  vivants  au  srin  des  populations, 
m^mc  dans  les  pays  li>s  plus  anciennement  rliristianisés.  L'E- 
glise sVst  chargée  elle  même  de  nous  les  conserver.  Nous  ver- 
rons (|ue  les  druides  avaient  déjà  fait  de  m^me.  Nous  |k>u- 
vons  «»spéri*r.  si  nous  procédons  avec  prudi*nce,  reconstiturr, 
jusqu'à  un  certain  point,  la  vie  relif^ieuse  de  nos  plus  an- 
ciennes populations.  Notre  devoir  est  de  l'essayer.  Je  compte 
que  vous  m*y  aiderci. 

Je  vous  ai  déjà  donné  des  exemples  de  la  persistance  de  la 
cért^monie  des  feux  dt*  la  Saint-Jean  i*t  de  ci'lle  de  la  biiclie  de 
Noi^l.  Ji*  pourrais  l<>s  multiplier  et  vous  invite  àen  n>ctieillir  de 
nouveaux.Je|>osst*de  un  certain  nombre  de  lettres  émanant  des 
élèves  ou  auditeurs  de  ce  cours  portant  témoignage  que,  dans 
plusieurs  de  nos  pnivinces,  Tusage  des  feux  de  la  Saint-Jean 
persiste  toujours. 

L**  secrétaire  du  htn^r  celtitjuf,  M.  (Juellien,  un  poète  dont 
vous  connaisseï  tous  la  patriotique  activité,  m'écrivait  en  I  HH.*i  : 

\ou«  ft*'t-i(i«  eiiror**  il.in«  le  Kini^lrr**  Li  f*^le  ilt*  li  Sa.iit-Je.in.  «'il  v  4 

« 

d.iii^  14  p.ir<ii«v*  un*'  •  tiafiell**  \-\\\%  !*•  «•i«'«ible  'le  %aiii|  Jimii,  iV«t  «ur  I4 
pi  I* '•  >iii«  ti«  ipie  11*  tii'ii  li«'r  e«t  «-liMi.  Nirmu.  «  ''st  sur  la  pLiii*  dr  I  •-- 
»;Ii«<'  piriM««iil'-  #•!,  *\.\i\\  •'•-il  iiii*'%  •'•tiif  ■'•-«,  4  liMi%  le«  iMire'tiur*  (lu- 
«  iiii  i|i|*  «rt'-  un  fik''*i.  <iti>'  l>>'i<'li*\  iioi' l>i.iti«'h'*  d'4rhre  nu  d*4j«m*'  t.e 
fi-ii  1*1  \\\.%  pir  ]••  rf'l»-»r  •  .ipn**  l««  prM-re*  du  *«ur,  «i»il  pr»**  de  U 
<  h  i|M  li.<,  «..il  m  IfHir^'  nti  «i*  i|«  «MiiTr*'  ••n  dit  •|uet<|ue«  pn^'rrs  «'««iii- 
rtiiifi<«.  i{<f-«  mi  •*itili-|U<-  'Hi  (t<-iii  I  ti.iritr«  a  I  uiiisviii.  l'ttn  dU^re  un** 
r<'ii  1* .  I.'  •   tït  II  !••«  'pli   j'-lt«'iil  Iriir^    fi.-oU  i\.\%\s  !«•  lui»  lier  pruri*-pirnt 

if  II'  •••!»•!*   -1    ■  ili-  j   -11-, 

l>ir    '"    iiiiir^  r\   un    «-jtr*    illiinii*  pir    \r   «-urr  ilrfâbl   le  portail    dr   Ir^litr 


LES   FEUX  DE   LA   SAÎNT-JEAN    {suite)  117 

Dès  que  le  bûcher  commeDce  k  tomber,  les  jeunes  garçons  et  les 
jeunes  GUes  reprennent  la  ronde  au  chant  d'un  gwerz  ou  d*un  soon  qui 
D*ont  pas  toujours  un  caractère  religieux.  Puis  run  des  danseurs  rompt  la 
chaîne  et  saute  par  dessus  le  brasier  ;  un  autre  fait  de  mênne  après  un 
nouveau  tour  de  danse.  Tout  le  monde  finit  par  tenter  Tépreuve.  Si 
quelqu*un  tombe  ou  roule  dans  le  feu,  il  est  couvert  de  huées  et  ne 
rentre  plus  dans  la  chaîne  de  danse. 

L'on  a  bien  soin  d'emporter  un  tison  quand  ou  rentre.  On  n'est  guère 
allé  à  la  cérémonie  du  bûcher  que  pour  cela.  Ce  tison  protégera  la  mai- 
son contre  le  feu  du  ciel,  contre  les  incendies,  contre  certaines  maladies 
et  certains  maléfices.  On  ne  l'attache  pas  comme  le  buis  bénit  du 
dimanche  des  Rameaux,  à  la  tète  du  lit  près  du  bénitier.  11  est  enfermé 
dans  une  armoire  et  gardé  jusqu'à  la  Saint- Jean  prochaine,  avec  le  même 
soin  que  les  papiers  de  famille.  Le  rameau  de  buis  ne  sert  qu*à  orner 
une  chapelle  ardente  et  à  bénir  les  morts.  Tantad  sant  Jeann,  le  feu  de 
la  Saint-Jean,  n'est  pas  un  feu  de  joie,  c'est  un  feu  sacré  dont  on  éloigne 
les  blasphémateurs  et  les  ivrognes. 

Une  autre  lettre,  datée  du  village  de  Bullou  près  ChAteau- 
duo,  vers  la  même  époque  \  me  disait  : 

Le  feu  de  la  Saint-Jean  n'a  pas  été  allumé  cette  année;  la  coutume 
s'en  perd,  mais  il  y  a  quelques  années,  le  feu  était  encore  dans  tout  son 
éclat.  Tous  les  habitants  de  Boullou  en  portent  témoignage. 

La  veille  de  la  fête  on  allumait  le  feu  au  coucher  du  soleil  à  l'aide  de 
menu  bois  placé  autour  d'une  perche  surmontée  d'une  croix  de  fleurs. 
Le  clergé  venait  en  procession,  chantant  des  psaumes  et  et  des  hymnes, 
le  curé  en  tAte,  y  mettre  le  feu.  Ce  feu  était  béni  par  le  curé*.  Quand  le 
bois  était  à  moitié  consumé,  chacun  emportait  un  petit  charbon  dans  sa 
maison  avec  la  ferme  foi  que  ce  charbon  du  feu  bénit  préserverait  la  fa- 
mille contrôles  atteintes  du  feu  du  ciel.  Dans  certaines  familles  on  garde 
aussi  Veau  bénite  de  la  veille  de  la  Saint-Jean. 

Dans  un  autre  département,  dans  la  Lozère^  même  céré- 
oionie  avec  quelques  variantes  à  signaler  : 

m  En  général  ',  les  curés  n'aliumenl  plus  chez  nous  le  feu  de  la  Saint-Jean. 
Ils  recommandent,  au  contraire,  à  leurs  ouailles  de  fuir  maintenant  ces 
fêles  qui  n'ont  plus  aucun  caractère  religieux.  Ce  qui  a. sauvé  ces  feux, 
c*est  que  les  maires  s'y  sont  substitués  aux  curés*.  Sur  plusieurs  points 
du  département*  ce  sont  eux  aujourd'hui,  qui  mettent  le  feu  au  bûcher 
au  milieu  de  cris  de  :  Vive  M.  le  iîairc^  vive  là  Republique!  On  danse  au- 

1.  1885. 

2.  Le  curé  Taspergeait  probablement  dWiu  6ém7e. 

3.  Aatre  lettre  de  Tun  de  mes  auditeurs. 

4.  Nous  avons  vu  que  le  feu  municipal  était  la  plusancienoe  tradition.  C'est 
donc  un  retour  au  passé. 


11R  1.A  nF:tif;i(iN  nrs  GArtois 

toiir  du  f**ii  i*n  <*h.inl;iiil  tU*^  «'li.'in«'in«<*n  piitnis  iiii'tihH-nwiirfii  ni«»t .•!•*« 
i|iii  sf  It'ifiiiiifnt  |i;ir  l.i  .H'ir^nV/ais'*.  Lor5<|tii*  |i*4  fi^ui  sont  i*ti"iit«.  I*** 
fii«''n:iC''ii'^  n'iitrfiit  à  l;i  iiinigoii,  Uriili^  qUi*  h*?»  liniiitiiPH  ronlinufiil  U 
r«Mi*  jiM<^ui*  fi»rtl<irit  Hjiii«  U  tiiiil.  ILiiih  oTtain*  \ill.i^«*%.fin  nlliitiii'  If  f*-u 
(If  1.1  Naiiif 'Jf.'in  *»tii  plii^ii'iirs  |»iiinN  à  li  fiui^.  - 

(>  nM«*  do  laiitoriU'*  civile,  so  siibstiUiAnt  ici  à  raiilorit^ 
(*rcli'!(iasti(|iie,  pmtégeant  les  vioill«>5  ftupi*rstitionA  au  profit 
di>  la  Ilépiil)li4|ii(>,  nV^t-il  pas  iiii  fait  à  noter?  L«*a  niaircA  n>pu- 
blicains  Av  la  Lori*Z4*  faisaitMit  on  ISMrS  a*  que  l«*  clerj^é  catlio- 
li(|ii<*  avait  si  lial»il«*menl  faitanx  x'et  xi*  siècles  dans  rintêr«^t 
d«*  rKsrlisp.  cv  qu'avaient  déjà  vraisenihlalilemi^nl  fait  lot 
druides  durant  la  période  précédente.  La  Marseillaise  se  m«**lant 
à  de  vieilles  chansons  en  patois  est  un  phénomène  analoirue 
à  celui  dos  psaumes  remplaçant  les  hymnes  païens.  L'Iii'^toire, 
comme  l'anmur.  est  un  recommencour.  l'n  autre  renseigne- 
ment, d'une  source  analo||;ue.  me  venait  du  département  de 
l'Aisne,  conciTnarit  la  commune  do  Vorf^es  près  Laïui  : 

T'»ii%  |f4  «1  ri  H.  Il*  J.'t  juin  iiu  %>»ir.  «••I^'ira  1 1*  itiriiiiti'*  ili*  Vntarr^  un 
JM^rlii-r  h.iul  il't'imr-in  fiir  rii'*fr«'«,  a  Li  iMnri'>'ti)ifi  ilu<|ii"l  nul  mnirilicir 
tiius  1«'«  t:fti«  ilii  |i:i\«.  I.'*4  tifiH  mit  .ii»|»  tri»'  il«*4  f.ik'«il^.  tl«'^  «oii'iui. 
)••%  .iufii*%  i|i**  tn'i-lii'H,  «]•■  vi**ilt**«  ■'•itl*«'il!«*%.  «-11'.  I.f  lnV'h'T  ••*!  rii-niitfnij 
p.ir  ufit>  iitru'Uf  |i"r  hi*  i •'««^friilil  itit  a«v/  ati  iii.\l  ilf  ««tiM;:!!!'. 

NUI  !••*  huil  li'"ir«*«  ilii  *Mii.  \t*s  a*it 'nt- x  •  •iiiifiiiiii.iii*«  *••  r»'n't»"nl  .1 
ri''^)i%<'  <Mi  un  Mriii'**  f^t  «-••li'tMi-  ffi  1  Imiimi'ui  <lf  «.iirit  Jimii  lli|ili%tf 
|*iii«.  f«  irl<%  \*M  !•'«  %i|M-ur<t  p"iii}MiT«  ••!  «iinin  p.ir  U  |i>i|iul-iti'iri  tlu 
|ii\«  Il 't  iM- f;it*iit  iii»ri|i-iil«'i*  •  •- j'itir  1 1  (l'-«  <*ut  li'Ut  «lr«  iillii;f«  \-ii*in«. 
•  if-r.!'.  riiiiii-  .iil)'iiiit«.  i'<*ii^*-i  l'-i «  tiniiii<'i|'.iiài.  i:ir>|i*  «liitiip  Ir**  »•% 
ipil  iM'-«  «•-  f«*ii  l*'nl  |*i<i«>-%%i  •iiii*-ilt-ni'-ii:  .m  ffu,  1  i-^l*.i  ilnr  .hj  liii  h<  r 
|if  •'  {•  ifi 

\fri«t  1,1.  If  |iii*tr«*  ^'ivif)<«'  iiii  \*i»'  I  (lu  l'ù' lii-r  ••!  .iflr«-««**  .1  li  r>ul# 
i|ir.  I  ''fit  •  ir«*  uif  -iIIk  hIhih  <t"  •  ir  iii^l  iiii'>'  <|ii  .  i|  i'«i  \i  u.  ii*>-«t  «ju*  r«* 
••  iiit» '■  A|'i«-*  t  fît»  •••i»...  -  ii.«  «••fiii-«ii  fil  ith-iti  iir,  !■•  rur»'-  il»*  \-'f»:r* 
,%j,  r^.-  î-  ti  •  lii'f  il*fii  l« -fiil»",  l'U  •.  |ii  nuit  ii'if  I  tr«  h»»  r-nMainnirr 
•j  j  t)  1  11  \'J»*  n'i-.  I.  I  inrii-  I  n  iii<'-rii-  !•■  f.Mi  ipii  «I  ni  fiin*  il«i  t»<i  li^r  m 
Ir  '  *   |-    '1   '1'-   I-  ri.|i«  ii'i  •■fi>iiiti''  .1111  i«  i\'    Iti  n%    «  1-1  i|f<  I  i*||t|l»-« 

|i    t  .ii%  I-  «  •■(}«:i  •ii«.   If  i  I  iti  iniih;'if  •!•■  l..i>iii  «url'Hil.  *>u  si}»rr,  •  t  l« 
hi<   r   -1'    I    ririir:*'    i>:  i«i*-{  •  !i*-!    iiit   V>if  .j'-'i^  1*1  il  iiit   «  hi*'iri   «1  rui  twn 
I'   r'-    ;•      :   •!*•  m-n!    iji     un.-  l-m».-,    .|  1      iiii  p-tj  t|f  r**fi(lrt*«.  !••«  li-»"!!* 
p!-r*  f     •!  l'-uî     ■     l'i     p»-«il  r*  *!«'r  -hi  li'i   Ii'î 

hiii*  .•  \'i\*  i  ■  •ti«'rf  I  xitf  1  iiiiii  f  !••«  il*  |iri« ilu  trn  t\r  Samt  Jran 
<}  r,  «r  i[  r--*  I  I  tt  ft  !i  'II.  lioiVi'fit  pf f «fr^*  r  «lu  f •  u  itu  nrl  rt  ilrt  inilaJi«»« 

I     -Ml  I»    ■     •»'■• 


LES   FEUX   DE  L4   SAINT-JEAN    [suUe)  H9 

De  nouvelles  lellres  m'ont  été  adressées  plus  récemment. 

En  Saintonge,  m*écri?ait  une  de  mes  auditrices,  dans  mon  enfance,  pas 
un  hameau,  pas  une  habitation  isolée  qui  n'eût  son  feu  nouveau.  Quand 
la  flamme  s'élevait  bien  haut,  une  danse  se  formait  interrompue  par 
quelque  vieille  paysanne  se  frayant  passage  à  travers  les  danseurs  pour 
enlever  un  tison  au  bûcher  et  le  porter  à  la  hâte  dans  la  maison,  où, 
soigneusement  éteint,  il  devait  jusqu'au  feu  de  Tannée  suivante  préser- 
ver le  logis  de  tout  malheur.  Le  bois  consumé,  lorsqu'il  ne  restait  plus 
que  des  cendres,  les  jeunes  gens  sautaient  non  par  dessus,  mais  au  beau 
milim;  malheur  à  celui  qui  se  brûlait.  Les  fadets  le  poursuivraient;  on 
a  va  des  fiancées  abandonner  le  maladroit  voué  ainsi  aux  esprits. 

Aujourd'hui,  ajoutait  mon  correspondant,  presque  plus  de  feux  nou- 
veaux dans  la  contrée.  Je  me  promets  d'allumer  l'année  prochaine  un 
gigantesque  bûcher  sur  les  hauteurs  qui  dominent  mon  domaine,  un 
bûcher  que  l'on  pourra  admirer  de  plusieurs  kilomètres  à  la  ronde'. 

Il  faut  que  la  foi  en  cette  superstition  ait  été  bien  tenace, 
bien  enracinée  dans  le  cœur  du  peuple  pour  que,  non  seule- 
ment rÉglise  mais  les  pouvoirs  civils'  qui  àplusieurs  reprises 
Font  interdite  niaient  pas  réussi  à  la  détruire.  Elle  disparaît 
devant  les  progrès  de  la  science.  Il  est  temps  de  recueillir  ce 
qui  en  reste. 

Nous  donnerons  dans  une  annexe  '  tous  les  renseigpnements 
que  nous  avons  pu  réunir  en  dehors  de  notre  cours.  L'œuvre 
que  nous  faisons  en  recueillant  ces  survivances  est  loin  d*être 
œuvre  de  simple  curiosité,  un  simple  délassement  d'amateur. 
Elle  a  plus  haute  et  plus  sérieuse  portée,  portée  philosophique 
et  religieuse. 

Un  érudit  d*un  grand  savoir  qui  était  en  même  temps  un 
écrivain  de  mérite  et  qui,  à  la  fin  du  siècle  dernier,  joua  même 

1.  Cette  auditrice  est  encore  jeune.  —  Son  projet  a  élé  réalisé  cette  année 
même. 

2.  Breuil  (op.  laud.)  cite  le  curieux  décret  suivant,  renda  en  1652,  par 
la  municipalité  de  Nuremberg:  a  Considéraot  que,  suivant  une  mauvaise hn- 
bitU'le  païenne,  chaque  année  à  la  Saint-Jean,  dans  les  villes  aussi  bien  que 
dans  les  villages,  les  jeunes  geos  vont  quêter  pour  recueillir  de  l'argent  et 
du  bois  en  vue  de  faire  ce  que  Ton  appelle  le  feu  solsHcial;  qu'à  cette  occa- 
sion, on  boit  et  Ton  ripaille,  on  danse  autour  du  feu,  on  eaute  par-dessus  en 
y  brûlant  certaines  herbes  et  fleurs  et  qu'on  répand  ainsi  l'incendie  dans  les 
champs,  le  Conseil  de  la  ville  de  Nuremberg  interdit  tous  ces  agissements  et 
autres  ineptes  superstitions  païennes  et  dangereuses.  » 

3   Annexe  H. 


rit)  LA    niIUClON    liKS    (lArLOIS 

lin  nMc  politique  comme  président  du  (lorps  léçiftlatif.  Dupui<«, 
membre  de  IWcadémiedes  Inscriptions,  dans  son  célèbre  ou- 
vrage, YOrigine  de  toux  le<  cultes^  dirigé  contre  le  christia- 
nisme, arguait  de  ces  survivances  pour  formuler  cette  éton- 
nante et  absurde  conclusion,  qui  eut  cependant  un  jour  de 
vogue  :  Jrsus  u  riait  t/uune  personnification  du  soleil. 

s'il  est  uii«*  fiiMt.*,  rirriviiit  l>upuî\  (|ui  seinhli*(Vli.ippcr  a  raii.'il><t''  <|ii** 
riouH  a%(Mi^oiitr«*|»m<M]e  f.itrt*  de^  |m»i'*«ii*4  n* li^'i(*u<u*s  et  deslr^rpnili'^cii-ifr^ 
par  l«i  |»b}M(|U(*  <'t  r>istri»iiiiriiir,  r'est  sans  iloiilo  cvllf*  du  i*.liri%l  im  U 
li*pMid«  yui  ft'/iis  re  nom  d  If  iuUil  p*iur  ohjet  ft  rrpiMidant  tfll«*  vs\  w*\r>* 
ivifirliisiiiii  :  La  tf  du  TAruI  i*5t  uni*  faliU*.  un**  lf*^end«*  ft«»lAir«\  niiiM  <|u<* 
U's  tulrt"». 

Mais  si  les  conriusions  de  Tauteur  de  YOriijine  de  tous  le\ 
cultes  sont  absurdes,  si  ses  raisonn«*ments  sont  illo^i«|Uf^, 
beaucoup  des  faits  qu'il  allègue,  des  rapprochements  qu'il  met 
en  lumière  a  l'appui  de  sa  thèse  sont  des  réalités.  Il  faut  dis- 
tiuL'uer  entre  TEvangile  qui  ne  relève  que  «h*  JésuH-llliri^t 
et  les  cérémonies  du  cuitt»  qui  sont  remplies  de  survivant r\. 
Bien  malailroits  sont  ceux  qui  le  nient,  eroyant  ainsi  MTvir 
la  reli;?i(»n.  Il  n*ett  jamais  bim,  dans  l'intérêt  d'un«*  imuhi*. 
qui'lle  qu'elle  soit,  de  méconnaître  une  vérité.  Cette  vérité  se 
retourne  contre  vous. 

La  ^«)ciét«>  religieui^e,  comme  toutes  les  assoriations  hu- 
maines,relève  du  passé  rempli  d'atavisme.  r*est-à-diri*  dr  xar- 
rnancf\'\  Pour  nous  bi«*n  connaitre.il  faut  que  nous  roniiais- 
sions  re  pasM*,  queli|ue  lointain  qu'il  soit  :  c'est  a  quoi  nous 
nous  appliquons  dans  l'intérêt  de  la  vérité  i*t  du  proi:rè<%  di*  la 
Hrirnce  historique  et  religieuse.  Se  désinlérenser  des   ^urvi- 

1  .  .\iit  |iriti<|iir«  i|r«  friii  rt  lU»  brrtirii  )r  U  Saint  J<*ai»  rv'Ir^Aiit  <lr«  f^t#» 
•'•I«I1<*ia1i-*.  «r  r«tl«rhriil  !#  •  \tTmX.*\\ïr%  r-  rlailfrii^til  il«»  lll'llii*  ii'l|(lli**  h^  ••tn* 
{••kTMt'iS  ,r%  *hX^t  'l'i  |iriiitriii|i».  l.r«  fftti  *ir  mkii.  \r%  i'Ii.iiivtifi»  Ir»  ftr^»  iiti 
■tf  mil.   •••  <r>  •  «  tl*"  ii->tr«'  \**t^»tr  Uri«|«i«'    'tu   iiiu\ffk  âi;*-,  «dut  uci''   in*  •  n  iii-* 

•  il-,  f  tri  ■  tii*»i-r«-ri  A  \<iiu«.  (>«  tHv,  ilit  M.  <faatiiii  Pari»,  r^iii'iiiiriil  rrr  • 
I  ii.i' III' lit  4  l'«  p  M|  jf     piit'iiiir.    Ou    pnil    rrruiivUlucr    ru    (t«rti**    rri   «iiM'-u* 

•  ^••r*  •{<*«  ij*>i/ji  "I  iv'i*  Nf  «rr^it-tl  ;>A»  |ti««iblr  ilr  r«*triiii«er  -ir  tiiArup 
t  t  iii  >  [i«  1  r -Il  •  .ri  ^if-ii  •  liant*  lir*  pdlilif*  auâthi  IDâll**  •  psr  l'(^li*i-  *  Ko 
I  .  il  .  i*.  1.  •  -rtr  i\- t  •••  it  ii'i  iiniiv*-!  ^Iffliriit  ilr  U  rrf«il:«tllilllt»ii  •1'-  iiitlr« 
pt*«'-  |ii.'  1  /n  >  •i;iri^f  i/'  lii  jtt'étit  Itjiffut  m  h'fiïnct  um  m-.^n  l'f*,  ptf 
«•4tiit(i  eifi*.  (iit--iilirr  lit-  1  hi«tiliit.  lt'*J.  i-itrail  tlij  J*»ufnai*l't  fir<ii*i'i 


LES  FEUX  DE  LA  SAIMT-JEAN  (suite)  121 

vances  serait  miililer  rhumanîté.  Permeltez-moi  de  mettre 
ces  réflexions  sous  le  patronage  d*un  des  plus  grands  saints  de 
l'Église. 

u  Ce  que  Ton  appelle  maintenant  la  religion  chrétienne  * 
existait  chez  les  anciens  et  n'a  jamais  fait  défaut  depuis  la 
naissance  du  genre  humain  jusqu'au  temps  où  Jésus-Christ 
s*est  incarné,  époque  à  partir  de  laquelle  la  vraie  religion  qui 
existait  déjà  commença  d*ëtre  appelée  la  religion  chrétienne. 
Quousque  Christus  venerit  in  catTiem  tinde  vera  religiOy  quae 
jam  erat,  cœpit  appellari  christiana  '.  » 


\.  Religio  ckrisUana. 

2.  Saint  AugusUn,  Relracialiones^  p.  3. 


X'  LEÇON 


LES  [lERBES  DE  LA  SAINT-.IEAN 


Au  nombre  des  survivances  les  plus  anciennes,  pré -roin aines 
et  pré-druidiques,  sonl  les  superslilions  relatives  aux  herbes 
de  la  Saint  Jean,  qui  dans  rantiquil(5  faisaient  pendant  aux 
superstitions  relatives  à  la  vertu  des  pierres  el  avaient  vrai- 
semblablemeatta  même  origine  :  les  traités  de  magie  des  Clial- 
déena.  Il  est  naturel  qu'on  y  ait  été  plus  lîdële.  La  vcrlu  de 
la  plupart  des  herbes  solsticiales  '  n'est  pas,  comme  celle  des 
pierres,  uneverlu  imaginaire,  mais  une  vertu  réelle.  La  méde- 
cine en  constate  Ions  les  jours  les  heurcus  effets.  Les  prati- 
ques recommandées  pour  en  faire  la  cueillette  relèvent  seules 
de  fa  magie. 

Ces  herbes,  dans  l'antiquité,  comme  au  moyea  Age  et  jus- 
qu'au commencement  de  ce  siècle,  étaient  vendues  durant  les 
fêtes  du  solstice  d'été  qui,  comme  nous  l'avons  dît,  n'étaient 
pas  seulement  des  fêtes  religieuses,  mais  des  assemblées,  c'est- 
à-dire  de  grandes  réunions,  Aes  foires  où  lescammerçants  af- 
lluaient  de  toutes  parts.  S  y  rendaient  également  les  devins, 
les  charlatans,  les  sorciers  et  toute  cette  tourbe  de  médecins 
qui  déshonoraient  le  druidisme*.  On  y  faisait  provision  de  re- 
mèdes pour  l'année.  C'est  là  un  trait  de  physionomie  delà  vie 
antique  qu'il  nous  est  facile  de  faire  revivre  par  la  pensée. 
La  foire  de  Beaucaire  jusqu'à  ces  derniers  temps  a  conservé 
ce  caractère'. 

I.   Qui  poDt  au  (oistice  d'été  dam  leur  plus  grsDd  épanoui  s»  méat. 

2  Pline,  X\X.  4  ;  hoc  gentia  lalutn  mtdicorumqut . 

3  Enrorc  bieu  plus  la  grande  foirt  de  Nij  ni -Novgorod  en  Riiule. 


LES  HERBES   DE  LA   SAINT-JEAN  123 

Parmi  les  recettes  préconisées  par  l'armée  de  guérisseurs 
de  maux  physiques  et  moraux  qui  pullulaient  dans  les  civilisa- 
tions primitives  toutes  n'étaient  pas  inefficaces.  Les  herbes  que 
Ton  cueillait^que  Ton  vendait  avaient  presque  toutes  certaines 
verlus  pharmaceutiques.  Pline  en  fait  mention^  comme  l'avait 
f     fait  avant  lui  Dioscoride  que  Ton  croit  avoir  été  le  mattre  de 
saint  Luc.  La  tradition  remontait  jusqu'à  Orphée.  Les  druides 
avaient  recueilli  cet  héritage  sans  le  dégager  de  l'alliage  des 
superstitions  magiques.he  druidîsme  était,  en  eiïet,  infesté  de 
magie.  Le  témoignage  de  Pline  ne  laisse  aucun  doute  à  cet 
égard.  «  Gallias  utique  possedit  [ara  magicà]  et  quidem  ad  nos- 
tram  memoritnn.  Namque   Tiberii  Caesaris  principatus  sus- 
tulit  druidas  eorum  et  hoc  genus  vatum  medicorumque  K  » 
Plusieurs  de  ces  superstitions  magiques   ont  persisté  chez 
nous  jusqu'au  commencement  de  ce  siècle,  malgré  les  efforts 
faits  par  TÉglise  pour  les  détruire.  Il  en  reste  certainement 
encore  des  traces  dans  nos  campagnes.  En  tout  cas,  ces  prati- 
ques étaient  encore  très  populaires  au  commencement  du 
xvui^  siècle. 

Qaelqaes-uDs,  écrit  Thiers",  pour  se  garanlir  des  maléûces,  ou  des 
charmes,  vont  cueillir  cerlaines  plantes  de  grand  matin,  à  jeun,  sans  avoir 
lavé  leurs  mains,  sans  avoir  prié  Dieu,  sans  parler  à  personne,  sans  sa- 
luer personne  en  chemin,  el  les  mettent  ensuite  sur  la  personne  maléficiée 
ou  ensorcelée     Ils  portent  sur  eux  une  racine  de  chicorée,  qu'ils  ont 
touchée  à  genoux  avec  de  Tor  et  de  l'argent  le  jour  de  la  nativité  de  saint 
Jean-Raptiste,  un  peu  avant  le  soleil  levé,  et  qu'ils  ont  arrachée  do  terre 
avec  beaucoup  de  cérémonies  après  l'avoir  exorcisée  avec  l'épée  de  Judas 
Macchabée  *. 

En  1808,  cettt  ans  après,  Millin*  retrouve  ces  superstitions 
encore  vivantes  dans  le  midi  de  la  France. 

1>  «  Les  Gaules  ont  été  aussi  possédées  par  la  magie  et  même  jusqu'à  notre 
temps;  car  c'est  l'empereur  Tibère  qui  a  supprimé  leurs  druides  et  cette 
toarbe  de  prophètes  et  de  médecins  qui  s'y  rencontrent.  »  (Trad.  Littré.  t.  II, 
P>324.)  Nous  commenterons  plus  loin  ce  texte.  Cesout  les  sacrifices  humains 
et  certaiaes  pratiques  sacrilèges  et  non  les  druides  que  visaient  les  décrets 
des  empereurs,  aiusi  que  Fréret  l'avait  déjà  reconnu. 

2.  J.-B.  Thiers,  Traité  des  superstitions  suivant  l'Écriture^  Paris,  170». 

3.  Noas  n'avons  pu  découvrir  ce  que  Thiers  entendait  par  là. 

4.  MiiliD,  Voyage  dans  les  départements  du  Midi,  t.  III,  p.  345  et  sulv. 


^t.*^-.m.    '. 


X         '^ 


'.:j:-Jeaii,  la  plaoo  de  Noail  ^  *'' 
s  -  .'1  :nalin  les  iians  de  la  caï'^' 
-i     .uvert  d'une  quantité  co  ^  ^' 
i*.  .1-*    Le  peuple  attache  à  c^^ 
-   îrrjuade  que  si  elles  ont  é^ 
i,  •P*r'-.  elles  sont  propres  a  guérr 
-n".  deu  acheter  pour  en  fair-^ 


LES  HFlHIii     ^-^   a  ?^rehe,  nous  affirme  qu'au- 


Au  nombre  des  sunu- 
et  pré-druidiques,  sont 
de  la  Saint  Jean,  qui 
superstitions  rciativr 
semblablemenlla  m*:, 
déens.  Il  est  nature - 
la  plupart  des  hcrh 
pierres,  une  vertu  ■ 
cine  en  constate  iv-     ■  ' 
ques  recommamli 
de  la  magie. 

Ces  herbes,  H  ' 
qu'au  commenr*»" 
fêles  du  soislit*' 
pas  seulcmpiii 
à-dire  de  gi  t 
iluaient  de  ; 


M'.  *  --jacher  du  soleil. les  paysans  du 

Btx  herbe  de  la  Saiot-Jean.  C'est 

.  -{ui  a  de  petites  fleurs  d'un  bleu 

^jg^^c  -çuemenl  aromatiques    On  en  fait 

.  ^^.   ^  r^sMoi  au-dessus  des  portes  des  habi- 

^  -Mt  -j.nae  le  buis  du  dimanche  des  Ra- 

^,,^^.3^»  d'année  en  année.  Si  un  animal 

^t^m.  4W^  A^if  nettoyé  Pétable  avec  soin  on 

^^«.rirtvS's^^Hkei  auxquelles  le  temps  ne  semble 

i^^   «  J  ™*l  1®  f®"  i  on  ferme  hermétique- 

^  .-^wav  dans  tous  les  interstices.  Ou  est 

j^   s>  ^«•nte»  de  la  malad  ie  ' .  » 


voit  riastinct  de  la  découverte  de 

de  la  désinfection  des  étables 

.-!iAaiaDs  sibériens  ont  des  recettes 

ie  supposer  que  la  tradition  en  re- 


^  * 


^r^" 


les  charlah 
qui  déshoT 
mëdes  po  I 
antique  <i 
La  foiro 
Ce  cara«- 

i.  Qui 

1.  Pli! 
I    En 


;!!•?.  pour  prévenir  la  maladie  des 

^  -.>  iruides  (les  mages  gaulois^)  ensei- 

^tr-r  i^oir  cueilli  avec  des  cérémonies  par- 

^ . .   r  ;^^er  dans  l'auge,  puis  le  broyer, 

^.x  «uisî^nt  l'avaler.  Ces  cérémonies  con- 

:     i  jidLLiio  do  la  main  gauche  et  à  jeun  ; 


^  1  -*».'   que  uou*  ayons  nhteou  de  nos  auditeurs. 
.:^^v.JK-5    beaucoup   plus  disparu    que  celles   des 


^   :3>-  %.  -.i.'.s-.eiir?  rt^pnses. 


LES  HERBES  DE  LA  SAINT-JEAN 


195 


.:  <;ni  la  cueille  ne  doit  pas  la  regarder,  ni  la  mettre  ailleurs 
!ans  l'ange,  où  on  la  broie  *. 

luelles  étaient  en  définitive  ces  herbes  de  la  Saint-Jean  ? 

'■•(probable  qu'elles  ont  varié  avec  les  pays,  c'est-à-dire 

ivecles climats.  Les  suivantes  sont  signalées  par  Pline  avec 

tndicatioDS  des  observances  imposées  par  la  tradition.  Elles 

'K)nt  aa  nombre  de  dix,  à  savoir  : 


L'armoise  ; 

La  bardane  ou  grateron  ; 

La  camomille  ; 

Le  chiendent  ; 

Le  lierre  terrestre  ; 


Le  lycopode  ; 

Le  mille-pertuis  perforé; 

L'orchis  ; 

Le  samole  ; 

La  verveine. 


correspondant  aui  termes  latins  suivants  : 


Anthémis  ; 

Artemisia; 

Gramen[Triticum  repense); 

Glechoma  hederica  ; 

Lappa  canaria; 

Samolus  ; 

Selago  ; 

Orchis  ; 

Yerbenna. 


La  camomille  ; 

L'armoise; 

Le  chiendent; 

Le  lierre  terrestre  ; 

La  bardane  ou  grateron  : 

Le  samole: 

Le  lycopode. 

L'orchis  ; 

La  verveine. 


Que  nous  dit  Pline  de  chacune  de  ces  herbes?  et  qu'en  pen- 
sent nos  pharmaciens  '? 
Anthémis  (Pline,  XXII,  26)  :     . 

L*anlhémis  a  été  très  célébrée  par  Asclépiatde...  On  la  recueille  au 
>rinlemps  et  on  la  garde  pour  en  faire  des  couronnes.  Dans  la  môme 
;aison  les  médecins  pilent  les  feuilles  et  en  font  des  tablettes;  même 


f.  n  lidem  [druidae]samoIum  herbam  nominavere  aascentem  ia  humidiset 
laoc  sinislra  manu  legi  a  jejunis  contra  morbos  suum  bouraque,  nec  respi> 
ère  legeotem  nec  alibi  quam  caoîili  depoaere  ibique  coutererc  paturis  « 
liv.  XXIV,  63,  1).  Le  sainole,  Samolus  Valerandi  (Linnée),  croit  dans  les  marcs 
:e  la  forêt  de  Saint-Germain . 

2.  Nous  incitons  nod  auditeurs  à  s'enquérir  de  ce  qu'eu  pensent  uos  paysans. 


124 


LA   nELIi. 


A   Marseille,  le  matin  do  l.-i 
cl  le  cours  sout  oetloyûs.  !)(>< 
pa^ne  y  affluent  et  à  dix  h<M> 
sidérable  de  fleurs  et  d'Iioi  ' 
plantes  des  vertus  super«t'' 
cueillieSj  ce  jour  nn^me,  acnn* 
beaucoup  de  maux.  On  ^    . 
des  présents  et  pour  n\  r 

Un  de  nos  aiidilenr"*^ 
tour  de  lui  ces  usa;»*" 


(i  La  veille  di;  1.1  S.> 
Perche  continuent  h 
une  herbe  tralniiulu, 
violet.  On  y  ajrmli   . 
des  croix,  des  ro>i 
tations  et  des  vi.t- 
nieaux.  On  gani" 
meurt,  une  vai-1- 
entasse  au  miti< 
pas  faire  pt-r*; 
ment  rélahlr\ 
persuadé  qu<' 


.£i  JlCLOIS 

zr   Toutes  les  parties  de  la  plante 

-    jji  irachme  contre  les  morsures  de 

ri'  c.  cette  plante  expulse  les  fœtus 

-K  l'.arétique  et  chasse  les  calculs, 

,-:.r.  rf  iffections  du  foie,  l'ictère,  Tae- 

_,-r^  11  mides. 


aucune  prescription  particu- 


ria  ie  lui  reconnaître  toutes  ces 
.IL  fa  tisane,  contre  les  faiblesses 
&  quelquefois  avec  succès  contre 
l  ^enît  intéressant  de  savoir,  si  à  la 
A  romposition  de  quelque  remède 


X 


Ces  pa 
Pasteur, 
cl  des  ,'iî 
analogM 
monlo 

Plii. 
bœufs 
gnait - 
ticuli- 
afin  «. 
sista 


-►•^ 


^^f^vimé  de  donner  leur  nom  à  des  plantes. 

"*^  femuitf.  adopta  la  plante  appelée,  autrefois, 

.vtte  plante  a  été  appelée  ainsi  du  nom 

j^inBi  qu'elle  est  employée  particulièrement 

s,  Se  j^tie  beaucoup  de   rejetons  comme 

plus  grandes  et  grasses. 

$  ?Ius  de  détails,  se   réservant    de 
-  -r'-^  plante  à  propos  de  ses  variétés, 
t  7.-VS  de  soixante,  comprenant  entre 
-sruon  et  la  citronnelle. 

-  :  r:  qu'  «  il  y  en  a  une  espèce  appelée 

-  i.iiule...ll  convient  défaire  connaître 

iae  dos  plus  aisées  à  trouver,  et  Tune 

-i;  eniplovée  dans  les  cérémrmies  reli- 

^jiai2-  En  effet,  dans  les  fêtes  latines,  il  se 

''       ,Kni:i^esau  pied  du  Capilole  et  on  donne 

'Si'.ito  à  boire,  nos  ancêtres  ayant  jugé 

^:iic:t*r  que  de  lui  donner  la  santé!  L'ab- 

iDJC.  ati**î  fait-on  du  vin  d'absinthe*.  On 


^  •     :  *  e#t  dit  que  Catoii  faisait  du  vin  ilabsiiiihe  «^n 
■•iVo  de*  vigucs.  Le  raislu  prenait  le  goût  de  lab- 


■  1 


>    i>K    LA   SAINT-JEAN  427 

'ctioQ  dansTeau,  décoction  ainsi  pré- 
r  si!C   drachmes  de  feuilles,  avec  les 
-  suLiers  d'eau  de  pluie  et  on  laisse  refroi- 
di il  l'air  pendant  un  jour  et  une  nuit.  Il 
iii  sel.  L'usage  de  cette  préparation  est  très 

it  suivre  les  instructions  de  Pline.  L'absinthe, pre- 
nnent, fait  mal  à  Testomac  et  à  la  tête^  au  lieu  que 
Ion  qu'il  préconise  est  très  salutaire  : 
.1/  resserre  Testomac,  fait  sortir  la  bile,  est  diurétique, 
:i  le  ventre,  le  guérit  s'il  est  douloureux,  chasse  les  vers 
:  s^^ipe  les  faiblesses  d'estomac  et  les  flatuosités,  avec  leséii\ 
t'/rd  celtique  et  un  peu  de  vinaigre.  Elle  fait  cesser  le  dé- 
.^jill,  elle  aide  à  la  digestion.  » 

Pline  lui  reconnaît  encore  bien  d'autres  propriétés  du  même 
genre*,  a  II  est  aussi  une  absinthe  marine yarte?nisia  maritima*^ 
nommée  par  quelques-uns  seriphium.  Les  initiés  aux  mystères 
dhis  en  portent  un  rameau  à  la  main.  Le  voyageur  qui  porte 
de  Farmoiseet  de  la  sauge  sur  lui  ne  ressent  point,  dit-on,  de 
lassitude.  » 

On  ne  porte  plus  de  branches  d'absinthe  à  la  main  dans  les 
cérémonies  religieuses,  mais  on  croit  encore,  eu  Allemagne,  à 
la  vertu  de  la  sauge  et  de  Tarmoise  comme  préservateurs  de  la 
fatigue.»  Quelques  personnes,  écrit  Grimm  «,  se  font  des  cein- 
tures avec  des  fleurs  d'armoise  cueillies  le  jour  de  la  Saint- 
Jean.  Un  proverbe  superstitieux  enseigne  que  quiconque  porte 
sur  soi  Se  Varmoise  et  de  la  sauge  ne  sent  pas  la  fatigue  en 
voyage.  »  C'est  exactement  la  superstition  que  constatait 
Pline,  il  y  a  dix-huit  cents  ans. 


1.  Tous  ces  remèdes  étaient  de  traditiou  et  se  cointiiuuiquaieul  de  ^éaératiou 
ea  génération  depuis  nne  très  haute  antiquité. 

2.  L'énumération  des  bienfaits  de  l'absinthe  se  coutiuiie  pendant  toute  une 
page.  C'est  un  boniment  de  charlatan  que  Pline  extrait  des  livres  de  mé- 
decine grecs  ou  plutôt  alexandrins  qui  u 'étaient  qu'une  reproduction  de  livres 
plus  anciens. 

3.  PKoe,  XXVll,  29. 

4.  Grimm,  DeuUche  Mt/lhoL^p.  584. 


1*JH  I.A   HKI.ir.lON   tiKfl  r.ArtolS 

La  pharmacie  modorne  accorde  bien  moinn  de  verlus  à  l'ar- 
nioifte.  Collo  plante,  dit  le  Dictiotwaire  de.%  scimres,  a  pai^Ȏ 
pour  un  puissant  emménagogue  dans  les  temps  h*s  plus  an* 
ciens.  Klle  a  b<*auroup  perdu  de  sa  vogue  aujourd'hui.  On 
emploie  ses  s<immités  en  infusion  comme  antispasmodique  ri 
tonique;  elle  passe  aussi  pour  vulm'^raire  et  détcrsive*. 

Gramen.  Triticum  repense  '. 

Sous  le  nom  de  simple  yramen,  Pline  décrit  la  variété  qua- 
liliée  par  Linnée  et  Littréde  Triiiciimrfpntse  (chiendent i.  On 
lui  attribuait  dans  Tantiquité  de  tr^s  nombreuses  verlus. 

Il  u*y  H  point  (l'heilH*  pi  un  ab'rt'*)ihlf*  a  m  \tf'W%  ilt*  »iiiiiin«*  »«>il  rrrl**. 
!uiit  M>r|ii*  ri  m  ffiin,  |HMirvu  ipi'ini  la  in«iiiil'«*  un  pi*u  On  il  t  •pu*  «ur  !•• 
l'ani'i^Hi*  on  vn  fi prime  It*  sur  ipii  •*%{  trt^ii  alMiniJ.-inl  ci  «tnui.  \ilh*tir«.  « 
il«*faul  tiff  fc  sur,  itii  rniplnic  la  iliVnrtiou  |Hiur  ak'k'lutin**r  !•'«  pl.(i>*«  ; 
rherln*,  int'^iiif  pilé**,  remplit  c«'t  ofllri*  oi  W%  prr«crvc  irinflanini.iti«*n. 
A  la  ili*cortioii  on  njoulc  du  vin  i*l  du  niiH;  ipif*lt|Ui'»*un4  y  font  «-nlr^r 
fnrorn  un  ti«*n  d'rnivn»,  df*  poivn*  «*t  d«*  m\rrli«*.  On  la  fait  rum*  d** 
nouv«*au  dan<  un  vas**  d'airain  pour  \e\  niaui  di*  di*nt«  i*t  l<*s  t1iition« 
d*'^  >f*ui.  La  ranuf*  houilli**  dan«  du  ^in  u'Ufnl  l«*4  Iran*  h«''f%,  la  d>«un^ 
*■!  \**%  uli'tTfi  dt*  la  Tf^^ii*:  fllt*  |tri<it*  U*^  ral<*ulB.  iJk  urain**  f*it  plu«  diu- 
ri^lii|Ui*;  «'II**  arrête  la  diarrhéi*  «'i  \es  %f»nii«s«MnenU;  «-lit*  nMn«-di«*  i*n 
parliiiilier  aui  nior^un's  d***»  dratinns  * 

Tout  cela  est  bien  de  la  médecine  de  charlatans.  La  suite  le 
prouve  encore  mieux. 

^u«-lipi«*i  auteurs  pp*«<'Mvi*nt  pour  la  iruérUon  dri  ^i*rou«*ll«*i  et  de« 


lunii'urt  dt*  pr**ndri*  \f%  riirud^  d'uu.dfdrui  ou  d«*  tri>is  pii*d«  d(*  yr 
ju^iprau  nomliM*  n^uf  nid**  \»'%  ••nri'l'ipp«*r  dan^  di*  la  lain^  i;raM«*  noire. 
(>l(n  ipii  rufdli'  '/«ti(  ^trt  il  jrun  *  *•{  allrr  «mi  <*i*t  liat  dan«  la  mai«<tn  da 
ni-il-iilf>.  I  indi^  ipiM  II  I  r«l  pj«  ;  fii  1«*  tii%.inl  r<*nlrer,  il  lui  dira  tr  it 
fiiM  :  Ji*  vift\%  it  j^'un  ipp-iiii-r  un  r'-np-d**  a  un  liomnir  njrun,  rn«uil«-. 
il  im  (Il  irhi'M  I' MiMiIfll*-  vi  il  fer  i  la  iii«'ii|i- 4  l|ii«c  lr'>i«^"ur«  <-oni'Viiri,\. 
I  f.p'ir  d>*  hTrifiifii  «pli  .1  ««'/.f  n-rii /«  •  «t  un  aniulrtii*  ^  l'trfllfnl  |Miiir 
]•-%  iniui  d>*  li'-(i>  nu*-l'pie«  iin«  ii*«iinini  iii<trnt,  ««mire  Ir*  i;rande«  dou* 
1«  un  d*'  1 1  t«-««ic.  di-  li'iire.t'ii  «'irlanl  d«i  Uiiii.  une  d^«M  tion  de  «jranifli 
f  lilf  .(«•••*  «lu  %ifl  •■l  fftuite  a  niMilir. 

1    S.iiii  II  .m>iit  piiiiit  t|»   rei  •riiriiraipfit*   •ur  l'uftaire  qu<»  l'on  m  fait.  #0 
J    P.  Il-,  \\1\.  tl' 

I    l<iiij<fiir<  Iri  ijii'iiM*  lifi  ••  ri|'liiiiit  pii>»«  rt  J«iii  Irt  In  rr«  d»  ma^ir 
i>   ••  '-i  M'      I  •  t  -i.  •!«  t'iii  f .  ipj  il  a  ioi.biii.o   ru  ce  rroièdf. 


190 

i'S 

.le 
ipû- 

\-t-Oïl 

croin*, 
-Jifaii.  Il 

02-XXIV, 

>  qui  rampe 
lî  d'un  îicéla- 
dc  la  graisse 

ii'îl  a  déjà  con- 

il  dont  il  comple 

i  une  variété.  Au- 

■iilir;  je  trouve  seu- 

•  :  «  une  couronne 

re  impair  guérit  de  la 

:  Lierre  terrestre,  nous 

qualités  poclorales,  est 

nie  contre  les  calharres 

perluis   ou    chasse -diable 

me  en  est  aslriui^'^ente  ;  elle 

'Hique.  On  la  prend  avec  du 

^rise  dans  du  vin,  elle  fiuérit 

lisme  de  Pline.  —  hliypericinn 

aSainl-Jean  les  plus  recherchées. 

•tés  vulnéraires \  résolutives,  vcr- 


ii 


l:(')  UK    llRf.KilON    liKS   (UtILOlb 

mifugcs.  L'huile  d*olivfs  d.iiiH  lai|Uollt*  on  a  mis  à  infusur  des 
sommilé.H  flourii^s  d<»  mil/e-periuis  e*l,  dil-on,  ufficarc*  dan* 
Icn  CDnUision*  et  l«*s  hrùliirps.  Kilo  ohI  connut*  jioiia  Io  nom 
d'Iinih*  A'hf/prrif  um  iKiriM  «|ii4*lqti(>s  pavH  HiiporslitiiMix  on 
altrilnit'ii  relli»  planli*  Aoiislrn  noms  tU^  r/iasxrdinhle,  h^rh^  dr 
In  Sfiint'Jffin,  la  propriiUr  trt*]oi;;n('r  le  loniiorro  ol  loji  oupriU 
malfai^antH,  aii^^si  la  riicillr-l-tn  dans  uni*  grande  cér«^mnnî«* 
(|ui  a  litMi  H  la  Saint-J(*an.  » 

Lnppa  ninnria,  haniane  on  ^rateidn    Plino,  XXIV,  llfi  : 

«  Les  Tirers  donni'nt  le  nom  de  phibinthropus  a  mn»  iH^rle 
velue  qui  s'atlarlie  aux  vrlemenls».   Tn*»  couronne  d«»  celle 
plante  mi^e  fiur  la  trie  calme  la  réplialalgie.  0*ll(*  qu'un  ap- 
pelle Inpp'i  ninnrin  V  pilée  avec  li*  platitin  et  It*  mille-fruilîe 
dauA  du  vin,  ^niérit  \vs  rnrciwnnrs^ .  Il  faut  n*nouvtdt*r  cv  Ut- 
pî*|iu»  tous  l**«i  trois  jnurs;  «die  guiTil  aussi  les  porc*,  lirrt^  de 
trrrr  ^ans  fpfttrrmi'ir  du  frr  el  j«di*e  dans  la  lavun»  qu*«»n  h'ur 
fait  hoirc  ou   d(mnt'*e  avec  du  lail  «*t  du   vin.  Quelt|ues-un« 
ajoutent  qu'il  faut,  en  l'arrachant,  prononcer  ces  paroles  ;  r>«/ 
f/ierhr  aryttvm,  n'mrdr  troHrr  par  Minerve  pour  lea  pnrrstjui 
en  nmntfmt .  •• 

lû*'tinnni*r*'  des  stirtirs  :  .*  Ll  har»l;uie  l'sl  une  plante  su- 
dr)rili>|Ui*,  rfii  -aci*  coutn*  les  rhumitisiiiPA,  et  contre  certain**» 
maladif*^  île  la  peau  rumine  les  rrnU^s.  de  latt    »• 

NiMiH  ne  connaissons  pa*  de  supi*rstilion^  modernes  qui  s'y 
rttt.ii'li'nt 

S*t»it»dtis^  ^aui'ile'    IMiiii'.  XXIV.  til    : 

Vi>;r  plus  linul.  p.  121 

Srlii.f't,  \v  ly.-  »p  »  l.'    INiui'.  X\l  V.  112.  iV\)  : 

..  \  Il  «/f//f/i«' iiii  liralhy*.  cmimui**  rap|H*llt*fit  |r«*  lîiers,  i»»*». 
•»'Mu!».'*  I  i  pi  mil'  app'd»'»'  s*/n/'i.  On  //  ru>*ule  stin^  I  rntretn*\r 
dujtr,  /!»'•'  A/  u\n  n  druxlr  pft\\»*e  n  t et  effet,  par  l  oureriisrr 


t    i  '■  •tiii  ti-  li .  «t  {  .  1*    1  I  j    m  ■!•-••;•-  •■  I  iriiriiiirjf 

*■    l.«|M    •    •!     •T'-'i'^rfr    J'    lu-  r  •iiuii»  |>t«  «.lU  i<lrulill'-«tioQ  rt«rlc. 


./ 

(lu 

-:aii- 

:('  les 

iladics 

ois  à  la 
cl  anli- 

so  trouve 

•j  s'omploio 

r  (les  piluics 

-i  Teau  et  rn 

•le  sert  aussi  à 

•lurellenienl  [kis 
•///<''  rff*.y  wpenti' 
1  qu'elles  élaieut 


•»  que  Toioliis,  herbe 

nie   [lahue,   à   Heurs 

•uli.'S  qui  resseuilileul 

»s  et  le  plus  dur,  ju'is 

"  petit  ou  le  plus  mou, 

-désirs ainoun^ix...  Les 

s  ulcères  de  la  bouche  , 

•  pituites  de  la  poilriue  et 

iHe  pas  des  vertus  niédiei- 
'i<'  h's  (jualités  que  lui  prè- 


••'*<  fiirmiil«->  Il  l'I.inîiJ  p."is  j>.iiii<-u- 

.ll  |«lli<C0-  piii-  riiX   .Mill  fnti.l  CiiiiiiMjii 


M^l  LA    RRLIiilÛN   I4CS   «iAUMHS 

Uit  L'i  iiiéilt*riiM'  aritiqiH*  assiiciée  à  In  ma$;i«*  tiMiait  iiniqiit*- 
inonl  à  la  rrAsomlilaiin*  (l«'s  raririf*H  aver  lt*H  partit*»  virili*^ 
(l«*  C4*rtain.Hariitiiaiix. 

Sur  la  dernièn*  horbe  Av  la  Saint-Joaii.  la  v«*rv<>ine.  noii^ 
aviiii«(  hi«*fi  plus  (It*  r(*iiSiM^nem4*ritH. 

IVrAr/i//.  la  vi'rv«»irn*    IMiin\  XXV,  "lîh  : 

•(  AiiriiiK»  platili*  n'a  parmi  U*s  Itomains  plus  (h>  rfrioin 
(|iii'  VhirrnhtiliHf  lM*rlH*  saiiili*  .  <Jiiel(|ijcft-iiriH  rapp«*lliMit 
pèri^iêrt'iis^  ;  li's  latins  r^rhonti  < v«»rv«'in«*\  \W*^\  TluTh»', 
ronim<*  nous  l'avons  dit  \  qu**  portaii*nt  ilan:^  Ifiirn  main»  !«'» 
anihaA^adiMirs  i*nvoy«'*s  a  IVnntMni.  T/cst  avt*r  f>l|i*H  i|u*on  lia- 
lavo  la  lablt*  dt*  Jn|iitt*r,  qirofi  fait  I«*h  piiriliiMliiinn  i*t  i*\|Ma- 
linn^piMir  U*%  maisonn.  Il  y  t*iia  Avwx  fspôi*i>s...  Qntdiph'H  im^ 
n*adnH*tt(M]t  anrnnr  dintinrlinu  i*t  de»  dnix  n'4*n  font  «pi  iim* 
i*«pt*«'(*.  vu  i|n«*  IfH  i*trt*ts  sont  les  mi'^m«*H.  Li>k  liauloin  (*in- 
ploifnl  l'util*  (*t  l'autn*  ponrtiror  U*%  sorts  «'t  prêdin*  l'avonir  : 
tnai^  /^«  inntji'\  surUiul  #A'Ai/*'/i/ «l<»s  fo|i«*H  sur  ri*lli*  planti*  *  /A 
disrut  f/ur  \i  ou  \  ^n  fruit»*  un  uhtiriil  rr  f/u'an  rétif  ^  '#;i  f  h'i^sr 
lr\  fu'f'n"s,  un  w  tunnlte  t»*^  ftmiiir*;  un  f/uêrit  iuutr  uuilmitr  ; 
ffu'tl  f'iiti  la  f  uni/ir  rrr%  Ir  lerrr  dn  C/it^n,  tir  nvmirrr  n  n  rtr^ 
vu  m  tir  /fi  Ijtnr  Ht  du  Sulrtl  ri  tiftrr^  ttroir  tltinnr  rn  riiàuifftn 
à  hi  Trrrr  tirs  r*iifutt^  ri  dn  mirl  ;  tftitl ftiut  hi  rtrrutt^mrrnt  rr 
Ir  frr*,  i  tirrfi»  ftrr  tir  /tt  nt'itn  i/ut:*  Itr  ri  f  t'irrrr  rn  Ititr^   puis 

f.nn»  ?»t»rlu«r  a  l'iunlirt*.  m*  pan*  m  «Mil.  1rs  riMiiil»*^,  la  lii;i'  i-t  la 
rariu«*.  Ils  ajoiiiMfit  ijui*  si  mi  a««pi'r^f  uni'  salli*  a  ni:iML'i*r  avi*r 
Ti'au  ou  l'Ili*  a  lri'iu|M*.  \*"^  ri-pas  dfvii»nni*nl  phM  L'ais.  On  |,i 
pili;  dans  du  vin  runtri*  li*<«  inorsuri*s  dr  ^iTprnls  '.  •• 

:!.   IMiiH-.    \MI.  t  |'«rilii    Ir*    i|iiili.t«*.\<1rur4    riiv-i|t^«   â   I  riKinn-    p..ir 

ift  ••l'i.Jfi'i.       •  •(    I  >liri-    (I  i-ir    r-'  !•  >ii  i:i  l>*r    *  l.i\r^*Hr'\t    lf«    r*i  lar*    m't'  \éet, 

ij  I  •   i{i|i  I  iji.  %  •  r  ■••n  nr*"   ■'.*■•  u-.!.**  •,  •  ••imn»' lii*^ii  ■••ii|i  :  .t>ilrr«.  r«"iii»(it«tr  ul. 
••.j  .>•'  p>- il  •  i.-p  <••*>'  ii'i''  !•-•  iiii*'**«  •!  Wm  l.iiiiija  air:il  riiiprtiiil^  ^*^%  ivi 

|i'  '•'   !      ..•     I  il    'i  1*1  ■■;• 

k     I   .     ;■  if  «i   i|  Il  •  I     !•    '•  r  II  I  -l  |(%«   |ir  .«T-l. 

^  '.'.ilit  i.itt.'il  ••  •-•!  iii'-'ltii  •!■  ).«  iiiir»iiri-  ■\*-%  mpr\*r\\\*  \\  *\i\ 
11-  I  %  <-  it  •!  ■  •*  -  \*\.h\  •  ''•  %it  i'  i  II  II-  'i  ••  1-1  II*  «III  p«y«  '1-1  l"*  bi«t'  ifi 
^l«i'-i*.  4  •  .  I  I  1^  i:i*li.it,  riiK  it  Ifiin  lr-"jp'4lJI,  rKpo»r*  a  Ce*  'lAUifrr*  <» 
11^     :«*ii!    •«    -ir   ^|.     U;     i-ii    V\   i*       m    ru    Ii4tili  , 


LES   HERBES  DR   LA   SAINT-JEAN  133 

Dictionnaire  des  sciences  : 

«  La  verveine  était  célèbre  chez  les  anciens,  chez  les  Grecs 
et  chez  les  Romains,  et  les  druides  en  faisaient  grand  cas.  Plus 
tard,  au  moyen  âge,  les  sorciers  l'ont  employée  pour  conjurer 
les  charmes,  détruire  Tinfluence  des  sorts.  Elle  entrait  dans 
la  composition  des  filtres.  La  médecine  ne  pouvait  négliger 
une  plante  à  laquelle,  dès  la  plus  haute  antiquité,  on  avait  at- 
tribué tant  de  propriétés  merveilleuses.  Aussi  fut-elle  consi- 
dérée comme  une  sorte  de  panacée  universelle  d'où  lui  vint 
le  nom  vulgaire  A* herbe  à  tous  maux  :  et  pourtant  son  odeur 
presque  nulle,  sa  saveur  assez  fade,  légèrement  amère  et  as- 
tringente, ne  justifient  en  aucune  manière  une  vogue  aussi 
extraordinaire.  On  l'a,  tour  à  tour,  vantée  contre  Tictère*, 
rhydropisie,  les  maux  do  gorge,  la  chlorose,  les  ulcères  et  une 
foule  d'autres  maladies.  L'eau  distillée  de  verveine  a  été  em- 
ployée dans  les  maladies  des  yeux.  Dans  les  campagnes^  faute 
d'autres  remèdes,  on  fait  quelquefois  des  cataplasmes  dériva- 
tifs dans  les  douleurs  pleurétiques,  en  faisant  bouillir  les 
feuilles  dans  du  vinaigre.  C'est  le  seul  emploi  un  peu  raisoîi- 
tuib le  qu  on  puisse  en  faire.  » 

La  verveine  est  encore  en  grande  réputation  en  Bretagne. 
Ces  divers  extraits  contiennent  intrinsèquement  lapreuve  de 
la  très  haute  antiquité  de  ces  préjugés,  ainsi  que  de  leur  ori- 
gine commune. 

Si  nous  n'avions  à  faire  qu*à  des  plantes  ou  à  des  herbes  vrai- 
ment salutaires,  si  la  cueillette  n^en  avait  pas  été  entourée 
jusqu'au  moyen  âge  des  prescriptions  les  plus  bizarres,  les 
plus  absurdes,  on  pourrait  croire  à  la  polygénésie,  si  je  puis 
dire,  de  ces  remèdes.  Les  pasteurs  des  divers  pays  auraient 
pu  en  découvrir  isolément  et  à  des  dates  diverses  les  proprié- 
tés curatives.  Mais  comment  alors  s'expliquer  la  croyance 
persistante,  en  Italie  à  la  fois  et  en  Gaule,  à  des  qualités  médi- 
nales  imaginaires*  —  à  des  pratiques  aussi  folles  qui  ne  peu- 


1.  fa  jaunisse. 

1.  Le»  plantpj»  et  le»  herbes,  aujourd'hui  sans  verlu  chez  nous,  ]»*»uvpnt  en 


itiagiqucs,  œuvre  de  collèges  de 
ixèts  à  iiu<!  ûpuqiio  où  tniilc  science 


1^  iuii  1(1  priiiciiJC,  ii[i  grand  rùle  choï 

B  les  cérémonies  de  la  cueillette  des 

^^p^^  ftîwt  laisse  entrevoir  ce  rôle,  il  appa- 

^^^^mtif  *  propos  de  !a  cueiltelte  du  gui.  Bien 

.^g^^m  à  ce  sujet.  Le  mot  n'est  malheurea> 

-^1  f  rT"'   d'nfirîisdcs  liislorîens  d'une  trop 

j— J  il  s'agit  des  druides,  serait  <<  le  syin^ 

^communiquée  à  [ âme  humaine .  Il  y  fau- 

\  dit  tnyxtère  miprème  de   la  création. 

[,  l'arbre  sacrt,  avec  le  gui  serait  le 

^^^rv  imia  au  CrérUettr  et  distincte  du  Créa- 
^^^utlitmenl  la  vie  dam  le  sein  de  l'Être  èler- 
^^^.  L'esprit  mijstifjne  de  la  croyance  des 
^^  m^  d admettre  que  les  vertux  attribuées  au 
t  phifsiijm-s.  li  s'aifit  ici  de  purification 


I  a  fait  justice  de   ces  rêveries,  dans  un 
k  atru  dans  la  Reviif  del'Hiitoire  des  Heliginn?, 
k^Y«)DS  le  recommandi*  : 

Bcui»  mi.àXvW.wn  fait  de  myihiilogiv  botani- 

^,.r*^nces populaires  de  tous  lespeuples  ocrent 

^^vW«p/r«.  Le  f/ui  Jouissait  en  Germanie  du  même 

,^gftlf  ;  il  71  irpparteiuiit  donc  pas  en  propre  aux 

jgH  cuv>'I<^'^<^  ^<^  rattache  aux  supersiiUoDs  rela- 

^^»  Jp  la  Saint-Jean,  nous  n'avons  à  nous  en 

.*  litre,  It  no  relève  poin!  de  la  théologie  Jrnidî- 

^Mts  dil  l'Iiue  de  la  cueillette  du  gui  ne  mérite 

t  iwtreutlenlicin.  Il  nous  montre  le  prélregau- 


l'ellt'B  aieut 
s  prusorip- 


LES   HERBES   DE   LA   SAINT-JEAN  135 

lois,  le  druide^  en  action.  Nous  pouvons  nous  le  représenter 
jouant  un  rôle  analogue  dans  d'autres  cérémonies. 

Ouvrons  donc  Pline  *  et  relisons  la  curieuse  description 
qu'il  nous  fait  de  la  cérémonie'  : 

II  ue  faut  pas  oublier,  à  propos  du  gui,  TadmiratioD  que  les  Gaulois  ont 
pour  celte  plante.  Aux  yeux  des  druides  (c'est  ainsi  qu'ils  appellent  leurs 
mages)  rien  n'est  plus  sacré  que  le  gui  et  l'arbre  qui  le  porle,  si  toutefois 
c'est  un  rouvre;  le  rouvre  est  déjà  par  lui-même  larbre  dont  ils  font  les 
bois  sacrés  ;  ils  n'accomplissent  aucune  cérémonie  religieuse  sans  le 
feuillage  de  cet  arbre,  à  tel  point  qu'on  peut  supposer  au  nom  de  druide 
une  élymologie  grecque  *.  Tout  gui  venant  sur  le  rouvre  est  regardé 
comme  envoyé  du  ciel  ;  ils  pensent  que  c'est  un  signe  de  l'élection  que  le 
dieu  même  a  faite  de  l'arbre.  Le  gui  sur  le  rouvre  est  extrêmement  rare 
et.  quand  on  eu  trouve,  on  le  cueille  avec  un  très  grand  appareil  reli- 
deux.  Avant  tout,  il  faut  que  ce  soit  le  dixième  jour  de  la  lune,  jour  qui 
est  le  commencement  de  leurs  mois,  de  leurs  années  et  de  leurs  siècles 
qui  durent  trente  ans;  jour  auquel  Tastre,  sans  (Hre  au  milieu  de  son 
cours,  est  déjà  dans  toute  sa  force.  Us  l'appellent  d'un  nom  qui  signifie 
remède  universel.  Ayant  préparé,  selon  les  rites,  sous  l'arbre,  des  sacri- 
fices et  uu  repas,  ils  font  approcher  deux  laureaux  de  couleur  blanche, 
dont  les  cornes  sont  attachées  alors  pour  la  première  fois.  Un  prêtre  vêtu 

1.  et.  Pline,  //.  iV.,  XXI,  95  (Irad.  Littré). 

2.  .M.  n.  Gaidoz  fait  remarquer  avec  beaucoup  de  justesse  que  «  Pline 
a'arait  nertaiuemeot  pas  assisté  lui-même  à  la  cérémonie  qu'il  décrit  si  pom- 
peiiâemeut,  qu'il  en  parlait  par  ouï-dire  et  que  nous  ne  devons,  par  coosé- 
queDt  accepter  comme  certain  que  le  fond  même  du  récit.  »  Ce  récit  n'eu  est 
pas  moins  très  instructif.  Nous  retombons  ici  dans  les  prescriptions  de  la  mé- 
decine magique.  Cette  croyance  à  la  vertu  du  gui  n'a  pas  complètement  dis- 
paru. «  Dans  certaines  parties  de  la  Bretagne,  écrivait  M.  Luzel  à  M.  Gaidoz, 
ou  suspend  encore  une  branche  de  gui  au-dessus  de  la  porte  des  écuries  et 
des  étables  pour  protéger  les  animaux.  Le  gui  est  également  encore  employé 
comme  simple,  pour  combattre  les  maux  d'entrailles  et  l'épilepsie,  pour 
faciliter  les  accouchements.  11  figurait  encore  dans  les  pharmacopées  da  siècle 
dernier;  aujourd'hui  la  pharmacie  n'en  fait  plus  usage  »  (Gaidoz).  Les  Gau- 
lois n'étaient  pas  les  seuls  dans  l'antiquité  à  honorer  le  gui.  11  avait  attiré 
l'attention  des  Latins,  m  Le  gui,  dit  M.  Gaidoz,  devait  aussi  chez  eux  possé- 
der des  vertus  particulières,  car  c'est  justement  au  gui  que  Virgile  compare 
le  rameau  d'or  qui  doit  servir  de  talisman  à  son  héros  visitant  les  enfers  : 

Quale  solet  silvis  brumali  frigore  viscum 
Fronde  vivere  nova^  quod  non  sua  semiuat  arbos 
Et  croceo  foelu  teretes  ctrcumdare  truncos, 
Talis  erat  species^  etc.  » 

Nous  ne  sortons  pas  d'un  courant  traditionnel  général,  commun  à  uu  grand 
nombre  de  uations  de  l'antiquité. 

3.  ApO;  (chêne). 


136  LA   RELICEOM    DES  QAULOIS 


de  blanc  monte  sur  l'arbre  et  coupe  le  ^ui  avec  uae  serpe  d'or  ;  ou  1*^ 
reçoit  sur  itoe  saie  blanche  ;  puis  on  immole  les  vicUmes  eu  priant  que 
le  dieu  rende  le  don  qu'il  a  fait  propice  à  caui  auiquels  il  l'accorde.  On 
d'ail  que  le  gui  pris  en  boiinon  lionru  la  fécondilé  a  tout  animal  st^le  ■•l 
qu'il  est  un  remfde  contre  ton»  les  poùons,  tant  d'ordinaire  les  peuples 
révërenl  religieusement  des  objets  frivoles. 

Toutes  ces  superstitions liennenlcertaÎDemcnt  aune  vieille 
organisation  à  laquelle  présidaient  des  collèges  de  prèlres  qui 
avaient  le  privilège  de  ces  recettes  médicales.  Pline  allribtie 
mAme  à  ce  privilège  attribué  aux  sectateurs  de  Zoroaslro  leur 
première  répn  Laiton  de  magiciens  :  «  La  magie  est  née  d'abord 
de  la  médecine,  personne  ti'en  doute  :  natrim  primum  e  mede- 
cina  (magices)  nemo  dubîtat  ■■  (Pline,  XXX,  1}. 

Ce  qui  se  passe  de  nos  jours  encore  dans  les  lamaseries  de 
la  Taitarie  et  du  Thibet  nous  éclaire  sur  ce  qu'ont  pu  être 
les  centres  d'élabo ration  de  celle  médecine  empirique  dont 
le  charlatanisme  des  mages  et  des  druides  s'est  emparé  plus 
lard. 

Je  prends  le  P.  Hue  pour  guide'  : 

Au  relourde  la  belle  saison,  flu  juillet,  le  désert  ne  tarda  pas  à  deve- 
nir vivant  et  animé.  Les  lamas  du  la  faculté  de  médecine  de  la  grande  la- 
une  annexe  de  la  lamaserie,  espèce  de  maison  de  campa^^ne  située  dans 
la  montagne)  —  commencèrent  à  arriver  à  Tchogordan  (c'est  le  nom  de 
cette  campagne)  pour  se  livrer  aux  travaux  d'herborisation.  Les  maisons 
disponibles  en  logèrent  autant  qu'elles  purent  en  contenir  et  le  reste 
habita  sous  des  lentes  abritées  par  les  grands  arbres  de  la  petite  lama- 
serie. Tous  les  matins,  après  avoir  récité  les  prières  communes,  bu  le  thé 
beurré,  el  mangé  de  la  farine  d'orge,  tous  les  étudiants  en  médecine  de 
la  lamaserie  retroussaient  leursrobesel  se  dispersaient  sur  la  montagne, 
sous  la  conduite  des  lamas  qui  leur  servaient  de  professeurs.  Ils  étaient 
tous  armés  d'un  b&ton  ferré  et  d'une  petite  pioche,  une  bourse  en  cuir 
remplie  de  farine  était  suspendue  â  leur  ceinture,  quelques-uus  portaient 
.sur  le  dos  de  grandes  marmites,  car  la  (acuité  devait  passer  la  journée 
tout  entière  sur  la  montagne. 

Aviiiit  le  coucher  du  soleil,  les    lacnas-médecins   revenaient  chargés 

1.  Hue,  Voyage  en  Tarlara  el  au  Thibet,  t.  Il,  p.  ISl. 

'2,  Cette  lamaserie,  située  en  plein  désert,  comptait  deux  mille  lamat  vivant 
t^ii  ruiniiiiiuauté,  diviiiée  en  claues.  Une  de  ckb  classes  était  ce  qu'il  appelle 
lu  ftic'illé  de   médecine.  Le   I'.   Hue   visita  ensuite  une  autre  lamaBerie  qui 


LES  UKRBBS  DE  L^  SAINT-JEAN  137 

d'énormes  fagots  de  branches,  de  racines  el  d'herbes  de  toutes  espèces. 
En  les  voyant  descendre  péniblement  la  montagne,  appuyés  sur  leurs 
bâtons  ferréSy  on  les  eût  plutôt  pris  pour  des  braconniers  que  pour  des 
apprenlis  médecins.  Nous  fûmes  souvent  obligés  d'escorter  ceux  qui  ar- 
rivaient, spécialement  chargés  de  plantes  aromatiques  ;  car  nos  chameaux, 
attirés  par  Todeur,  se  mettaient  à  leur  suite  et  auraient  brouté  aans 
scrupule  ces  simples  précieux  destinés  au  soulagement  de  Thumanité. 
Le  reste  de  la  journée  était  employé  à  étendre  sur  des  nattes  tous  ces 
produits  du  règne  végétal.  La  récolte  des  médecins  dura  huit  jours 
entiers.  On  en  consaci*a  cinq  autres  au  triage  et  à  la  classification  des 
divers  articles.  Le  quatorzième  jour  on  en  distribua  une  petite  quantité 
à  chaque  étudiant,  la  majeure  partie  demeurant  la  propriété  de  la  fa- 
rulté  de  médecine.  Le  quinzième  jour  fut  un  jour  de  fête.  Il  y  eut  un 
grand  festin  composé  de  thé  au  lait,  de  farine  d'orge,  de  petits  gâteaux 
fris  au  beurre  et  de  quelques  moutons  bouillis.  Ainsi  se  termina  cette 
expédition  botanico-médicale.  La  faculté  reprit  galmentle  chemin  de  la 
grande  lamaserie. 

Les  drogues  recueillies  à  Tchogardan  sont  déposées  à  Ja  pharmacie 
générale  de  la  lamaserie.  Quand  elles  ont  été  complètement  desséchées 
a  la  chaleur  d'un  feu  modéré,  on  les  réduit  en  poudre  ;  puis  on  les 
divise  par  petites  doses  qu'on  enveloppe  proprement  dans  du  papier 
rouge  étiqueté  en  caractères thibétains*.  Les  pèlerins  qui  se  rendent  à  la 
lamaserie  achètent  ces  remèdes  à  un  prix  exorbitant  *.  Les  Tartares  mon- 
gols ne  s'en  retournent  jamais'  sans  en  emporter  une  bonne  provisiont 
car  ils  ont  une  confiance  illimitée  dans  les  herbes  de  la  lamaserie  de 
Kounboum.  Sur  leurs  montagnes  et  dans  leurs  prairies,  ils  trouveraien. 
bien  les  mAmes  plantes  et  les  mêmes  racines,  mais  quelle  différence  avec 
celles  qui  naissent,  croissent  et  mûrissent  dans  le  pays  de  Ts(mg-Kaba, 
la  patrie  du  Bouddha  vivant. 

Les  médecins  thibétains  sont  einpiritiuos  Ils  assignent  au  corps  hu- 
main quatre  cent  quarante  maladies,  ni  plus,  ni  moins.  Les  livres  que  les 
lamas  de  Kounboum  sont  obligés  d'étudier  et  d'apprtfndre  par  cœur  trai- 
tent de  ces  quatre  cent  quarante  maladies,  (^es  livres  sont  un  ramassis 
d'aphorismes  plus  ou  moins  obscurs  et  d'une  foule  de  recettes  particu- 
lières. 

Quoique  capables  d'observations  et  tenant,  en  particulier,  graud 
compte  de  l'état  des  urines  du  malade  ({u'ils  examinent  avec  grand  soin, 
ils  font  entrer  beaucoup  de  pratiques  superstitieuses  dans  l'exercice  de  la 
médecine.  Cependant,  malyré  tout  ce  cfiarlatanisme  qui  étonne  chez  des 
hummes  qui  ne  manquiint  pas  d'instruction,  il  est  certain  qu'ils  sont 

1.  Les  caractères  sacrés. 

2.  C'est  un  des  principaux  revenus  de  la  lamaserie.  Les  prescriptions  ma- 
giques que  le  vulgaire  ne  saurait  accomplir  étaient  évidemment  faites  pour 
éloigDfr  toute  concurrence. 

3.  Ces  pèlerins  viennent  quelquefois  de  très  loin,  de  centaines  de  lieues, 
à  reite  !aina»erie  célèbre  de   Kounboum. 


>  Ui   RELIGION   DES  GAULOIS 

•  .  ■«M:9««vi..     as  ^riuii  nombre  de  recettes  précieuses  et  il  serait  iémé- 
.»-  .-    -Mia*-!    me  X  -^:!eace  nu  rien  à  apprendre  des  lamas. 

-.^iu  .»?>  lyrnuies  semblables  qui,  des  pays  touraniens, 

vut    u?^i   *arMt»  la  M^'Jie.  patrie  des  mages,  ont  passé  par 

■t*v •  rtitruiiuif  i  *>rphée  d'un  côté,  des  druides  ou  des  com- 

i^aa.uL'«.>  LUiiio^nies  de  Tautre,  chez  les  tribus  établies  en 

•     lu»;  ii>uiie  des  exemples  curieux  et  très  instructifs 
•vui    ■•'•*ï*^  t^'  eur  charlatanisme. 

..  :v  uiiJ.^<^ivo!!jk  iktQt  une  fondation  bouddhiste,  une  réaction 

•,ai  -!*    «^a^    ailes  moins  spiritualistes  du  chamanisme.  Mais 

5^  uini&x  e>  .iocleurs-lamas,  n'ont  point  repoussé  les  vieilles 

x^i-***^  >  'il*  urtares.  Us  acceptent  la  doctrine  qui  veut  que 

,^*.,'     îouiâio  soit  causée  par  la  présence  d'un  diable,  d'un 

..r»^  ..l:    iui  tourmente  la  parlie  malade.  L'administration 

j,v  >^.;».»\cs  qu'ils  donnent  en  pilules  et  qui  sont  des  spéci- 

^^^.^a^  V.  u^etU  actifs  sont  destinés,  suivant  eux,  à  préparer 

V  ^î  >i\>a  Ju  diable  qu'il  faut  atteindre  par  d'autres  procédés 

>*^    s  .>«t  *ouls  les  formules. 

^,x  î-  .i-.il  le  mon  t  médical,  le  lama  ordonne  des  prières*  conformes 

vi  vluM<*  <1'*^^  ^^"^  déloger.  Si  le  malade  est  riche,  s'il  est 

it'  -.LMuluviix  Iroup^Mux,  le  lama  déclare  que  le  diable  dont  la 

,    i  .   vtlHv  la  maladie  est  un  diable  puissant  et  terrible.  Comme 

.,x  ••.vnl   t|u'uu  grand  tchugour  voyage  comme  un  petit  dia- 

.,  X  x^n  oxpulsiun,  on  doit  lui  préparer  de  beaux  habits,  un  b^au 

•  is'llt*  pair»'  ib*  bottes  et  surtout  un  jeune  et  vigoureux  cbc- 

X      .  i  •..^t^  t^'"l  ♦''■''^'  ''  '^^^  certain  que  le  tchugour  ne  s'en  ira  pas... 

..\cr  ou'un  rboval  ne  suffisf»  pas,  car  parfois  le  diable  est  telle- 

.1'  /:i  diirnitt''  (lu'il  train»»  à  sa  suite  un  grand  nombre  de   servi- 

:o   vourlisans.  Alors  le  nombre  de  chevaux  que  le  lama  exige 

,4.;o   i-<*l'*  (Icpontl  toujours  de  la  richesse  plus  ou  moins  grande  du 

/  Htu*  it  assisté  à  des  scènes  do  ce  jjenre.  Il  en  raconte 
.^vUi-i   J'iti  rite,  p.  93,  une  des  plus  singulières. 

^.eiviniMiies,  ces  sorcelleries  nous  reportent  cerlaine- 

A»;unie  nriirine  à  plus  de  trois  mille  ans  avant  notre  ère. 

,    .|^»as-iu>ttî*  donc  de  plus  en  plus  de  cette  vérité  que  le 

...  ;.n/./.,  t.  1,  p.  loy. 


LES  UERBES  DE  LA  SAINT-JEAN  139 

monde  est  bien  vieux,  que  nous  sommes  bien  jeunes,  nous 
autres,  hommes  de  TOuest,  nés  bien  tard  à  la  civilisation  et 
que  dans  la  conslalation  de  nos  vertus  comme  de  nos  faiblesses 
sociales,  de  nos  préjugés  religieux,  il  faut  toujours  tenir  grand 
compte  de  ce  que  nous  devons  à  rhéritage  du  passé,  de  ce  qui 
est  en  nous  à  litre  A'aiavhme.  Nous  pouvons  n'accepter  ce 
passé  que  sous  bénéûce  d'inventaire,  nous  ne  pouvons  ni  en 
nier  Texistence,  ni  méconnaître  de  quel  poids  il  pèse  sur  nous. 

De  ces  faits  nous  devons  tirer  une  leçon  d'indulgence  pour 
les  faibles,  de  tolérance  pour  les  erreurs  de  bonne  foi. 

On  parle  beaucoup  aujourd'hui  de  Tirresponsabilité  en  cri- 
minalité. Beaucoup  de  ceux  qui  sont  encore  hantés  des  vieilles 
superstitions  doivent  être  mis  au  nombre  des  irresponsables. 


LESWASTUU 


A  r«iHefl>l)le  4e»  IraJîtiooa  et  «DiXTStîlîons  irlaùves  ao 
«■Ile  d-j  fea  et  do  soleil,  ehez  las  nftalai*.  m  rallacbe  un  »i^e 
solaire  'i'>ut  la  deslioée  a  été  detplai  bnllanles  et  qui  muiiUr, 
BÛeux  -actym  que  les  pnUiqaes  dont  aons  avons  déjà  parl^, 
la  poift^anee  des  lurrirtmeesi  qods  voulons  parler  de  la  eroii 
ou  swaslika'  dont  nous  poovoas  suivre  rbisloin* 
ijgnv  hiératiijHf  on  pnphylaetiijue  du  iv*  siècle  euvî- 
roa  aviint  uiiirt*  ère  jusqu'à  uoftjour».  puisque,  aujourd'hui, 
il  a  conservé  (oati-  »a  valeur  dans  l'Inde,  leTbibolelIe  Japoa, 
tout  en  restant  un  des  signes  sacrés  des  cbrétiens. 

Durant  cette  loag^ue  période  qui  ne  peut  être  évaluée  à  moins 
de  3500  ans,  le  sœaslika  ou  croix  gammée'  se  montre  avec 
une  persistance  de  formes  des  plus  remarquables,  des  plus  si- 
gnificalives,  dans  la  majeure  partie  habitable  du  monde  connu 
des  anciens. 

Le  lableau  que  nous  mettons,  sous  vos  yeux'  renferme  les 
diverses  variétés  de  ce  signe  sacré.  Nous  y  avons  joint  un 
certain  nombre  d'autres  signes  solaires  dont  nous  aurons  à 
parier  plus  lard. 

Sur  les  points  les  plus  divers  du  monde  connu  des  anciens, 
en  Asie  Mineure,  en  Grèce  et  dans  les  îles  helléniques,  à 
Chypre,  à  Rhodes,  en  Italie^  en  Gaule,  en  Angleterre,  en  Ir- 

1.  Sn'aaiita  e»l  le  nom  qui  lui  «st  <foDUé  ilnns  l'Iude. 

3.  Ain»!  appt'lé  parce  qu'il  semlile  toruié  de  qui^lre  gammate  croisant. 

3.  Noire  pi.  Vil. 


PI.   VT. 


^uyn%«^<J  tVéxJiu  ««««44«tt4i  oM^cÂÀà  «44^^-v«àilikKci/<4u»XvM«  ruotiamuàS. 


+    ^    ffi   ïl   ^    tfi 


1§1 


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^  *  4" 


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Le  Swastikn. 


LE  SWASTIKA  OU  CROIX  GAMMÉE  141 

Iande«  dans  la  vallée  du  Danube,  au  Caucase^  en  Scandina- 
vie, dans  rinde  el  jusqu'au  Thibet  et  au  Japon,  nous  retrou- 
vons ce  signe  y  jouant  encore  ou  y  ayant  joué  un  rôle  symbo- 
lique important. 

Le  swastika,  nous  lui  donnerons  désormais  son  nom  sans- 
crit, pour  plus  de  commodité,  sans  prétendre  aucunement  que 
ce  symbole  soit  d'origine  indoue,  n'a  assurément  pas  eu  par- 
tout la  même  valeur,  n'a  pas  joué  partout  le  même  rôle. 
Comme  il  est  advenu  de  la  croix  chrétienne,  nous  le  retrou- 
vons quelquefois  avec  le  caractère  de  simple  amuletle,  ne  re- 
levant d'aucun  culle  particulier^  appartenant  plutôt  à  l'arsenal 
traditionnel  des  magiciens.  Parfois  même  il  descend  au  rang 
de  simple  ornement,  servant  de  motifs  de  broderie  sur  de 
riches  étoffes  orientales*.  Il  y  a  deux  ans, les  fabriques  de  nos 
grands  magasins  de  nouveautés  en  avaient  décoré  de  légères 
colonnades    dont  quelques  pièces  ont  dâ  aller  reporter  au 
loin,  dans  les  pays  d'origine,  le  souvenir  matériel  d'un  culte 
oublié  :  ce  sont  autant  de  survivances. 

Chaque  monument  portant  ce  signe  doit  donc  être  étudié  à 
part,  si  Ton  veut  en  déterminer  la  signilication.  Les  générali- 
tés prématurées  sont  à  éviter  avec  soin;  il  faut  distinguer  les 
époques  et  les  circonstances,  c'est-à-dire  le  milieu  d'où  sortent 
les  monuments. 

Depuis  une  vingtaine  d'années  ce  signe  a  été  Tobjet  de 
nombreux  travaux,  dont  quelques-uns  sont  considérables  et 
émanent  d'érudits  particulièrement  qualifiés.  Un  très  grand 
nombre  de  monuments  et  de  faits  les  concernant  ont  été 
recueillis  et  publiés.  Beaucoup  de  conjectures  ont  été  émi- 
ses sur  l'origine  et  la  valeur  première  du  symbole  sans  que  le 
problème  semble  définitivement  résolu. 


1.  Je  lis  diQS  le  Journal  asiatique,  t.  IV  (1829),  Description  du  Tuhet  (sic) 
traduit  du  chinois  par  le  P.  lîyacintho^  traductiou  revue  par  Klaprotb,  p.  245  : 
«  Les  femmeâ  et  les  filles  des  eavirons  de  Lha-Saa  out  ordinairement  uq 
petit  boQoet  de  velours  de  laiuc  roage  ou  vert  pointu  par  le  haut;  des  bot- 
tines, des  jupes  d'étamine  noire  ou  rouge  ornées  du  5i<7/ie/%/ et  appelé  dhoung- 
pbo  ».  La  dcscriptioQ  est  le  1791. 


-    -fZ-  ;>»•  DES  GAULOIS 

^1-:     :.  '  :  115  >s  recommandaol,  les  publicalioQs 

h:..»^:».  L^rj^ploi  et  la  signification  dam  fatUi- 
-    .     •  ■  i^  i*i7}imée^  avec  un  résumé  en  français, 


•i— 


I2«î 


i».-       -î*- 


:.   •*•  -î^jn:  occupés  de  la  question  de  la  croix 
'ftjz-     1     w^fin^^.  riîisé  dans  ce  savant  mémoire,  lia 

.  :i>  »?rî  lutres.  Il  nous  servira  de  guide. 
''•*;-.?•-  Tjîà.  esq.,  On  the  meaning  and  origin  of 
.:u    x'i^r'ii  —  mémoire  publié  dans  le  XLVllI' 
•:    .T     t--i»ro%îV2  *W/a;m/ca,  1885,  p.  292-326, 
—  7n-.'ii!  également  original. 
r- *-^.    ri    •:>  wux  Œuvrcs  Capitales  vous  trouverez  un 
-^lir    »r>   iomons  diverses  émises  presque  jusqu'à  ce 
:u>   ::»=   'c*  c^ire  publiéc  à  Bruxelles  en  i889  par  M.  le 
...  v-*.*e! la,  professeur  d'histoire  des  religions  à 
^  .    .T  i;-iJir?IIes,  sous  le  titre  de  :  La  croix  gammée 
■,.  IL-.      :%ie  ie  symbolique  comparée^  avec  de  nom- 
-   :^-L.->  m^^rcalées  dans  le  texte^. 
.^1.  -.'?'/  ivins  les  meilleures  conditions  ce  problème 
::.:.le  nous  promet  plus  d'un  enseignement, 
.  ,:>  lisiez  préalablement  un  article  relatif  au 
.:  .ee  en   1888  par  l'illustre  commandeur  do 
>^      : .   . .  iieureux  explorateur  des  catacombes  *  ; 
/  .;>   du  Dictionnaire  des  antiquités  c/iré- 
•  ■:  M.utiirnv.  édit.  de  1877,  p.  214. 
^  ,     '.•  .:  .î;  la  Gaule,  car,  si  le  sivastika  ny  avait 
.    .  •.  À\ait  été  qu'un  motif  banal  d'ornemerita- 
s    ,   ::^ii'\  par  exemple,  nous  n'aurions  pas  à 


■  :   :;•■   H-Tjekors  Anvendelse  07  Betydninf/  i  Oltiden 
>  .:  {c\U\ 

^     •  '•   ,^  oii 'z  Io>  Ani:lo-Snxous. 

:•    Il  M'.'iiiiilr  (l.ins    Afl    mif/ralion   des  symboles^  du 

■  rrîîo?t  Loroiix,  1891). 

:;.>>j.   .iaii;'    lUdletin    d'archt^ologie  chrétienne,   1SS8, 


LE  SWÂ8TIKA  OU  CROIX  GAMMÉE 


143 


Il  est  difficile  de  dater  rapparllion  du  swastika  en  Gaule. 

Ou  peut  affirmer,  toutefois,  qu'il  y  était  déjà  connu  sous  plu- 

sieurâ  formes  (voir  pi.  VII  les  diverses  modifications  du  signe) 

dès  le  viii*  sinon  dès  le  x"  siècle  avant  noire  ère,  puisque  des 

matrices  de  swastika,  ainsi  que  des  swastika  imprimés  sur 

des  fragments  de  vases  d'argile  ont  été  découverts  dans  la 

couche  archéologique  de  Tune  des  stations  lacustres  du  lac 

du  Bourget  (Savoie)  *,  appartenant  au  premier  âge  du  fer  ou 

à  la  fin  de  l'âge  du  bronze  '. 


Fig.  6.  —  Matrices  pour  empreiutes  de  swHslika  et  de  cercleâ 
découverles  daos  les  statious  lacustres  de  la  Savoie. 


Des  matrices  et  des  débris  de  vases  analogues  portant  les 
mêmes  signes  découverts,  les  uns,  dans  les  tourbières  lacus- 
tres de  Laybach  •,  les  autres,  en  Hongrie  dans  le  cimetière 
préhistorique  de  P/7m*,  permettent  de  supposer  que  les  supers- 
titions relatives  au  swastika  s*étendaicnt  à  toutes  les  tribus 
celtiques  des  contrées  des  lacs  avoisinant  le  Danube,  qui,  dans 


1.  Collection  du  duc  de  Ciiaulaes^au  Musée  de  Chambéry,  et  Ernest  Ctiaotre, 
VàQt  du  bronze  (2*  partie),  p.  195. 

2.  Voir  La  Gaule  avant  les  Gaulois, 

3.  Mes  carnets. 

4.  Mes  carnets  et  Le  catalogue  de  l'exposition  préhistorique  des  Musées  de 
province  et  des  collections  particulières  de  la  Hongrie^  par  le  D'  Joseph  Hain- 
pel,  186,  p  120,  vitrine  2i,  n»»  87,  88,  89,  91.  —  Nota.  Le  u»  102  représente 
le  signe  de  TS,  l'un  des  signes  solaires  souvent  associés  au  swastika. 


\^2 


LA    RELIGION    DKS 


Je  VOUS  signale,  Cil  vous  les  rcc» 
suivantes  : 

1"  LuDwiG  iMiiLLER,  Leiiiploi  - 
quitv  du  siyne  dit  croix  gamim' 
Copenhague,  1877*. 

Tous  ceux  qui  se  sont  ocri 
gammée  ont  largement  puis, 
servi  de  base  à  tous  les  auti 

2*^  RoHKRT  Philips  Gheg, 
the  Fylfoi  «  and  swasiika  - 
vol.  (2«  partie)  de  VArch, 
2  planches.  —  Travail  ('- 

A  défaut  de  ces  deux 
bon  résumé  des  opinio' 
jour  dans  une  brochur* 
comte  Gobletd'Aîviel] 
l'Université  de  Bruxi 
OH  swastika,  étude  »  ' 
breuses  figures  inti  • 

Pour  aborder  Aw 
important,  dont  V 
il  sera  bon  que  v 


traversées  par  le 

^ine  des  hranchex  de 

'cs  dont  le  paya  des 


môme  sujet,  pi 
Rossi,  le  saviu 
et  enfin,  l'ai 
tiennes  de 
Parlons  * 
pas  péncli 
tion,  cont 
nous  en 


i  i-^votion  que  les  tribus 
-  :•  ar  ce  signe  hiératique 
V.-  ^)  le  volume  que  nous 
.  '^liomon  Reinachs   Vous  v 
^:—  îe  ceinture  on  feuilles  de 
•afc-*au  repoussé,  à  coté  d'au- 
*  :ius;>urs  variétés  du  swastika 
.ur-  w  ceinture  «paraissent  avoir 
•sŒr  !•?  '."es  tribus.  Nous  les  retrou- 
j-  I  rp*c  de  Haguenau*  et  dans  les 
^    .-^iis*?"  (Doubs).  Les  tombes  de 
^^ifcjîwviq:.  *n  avaient  déjà  présenté  de 
,.  r^a-  irrûéologiques  dressées  par  nos 
,^«ale<tt:^l!Itheatiqu6s  que  le  Musée  pos- 
*  TJtf»  ou  des  tribus  sœurs  s'étaient 
j^,^  -.1  ies  Pyrénées.  Nous  retrouvons 
.   -  -r*i."".ements  de  TAin^du  Doubs,  du 
.  ».ivrs.  dos  Landes,  des  Hautes  et 
i  iii.  -riaronne*^. 

ri-f»   ces  tribus   pastorales,    qui 
■    i.jst  primitivement  campé  dans  les 


.-  .  .'-lî'ruuîijuer  avec  le  Rhône. 
-   .  'Mi.  -^  •>*  Tyroliens. 


^i' 


^  » 


:i. 


>  :i!r»jMe  à  volets  ii*  11  de  la  salli*  VI 


1.  En  • 
115  p.. 

2.  N 

3.  i: 

4.  « 
p.  9- 


.:  -  ■-.  .■•.:■.?'.:?/.  pi.  XI.  vi  le  meuble  à  volels 

.  :    ^        ■    thèqn»^  «In  Musée. 

f-i     !.:   fMiéral    Edgar  Po Une r,  salle  M, 


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'   ^s« 

LK   SWA3TIKA  OU   CROIX   CAHMÉE  145 

vallées  qui  avoisinent  les  sources  du  grand  fleuve'.  Pressées 
par  les  iuvasions  helvétiques',  elles  avaient  lentement  gagné 
les  Pyrénées  où  elles  trouvaient  des  vallées  et  pâturages  ana- 
logues  à  ceux  qu'elles  avaient  abandunués.  Ce  séjour  de  nos 
pasteurs  celles  dans  les  Pyrénées  succédant  à  leur  premier 
habitat  dans  les  Alpes  poumiit  expliquer  l'erreur  d'Héro- 
dote^ plaçant  les  sources  de  Vhter  (le  Danube)  nu  mont 
Pyrëne  :  les  deux  stations  s'étaient  confondues,  à  la  longue, 
dans  l'esprit  des  émigrants. 

N'est-il  pas  remarquable  que,  dans  ces  mêmes  vallées  py- 
rénéennes, nous  retrouvions,  longtemps 
après'  il  est  vrai,  le  swasiika  dans  toute 
sa  pureté,  non  plus  sur  des  poteries  d'u- 
sage vulgaire  ou  sur  des  ceintures  ou  il 
revêt  surtout  le  caractère  de  signe  pro- 
phylactique,  mais  sur  de  petits  cippes  ou 
autels  anépigraphes,  où  il  est  manifeste- 
ment un  symbole  divin  •{tîg.  7).  Nos  autels 
étant  anépigraphes,  nous  ne  pouvons  dé- 
terminer d'une  manière  certaine  la  divinité 
à  laquelle  ils  ont  été  élevés.  Il  n'est  pas 
douteux,  toutefois,  que  ce  soit  une  divinité 
solaire,  non  seulement  parce  que,  ainsi 
que  nous  le  verrons,  la  croix  gammée  ou 
swasiika  est  un  signe  originairement  so- 
laire, mais  parce  que  les  cippes  an  swas- 
iika se  trouvent  associés  à  un  nombre 
relativement  considérable  d'autels  dédiés  à  un  Apollon  ou 
un  Hélioa  sous  le  nom  d'Abellio*.  Julien  Sacazo,  dans  ses 


»ig  T 

Au  le)  aoépigraphe 

pyrëDêCD  aiec  rouelle 

et  Bwsstika. 


1.  Voir  Lti  Ctltta  dan»  Ui  vallées  du  lianube  el  du  Pé,  [i.  8. 

i.  L-î*  llelvèïvx  appartenaient  à  un  autre  groupe,  le  groupe  kimritine. 

3.  Ilérod.,  liT.  Il,  33:  IV,  i9, 

*    A  l'époque  gallo-romaine. 

r<.  Vi>Tr  lei*  moulages  rie  cee  pellls  autel»  au   Mu«ée,  salle  Je  Mythologie, 
H"  ma,  18717-18121,  18122,  22177,  2:!n«. 

b.  'A3é]lio(  était,  cbei   les  Crétoia,  uue  divinité  assimilée  au  «oleil.  'A6ÉXia; 
Crtttintlmi  £  T,Xiot. 

10 


mi 


I   DKS  GAULOIS 


Im'ripliiiits  ijr^  itnrifn-  tliriif  pi/rénrfiis,  ne  cnmpli*  pas 
iimins  »!.■  Iiiiil  ri|»|i«'s  ilt'ilivs  .111  ilit'ii  Aliflliii  «m  AIm'Iio, 
ABELIONNI  DEO  '  \H ^  ■  !'•'  swnslikii  ii'i'lail  {Kiiirlaiil  guis  *'\- 
rliisiv.-mi'lil  résiTvé  ail  ilii-ii  Suli-il,  Niiiis  ii*  Iroiivoil*  nii-<lf*- 
«iiiilK  iriiiif  iii^rriplioil  vittivi-  il  Jii]>iU>r  l'I  a  MiniTM-,  J<iri  rt 


■yKepfftsmi^^mt,- 


;|i  ^  ■  l'V: 
NBEUONW' 


!  fORTISîVl?ICIf„ 


\t,<.',ii.   •    l.iM.-iulK-iiiut.  .lu    .\rn)M>l.->l>A;iil.ix.>ir  .)ii.)i)iif 

rii.i..  ,i.  \  i-i]..; -(ir  il  .Ditr |i;i.»  I>- <n  .i«iik.t  •'■>l  *iirriii<iil*- 

'Il îi'iii.    I:j  '-t  rij.]..  i.int  i.i..l..li;.|ii.-iil  l-iiill.-.i  iiH.- Afl.-- 

iiiiv  l.->ii.-f  1:.  I  ■  r.i:.;..it  .In  -L'ii-  tw  .■  i.,  >ti>iiv  .).■  |.i  liiii.i.Tr 
.lihiii.  .  iiii'.'  \l..il]i..  il  .xi.t.iil.  .-til  J.  >.x.:w,-  .l:ni<.  la 
t.i...-.  il-  I...;...n-!.Mri-  .livinil- l.i.- .!.- ;ii,i..  I-,-  //,./„«  .j,,,  j  .«.- 


LE  SWASTIKA  OU  CROIX  GAMMÉE  i-i7 

encore  un  rôle  dans  les  légendes  du  pays,  «  comme  dieu  solaire 
et  dieu  musical  »  *.  Ailleurs  «  Abellio  était  la  divinité  pyrénéenne  ^ 
dont  Faire  d'adoration  (qui  est  dans  ces  vallées  la  même  que 
celle  du  swaslika)  avait  le  plus  d'étendue  ».  11  est  bon  de  rappe- 
ler que  la  divinité  ou  les  divinités  que  les  Romains  identifiaient 
avecleur  Apollon  étaient  parmi  les  plus  populaires  en  Gaule, 
comme  le  prouve  le  nombre  des  épithètes  celtiques  accolées 
auDom  d*Apollon,  épilhëtes  qui,  sans  doute  aucun,  sont  autant 
de  désignations  de  cultes  locaux.  Nous  en  connaissons  dix*  : 
ApoUo  Anextiomarus,  Bormauus^  Bormo  etBorvo,  Cosmius, 
Gobledulitavus,  Grannus,  Livius  ou  Livicus,  Maponus,  Wo- 
gounus,  Siannus^  Verotutus.  Quelques-uns  de  ces  cultes, 
comme  ceux  de  Borvo  et  de  Grannus,  se  retrouvent  dans  plu- 
sieurs localités  très  éloignées  les  unes  des  autres*. 

Le  nombre  de  ces  petits  autels,  bien  qu'ils  aient  attiré  très 
lardivement  l'attention  des  archéologues,  n'en  est  pas  moins 
déjà  fort  respectable  et  dépasse  la  centaine.  Le  Musée  des  An- 
tiquités  nationales  ne  possède  malheureusement  aucun  origi- 
nal. Il  a  dû  se  contenter  de  moulages,  dont  six  sont  exposés 
dans  la  salle  de  xMythologie  sous  les  n^"  1773,  187i7,  18721, 
18722,  22177,  22178. 

Les  originaux  de  ces  moulages  appartiennent  à  la  collection 
du  Musée  de  Toulouse  qui,  depuis  que  les  moulages  ont  été 
exécutés,  s'est  beaucoup  enrichie.  Voici  ce  que  m'écrivait  en 
4873  le  distingué  conservateur  du  Musée  de  Toulouse,  M.  Ro- 
schach  : 

Les  monuments  anépigraphcs  du  Musée  lic  Toulouse  qui  portent  la 
croix  yammée  ont  été  acquis  depuis  mon  catalogue*,  ce  qui  explique  le 
manque  de  renseignements  dont  vous  vous  plaignez.  Malheureusement, 
avant  d'appartenir  à  M.  Barry,  de  qui  j*cn  ai  obtenu  la  cession,  ils  fai- 
saient partie  d'une  collection  privée,  celle  du  colonel  Dupuy,  mort  depuis 
longtemps,  qui  avait  négligé  de  noter  les  provenances.  Il  résulte,  cepen- 
dant, des  renseignements  oraux  recueillis  par  M.  Barry  que  les  monu- 

1.  J.  Sacazc,  op.  laud. 

2.  Relevé  de  nos  note?. 

3.  Cf.  Alfred  Maury,  Revue  archéol.^  2«  série,  I,  58. 

4.  C'est  cette  omission  qui  nous  avait  obligé  de  nous  adresser  directement 
au  conservateur. 


.•,■•,_. 


14H  LA    RKLit-.loN    DKS   n\|TLOIS 

III  -iil^  .iv.iifMil  /-it^  il>''-otivt*rt'»  sdit  il.'iiM  la  T.ill»*e  ili*  Liirlmu^l,  «nit  iUn« 
1.1  \.illi*i>  ilitiioil,  vmI  <I-iii%  i-i'llti  iji*  1.1  \f*!i|i*,  «>ii  un  mut  lUii^  l«*  nritnif 
«!••  iii>iiit.i;£iif^  »'ii<'hfvi*ir****4  t|iii  Hi'rp.ir»Mi(  1«*^  !^iHin'«M  ifi*  la  (•.irumir  <!•* 
i-f||i*«%  i|i*  r.\i|i>ur.  Li'  <»iciii*  <|tii  Vi>uH  iiiliTi*«xt»  oi'i*ii|ii*  MirltMii  le  %nt  |p  itf* 
.iiil''N.  !."%  lUllfH  lif.iui  l«*!i  plus  fri'i|iifiil^  iLiii*  i:i  roiittri*  Hniit  «-fin 
ti'Af'flf  l't  <li*  Jupili'i'. 
J  <ip|iri*niK  i|iif  !••   ImI'Hi   ir.\;:<i<  a  Titiimii.  pir^  Saiiil-lt»*rtr.iiiil  <lf- 

<.'>i|||||i|i;;i'%.    piisviii*    uni*    ||<»||||tf«MI^«*    riillivtlull  •l'.IUli'U  pfiiVf 11  lllt    «1«'^ 

iii<''iiii'%  hiialitf's.  IMii!«iiMiis  ilr  roi»  aiih'i<i  purlfiit  la  i-nm  cainiii***'. 

i\vs  ii*ns(i::n«*nuMits  élairiil  |iarfaiu*ineiil  exaiMs.  c«)iniii«'  cm 
urî\  |iniiv.'iil  douter,  venant  «i'iiii  ari'liéolfi^'in*  aiiAsi  (|iialilii* 
i|iii'  M.  lioM'Iiarli.  .Nt>iis  av«ius  pu  nous  <*ii  assurer  ii«*|iiiis  i/^ 
risft.  Mais  reltt*  rolli'i'lioii  privi'*!*  n  ««tait  pas  la  !i«*iili*  (|iii  fii^tAt 
dans  lt>  pays.  Haiis  uin*  di*  ims  «*xriirsitms  pyri*ti«'*eiiiii*H  ihmjh 
aviiii«i  nuistaté  riviNiciirr  d'aiilrfs  «-alniicls  d*afiiaiciir!«  nti 
fi::iiraii*nt  tii*H  aiilrU  ilii  iiiriin»  L'i'iin*  : 

1  '  A  Tihiraii,  rlii*/  M.  Uiiriity,  ainit'i;  di*nli<«ti*  pari^ifii. 

2  A  naL*mTi'ï»-di'-Ili:;orn»,  rlii*/  !••  paNt«*iir  Kinssard,  mr^ 
ri*H|ioiiiiaiil  ii«*  la  SiM*ii*tt*  d<'.s  Aiilii|iiair«*?«  tic  Traii  «•,  i|iii  l<*s 
avait    rfriioilliH   liii-nii'iiii*  a  M»msrnê  dans   la   valin*   di*    la 

.'t*  A  Ila.'iit'ri's-ilf-l^ijrlniti.  vhv/.  M.  Ii;  II'  lîmiriiaii. 

i"  litii*/  II*  i'i*L'rrtli*  J.  >ai*a/.«*,  à  Saint  (■aiiiiriis^. 

r.iiiii'iiiiitis  a  rf\i<»ii*n«*i',  dans  la  lîaiili*  tiiêridioiiah*,  an- 
t<  I  h'iiri'iiifht  a  la  «Miivi'i^htii  ilt**»  (•.iiiliii*i  au  cliri^liani^ini*. 
•!•■  piaii«|iit*^  •«••  i.«tl.i>  liant  au  «'uid*  du  sidnl  rt  du  ffu  ijiuil 
iii>'»  au't'N  iiitiiiii«'  ii'i^  pla{ii<-«»  ili'  i('Milui(*n  ptiitrut  l«*iiMi- 
irnajt'  Li'^  m'Uiuiiii-iit^  n'i-iirilii'»  liaiis  ifs  i'vnMiéc^  n«*  ^nut 
pi-»  1rs  "ki-ii^  i|iii  iap|i«'iit'iil  Ti'Xi'^lcni'r  di*  r«*  i'uit«*.  ITaulif^ 
ni'tiiuiiii'nl*»  l'M'^ltMit  Hiir  !•••«  ImimIn  ilt*  l.i  Mi*diti*rrau«r«. 

riaii^pi>ttiiii^-fiiiu^  <laii*«  lf^  ltiiii(-|ii*%  du  Itin^ni*.  auli«*udii  : 
/.  I  II*»' Ur  PrriNsf  pri><«  Vriaux*  Là.  <«ui  uni*  i«<iplaiiad«*  i|tit  pa- 
ru, a^'i.rcli'  tint*  ••iir''Mii«*  ^  irri*i*.  à  la*jUi*lli*  <iii  |H*n<*trf  par  inie 
liiii'  h«'«'  laiiN't'din^  !••  r'i-  piiUi  l«*  p.i^^a.'t*  d'tin  Hi^ulliitiiiiiii*   .a 

.  '.l  II  '-  t  •  i  I  ji  ri  t  il  -  >  't^  a  mil  •■  'kir  M*^  \  *  J.  \iCAif  -lu  M-i  >'< 
■I'  ll»if  •  r  •  t  ti-  -I.  1  ..  ■  .  iii  .  I  '  .111  \  ■  •  •  •(  lriii>{i.ir|rr  i|i-pui«  l«  mort  *ir  «^^ 
.î.-f. 

J    ''4:a  -u    i«    H'fir     l  u  •'!  tliiiri    4  «'Ir  1  ir«i    tif  cri  Cliiii' •   •  Itiriil. 


LE  S'n'ASTIKA    OU    CROIX   CAMUSE 


149 


flocAf-/'ert«M), s'élevaient,  aulrefois.  deux  statues,  aujourd'hui 
mutilées,  devenues  la  propriété  de  M.  J.  Gilles'  (Hg.  10).  La  pré- 
sence de  l'une  d'elles  était  déjà  signalée  en  1824%  sans  que  poi- 
sonne,  pendant  près  de  soixante-  dix  ans,  so  soit  donné  la  peine 
de  la  mettre  à  l'abri.  La  découverte  de  la  seconde  (<87.'i),  en- 


m^^ 


fouie  sous  terre,  ramena  l'atlcnlion  sur  la  première.  M.  Gilles 
qui  en  a  fait  l'acquisition  les  décrit  aimi  *  : 

Les  deux  statues  sont  en  calcaire  coquillîcr  d'un  grain  très  nn  et 
blanc  provenant  des  carrières  aituèps  entre  Cnlesaane  et  Condoui,  eom- 
mone  la  pins  rapprochée  de  Vélaui.  t^s  l'Utues  sont  assises  sur  leurs 
jambes  à  la  manière  des  divinités  de  l'f'pypte  et  de  l'Inde.  lîlles  ont 
dans    cette    position   une   hauteur  de  0~,98,    ce  qui    leur  donnerait, 

1.  J.  Cille*,  Lti  SalitTu  ananl  la  tonqufte  romainf. 

S.  Statùligut  du  déparlement  des  Bourhes-du-Hliûvr,  t.  Tt.  p.  S89.  Lu  àn~ 
criptioD  de  la  »tatne  que  la  Slatisliiive  ilil  pcrdiit  ert  loul  i  l&it  errnnt'e. 
3.  Ce*  Matoes  ontélé  cjdé««  depuis  au  Mu9i?e  de  Uarveiltc, 


I.V) 


L\    RFLir.ION   DKS   riAl'LOlS 


i'*(;iri(  ({«'ImmiI,  tiiii>  taillf  ili*  t^.Tr».  Lp»  {rU»%  iiinii'iui'rit  :  iiiiiis  il  e<it  f.i>-il*< 
il>-  ifi'iitiii.iili*'  «|u*'.  ^i  •lli'H  .iv.u«*nl  1*11  \vs  ihi'Vi-iix  Imi.''».  il  l'ii  ri"»i«*riit 
(!.■•  l!.|i'«-"»  «kiii  !•■  ••m  »•!  siii  ]•'•»  i'|>.iti|i*<»;  l'IIi*'»  i|<-\.iii'iit  iV"ii  li  {»'•{*•  r-i"»*"»*, 
!,■  iiHM-  .•*>{  \'^ii'j,  llii«'l  l'I  ari'itpli  Klli'H  •itii  1"<%  hri'»  ft  !•  <*  j  miti.*  mi'» , 
I"  lir.i<»  ilt'Mï  III' !iiii-  «Il  Jiv.iiiiji  III  li'i  iif-iMi\«'''-  «iir  1 1  •  iii«h>-,  t.iii  ti*'  'lu" 
!•■  Il]  !<>  j.iii'li'-  ;   'M'-  il  iiiiiii  ^'ii  1.1  p  ii(i  .iK'  •  :i  ^uii**  ifi-  |<i  ii-i»* '. 

I.'  m  ••■^ll|lnl'  *>•■  «■•III)»"*--  iriiiM*  I  iiii-;ii-'  tilt'-  iriliill'-  .'I  »'itti>|%  •  ir* 
ifiiii  |ii>tiil«k  l'it  r<>Mj<-,  «^1  1 1  •'-•-.  •■Il  |ii<»l.iii«'«>i  |>H,jii«ii|ir.i  1,1  l'i-ifihir*  ,  t  iii>l:« 
i{ih'  l-i  p.'iiiit'  iiil*  i:'-tii<-  fiii III  iiit  jii|M-.  Imiili-i' il  un»'  iT'iii;:*'  f*u  liiiHi'!>-« 
t'iiiilM*  rii  pliH  i'-tiiitlN  l't  I t-t:iiliiT»  I  ••ii^i'iS  <!•'  |ii'lil<»  r.iii<'hik'*'<»  pt'irilot  •!•• 
rii''-iii u!<'iii  it  il'-M->'Mil  JiiMiu'.iti    iiiiliiMi  d' ^  I  iiissi'H.  l.;i  |Mtiiriif>  r%i 

•  •■iivi-rli'  (l'un  (■•■•t«ii  il  «ij)it'i|t.isi'  ,(  l.i  tiiiMi|iii'  (!••  jiit  liiial  «'«il  ••rri'*  il** 
'/*••  ^M' «  •(  -if  'fu  ut-  iHit'f'i  ^''utfil's  ih  rt'liff;  rt*  i|iii  |i.ii,ilti  iit  iii«l:i|ii-  r 
.jiic  .-••<»  ^1  ii||i|  m  ••<»  i|,iii<i  IOii.'imI    «'Liii'iit  fiiti"»  iiti   ii-|hmih«i''    <iiit  !•■   (•  r 

•  II!  !•■  JifitiiZ''. 


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;_5«-.».^... ..««..  1  >'._  1  i1m<>\  ri«»v  K«(.i'  ..«.'«.  1^) 

II.'   Il 

•  ',i'  iiiif  M.  J.  <i;II«'<  apjx'IIi"  il»"*  i/ri'i  If iir\  f{  ili's  i|iia<lrillii;>'* 
xiiii  mil-  ili-s  |i|ii«  aii>'M'iiiif>  fi)riii''s  tli>  sMa«lik-i.  M.  (iiil>-» 
•  iii!i!i>'  >•.'  ili'iii>-iii  lin  .111  il>-^Hi)ii^  i|i>  i-fs  si;:iii>N  vont  kii^im-iiiIu» 
lif.  'r-.ir  .1  lir i>i>')i>"<  •'imU'o  i:i|i[i<'!.iiil  l'i  iTnis  ijHi'  |iiirt.ii>-iit 
Mil  1 1  I'  iiti  Ml"  11--»  iiii«  '1'  \»«\  I  !'•  «l'-H  i\'  ri  \'  *ii'rli-s  a\aitl  J.-l". 
fl  i|iii  II  l's^  |i:i«  r.ki>-  -wr  !•■«  i'\  litnlrtin  |i:kli\  liiiiii-ii<t  li:/.  1 1  •'!  12  . 


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■  •    ...Il   i^** 


LE  SWASTIRA  OU   CROIX   GAHUÉE  151 

La  grande  importance  historique  de  ces  statues  n'échap- 
jwra  à  personne  ;  sans  doute  elles  ne  rcmonlcnt  pas  à  une 
haute  anliqiii lé;  leur  érection  peut  dater  d'une  époque  voisine 
de  la  conquête  de  la  Narbonnaîse  par  les  Romains  ;  mais  elles 
ont  été  trouvées  sur  un  terrain  où  M.  Gilles  dit  avoir  cons* 
lité  !a  présence  de  nombreux  débris  de  poteries  celtiques, 
comme  sur  l'oppidum  d'Entremonts  près  d'Aix.  Ce  lieu  de- 
wîl  êlre  nn  lieu  depuis  longtemps  consacré,  les  slatues  s'être 
substituées  à  un  culte  plus  ancien.  11  pourrait  y  avoir  là  de 
nouvelles  recherches  à  faire. 

Ceque  nous  avons  apptAéV attitude  bouddhique' pvè[a  éga- 
lement à  de  graves  rétlexions.  11  ne  s'agit  pas  de  relever  la 
fliësc  d'une  prédication  du  bouddhisme  de  Çakta-Mouni  en 


K>^  m^^ 


^ 


-  ^  <^t=g^ 


«c.-kiigno.ieUrrt,i,, 
Fig.  12. 

Gaule  à  une  époque  antérieure  au  clirislianisme  ;  mais,  sans 
aller  si  loin,  ne  peut-on  pas  supposer  une  infiltration  jusqu'en 
Gaule,  quelque  route  que  ces  pratiques  aient  suivie,  de  cer- 
tains éléments  des  cultes  qui,  dans  i'inde,  donnèrent  naissance 
au  bouddiiisme  du  réformateur  royal  Piyadasi>.  Nous  pour- 
rions être,  encore  ici,  en  présence  d'influences  septentrionales, 
ouralo-altaïques  —  continuation  des  influences  touraniennes 
sur  lesquelles  nous  avons  longuement  insisté.  —  Ce  point  de 


152  LA    RF.MCION    l>Fft   r.AI'LOIS 

viio.  qui  parail  an  {trcmirr  aborri  Iiirn  lianlî  vi  proM|uo  11*111»*- 
rnirr.  la  Miilr  tli»  nos  loçon*  proiivrrn,  j«' r«»»pên',  4|iril  **aji- 
|)uit>  Hiir  lit*  forli's  vraisriiililanrfs. 

|)(*  (|U(*l(|ii«*  côti*  i|iii*  le  syiiiliolo  salaire  du  ft\va<»tika  ait  rii- 
apporlr  sur  nos  riMt*H  niériilioiialrs.  il  os\  (*i*rtain  qu'il  y  a  i*t«' 
rol>j«*t  li'un  ruili*.  Le  s:iiir.liiair«*  nu  ont  Mv  inm\'vv>  li*<«  slatuf  h 
II»  |»pouvr.  l'ii  .siTcimi  moiiiiiiiriil,  la  piiTH»  de  /inftmn'r* 
pi.  I\  ,  Wwu  qu'an«'*piL'raphf,  est  p<'iit-Atn*  plii«  rloquoiit  i*n- 
nin*  i|iii'  les  stattirs  lie  V«'*laiix.  i*e  fra&rment  lie  piern*.  dnnl  !•- 
m«»ula;:«*  est  (i/*po«é  au  Mum*i'  lii*  Saiiil-iierniain,  s:ill«*  (i<*  M\  - 
lholo::ii*  salir  \\l  ,  sous  le  11*  .'<*îi.'i2.  et  qui  parait  ^Ir»*  !»■  ri**tt* 
d'un*'  fiîrrrr  drhniit,  porte  très  distinrtement  et  assfz  pruTtii- 
déuient  L'iavë  sur  sa  fare  antérieure  un  superbe  sw.istik.i  du 
tvpi*  If  |iliiH  pur  arr'unpaf^né  ilu  rtTrie  (*onreiitrii]ue .  iiif*ri 
nifinu  polir  être  un  symlmli»  sulairt*.  Au-«lesMius  si*  vnit  un 
animal  fantaHtii|ui*,  la  trl«*  rf*rnurbée  «>n  arrière,  iliins  un**  at- 
titmlf  i|ui  rappelle  ei*llf*  d**  etTlain*»  animaux  dfs  laM»MU\ 
niaL'ii|Ui-s  d**  Miin^'fdi«>. 

i.*'^  faits  M*  iflianl  a  ufi«*  sérir  «l'auln's  ne  liuivent  pas  p:i«. 
srr  iiiapt-niiH 

Si  I.i  lia  II  il*  mériili>>nalf  parait  èir«'  l.i  région  il«-  la  tiaulf 
Mil  II*  s\\a<«iika  fut  pliiN  spiM'iaii'nii'Ut  vi\  linniiiMir,  «'11*'  «'«^t  li*in 
d  «'*tr«>  I.I  sfiiji*  llaiiH  |i>  riMitri*  «'I  i'oui*s!,  niMjs  {••  r«'lriiii\iiii« 
rninmi'  •'iiilili'iu*'  mh  d**  ln-atix  sialrri's  ifor  «l(*  la  srrir  liiti' 
ariipifiiaiiii'.  d-iiit  la  fr.ipp**  parait  ri*ui<in|i*r  a  la  tin  ilu  i\'  mi 
au  i-<*iiini«ii«-«nii-iit  du  m'  -i*'rli>  .i\.-irit  mitre  rn**  Le  ««wa-kliki 
nu  li'îia-^K»-!»*.  i'-iTiinif  l'appellf  lliirluT,  s'y  innntri'  Siius  ili- 
vi-rsis  fiirini's  ^ur  il»"»  ini*daiil»»s  ■  a  irir  i|i*  Itrlfiiiis,  r.Vpoil.ifi 
iranJoi-^    L<'^  cIp-mmix  iIii  dhii    t  tml».int  sur  la  ninpii'  \    s  int. 

paif'il^.    tll■*••»••^   rn   If  Ifilnki'lr 


\     II..' .  »  ,  .  r  ■  •!  ■■    ■.    M,    !•'  :  I  |>r  >;iri' t       '.*■   M     snin^ifr.  r.irmp   ti'irjl    îr 

-■     \     .r   K     II  I   î.   r      /      ■•    .'..'m     l     II.   I>.\  fj     1  l.   I«.    !'..    !•      IT.  I'-.     ••  • 

\        •    j.'.'i  •   .•;•■■    ••!.■      iji      '•!- .|  |..7#  I    A    (r.iii    •!#•    f»inniii|.^i,  par>*«'      I  :' 
f ■•     .'l      -      ••li^  il!i'  Il    <J     •    ■  •  *    (I  .  .  t  •    ti  rtiii  1)1    |i.i.|||  ilraliiit-rt   4  «]r  ■  ■  i-|.  h  .  - 

«•   ■  -lli  !!•'  f      .'•il 


Pierre  de  Boberuier, 


.r«i 


! 

■1 


1 


-1 

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^♦V.     *..»    »i.^»' 


TU  01  S  •  «ln:**'  '*•*' 


l 

n  raetLent  ea  pré- 
ks  (lire  d'une   des 
§B  doute  pas  qu'à  la 
fy,  comnio  nous.  Que 
ijôre  crédit  pour  quel- 
signes  figurés  sur  les 
ichapper'.  Nous  avons 
,s  sui   notre  planche  VII, 
■on,  la  foudre. 
ts  de  mitre  symbole,  d'épo- 
,nme  nos  autels  pyrénéens. 
i  chanoine  Stianb,  de  Stras- 
147  des  Jahrèiicher  des  Ve~ 
Blmnlande  : 

Straahourfi, 
lombes  une  belle  urne  en  verre,  un 
éLait  visible  dans  la  loiiibe  n"  8ti. 


e  de  pbatoïraptiie 
t  \ei  slgaei   auxquels  il  lù- 
la  bibliothèque  du  Mu«ée. 


ir4 


LA  RRLIGION   I>iC<l  l.AVUMS 


LoMqin*  jr  pu<  rii'v  ivniln-.  j-  r>s*niiiiu«  iinii  [>hii)ii''  il"  miifn'  n-pliri-  iiiii 
iWu\  <vUvH\iU->  if-ml  l'iiiK-  [hkIi-  itiK-  ili^i'liir»!'"  i-t  ■■  n-lPiiii  |<.ir  r<>t>>l  i< 
txiii  >in>-  fi.ir(i-  •<-•  I .  I<.|I.'  .|.ii  II  r.-.-->uM.i>i.  J-rin|i-ii.ii  \.t  |.1.i>|>i.',  .  i  I  ■ 
vii)mi<>  :i  DM  n-'ll<<t.ij<'  uiitiitln-iu  .1  l.i  -ml-  il'i  |ii-l  i-anir  un  (^ih  ;■'.'' 
m-  i>-n  I  lii:.  I  ■  ilII-iii.  ni  m  ir  |it<-  .t>i  tiiili-ii  .1.-  U  i.l.i.in-.  J.'  i|..i»  n  -u-r 
<|ii'.iu[iiuiiii(rr  iili-iiit  J-  ii>if.iii>.-<'  ',\iiiif  1111-  '\-\  l<iMii"s.lf  I.i  >r-jii  li«i- 

miili'^  ilxnl  s."  M-rt  iii-Mi  l.%  ■  lir<-ii'-ii-  a  ['■■[■■■■iii-  iU-%  ii-c»-^.  m *  ■  1  rt  mt 

k»  riiU<'i<i»lH>it  •■ITi*-iil  ]i|ii->  11(111  •-ti'itipli-,  iii'tiN  1>-  milieu  A'm (tu  1 


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Nîisium 
n" 20827 


Mil  XVII,  \i- 


1»; 


LA    HKLICIOM    t>FS  r.Al'IltJII 


de  l'Inwnlairf)  cl  pliisifim  filMilo*  i)i>  hrnn/i>  HfTerliiat  In 
lllrllll>  foniif  1X1;;.  17  . 

Kiiliti  ilaiiK  l'otii-si,  en  Vt;ti<ltVi>,  In  rollci-tion  tli<  Itftijnniiii 
Filliiti',  idijoiinl  liiii  «lis]>t'riii'T,  finiti-iiail,  (■nriiiiic  ikhi^  I'ajx 
jirriiil  mil-  li-llii-  iiiêilid-  ilii  10  niii>iiri>  IK7!)  :  "  un  rj-rut'i  '/*■'■• 
rruij  i/umni'''-  nii.-iln^iif  aux  ^j--iittu  lirt  l'i/rrnrr-i  i-l  unt-  li>ilf 
en  rristnl  *  iu.ii'>[U('*c  ••»  iIoshiudi  «tii  iii^in>>  iii(»iiivr.-inini<-  '.  ■■ 

l'iii-irisrri]ilii>iiil<*-cnuviTt<-.i  l\ranfH'. iWU'  moiaifi/tif  iln  f'hal, 
[inrlf  tyalrnirnl  lu  niriin-  >\^in'  friirironii»  '. 


II..-    !■>.       M",.].  ,1,  ,-ci,iiir.,i r-iiiik-Mii»- 

\.t'-  niir:;<>[iil-">  d  l-»  (''rniii-",  i]ii.-in<l  iU  •'Plri-ri-nl  en  lîtitli- 
nu  m'  nu  t%'  -il' '•■.  ■'••TiTi.'ti-Kaii'til  In  \iili-ur  |irii|ili\  Lii'liipF<>  ilii 
itM.i'iik.'i  !.•'  -wiiM-  ■»■  ^■•it  "iir  uri>-  ]>l'i-)U'-  ili'  i'i-ii)lur<in  il*-- 
roiivi'ii--  ll■lCl^  I*'-  <lr'i.':t::<'-  •In  ll'Milt<i'.  \.f  •<v,\-^ù\i\  \  f^i 
\itsi\f  «iir  l:i-r<>ui<i-   i|','iiiiui.iii\   f;iiila'>li'iur<..    Le  |t'    \..  Liii- 


1 


1  .|.- 


r.|..-|.   f,'.r..|.,'. 


Wr,,.       |.,rW,i 


idlogucs  rele- 
•arbare,  prove- 


iormcs  (radition- 
Idtu  de  quelques 

ou  symbole  appelé 


roTiDijieiiu». 

par  Icsbraliiiiuiies,  lesJHÎnas 

des  Gaulois,  qui  Tout  adoplé 

il  ées  comme  sv^nn  biératique, 

Lés,  ou  simplemuiil  prophylac- 

iFla  magique,  du  vin»  ou  x'  siècle 

siècle  après  J.-C,  époque  où  il 

lignes  de  la  crois  rvcoimus  par 

'08  le  retrouvons,  à  côté  des  autres 

ei-ei-  IlFiilnïsclien     Voi-zeil,   t. 
«»ec  le  «waHtik.1,  ll.-ft  X,  Tuf.  VII.  el.:, 
irél    dt  la  liuule,  l.   I,   [il.  \,   ii»  'M.   L'iui- 
lêe  Saiut-l>iurrc  à  Lyiu  nf.1  ddtù^  :  :iia  de 
61.) 


ITiS  IJ^    RKLIGION    HKS  GAI'LUIS 

si^Mios  (ic  la  croix,  sur  <ioi(  mnnnai«*ft  mérovin{;ionnos*.  Mon 
ronfri'ri*  ri  11111!  M.  Héron  de  Vill<*f«)Nse  mo  signait*  il<*ns 
lainp(*s  rliréti4*nn<-!t  <lu  Miisi'i*  <I<*  Lyon  man]né<>s  île  la  croix 
ganiniét*  et  remontant  vraisrnililahlenirnt  a  la  inrnir  périodi* 
qui*  nu»  monnaies. 

Si  la  valeur  hwratit/ut*  du  ^wastlkn  sur  les  monuments 
païens  ne  vnus  était  ]»as  encore  sufiisamment  démonlrét*. 
ouvre/  le  Lfi/wlfinum  Sf'/tirntriutifi!/'  aux  pp.  IHl.  n'  .*IGi»; 
2H1,  n'  TiW»;  2K7,  n-  .'îM.'l  :  vous  y  trouverez  la  représentatiiin 
d*autels  élrvés  par  des  lè;:ionn:iires  ou  des  aiixiliairt*s  .1  Ju- 
piter, à  MiutTVr  ou  â  di's  L'éni«*s,  sur  le  fronton  des«|iii>l<(  sont 
f:ra\ês,  accostant  d'autres  si^Mies  solaires,  des  sw.isiik.i  du  plijii 
heaii  type. 

Nous  ronsidérons  ilon*  le  fait  comme  artpiis  :  li*  ruil*'  du 
sol«'iI  et  ilu  fiMi  a  fait  parti**  ii«'S  snpersliiiniis  i|f  n  )s  p»*r«*s, 
non  seuli'Uient  dans  ilrs  ronlrê*>s  ou  parai-^stMil  a\iûr  dumini* 
1rs  iliiiiiles,  mai>  dan-*  iI<*h  rontrées  ipii  ut*  seuildi*nt  pis  avior 
Kulii  ji'ur  intlui'Ui't*.  lit  m.iinli*uanl.  quelli*  e^l  roriirim*  du 
Awaslika?  «|ui*lli's  oui  et**  Sfs  |H*ré:/rinatioiis?  i|u«'ile  a  ê'.è  sa 
valiMir  prrmii'n*.'  <limm«'Ul  r.\pli|Ui'f  ■'«'  Iriouiplie  d'un  mZ-nii* 
.s\mii>i|i*,  a  tr.ivi*r^  ies  nifi'li^H,  a\aiil  p  nir  rourouui*m<'iil  «un 
ad  <p:i'iu  p.ir  une  rfli^io[i  iiui  si>iii!i!i>  lui  ^Mr.iiilir.  .1  j.«UMi<«. 
la  ilurer .' 

r/i'sl  re  i]Ui'   U'tiiH  e^^aier■ln^  iTrluciilfr   dan«t   nnlre   pm- 
cliaiut*  Ifi'-Mi. 


I  er-  1,  '-.M /■»■;•'''  •'♦■  '  ■  «  '  • -"i- •  '■»  '■  f  !■■  ,i''i  1^»  «/'  /i  /il'./.  fi>i/i-p-i>i,>  I  j. 
/.«■ir. •/..■.'  /...*>.  ..■  Ml.  I»  JJ  Mil.  ?•  I  >.  là  •■!  1.  .  \1\  II*  J.  .  \\\\|, 
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X 


Xir  LEÇON 


LE  SWASTIKA  (suite) 

Les  superstitions  relatives  aux  herbes  et  au&  feux  de  la 
Saint-Jean,  le  rôle  hiératique  et  prophylactique  joué  en  Gaule 
par  le  swastika  nous  ont  révélé  l'existence  du  culte  du  soleil 
et  du  feu  chez  nos  populations  primitives. 

Vous  avez  pu  suivre  les  pratiques  des  feux  de  la  Saint-Jean, 
cesl-à-dire  du  feu  solsticial,  du  ix^  siècle  avant  notre  ère 
jusqu'à  nos  jours.  Une  série  de  monuments  vous  a  montré  que 
le  symbole  du  swastika  n'était  pas  moins  ancien. 

J*ai  dit  que  les  chrétiens  l'avaient,  pour  ainsi  dire,  recueilli 
oe  la  main  des  païens,  pour  en  faire  un  de  leurs  symboles,  té- 
moignant ainsi  de  la  grande  valeur  mystique  do  ce  signe.  Nous 
ne  saurions  nous  en  étonner.  Les  symboles  sont  un  vieux  lan- 
gàge  transmissible  comme  les  autres  langages.  Chaque  reli- 
gion peut  s'en  emparer  en  les  appliquant  à  ses  croyances  par- 
ticulières*. Je  crois,  toutefois,  nécessaire,  pour  qu'il  n'y  ait 
aucun  malentendu   sur  ce  point,  de  vous   en  apporter  les 
preuves.  Cet  exemple   de  survivance  est  trop  précieux  au 
point   de  vue  de  l'histoire  des  religions  pour  que  nous  ne 
nous  y  arrêtions  pas. 

J'ouvre  le  Dictionnaire  de  Tabbé  Martigny,  à  l'article  Croix. 
J'y  lis  : 

On  verra  à  Tarticle  Monogramme  du  Christ  par  combien  de  phases  le 

1.  De  ce  que  les  mots  spes,  carilas,  fides  sont  des  expressions  pré-chréliennes, 
en  conclura-t-oo  que  les  trois  vcrlus  théologales,  la  foif  Vespérance  et  la 
charilé,  soot  un  emprunt  des  chréUeus  au  paganisme  ? 


1<i<»  LA    nKUr.lON   hKS   (iAirtUIS 

Mf:iii'  lit»  If'i  iTni\  |i.is«>ii  avant  ti*' pourrir  m'  munlrrr  ouirrfriii#nf.  Kl!»" 
if\iHil    il'aliiiKl  «li's    fur  III»'!»  pi  II  ?i   t»ii  iiiuids  «li^Mniult*!»'.    |..i   rmit  ililr 

(/'imr/i'r  *-4— I  f^l  pl<>l>;ilili'ii|i-iil  une  iii'!i  |i)uk  illll-1*•Ill|l'^.  Kllf  m»  i  «iiiipn^i*  ,|r 

<|il.il|i'  7'iriiriM  •  iMiM-s  Sui^.iiil  riilii^^tif  rlirviilirr  il**  Hii<»m,  i  •■  lu-  ■'•ml 
i|ir.iii  \'  ^ii-i  II-  sfii|i*rii*-iil  i|ii<'  1-1  I  r<<ii  |iiii{iii*iiieiil  ilitf  iiiriiniiiii  .1  il'i  iir 
il'nn  ii«ia::>-  h.ilutiit*l. 

Sans  rln*  livs  fr«*i|iii*iit(*  dans  Ifs  ralaciMnhfs,  la  tnns 
tjtimnu*r  s\  rrnroiiln*,  t*ii  riïel.  avant  lont  antn*  Hyinhul**  «ii> 
im^nH*  nahiri*.  main  «*l|r  m*  ilisparait  |tas  aviT  It*  li>ii)|)s:  l'Ili» 
A'associt*  aux  anlrrs  si;:iii*s.  ijuaiiii  riMix-ri  a[>(»araism>ni, 
tantôt  a  la  iniix  limih*  .surnimiliM*  \\\\  /-/«'«.p.*,  tanhM  a  larruix 
a  i]iialr<*  hranrlii's  i'*L'ali*s  :  ,  lantiM  an  chrisnit*  mi  iiiimhi- 
irraniinr  coti^tiUitiniiMi  :|:.  La  plarc  ilt*  rt*^  rinix  ::aiiiiii«*i*4, 
si'iili's  011  ai'i'o^li'i'*»  «lifN  atiU'fH  ^iull«'S,  <*^t  |»ri*si|ui*  liH]jiMir>  la 
nirnu*  dans  l«'s  ratarunilif^.  Klic  e^l  insrrilt*  «mi  trtt*  nu  a  la 
lin  il«'M  inMTii»tMii-«  riifii*iaii«*N  \  r\  cfA  insiTi{itionN  snnt  nnin- 
lirfusi*s. 

Kn  ilrhnrs  lifs  iiiM'i-i{itiiin**  fiiii«'*rtiiri*s  ]il.  X  ,  la  rri»ii 
^M.iiiiitM*  tiLMir*' sur  lroi>  pfinturrs  ni\>ii>|iii'!(  <Ii*h  (*ala«*iiiiilM*4, 
dont  di'ux  In-N  ani'ii'iineiiii*iit  ^<>nnu«'^  «mu  «'t«'*  liii*ii  Mtii\riit 
rt*|iriHluiti**«.  I^«'  triM**ii*fiii'.  ilfrniivi'i  (•'  t* n  ihi'J  siMil«*ni«*nl  par  !•• 
runiniaiiiii'ur  d«*  li<isNi,  :i>*  sf  trnuxt*  |ia!t  ilans  if«  anrifnn  le- 
(iiimN.  r.i'<«  pfiiili]M<«  Miiil  : 

!"  L«'  Ih'njritts  f»,yst,r   pi.  XI    il'»nl  la  tunii|ut*  ••^l  «irii Ir 

liiiis  sti'ti^'ihi.  1  un  |i!i-^  ili*  l'i'pault*.  l'i'iulrt*  au  lias  d**  la  jii|m*. 
.\u-di'^*>iiii*«  il'*  l.i  hi' 11*'  *«iiiit  ri>jiii"«*'nii's  ii«*ii\  ]M'i«iiinfi4i'f^ 
iloiit  l'iih.  I**  l'.liii'^l.  a  la  trtf  MiriiiMiiliT  ilu  nii»ni»jraiiiiiii* 
r  >iiHiafitiiiii'ii  ;  l'aiiln*.  nu  n«*<i|tli\  tt*,  |»iiilr  la  croix  a  liraniiu**» 
•'j<iIl"«  |i'-inti'<«  >ur  li*  fr>ui(. 

1     Nii-iri  •  r  -^  -ria  '-f  |:>    •-i;>:  '-itinu,  \^.*\^  •]  i>    palriiiiii*-**  par  iiii  ««vtiil  i.lu»- 

lr>  .    fiiiii  tii  :•  il    !•    li  ■■•!.  l  '  i'>   a  f  I  '.  •  r  r  •ii*-*-    l.'uIitM*  M^rruii^  Aurtit    «M 

I.  •  !•   •!  I  •    •!  Il  .  ■     •  f  ut       I    f  it  III       ;•:  i!i..l      •      ..i,  t<.>i  rrr    •!  .  il    rili4it   iliatitl.  li^T 

.     l.  Il  fc'î 

);  ..  1- lli      ' M    «  •/■    (     I    >'-rf'-'ii    i/i     l'irifi    •-•i'/i*r      Rutila,     t*.*^, 

l.      Il    j.         I         :     r  :■    \     :     l\.    ;;     \\i    \\\\     \\\\\     l     \.    pi     WW  . 

Il  •        /.        •    .  -f      .ir     li        r,     t      I.     ;...     \,     \\\ll.     XWIII.     \\\l\       Il 

...r  -i.rj   i   M.  ,.   wwii-wwiii.  L\n.  L\ni. 


PI.  IX. 


DOMITIA.IVLIANETI  FIUE    IN  PAGE 
OyE  BIXIT.  ANNlf^III.  MEAr-  X-  ORAf 
XEX.  NOTlf  DEPVNTA  Ef  T  IDVS 
MAZAf 


SALVSTIVS     CV 


Rd 


PA 


K 


lU/TIKU/       lOTIKH 


BXVIRÇINIO    TVO    BEN    j 
EMECOVIXSISTI    LIB     RNMC 
OMVCA    INNOCENTiSSI 
MA    CERVONIA  (H   SILVANA 
REFRIGERA   CVM  SPIRITA 

SANCTA  DEP  KAL  APR  TIBERI 
ANO  11    ET    DIONI    COSS 


In^cripliouâ  fauéraires  des*  catacombes. 
n'aiir«»s  ndiletU,  Pcrrel  rt  Relier. 


D'iprta  Boldatli. 


r 


LE  SWASTIKA   {suîle)  161 

2*  Le  Bon  Pasteur,  Pastor^  ayant  à  ses  pieds  une  de  ses  bre- 
bis qui  lève  la  tête  vers  lui  comme  pour  l'implorer.  Deux 
sioastika  sont  peints  ou  brodés  au  bas  de  la  tunique  du 
Pastor  (pi.  XII,  no  1). 

Ici  se  place  un  rapprochement  curieux;  sur  un  vase  publié 
parMillingen,  reproduit  dans  le  grand  Dictionnaire  des  Anti- 
quités grecques  et  romaines,  de  MM.  Daremberg  et  Saglio*, 
se  voit  une  scène  représenlant  un  éphèbe  agaçant  un  chien 
avec  une  lortue  qu'il  tient  suspendue  à  unt  fil  au-dessus  de  la 
tête  de  Tanimal.  Cet  éphèbe,  probablement  le  serviteur  de 
quelque  temple*,  porte  une  riche  tunique  constellée  de  trois 
swâstika,  comme  celle  du  fossor,  accostés  de  cercles  centrés, 
symboles  solaires  (pi.  XII,  n**3). 

Ce  rapprochement  pourrait  suggérer  l'idée  que  ce  signe 
est  un  simple  ornement,  un  ornement  banal,  sans  significa- 
tion mystique.  La  troisième  peinture  des  catacombes*,  qui  est 
celle  de  Tange  Gabriel  au  moment  où  Tobie  lui  présente  le 
poisson  mystique  (fig.  2),  repousse  celte  hypothèse,  d'ailleurs 
peu  vraisemblable  par  elle-même.  La  tunique  blanche  de 
rang[e,comme  celle  du  fossor,  comme  celle  d\i  pastor^  est  ornée 
de  la  croix  gammée  (pi.  XI  et  XII). 

La  démonstration  est  faite.  La,  croix  gammée  dans  les  ca- 
tacombes a  la  même  valeur  ?m/sêique  que  les  autres  signes 
cruciformes  auxquels  elle  fut  de  très  bonne  heure  associée  et 
qui,  eux-mêmes  d'ailleurs,  sont  en  tant  que  signes  des  survi- 
vmces\  La  croix  à  quatre  branches  égales  que  porte  le  pape 
sur  la  poitrine  est  la  même  que  celle  qui  se  voit  sur  la  poitrine 
du  roi  assyrien  Samsi-voul  qui*  régnait  835  ans  avant  J.-C. 
(p.  loO,  fig.  10). 

L'association  de  la  croix  gammée  avec  le  chrisme  est  encore 
plus  remarquable  sur  le  célèbre  sarcophage  de  saint  Ambroise 
servant  aujourd'hui  de  soubassement  à  la  chaire  de  Téglise  de 

1.  T.  I,  p.  69.",  n^.  83i. 

2.  Beaucoup  de  temples  nourrissaient  des  anim.iux  sacrés. 

3.  Perret,  op.  laud.^  t.  IIF,  pi.  XXXV:  Roller,  op.  laud.^  t.  FI,  pi.  LV. 

4.  Nous  donnons,  pi.  XUF,  quelqa*is-uns  des  signes  cruciformes  communs 
à  de*  uioiui'iientH  païen?  et  k  des  munumen's  ohrétiMis. 

11 


162  I.A    lieLtGlUN    DES  GAULOIS 

même  nom  à  Milan,  dont  ce- saint  est  le  patron.  Au-dessous 
du  fronton,  orné  du  ciiriame  accosté  de  l'a  cl  u  el  des  colom- 
bes, se  développe  une  magnifique  frise  composée  d'éléganles 
croix  gammées,  séparées  les  unes  des  autres  par  des  rosaces 
ou  cercles  rentrés'. 

La  confusion  d'anciens  signes  païens  associés  à  des  signes 
chrétiens  sur  des  monuments  funéraires,  n'oxiste  pas  seule- 
ment à  Itome  et  en  Gaule.  Nous  constatons  le  m^me  fait  en 
Irlanili^  :  des  sLëles  sépulcrales  ornées  de  caractères  oghami- 
qucs*  parlent  la  figure  du  sictssdka,  sous  toutes  ses  formes, 
auxquelles  on  trouve  associé  le  dessin  d'une  pointe  de  Hèche  ou 
de  javelot  représentant  le  carreau  de  Tlior',  le  IrikéCron  et  le 
disque  solaire,  tandis  qu'à  côté  on  sur  la  face  opposée  sont 
gravées  les  dilTérenles  varîélés  de  la  croix.  Le  monogramme 
coiistanlinien  seul,  le  clirismc  ne  s'y  rcnconlrc  pas.  II  semble 
que  ce  signe  ne  pénétra  que  lard  en  Irlande.  Il  est  à  remar- 
quer que  sur  quelques-unes  de  ces  stèles,  tandis  qu'une  des 
faces,  la  face  antérieure,  es!  exclusivement  consacrée  aux  si- 
gnes plus  particulièrement  chrétiens,  sur  la  face  opposée,  la 
face  postérieure,  le  swasfiha  s'étale  isolé,  comme  si  le  clergé 
irlandais  avail  voulu  ménager  ainsi  les  superstitions  de  popu- 
lations nouvellement  converties  ', 

Il  esl  donc  prouvé  que  en  Gaule,  à  Rome,  en  Angleterre,  en 
Irlande,  la  croix  gammée,  c'est-à-dire  le  siaasti/ca,  est  bien  un 
signe  mystique  que  les  chrétiens  ont  emprunté  au  paganisme, 
à  une  époque  non  encore  exactement  déterminée,  mais  qu'il 
faut  faire  remonter,  au  minimum,  à  la  fin  du  ni"  siècle  de 
notre  ère;  ce  signe  est  chez  les  chrétiens  une  survivance. 

Or  ne  sont  susceptibles  de  ces  survivances  prolongées,  ohs- 
linées,  indestructibles,  que  les  symboles  dans  lesquels  a  été 
déposée,  il  l'origine,  une  puissance  de  vie  latente  assez  éncrgi- 

I.  i:i.  ['.  Giiispppe  AlleBrJuia,  Spieyaiiont  e  re/ltasioni  sopra  alciini  sacri 
miiiiitin'itli  aiitichi  tli  Milnnn,  p.  hj.  —  Li!  uioulsge  de  la  rriae  est  au  Mu*éc, 
■.-.iWr  XWI.  A  ■•uri.Miiicle^oriiaitiIdMu'iue  la  balustrade  du  temple  d'Atbèué. 

•.  CiiMcliTus  sacrés  de  l'Irlande  païenne. 


r 


/-^■::n. 


/ 


«  • 


.  1  • 


stèle*  irlandatseï  des  premiers  lemp;  du  cbrisUaDitme  irlaudais 
(VI'  ou  ïii'  (iêcle). 


THE  NEW  YORK 

PUBLIC  UBRARY, 


LE  SWASTIKA   {suUe)  163 

que  pour  èlre  incessamment  susceptible  de  rajeunissement.  Il 
faut,  en  un  mot,  que  le  symbole  ait  eu  à  son  aurore  une  valeur 
mystique,  telle  qu'elle  ait  pénétré  profondément  les  âmes  des 
populations  auxquelles  il  était  présenté  comme  le  résumé,  le 
signe  visible  d'un  dogme,  d'une  croyance.  Le  swastika  a  joué 
ce  rôle.  Cette  énergie  cachée  qu'il  contient  provient  de  ce  qu'il 
a  élé  longtemps,  très  longtemps,  le  symbole  universellement 
respecté  d'abord  en  Orient,  puis  en  Occident,  de  la  divinité 
donlle  culte  est  peut-être  le  plus  ancien,  et  a  été  le  plus  popu- 
lairerla  lumière  solaire.  C'est  ce  que  nous  avons  à  démontrer. 

Que  ce  symbole  soit  très  ancien,  on  pourrait  dire  préhisto- 
rique, les  centaines  de  disques  en  terre  cuite  découverts 
par  Schliemann  à  Hissarlik'  dans  les  ruines  de  la  ville  que 
1  intrépide  explorateur  identifie  avec  la  Troie  homérique  le 
démontrent  suffisamment. 

^ous  n'avons  point  à  discuter  ici  la  question  homérique. 
Klle  est  très  bien  résumée  dans  Y  Histoire  de  tari  de  AIM.  Per- 
rolet  Chipiez*.  Nous  devons  en  retenir  seulement  que  nos  fu- 
saïoles  (c'est  ainsi  qu'on  les  appelle)  sortent  de  décombres 
Auxquels  il  est  impossible  d'attribuer  une  date  inférieure  au 
^ïv*  siècle  avant  notre  ère  et  qui  peuvent  très  bien  remonter 
jusqu'au  xx*,  sinon  plus  haut  encore. 

Le  XIV»  siècle  serait  déjà  une  belle  antiquité;  or,  non  seulo- 
nienlces/i/5tf?o/e5  sont  couvertes  de  swastika,  mais  sont  asso- 
ctees à  d'autres  signes  auxquels  tous  les  archéologues  recon- 
naissent  un  caractère  solaire.  Los  swastika  sur  plusieurs  de  ces 
disques  sont  même  disposés  de  manière  à  donner  le  sentiment 
^un  mouvement  giratoire,  sentiment  que  réveillent  en  nous 
"D  grand  nombre  d'autres  monuments  de  la  même  série. 

Ce  n'est  pas  d'ailleurs  seulement  à  /lissar/ik  que  Schliemann 
î^  exhumé  des  croix  gammées"  associées  mùme  alors  déjà  à  la 
Cï'ou  ordinaire  et  au  triskèlc*,  mais  à  Mycènes  sur  un  certain 


*•  PI.  XVF. 

2.  T.  VI,  p.  134  et  Fuiv. 

^  Perrol  et  Chipiez,  op.  laud.,  t.  VI,  p.  306  et  suiv. 

^'  U  triékèle  est  uu  ëigne  solaire. 


Hii  LA  RKUr.iuN  urs  r.AULOlS 

tioinlin*  d**  [t/fif/itvs  ti  or,  rt*ciieilli«*H  iiiin:'i  les  toiiihos  royal**»  «l«* 
la  rih*  il«*H  Atriili*!^  '.  (Jiie  ros  tombes  soient  ou  non  celles  <iu 
nii  fifs  rois  et  «le  sa  famillis  elles  appartiennt*nt  inroiiti-s- 
tahlemeiit  à  cette  belle  rivilisatioii  éi;éenne«  on  tjit  ni«'^nii* 
volontiers  mycénienne  ',  (|ui  préréda  la  con(|u/^t«*  «lorienn** 
(In  xn«  siècle.  Notre  point  de  départ  est  donc  ici  encore  très 
n*cnlé. 

A  partir  de  cette  date  nous  suivons  le  swa^tika,  dt*  plus  m 
plus  4|ualifié  comme  si^ne  biérati(|ue,  ou  propliyUcliqu**, 
dans  tout  le  bassin  de  la  mer  K^ée  avi*c  prolongement  Ju*^- 
4|u*«>n  Italie*. 

Prt*mii*ri*menl  à  Clu/prr^  cette  pi»rle  de  la  Méililerranée 
t|u«*  nous  avons  pii<si*dée  un  jour  i*t  où  nous  avonn  lain^é  ««(lus 
la  forme  d'édiiicis  reli;:ieu\  la  trai'e  inoubliable  di*  iiulr»* 
pa*»<aL'('  et  de  nolr«*  dominalimi.  r.|i\pn*  est  une  d>s  !!••*»  Ii*s 
jdus  ricbeH  i*n  ««.'uirtuaires  anciens.  |)i*  Immiih*  beure  l'U  r.ip- 
plirt  avt»r  l'KL'^vple,  rAsii*  Mineure  el  même  I.Vsii»  r«*u trab*. 
elle  a  donné  a*«ib*  a  liuiles  les  divinités  du  viiMix  mondi*.  Vn 
vrand  niunlm*  d«**saii«*tuaires  «^t  ib*  nérropob*s  v  ont  i«tè  f\. 
pliiré^  :  trmples  irAstarté,  li*mpb*s  d'Apbmdili*,  tcmpii*» 
dWpidIon.  L**s  fiiuill«*s  «|ui  y  ont  éir  pratii|uee<«  il  y  a  uni*  tr«*n- 
taini*  il'.innéfH  par  b*  ;;i'néral  Palma  di*  bi  t*.«*suola  .1  Laina«*a\ 
à  hall*,  à  Albiéiiaii',  a  Papbos',  a  (luriumV  ont  livré  un  si 
^'rand  ii'imbn*  lianliiiuilé*»  «|ut*  le  ;:énéral  a  pu  en  fiirm**r,  à 
.Ni-w  Viirk,  un  vi*ritabb*  mu*«éi*  dont  il  y  est  aujourd  liui  1^ 
diri'ilt'ur.  bii'U  i|u<*  i|Ufli|ui*s  objiMs  provriiaiit  d**s  nii*ini*s 
fiiuiil«'<«  *>iiii*nt  •*nire<«  au  Lou\ri*  et  au  Mu^e«*  ib*  S.'iinl-tîi*r* 
main  .\u  iptuibn*  di*s  antif|uilrs  tJL'uri'nt  A**^  \as«*s  nTUfillift 
•lan^  b*^  «^aiii'tuairf  s  ruinés  d«'s  li*mples  ou  dans  b's  Hrpuliur«*ft 
l'iiviioiinantfs.  r.fs  va*»i*s  diversi*m<*nt  ornés  |M)rlent  pn*M]ue 


I  1*.    Wll 

."  N   -  r   I'.  T  -l  •  I  •  îrpi"-/.  '7'.   //«*'/. ,  I     \I.   |i     5'i 

>  I.'  •..     »  un*-  f  i ,'... nt 

ft  I    t.        .    !.. 

•  1*1'.'    •■ 

'.  Al  |r III    '•>  il  \y,.     .ri. 


Swttttika  îur  le»  riitaîoles  d'Eiiaiarlik. 


^ 


SwMtika  et  ligaes  connexes  d^coiiTerU  à  tlliurlik  et  &  Mycènea. 

D'aprti  SchKemuB. 


LE  SWASTIKA  (suUe)  165 

tous  sur  la  panse,  entre  autres  signes  distinctifs,  le  swastika. 
Uq  fragment  de  ces  vases  sur  lequel  est  peint  le  swastika 
a  été  recueilli  par  le  général  dans  les  ruines  du  temple  de 
Paphos  à  49  pieds  anglais  de  profondeur'.  Quelques-unes  de 
ces  poteries  peuvent  remonter  au  viii®  siècle  avant  notre  ère. 

Camiros  est  une  vieille  ville,  déjà  célèbre  au  temps  d'Ho- 
mèreV Pendant  que  le  général  de  la  Cesnola  fouillait  Chypre, 
un  autre  archéologue  explorait  Tîle  de  Rhodes  et  découvrait 
à  Camiros  une  ancienne  et  très  intéressante  nécropole,  d'au- 
tant plus  intéressante  que  la  ville  ayant  été  détruite  cinq 
cents  ans  avant  notre  ère,  les  objets  recueillis  dans  ces  sépul- 
tures sont,  en  partie,  datés.  Des  vases  d'une  grande  beauté, 
d'autres  d'un  grand  intérêt  archéologique  sont  sortis  de  ces 
fouilles. Une  partie  a  été  acquise  par  le  Louvre;  d'autres  sont 
passés  en  Angleterre.  Salzmann,  l'explorateur,  en  avait  com- 
mencé la  publication,  malheureusement  arrêtée  par  sa  mort. 
Sur  un  des  vases  publiés'  représentant  une  joute  armée  entre 
deux  héros,  le  swastika  plane  au-dessus  de  l'un  d'eux  en  ma- 
nière de  signe  prolecteur. 

Quittons  les  îles  et  rendons-nous  à  Athènes.  A  la  porto 
d'Athènes  est  un  antique  cimetière  découvert,  il  y  a  quelques 
années  seulement,  mais  déjà  célèbre  par  le  nombre  de  vases 
très  originaux  qui  s'y  sont  rencontrés,  vases  d'un  caractère  si 
spécial  que  uase^-  du  Dipylon*^  est  aujourd'hui  un  terme  consa- 
cré qualifiant  un  type  particulier.  Ces  vases  appartiennent  au 
VI',  sinon  au  vrr*  siècle  avant  notre  ère.  Sur  un  de  ces  vases 
typiques  publiés  par  les  auteurs  de  V Histoire  de  la  céramiqiœ 
S^fcyt/^^dont  le  sujet  est  un  cortège  {unèbre,  le  défunt  est  re- 
présenté porté  sur  un  char  à  sa  demeure  dernière,  suivi  de 

t.  Cf.  Cyprus,  fis  ancient  cities,  iombs  and  temples^  by  gênerai  Louis  Palma 
<*t  Cesnola.  New- York,  1878,  p.  53,  181,  210,  pi.  XLIV-XLV,  et  les  vitrines  de 
°otre  Musée  des  antiquités  nationales  (salle  dite  de  Mars). 

2*  //tade,  II,  V.  656.  Camiros  cét  une  ville  de  l'Ile  de  Rhodes. 

3.  Musée  hapo/éon  III,  pi.  LIV,  LVl  et  LVIII;  Ott.  Beuudorf,  Griechische  und 
*«»M«  VasmbUder,  pi.  III,  1869. 

*.  Olivier  Rayet  et  Maxime  Collignon,  Histoire  de  la  céramique  grecque,  p.  23. 
*"PyIon  est  le  nom  d'une  des  portes  de  la  ville  donnant  sur  Tancien  Céramique. 

^  (Ni?ler  Rayet  et  Max.  GoUiguon,  op.  laud.  (pi.  I). 


I    DES   GAULOIS 


pleureitâes.  Deux  oiseaux  (tleiix  canards  ')  sont  peints  sur  iim 
dos  panneaux  du  char,  un  autre  canard  vole  en  avant,  comm» 
pour  guider  le  cortège.  Il  est  entouré  de  trois  superbes  swai— 
ijkn  dominant  les  chevaux  qui  traînent  le  char'. 


V\^t■  SI.  —  Vase  ilu  Dïpyli 


Est-il  possible  de  refusera  ces  signes  une  valeur  hiératique? 

Je  vous  recommande  encore  un  coffret  en  argile,  à  peinture 
très  archaïque  découvert  iiThèbes  en  Béotie,  pouvant  remonter 
au  commencement  du  vu»  ou  à  la  fin  du  viii»  siècle  sur  lequel 


canard  liguraat  soQveut   dans  l'oraementalion  des  nr- 


;.  l'I.  XVII.  Cfr.    Ilirgchfelil,  Annali  delV  Inslilulo,  t.  XLIV  (1872),  p.  131, 
■.  K,  ti^'.  t;,  et  Moiiumeiiti,  t.  IX,  pi.  XI.,  et  notre  pi.  XVIII. 


Coffret  eo  lerre  découvert  à  Tbèbes 
(vu-  ou  viii'  siècle  a».  J.-C.)- 

D'tprti  BMhlu,  Boaliuh,  Vaun  {Jahrbiiclitr  dei  dralichm  InUHula,  I8S8,  p.  ^S'I 


LE  SWASTIKA   [stiHe]  167 

le  svastika  est  associé  à  une  déesse  de  slyle  asiatique,  vraisem- 
blablement une  Arlémis'  ;  le  cheval  qui  l'accompagQi;  devait 
être  un  animal  sacré  du  temple.  La  présence  dos  deux  ser- 
pents associés  au  swaslika  sur  l'une  des  faces  est  également  à 
noter  '. 

Leswastika  était  gravé  sur  des  fibules  destinées  probable- 
ment à  des  vête- 


^.^S 


belle  libule  de  même  caractère  recueillie  également  en  Grèce 
ik-  22}. 

ftemontOQs  au  nord  de  la  péninsule  hellénique.  Nous  Irou- 
voQs  i  Oamascium  (Ëpire)  une  drachme  d'argent  à  la  tèto 
dApDJloQ,  portant  au  revers 
le  trépied  sacré  entre  deux 
swastika'.  N'est-ce  pas  un 
symbole  parlant? 

L'Italie  est  sous  ce  rap- 
port plus  riche  encore  que 
la  Grfece . 

Sigoalons  d  abord  une 
fibule  d'or  (fig,  23)',  d'une  grande    élégance,   découverte  à 

1.  Mrbùeher  der  deutichen  Imlilul.  Boolischt  Vasea,  1S88,  p.  357. 
S'  Planche  XIX. 

3.  I^dwig  MUller,  op.  laud.,  p.  12,  fi»-  8. 

i-  Cette  rarissime    u6ilsUlc  appartient  an  Cabiuel  Av  VieDoo.  Cf.  Salli-I. 
ItitKbtifl  filf  Sumâm.,  )'•  s,.  112,  et  Lud.  .MUUcr.  op.  Uimt.,  p.  IS,  Og.  12. 
î.  Mu>ie  grë'jwien.  I,  pi   LXVII,  u"  6. 


■     AU 

.  ml  110 


\  ,|)ivs  Chili 

\  'pra  dtm  dise/ 


uvés  à  Cuiiies  ', 


i> 


ira  ère  nous  relrouvo 


.:e.  IS-.l,  pi.  VIII,  fig.  3. 

•-♦.  t.  I.  p.   209  ;  Archêo/.  ceU. 
.  '  >i:ut-Geru]aia  possède  uoe  de  c 

.  .!  .'".f^zo  anlieo-ita/icit  1874,  tav. 

....   .-r  L^ndtts  (tirage  à  i)art;,  tav.  ] 

j  ij^î  âo  ces  vases  proveuant  de  Cr 

>^,r.    .    Jiksfo  eirusco,  II,  lab.  XC\  car 

^o  .lur-e  Jo  C;i»re  ou  de  la  célèbre  toui 

.V-tn     nfm\  t.  XVII;  pi.  IX,  Hg.  9.  .,  c 

^  e  "*'ji-<dcemeut  île  Cnmes  en  Cauipau 
a».  :î*<î-'?^^  des  sépultures  de  la  pius  il 
-•^  j^jfc^ii  it  I époque  hell»'^uique.  Cumes  e 
.  ^i;^  sfnùiouale.  Nous  iguorous,  dit  Go 
T,^  wtî  lA?orte  de  Theil  (eu  note),  en  qu 
^gfc.  acc&  pour  penser  que  ce  fut  autêrieur 

1^  siopiû^z.  Le  Blaut,  à  qui   nous  nous   étioi 


1.  Prïln  liart.  —  !.  (inarrin  imnlob. 

Freiquea  d'une  tombe  de  Capoue. 


LE  swASTiKA  [suite)  100 

le  swastika  brodé,  en  pleine  poitrine,  sur  le  vêtement  d'un 
prêtre,  comme  sur  les  statues  du  Bouddha.  Le  personnage 
barbu  \  assis  sur  un  siège,  un  long  bâton  à  la  main,  est 
couronné  de  feuilles  de  laurier.  Cette  figure  appartient  à  une 
fresque  ornant  une  paroi  du  caveau  sépulcral.  Sur  une  autre 
paroi  '  était  peint  un  guerrier  à  cheval,  armé  du  long  bou- 
clier ovale  et  du  casque  à  cornes,,  armement  particulier  aux 
Gaulois.  Ne  pourrait-on  pas  y  voir  un  cavalier  gaulois  et  alors 
pourquoi  le  prêtre  lauré  ne  serait-il  pas  un  druide?  Raoul- 
Rochette  qui  a  rendu  compte  de  cette  découverte  '  place, 
comme  M.  Helbig,  ces  peintures  au  m*  siècle  avant  notre 
ère.  en  pleine  période  de  l'influence  gauloise.  Il  est  vrai  que 
BOUS  sommes  à  Capoue,  mais  les  Gaulois  Senons  avaient  bien 
souvent  déjà,  dans  leurs  excursions,  dépassé  Rome  et  donné 
la  main  aux  Samnites.  L'hypothèse  que  nous  aurions  sous  les 
yeux  un  cavalier  gaulois  n'est  donc  pas  inadmissible. 

L'Italie  nousoiTrirait  un  grand  nombre  d'autres  exemples  de 
monuments  antérieurs  au  christianisme  sur  lesquels  figure  le 
swastika^.  Nous  ne  nous  y  arrêterons  pas;  mais  nous  ne  pou- 

âdre83é  pour  avoir  des  reDseigucmeuts  sur  cette  toiiib*»,   après  avoir  pris 
lavis  du  sa  vaut  le   plus  compétent  eu  ces  matières,  M.  Ilelbig,  nous  a   en- 
voyé la  note  suivaute  :  «  Les  tombes  de  Capoue  publiées,  Bull,  napol.,  n.  s., 
vol.  Il,  pi.  X-XV,  p.  117,  appartieuueut  au  m«'me  groupe  que  les  tombes  dont 
Jes  fresques  sout  reproduites  daus  les  Mon.  delV  Inst.,  X,  pi.  LV  {Annal,  delf 
InsLj  1878,  p.  107-108).  Pour  détcruiiuer  l'époque  de  ces  tombes  nous  avons 
les  données  suivantes  :  !<>  Aucune  de  ces  tombes  ne  contient  de  vase  attique. 
Or  uous  savons  que  l'exportation  des  vases  attiques  dans  l'Italie  occidentale 
a  cessé  vers  l'époque   d'Alexandre  le  Grand  ;   2»  Dans  toutes  les  tombes  ont 
été  trouvés  des   vases  à  couverte   noire  très   fine  et   décorés  d'ornements 
dorés,  plus  des  vases  peints  d'exécution  négligée  qui  proviennent  de  fabri- 
ques campaniennes.  Il  est   prouvé   que  la    fabrique    de  ces  deux  espèces  de 
vases  a  commencé  vers  la  tin  du  iv«   siècle  et  a  duré  pendant  tout  le  m*. 
Un  autre  terme  est  fourni  par  le  lait  que  toutes  les  tombes  qui  appartien- 
nent au  groupe  en  question  sont  très  riches  et  doivent  remonter  à  une  épo- 
que où  Capoue  était  très  florissante.    La  prospérité  de  Capoue  fut  anéantie 
par  les  guerres  puniques.  En  combinant  ces  données,  on  doit  attribuer  les 
tombes  de  r:;apoue  à  une  période  dont  la  limite  supérieure  est  3U1  et  la  limite 
inférieure  l'année  214.  m 
1.P1.  XX,  1. 

2.  PL  XX,  2. 

3.  Voir  le  compte  rendu  de  Raoul-Rochette  daus  le  Journal  des  savants  de  1853. 

4.  Cf.  Instit,  arch.  de  Home^  Monumenli,  t.  X,  pi.  X  :  vase  eu  bois  découvert 


170 

vons  passer  sous  silence  le  tnagriilîtiue  casquti  du  C&biact  des 
médailles  (collecl.  de  Luynes)'.  découvert  à  Herculanum,  au- 
quel le  duc  de  Luynes  compare  le  cas([uo  publié  par  Caylus, 
t.  ni,  pi.  XXXIII,  et  sepL  autres  casques  avec  symboles 
solaires,  dont  un  découvert  à  Vulci. 


Fig.  2G.  —  Casque  de  brouze  de  la  collectiou  de  Luyoe 


l.e  n"  i  de  noire  planche,  écrit  le  duc  de  Luynes,  esl  un  casque  de 
bronze  trouvé  en  Itulie.  D'une  très  belle  conservalion,  ce  casque,  en 
forme  de  bonnetplirygien.asapartie  antérieure  couverle  de  cheveux  on- 
doyants, imitant  ceux  d'Alys  et  de  l'Apollon  rliodien.  Le  tion  de  Cybéle 
et  le  lion  solaire  y  jiaraissenl  dans  une  espèce  de  frise.  L'apex  esl  mo- 
delé comme  une  étoffe  molle  brodée  de  croii,  de  tleuronsel  d'un  autre 
signe  où  je  reconnais  des  étoiles  de  différentes  grandeurs. 


dans  une  tombe  Je  Corneto  ;  Liidwig  MUlIcr,  op.  laud.,  p.  15,  Sg.  là,  fîbute  dé- 
couverte en  Apiilie  ;  cylindre  en  terre  cuite  avec  swastika  dans  Gozzadioi,  De 
quelques  mors  de  chenal-,  \i.  17.  Ces  cylindres  il  double  t£lc  étsieol  au  nombre 
delOHi  coupe  deNoUdaaa  Ludwig  Malien,  p.  16,  lig.  18  au  Musée  de  Copeu- 
bague,  etc.  ;  une  tiache  de  brouze  sur  le  talon  de  laquelle  figure  le  snastlka 
(verâRDt  italien  des  Alpes],  appartient  au  Musée  de  Saint-Cermain,  etc. ,  etc. 
I.  Cr.  Insl.  arch.  de  ttome ,  Nouvelles  Annaies,l.  1,  p. '13,  pi.  111  A  et  B,  article 
du  duc  de  Luyue». 


i.  Voipgaglio,  Z»c(.rf« 


iM,  trlicle  Ci'npoJHn.  p.  tm. 


LE  awASTiKA  {tuite)  171 

Le  sens  prophylactique  du  swastika  ne  peut  étro  ici  mé- 
connu. Ce  signe  est  gravé  à  plusieurs  reprises  sur  le  sommet 
du  casque  ta  0(1  porte  nalurellemeiit  le  coup  dirigé  par  une 
main  ennemie  (Bg.  26). 

Nous  avons  vu  le  swaslika  servant  d'ornement  sur  la  tu- 
nique du  Pastor  et  de  personnages 
attachés  au  culle,  soit  chrétien,  le 
fomT,  soit  païen,  le  jeune  éphèbe 
jouant  avec  une  tortue;  nous  le  re- 
trouvons sur  la  tunique  de  guerriers 
combattant  représentés  sur  des  vases 
d'une  série  appartenant  à  la  Grande- 
Grèce  (pi.  XXI,  1  et  2).  Il  est  impos- 
sible d'y  voir  un  ornement  banal.  Le 
n'2  où  le  swastika  recouvre  les  par- 
lies  nobles  du  combattant  est  parti- 
culièrement signitîcalif. 

Ce  symbole  ornait  également  la 
robe  des  déesses  (fig.  27).  Nous  ter- 
mineroDS  en  reproduisant  la  figure 
peut-être  la  plus  significative  de 
toutes  :  Hélios  lui-même  (Hg.  28], 
non  plus  un  simple  prêtre,  comme 
sur  la  fresque  de  Capoue,  portant, 
à  la  manière  de  Vichnou  ou  du  Bud-  («"■'o  ^^  Befiin);  «f.  coiiignon, 
dba  le  ^  sur  la  poitrine. 

Nous  pouvons  conclure  ;  .\  partir  du  xv*,  sinon  du  nx"  siècle 
avanLnotre  ère,  le  swastika,  la  croix  gammée  des  chrétiens  fut. 


t.  Celle  Bgure  pubUéa  déjà  par  M.  Goblet  d'AIvielln  où  elle  sert  do  ttaa- 
lîipîce  à  aoD  livre  tur  la  Mii/ralioa  des  symboles,  iiou»  avuit  paru  euapecto. 
M.  Robert  voo  Schoeiiler,  cooscrvateur  des  Kanstliiatorisc/ie  Sammlungen  de» 
A.  H.  Kaiserhauses,  k  la  demaude  du  ootre  ami  .M.  E.  Potliur,  a  bien  voulu 
aous  rassurer...  Ce  Hajet,  uous  écrit-il,  est  pelât  eur  un  cratère  de  notre 
)tujiée.  Ou  eu  ignore  la  pruveoaDce,  mais  sa  cooservatiou  est  parrailc  et  le 
awulika  peiut  sur  la  poitrine  du  tiélios  est  abeolunieul  authentique.  Cf.  la 
mélope  d'un  temple  d'AltiËiia,  découvert  par  SctiibmauD  daus  les  ruiues  de 
VlUum  recens  grec,  où  HOlios  l'adiê  eal  reprâseoté  sur  un  quadrigi^.  Traja, 
p.  TSS  (trad.  Egger). 


173  LA   RELIGION    DES   GAULOIS 

dans  la  mer  Egée,  nn  Grèce  ei  en  Italie,  un  symbole  sacré, 
donl  la  valeur  paiali  avoir  êLé  universellement  reconnue.  Si 
ce  symbole  a  servi  quelques  fois  d'ornement  il  n'a  jamais 
perdu  sa  valeur  hiératique  ou  prophylactique  et  n'a  pas  cessé 
d'êlre  en  rapport  avec  le  snleil  ou  les  dieux  de  la  lumière 
céleste. 


Fig.  2S.  —  Cratère  du  Musée  do  Vienne  (Autricbe). 


Nous  n'avons  pas  encore  abordé  la  question  d'origine.  Non: 
nous  en  occuperons  dans  la  prochaine  lec^on. 


XIIP  LEÇON 


LE  SWASTIKA  (suite) 

Nous  avons  montré  le  culte  du  swaslika  ou  de  1^  croix 
gojnmée  régnant  dans  le  bassin  de  la  Méditerranée,  sur  les 
iles  de  la  mer  Egée,  en  Grèce,  et  en  Ilalie  comme  en  Gaule, 
à  partir  du  xv«  siècle,  pour  le  moins,  avant  notre  ère,  sans 
que  la  croyance  à  la  valeur  hiératique  ou  à  la  puissance  ma^t^t/^ 
de  symbole  ait  pris  fin,  jusqu'au  moment  où  le  christianisme 
en  le  recueillant,  en  Tadoptant,  lui  ait  donné  une  vie  nouvelle. 
La  fortune  de  ce  symbole  n*avait  pas  été  beaucoup  moindre 
dans  le  nord  de  l'Europe.  Nous  avons  vu  quel  rôle  il  jouait 
encore  en  Irlande  au  vi*  ou  vu*  siècle  de  notre  ère,  même  après 
la  conversion  des  Irlandais  au  christianisme.  Nous  le  retrou- 
vons triomphant  également  en  Scandinavie.  Là,  comme  en 
Irlande,  nous  sommes  en  dehors  de  l'influence  romaine  qui 
ne  s  y  fit  sentir  qu'à  partir  du  ii*  siècle  de  notre  ère,  et 
encore  très  faiblement.  Rome  n'a  jamais  fait  aucune  conquête 
de  ce  côté.  Le  christianisme  ne  pénétra  en  Scandinavie  que 
dans  les  environs  du  tx"  siècle.  Les  Hyperboréens  adoraient 
Thor,  le  dieu  de  la  foudre,  après  avoir  adoré  Apollon.  Nous 
ne  devons  pas  nous  étonner  de  retrouver  chez  eux  en  grand 
honneur  le  vieux  symbole  du  culte  du  soleil  et  du  feu. 

Le  swastika^  nous  dit  Ludwig  Muller,  dans  son  très  intéressant  mé- 
moire de  1877*,  se  montre  dès  ràf»e  du  bronze  en  Sibérie  et  en  Scandi- 

1.  Ludwi<;  MOlIer^  op,  iaud.^  p.  110,  fig.  31  à  41.  Suivant  l'auteur  du  mémoire, 
«  ie  swaslika  a  sans  doute  été  importé  comme  le  IHkétron^  signe  également 
solaire^  par  une  tribu  qui^  traversant  PAsie  mineure^  est  venue  '^^étabfir  en 


174 

navie  au  dessus  d'une  inscription  nini^ue  gravée  sur  un  hloc  erratique 
de  rt!e  de  Seelund,  proLablement  sacrée  (dp. 'il)',  sur  une  coupe  de 
terre  peinte,  proveuanl  d'un  lombeau  de  Sibérie  (flg.  30),  sons  le  fond 
de  vases  de  bronze  destinés  fi  être  suspendus,  Irouvi^s  en  Pomérauîc, 
dans  les  tles  orieulales  du  Danemark  et  en  Veslfiollaud,  enfin  dans 
des  sculptures  eur  rochers  de  la  Suède  méridionale  '.  Tous  ces  signes  * 
sont  indubilablcinent  en  relation  les  uns  avec  les  autres.  Il  y  a  lieu  de 
les  mettre  en  rapport  avec  les  croyances  religieuses.  A  râpe  du  fer  le 
swaitika  représentait  le  dieu  suprême  dans  la  (iermanie  septentrionale 
et  la  ScandJuavie,  tandis  que  le  Irikélron  (aulre  sipue  solaire)  élail  le 
symbole  d'un  autre  dieu,  sans  doute  de  celui  qui  représentât  plus  par- 
ticulièrement le  soleil*. 

Mais  la  série  la  plus  nombreuse  des  antiquités  Scandinaves 
portant  la  marque  du  swasiika  est  la  série  des  bractéates  '.  Les 
bracléalesnesontpas  des  monnaies  mais  des  espèces  d'amulel- 
tes,  Ifea  en  vogue  en  Scandinavie  du  vi'  au  ix"  siècle  de  notre 
ère,avant  la  conversion  des  Danois  au  chrislianisme.  La  pln- 
parlporlenl  des  runes,  associées  au  swaslil^a,  qualifié  par  les 
archéologues  du  nord  du  marteau  de  T/ior'. 

Silésie  d'oi'i  cet  signet  ont  passé  aux  peupUt  habitant  dt  l'autre  côté  de  la 
mer  Bolliqiit.  •  Nom  croyoua  que  ces  dpux  ligues  eut  pu  y  pénétrer  aussi 
directetueot  par  te  nord  de  la  Cns|ii<'Duo,  Il  n'est  pas  uËcesetùre  de  lea  faire 
venir  d'Asie  mineure  ijui  u'cBt  pas  leur  pays  d'origine. 

1.  Je  ne  croîs  paa  que  cette  inscriptlou  ail  élé  dèchilTrée. 

2.  Voir  les  r^fËreuces  dans  le  mémoire  de  Ludwig  Millier. 

3.  Ludwig  MQllcr  /oit  ellusion  aux  diverseg  toruics  que  »ur  ces  monuments 
renèl  le  swastika.  Voir  notre  pi.  VII. 

i.  Parmi  tes  mouuueiits  décoiiTerts  eu  Scandiuavie  sur  lesquels  figure  le 
swaslika, accosta  ou  lîoa  du  trikétron,  nous  dévoua «iguaUr  une  sfric  d'objets 
recueillis  daua  les  marais  de  Nydaiu  (Jullsud),  époque  du  fer,  cooipreuaut  : 
uu  oa  taillé  en  forme  de  pointe  de  javelot  sur  lequel,  outre  le  swasiika,  est 
impriuié  le  foudre  composé  de  deui  fourches  se  fai*»ul  pendant  à  l'eitré- 
initË  d'un  mSuie  niauclio,  signe  bien  connu  comme  ri^présentaut  le  tonnerre 
et  l'éclair.  {Ce  signe  se  retrouve  dans  l'Iude  comme  attribut  du  dieu-soleil 
Visclmou.)  Si\  peignes  en  os  dont  trois  portent  le  mSoie  foudre,  trois  le 
awastiks  :  on  pommeau  d'épée  en  o?,  un  dirque  d'ivoire,  probablement  une 
amulelte,  une  pl.ique  de  brouze  en  forme  de  croii,  une  eilréiuité  de  fourreau 
d'épÉe  eu  os.  Cf.  Eu^eHiardl,  Tliorsbfiy  Mosefund,  etc.  Copenhague,  1863, 
pi.  XI,  5b;  XIU;  n,  rimose/-i,nde(,  pl.ll,  5.  IB  ;  \yrfnm  Mosefiind.pl  V.  9. 

!i.  Ludwig  Millier,  op.  hud.,  lig.  ai.  38,  119,  40;  \\oria.s.e,Nordiske  Oldsager, 
1859.  pi.  XCV,  Jlg.  \»{  ;  XCVI,  liR.  106. 

e.  On  iTOuvc  spuvenl  dai.s  la  umin  du  T/wr  un  vtritoble  marteau  (l.udw  ig 
SlOller.o;). /oiïrf.,  p.  lli).  Le  oiarluau  joue  égnlemeul  dans  Ips  catacombes,  à 
la  tête  ou  à  la  Bu  de  quelques  iuscriplious  funéraires,  le  même  rùle  que  le 
swastika,  voir  Iloldctti,  op.taud.,  Mb.  I,  ch.  li,  p.  3IB.  311. 


r- 


LE  SWASTIKA   (suite) 


175 


Les  bracléales  sont  si  bien  des  amulettes  que  Sophus  Biigge 
a  pa  démontrer  que  les  runes,  sur  ces  médailles,  n*avaient 
aucun  sens  précis  cl  consistaient  seulement  en  des  combinai- 
sons de  lettres  donnant  à  Tamulette  une  valeur  magique^  La 
présence  du  signe  sacré,  symbole  du  dieu  Thor  (la  croix 
gammée)  donnait  encore,  ajoute  ce  savant,  plus  de  puissance 
à  cette  combinaison  de  lettres  runiques  dont  la  valeur  réelle 
était  ignorée  du  public. 

Worsaae^  dans  un  mémoire  d^une  grande  sagacité,  avait  déjà 
démontré  que  ces  runes  n'avaient  aucun  sens  et  devaient  être 
mises  sur  le  même  rang  que  les  signes  magiques  des  chamans 
bouddhistes  ou  des  prêtres  chaldécns.  Nous  sommes  toujours 
en  pleine  période  païenne,  bien  que  déjà  les  Wikings  com- 
mencent à  mettre  le  nord  en  rapport  avec  Byzance.  Nous 
pourrions  étaler  sous  vos  yeux  do  nouveaux  exemples  de  cette 
survivance  du  symbole  païen  bien  au  delà  des  temps  chré- 
tiens. Il  ne  paraît  pas  douteux,  en  effet,  que  les  urnes  cinéraires 
avec  empreintes  du  swastika  (les  chrétiens  n'ont  jamais  inci- 
néré) recueillies  dans  un  des  cimetières  de  Lithuanie,  remon- 
tant aux  environs  du  ix*  siècle,  n'appartiennent  à  des  sépul- 
tures païennes.  Nous  en  dirons  autant  des  plombs  de  douane, 
frappés  des  mêmes  caractères*,  recueillis  également  dans  les 
eaux  du  Dnieper,  dont  quelques-uns  figurent  sur  notre 
planche  Vil.  Nouveau  et  remarquable  exemple  de  survivance. 

La  réputation  presque  universelle  de  ce  sighe  dans  les  con- 
trées que  nous  venons  de  parcourir  et  qui  comprennent 
(rÉgypte  et  TArabie  exceptées)  presque  tout  le  monde  connu 
des  anciens,  plusieurs  siècles  avant  et  plusieurs  siècles  après 
notre  ère,  n'est  donc  pas  douteuse,  pas  plus  que  son  caractère 
hiératique,  peut-être  intermittent,  mais  indiscutable.  Ce  signe 
a  évidemment  fait  partie  intégrante  d'un  culte  primitif,  très 


1.  Mém,  Soc   des  Antig.  du  nord  à  Copenhague.  187i.  p.  36i. 

2.  Voir  :  Comte  CoustiatiQ  Tvïizkiewicza,  Fouilles  de  tumidus  en  Lithuanie j 
Berlin,  1868  (eu  polouais).  Ou  peut  cou^uUiîr  cet  album  à  la  Bibliothèque  du 
Masée.  A  côté  du  swastika,  la  croix  simple  et  plusieurs  autres  signes  cabalis- 
tiques sont  assez  fréquents  sur  ces  vases  et  sur  ces  plombs. 


\ 


1 

étendu  et  joué  un  rôle  analogue  k  celui  que  joue  la  croix  chez 
Ida  chrétiens.  Pouvons-nous  en  déterminer  l'origine,  le  cen- 
tre de  (lifTusion  ?  en  saisir  le  sens  primitif'.' 

Bien  des  opinions  ont  été  émises,  à  cet  égard,  parmi  les- 
quelles domine  ce  sentiment  que  le  swastika  est  un  signe,  ou 
symbole  aryen  et  conséquem ment  que  l'origine  de  ce  signe,  de 
ce  symbole,  doit  èlre  cherchée  dans  les  contrées  arrosées  par 
rindus  et  le  Gange.  Que  ce  signe  soit  très  ancien  dans  ces 
pays,  comme  en  Occident,  qu'il  y  ait  joué  un  très  grand  rôle 
dans  la  liturgie  des  diverses  sectes  qui  y  ont  successivement 
dominé,  brahmanes,  jaïnas,  bouddhistes,  et  probablement 
dans  les  sectes  qui  les  ont  précédées  le  fait  n'est  pas  douteux. 
Des  monuments,  des  traditions  en  font  foi.  Les  planches  que 
nous  mettons  sous  vos  yeux  ',  sur  lesquelles  sont  dessinés  un 
petit  nombre  seulement  des  monuments  de  celle  vaste  contrée, 
011  figurent  le  swastika  et  les  signes  connexes,  donnent  immé- 
diatement fe  sentiment  que  nous  M>mme8  dans  une  des  régioDs 
où  a  te  plus  manifestement  dominé  le  culte  dont  ces  signes 
sont  le  symbole.  Ces  monuments  s'échelonnent  comme  date  de 
250  ans  environ  avant  notre  ère  jusqu'au  vi'  siècle  après  J.-C, 
mais  nous  pouvons  en  suivre  le  développement  dans  l'Inde  jus- 
qu'à nos  jours.  Il  y  a,  d'ailleurs,  de  fortes  raisons  de  croire 
qu'en  l'an  250  avant  notre  ère,  quand  le  grand  roi  Piyadasi 
faisait  sculpter,  sur  les  rochers  des  environs  de  Djoumir  près 
Bombay,  ses  admirables  décrets*,  quand  les  rois  indo-scylhes, 
à  la  suite  des  contjuèles  d'Alexandre  le  Grand,  faisaient  frap- 
per des  monnaies  au  swastika,  ce  signe  était  déjà  un  symbole 
sacré  depuis  un  nombre  considérable  de  siècles  '. 

Ces  planches,  dont  nous  devons  les  dessins  à  l'obligeance 
de  M.  Louis  Rousselet,  l'auteur  de  L'Inde  des  Sajahs',  nous 
montrent  portant  des  swastika,  les  monuments  suivants  : 


1.  PI.  XXII-XXIII. 

s.  Emile  SeasTl,  Les  inscriptions  de  l'iijatiasl  ,PiiTh,tmpritaeric  natioDale.lSSI. 
3.  Tellu  est  l'opinioD  démon  confrùrc  de  l'iiislitul,  M.  Elmile  Seunrt,  auteur 
de  La  légende  de  Buddha,  Parie,  E.  Leroui,  181)2. 
).  Pari»,  IliicticUe,  187:; 


r 


■:3' 


LE  SWASTIKA   {suite)  177 

Fig.  4 .  —  Fragment  du  pilier  d'un  tope  *  de  Sonari  (nr  siècle 
avant  notre  ère). 

Fig.  2.  —  Piédestal  d'une  statue  jaïna'  des  premiers  siècles 
avant  notre  ère,  à  Gwalior. 

Fig.  3.  —  Grotte  d'Oudghayari,  monument  daté  de  Tan  160 
après  J.-C. 

Fig.  4.  ^^  Bande  sculptée  sur  le  pourtour  de  la  coupole  d'un 
temple  jaîna  à  Ghittore  (v«  siècle  de  notre  ère);  rappelle  la 
frise  du  sarcophage  de  saint  Ambroise  à  Milan. 

Fig.  5.  —  Fragment  d'un  bas-relief  du  temple  de  Jowar 
dans  le  Rajpoutana  :  date  probable  iv*  et  v«  siècles. 

Fig.  6.  — Revers  d'une  ancienne  monnaie  bouddhiste  (coll. 
Cunningham).  On  y  voit  l'arbre  de  vie  entre  le  swastika  et  la 
rouelle  à  huit  rayons. 

Fig.  7.  —  Revers  d'une  médaille  trouvée  à  Oudjein  (coll. 
de  Calcutta).  Croix  à  branches  égales  dont  chaque  branche  se 
termine  par  un  cercle  au  centre  duquel  figure  le  swastika. 

Fig,  8.  —  Revers  de  monnaies  trouvées  entre  Tlndus  et 
laDjemmah,  de  Kounanda,  frère  d'Amogha  (période  boud- 
dhiste). 

Fig. 9.  — Croix  nandavartaà  Gwalior;  Khaira;  Sounaghur; 
Gharispore,  etc.  (Le  nandavarta  est  une  des  formes  du  swas- 
tika que  nous  retrouvons  partout). 

Fig.  10.  —  Statue  d'un  Tirthankar  (saint  jaïna)  dans  un 
des  temples  de  Sounaghur.  Le  swastika  est  gravé  sur  la  poi- 
trine du  saint,  comme  sur  la  poitrine  de  Vischnou,  comme  sur 
celle  d'Apollon  du  célèbre  vase  grec  du  Musée  de  Vienne  3. 

Sur  la  planche  suivante  sont  réunis  les  principaux  symboles 
ou  emblèmes  le  plus  souvent  associés  au  swastika,  sur  les 
monuments  bouddhistes  :  la  roue  solaire;  le  trigûla,  espèce 
de  trident  qui  joue  dans  cette  symbolique  le  même  rôle  que 
le  foudre  dans  la  symbolique  grecque. 

Tous  ces  symboles  ont  trait  au  culte  du  soleil  et  du  feu. 

i.  Sépulture  des  staiuts  bouddhistes. 

2.  Secte  de  l'Inde,  distincte  du  bouddhisme. 

3.  Voir  plus  haut,  p.  il2. 


1 


LA   RELIU1UM    DKB 


CiiiilGiiipui'aiaes  du  n*  1  do  nos  monuments,  les  iiiscrlplions 
doul  nous  reproduisons  un  fragment  en  fac-similé  ont  un  in- 
lûrt'l  liien  jilus  vif  encore  pour  nous,  en  ce  que  le  signe  du 
swasljka  y  précède  ou  suit,  comme  dans  les  inscriptions  fu- 
nérairos  des  catacombes,  les  édtls  rendus  vers  le  milieu  du 


I     l«^^^l^;^i•  iitf(bi(C<ri'   aiiistrr-ti  Kcy  l 
»     n-oii;'q<r>i'iJ(MiJ/'<t;><ti-to-i-'^V'»E-Fn'iiidJï»oj 

rig.  23.  —  FrapECnt  ilii  XIV'  éiill  du  roi  PiyaUoai. 


rtX6^r/^AI  V  o 
W  »0-X#:->L--t  ^ 

■^c  1  ni 

-c    3 


-  rra«iii. 


M'ij>liou  de  Khaiiijiigiri. 


m'  siècle  avant  notre  ère  par  le  célèbre  roi  dti  Magadha, 
Açnka,  qui  s'appelle  lui-même  Pïi/adasi;  roi  bouddhiste, 
réformaleiir  prêchant  à  ses  peuples  une  morale  du  caractère 
lu  plus  éli;vé,  d'inspiration  si  chrétienne  que  ses  édits  sem- 
blcul  justifier  la  parole  de  saint  Augustin  que  nous  avons  déjà 
rappelée  :  Le  c/irisiinnisint!  n'eut  f/u'inip  formp  nouvelle  d'une 
reliyion  élernellc. 

Je  nie  bornerai,  pour  juslifier  mes  paroles,  à  vous  lira  quel- 


LE   SWASTIKA   {suite)  170 

qiics  fragments  de  la  traduction  que  nous  a  donnée  de  Tun 
de  ces  édits  M.  Emile  Senart*. 
En  tête  de  Tinscription,  le  swaslika  précédant  ces  mois  : 

Voici  ce  que  dit  le  roi  Piayadasi  : 

Us  hommes  observent  diverses  pratiques  dans  la  maladie,  le  mariage 
d'un  nis  ou  d*une  fille,  la  naissance  d'un  enfant,  ou  au  moment  de  se 
meltre  en  vpyage.  Ces  pratiques  extérieures  sont  vaines  et  sans  valeur. 
Je  ne  dis  pas  qu'il   faille   les  abandonner:   mais    elles  ne  portent  de 
fruit  que  quand   on  y  joint  l'espnt  religieux  qui  seul  est   tout-puis- 
sanl  :  à  savoir  les  égards  pour  les  esclaves,  les  serviteurs  et  les  maîtres, 
la  douceur  envers  les  animaux,  Taumône.  Ces  vertus  sont  ce  qui  s'ap- 
pelle les  œuvres  de  la  religion.  Il  faut  qu'un  fils,  un  ami  ou  un  maître 
lise  cos  prescriptions  à  qui  de  droit.  Voilà  ce  qui  est  bien. 

On  dit  :  L'aumône  est  une  bonne  chose  ;  mais  il  n'est  d'aumône  et  de 
charité  méritoire  que  celle  qui  cniane  de  l'esprit  religieux.  Convaincu 
que  c'est  par  cette  conduite  seule  qu'il  est  possible  de  mériter  le  ciel,  on 
la  doit  suivre  avec  zèle.  Le  mcrite  des  pratiques  ordinaires  est  limite  à  la 
vie  présente.  La  pratique  de  la  loi  religieuse  n*est  pas  liée  au  temps  ;  elle  ne 
pro  luit  pas  le  résultat  que  Von  envie  sur  la  terre f  elle  assure  pour  Vautre 
niond^j  une  infinie  moisson  de  mérites. 

Aucun  philosophe  païen  n*a  eu  des  accents  de  piété  sem- 
blables. —  Et  ces  maximes  que  Piayadasi  mettait  sous  Tin- 
vocation  du  swastika  vers  250  avant  notre  ère  n^éCaient  pas 
nouvelles.  Elles  émanaient  de  Tesprit  primitif  du  bouddhisme 
incarné,  si  je  puis  dire,  500  ans  avant  notre  ère,  dans  la  per- 
sonne du  Bouddha  Cakia-Mouni.  Car  avant  Cakia-Mouni,  il 
existait  déjà  des  Bouddha  vivants  et  le  signe  sacré  que  le 
Bouddha  porto  sur  la  poitrine,  notre  croix  gaminée,  était  déjà 
l'un  des  signes  de  la  religion  de  Vischnou  dont  Çakia-Mouni 
acceptait  Théritage,  ainsi  que  le  démontre  Emile  Senart.  — Le 
swaslika,  dans  le  vieu.\  culle,  représentait  Y  astre  Itimineux; 
Vaslre  vivifiatU,  attribut  de  Vischnou,  comme  la  rouelle  (la 
roue  du  soleil)  et  le  triskèle  représentaient  le  mouvement 
L^iratoire  de  Taslre. 

La  suile  des  représentations  figurées  que  nous  avons  mises 
sous  vos  yeux  ne  peut  laisser  aucun  doule  à  cet  égard. 
Le  sens  du  symbole  ne  paraît  s'être  jamais  complètement 
perdu.  Il  s'est  même  mieux  conservé  que  celui  des  feux  de  la 

1.  Emile  Senart,  Le.s  inscriptions  de  Piyadasi,  p.  226. 


Saint-Jean,  comme  lo  montrenl  l'Apollon  du  vase  de  Vienne' 
el  la  monnaie  de  Damaslicum  à  Tomphalos  delphien  accosté 
du  swaslika,  b{,  enlin,  pour  parier  une  dernière  fois  de  pays 
restés  sous  l'intlnence  de  l'Inde,  le  tableau  magique  tibétain 
que  semble  proléger  le  vieux  signe  solaire'  peint  huit  fois  sur 
le  cadre,  dans  l'inlérienr  duquel  s'étalent  les  signes  cabalis- 


.=|^*~';-J'^';:"^% 


Fifi.  30. 

D'apr»»  A.  W«ldol.  Tlil  bii'ldhiim  of  Tibet. 

tiqnes  (fig.  30).  Nous  avons  là  l'histoire  parfaitement  docu- 
mentée d'un  symbole  reli^'ieux  de  caractère  bien  défini  dont 
la  valeur,  cependant,  jusqu'à  ces  derniers  jours,  élail  presque 
complètement  méconnue. 

Ludwig  Millier,  dans  les  conclusions  en  français  de  son  mé- 
moire de  1877',  résume  ainsi  l'enquête  faite  par  lui  au  sujet 
des  différentes  opinions  exprimées  avant  lui  par  ceux  qui 
s'étaient  occupés  du  même  signe  : 

Le  signe  inilion  du  suiasd'ti serait,  selon  Cunninf!ham,un  nionofïramme 


1.  Voir  pliifl  hniil,  p.  )"2. 

2.  A.  WeilJel.  T/.r  lliidMis 
que  r  CD  end  re  tu  eut  du  tablea 

3.  Op.  iaud.,  p.  iD2. 


ijf  Tibel  o 


LE   SWASTIKA   {snite)  181 

composé  des  caratëres  pâlis  que  renferme  le  nom  de  stcaf^tika.  D'après 
M.J.  Hoffmann,  il  aurait  exprimé  Tunion  des  deux  facteurs  principaux 
masculin  et  féminin.  M.  Emile  Burnouf  est  d*avis  qu'il  a  tiré  son  origine 
de  l'appareil  dont  se  servaient  les  anciens  Aryas  pour  allumer  le  feu  sacré 
(l'arani)  qui  consistait  en  deux  pièces  de  bois  ayant  au  point  de  jonction 
un  trou  où  par  rotation  d'une  bagu^Ute  naissait  le  feu.  Ce  feu  étant  iden- 
tifié avec  Agni,  le  principe  de  la  vie,  le  swastika  aurait  eu  le  même  sens. 
Les  critiques  qui  se  sont  occupés  de  ce  signe  à  propos  des  antiquités  du 
bassin  de  la  Méditerranée  l'ont  confondu  avec  les  croix  ansées  et  le  tau 
phénicien  avec  lesquels  il  n'a  aucun  rapport  et  lui  ont  par  suite  attribué 
le  seos  de  vie  ou  de  salut.  D'après  d'autres  explications,  ce  signe  serait 
ri)mposé  de  deux  lettres  mystiquas  ou  symboliques,  ou  bien  de  deux 
traits  de  foudre  et  représenterait  le  tonnerre.  On  y  a  vu  aussi  les  raies  de 
la  roue  du  char  du  soleil.  Aucune  de  ces  opinions  ne  peut  être  acceptée. 

Ludwig  Mûlier,  le  premier,  a  mis  sur  la  bonne  voie  et  indi- 
qué une  solution  rationnelle  du  problème. 

Il  y  a,  dit-il,  d'autres  symboles  d'origine  asiati(|ue  qui  montrent  com- 
ment la  figure  du  signe  doit  être  composée  el  quelle  en  a  été  la  signi- 
fication symbolique,  à  savoir  :  le  Iriskèle  et  les  signes  linéaires  correspon- 
dants. Le  triskèlc  composé  de  trois  jambes  humaines  tournant  autour 
d'un  centre  (fig.  43)  indique  évidenimont  un  mouvement  circulaire  per- 
péluel.  Il  était  dans  l'Asie  mineure  méridionale  l'emblème  du  dieu  su- 
prême, Zeus  assimilé  a  Baal,  comme  on  peut  l'inférer  des  monnaies  frap- 
pées à  Aspendus  au  milieu  du  v«  siècle  avant  J.-C.  (v.  flg.  44,  45)*.  Sur 
une  monnaie  celtibérienne  (fig.  46)*  frappée  dans  le  sud  de  l'Espagne,  le 
disque  du  soleil  apparaît  derrière  le  visage  au({uel  les  trois  jambes  sont 
attachées.  Les  signes  (triskèle  et  tétraskèle)  qui  forment  le  type  ordinaire 
sur  les  monnaies  de  la  Syrie  (fig.  48,  49)  avant  le  temps  d'Alexandre  le 
Grand  étaient  de  même  des  symboles  du  dieu  principal  des  Lyciens'.  Or, 
entre  les  figures  de  tous  ces  symboles  et  celles  des  signes  en  question 
(le  swaslika)  il  y  a  une  concordance  que  Ton  ne  saurait  méconnaître... 
c'est  donc  un  mouvement  circulaire  pcrpHuel  qui  est  exprimé  par  la  figure 
de  ce  signe  et  par  analogie  avec  le  triskèle,  on  peut  avec  raisou  lui 
donner  le  nom  de  létraak^le.  Ce  signe  ayant  été  employé  comme  type 
monétaire  en  même  temps  dans  les  mêmes  pays  que  les  autres,  il  y  a 
tout  lieu  de  croire  qu'il  a  été  également  le  syml)ole  d'une  divinité,  de  la 
divinité  d'où  émane  le  mouvement  du  monde,  soit  de  l'être  suprême  dans 
le  monothéisme  et  dans  le  panthéisme,  soil  du  premier  des  dieux  dans 
le  polythéisme,  soil  plus  spécialement  le  soleil. 

1.  Mus.  Hunier j  tab.   715;    de   Luyues,    Types  relatifs  au  culte  d'Hécate, 
p.  103. 

2.  Lorichs,  Recherches  num.sur  les  médailles  celt.^  pi.  LXXXVI,  12;  Aloi»  Heiss, 
Monnaies  anliq.  de  VEspwfne^  p.  322,  pi.  XLVII,  II,  5  et  10. 

3.  Apollon. 


CiAULOIS 


_  _'  a  peu  de  choses  ^  changera  ci's  cnncliMions  qui  (^ateol 
lo  (lix-aeiif  ans. 

Où  pliicorons-nous  le  centre  primilif  de  ce  culle?  Ici  encore, 
jUfIwig  Miiller  nous  semble  avoir  eu  une  vue  très  juste  de  la 
lolulion.  Après  élimination  de  loulcs  les  hypothèses  visant 
îes  nations  parliculiôn?8,  l'auteur  du  mémoire  en  arrive  à 
îelte  conclusion  :  «  que  la  naissance  du  symbole  dale  de 
'éporjue  qui  précède  la  dispersion  des  Iribus  aryennes  et 
]ue  celles-ci  l'ont  apportée  de  la  niôre-palrie  dans  tes  pays  où 
îlles  allaient  s'établir  ".  C'est  à  peu  |"  rès  dire  que  le  symbole 
3sl  pré-aryen,  ce  qui  est  notre  concl»?îon. 

M.  Goblet  d'Alviella,  àims  Lamigrai  ondeaai/mholes,  rejette, 
au  contraire,  bien  loin  celle  solution  : 

0  Les  deux  premiers  habitats  de  notre  symbole,  écrit-il, 
sont  l'un  sur  les  rives  de  l'ilellespont,  l'autre  dans  le  nord  de 
l'Italie,  mais  il  n'est  point  né  là  »,  et  M.  GobleLd'Alviella  pense 
«  qu'il  y  a  élo  apporté  d'un  centre  commun  inlermédiain'  qui 
serait  la  Tbrace  «. 

Cette  vue  est  ingénieuse.  M.  Salomon  Heinach  qui  est  une 
autorité  on  pareille  matière,  dans  un  article  de  V Anlhropoto- 
■fi<!  ',  soutenait  à  peu  p!■^s  la  même  Ih'-se  :  «  C'est  dans  le  noi  d 
de  la  presqu'île  des  Balkans  et  non  dans  l'Inde  que  l'étude 
îcule  de  la  géographie  de  ce  style  symbolique  conduit  à  placer 
le  centre  de  dilFusion  »,  Ces  conclusions  nous  paraîtraient 
justes  si  l'auteur  avait  ajouté  :  leur  dilTusion  en  Europe.  Mais 
Est-ce  de  la  Th race  que  le  symbole  est  parvenu  jusque  dans 
riuJe  et  eu  Mongolie?  Nous  avons  nous  même.dans/^  Gaule 
avant  les  (iatilois,  dès  1884",  signalé  la  Thrace  et  les  Balkans 
comme  un  foyer  très  ancien,  très  actif,  d'élaboration  de  la  ci- 
vilisation tlile  iud'>-europfienne  ou  aryenne,  mais  nous  n'avons 
jamais  prétendu  placer  là  son  centre  primilif  d'éclosion. 

Nous  persistons  à  croire  el  de  plus  en  jilus  fermement  qu'il 
faut  attacher  une  grande  importance  historique  aux  légendes  si 
anciennesel  si  tenaces  dont  sont  entourés  les  noms  d'Orphée, 

1.  i:AnlliFopo/ogU.  l.  IV,  p,  ,Ï64  (189^]. 


LE  SWASTIKA  (suite)  183 

de  Linus,  des  Muses,  d'EumoIpc  et  de  ses  Thraces,  mais  il 
faut  aussi  se  rappeler  que  ces  légendes^  le  plus  haut  que  nous 
puissions  remonter  dans  le  temps,  ne  nous  transportent  pas 
au  delà  du  xx**  siècle.  Or,  antérieurement  à  cette  date,  les 
Balkans  et  les  vallées  du  Danube  moyen  étaient  encore  à  Tâge 
de  la  pierre  polie  qui  ne  comporte  pas  un  développement  de 
civilisation  aussi  avancé  que  celui  que  semble  indiquer  l'en- 
semble des  dogmes  qui  se  rattachent  au  culte  du  feu.  Dès  le 
XL^  siècle,  au  contraire,  près  de  deux  mille  cinq  cents  ans 
avant  le  jour  où  les  contrées  danubiennes  furent  initiées  à 
Tart  de  la  métallurgie  et  que  commençât  pour  elles  Tâge  du 
bronze,  —  nous  avons  cherché  à  vous  le  démontrer  dans  nos 
premières  leçons  —  un  centre,  un  foyer  intense  de  grande  ci- 
vilisation et  d'élaboration  religieuse,  dont  Israël  et  llslam^ 
sont  une  émanation,  existait  dans  TAsic  antérieure,  sur  les 
rives  del'Euphrate  et  du  Tigre,  chez  les  Sumériens  ou  Accads 
de  la  Chaldée.  Les  belles  fouilles  de  M.  de  Sarzec  mettent 
aujourd'hui  les  débris  de  cette  civilisation  sous  nos  yeux  avec 
son  cortège  de  temples,  de  sanctuaires,  de  statuettes  de  cuivre 
ou  de  bronze,  ses  castes  sacerdotales  et  ses  milliers  de  briques 
avec  inscriptions  contenant  une  liturgie  démoniaque  ou  ma- 
gique dont  François  Lenormant  a  donné  des  traductions*. 

Cette  civilisation  primitive,  antérieure  à  l'épanouissement 
des  civilisations  aryenne  et  sémitique,  se  rattache  par  des  af- 
finités ethniques  aux  races  louranicnne,  mongolique,  sibé- 
rienne, ouralo-altaïque,  scythique  des  anciens,  chez  lesquelles 
\q  swastika,  comme  la  magie,  a  si  facilement  pénétré  avec  le 
bouddhisme  et  le  lamaïsme,  ainsi  qu'il  a  pénétré  dans  Tlnde 
bien  avant  le  bouddhisme  officiel.  Il  serait  téméraire  d'être 
plus  précis.  Nous  nous  arrêtons  à  cette  orientation  qui  nous 
paraît  légitime  et  logique.  Lo  point  précis  d'apparition  des 
symboles  est  aussi  impossible  à  déterminer  que  celui  de  Tap- 
parition  de  la  langue-mère  des  diiïérentes  branches  de  la  fa- 
mille aryenne  ou  touranienne. 

1.  L'Islam  n'a  jamais  renié  les  patriarches. 

2.  Fr.  LenormaDt,  La  magie  chez  les  ChaldêenSj  Paris,  Maisonucuvp,  1874. 


LA    RELIGION    DES 


Pour  faire  naître  en  vous  le  senUmpnl  très  vif  de  la  haute 
imporlancp  de  celle  civilisatioa  comme  éducalrlce  du  geure 
humaia,  lisez  les  excellents  articles  de  mon  confrère  et  anni, 
Léon  Heuzey,  sur  tes  antiquités  de  Tello,  l'ancienne  Sirpoit/a, 
et  plus  particulièrement  le  dernier  qui  ouvre  la  secoude  anaée 
des  Moitumenti  et  Mémoires  (foadatioQ  Piol)  intitulé  ;  Le  vme 
d  argfnl  d'  Entiména,le  patesi  Qti  roi  de  Sirpoula'.Ce  vase  d'ar- 
gent qui  remoutc  au  minimum  h  3oOU  avant  notre  ère,  srii-  le- 
quel est  gravée  une  inscription  sumérienne  dédicatoire,  est 
orné  de  gravures  au  trait  d'une  perfection  qui  ne  permet  pas 
de  méconnaître  l'énergie  créatrice  e^ïlraordinaire  des  fonda- 
teurs de  ce  petit  royaume,  dont  le  retentissement  k  travers 
les  siècles,  quand  on  est  pénétré  de  leurs  œuvres,  parait  un 
fait  historique  non  seulement  logique,  mais  démontrable. 

I.  Manitments  et  Mémoires  publiés  par l'Acitilioiie  dasiascriptiou»  et  belles- 
lettres,  soua  la  direction  de  Georges  l'errut  et  Itiibert  de  l^aleyrie.  membres 
de  l'iDBtilut,  t.  Il,  p.  i-28  :  Le  voie  d'argent  d'Ënléména  décauvefl  par  AI.  de 
Sar:ee,  par  M.  L£oa  Heuze;  (avec  pUocbe). 


Q®@o 


"OfKJ 


Amulette»  représeolaot  la  roue  du  aoldt  (or,  broute  et  plumb}. 


XIV«  LEÇON 


LES  SlGiNES  SOLAIRES  (suite) 


Le  swastika  n'est  point  le  sfml  signe  solaire  qui  témoigne 
de  Texistence  du  culte  du  soleil  el  du  feu  introduit  en  Gaule 
par  les  tribus  celtiques  ou protO'Ce/tiques\  Il  en  est  un  autre: 
la  rouelley  dont  la  popularité  fut  plus  générale  encore  et  per- 
sista comme  celle  du  swastika  jusque  bien  après  la  conquête 
romaine.  La  constatation  de  ce  fait  a  d*autant  plus  de  valeur 
au  point  de  vue  de  l'histoire  religieuse  de  la  Gaule,  que  la 
popularité  de  ce  symbole,  comme  celle  du  swastika,  s'éten- 
dait, dans  l'antiquité,  des  extrémités  de  Tlnde  aux  extrémités 
de  rOccident.  Sur  tout  ce  parcours  on  retrouve  ses  traces. 
Nouveau  témoignage  de  la  profonde  impression  partout 
laissée  par  le  culte  et  les  pratiques  dont  ces  signes  sont  les 
symboles. 

La  rouelle  a  joué  un  rôle  particulièrement  important  en 
Gaule.  A  titre  d*amulettc,  nous  la  trouvons  répandue  en  abon- 
dance dans  nombre  d'enceintes  gauloises ,  pré-romaines, 
centres  de  cérémonies  religieuses  *  :  rouelles  en  or,  en  argent, 
en  bronze  et  même  en  plomb  •^.  On  en  faisait  un  commerce, 
analogue  au  commerce  des  médailles  et  autres  souvenirs 
pieux  vendus  en  Bretagne  les  jours  de  pardon,  à  la  porte  de 
nos  églises. 


1.  Voir  La  Gaule  avant  /es  Gaulois. 

2.  Comme  les  kéremet  des  tribu»  lourauieuueâ. 

3.  Voir  Dotre  plauctie  VI,  p.  11U. 


iHfi  LA    llKLtr.liiN    DES  GAIM.OIS 

Les  Dumismati'H  v  (ivai<*nl  itu  voir  iin<*  des  formes  fie  la 
miinnai*'  priiiiitivr  *.  l/ens«Miilile  tirs  faiU  ronniK  prouve  qii«* 
la  rouelle  esl  la  re|iré.seiilatiiiii  incoiiteslalile.  le  synihul.*  Ii* 
|iliis  anrifii  de  Tartre  luiiiini'UX  dont  le  ruite  reiiioiiti*  à  l'nii- 
L'irie  de  la  i'ivilisatii»n  df*s  Aryas,  s'il  ik*  l'a  pas  préeedéi*.  La 
rtiiiellt*  est  la  re|in'*st*iitatioii  ilii  disi|iii*.  puis  du  cliar  du  soirii 
MM.  Luiwii:  Millier.  Héron  de  Villefosse  et  lîaidoz  i>iit  mis 
n-lle  vérilé  vu  pirine  luinitTc  •. 

Des  ti*xtes  el  îles  nit»inin)ents  nonilireux  pnHiv«*nl  ipie  N'Ili* 
était  bien  la  «^iiMii lie.it ion  de  la  roiii'!l(>  daii«i  l'hiiii*  primiti\«* 
•  m  la  rmiflle  jouait  un  rôl«'  au  nioin*"  é::al  à  eeliii  du  s\v«i<«tiUa. 
iViliMiont  elle  iraj.'iiii.'ii>  «Mé  dépo*«sédi*e.  Notn*  planrht*  WIIL 
eiiniposét*  par  r.'iiit<in'  <!•■  l.^lm/f  t/rs  l(tijnfi>*,  .1  notre  di'iiiande. 
iiii't   sou<  nos  \«'ii\  iirif  «il  rir  i|i*  niuntiinriits  d'une  idoi|n*-n''>* 

piTsILlnivi*. 

N'  1.  -  -  R-iut*  sur  li*  dus  d«'  Iroi^  élé|ili:ints  rourniin  iir  l>* 
piiiiripal  ar'  •!<■  trionipli**  di*  S.iiirhi.  1res  aneiiMi  rentn*  r»  ii- 
t'ieux  avi-r  iiiiinasl**ri>  l)nu<ldhii|.if  i*t  nonihnMix  tupcs*  ii'iiu 
m   si»'r|i*  ;i\  .iiit  imln*  ••!•• 

\  2,  —  ^ur  II'  d>i**  «|i*  iniis  liniiA,  :mi  sounni't  d*iine  l'iduriiii* 
diiTil  1.1  l».^«*  i'sl  l'iitfKMi'e  d*a<iiiralfiirs,  L'ra'id  «'h.'iil\i  lii- 
S.'iTn m    i:"  Mil  iri'  sumIi»  .ivar»!  imlri*  t-re 

N     \      -  M'"*!i:e  ii'[iiési-nl.iiiiin  ijue  le  n"  I ,  loiij"'ir^  .1  Sanriii 

N    \  hiiui'  p'.ii' iiiiiini*  idijrt  d'.iiinratiMh  ^ur  un  .'lu'i  I 

t|f  11  Lt.<Mi-  •l'Oijjliiii    iiiunta.'iie  du  mi!!*!!  - 

r«  s    i;<iilri<    |.ii|f^   siirit     ,(     dnilZi'    r.l\iifl*«,     III  il^      f\      y»      llii'ls 

ti"ii\iih<  iiiii'  i.iiit'  .1  ijuilii'  i;i\oiis  simjIi'iii.  ut.  •  iiiiMii-  il*  .0 
I  iiiri  •!••  n.i^  i<iii<  .i>'*  .1  4  i\\  .iJi<>r  .01  «h-ssi]«»  il  un  tiuri-.iu  **ii!  ?• 
|ih' il  si  I     .1*1111    |ir;iiii)kir       !«•'   ni.'ijiii  ('.nnniiuii  un'    ri-:  r    - 

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SigiiSB  solaires  cruciformes  reletés  sur  des  monument»  paieua  de  la  b 
aotiquité. 


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THE  NEW  YORK 
POBIIC  LIBRARY, 

«atan.  k«»o«  \w 

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1 

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• 

LES  SIGNES  SOLAIUES  (suUe)  187 

sente  dans  son  mémoire  snr  les  topes  de  Ilnde  un  certain 
nombre  de  monuments  semblables  à  Bhilsa  et  à  Jagannath 
sous  le  litre  de  Symbols  of  Bitddha, 

Les  textes  ont,  s'il  est  possible,  plus  d'éloquence  encore. 
Dans  son  Essai  sur  la  légende  dît  Buddha,  M.  Emile  Senart 
cite  un  hymne  au  soleil  où  nous  lisons:  «  Les  sept  étoiles 
attellent  le  char  à  la  roue  unique  ;  un  coursier  unique  au 
septuple*  nom  meut  la  roue  au  triple  moyeu'  sur  laquelle 
reposent  tous  les  êtres.  » 

L'idée  du  char  du  soleil,  dit  M.  fiaidoz,  est  postérieure  à 
celle  de  la  roue.  Indra,  dans  le  Rig-Veda,  est  loué  pour  avoir 
protégé  le  chemin  de  la  roue"^.  Celte  rotie,  ajoute  Emile  Se- 
nart, est  représentée  comme  faile  d'or,  chargée  d'ornements 
d'or.  Elle  apparaît  à  l'orient  et  se  met  en  mouvement  à  tra- 
vers l'espace.  Vischnou,  le  grand  dieu  solaire,  ainsi  que  le 
Bouddha  sont  souvent  représentés  par  la  roue.  Des  traces  de 
ce  symbole  ont  pcrsislé  dans  certains  détails  des  langues 
arvennes.  Les  Latins  disaient:  la  roue  du  soleil,  la  roue  de 
Phœbus,  la  roue  qui  vole,  pour  désigner  le  soleil. 

///s  neque  tum  salis  rota  cerni  lutninc  inngno 

AltUonans  poln'at. 

{\A\cvcro,  VI,  \.  433.) 

Nous  avons  vu  le  rôle  que  jouait  el  joue  encore  dans  quel- 
ques contrées  la  ro//e  e;j/7am/wee  aux  fêles  delà  Saint-Jean.  Le 
calrndrier  runique,  encore  en  usage  en  Scandinavie,  ligure 
par  une  roue  le  2;)  décembre,  jour  du  solstice  d'hiver*. 

1.  Les  <>cpt  étoiles. 

2.  La  roue  à  six  rayons. 
.'{.  Le  cours  du  soleil. 

4.  M.  Hcuri  Gaidoz,  aux  exemples  que  nous  avous  cités),  rii  ajoute  d'autres 
au^?i  probant*,  où  dans  des  fêtes  populaires  cliristlanisëes  fiururent  des  cou- 
roDoes  de  Heurs,  des  disques  alluiués  que  les  enfants  et  les  jeunes  gens  lan- 
cent en  l'air.  «A  Riom,  le  11  juin,  à  la  procession  de  Saint-Amahie,  on  porte 
encore  aujourd'hui  une  grande  roue  de  fleurs  devant  la  châsse  du  saint. 
Cette  roue  de  fleurs,  qu'aucun  usa.^e  chrétien  n'explique,  est  celle  du  dieu 
p-iien  dont  on  céU'ibrait  la  fôte  au  solsti(*o  d'été  et  que  les  fervents  de  Saiut- 
Aiuable  transportèrent  à  la  f»'tc  de  leur  patron  ».  A  Douai,  rapporte  encore 
M.  Gaidoz.  la  procession  de  Gayant,  qui  avait  lieu  le  troisième  dimanchi'  de 
Jiiiu,  avait  un  caractère  si  païen  que  le  haut  clergé  l'interdit  à  la  fin  du  sièrle 


IW 


LA    RRLICION    DE»   GAULOIS 


Li"  [Miitil  (Iciir-piirl  ilf  !■<•■<  Nlirviviiiici-tpsi  Irnx'^iDP  :  l'AM'-iin- 
i.'Tic'ur.*.tliivi.-/  Uti^fim- >l>-  f'iri  -hn-  f>intiiftiilr>ïf  MM.  I'.  r- 
ri'l  fl  riiiiiic/'.  vinis  y  viTri-7.  un  li.it-n'iiff  «vi-i-  iiiMTij>ti<-ii, 
i<-]irc«>'iil.-iiil  riiilnrntioii  du  ili*i]iii-  t-t  île 
lit  roiK-  <lii  -iiili-il  itai:s  un  lt-iii|>l<>  •!<•  lu 
II.i>>..--i:iifll(l.-i>.  l/iiiMii|iliiin  <l<-.-liilIrt><- 
(i.irMM.  0|i|t.-ri  i-l  Mrn.int  [i.trii-  : /hkc/*  •/» 

S'ilril.  h-  ^ri'ftifiir  '/niii'/.  If  ni  tfi-mruri-  •/nii' 
Ir  hm/il'-  •/'•  l.'itfi'lfl.  i.-.)t|i-I  ■■*!  .liin*  Si;,, 
[liiiii.  "  O-  li;i->-r>'iirf.  ilil  M.  I>i-ri<ti.  •■*l  un 
linmni:ii.'<-  ■'•-min  an  ilii-ii  Snh-il  )>:ir  nii  mi 
;éi.|..-I.-  N..l..>ii-Al.la-Min  •[•m-  («n  |.l.i.-.- 
VT-i  l'an  '.Hin  aviiiil  mitir  nv.  ■•  Mni^  Ton 
».ul  1)11.-  k-s  wil.->.  .1-  lii  Ita-^M-rh.tid.-.-. 
<-iiiiiinrSi]i|iart.i(in<i  ipi>-  Irni  <li<  n  i*'iiii>ii' 
li'iil  .1  une  i-iMiiiiK'  l)rani->in[i  )>lii-  i-'iiN-t' 
1,-^  n.n.-Ilr.  .l.-H  ,  M..|m-s  .1.'.  |ii.>M<ir.-.. 

.-.-llr^.InlM-i.i.-.l.l.-I.ti in;u.-.l.-M.irwili.> 

a<-|icvrnl  la<l>-niiiti-lrali<ii) '.  Iti<-n  |<lii->|ir->- 
liaiiif!"  i-nfitr>'  '.•ml  !■■■.  n-iitfM-nlali.ini  «lu 
Jn|iili'r  L'an!-  i«  la  main  a|-|iiii<-''  xir  l.i 
rom-  ••Il  la  |>i^ilant  mii  l'i-i^nn^- '  It  i|-|.- 
^  _,     .  [(•n^  an-^i    If^  aiil>'U  .In. -s  ,•»   t>i.in-l<  - 

j.>l>iM  b-Lii-:-  •  .1       lîi.'liijn-    |.ai    l< '>  I<'l')miiii.iii<  ^  ■••ma  ii>  \ 

'  ""  Juj^ih-n-la  Min<i\f.  -ut  li-«.]ii<-l-  iar ,!•  . 

•      '    , !•    r Ii<-  ri   I.'  <u,|otik:t  alhriK'nl  •••ninif 

•\nii^^>l<-'  ilf  la  ilmniu-  ' 


t.,l  :.  a-. 


LES   SIGNES   SOLAIRES  {suite)  189 

entrer  dans  la  symbolique  chrétienne.  La  rouelle,  très  peu 
modifiée,  a  eu  le  même  honneur.  On  no  peut  plua  guère  dou- 
ter que  la  roue  à  six  rayons ,  sans  la  ci iconférence  et  avec  une 
èoocle  qui  se  rencontre  dans  nombre  de  monuments  et  mon- 
naies antiques,  soit  le  piotoLype  du  chrïsme  ou  du  mono- 
gramme constanlinicn.  Le  Inbaritm  est,  matériellemenl,  un 
éteodard  mithriaque^.  Nous  nu  pouvons  faire  un  pas  à  la 
poarsiiilc  des  symboles  sans  rencontrer  les  plus  remarquables 
sumvances'. 


Fig.  32.  —  Jupitpr 
D*apri*  SiloinoD  R«initb,  Bro 

Pourquoi  s'étonncrail-on  que  tes  clirétiens  aient  accepté 
comme  symbole  de  leur  Dieu  la  croiv  du  labarnm  persan,  puis- 
qu'ils avaient  déjà  accepté,  à  titre  de  signe  mystique,  toutes 
les  croix  solaires,  presque  sans  exception  (pi.  XXI 'j.  Ce  n'est 
pas  seulement  le  swaslika  sous  toutes  ses  formes,  ainsi  que  la 
rouelle  plus  ou  moins  modilîée,  mais  la  croix  droite  à  branches 
égales,  la  croix  que  les  papes  portent  encore  sur  la  poitrine, 

).  Cr.  V.  Duruf,  Hist.  des  Romains,  t.  Vl[,  p.  41  el  suit.;  Rapp,  fiait  Laha- 
mm  und  /fer  SonitencuUui  dans  Antiquaires  du  Rhin,  t.  XXXIX-XL,  p.  ItG 
avec  planchi;. 

2.  Noun  étious  ealrÈ,  à  ce.  sujet,  daus  de  uombreux  dfUils,  justiHatit  aa» 
«■■ertiuD*.  Nous  ue  le»  rsproduisuus  pa<>.   I.a  itueftioii  du  labarum  suruit  Ici 

3.  11  ne  faal  pa»  cootouilre  U  croix  avec  te  crucilix. 


im» 


LA   RKLIGIUN    HËS  (GAULOIS 


i|iii  l'st  une  ancienne  omix  solaire.  NtiU!»  avons  vu  'p.  I.'ïo, 
fi}:.  1 1  cette  rroix  figurer  sur  la  poitrine  du  roi  assyrim.  A^tur 
Xtt/ir  llahel  i/.i.'iO  av.  J.-ll.  .  sur  celle  *le  Sam*«i-Biu  MJ:î 
av.  J'i«.  i.  sur  ci'lle  de  S.imsi-Vul  (|ui  régnait  en  HTtiï 

Vous  retrouverez  celte  croix  sur  un  ^Tand  nomlire  di*  cy- 
lindres assyriens,  sur  des  taldetti*s  astronouii(|Ui's.  nin<*i  «|Ui- 
sur  quelques  nionnaie.4  des  princes  arliéniêniiies.  Les  chrc- 
liens  d'<  ^rii*nt  Tout  conservée,  elle  domine  dans  les  fresqui*%  de 
Havenne. 


•  ..." 


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fSu 


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1 


!<•    tV.tM   •.«««••««(le     {  J^mf  am»*wJtÊ0 

I  ..•     .  : 

Kt  inaint«*nant.  piuirquoi  a\on*i-noiiH  insisté  sur  di*<»  f.tiN 
i|iii  sfuild>*nt  n*'  lnui'licr  que  d'a^sr/  Inin  au  *»ujel  ilu  c>tiirs  ' 
<li*  ipii  iiiiiiH  y  a  i'utrain**.  cr  n'«"«l  pas  snilfuicnt  I  inti*(i'-l   : n*s 
\  if  t|ui  s'atlaclii*  .i  t«ois  les  synihuli-s  ilirétifiiH  :  tm  inli^rt'i.  <<• 
lit*  ilirai  p.i^  snprrifur.  mais  plus  l'éiiéial  f(  loui^liant  de  plii^ 
|irf's  .1  hiis  •■iinli's,  iiiiiis  ««n   f.iis.iji    un  il^xnir  :  ji*  l»i*siiin  que 
\n\is  so\«'/.  iii'iii-lii's  lif  la  fiiii'f  di's  Hiirvivanrcs.   d^'  1 1  l'.irl 
tii-s  ^r.in«l«'  i|ijt*  11*  passr.  un  p.issf  qiii*|i|ui'f(»is  Ip's  loinl.iin. 
!•<  I  upt*  diiUN  !•*  pif^t'Ut.  Li-s  I  ini'ui's  Ht-  snnt  lias  Ifs  smU  «-!f 
ni«-nls  t|r  );i,iiii|i'  i-i\ ili*«.itiitn  ipii  ti-mnnli-nl  a  la  plus  haulf 
.iiitiquit*'  I  *r,  n<>iis  piin\>ins  i«'tiiiii\fT  chi  /  n<ius  l«'s  tract  s  i|<- 
1.    |.îi»»-i'.  qui.  lali-hl  ;itj\  \.ii\  ilii  \ii!i'air»'.  *i'  n-iflf  .i  l.t  j..i- 
lit  ni  •-  <i«  ■«  du  II  lit  ui  **    1. 1  imli-  il  II  l'iiltc  ili's  fiinlain*'s  iiiii>  n'>u« 
.il  Mitlt  ii>iis  ii.ins  la  pi'M-Ji^iinr  l«  •.mi  ii>*iis  i  n  «cia  uni*  |iii*u\i 
I  •  ii\i  1m'.  K.i  li.iuii'  ••*>{  pli-nif  •il-  sij(  \ivani  «'«. 


XV«   LEÇON 

LE   CULTE  DES   EAUX 

A  côté  du  culte  des  pierres,  à  côté  du  culte  du  soleil  et  du 
feu  existait  en  Gaule  le  culte  des  eaux,  des  sources,  des  fon- 
taines, des  lacs  et  des  rivières.  Ce  culte  très  répandu  parait 
même  avoir  été  celui  qui  répondait  le  mieux  aux  instincts  reli- 
gieux de  nos  populations  primitives,  celui  qui  parlait  le  mieux 
à  leur  esprit  et  à  leur  cœur.  Ce  culte  a  laissé  sur  le  sol  les 
traces  les  plus  nombreuses  et  les  plus  profondes.  Nous  ose- 
rions le  qualifier  de  culte  national  par  excellence.  On  en  peut 
recoQstituer  la  physionomie.  Nous  le  retrouvons  au  fond  de 
noscampagnes,  conservé  sous  la  protection  des  saints  locaux. 
La  grande  antiquité  do  ce  culte  n'est  pas  discutable.  On  ne 
peut  en  attribuer  Torigine  au  christianisme  ;  on  sait  que  le 
christianisme  a  commencé  par  le  combattre ^  Il  n'a  pas  été 
introduit  par  Rome  en  Gaule;  Tintluence  religieuse  des  Ro- 
mains en  Gaule^  tout  à  fait  superficielle,  se  fit  à  peine  sentir 
aux  couches  profondes  de  la  population.  On  ne  peut  l'attribuer 
aux  Galates  conquérants  qui,  sans  clergé  et  d'ailleurs  rela- 
tivement peu  nombreux,  avaient  abandonné  aux  druides  le 
gouvernement  des  âmes. 

Ces  superstitions,  ces  pratiques  qui  relèvent  de  la  vieille 
croyance  aux  esprits,  peuvent  avoir  été  plus  ou  moins  réglées, 
réglementées  par  les  druides,  comme  cela  parait  avoir  égale- 
ment été  pour  les  feux  solsticiaux;  les  druides  n'en  ont  point 

1.  Sdiut  Èloi  défenJait  aux  chrétieus  d'allumer  des  cierges  autour  des  foo- 
taioes.  NuUus  christiantis  vel  ad  fo.'itbs,  vel  ad  arbores  luminaria  facial,  Ua 
grand  nombre  d'évéques  et  de  conciles  ont  reproduit  les  interdictions.  Voir 
l'aunt'xe  D. 


\ 


LA    RELIGION   DBS  GAULOIS 

été  les  premiers  missioDnaires.  Ce  culte,  comme  celai  des 
pitîrres.  comme  celui  du  fou,  est  pré-druidique,  s'il  n'est  pas 
pié-cel tique.  Il  estle.  produit  de  la  race.  Les  pratiques  supers- 
titieuses qui  en  constituent  le  fond  étaient  déjà  Ae!^  survivances 
au  temps  des  druides.  Nous  allons  nous  efforcer  d'évoquer 
l'esprit  de  ce  vieux  culte, 

.1.  de  Péligny  réclamait  déjà  cette  étude,  il  y  a  près  de 
soixante  ans,  dans  un  article  de  la  Heviie  numismalique  : 

La  Qationatilé  celtique,  dcrivait-il  *,  contiQua  d'eiister  sous  la  courbe 
superticiellii  de  civilisalion  romaine.  I^lle  commença  à  repariiUrc  avec 
les  formes  du  christianisme,  lorsque  l'invasion  des  barbares  eut  baJayé 
l'ordre  des  choses  impérial  el  l'on  peut  dire  qu'elle  se  retrouve  presque 
tout  entière  (tu  mojen  Age.  Alors,  en  efl'et,  ne  vit-on  pns  les  divisions  du 
sol  gaulois,  si  multipliées  qu'on  y  comptait  les  peuples  par  centaines, 
se  rétablir  partout  sous  les  cliefs  féodaux,  qui,  dans  beaucoup  de  lieux, 
étaient  tes  descendants  des  familles  patriciennes  gauloises,  propriétaires 
du  territoire  avant  la  conquête  romaine.  La  première  famille  des  ducs 
de  Bourbon,  sur  laquelle  fut  entée  la  branche  des  Capétiens  qui  porte 
ce  nom,  prétendait  descendre  rlu  dieu  topique  Rorbo.  Ne  voU-oti  pat  le$ 
snurnes  sacrées  où  les  Celtes  allaient  boire  la  santé,  ronlmuer  leurs  mi- 
raeles  sous  la  proteution  de  quelques  saints.  Là  oit  était  un  collège  de  druides, 
s'éliva  une  abbaye  de  moines  '. 

Voilà,  continue  H.  de  Petigny,  la  voie  que  les  amis  de  la  science  doi- 
vent suivre,  la  seule  qui  puisse  leur  promettre  la  gloire  de  proclamer 
quelques  vérités  nouvelles.  Qu'ils  se  hâtent  de  rassembler  ces  débris 
prêts  à  périr  de  notre  vieille  nationalité. 

Nous  essayons  de  remplir  ce  vœu.  Il  y  aurait  un  gros  vo- 
lume, très  intéressant  el  trës  instructif,  à  écrire  sur  le  culte  des 
eaux  en  Gaule.  Nous  vous  recommandons  ce  travail.  L'ancien- 
neté, la  vitalité,  l'étendue  de  ces  superstitions,  dont  les  pra- 
tiques traditionnelles  entourées  de  curieuses  légendes  se  re- 
trouvent encore  dans  un  grand  nombre  de  nos  villages,  ne 
manqueront  pas  de  frapper  vos  esprits.  Vous  y  reconnaîtrez 
un  nouvel  et  très  fort  argument  en  faveur  de  la  thèse  qui  veut 
que  le  fond  de  nos  populations  rurales'  ait  peu  changé,  de- 

I.  Kevw  mimiam  ,  i'"  série  (1837),  p.  66. 

3.  NauEi  avons  ''ti^  \icA  frappé  de  trouver  cachées  dans  un  modeste  compte' 
reiJilii  hiblioj^raptii'juc  tes  afiiris.'itions  si  conrormes  à  nos  idées  présentes, 
el  que  pei'iioune  n'avait  relevée!*  depuis  un  demi-siècle . 

3.  Plu«  piirticuin'ii^Kienl  les  populnliona  rurates  de  l'oueet  et  du  centre  de 


LK  CULTE  DES  EAUX  193 

puis  une  époque  bien  antérieure  à  la  domination  romaine: 
Plusieurs  chapitres  de  Touvrage,  dont  nous  indiquons  Tinté- 
rèt,  sont  déjà  faits  !  Vous  lire/  avec  fruit  sur  le  culte  des  eaux 
en  Gaule  à  Tépoque  romaine  les  consciencieux  travaux  de 
MM.  Greppo*,  ChabouillelS  Charles  Robert  S  Boucher  de 
Molandon*  et  H.  Baudot*^.  A  côté  de  ces  travaux  qui  con- 
cernent exclusivement  le  culte  des  eaux  à  l'époque  romaine 
plusieurs  essais  de  statistiques  des  sources  sacrées^  signalées 
à  l'attention  des  archéologues  par  le  culte  qui  leur  est  encore 
rendu  aujourd'hui,  seront  d'un  utile  secours  à  ceux  qui  vou- 
draient approfondir  cette  intéressante  question.  Je  fais  allu- 
sion aux  travaux,  dont  quelques-uns  sont  déjà  anciens,  de 
Tabbé  J.  Mahé*,  de  Boisvillelte\  L.  Kosenzweig%  Bulliot% 

U  France.  Nous  ue  âouiiiies  pas  éloiguc  de  croire  t|ae  plusieurs  de  ces  su- 
pentiUooB,  de  ces  praUques,  reuioateut  jusqu'à  la  période  à  laquelle  nous 
defODB  rérectioD  des  monumeats  mégalithiques.  Nous  retmuvous  plusieurs 
de  ces  pratiques  en  dehors  de  la  Gaule,  uou  seuleiucnt  diius  le  groupe  aryen, 
nuis  plus  naïves»  ce  semble,  et  plus  profondément  encore  enracinées  dans 
tel  cœurs,  chez  les  tribus  fiuuoises  du  groupe  touranieu,  tel  qu'il  nous  est 
présenté  dans  VEnquéte  de  1776  sur  les  populations  de  l'empire  de  Russie 
(cf.  op,  laud.  :  Description  de  toutes  tes  nations^  etc.,  Saint-Pétersbourg, 
i776). 

1.  J.-C.-H.  Greppo,  correspondant  de  l'Institut,  Études  archMofjiqut^s  sur 
its  eaux  thermales  et  minérales  de  la  iJau/e  à  fépof/ue  romaine.  1  vol.  in-8. 
318  p.,  chez  Leleux,  1846. 

2.  A.  Chabouillet,  'Notes  sur  /es  inscriptions  et  les  antiquités  provenant  de 
^Ui'bonne-leS'Bains,  —  ** Essai  de  catalnyue  ffénéral  des  monuments  rpitjra- 
pffigu^M  relatifs  à  Borvo  et  à  Damonn,  dans  lievue  archéoL,  1880,  p.  18,  65  et 
129;  1881,  p.  292. 

3.  Charles  Robert,  Sir^na  dans  Revue  celtique^  t.  IV,  p.  1.S3. 

4.  Boucher  de  Molandou,  Souve/les  études  sur  l'inscription  romaine  récem- 
ment trouvée  àMesves  (département  de  la  Nièvre),  dans  Mémoires /us  à  la  Sor- 
honne  dans  les  séances  extraordinaires  du  Comité  impérial  des  Travaur  histo- 
riques et  des  Sociétés  savantes.  —  Imprimerie  impériale,  1868,  p.  37. 

5.  Henri  Baudot,  Rapport  sur  les  dé^couvertes  archéologiques  faites  aux 
toui'ces  de  la  Seine,  orné  d'un  plan  et  de  seize  planches  gravées  et  lithogra- 
phiée!).  Dijon  et  Paris,  1845. 

6.  J.  Mahé,  Essai  sw  les  antiquités  du  Morbihan,  p.  229, 32*,  32.-;,  476  (1825)  ; 
voir  Annexe  D. 

7.  M.  de  Boisvilette,  Statistique  archéoloqique  d'Eure-et-Loir,  t.  I  :  Indépen- 
dance fjauloise  et  Gaule  romaine,  chupitre  Hydrographie.  Chartres,  1864. 

8.  Hosenzweig,  Les  fontaines  du  Morbihan,  dans  Mémoires  lus  à  ta  Sorbonne 
\  Archéologie),  1867,  p.  235  et  siiiv. 

9.  J.-G.  Bulliot,  Le  culte  des  eaux  sur  les  plateaux  éduena,  dans  Mémoires  lus 
à  la  Sorbonne,  1868,  op.  laud.,  p.  11. 

13 


\\H  LA   HEUGION    hKà  (iAULOIS 

riomarl*.  «O  (^iiliii  di»  JiilitMi  Sara/i**  t*t  Floriaii  Vallontiii*. 
Pariniis  (l'aliiinl  des  soiirrfs  ol  funlaiiios  dont  la  frêqurn- 
talion  à  r<*|Hi(|iH*  romaiotMvsl  con»ialt'*t*|):irdi>sinsrriiitiun^  nu 
d(*H  riiinf«i.  Sans  Mre  parfaiteH,  li*s  éludes  (|ui  en  nui  i-té 
faites  par  TahlK*  (ii*c|i|M),  T.liarles  RoliorU  Bourlier  dt*  Molan- 
don  <ft  M.  A.  rdial)>Hiillet,  ni*  sont  plus  à  ri'fain*.  Il  suffit  de 
les  couiplêliT.  Nous  y  nMivnyons.  Mais  bien  i|ue  liri*ppo.  Ii* 
plus  complet  de  tous,  soit  arrivé,  dans  sa  nomeurlature  des 
eaux  lliermal«'s  et  iiiinéral(*s  rouianisées.  au  ehiiïre  très  ret- 
perlabitr  d«*  yf////r^.r//fy/.r7'/iy  stations,  re  n'est  là  (|U*un  tout 
piMit  foin  ilu  sujet.  Au  point  de  vue  où  ni»us  nous  pla«;ous.  cf% 
htiinK  nffir'ivU  \\\\\  rt'lèvi*nt  plutôt  de  T histoire  d«*  la  nièd«Tinc 
i|ue  ili*  riiistiiiriï  di*s  religions,  muis  intéressent  uiêdiocremt*nt. 
L'«MU  tlieruialf  imi  f(*rru^ini'use  v  guérissait,  ni>n  le  difu  II 
s'y  faisait  îles  /-f/rr.%.non  des  inirarles.  l/étudede  r4*s  station» 
est  l'afLiiri*  drs  nii'dfrins  il'eaux.  L«'s  vieilles  traditii»ns  rrl- 
tiipK's  s'y  perdirent  lie  bonne  licure.  Autiuir  de  ces  bains  ^e 
formiTfiit  di*s  et^nlrt's  df  populations  plus  romain«*s  i|ui*  ri*l- 
tii|Ut*s  i*i«>s  «Mu\  liaient  fflienres.  Kll«>s  ont  nui*«ervi*  ilrpuis 
répiM|Uf  roin.'iiih'  un*'  brill.uilt*  «'lienteb'  lievant  liii|iiclli-  au- 
raient fui  It's  uiodi'Ht«'<«  liiviui(é^  l*elli4|ue^  si  le  ebristianiMii** 
ni*  lesi'ii  avait  pa»»  rlia«»Ht'»i's. 

lir«>ppiM  iti-  V  iiu't  statiiin*ti|n'il  nuus  «•^t  ponsibli*  iriiiiMililifr' 
\i|n.i'.    1^    Ari»*L'»'  ;   \«|u.i'.  .1  */•-/'•*- //'/i/i^   S.ivi»i«»  ;  X-pi-i*. 
/•'/•/**/i    '^iii'»*».-  .    A«|ii.i'    Horniiini»» '.    /•'•////■Ai/i-/'.!/'* /jr//i|/«/ii.7 
(\lli'*i  ;  \i|ii.i' It  o  Miiiin  .//'*// i-//.i/j/j/'./r*-//»/Mi%    liauti*Marii*'  . 
\ijii.i'  l.ili-l.i".  \'t' ^11/    Mlii'i   :    \<|ii.«*  r.'iii\*'n.iruni.  f''i/t»rrn 


\      I    .     I.  .  i,  irt.    /  .'  .  i.  .     •  «■  -l    ,  ..'  l'i  .    .*.  '.   t     IM.    '•■  .'   I^T'     ;■      .•««    .  t    •  i  i 
hi    *      !  I:    t   ■/*■    ^ii'i/   v  ./•  i.'"i.     ';    i4       f'   /   <•  rjii-ifi     "^  iiiil-Oiiriitcj.    l«»'' 

J     J      "  »     \l*       /■'•    'I/''     ■■«'     .   if  yuri    .iri    /•■,».  «irri 

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LE  CULTE  DES   EAUX  195 

(Hautes-Pyrénées);  Aquae  Granni*,  Aix-la-Chapelle  (Bel- 
gique); Aqus  NeriomagicDses,  Neris  (Allier);  Aquœ  Nisinei", 
Bourbon- Lancy  (Saônc-el-Loire);  Aquae  Ones'isi,  Bagnères-de- 
Luchon  (Haute-Garonne);  Aquœ  Segete,  Saini-Galmier, 
(Loire)  :  Aquae  Segeste,  Ferrières^  (Loiret),  Aquae  Sexliae, 
A ix-en- Provence  (Bouches-du-Rhône)  ;  Aquae  Siccae,  Seysses- 
Tohsanes  (Haqte-Garonne);  Aquse  Tarbellicae,  Dax  (Landes); 
Calantes  Aquae,  Chaudes-Aygues  (Ganlal)  ;  Fons  Tungro- 
rum,  Spa  (Belgique);  Luxovium,  Luxeuil  (Haules-Saone) ; 
Viens  Aquensis,  Bagnères-de-Bigorre  (Hautes-Pyrénées). 

En  dehors  des  sources  thermales  et  minérales,  de  simples 
fontaines  eurent  également  de  véritables  dévots  [cultores  fon- 
tis)  à  Tépoque  gallo-romaine.  Les  ex-voto  recueillis  autour  des 
sources  ou  dans  leurs  eaux  mêmes  prouvent  Taffluence  des 
pèlerins.  Le  nom  de  quelques-unes  des  divinités  auxquelles 
les  vœux  s'adressaient  nous  a  été  transmis  par  la  reconnais- 
saDce  de  ceux  qui  avaient  été  exaucés.  Nous  connaissons 
ainsi  les  déesses  ou  nymphes  Acionna*,  AvenliaS  Carpunda*, 
Glutonda\  Divona',  Sirona*,  Ura*";  on  invoquait  aussi  les 
divinités  des  fleuves  :  Icaunis**,  Matrona**,  Sequana". 

Ces  divinités  sont  gallo-romaines,  assimilées  ou  assimi- 
lables à  des  divinités  du  panthéon  grec  et  latin '^  Elles  ap- 

1.  Nom  de  la  divinité. 

2.  Lecture  incertaine. 

3.  Identification  incertaine. 

4.  Sources  de  TÉtuvée,  à  Orléans.  Cf.  Jollois,  Annales  de  la  Société  des 
sciences  d'Orléans,  t.  VII  (1825). 

5.  Orelli,  370,  569,  570  et  571. 

6.  Longuemar,  Épigraphie  du  Haul-Poitou^  p.  145. 

7.  Source  de  Mesves  (Nièvre).  Cf.  Boucber  de  Molandon,  op.  laud. 

8.  Ausone,  De  claris  urbibusj  14. 

9.  Charles  Robert,  op.  laud, 

10.  Sources  du  ruisseau  l'Eure  (Gard);  cf.  Boissieu,  Inscrip.  de  Lyon,  \.  32, 
p.  49.  Orelli-Uenzen,  n»  6081. 

11.  L'Yonne;  cf.  Caylus,  Recueil  d'anliquilés,  t.  VII,  p.  290,  et  Lebeuf,  Mém. 
sur  Auxerre,  t.  II,  p.  6;  Orelli,  n»  187. 

12.  Catalogue  du  Musce  de  Langres.  p.  7,  u"  11. 

13.  Henri  Baudot,  op,  laud. 

14.  Le  plus  ancien  de»  ex-voto  parait  remonter  à  l'an  20  de  notre  ère;  voir 
Creuly,  Les  desrendants  immédiats  d'Epovedorix,  etc.  (Rev.arch.yi,  IV  (1861), 
p.  18.) 


Ul  religion  dks  gaulois 


parlieoQent  à  la  dernière  couche  mythologique  gauloise, 
alors  que  déjà  s'iUait  introduit  l'usage  de  donner  aux  dieux 
une  forme  humaine.  Nous  possédons  des  représenlationa  de 
Sirona'  elles  Fragments  d'une  statue  de  la  déesse  Sequana', 


l''ig.  34.  —  Sirulia  de  Saiate-FoDtaïue. 

Lus  médecins  gallo-romains  avaient  aménagé  bien  d'autres 
sources.  On  sait  que  les  bains  étaientà  la  mode  k  Rome.  Mais 
il  tant  que  l'usage  en  fût  déjà  répandu  en  Gaule  pour  que 
Itur  nombre  soit  aussi  grand  ;  la  très  grande  majorité  des 
Itomains  de  Gaule  ne  l'élaient  que  par  adoption.  Or,  des  ren- 
seignements  recueillis   par  l'abbé  Greppo,   il   résulte  qu'en 

1,  Cippedéeouvi^rti  Sainte-Fontaine,  eu  1731;  a  Ëtë  détruit  lors  de  llnReudie 
•le  lii  Uiblioltièque  <lr  Slrashouri;  en  ii^O.  Un  moulage  eu  eiisteau  Musée  de 
Saiut-Ueru)aiu,  di>u  de  Cuarles  Kobert,  et  nu  autel  découvert  à  Bauu)berg{Ba- 
Tiiiie],  uioukigc  au  ,Miii''Ë  de  âiiiut-iJeiuiikiu,  sur  lequel  Siroua  h^ure  à  cûlé 
d'AH>oi>'  ^t' Cliarl.'s  Itubsil,  duus  Itevue  ctli.,  t.  IV,  p.  li  du  tirage  a  part. 

2.  KraguiL'iit  du   sliitue  découverte   aux   sources  de  la  Seine  (moulage  au 


LE  CULTE  DES  EAUX  197 

dehors  des  localités  au  nombre  de  trente  auxquelles  nous 
avons  déjà  fait  allusion,  cinquante  autres  stations  existent  en 
Gaule  portant  les  traces  de  l'occupation  romaine*. 

Assurément  ces  quatre-vingt-cinq  '  stations  ont  déjà  leur 
éloquence.  Ce  n'est  cependant  que  la  très  minime  partie  des 
sources  sacrées  de  Tépoque  celtique.  —  Nous  pouvons  en  effet, 
pénétrer  plus  profondément,  bien  au-dessous  de  la  couche 
romaine.  Ces  sources  sacrées  sont  alors  légion. 

«C'est  par  milliers,  écrit  Florian  Vallentin*,  qu'il  faut 
compter  dans  la  mythologie  gauloise  les  divinités  tantôt  mâles, 
tantôt  femelles,  des  fontaines,  des  lacs  et  des  rivières.  »  Le 
clergé  a  eu  soin  de  nous  en  conserver  le  souvenir.  Ces  sources, 
ainsi  que  disait  J.  de  Pétigny,  faisaient  des  miracles.  Les 
abhés,  les  évèques,  dont  ces  localités  dépendaient,  n'ont  pas 
vouluen  interrompre  le  cours.  Ces  miracles  se  faisant  au  nom 
du  démon,  ils  décidèrent  qu'ils  se  feraient  au  nom  des  saints, 
el,  en  effet,  il  s'agit  bien  de  miracles,  puisque  les  eaux  de  ces 
fontaines,  de  ces  sources,  de  ces  rivières,  n'avaient  et  n'ont 
aucune  vertu  réelle  que  la  vertu  mystérieuse  que  leur  prêtaient 
les  génies  et  les  nymphes.  Les  pèlerinages  et  les  neuvaines 
continuèrent  et  n'ont  cessé  qu'en  partie.  Les  conciles  cher- 
chèrent à  les  arrêter,  ils  n*y  réussirent  pas  *.  Il  fallut  céder 

1.  A  Céseriat  (Ain),  Mauosque  (Basses-Alpes),  Bourg-Saint-Andéol,  Selles  et 
Desaigoes  (Ardèche),  Aleth  et  Heooes-les-Bains  (Aude),  Sylvaaès  (Aveyroo), 
Valon  près  Falaise  (Calvados),  Ides  et  Vic-en-Carladè«  (Cantal),  Evaux  (Creuse), 
Anrel  et  Montélimar  (Drôme),  Alais  et  Nimes  (Gard),  Eocaussc  el  Labarthe-de- 
Rmère  (Haate-Garoaac),  Balanic  (Hérault),  AUevard,  Lamotte-les-Baius,  Pool- 
de-BeauYoisin  Saunay  et  Uriage  (Isère),  Saint-Denis- sur-Loire  (Loir-et-Cher), 
Sail-les-Chàteaumorand,  Salt-en-I)ouzy  ,' Loire),  Bagnols  et  Javols  (Lozère),  Ser- 
maise (Marne),  Nancy  et  Pont-à-Mousson  (Meurthe),  Saiiit-Avold  (Moselle),  Saiut- 
Honoré,  Saint-Parize,  Fou taine-les- Vertus  (Nièvre),  Saint-Amand  (Nord),  Fon- 
taine de  la  Herse  (Orne),  La  Bourboule,  Chûteauneuf,  Pontgibaud,  Saint-Mart- 
de-Royat  el  Vicie- Comte  (Puy-de-Dôme),  Cauterets  (Hautes- Pyrénées),  Bains 
d^Arles,  Escal  das,  Vernet  (Pyrénées-Orientales),  Niederbroun  (Bas-Rhin),  Char- 
bonnières (Rhône),  Forges  et  Sainte  Marguerite  (Seine- Inférieure),  Abbeville 
(Somme),  Plombières  (Vosges),  Roirsdorf  (Prusse  rhénane),  Meuthon  (Savoie). 

2.  Nous  donnons  ce  chilTre  comme  un  point  de  déparL  Nous  invitous  nos 
auditeurs  qui  ont  des  relations  en  province,  à  le  compléter,  ainsi  qu'à  con- 
trôler les  renseignement  donnés  par  Tabbé  Greppo. 

3.  Les  dieux  de  la  cité  des  Alloltrogps. 

4.  Voir  J.-B.  Thiers,  Traité  des  superstitions  (1697-1704)  et  notre  Annexe  D. 


V.ïf<  LA   RELIGION   DES  OAL'LOIS 

aux  pr^jiipéft  populaires. tant  cph  pratiques  étaient  onrarinéen 
dans  II»  ciiMir  (!••  nos  vieux  r,flles.  (-i»lto  preuw  in^rak*  osi 
r<invainrantf>. 

.Nous  sommes  loin  «!<•  ronnaitn»  1«»  nombre  exa^-t  «!••* 
sourres  sarn'M*s.  Aucun  travail  il*tMiS(Mnlili*  n'a  enï'on*  ••té 
t(Mit«*  :  mais  l«*s  ossais  partiels  ilont  nous  vous  avons  rerom- 
maniié  la  l«*rluri'  suffisent  k  montrer  quel  résultat  tlimni*- 
rail  une  rnquêh*  L'i'*néral(*  des  rulli*s  lneaux  relatifs  aux  fon- 
taines. Ouvrons  j.i  S(ft(i<tit/nr  tfHurr-pt'Ijtir  de  M.  de  Biiis. 
vili'lli",  n'l»'vi»iis  i»|  méditons  s«»s  rens(M;;n(*ments  ««t  ses 
tdisi>rvations.  Par  sa  eonstitution  ^étdo^ique,  le  dé|uirtiMnent 
ni*  possî'Mie  point  tPeaiix  (liermaies  et  S(*ulenient  trois  sources, 
très  |é;ri.n.n)cut  ferruLMnfUsrs;  ««t  ri^pemicint^  dans  rh«i''und«*s 
arroniii-^siMueiits  d«' r.liartri's,  rdiAii*auilun,  Mreux,  NuL'ent-li*- 
Itotriiu,  /''*  ^ouvrt's  ut i II  1rs  *ifftinf/rnt,  La  vertu  il»»  ers  soiirr»*s 
ridi'Vi'  dont*  uuii|iiemi-nt  il'idéfs  superslitiiMiscs,  liéritat;e  lifS 
t«'mps  tiu  nos  ptM(*s  ptMiplai«*nt  d'esprits  la  nature  entier**.  !*.«>& 
esprits,  /iiiifs  ih*  liius  li's  êtres,  constituaient  ilfS  divinités. 
niini>lrcs  ilu  hi«Mi  su|iréiiii*.  I^*s  saints  leur  nnt  surcédt* •. 

Il  «'st  liien  rt'inari|uaM(*  (|ue  la  majitrité  des  sourr«*s  du  pnys 
i*har(rainV  aneii-n  ri'ntr«*du  ilruidi^uii'.sitiiMit  siiiii>t*<«dansdi*s 
\ill.ii'i*s,  an<Mrnn<>s  dépi»iidaii«*«*'i  d  al»l»ayi's  dont  li**»  aliln-s 
n  auraif'iit  pa^  tnliTé  (-••sHupiTsiitiouN  ^'il^  n**  li*s  y  avairnt  pas 
triiuvi-fH.a  i  l't.il  d(*  Ir.iiiilious  ««.'icrérs.  L**r|i*rL'i*  lit  ri'  (|U*il  put 
p  lOî  <«iiirtitii*r  r«'s  s-mir."».  IMu**i*'ur'«,  i  I  «•pniju»*  du  bapténi** 
p.it  iiufuiM'^iiiii.  iii?\  Mirent  dfs  ft*iftti\t*  i»-  4'iiiisii'ri*s  .1  «kaint 
J»'an  ;  ••ur  d*aiitr«'s  ?»  i*Ii*\f'ri'iii  di-s  rliapflli'S  ri  •!•••»  éirliurs.  In 
l.i  Niiiiri*'*  fs!  ^  •ll^  !••  p.iri  lii'.  Il  s(ii|s  I,|  rliaiit*.  aiibMirs  siiii%  ji- 
luaitri'-.iut'*!  Jiii-iiii'  luf. 

l'i  '■'     ■!■•  '•■.I   ■^^'iijfrii-ii^in'i'i  jMi|i  iji|i«-iir   *i  ri'i'lif-iiitii'ii 


*.     \  .  ■  .î  j  ..    1     l      lil    1       I   r    I  .•       .      •    ;   !■  •   |..  if  1:1  *■:.. 

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LE  CUL'm  DES  EAUX  199 

Beaace,  par  l'ancienneté,  la  vertu  et  l'aflfluence  de  son  pèlerinage  que 

Chevart  fcdt  remonter,  avec  la.  tradition,  au  temps  f;aulois.  Elle  guérit  les 

paralytiques,  les  goutteux  et  les  épilcptiqucs'  qui  s'y  rendent  en  foule, 

la  veille  surtout  de  ta  Saint-Jean,  y  passent  souvent  la  nuit  '»  puisent  à  la 

piscine  et  invoquent  le  patron.  Son  aspect  n'offre  rien  de  monumental  : 

c  est  un  modeste  bassin  carré  d'environ  un  mètre,  placé  au  nord  de 

l'église  dans  l'angle  du  contrefort,  le  plus  voisin  de  la  sacristie  et  couvert 

d*une  voûte  de  briques  close  par  un  grillage.  On  y  descend  par  un 

petit  escalier  de  trois  marches  *,  mais  sa  position,  sa  réputation,  son  jour 

même  de  dévotion  s'accordent  à  en  faire  le  représentant  authentique  d'un 

baptistère  des  premiers  âges  chrétiens. 

A  Aunay-sous-Auneau  la  source  dite  fontaine  Saint-Éloi  est  placée 
sous  l'église  même,  à  une  dizaine  de  mètres  de  profondeur  ;  on  y  accède 
du  dehors  au  moyen  d'une  galerie,  et  d'un  escalier  tournant  taillés  dans 
le  roc.  Cest  encore  là  un  baptistère  primitif.  On  y  vient  puiser  de  leau 
pour  les  maladies  des  bestiaux. 

Autre  ancien  baptistère  à  Saint- Jean-Pierre-fixte  *.  Le  23  juin,  veille  de 
la  fête  de  Saint-Jean-Baptiste,  est  un  jour  de  grand  pèlerinage  à  l'église 
du  YÎllage.  Tous  emportent  de  l'eau  de  la  fontaine  située  à  côté  qui  ne  se 
cwrrompt  p€LSsi  elle  est  puisée  ce  jour-là  :  elle  est  réputée  souveraine  pour 
It  guérison  des  maux  et  surtout  celle  des  enfants  qu'on  plongeait  autre- 
fois dans  le  bassin  '. 

La  fontaine  Saint-Jean-de-Charbonniêre  ^  attire  aussi  un  nombreux 
concours  de  gens  ;  la  veille  de  la  fête  on  y  vient  chercher  de  l'eau  que 
Ton  conserve  pieusement. 

A  Sainte-Geneviève  de  Senantes  la  fontaine  est  en  grande  dévotion;  il 
y  a  grande  affluence  pour  la  guérison  de  la  fièvre. 

Le  vendredi  de  mai,  jour  où  la  messe  est  célébrée  dans  la  chapelle, 
affluent  non  pas  seulement  des  malades  à  guérir,  mais  des  guéris  aussi 
pour  remercier  la  sainte  et  la  prier  de  les  préserver  des  maladies  nou- 
velles. On  fait  le  voyage  à  jeun  ^  pendant  neuf  jours*;  après  les  prières 
d'usage,  on  boit,  aussi  à  jeun,  de  l'eau  de  la  fontaine  et  Ton  fait  bénir 
par  le  prêtre  et  toucher  à  la  statue  de  Sainte-Geneviève  la  chemise  que 
Je  malade  porte  dans  la  neuvaine  :   fait  avec  dévotion,  par  soi-même 


1.  On  sait  que  les  paralytiques  et  les  épileptiques  sout  les  meilleurs  sujets 
à  miracles. 

2.  Usage  antique,  fréquent  aux  temps  païens.  Voir  Bouché-Leclercq,  KiWotre 
de  la  divination  dans  Vanliquité, 

3.  Parce  que,  évidemment,  le  terrain  s'est  exhaussé  avec  le  temps. 

4.  Bourg  de  200  habitants  dout  le  nom  rappelle  Texistence  d'un  monument 
mégalithique,  dolmen  ou  menhir.  Boisvilette,  /.  c,  p.  xcn. 

5.  Comme  a  Lourdes. 

6.  Bourg  de  845  habitants,  chef-lieu  du  prieuré  de  Saint-HUaire-sur-Yerre. 

7.  Nous  avons  déjà  vu  le  Jeûne  obligatoire  à  la  cueillette  des  herbes  de  la 
Saint-Jean. 

8.  Exemple  de  neuvaiues  remontant  probablement  au  paganisme. 


2nO  i^A  REUGION   DES  RAULOIB 

nu  par  rintt'rnu'diAÎre  irune  porsonm*  cmyanlr,  Ir  voyau^^   iiinM  iiu'on 
Pajipfll»»,  .isiitiir  la  i:ui^ris4iii. 

I.a  ii«>niiriiiiinH  pfmstf  un  il#»riiirr  SHiiftlr  (lruiilii|ii«*.  "«i  «*»•  n**^**  ilial-» 
ln|tio;  ,'iu  lliisviy,  fiiln»  l'rniiais  ri  SiMiaiil«'s.  uneowrrîurf  ••xi^x*-  «l»-  l''iiii'* 
iriiiiii*rnnrial  d.ins  I»'  mur  il«'  la  L'raiik'c  ilufii»Tes»ip  qu#»  nul  n'.i  |»»»  l'"»>' 
«•ht-r  el  «jin»  |ifrsiinnt'.  aujourd'hui  onoiiri*.  n'oK^rait  i*»fta>»*r  •!••  Im'U- ln'i  ; 
aio^i  II'  vrai  i>(  Ii*  faux  m*  Iciui'hi'nt  si>iivfiit  nur  1**  nn'^mi'  («Tram' 

r.inin»  i-nrore  in  funt'un*-  Stunt-f'h»'rnu  'tr  r..u/orji't5 •  plai»'»*  **■•"*  i" 
••hipiir  ili»  la  iiiffMit'n'  ••«liM*  dr  r.ililia>i'.  Sun  liiiniihd'  «-i  au^si  v.ti  uli- 
lil*'-  lui  ont  fait  tra\i>rft*T  Mn<(  «•Ui-iimlin*  Ii*^  l»>ni|i«  ora^rfui  qui  •ml  r*-n« 
\rrHi'  II'  %aiii-tuaiii-  ou  ilji*  ^'alinlail  *'i  Mlf  donni'  un»'  fau  r ii-i'lknl»-  -lux 
liahilanls  du  hourir. 

D'aiiIroA  préjugés  nipprllonl  le*  presrriplion»  Ae  la  mîiiri»* 
antif|ii('. 

Au  bord  du  rh"niiî»  d»*  Hrf/oIU'^  a  Nniianroiirl.  |»r»'§  c\  .iV**sU\r  S  uni 
Luf'tn"i»-1 'rat tint*,  ver%  !••  haut  tU*  la  «•ôli*.  la  funîntnf  •/#•*   ll'»M'/riR%  tpH 
ni'tanl  j.iiii.iiN  k'U'iil  df'î*  li»'\ir^  •!  /'"M  »n  '"«i/  'IkI'i'  /^  /'i^rtlij  *iW«i' 

l^'%  flfwrt'iiv  mnl  «•ni'ir».»  l'ii  %nrn*itn*'  lrf%*ui*ii'  W  Ifi  niii  a  >.iint-iii*r- 
Miaiii^  !•'!%  la  ii.ii%«:iiii  ••  .irtUi-Ih*  du  l.oir. 

A  ^ainl-tioiirt:on  d**  R  ri/'ifri'--/'i-liifiy(iri*  ini  \ifiit  |iour  la  k'u**ii»')n  •!•■« 
floiiji'iirs,  di*  |ir*'f*'rt-iii  •■  Ws  rh**tiTt'ttiN  i*(  ii'iidfi'ili^,  l'I  tti*  lri'%  l'Hii  in 
k'raini  |M*|i>iiii.i^*i'  \\%*\  H  i-i  <.t  M>|iti'inhr<' *.  !.*'«  i''lraiii!«*i^  finporh'fit  d>'  li 
fiiiitiin»  Mil  piijii'it  ilu  if^'T^iiir  m  t<;oiini',  oiiiiiu  ftoii<i  ■•'  n**ni.  «I>*  !'•' lu 
i|u>iiiil  d  \  l'U  •!. 

I.a   fiiiitiin*-  d»'   N.iinl-^.ini  lui  df  (^huini**^'  swv  !••  l"»rd   •!••  Ii  n*.'r« 

d'KMii*  fi  %iii%  r.ifi'ht*  ilu  pont  jut'iii  di*  l.i  u.iN*.  I  n**  l**u I**  rhrt'tii-ii'o 

r\\,  .iii  H'hi'i'  •!  ■'••Il*'  *oiirr»". 

ili*rtaiiii*s  Kiitiri*«*H  «pii  iii*  i;iii*ri!(A«*nt  plii*^  sont  re«^l«*«*«   A%'^ 
lifiix  fi«*  riMiiiii»ii4  Aiiiiii«*llfH  riT(.'iiii«*rii<*iil  tr«i(iitîiiniii>llr<. 

I  ii<*  ^'tiiri  **   «'iif'iii''i'>i'  tlan^  !•■  %ii|.  •  ornrn lU*  d'*  Siirit  I  l-ii  <!' \*i')  i\ 

«•iii«  \iirifiii,  .ih<  i*-ti  |iipti«!iii'  prii(-*-lr>'  •'•iiiiuii'  ■«-lit--it.  «'ii^t*  n -'i 
l'iiii  •!•'  \ 'If  « '.  p'i  %  d  iiii>'  l'il^f'ierr»  irllf^u*  l/i  f"f\titHt  ti^^  'frn><i-«-i, 
«.iil.  i|«'  |iiiii«  «iirrii'iiiif'  i|  un  f\.i»ifiii*nl  I  ••riM|iif .  i^ri  ni>iri  )!•■«  «ui  li 
p'-n'.f  11'-  ..U' ni  ptii«  \»vt'*i\\\*'.  iiiii^illi-    !•  iini^o.iil  in^wU.i  **s  •l<r!i.ir« 

1     M     'II'    ilM|»iic-tt''    «-«t    •  «I  {•'iiinirfil    uij    frrvriit   ritb'iliqtir.    rri»^ii)t    «u 
•ImI'I*-  ri  «m  «^mt* 

•*  ll-iu'i;  Ir  Ti  I  hiltiUlil*  fi''-ffv#  f-nti^f  \fr§le  tiii*  $t^U  . 
I  «  *.  irf**  .'r  1,1**1*^  ,ie  ^jin/  /Vr*  «^n  l'.i  /'#■.  |..(t  haliltaiiti 
4    \  il'.Jkjr  '\r  1>(^  h4tiil«iitB.  •  hrf. lirii  i\r  |  «Mi.t)*-  i!r  B«iun#««l  ri  dr  l^prt'»*  ri# 

Ux.i'il'    -tt    ij>  tu   hirQ  rrlti>|iir.  '••»■)   hah  t«iit». 
'       T>"i|r*  r<  »     lltrfl    •>   -.t    t   Imtrr. 

7    \  l.tk*''  'tr  J'k  fiiliiltnt-  <lf{>'ndtiit  dr  I  i|>|iivr  i|r  Mnriiinulirr. 


LE  CULTE  DES  EAUX  201 

temps,  une  nombreuse  foule  le  jour  de  Sainl-Lubin,  La  réunion  est  dite  : 
l'assemblée, 

?Ious  nous  sommes  demandé  à  quels  saints,  autres  que 
saint  Jean,  dont  le  patronage  était  tout  naturel  si  ces  sources 
servaient  de  baptistère,  ces  fontaines  étaient  consacrées.  Exis- 
tail-il  quelque  rapport  entre  les  maux  dont  on  allait  chercher 
la  guérison  et  un  pouvoir  légendaire  attribué  aux  saints?Gette 
relation  nous  échappe.  Plusieurs  de  ces  saints  sont  des  saints 
locaux  :  les  anciens  missionnaires  ou  évéques  du  pays  :  les 
saints  Eman,  Laumer,  Lin,  Lubin^  Odoir.  Puis  viennent  les 
saints  Benoist,  Caprais,  Cheron,  Cloud,  Denis,  Éloi,  Éleph, 
Félix,  Germain,  Gilles^  Gourgon,  Jacques,  Laurent,  Marcelin, 
Martin, Meen,  Sévère  et  Vigour,  et  parmi  les  saintes:  Agathe, 
Agnès,  Anne,  Geneviève  et  Mabille,  plus  Notre-Dame  sous 
divers  vocables.  Ces  saints  et  ces  saintes  ne  sont  point  des 
guérisseurs  de  maladies  spéciales. 

Les  sources  des  autres  contrées  ont  d'autres  patrons,  leur 
patronage  également  est  tout  local,  et  ne  tient  nullement  à  la 
vertu  particulière  de  ces  saints  en  tant  que  guérisseurs  de  maux 
physiques.  L'histoire  des  abbayes  dont  dépendaient  ces  sources 
pourrait  peut-être  donner  la  solution  du  problème.  Notre  sen- 
timent est  que  nous  sommes  en  présence  de  vieilles  supers- 
titions qui, sous  la  domination  des  druides,  avaient  été,  dan  ; 
une  certaine  mesure,  réglementées;  traditions  que  le  clerg 
qui  avait  pris  leur  place  aurait  en  partie  conservées.  Nou 
n'avançons  point  ces  conjectures  à  la  légère.  Le  département 
d'Eure-et-Loir,  qui  ne  comprend  qu'une  partie  du  territoire 
des  anciens  Carnutes,  compte  ^t/âfrâfn^e-^z/âf/r^  sources  sacrées. 
Ces  sources  se  partagent  presque  également  entre  les  quatre 
arrondissements  qui  chacun  répondent  à  un  groupe  de  tribus 
distinct. 

Arrondissement  de  Chartres,  12  sources. 

—  de  Dreux,  13      — 

—  de  Châteaudun,  10       — 

—  de  Nogent-le-Rolrou,     9  *    — 

i .  Les  villages  où  les  sources  se  rencontrent  sont  : 

Arrondissement  de  Chartres  i   Be ville- le-Com te  ;  Chaismes  ;  Fontaine-b- 


9M 


LA    RELIGION   DES  GAULOIS 


II  est  à  noter,  quand  on  examine  IV-nsemble  des  fêtes  et  ' 
pèlerinages  rattachés  aux  sources  et  fontaines,  qu'ils  a'éche- 
lounenl  de  janvier  à  lin  décembre,  de  manière  à  ce  que  pres- 
que tous   les  mois'   aient  leur  contingent.   Il  est   probable    I 
que,  dans  le  principe,  aucun  mois  n'était  oublié.  Nous  rele-  ] 
VODS.    en  effet,   les  dates  suivantes   :   3,  4t    et  21    janvier, 
21  mars;!" vendredi  et  16  mai;  23  et  24 juin;  4  et  26 juillet;  i 
7.8,  9,  15  eH6 septembre';  9  octobre;  11,  26,  27  novembre;  à 
t"  décembre.  Nous  nous  refusons  à  voir  là  de  simples  effets  1 
du  li&sard.  i 

Plusieurs  bourgs  et  villages  dont  dépendent  ces  sources 
d'une  eau  sans  aucune  vertu  réelle  n'ont  plus  aucune  impor- 
tani;»  aujourd'lmi  et  parais.<sent  en  avoir  eu  très  peu  au  moyen    ' 
hgi.   Ils  ne  se  distinguent  des  autres  bourgs  et  villages  que 
pour  avoir  ou  des  liens  plus  ou  moins  étroits  avecdes  grandes    J 
ubhayos  de  Bonncval  '  de  Marmouliers  »,  de  Thiron  '.  Une  puis-   ] 
sanlo  influence  ecclésiastique  est  évidenteau  moyen  Age,  mais   I 
ne  faut-il  pas  faire  remonler  ces  traditions  jusqu'aux  druides? 
0l  les  abbés  n'ont-ils  pas  pris   ces  petites  localités  sous  leur 
patronage  parce  qu'elles  étaient  déjà  des  lieux  de  réunion,  le 


ritiyoïij  Fan taioe-Bnr- Eure;  Galliardoa  (prieuré  lUpeudanl  de  l'abbaye  de 
UoniiBval];  Mère-ÉRlise;  Sûnt-Eman;  Samt-Presl;  îjiIu[-Reiiiy-«oU8-AuneBU  : 
Soun;  Ver-les-Chartrea;  Votëb. 

Arroadiisemenl  de  Dreux  :  AneLj  Lea  CbÂlelets;  Couloiubïa ;  Dif^nes  ;  Vou- 
Uliio-1^*'!'""""'' >  MoiUeliois;  La  Piiiaaie;  Le^  Besnuintes  ;  La  SauceLlc;  Se> 
Iift0l<*>i  Seooncties;  S&iDt-Lubin-iie-Cravauti  V^rl-eu-Drouai». 

,ii'iiindi!arme'il  de  Ckdleaudiin  ;  Arron;  Bron;  Charrny  (comniuoe  de 
Cloy«»)[  Eiiuilly  pfÈs  Sainl-ATil;  LaFert^-Villenauil  ;  Moutboi9aier:Montigay; 
|»|rouvltle;  UnTerre;  ïron  (commune de  Cloyes  eur-Loir  (Vran  est  un  bourg 
4r  U  haiitanln  ;  prieuré  dépendant  de  L'abbaye  de  Thiron  fondée  en  llbSpar 
mbaut  IV,  comte  de  ChilCeaudiin). 

JtfiiindUstmenl  de  Noginl-ie~Holrou  :  Bazoches-Gouet ;  Champrond-eo-Ga- 
Uiit;  Charbounièree  ;  Fontaine  SimoD  ;  Kragâ;  Luignca;  Saïut-Deolg-leE- 
t-uit*  -  Baiut-Jeao-Pierre-liile;  Sn  i  al- Victor- do- flutlou. 

I,  Kti'i'plà  Tèvrier,  avril  et  août,  sur  lesquels  les  reuNeigoenients  ittaDquent. 

i.  Il  y  aurait  lieu  de  chercher  pourquoi  les  Zèles  «e  mulliplieot  eu  septembre. 

3.  Alibaye  de  l'ordre  de  Saint-Benoît  londéc  par  Foulques  en  H42. 

4.  Abhnya  fondée  près  de  Toure  par  Èainl  Martin  ea  371  après  son  ordina- 
^pi  «1  la  fondation  de  l'abbaye  de  LiRu^toy  en  Poilou. 

5.  Abbayt'  de  l'ordri;  de  Sainl-Benott  fondée   eu  1M3  par  Bernard  de  pou- 


LE  CULTE  DES  EAUX  203 

but  de  pèlerinages  païens  ^  Nous  ne  voyons  pas  que  Saint- 
Remy-d'Auneau  (25  habilanls),  Éguilly  (26  hab.),  Yron  (48 
bab.),  La  Fontaine-Guyon  (58  hah.),  Saint-Père-en- Vallée 
(100  hab.),  Saint-Lubinde-Cravant  (100  hab.),  Sainl-Eman 
({08hab.),Mére-église  (144  hab.), Saint- Jean-Pierrefixle  (200 
bab.),  aient  été  jamais  autre  chose  que  des  centres  religieux. 
D'où  leur  serait  venu  ce  privilège  si  des  superstitions  locales 
ne  s'y  attachaient  déjà  quand  le  christianisme  s'élablit  dans  la 
contrée?  Nous  sommes  encore  en  présence  de  survivances. 
Aurions-nous  eu  le  culte  chrétien  de  saint  Seine  si  déjà 
la  dea  Sequana  n'avait  pas  été  la  nymphe  vénérée  de  la 
source? 

Nous  n'avons  malheureusement  sur  aucun  autre  départe- 
ments un  travail  aussi  complet;  toutefois,  les  renseignements 
partiels  recueillis  ailleurs  conduisent  aux  mêmes  résultats  ! 

Charles  GomartS  dont  Tétude  porte  sur  un  seul  arrondis- 
sement du  département  de  l'Aisne,  y  relève,  dix-sept  saintes 
fontaines^  sous  les  vocables  de  sainte  Barbe,  sainte  Eulalie, 
sainte  Radegonde,   sainte  Yolande;  saint  Biaise;  Dieu;  saint 


1'  Ud  très  grand  nombre  d'abbayes  portent  le  nom  de  Fontaine, 

Fontaine-André,  ancien  abbaye  de  Suisi^e,  au  canton  de  Neucbâtel. 

Poniaine-Daniel,  abbaye  d'bommes,  dans  le  Maine,  à  une  lieue  de  la  ville 
<*e  Mayenne. 

Fontaine-Guérard^  abbaye  en  Normandie,  fondée  vers  H 87. 

Fontaine-Jean,  dans  le  Gàtinais,  fondée  en  1124. 

Fontaine- le -Comte,  abbaye  d'hommes,  du  diocèse  de  Poitiers. 

Fontaine-Saint-Martin,  abbaye  de  filles,  ordre  de  Saint-Benoit  dans  le  Maine. 

Fontaine-leS' Blanches,  abbaye  d^hommes  à  2  lieues  d'Amboise.  —  Je  relève 
dans  le  Dictionnaire  des  Postes  un  peu  plus  de  trois  cents  localités  portant 
le  nom  de  Fontaine  ou  Fontaines  avec  divers  qualificatifs.  Des  recherches 
(ievraient  être  faites  relatives  aux  légendes  qui  peuvent  être  attachées  à  ces 
localités. 

2.  Études  saint- quentinoises,  t.  III,  p.  351. 

3.  Dans  les  communes:  Benay;Fieulaine,Flavy-Martel;  Fontaine-les-Clercs  ; 
Fontaine  Notre-Dame  ;  Fontaine  Uterte  ;  Gricourt  ;  Ilolnon  ;  Marteville  ;  Pleine- 
Selve;  Regny;  Ribemont,  Saint-Quentin;  Sissy  ;  Surfonlaine;  Tugnes,  Ver- 
mant.  «  Les  fontaines  appartenant  à  ces  communes  sont  placées  sous  Tinvo- 
cation  d'un  saint,  avec  une  légende  chrétienne  et  fréquentées  par  de  pieux 
pèlerinages  ;  elles  montrent  que  ni  la  réQexion,  ni  l'expérience  n'ont  pu  dc« 
truire  la  confiance  que  le  peuple  conserve  encore  aujourd'hui  dans  la  vertu 
(le  leurs  eaux  »  (Cb.  Goniart,  p.  353). 


■.gdS  ;  saint  Pierre,  des  clercs  el  des  ermites,  vocables  toiiii 
étrangers  aus    vocables    d'li)iire-el-Loir  ;    les    saints    et   les 
saintes    sont  tout  autres.  Ce  n'est  donc  pas  le  caractère  dei 
saints  qui  les  désigno  comme  patron  des  sources'. 
Ch.  Gomard  croit,  cnmme  nous,  aux  survivances  : 

I.a  légende  chrétienne,  écril-il,  s'est  subsliluée  à  la  mythologie  cel- 
tique dans  les  pèlerinages  qui  se  Tout  k  la  plupart  des  foDlaiaes  de  Pi- 
cnnlie.  Les  suints  ont  remplacé  les  fées. 

Rien  n'est  pittoresque  comme  le  spectacle  que  pri^sente  la  fonlaùiedt 
Saint-Quentin  le  jour  de  l'Ascension.  Villageois  et  villageoises  ont  dé- 
serté les  villages  d'alentour  pour  se  rendre  a  in  fontaine.  Oo  est  étonoj 
de  l'aftluencc  de  monde  qu'on  y  voit  arriver  des  villages  d'Holmon.  Ver- 
mand,  Altilly,  Marteville,  Sav.v,  litreilley,  Fayel,  Solenecy,  Maissemy  el 
même  de  la  ville  de  Saiat-Ouenlin  *.  Presque  tous  les  pâlerias  ont  à  la 
main  un  gros  bouquet  de  cette  fleur  porfuniée  qu'on  appelle  pQétiqul^- 
menl  mai-blum.  J'ose  dire  que  chaque  allée  du  bois  ressemble  ce  Jour- 
là  de  ce  cAlé  à  un  pnrc  anglais.  C'e^t  pour  les  personnes  pieuses  uu  pèle- 
rinage vénéré,  pour  les  élégantes  villageoises  une  occasion  de  luonlrer 
leurs  rubans  et  leurs  jolis  minois.  Tout  l'espace  compris  entre  la  foB' 
taine  et  les  bois  est  encombré  de  paysans,  de  paysannes  qui  à  genotn;, 
qui  assis,  qui  debout. 

Le  Courrier  de  Saint-Quentin  dans  son  numéro  du  25  mars  1863,  eu 
parlant  de  la  fontaine  de  Saint-Quentin,  riipporte  une  coutume  qui  exis- 
tait autrefois  dans  toutes  les  communes  environnantes.  C'était  d'aller  le 
/■'  novembre  de  3  n  5  heures  du  malin  ""n  pélerinape  h  la  fontaine.  On 
passait  la  nuit  en  cet  endroit,  on  y  entretenait  un  grand  feu  dont  cha- 
cun emportait  un  peu  pour  allumer  la  lampe  de  la  maison. 

Les  études  de  Bulliot  sur  le  cullc  des  eaux  dans  le 
pays  Éduen  sont  presque  aussi  instructives  pour  nous  que 
celles  de  M.  de  Boisvilletle  sur  le  pays  Chartrain,  bien  que 
M.  Bulliot  se  soit  surtout  préoccupé  de  trouver  en  pays 
Éduen  lés  traces  de  l'aposlolat  de  saint  Martin.  Il  n'est  com- 
plet que  de  ce  côté.  La  Hsle  qu'il  dresse  des  fontaines  sous  le 
vocable  de  l'apAIre  ne  s'élève  pas  à  moins  de  cinquanle-huit*. 

1.  Le»  dtvjqilés  païennes  des  sources  thermaleB,  Borvo,  Grnnnus,  Siron.i, 
sont  au  contraire  des  dîviaitÉs  spécialement  l'ecourables  aux  raaladea.  Borvo  el 
Granuus  eonl  des  Apollons  guériaseurs,  Sirona  une  Àrlimis. 

2.  La  fontaine  de  Saint-0"entin  est  située  à  une  ceriaine  distancp  de  \n 
Tille,  dans  le  bois  d'Holmon.  C'est  certainement  là  un  ancieu  iii-age  païen,  un 
souvnirun  peu  confus  de  Inri^novatina  du  ft>u  soIsUcial.  Voir  plus  baut. 

3.  Surpassant  déjA  uolablement  le  chiffre  des  fontaines  sucrées   d'Eure-et- 


LE  CULTE  DES  EAUX  205 

Or  saint  Martin,  comme  saiat  Éloi,  un  peu  plus  tard^  fai- 
sant la  guerre  aux  superstitions  païennes  relatives  aux  fon- 
taines,  aux  arbres,  aussi  bien  qu'aux  pierres,  si  des  fontaines 
lui  sont  consacrées,  elles  doivent  l'être  au  même  titre  que  les 
chapelles  érigées  sur  l'emplacement  des  temples  renversés. 
Saiot  Martin,  pas  plus  que  saint  Éloi^  ne  niait  les  miracles 
/ails  aux  fontaines  païennes  au  nom  des  démons  ;  il  exigea 
qu'ils  se  fissent  au  nom  du  Christ  ou  de  ses  saints.  Les  fon- 
taines furent  christianisées.  Telle  fut  toujours  la  politique  de 
l^Eglise. 

L*idée  d'élever  autel  contre  autel,  de  sanctifier  de  nouvelles 
sources  à  côté  des  sources  où  les  païens  allaient  adorer  leurs 
génies  et  leurs  nymphes,  ne  peut  se  concevoir  ni  de  la- part  de 
saint  Martin  ni  de  celles  des  évèques  ou  des  abbés,  ses  suc- 
cesseurs. Le  clergé  ne  chercha  jamais  à  effacer  le  souvenir 
des  superstitions  païennes  qu'en  détruisant  les  monuments 
auxquels  ses  souvenirs  se  rattachaient  Ou  en  les  christiani- 
sa^t^  Les  sources  Saint-Martin  étaient  des  fontaines  sacrées 
avant  d'être,  comme  aujourd'hui,  des  sources  saintes*. 
Ces  cinquante-huit  fontaines  Saint- Martin  ne  sont  pas  les 


1.  «  Saint  Martia  exorcisait  les  foutaioes  »   (Bulliot,  La  mission  de  saint 
^ariin^  op,  laud.j  p.  6). 

^•Les  58  sources  de  Saiut-Martio  se  trouveul  dans  les  communes  suivantes 
~~  (qous  relevons  les  indications  données  par  M.  Bulliot  eu  suivant  Tordre 
des  pages)  :  Saint- Germain-du- Bois  (chapelle  et  fontaine,  p.  54),  Bellenot  et 
Qssey-le- Vieil  (p.  60),  Charigny  et  Roilly  avec  trois  fontaines  (p.  <)2),  Vic-de- 
Chasâenay  (p.  62),  Lantilly   (p.  64),  xMassigny-les-Vitteaux  (p.  70),    Fresue 
(p.  78),  Nod,  Etelente  et  Saint  Martin-du-Mont  (p.  89),  Vauaire  (p.  99;,  Da- 
nois et  Salives  (101),  Arceau   (p     104),  Brognou  (p.  105),  Senay  (p.  108),  Cor- 
iK)iQ  et  Couchey  (p.  112),  Bouillaud  (p.  118),  Mavilly  (p.  125),  Saint-Komaiu 
(p.  138),    Baubiguy  (p.  140),  Cordesse  (p.  235),   Foissy   (p.  240),  Gissey-sur- 
Ooche  ',p.   251),  Baume-Laroche  (p.  252),  Chissey  (p.  210),  Saint-Martin- de-la 
Mère  (p.  270),  Beaurey-Beauquay  (p.  279),  Laizy  (p.  289),  La  Commelle-sous- 
Beuvray   (p.    293),   Saint-Sernin-du-Bois    (p.  301),   Saint-iMartin-de-Chazelle 
(p.  302},  Gertenne  (p.  303),  Maison-Dru  (p.  317),  Deltey  (p.  326),  Thil-sur-Ar- 
roux   (p.    334),  Cressy-sur-Somme   (p.  337),  Certénue  (p.  303),   Saint-Chris- 
tophe-en-Brionuais  (p.   347),  Roussillon   (p.  3j0),  La   Petite- Verrière  (p.  354)- 
Cbilleau-Chinon  (p.   355),  Chaumart   (356),   Saint-ililaire  et  Vauclair  (p.  360), 
Glux-en-(ileune  (p.  362),  Gienue  (p.  368),  Laroche-Milley  (p.  398),  Comiuaguy 
(P.  404),   AUuy  (p.  410),   BazoUes  et  Huez   (p.   421),    Corbigny   (p.  425),  Cla- 
mecy  (p.  429),  Druyes-Ies-Helles-Fontaines  (p.  435). 


•IN»  LA    llKI.IiilON    UKH   GAULOIS 

s(*iiles  fonlaino^  saiiitfs  du  pays  Kilut^i.  0:ilr«*  \v<  funlnines 
Sfiini-AIftriiu,  io  pays  Kdiifii  rciifiTme,  ayaiil  h*  mi*iiu*  («irac- 
ti*n*  (l(*  siiiutelé,  un  vraïui  lumilin*  lii*  cutirs  iVvnu  et  ilo  M»urc«*ft 
iliviiiisi*s  un  t<*inps  liii  p.'iL'anisinu. 

L•■^  f.irili-UI    S.lMi  IU.II|i"H  lit*   l-l  St'llli'i't   il'-  !M'S  aftlllt-llts.fi  lit  lluilft,    4t- 

tii.iit'iit  i|i*  Imitf^  |i.iil«  l«-*»  |M-li-iiii^  •>!  |r*»  iii.il.iili-^.  Au<  uni*  i^'k'tnti  •)•■  la 
(i.|lli>\    pfilt-i'lrr,   ||';i\;ilt     {•'■lll    |('H   SMllIi-c'^  1111  I  iillc   |ilii4  ;:tii(r.lt   m   l'Ut 

|iM|iiil.iir<-.  JtMii  li-s  (-iiiji«  tl'i'.'iii  iiiliiit.iiir<  il>-  l.i  St-iii«-  •-l.ii*'iil  ili«iiii«>«. 
h.iii«  If  |i.t\<k   ;i<'i*plfiiti'>  MU  .N  i'iiM'iji'iil  liii    lal'.!!!!-,  |».iiri*i«  il'-  ;;r<>tti-«, 
il«'  i  ri'iu  il>-  r<ii  lii"».   •!•-  \ill'>ii'>  |iill>ii  •■«•|Uf«  «mi  ;it>riipt>**>,  •  h  i«|U'-   f -n 
l.iiiii'  .i\.iil  Miii  i; -lui-,  <k.t   t'ittf^  «•.!  •inwc,  i|iii   ri't-i-v.iit  U:s  \irii\  »'{  1*«  ••(• 
fr.iiiili'^  <|i'H  h'ihit mis. 

(Iftti*  imuvi'lh*  ««rri**  t>sl  aussi  rloipKMilc  f|ii('  la  pr«'*ri*(li'nli*. 
Non  seultMnrnt  M.  Hulliii!  lions  y  i-rvi-liMles  prali<|nes  ali<^i>ln- 
ini*nt  paii'nni'^.  inai*«  insisif  sur  «'•*  fait  i';irai*ti'*risli«|ui'.  rnin- 
ninn  liii  ^l•^ll•  an\  /"nf'iln*--  SnînfMnrtuk,  qui'  hii-n  ••i»n\i'nl 
l'itriiloirc  voisin  csl  ronslruit  ^tir  li>*«  rnini*s  suit  iWinsai  'Ihnn^ 
Miit  iliiii  trin/tlp  ii*.\piill(in  ou  fil'  Mi'iriiri'. 

A  ^  iiril  M'>t>  •••ij'<-  ii!ii  Tiiil  iirti-  iluii  •••tliiii  l'ii  •III.  •••ti«  .■'  \  ••  ifii-' 
(In  «tint  |i  il[  <ii  «11]  1:-  n  Ml*  •  «(  l»  liut  il'uii  |>-i«-i  m  i^-»-.  1.*  «  ni  il  i<l'-o  \  iM 
\  li'Mi'-  p  ml'  «'II'  fcTti'l  I*  f;i'ii*  /  .|i ''iif  !]'■»■  r'- r  /■  »  f^i^^^'x  i  ^  m  m  ri"i*r^ 
;'<iir ,  il  ifi«  I'-  I  is  .  -iiili  II!'  .  H  ils  "'■  iip')i|<'iiii>'iit .  I  I  .-'ii-r  is  'ii  r-sl  i/  i  ■;* 
t>N-iiii-iit  »  ■■i!i|»r  ■•■iii*«-  '. 

\  \i  ■  -sii  -  I  ..!•-  •  li'kl  lit  Ml'  •  Il  •  inf'  i'ii>i|li.|i  ■■•iM!tiiitf*  ■ 'I  »:■  i:»  I 
i|i{iiiii',  il  iiis  I  l'i  i- lie  'Il  I  1'  li*  iili  il<  ui  «I  l'.iii-llis  il»  Vi  r>'  Il  '  *. 
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\    il    t    Ht  ttn   -*«  :,!•     •,1111-    -iiiitlit-    '{'    •".     \    V  'Iif^    •  I  ii>-!i(   •lis«'    iiiii    « 

■  I  I  <  hl->iii    .    -'Il'     i..i  •iii<  I  i:;  'Il    •     :iliiin<     t*   [•.ii:>Mi    •l:i|ii>«    I  i  |i|    . 

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LE  CULTE  DES   EAUX  207 

la  foDtaioe  ;  divers  objets  votifs  et  des  médailles  y  avaient  élé  trouvés 
précédemment*. 

Le  prieuré*  de  Commagny,  une  des  plus  anciennes  dépendances  de 
ïûhbaye  de  Saint-Martin  d'Aulun,  fut  dédié  par  les  moines  de  saint  Hi- 
laire,  maître  de  saint  Martin,  sur  une  colline  au  sud-ouest  de  Moulins- 
Engilbert,  près  de  la  voie  romaine,  et  passait  pour  être  élevé  sur  l'em- 
placement d'un  oratoire  païen  *.  Une  source  sacrée,  accessoire  ordinaire 
des  temples  et  particulièrement  des  sanctuaires  ruraux,  coulait  au  pied; 
elle  est  aujourd'hui  dédiée  à  saint  Gervais  ;  une  ancienne  statue  du  saint 
est  placée  dans  une  niche  sous  la  voi\te  qui  recouvre  la  fontaine.  Le  jour 
de  Saint- Laurent,  on  y  trempait  les  nouveaux-nés,  et  s'ils  étaient  malades, 
leurs  langes.  Dans  les  temps  de  sécheresse  le  peuple  descendait  la  statue  dans 
(eau  pour  obtenir  de  la  pluie  ^ 

Et  H.  Bulliot  ajoute  : 

Nous  sortirions  de  notre  sujet  en  accumulant  ici  toutes  les  traces 
encore  subsistantes  des  superstitions  celtiques  que  combattait  saint  Mar- 
lio',  toutes  les  fontaines,  les  pierres  à  légendes  de  chaque  hameau 
doQt  bien  peu  sont  tombées  dans  l'oubli. 

U  faut  aussi  que  nous  nous  arrêtions.  Vous  voyez  quelle 
est  la  fertilité  du  sujet.  Je  vous  demande,  toutefois,  la  per- 
mission d'extraire  encore  de  mes  notes  quelques  renseigne- 
ments prouvant  que  les  départements  d'Eure-et-Loir,  de 
l'Aisne,  de  laCôte-d'Or,  de  la  Nièvre,  de  T Yonne  et  de  Saône- 
<îl-Loire  ne  sont  point  des  exceptions\  La  Bretagne  au  moins 

i.  Mission  de  saint  Martin,  op.  laud.,  p.  140. 

-.  Dans  le  pays  Édueu  comme  dans  le  pays  Chartraiu  la  majeure  partie  des 
foutaiues  sacrées  dépendaient  des  abbayes.  Voir  plus  haut,  p.  202. 

3.  Cf.  Collin  et  Gharleuf,  Saint- llonoré-lea- Bains ^  p.  281. 

4.  Cette  pratique  se  retrouve  eu  Bretau^ne.  «  Daus  certaines  paroisses  du 

Morbihan,  dit  Mahé,  on  a  conserve  la  coutume  d^aller  certains  jours  proces- 

sioanellement  à  la  fontaine  avec  lu  statue  du  saint  pour  la  plonger  dans  l'eau. 

Plus  cet  usage  est  bizarre,  ajoutc-t-il,  plus  il   est  probable  qu'il  a  été  établi 

pour  anéantir  quelque  ancienne  superstition.  »  Eu  effet,  fait  observer  Tingé- 

Dieux  érudlt,  une  coutume  semblable  existait  eu  certains  pays  dans  l'antiquité. 

Tous  les  ans  les  femmes  d'Argos  allaient  prendre  au  temple  la  statue  de  Pal- 

las'Athèné  et  la  conduisaient  eu  pompe  au  fleuve  Inachus  où  on  la  baiguait 

(CilUmaque,  Hymne  2).  Même  cérémonie  à  Rome  où  la  déesse  Cybële  était 

plongée  solennellement  dans  les  eaux  de  TAlmou,  affluent  du  Tibre  (Ovide, 

Fastes,  liv.  IV,  v.  331).  Saiut  Augustiu  [CHé  de  Dieu^  II,  4)  fait  mention  de 

cette  cérémonie  pendant  laquelle  ou  proférait  de  si  étranges  obcéuilés  que  les 

spectateurs  devaient  s'en  retirer  confus  :  tnaltitudo  debuit  abire  cou  fusa. 

r».  Bulliot  aurait  dû  ajouter  :  et  (juil  n'a  pu  détruire. 

r>.  Saus\ouloir  dire  quuue  aussi  grande  abondance  de  faits  pourraient  être 
recueillis  dans  les  autres  départements. 


120K  LA   RKUniON   DES  GAULOIS 

serait  tint*  mine  fécon«io.  I.a  fontaine  tlt>  Itarantou  Anus  Liforèl 
lit*  Hroreliant  avait  totitt*  i'S|HM'f>  ili*  v«*r(iiH  niirarij|f»us«*s  : 

Hiji<*i>ni|iii'  .lyatit  piiiM'  lii*  I'imu  îi  l.i  fniil.iiiit'  m  n*|Miiil  ^nr  !•'  pt^iriio 
ilij  rhàtrau  «•■iilfiii«*iil  <|ij'-li|ij*'s  ::iiiin>'H.  iM?»<i*'niMi-  !«iiiiil.iiii  <!•  «  •-.lut 
rli'iiv*'!"*  •!•*  :;i'''l*',  fiiit   u'itiinliT  1'-  t«iiiii<'iii*  et    init   I  .m    iili%4  un  i  |iar 

tri*'p'ilS»i'«  li'lir|ir<*!«*. 

La  VilliMnarqné  fait  reuiarqnrr  qnt*  la  mrnii*  tradition  •*\i^ 
tait  rlii*z  les  (jallois.  L«*s  inontu^'nanis  lii*  Sno\vti|i»n.  «iit-il. 
iaront*»nI  (*nri»n\  aujoiinriini,  (|iie  si  i|ii(*l(|irinia;:it«*  l'i*aii  «lu 
lar  l)iil«*iinf  «it*  iiianièn*  à  U*  fain*  rejaillir  sur  un  lili»r  ih*  ^-ra- 
nit  voi«>in  a|iiM'l«'*  fiuif/  ror/yr,  nn  ora^'«*  s'élrvt*  avant  la  fin  ilu 
jour,  ihi  tu*  piMit  iliMihT  <|n«*  rc  «utit  là  uni-  ir^^iMiili*  ri*ltii]ui*. 
La  fi»i  aux  vertus  dt*  la  rtiritairii'  ITiranton  m*  s'«*h1  |ia*«  |M>nlu«* 

Kli  l'^ri,  ffil  l'.|iiti-iir  i\*"*  C'tnt-  s  ff>fiul*itrf*t  Hi  lW*i^  ti'.iiiiil.  !•■«  hibi- 
t.liiN  «If  1.1  |i.ii<i|««i'  i|i'  l'.'iiii  iii'-t  *  SI'  I  flpllltMit  |i|«ii  i*^%iiiiii*l|f  iiit'iit.  \au- 
lilt'l*'*'  «'I  tT'*l\  ''Il  t<  ti-,  .m  I  li.iiil  tU-^  Iikiiiiif4  •■!  ;iii  «Mil  ilf^  ri«ii-lp*«.  .1  t^ 
f<iiii.iiiii-  il.-  Ilir  itii"ii  )>-iiii  il*iii.tiiiiii  il>-  l.i  pliip'  .111  l'.ifl. 

Le  l'IievaihT  île  Frfniinville  lite  um*  ftintaine  sarrei'  ^itui'e 
a  IViiiielin  sou«t  un  iliilnif*n  *.  Kinile  Souve««tre  '  en  signait*  tr^i^ 
a  l(i>  iilis,  il  Saint-Laurent,  aSaintJean-tlu-l)oii:t.  Il  n'i*^t  |»a«, 
«lit  \L  N  tJui'iliiMi  «lan*»  IjH  ///v/*/*//!'*  firtn*tnt tiinf'.  une  >«*ulr 
rhapi'ili'  i|ui  n*ait  sa  f'»nftnnr  >fitrrr'^, 

Hiisi'ii^weiu'    '!/#.  l'iutl.,  |i.  2.'t7    avait  ileja  ilit  :  >*  i*mte\  ir% 

/*»ftttlittf%    iw    s*'    ttnilt  rut   tttts    i/ttn^    Ir    ^tnMWlfJ»'  d  Uiir   ètjltsr  itlt 

r/iiipf/fr  nu  tl  t'tfh^r  t^iit  H  fût  s*i  f'tiiitiiiir  pu/  iimlirrr  ftitrtunt  U 
m»'mr  r 'ii  i/AA"  i^tt  *  .h-     \iiii\  ut  mt^  tirs  r  i  *  tnitl»'\^t  hf»\r  rtrufîur  ^ 

#/*•   *  fiUpfllt\   tiltfit>    ^iti     lu   s'itt/i  f    »'ti*'-Ht*'lH>' .   Utif/s   fJUr  ^f/««/*/|/ 

h  \  m*  uni ''Ht f  itt>  ft  /*■*  dit fi*  h/i*'\  d  u/ir  purriHr  rtut*tru*  tt'»H. 

Klnnan  Vaili-ntin  «'ii  avait  n*ili*  un  n  iinlue  ronsider.iMi* 
ilan*»  !••  |ia\  H  Ar^  .\lli>ljii*L't'*«  «•!  ilis  \iiii»nri*«i. 

*.       I.l    \    llrlli  if'l  II'  .     '  o'i/t  i      /  1'/  liJ  ;i/r- •    .-Il    .l'iitrtt     fit  rf  •■§*»,    \       |      |i        i|ft 

l.kt.'    ••■•i  .  i<i(!.  •     •    ((■•l.;i    «•-.iil  t  iiiii    lir*  r         •ljA;<tliiii  ilr  f'hiii|i|ir    Auir  .«tr 
.     I  .■f.i..r.;  • -t    .II-    ;■  ir   i-'»"  -ï-j  M  ■r:i!ii  ■ 
)  ff  iii  :i  k  .;  •       4  -.  Il  ,      «iu   /  l'i     tff 

•       Mil       *••■    !»•  -tl  /./••.     ijr  »r     r»,     •■.•.     |i       'f% 

N      «.'.••     ..f  /    •    /t     \','.r     .r  !•      •  i..r      j-      .t 

/'•     i*.         r  I'      li-  •     II.-'     ■  -jf*      /iri  l.r       r.jiyltr,    t     l\.|«  •  I  ■■,it 

ivi   tii;    tuit,       ..;  •yv.'ridfi    I    -.•  'il  r  j     /!■...'    iir  i  Aiud,  detphinalt.  1.    \\\.   tl'i 


LE  CULTE   DES   EAUX  209 

Les  divinités  nationales  qui  y  présidaient,  écril-il,  avaient  été  relé/^uées 
dans  les  laraires  des  carrefours,  desservis  par  les  sevirs  augustaux, 
choisis  généralement  parmi  les  affranchis,  tandis  que  les  prêtres  des 
temples  érigés  dans  la  contrée  avec  les  dieux  de  TOlympe  étaient  de 
haut  rang  et  d*origine  ingénue^  pontifes,  augures  et  f1aniines\ 

Le  regretté  Sacaze  n^était  pas  moins  afFirmatif  dans  ses 
éludes  sur  les  divinités  des  vallées  pyrénéennes. 

Mais  plus  riche  encore  en  sources  sacrées  et  superstitions 
relevant  des  temps  payens  est  le  Limousin  où  les  archéologues 
du  pays  nous  assurent  que  les  fontaines  saintes  sont  au  nombre 
de  cent  cinquante  (voir  Annexe  D).  Le  Limousin  est  avec 
la  Bretagne  et  le  Morvan  l'un  des  pays  ofi  les  traditions  cel- 
tiques sont  le  plus  tenaces. 

Enfin  M.  Gaidoz,  le  savant  le  plus  compétent  en  pareille 
matière,  dans  son  excellent  travail  intitulé  :  Un  vieux  rite  mé- 
dical^ mentionne  un  usage  doublement  intéressant  pour  nous, 
pratiqué  à  Montailland  en  Berry,  où  Ton  va  à  la  fontaine  de 
Sainie-Rodène  pour  se  guérir  de  la  migraine*. 

Oo  voit  encore  aujourd'hui,  dans  les  Chenevières  de  Montailland,  une 
fontaine  qui  porte  le  nom  de  Sainte-Ilodène  et  (lui  n*a  cessé  d*étre  un 
objet  de  dévotion.  Cette  fontaine,  assez  semblable  aux  citernes  de  nos 
*tiaralchers,  est  entourée  de  quatre  murs  dans  l'un  desquels  est  encastrée 
**ne  image  imparfaite  de  la  sainte.  On  y  vient  d'assez  loin  pour  la  mi- 
Sraine  ;  mais  le  malade  qui  veut  obtenir  sa  gucrison  doit  placer  sa  tête  dans 
*4ne  légère  excavation*  naturelle  ou  factice  (?)  de  la  paroi  de  droite^  en  se  te- 
*^anL  suspendu  au-dessus  du  bassin  à  Taide  d'une  flèche  de  fer  plantée  dans 
^« muraille,  tant  à  cette  intention  que  pour  aider  à  puiser  l'eau.  Cette 
Manœuvre,  exigeant  une  certaine  adresse,  n'est  pas  sans  danger,  et  il  y  a 
ï>eu  d'années  une  jeune  fllle  se  noya,  dit-on,  en  voulant  l'exécuter.  J'omels 
^dessein  plusieurs  superstitions  grossières,  répudiées  par  l'Église*. 

Autre  superstition,  aussi  radicalement  païenne,  à  rappro- 
cher de  celle  de  la  fontaine  de  Sainte-Rodèue*. 

Tous  les  ans,  depuis  un  temps  immémorial,  le  6  août,  jour  de  la  fête  de 

i.  Ce  sont  les  seules  fouctions  que  fout  connaitre  les  iogcriptions. 

2.  H.  Gaidoz,  Un  vieux  rite  médical^  p.  22,  d'après  Veillât,  Pieuses  légendes 
du  Berry,  1864,  p.  12. 

3.  A  rapprocher  des  dolmens  troués. 

4.  Ce  sont  celles-là  justemeut  que  nous  aurious  aimé  à  connaître. 

3.  Mémoires  de  la  Société  des  Antiq.  de  France,  t.  I,  1817,  p.  428  :  extrait 
d'une  lettre  de  M.  Thomas  de  Snint-Mars. 

14 


SIO  LA  rbugion  des 

saint  Eslapin,  qui  correspond,  dans  le  calenilrier,  à  celkdela  TransOgu- 
ralion,  un  peuple  imiuease  '  se  rassemble  à  Dourgne  (Tarn)  et  dans  les  en- 
virons. Les  boileui,  les  paralytiques,  les  aveugles,  les  malades  de  tout 
genre  viennent  y  cliercber  la  guéi'isoii  de  leurs  iiilirmilés.  Ils  parlent  de 
grand  matin  des  villages  où  ils  ont  couché,  et  des  prairies  où  ils  ont  été 
obligés  de  bivouaquer;  cor  ils  sont  en  prand  nombre  et  se  rendent  au 
templeconsacré  à  saint  Kstapin.  Ce  Icmple  est  situé  dans  une  gorge  qui 
s'ouvre  vis-à-vis  de  la  ville  de  Oourgne  et  au  midi  de  la  monlaftim.  Le* 
pèlerins  font  neuf  fois  le  tour  du  lemple  ot  se  rendent  ensuite  sur  la  plaie- 
forme.  Là  chacun  trouve  uu  remède  il  son  mal.  Il  suffit  pour  ctla  tTin- 
Iroiiutrr  diuu  un  des  trous  pratiquée  dann  Us  pierres  du  tnonumenl,  le 
membri-  affligé  auquel  ce  trou  eil  dcstitti.  tl  y  on  a  de  différents  calibres 
pour  la  Itle,  la  cuisse,  la  jambe,  le  bras,  etc.  Celte  cérémonie  faite,  cin 
assure  que  les  boiteux  marchent  droit,  que  les  aveugles  voient,  que  les 
paralytiques  recouvrent  l'usage  de  leurs  membres*. 

Lorsque  cette  première  épreuve  n'a  pas  réussi,  les  pèlerins  ont  recours 
à  la  fontaine  de  Montes  ou  de  Saint-Jean.  Celle  fonlaine  est  située  dans  la 
gorge  qui  suit  immédiatement  celle  oîi  est  bâti  le  temple  de  Saint-Es- 
lapin. 

Bien  que  les  noms  des  divinités  gauloises  présidant  à  ces 
sources  DOussoieDt  parvenus  en  Irëspelil  nombre,  nous  avons, 
ce  semble,  le  droit  de  conclure  maintenant  que  l'usage  de  di- 
viniser les  sources  en  leur  attribuant  de  mystérieuses  vertus 
était  général  chez  les  Celtes.  11  est  probable  que  beaucoup  de 
ces  divinités,  comme  chez  les  Pélasges^,  étaient  innommées  et 
coDDues  uoiquement  sous  le  nom  générique  qui,  en  celtique, 
répondait  au  deus  ou  au  dea  des  Lalins,  associé  au  nom  to- 
pique de  la  source,  sans  que  peut-être  le  sexe  de  la  divinité 


1.  Ce  prodijifïeuK  concours  étaol  devenu  la  ciiuse  de  scandales  et  de  dé- 
bauches, le  lempte  de  Saint-Estapin  fui  fermé  eu  1165  par  arrêt  du  parlemeut 
de  Toulouse.  H  fut  rouvert  quelque  temps  aprë»,  fermé  de  nouveau  par  la  Rc- 
volutioQ.  Le  culte  depuis  a  été  repris  avec  zèle.  (Note  de  M.  Clos.) 

2.  Le  tewpleest  le  dépôt  de  béquilles  et  autres  iustrumeots  devenus  inutiles 
aui  iniracoUa.  (Note  de  M.  Clos.) 

3.  cr.  Hérodote,  II.  32-.Ï3  :  ^  Les  Pélasges  ae  donnaient  ui  nom  ni  surnom  à 
aucun  des  dieux.  On  a  longtemps  ignoré  l'origine  de  chaque  dieu,  leur  forme, 
leur  nature  et  s'ils  avaient  tous  eiislé  de  tout  temps,  ce  n'est,  pour  ainsi 
dire,  que  d'hier  qu'on  le  sait.  Je  peuse,  eu  effet,  qu'Hoinère  et  llésioile  ne  vi- 
vaient que  quatre  cents  ans  avant  moi;  or  ce  sout  euî,  qui,  les  premiers,  ont 
^it  en  vcrj  la  théogonie,  qui  oui  parlé  des  luruoms  des  dieux,  de  leur  culte, 
de  leurs  tonctions,  et  qui  ont  tracé  leurs  figures.  -  Les  Celtes  avant  les  druides 
étaient  à  ce  même  état  d'esprit,  dans  lequel  étaient  encore  les  Germains  au 
Mupt  de  Tacite. 


LE  CULTE  DES   EAUX  211 

fût  précisé,  sive  deus  sive  dea,  suivant  Tan  tique  formule.  La  ré- 
pugnance à  Tanlbropomorphisaie  estundes  traits  particuliers 
de  cette  période.  On  a  souvent  attribué  à  Tinfluence  des 
druides  Tabsence  de  représentations  figurées  des  divinités  chez 
les  Celtes.  C'est  une  erreur.  Uantipathie  existait  dès  Tâge  de 
la  pierre  et  Tftge  du  bronze  ;  la  phrase  de  Tacite  où  il  est  parlé 
de  cette  interdiction  s'applique  non  aux  druides,  mais  aux  Ger- 
mains. C*est,  au  contraire,  à  l'époque  où  régnaient  les  druides 
qu'apparaissent  les  premières  représentations  des  dieux  sous 
la  figure  humaine.  Les  noms  des  saints  et  des  saintes  que  le 
christianisme  a  substitués  aux  génies  païens  nous  sont  seuls 
parvenus,  mais  ces  noms  se  rattachent  à  des  usages,  à  des 
cérémonies,  à  des  pratiques,  à  des  pèlerinages  qui  sont  bien 
celtiques  dans  leur  essence  et  dont  la  plus  grande  partie  étaient 
déjà,  à  Tépoque  romaine,  des  survivances.  C'est  à  ces  légendes, 
à  ces  pratiques  païennes  que  nous  devons  demander  la  révé- 
lation du  génie  mythologique  de  nos  pères.  Les  druides  ont 
pu  présider  à  ces  cérémonies  suivant  un  principe  presque 
général  dans  la  haute  antiquité  en  dehors  du  groupe  aryen,  la 
nécessité  de  Tintervention  du  prêtre,  chaman  ou  druide,  pour 
que  le  sacrifice  ou  la  prière  fût  valable.  Ils  n'en  ont  point  été 
les  introducteurs. 

A  côté  des  fontaines,  les  lacs  étaient  également  Tobjet  d'un 
culte  en  Gaule.  Nos  renseignements  sont  moins  riches  à  cet 
égard.  Ils  sont  même  très  pauvres,  sans  que  nous  en  saisis- 
sions la  cause.  Il  est  vrai  que  chez  nous  les  lacs  sont  relati- 
vement rares.  Nous  avons  toutefois  de  ce  culte  un  exemple 
historique  que  nous  pouvons  considérer  comme  typique.  Nous 
voulons  parler  du  culte  païen  que  Ton  rendait  encore  au  lac 
Saint-Andéol,  du  temps  de  Grégoire  de  Tours'. 

A.U  pied  du  mont  Helanus,  un  grand  lac  existait  *  où  les  populalions 
des  environs  se  rendaient  en  grand  nombre  à  certains  jours,  dans  le  bul 
de  faire  des  oiïraiides  à  la  divinité  du  lieu  à  laquelle  comme  libamina 
les  uns  offraient,  en  les  jetant  dans  le  lac,  des  habits  d'homme  de  lin  cl 


1-  S.  Gregorii  episc,  Turonensis  opéra  omnia^  A1D(^\CIX,  p.  874. 
2.  Le  lac  actuel  de  Saint-Âudréol. 


212  LA  RRLIGION   DES  GAULOIS 

d«*  tlr.i|».  iiit^iiH*  «if*»  loisoiiH  piitiiTi^K,  «l'autre!!  tU*s  fn>iiiiicrft,  d**  Li  rir«, 
«|fs  \*iius  ft  inillo  aiitrfs  rlioses,  «haruii  suivant  ftrn  moy«*ii«.  O^  pra- 
tii|Ui*!i  «'•t.iii'iil  suivift  (le  «îarrilIrfH  d'aiiiiiiaui.  CVtait  l*u4vaMiin  d'uor 
fi'lt*  On  fîiisait  l'iiiduinr  en  re  lieu  dt*4  «*harrt>tle!i  de  priiviMMiii  |*>Mirrr  'ii 
jnurn^  ipif  l'un  |la^!».'lil.  lnul  rntit'rt,  a  fain*  Imiine  rlii^n*.  L«*  quiiiifine 
jiiiir,  i|u.ind  lnul  l>*  niDinliï  était  sur  I*'  point  d«*  s'«*n  n'inurn^T,  il  n«- 
Miaui|iMit  jaiiiais  df  sVIrvi'i  un  furirux  firatff*.  mt^lê  df  tonD*'rrf  ri 
d'i'ii.iir^.  a  la  lufur  drsipieU  il  tombait  tant  d'i-au  et  de  pietr**%  «|u'"n 
di'*9>' opérait  de  ««a  vie  i*t  de  son  retiMir.  L«*h  pav<aii!i  du  partis  n'en  r<in- 
liiiuaient  p.iH  niitins  de  se  rendre,  au  jour  dil,  au  Ixird  du  Ur  e\  d'y 
ai'i''*niplii  lfiir«  •'••lénionieH  inipien,  ipiand,  «lit  (•n'b'oii-e  de  Tnur^.  un 
r\i*ipie  du  pais,  inspire  pal  la  Ilivinile,  eut  la  |i«*nsée  iréditjiT,  au  ImiM 
du  lac,  un*'  i-hapelle  a  «ainf  llilain*  de  Poitiers,  dans  laipielle  il  df^Nisa 
•le»  r*'li«|ues  flu  %.iint  lli^ant,  au  peuple  :  «•  .Ne  «:onlinue/  pas,  ni«*«  •'htTt 
liUt  •!  p''<*lier  devant  le  Seigneur.  Il  n'y  a  dan^  le  lar  aiiruiie  puiss.«n>-'' 
a  Lnpit'lle  \iius  deiH'/  «es  ptalKpie!»  ••«. 

Saint  tirr^oin*  ne  iit»iiH  «lit  pas.  si,  â  partir  di*  ri*  iiii»iiit*nt, 
l(»s  pi'lrrina^es  r«*HS(^r«*nt.  Il  nfli nue  .seiili«in<*nt.  ce  (pli  fst  pi  114 
iTdVîiliii*,  (|ii«*  la  t(*mp«'t«*  aniuiclU*  qui  A(*r(»mpai:nait  la  frt«* 
paiciHK*  114*  SI*  n*|»n)(lnisit  pln^. 

IJiiaut  a  la  l«*rriMir  (|ii(*  U»  la<*  inspirait  aux  payHan<«  liu  lif*- 
vaiKl.in,  lin  «i**  in«*s  (-onfr«'*res,  (»rif^inain*A  (l(*  la  L'i^fn*.  iiii* 
«lit  «lu'i'lli?  n'a  pa^  (linparu  L**»  paysan»  n«*  paMrnt  p.in  mit  lv% 
lnirils  ijii  lai'  sans  lui  J4*t(T  ilrn  pii;(*i*H  fie  nioniiaii*;  et  il  n'«*«l 
pas  rrrtain  «|iif  V*m  n'y  ailli*  pas  i*nrore  isoliMiidit  (*n  ]N*!i'ri- 

.Nmus  iirrioroiiH  It*  nom  du  (li(*u  «m  (l«*  la  (l(*i*sse  «|Ut'  l'iui  a^fi»- 
raii  an  pii'd  liu  iiit>nt  llrlaiius. 

V.if*-'ii    ;!  ir   i  II  I.  1*   I  ri.'i   it   m /ii«  r  i/i'.    i  r-f m*.  ir>/  ^ '/ly •  i--iVfi>i<    «V  /f^k*^ 

^ !  •■iifiiM  r-t  •'ttr^il  •!**  *9T»iS*nrr  %\t»  l>Mir*,  d  aprr*  l»«fni  Marliu      /  z  K# 

Il       -1  if^ *  <•  i-.t  •  f.  1    1 1 .  p    .'i7. 
i   \>^TAii  i.ii*  .cft«4iil  •!  y  ftiri*  dr«  fiiuilt***. 


DEUXIEME  PARTIE 


U  GAULE  APRÈS  LES  DRUIDES 


LA  GAULE  APRÈS  LES  DRUIDES 


XVP  LEÇON 


RÉSUMÉ  DE   LA  PREMIÈRE   PARTIE 


Les  religions,  à  quelque  moment  de  leur  existence  que  nous 
ies  examinions,  sont  toutes,  plus  ou  moins,  remplies  de  survi- 
vances'. Aucune  ne  forme  dans  son  ensemble  un  tout  logique 
dans  toutes  ses  parties,  comme  peut  Têtre  un  système  de  phi- 
losophie. Les  religions   recueillent,   dans  le  cours  de  leur 
développement,  des  éléments  nouveaux  qui  les  rajeunissent 
^t  les  transforment,  mais  sans  qu'elles  se  débarrassent  jamais 
Complètement  de  leur  passé.  Ces  reliques  dupasse,  l'œil  pers- 
picace d'un  observateur  habitué  aux  recherches  scientifiques 
Peut  les  retrouver. 

Ces  observations  trouvent  particulièrement  leur  application 
^ans  les  pays  dont  la  population,  comme  en  Gaule^  se  com- 
pose de  plusieurs  couches  successives  et  diverses,  de  conqué- 
ï'ants  ou  d'immigrants,  de  complexion  religieuse  différente^ 
ayant  eu  chacun  leurs  divinités  particulières  qu'ils  ont  dû 
tenter  d'introduire  dans  le  culte  national  ou^  à  ce  défaut,  qu'ils 
ont  dû  conserver  à  titre  de  culte  familial  ou  de  tribu.  Quand 
les  Grecs,  puis  les  Romains  se  sont  trouvés  en  contact  avec 
les  populations  qui  s'étendaient  du  Rhin  à  TOcéan,  de  la  mer 
du  Nord  à  la  Méditerranée,  ils  y  trouvèrent  et  nous  signalent 
eux-mêmes  des  Ligures,  des  Ibères,  ou  Aquitains,  des  Celles, 

1.  Noas  voulons  surtout  parler  du  côté  extérieur  des  religions,  des  pratiques 
et  du  culte. 


I  LA    RP.UCION*    DBS  f.AllI.OIS 

des  Galates  et  des  Belges  formant  un  corps  de  nation  au<]uel 
les  Romains  purent  bien  donner  un  nom  ethnique  général,  qui 
les  comprenait  tous  indislinctemenl,  mais  dont  les  diverses 
branches  n'avaient  pourtant  pas  perdu  tout  caractère  de  per- 
soruialité,  sans  compter  les  couches  primitives  et  profondes 
dont  ni  les  Grecs,  ni  les  Romains  n'avaient  eu  conscience,  la 
couche  des  populations  quaternaires  ei  celle,  bien  plus  impor- 
tante par  le  rôle  pri^poridérant  qu'elle  a  joué,  à  l'origine,  la 
couche  à  laquelle  nous  devons  l'érection  des  monuments  méga- 
lithiques et  l'introduction  de  la  civilisation  que  ces  monuments 
représentent.  Mais  cette  diversité  de  population  dont  la  consta- 
tation scienlilique,  aujourd'hui  prouvée,  donne  la  clef  de  notre 
histoire  aux  époques  de  l'indépendance,  n'était  point  pour 
frapper  l'imagiDation  des  historiens  grecs  et  latins,  même  les 
plus  sérieux  elles  plus  philosophes.  César'  et  Strabon  y  font 
allusion  sans  en  signaler  l'importance.  Ils  n'y  insistent  pas. 
L'existence  en  Gaule  d'une  aristocratie  militaire  et  d'une  aris- 
tocratie religieuse  dominant  le  reste  de  la  nation  réduite  à  une 
sorte  de  servitude  [plebs  paerio  servorum  kabelitr  loco)*  est 
tout  ce  qui  leur  semble  digne  de  mention.  Dans  cette  consti- 
tution sociale  si  différente  de  la  leur,  ils  ne  voient  rien  d'anor- 
mal, rien  qui  mérite  explication  et  passent.  L'état  religieux 
de  la  Gaule  semble  les  laisser  un  peu  moins  inditlérenls,  mais 
ils  n'en  voient  que  le  côté  extérieur,  sans  chercher  à  rien 
approfondir.  L'existence  d'une  puissante  corporation  où  se 
recrutent  les  druides,  jouissant  de  nombreux  privilèges,  entre 
les  maips  de  laquelle  sont  concentrés  l'administration  de  la 
justice  et  l'enseignement  de  la  jeunesse,  dout  les  prêtres  sont 
à  la  fois  devins  et  médecins,  parmi  lesquels  se  trouvent  même 
des  astronomes  et  des  philosophes,  a  seule  attiré  leur  atten- 
tion. De  leurs  doctrines,  une  seule  est  mise  en  lumière  :  la 

1.  La  preuiitrc  plirase  des  Commentaires  de  Cûsar  montre  toulefoi»  qu'il 
avait  plus  qu'où  ne  pense  la  conscience  do  ces  diversHÉs  ilaus  la  population 
de  la  Gaule  :  Galliii  est  omnis  diviia  in  parles  Ires...  Hi  omnes  liagua,  iiisti- 
tutia,  legibiis  inier  se  ili/leiunl.  César  aurait  dû  ajouter  qu'ils  dllTéraient  é^a- 
lemeiit  »oui  le  rapport  du  culte. 

-i.  Ki'sar,  «.  ';..  VI,  ïiii. 


RÉSUMÉ   DR   LA   PREMIÈRE   PARTIE  217 

croyance  à  l'existence  d'une  autre  vie.  Ces  prêtres  leur  appa- 
raissent comme  des  espèces  de  mages,  disciples  de  Zoroastre. 
Quelleaction  cesmages  ont-ils  eue  sur  les  croyances  populaires? 
Si  nous  en  croyons  César,  malgré  le  monopole  de  renseigne- 
ment dont  ils  jouissent,  cette  action  aurait  été  nulle  sauf  sur  un 
point:  la  croyance  à  l'immortalité  de  Tâme.  Sur  les  principaux 
dieux  :  Mercure,  Apollon,  Minerve,  Mars  et  Jupiter,  les  Gaulois 
auraient  eu  des  idées  dialogues  à  celles  des  autres  nations\  La 
religion  populaire  n'existe  pas  pour  lui'.  En  dehors  de  la 
croyance  des  Gaulois  à  une  autre  vie,  un  seul  usage,  une  seule 
pratique  religieuse,  lui  parait  mériter  une  mention  spéciale: 
la  pratique  habituelle  des  sacrifices  humains  auxquels  les 
druides  président.  L'originalité  de  la  religion  des  Celtes,  aux 
yeux  des  historiens  ou  moralistes  grecs  et  romains,  se  résume 
en  ces  deux  faits  :  croyance  à  une  autre  vie;  pratique  rituelle 
des  sacrifices  humains;  pour  le  reste,  sur  les  dieux  en  géné- 
ral et  les  divinités  du  panthéon  grec  en  particulier',  des  idées 
analogues  à  celles  des  autres  nations. 

S  en  tenir  à  ces  témoignages  serait  se  faire  une  idée  bien 
fausse  et  bien  incomplète  de  la  religion  des  Gaulois  et  du 
caractère  des  druides.  Le  principal  but  de  ce  cours  est  de  vous 
le  démontrer.  Les  Gaulois  n'avaient  pas  attendu  pour  avoir 
une  religion,  que  les  druides,  ainsi  que  nous  l'apprend  César, 
fussent  venus  de  la  Grande-Bretagne  leur  en  apporter  une. 
Nous  ne  voyons  pas  d'un  autre  côté  que  ni  les  Phéniciens,  ni 
les  Grecs  aient  eu,  en  dehors  des  côtes,  aucune  influence  reli- 
gieuse sur  le  pays.  Nous  avons  assez  insisté,  sur  ce  point  dans 
DOS  premières  leçons,  pour  espérer  vous  avoir  convaincus. 

Nous  n'avons  trouvé  aucune  trace  sensible  de  culte  à  l'épo- 
que quaternaire  ou  môme  à  l'époque  des  cavernes,  c'est-à-dire 
pendant  toute  la  période  dite  de  la  pierre  éclatée,  cela  ne  veut 


1.  M  De  his  eamdem  fere  quam  reliquae  génies  habent  opinionem  »  (B.  G,, 
VI,  XVII). 

2.  Fréret  a  déjà  montré  combien,  sous  ce  rapport,  les  idées  de  César  étaient 
fausses.  Édit.  in-12,  t.  XVIII,  p.  167  et  suiv.  (1796)  et  notre  Annexe  A. 

3.  Adopté  par  les  Romains. 


218  LA   RELIGION    DES   GAULOIS 

pas  dire  que  les  populations  fussent  alors  privées  de  religion, 
mais  seulement  qu'aucun  monument  de  celte  religion  ue nous 
est  parvenu';  l'étude  des  monuments  mégalithiques,  au  con- 
traire, nous  a  révélé  avec  nombreuses  preuves  il  l'appui,  dunnl 
la  période  de  lapierre  polie,  une  ère  de  ferveur  religiei 
le  caractère  de  laquelle  le  magnifique  développemenl  du  cullp 
des  morts  ne  peut  laisser  de  doute.  Ce  n'est  pas  seulement 
par  l'aspect  monumental  des  chambres  sépulcrales  dont  k 
solidité,  comme  celle  des  pyrnmides  d'ÉgypIe,  a  défié  lesait- 
cles,  mais  par  leur  contenu,  que  ces  importantes  sépultures 
noun  ont  initiés  aux  aecrels  du  passé.  Je  veux  parler  de  cette 
abondance  de  pierres  précieuses  étrangères  au  pays,  jade, 
jadéite,  callaïs  ou  turquoise,  cliloromélanilc,  cristal,  perlns 
■  d'or  déposées  auprès  des  morts,  par  centaines  dans  certains 
monuments,  aussi  bien  que  de  ces  sculptures   bizarres  que 
nous  retrouvons  presque  identiques  des  deux  eûtes  du  détroit 
de  la  Manche,  en  Irlande,  en  Ecosse,  comme  en  Armorique  el 
jusque  dans  l'Inde.  Ajoutons  que  des  cérémonies  magiques 
s'accomplissaient  dans  ces  caveaux.  Les  sagaces  observations 
de  M.  Abel  Maître  nous  ont  jiermis  de  conjecturer  que  l'allée 
couverte  de  Gavr'-Inis  était  la  tombe  d'un  chiromancien,  après 
avoir  peut-être  été  sa  demeure,  celle,  au  moins,  d'un  magicien. 
Au  Mané-er-H'oech,  au  Mané-Lud,  les  cérémonies  funéraires 
dont  nous  saisissons  les  traces,  bien  que  d'un  autre  genre, 
ntius  ont  présenté  le  même  caractère  cabalistique.  Nous  avons 
assisté  à   un   sacrilice  de  chevaux   dont  les   têtes,  quand  la 
chambre  fut  ouverte  par  le  regretté  RenéGalles,  reposaient  en- 
core sur  des  menhirs  alignés  en  demî-tune;  nous  avons  trouvé 
dans  la  chambre  sépulcrale  une  grande  et  superbe  hache  en 
chloromélanite  reposant  sur  un  disque  ovale  en  jade,  précédée 
et  suivie  d'autres  haches  et  de  grosses  perles  en  callaïs,  traçant 
sur  le  plancher  de  l'angle  est  à  l'angle  ouest,  c'est-à-dire  dans 
la  direction  de  la  marche  du  soleil,  ime  diagonale  à  laquelle 

1.  La  pertecttou  de  certiiJiiB  desï^ins  cl  ï^mviires  An  ri>poi[ue 
indice  d'iiQ  dâvi'lappemeut  ialcllcctiiel  1res  reinurquahlc,  rcui]  i 
bypothËtique  dea  religions  bien  in  vraisemblable. 


RÉSUMÉ  DE  LA  PREMIÈRE  PARTIE  219 

il  parait  impossible  de  ne  pas  attacher  une  signification  mys- 
tique. Comment  méconnaître  la  signification  de  ces  fouilles? 
Et  peut-on  se  refuser  à  y  voir  une  sorte  de  révélation  de  Tétat 
social  qui  régnait  alors  au  nord-ouest  de  la  Gaule? 

(Les  faits  empruntent  une  plus  grande  importance  à  l'éten- 
due de  la  zone  géographique  sur  laquelle  dominent  les  monu- 
ments mégalithiques',  qui  comprend  tout  Touest  de  la  Gaule, 
la  plus  grande  partie  de  l'Irlande,  les  contrées  méridionales  de 
l^\ngleterre,  la  Scandinavie  presque  tout  entière,  les  côtes  de 
la  Germanie  jusqu'à  la  hauteur  de  Berlin.  Plus  à  Touest,  nous 
les  retrouvons  en  Portugal.  Ils  reparaissent  au  Maroc,  en 
Algérie  et  en  Tunisie.  Les  côtes  nord-est  de  la  mer  Noire  %  au 
pied  du  Caucase,  les  côtes  sud-ouest  de  la  mer  Caspienne  '  ; 
le  pays  des  Hittites,  en  Syrie,  plusieurs  contrées  de  l'Inde 
possèdent  des  groupes  de  monuments  du  même  ordre. 

Des  détails  très  particuliers,  comme  l'existence  d'ouvertures 
circulaires  (dolmens  troués)*  intentionnellement  pratiquées 
dans  la  paroi  antérieure,  ou  dans  le  vestibule  de  la  chambre 
sépulcrale,  un  système  particulier  de  cupules  et  de  cercles 
gravés  sur  des  roches  erratiques  ou  des  rochers,  n'ont  dû  vous 
laisser  aucun  doute  sur  la  parenté  religieuse  de  ces  monume^ts. 
Des  tribus  de  même  civilisation  ont  parcouru  par  delà  les 
temps  historiques,  de  Test  à  l'ouest,  ces  vastes  contrées.  L'hy- 
pothèse est-elle  invraisemblable?  Nous  croyons  vous  avoir 
démontré  qu'elle  est  logique  et  s'appuie  sur  les  plus  sérieuses 
considérations. 

Examinons  à  nouveau  la  carte  n<>  2  do  l'atlas  de  François  Le- 
normant  *;  méditons-en  la  légende  :  Age  de  la  prépondérance 
des  Chamites  et  des  Touraniens  avant  les  migratioris  aryennes 
3500  ans  environ  avant  J.-C.  Pénétrons-nous  de  ce  que  dut 

1.  y oïr  Archéologie  celtique  et  r/auloise^  2^  éJit.,  planche  V,  et  la  carte  com- 
plétée déposée  aa  Musée  de  Saint-Germain. 

2.  Dubois  de  Montpereux. 

3.  J.  de  Morgan,  Mission  scientifique  au  Caucase, 
k.  Cf.  Arch.  celt.  et  gauloise^  2»  éd.,  p.  17.". 

5.  Histoire  ancienne  de  VOrient  antérieurement  aux  guerres  médiques,  Atlas, 
carte,  d«  2. 


LA   RrUGlON    DES   GAULOrS 


être  cet  immense  premier  empire  dont  le  centre,  occupant 
les  contrées  qui  seront  bientôt  la  Chaldée,  l'Assyrie  et  la 
Méilie,  s'éleudail alors  surtout  le  nord  de  l'Asie  et  débordait 
sur  l'Kurope.  Rappelons-nous  qu'au  v»  siècle  avant  noire  ëro', 
tout  le  nord  de  cet  empire  était  encore  terra  iiicognita  pour 
les  Grecs,  el  nous  serons  amenés  à  nous  demander  si,  pen- 
dant ces  trois  mille  ans  de  vie  ignorée,  ce  monde  primitif  n'a 
pas  dû  faire  son  œuvre,  comme  le  monde  aryanisé.  Cette 
œuvre  que  nous  ignorions,  de  grandes  découvertes  commen- 
cent à  nous  en  révéler  la  puissance.  Elles  nous  apprennent 
par  le  témoignage  de  monuments  : 

i"  Que  celte  zone  septentrionale  d'une  immense  étendue 
était  occupée,  depuis  l'antiquité  la  plus  reculée,  comme  elle 
l'est  encore  aujourd'hui,  par  une  série  de  Iribus  appartenant 
à  un  groupe  linguistique  particulier:  le  groupe  totiranieti,  fai- 
sant pendant,  pour  ainsi  dire,  au  groupe  méridional  des  langues 
dites  indo-européennes. 

2"  Que  ce  groupe  louranien,  dont  se  sont  détachés  "posté- 
rieurement à  l'ère  chrétienne  les  Turcs  et  les  Hongrois, 
auquel  appartiennent  encore  les  Finnois,  non  seulement  ne 
représente  pas  des  déshérités  de  la  nature,  voués  à  une  éter- 
nelle barbarie  ou  à  une  desiruction  lenle,  mais  parait,  au 
contraire,  avoir  donné  naissance  à  la  plus  ancienne  civili^^ation 
du  monde,  à  une  civilisation,  pour  le  motus,  aussi  ancienne 
que  celle  des  Égyptiens'. 

3"  Nous  avons  vu  que  bien  avant  qu'il  fût  questionid'Ilébrcux, 
d'Assyriens  et  d'Hellènes,  des  représentants  de  ces  tribus  tou- 
raniennes,  àisons  scythiques,  pour  nous  servir  du  terme  sous 
lequel  les  Hellènes  les  onl  connues,  avalent  fondé,  au  sud 
de  la  Mésopotamie,  des  cités  florissantes  auxquelles  la  Bible 
fait  allusion  et  dont  nous  retrouvons  les  ruines.  Ces  vieux 


1.  Voir  Ja  Carie  ilu  monde  conuu  dus  aucieuË,  J'aprèâ  Uérodolc  {La  Gaule 
aoanl  tes  Gaulois,  2'  cdït.,  p.  162]. 

2.  Il  parait  de  plus  en  plus  probable  que  la  civilisatioo  lïgyptienue  est  fille 
de  la  civilifatJoD  chaldéenne.  Justiu  soutenait  déjà,  d'après  Trogue  Pompée, 
que  la  civilieetioD  scytbique  était  plua  aucienQC  que  la  civilisation  égyptienne. 


RÉSUMÉ  DE  LK   PREMIÈRE  PARTIE  221 

Touraniens  ne  possédaient  pas  seulement,  3,500  ans  au  moins 
avant  notre  ère,   récriture  cunéiforme*  que  les   Assyriens 
conservèrent  comme  écriture  sacrée,  mais  tout  un  système  re- 
ligieux composé  de  formules  etd*incantations  magiques,  gra- 
vées sur  des  briques  crues  dont  un  grand  nombre  sont  parve- 
nues jusqu'à  nous,  et  qui  ont  pu  être  déchiffrées.  Le  souvenir 
vague  mais  persistant  s'était  conservé  en  Orient*  de  lu  longue 
domination  des  Scythes  sur  TAsie  centrale.  «  On  rapporte, 
écrivait  Justin,  abréviateur  de  Trogue  Pompée,  que  Y  Asie  leur 
paya  tribut  pendant  quinze  cents  ans.  Elle  fut  affranchie  par 
Ninus^  roi  d Assyrie^,  »  Ajoutons  que  le  fond  de  la  population 
médique,  chez  laquelle  se  développa  Tinstitulion  des  mages, 
était  touraniennc.  Nous  pouvons  y  suivre,  a  pu  dire  Fr.  Lenor- 
mant,  le  développement  de  f  esprit  touranien,  y  saisir  les  princi- 
paitx  caractères  de  la  civilisation  touranienne  dont  les  briques 
sacrées  découvertes  en  Chaldée  donnent  en  partie  le  secret^.  » 
Nous  avons  vu  que  la  caractéristique  de  cette  antique  reli- 
gion était  la  croyance  aux  Esprits  dont  la  nature  entière  est 
remplie,  esprits  généralement  mal  disposés  pour  les  humains 
et  dont  il  faut  conjurer  les  maléfices  par  des  formules  et  des 
incantations*.  C'est,  au  fond,  le  chamanisme  de  nos  jours,  tel 
que  les  voyageurs  nous  le  montrent  encore  vivace  en  Mongo- 
lie, en  Tartarie  et  chez  les  Finnois.  Le  D' Laenrot  a  pu  recueil- 
lir une  série  nombreuse  de  chants  magiques  finnois*,  rappelant 
de  la  manière  la  plus  frappante  les  chants  magiques  et  vican- 
talions  des  Accads  touranieus,  traduits  par  François  Lenor- 


1.  Cf.  Maspero,  Histoire  ancienne  des  peuples  de  V Orient  (coll.  Hacbettn), 
t  vol.,  p.  570. 

2.  Nouvelle  preuve  de  la  sérieuse  attention  que  méritent  les  vieilles  légendes 
^ui,  sans  doute,  ont  besoin  d*être  expliquées,  mais  qui,  presque  toujours,  con- 
tieQoeut  un  grand  fond  de  vérité. 

3.  Justin,  édit.  Panckoucke,  liv.  Il,  3,  p.  42  :  Uis  igilur  Asia  per  mille 
quinquentos  annos  vecligalis  fuit.  Pendendi  Iribuli  finem  Ninus,  rer  Assyriorum, 
imposuit. 

4.  F.  Lenormant,  La  magie  chez  les  Chaidéens. 

5.  Dont  les  prêtres  avaient  le  dépôt.  11  y  avait  eu  en  Chaldée  une  classe 
sacerdotale,  de  toute  antiquité.  Les  mages  furent  leurs  successeurs. 

6.  D'  Laenrot,  Les  anciens  chants  magiques  du  peuple  finnois  (en  suédois}. 


LA  RELIGION  hes  gaulois 

manl.  Vous  vous  rappelez  que  les  Finnois  appartiennent  à  la 
famillt;  touranicnne.  Voilà  louL  un  vieux  monde  rcssuscilé  vi 
de  la  vraie  pré-liislolre. 

Or,  â  ce  groupe  tie  superalitioQs  dépoodanl  du  culte  chama- 
nique,  nous  ont  paru  se  rallach(!r  Dun  seulement  les  supersti- 
tions  relatives  à  la  vertu  des  minéraux,  à  l'astrologie,  auxexor- 
cismes,  mais  à  la  puissance  des  sacrifices  humains,  superstitions 
qui  régnaient  encore  en  Gaule  au  temps  de  César,  qui  rfegnent 
encore  et  sont  très  vivantes  dans  plusieurs  contrées  boréales, 
rious  vous  en  avons  cité  des  exemples  récents,  dont  l'un  psl  un 
drame  des  plus  émouvants.  Nous  inclinons  de  plus  on  plus  à 
croire  que  l'origine  de  la  pratique  des  sacrifices  humains 
rituels  doit  Pire  cherchée  chez  les  Touraniens  et  non  chez  les 
Sémites,  où  ils  nous  paraissent  s'èlre  conservés,  comme  chez 
les  Hollfenes  et  chez  les  Latins,  à  l'étal  de  survivances.  Nous 
avons  insisté  sur  les  motifs  de  notre  conviction. 

Quand,  du  fait  de  l'existence  de  monumenisanalogues, sinon 
identiques  (les  dolmens  troués,  les  cupules^  les  mahadéos  ou 
cercles  concentriques  à  fusées),  ainsi  que  de  la  superstition  re- 
lative aux  pierres  de  tonnerre  que  nous  retrouvons  s'échelon- 
nant  de  l'Irlande  aux  rive.s  du  Gange,  nous  rapprochons  cet 
autre  fait,  non  moins  remarquable,  la  succession  de  grandes 
invasions  scythiques,  tartares,  mongoliques,  commençant 
avec  les  Scythes  de  Justin  à  une  époque  préhistorique,  se  re- 
nouvelant historiquement,  après  bien  des  tentatives  ignorées 
au  VI»  siècle  de  notre  ère,  avec  Attila;  au  xn',  avec  Gingis- 
Klian;  au  siV,  avec  Timour  ou  Tamerlan,  nous  sommes 
obligé  de  reconnaîlre  la  possibilité  de  ces  immenses  déplace- 
ments, de  ces  conquêtes  lointaines,  conséquence  logique  de 
la  vie  nomade  des  tribus  scythiques  qui  portaient  ainsi  au 
loin  la  propagation  do  leur  langue  et  de  leur  culte.  Nous 
aurons  l'occasion  de  revenir  sur  celte  question.  Contenlons- 
iiotrs  d'établir  que,  tandis  que  la  Gaule,  de  l'aveu  de  Po- 
h  l>e,  qui  vivait  au  ii"  siècle  avant  notre  ère,  était  et  avait 
tmijoiifs  été  un  pays  fermé  [je  parle  de  la  Gaule  centrale)  aux 
iiilluences  méditerranéennes,  elle  était  toute  grande  ouverte. 


RÉSUMÉ  DE   LA   PREMIÈRE   PARTIE  223 

du  côté  du  nord  et  du  nord-est,  à  Tinvasion  des  tribus  toura- 
niennes  et  aux  influences  chamaniques.  Pour  reconstituer  par 
la  pensée  la  vie  sociale  des  tribus  mégalilhiqucs,  c'est  chez  les 
Finnois  et  les  autres  peuples  de  civilisation  touranienne  que 
nous  avons  dû  en  aller  chercher  les  éléments. 

Voilà  un  premier  fond  religieux  qui,  dans  une  certaine  me- 
sure, réagit  encore  sur  nous.  La  religion  des  Gaulois  serait  une 
énigme  indéchiilrable  si  nous  n'en  demandions  pas  la  solution 
à  ces  vérités.  Beaucoup  de  nos  superstitions  que  le  christia- 
nisme et  la  science  ont  eu  tant  de  peine  à  déraciner,  ont  cette 
antique  origine. 

A  Tâge  de  la  pierre  succède,  en  Gaule,  Tâge  des  métaux 
(bronze  et  fer).  De  nouvelles  influences  religieuses  très  puis- 
santes, bientôt  victorieuses,  les  influences  dites  aryennes, 
remplacent,  durant  cette  période,  les  influences  que  nous 
avons  qualifiées  de  scythiques.  Des  tribus  apparentées  aux 
Celtes,  cantonnées  dans  les  Balkans  et  sur  le  haut  Danube,  à 
une  époque  antérieure  au  x*  siècle,  passent  le  Rhin  en  petit 
nombre,  incessamment  suivies  par  des  tribus  de  même  race 
ou  du  moins  de  même  civilisation  dont  la  vallée  du  Pô  est 
bientôt  inondée  comme  la  vallée  du  Danube*.  La  civilisation 
de  ces  tribus  est  d'un  ordre  supérieur  à  celle  des  tribus  mé- 
galithiques qui,  bien  que  plus  nombreuses,  sont  celtiséesçds 
les  nouveaux  venus.  Les  tribus  primitives,  les  tribus  toura- 
niennes,   étaient   surtout   pastorales  ;   les   nouveaux  venus 
étaient,  en  majeure  partie,  agriculteurs.  Ils  nous  apportaient, 
avecle  rite  funéraire  de  l'incinération  (les  tribus  louraniennes 
inhumaient),  le  culte  du  feu  sacré  que  nous  retrouvons  chez 
tous  les  peuples  de  civilisation  aryenne.  Une  révolution  reli- 
gieuse aussi  profonde  est  l'indice  d'une  révolution  sociale 
importante. 

Jusqu'ici  nous  n'avions  eu  à  l'appui  de  nos  conjectures  que 
des  monuments  muets,  des  comparaisons  et  des  assimilations, 
toujours   contestables,  à  des  situations  sociales   analogues, 

l.  Voir  Les  Celles  dans  les  vallées  du  Danube  et  du  PO. 


L 


994  LA   ItEUC.ION   DES   GAULOIS 

des  vraisemblances,  des  survivances  lointaines  et  bien  e(^H 
cées.  comme  celles  qui  ont  trait  aux  pierres  de  foudre, 
culte  de  certains  niég;alilhes  et  aux  exorcismes.  Le  nouvE^^ 
culle  se  présenle  à  nous  avec  un  cortège  de  pratiques  ex  ^= 
rantes,  sans  doule,  mais  non  pas  mortes  encore  et  une  série 
monumenls  qui  ne  sont  plus  absolument  muets.  Nous  metlo^zr 
les  pieds   sur  le   domaine  de  l'hisloiro.  Nous  faisons  al^B 
sious,  ai-je  besoin  de  vous  le  rappeler,  aux  pratiques  relaliv-^ 
aux  cérémonies  solsliciales,  aux  petits  autels  pyrénéens       «■ 
autres  monuments  portant  des  signes  solaires  comme  lu  rouel  le 
ou  le  swaslika;  nous  les   retrouverons    sur  les   monnai<>« 
armoricaines.  Ces  pratiques,  ces  symboles  tradtlioiinels  son' 
d'autant  plus  intéressants       ir  aous  qu'ils  nous  transpnrieni 
ÎDConlestablemeul  bien  an  a       de  l'époque  où  le  dniidisme  a 
dû  prendre  possession  do  la  G-  ule.  Nous  avons  vu  les  pra- 
Uques  des  feux  de  la  Saint-Jean  faire  partie  des  cérémonies 
qui  se  reproduisaient  à  Rome  aux  anniversaires  de  la  fonda- 
tion de  la  Ville  étemelle  otl,  disait  la  légende,  elles  avaient  joué 
un  lôle.  Au  siècle  d'Auguste  on  n'en  connaissait  déjà  plus 
la  sens. 

Le»  symboles  de  la  roue  et  du  swastika  remontent,  de  leur 
côt6,  t'U  Asie-Mineure  et  dans  les  îles  de  la  Méditerranée,  à 
quinze  sifecles  au  minimum  avant  notre  ère.  Ils  ne  semblent  pas 
moia»  anciens  dans  l'indo.  Vax  (la'ilp.  aux  environs  du  vm»  siè- 
cle, ils  apparaissent  dans  les  stations  lacustres.  Les  plaques  de 
ceiulunin  des  nécropoles  de  la  forêt  de  Haguenau,des  tunaulus 
An  pourtour  d'Alaise'  (Doubs)  et  des  environs  de  Sigmarin- 
Kt'ii',  les  stiiliies  de  Vélaux,  la  pierre  Sauvaire',  les  petits  autels 
pyrénéens,  les  autels  des  cohortes  en  Grande-Bretagne  témoi- 
enciit  du  respect  dont  les  symboles  du  swastika  et  de  la  roue 
élaienl  restés  entourés  en  Gaule  pendant  plus  de  huit  siècles, 
llii  dernier  témoignage,  le  plus  éclatant,  de  la  valeur  mys- 
liiuiealtacliée  nu  swastika  est  le  fait  reconnu  par  l'Église  elle- 

1     Vuir  l.r'  lrllf-1  i'""s  /es  valli>es  du  Uanube  H  du  l'Ô,  p.  S'J  et  suîv. 

a.'  A.U  -mv,-  <hi  Ua.J„be. 

3    Viiil'  iilim  tiiiut,  p.  1!>-  et  plaucliË  IX. 


RÉSUMÉ  DB  LA  PHEMIÊRE  PARTIE  225 

mèmey  que  dès  le  m*  siècle,  les  chrétiens  se  le  sont  appro- 
prié. Même  phénomène  s*est  produit  pour  les  feux  de  la 
Saint-Jean  et  un  grand  nombre  de  cultes  locaux  où  les  saints 
OQt  pris  la  succession  des  divinités  païennes*.  Or  dos  impres- 
sions aussi  persistantes,  aussi  vivaces,  aussi  générales,  se- 
raient inexplicables,  si  elles  n'étaient  le  résultat  de  croyances 
ayant  longtemps  et  fortement  dominé  les  populations,  chez 
lesquelles  nous  en  retrouvons  les  traces  encore  chaudes  sous 
les  cendres  qui  les  recouvrent.  Le  caractère  de  généralité  et 
iLineffaçabilité  de  ces  croyances  autorise  une  autre  affirma- 
tien  :  la  persistance  dans  le  pays  des  groupes  de  tribus  pas- 
torales et  agricoles  qui  en  étaient  dépositaires. 

Ces  croyances,  ces  usages,  ces  pratiques,  les  druides  les 
ont  trouvées  établies,  enracinées  déjà  dans  le  cœur  des  popu- 
lations, lorsque  de  l'Angleterre  ou  de  Tlrlande  ils  sont  venus 
apporter  en  Gaule  les  bienfaits  de  leur  puissante  et  savante 
organisation.  Ils  les  ont  acceptées  et  dirigées  :  ils  ne  les  ont 
point  importées.  Elles  étaient  antérieures;  elles  se  retrouvent 
là  où  jamais  les  druides  n'ont  mis  le  pied. 

En  résumé,  le  fond  religieux  de  la  Gaule  est  dû  à  Tappoint 
de  deux  courants  distincts  bien  caractérisés  :  un  courant  scy- 
thique  ou  touranien,  d'origine  septentrionale,  pénétrant  chez 
des  populations  vraisemblablement  de  même  origine;  un 
courant  probablement  celtique,  très  postérieur,  d'origine  cau- 
casienne pour  en  indiquer  la  direction  et  le  point  de  départ 
prochain,  dépositaire  des  principaux  éléments  de  cette  civili- 
sation aryenne  destinée  par  sa  supériorité  à  Tempire  du 
monde.  Nos  vieilles  populations  étaient  déjà  pénétrées  de  cet 
^prit  nouveau  quand  les  druides  ont  fait  leur  apparition  en 
Gaule,  y  ont  installé  leurs  communautés'  et  se  sont  peu  à 

i*  (Tétait  la  doctriac  de  saiot  Augustio  (Epist.  XL  VII  ad  Public)  :  «  Quum 
tsœpla,  idola,  luci  io  honorem  Dei  coavertunturf  hoc  de  illis  fît  quod  de 
bomioibns  quuoi  ex  sacrilegis  et  impiis  in  veram  religioaem  coQvertuatur  »• 
Cf.  plos  haut,  p.  113,  !a  lettre  de  saint  Grégoire  le  Graad  au  sujet  de  la  con- 
version des  Anglais. 

2.  Je  me  sers  à  dessein  de  cette  expression  dont  nous  expliquerons  bientôt 
importance. 

15 


s  LA   IIELIGIÛN   DES   (iAULOISJ 

peu  reiitliis  niallresiie  la  vie  morale  du  pays,  qu'ils  ont  disci- 
pliné. 

La  Gaule  conséquemmeul  n'a  été  le  foyer,  le  cenlru  d'au- 
cune explosion  originale  et  spontanée  du  senliment  relîgieaK, 
bien  que  eu  sentiment  fùl  très  profond  chez  nos  populations  ' 
primitives,  nalio  est  omiiis  Gallonim  admodtim  dedita  reii' 
iji(mihus\  Elle  a  été,  si  je  puis  dire,  un  réceptacle  de  rayons 
VL>nus  d'ailleurs.  Elle  en  a  ressenti  la  chaleur,  -sans  en  péné- 
trer les  causes.  La  croyance  instinctive  à  une  vie  future,  corn- 
munc  à  toute  la  famille  hyperboréenne',  semble  avoir  constitué 
sa  seule  originalité  native.  Ll>  sentiment  religieux  est  inné 
dans  le  cœur  de  l'homme.  «  L'homme,  a  dit  Ouatrefages, 
avec  beaucoup  de  justesse,  est  un  animal  religieux  »;  c'est  un 
des  caractères  qui,  avec  le  langage  articulé,  le  distingue  des 
animaux;  mais  ce  sentiment  inné,  à  l'étal  vague,  n'est  pas  uue 
religion.  Pour  que  l'homme  ail  pu  mettre  à  profit  le  don  inné 
de  la  parole,  il  a  fallu  que,  pendant  la  période  mystérieuse 
d'enfantement  de  l'humanité,  le  langage  prit  une  forme  dé- 
finie, que  dans  des  espèces  de  laboratoires  humains,  les  divers 
types  de  langues  s'élaborassent,  pour  de  là  se  répandre  dans 
le  monde,  et  la  science  est  en  mesure  de  démontrer  que  ces 
laboratoires  n'ont  pas  été  nombreux.  Les  langues  n'ont  fait 
depuis  que  se  modifier,  aucun  type  nouveau  n'a  été  créé  de- 
puis les  temps  historiques.  A  bien  des  égards,  il  en  est  de 
même  des  symboles  religieux.  Les  idées  religieuses  pour  se 
transmi'tlri'  à  l'état  de  religion  ont  besoin,  comme  les  langues, 
de  revCtir  des  formes  définies.  Dès  la  plus  baule  antiquité, 
leur  langage  a  été  le  symbole.  La  création  des  principaux 
svmboles  est  contemporaine  de  lu  création  du  laugagc  et  de 
l'écriture.  Sous  ces  divers  rapports,  il  n'y  a  rien  eu  de  spon- 
tané en  Gaule.  Il  était  donc  naturel  d'aller  chercher  au  de- 
hors le  sens  original  de  ces  premières  créations,  pour  en 
mieux  déterminer  l'esprit,  (-omment  ces  premiers  germes 

I.  «Mr,  n.  11.,  VI,  16. 

i.  Non»  iiïoiLs  ru  ctl  iiifUiict  \ri^  pioiioDci'  ctic;;  les  Irihus  russes  d'origiae 


RÉSUMÉ  DE  LA  PREMIÈRE  PARTIE  227 

de  religion  se  soDt-ils  développés?  Sous  quelle  protection 
s'y  sont-ils  acclimatés  et  maintenus?  Les  tribus  sauvages 
livrées  à  elles-mêmes  sans  organisation  religieuse  ou  patri- 
arcale n'ont  point  cet  esprit  de  conservation.  Nous  avons 
conjecturé  que  ce  phénomène  de  survivance  était  dû  en  Gaule 
à  Texistence  de  familles  de  chamans  pour  la  période  tou- 
ranienne;  à  l'autorité  héréditaire  du  père  de  famille  ou  de 
chef  de  tribu  pour  la  période  aryenne,  c'est-à-dire  à  la  condi- 
tion sociale  primitive  des  deux  groupes. 

La  belle  étude  de  Fustel  de  Coulanges  sur  la  cité  antique 
et  le  système  patriarcal  des  premiers  Aryas,  les  études  si  in- 
téressantes que  les  historiens  et  voyageurs  des  pays  du  nord 
ODt  faites  sur  le  chamanisme^  mettent  ces  vérités  dans  tout 
leur  jour. 

A  un  certain  moment  les  druides  arrivent  en  Gaule,  y  éta- 
blissent leurs  congrégations,  s'imposent  aux  chefs  de  tribus 
par  la  supériorité  de  leur  savoir  et  la  force  de  leur  discipline. 
Sous  leur  influence,  les  populations  de  la  Gaule  se  transfor- 
ment et  s'acheminent  vers  une  certaine  unité  morale  et  reli- 
gieuse qui  leur  avait  manqué  jusque-là.  Le  chamanisme  dis- 
parait peu  à  peu  non  sans  laisser  des  traces,  et  la  Gaule  se 
préparait  à  être  une  Irlande'^  quand  la  conquête  galatique  vint 
arrêter  ce  développement  normal  et  jeter  chez  nos  ancêtres 
un  état  de  trouble  dont  ils  ne  se  relevèrent  jamais  complète- 
ment. 

C*est  ce  qu'il  nous  reste  à  exposer  durant  le  second  se- 
mestre. 

i.  Voir  Y  Annexe  B. 

2.  LlrldDde  celtique  et  druidique   avait  une  constitutioo  des  plus  savantes 
dont  nous  exposerons  le  mécanisme  dans  une  prochaine  leçon. 


i 


XVir  LEÇON 


LKS  SYMIiOl.KS  llKI.M;iKr\  SI  II  LKS  MONNAIKS  (;\l  U)ISF> 


A  linrortain  moment  apparaiMonl  «»n  llaiile  div«TK0ftlrar6» 
d'une  organi^aticm  Horialr  ilont  l<*  carartên*  révèle  un<*  iflê^ 
Hirortrict*.  Noiih  nnitii  propoiion^  il<*  iiiiivre  h  la  piiile  r«*4  trace» 
révélalriceH.  Noua  nonn  nrn]p<*r«»n!i  crahoni  «i<*H  monnaie»  à 
«ymbolen  relif^ieux. 

«•  .\lallii*ureiinemi*nl  pour  le  pro^n^HilenoA  lumières,  écrivait 
l'illuitlre  Lainarrk,  nouH  ftunimes  preH(|iie  loiijours  extrêmes 
ciann  noji  ju^enient^  ronime  ilan^^  uoh  arttonn  et  il  nn  nou«i  e«t 
que  trop  commun  (ioiiêrer  la  «lestrurtion  d'une  erreur  pour 
nouH  jeter  Aiiu%  une  erri*ur  opposée*.  » 

r«eft  rédexoliiA  peuvent  Happliquer  à  Tt^luiie  deA  M'mbole» 
reli|:ieux. 

L'école  allemande  de  OeuKer  vi»yail  de»  M'mholei  parttiut; 
rexa^^êratioii  du  ï^ynlenie  amena  une  réaction,  main  cette  ré- 
action n'.wt  elle  pan  ilépasné  le  but?  Nouh  ne  craii:nonft  pa« 
de  l'aflirmer  en  ce  qui  concerne  la  MUiholique  Ao%  niédailli*4 
^auloifte4,  d«int  UiOM  itomme^  amené  a  parler  aujourd'hui* 
comme  étant  len  premier^  monument*^  Hur  lesiquelu  noui^ 
eulreviivon-t  la  lrai*e  de  la  miin  di*s  druides. 

Voici  ce  que  nouA  lÎMinK  dans  la  Hevu^  numi%matiifit^. 
^nUA  la  niimature  de  l'un  île  no!i  numinmatoA  len  plu!i  aulo- 
ri^è»',  membre  de  l'Institut  : 

Ati/iur  riiui  i|ij«*  !••«  i-<»iiiiii««  ifi>*i*«  .l•'l|lll^•*4  |M*riii<*lt<*ril  (J«*  «p  rain*  uo^ 


LES   SYMBOLES   RELIGIEUX   SUR   LES   MONNAIES   GAULOISES      229 

ciée  exacte  des  aptitudes  des  Gaulois  à  s'assimiler  les  usages  du  milieu 
ans  lequel  ils  se  trouvaient  et  à  imiter  ce  qui  frappe  leurs  yeux,  on  ne 
«lurait  trop  étudier,  sur  leurs  monnaies»  toutes  les  modifications  appor- 
tes de  copies  à  copies  dans  les  types'.  Trop  longtemps  on  a  cherché  à  y 
réer  des  symboles  de  conceptions  scientiGques  ou  religieuses.  S*il  y  en 
^quelques  exemples,  c'est  encore  pour  moi  lettre  close.  Il  ne  faut  pas 
'perdre  de  vue  un  fait  :  c'est  que  nous  ignorons  presque  complètement  la 
x^ligion  des  Gaulois.  Renonçons  donc  à  deviner  des  mythes  et  des  rites 
liypothétîques  :  évitons  de  chercher  sur  les  monnaies  gauloises  des  faits 
dans  lesquels  rimagination  seule  prête  à  ceux  qui  les  ont  fabriqués  des 
idées  qu'ils  n  avaient  pas. 

L'auteur  de  cet  article  n'est  pas  seulennent  pi*udent  pour 
lui-même.  Il  est  sévère  pour  les  imprudents  qui  s'engagent 
dans  la  voie  de  l'interprélatien  des  symboles.  «  Cette  voie  ne 
mène  à  rien  quà  des  rêveries  historico-ethnographiques  ou  à 
des  écarts  d'imagination  ».  Cette  doctrine  serait  la  doctrine  du 
renoncement  ou  du  découragement*. 

Pour  comprendre  la  portée  de  ces  réflexions,  ce  qui  jusqu'à 
un  certain  point  les  excuse,  il  faut  se  rappeler  que  des  tenta- 
tives malheureuses  où  des  extravagances  étaient  mêlées  à  de 
judicieuses  observations  avaient  eu  quelque  succès  il  y  a  un 
quart  de  siècle.  M.  de  Barthélémy  n'y  a  vu  que  les  extrava- 
gances. Ces  tentatives,  si  l'on  sépare  l'ivraie  du  bon  grain,  sont 
loin  cependant  d'avoir  été  infructueuses.  Maudet  de  Penhouet, 
qui  le  premier  a  attiré  l'attention  sur  les  monnaies  du  type 


\,  n  faut  se  rappeler,  pour  bien  comprendre  cette  phrase,  l'opinion  géné- 
ralement acceptée  par  les  numismates,  que  les  monnaies  gauloises  sont  des 
imitations  ou  dégénérescences  des  monnaies  grecques  et  en  particulier  des 
monnaies  de  Philippe  II  de  Macédoine. 

2.  Ed.  Lambert,  en  1848,  combattait  déjà,  avec  beaucoup  de  raison,  cette 
espèce  de  scepticisme  qui  n'est  pas  nouveau  chez  les  numismates  :  «  Dire,  avec 
quelques-uns,  en  se  renfermant  dans  des  généralités  vagues  et  nébuleuses  qui 
De  conduisent  à  rieo,  que  le  monétaire  barbare,  en  copiant  les  types  des  mon- 
naies grecques  qu'il  avait  sons  les  yeux  et  dont  il  cherchait  à  s'inspirer,  ne 
comprenait  pas  même  les  objets  qu'il  représentait,  nous  semble  outrepasser 
de  beaucoup  les  bornes  de  la  vraisemblance  et  de  la  raison,  c  Habent  lamen 
et  facundiam  suam  magistrosque  sapienliae  druidas,  dit  Mêla  (liv.  III).  Vou- 
loir poser  en  principe  et  d'une  manière  absolue  que  les  Gaulois  ne  pouvaient 
faire  que  des  copies  serviles  et  incomprises,  cela  nous  parait  une  erreur  grave  » 
(Ed.  Lambert,  Réponse  à  la  dissertation  de  M,  A.  Devilie  sur  un  symbole  gau- 
lois (extrait  des  Mém,  de  la  Soc,  des  Antiquaires  de  Normandie^  t.  IV,  2«  série, 
p.  5  de  Textrait). 


armoricaiD',  y  signale  déjà  des  symboles  solaires,  et  îl  a  rai- 
son. Il  attire  l'allenlian  sur  la  coiiïure  uniformi?  des  lëles  «  dont 
les  cheveux  sont  bouclés  d'une  certaino  forme,  qui  rappellent 
les  rayons  qu'on  voit  à  plusieurs  lèLes  de  divinités,  â  celles 
d'ApoIloD  et  de  Milhra.  n  Et  il  n'a  pas  tout  à  fait  tort,  comme 
j'eapëre  le  démontrer  ^ 

En  1844,  VA.  Lambert,  conservateur  de  la  Bihliolhèque  de 
Bajeux,  publiait  sous  le  lilro  de  :  Essai  siéi-  la  numismatique 
gauloise  du  nord-ouest  de  ta  France,  163  p,,  12  pi.,  un  excel- 
lent mémoire'  oii  il  cherche  à  faire  ressortir  le  caractère  reli- 
gieux et  sacré  des  médailles  qui  devait  imprimer  le  respect  et  la 
confiance  de  /ouj,  caractère  qu'il  reconnaît  trës  marqué  sur  les 
médailles  celtiques.  «  Les  types  des  monnaies  gauloises  sont  gé- 
néralement symboliques  et  emblématiques  ».  Pénétré  de  ces 
idées.  Ed.  Lambert  s'attache  à  découvrir  sur  les  médailles 
qu'il  étudie  les  représentations  et  signes  divers  qui  peuvent 
avoir  le  caractère  du  symbole.  Il  signale  successivement  à 
l'attention  des  numismates  : 

1.  Le  cheval  androcéphale; 

2.  Le  carré  que  l'on  a  appelé  tablier  et  qu'il  appelle /)e;>/(/m; 

3.  Le  signe  S  [esse); 

4.  La  lêlc  de  Bélénus  avec  trois  grosses  mëches  tournées 
en  S; 

5.  La  lyre  couchée; 
C.  Le  sanglier; 

7.  Le  cordon  perlé; 

8.  Le  Pégase  el  l'hippogriffe; 

y.  Les  aslres  radieux,  l'œil,  la  hacbe,  symboles  solaires; 
10.  Le  cheval  libre  courant,  devant  lequel  est  un  astre  aux 
rayons  flamboyants; 

i.  Archéologie  armoricaine,  3"  livraison  :  Médailles  ntlribuéet  aun  Armori- 
cains avant  la  couqutte  du  pays  par  les  Romains.  Présomptions  qu'elles  rap- 
pellent le  culte  de  Bel  (Belenus). 

2,  En  1838.  le  baron  de  Donop  croyait  de  mCme  voir,  dans  lea  lete.i  de  mon- 
iiaicB  du  nifime  type  découvertes  à  Jersey,  des  représentations  deVischaouet  de 
Krishna.  Les  médailles  gallo -italiques,  description  de  la  livuvaille  de  Vilt  dt 
Jersey,  par  le  baron  de  Donop,  Hanovre,  ISSii. 

n.  Complétai  en  1864,  139  p.,  19  p!. 


LES  SYMBOLES   RELIGIEUX  SUR   LES  MONNAIES  GAULOISES      231 

11.  Le  cercle  perlé  et  centré  ; 

12.  La  roue  à  quatre  rayons.  Le  croissant; 

13.  Le  bœuf  à  tèle  levée  vers  le  ciel  ; 

14.  La  croix. 

Il  est  difficile  en  effet  de  ne  pas  reconnaître  à  ces  divers 
signes  et  représentations  le  caractère  de  symbole.  Ceux-là 
même  qui  croient  oiseux  de  leur  chercher  une  signification  et 
soutiennent  que  les  monétaires  gaulois  eux-mêmes  en  igno- 
raient la  valeur  ne  leur  refusent  pas  ce  caractère^  symboles 
dont  le  sens,  il  est  vrai,  aurait  été  déjà  perdu  quand  on  les 
gravait  sur  les  monnaies.  Il  est,  ce  semble,  d'autant  plus 
intéressant  d'en  déterminer  l'origine. 

Ed.  Lambert  a  la  foi  plus  robuste  ;  il  ne  désespère  pas  de 
pénétrer  le  sens  de  quelques-unes  de  ces  énigmes^,  il  s'attaque 
d'abord  au  cercle^  à  la  roue^  à  la  croix \  au  croissant-,  aux  astres 
radieux  et  au  symbole  de  ^5*.  Il  démontre  que  tous  ces  signes 
sont  des  signes  solaires  presque  universels.  La  Saussaye  '  avait 
déjà  dit  que  «  la  roue  pourrait  être  une  sorte  de  signe  abrégé 
du  char  d'Apollon  ».  Ed.  Lambert  est  plus  affirmatif  et  nous 
avons  vu*  que  le  caractère  solaire  de  la  roue  est,  en  effet,  in- 
contestable. On  a  le  droit  de  s'étonner  qu'on  ait  été  si  long- 
temps à  le  reconnaître,  ctqu'aux  yeux  de  quelques  numismates 
la  question  semble  encore  douteuse. 

La  valeur  du  cercle  et  du  cercle  pointé  n'est  pas  plus  con- 
testable. On  nous  accordera  également  que  le  croissant  est  la 


1-  Ed.  Lambert  parle  d'aiUeurB  avec  la  plus  grande  modestie  des  efforts 
^IqH  a  faits  pour  leyer  uq  coin  du  voile  qui  cache  ces  mystères.  Il  semble 
s'en  excuser  dans  sa  réponse  à  M.  A.  Deville  (op,  laud,^  p.  2)  :  «  Quelles  que 
soient,  écrit-il,  les  difficultés  que  Toq  rencontre,  en  parcourant  une  route 
ardue  et  hérissée  d'obstacles,  u'est-il  pas  convenable  que  les  hommes  dévoués 
au  culte  des  antiquités  nationales  essaient,  s'il  est  possible,  de  rendre  raison 
de  ces  symboles  muets  qui  sont  imprimés  sur  les  espèces  monétaires  de  la 
Gaule?  C'est  en  provoquant  l'examen  des  hommes  éclairés  qui  peuvent  y 
prendre  part,  que  l'on  parviendra,  il  faut  du  moins  Tespérer,  à  faire  quelques 
pas  vers  le  progrès.  »  Cela  ne  vaut-il  pas  mieux  que  la  désespérance  de  l'École 
qui  domine  aujourd'hui. 

2.  Op.  laud.i  p.  58. 

3.  Numism.  de  la  Sarhonnaise^  p.  06 
^-  Cf.  plus  haut,  p.  I80. 


L 


représentation  de  la  lune.  Le  cercle  à  rayons  el  l'aslre  radieux 
placés  sur  plusieurs  médailles  eu  dessus  de  l'Iiippogiiire  et  du 
griffon",  nous  disent  assez  clairemenl  leur  valeur.  Ces  sym- 
boles app»rlienneul  au  langage  commun  de  la  symbolique 
gëni^rale.  On  pourrait  croire,  il  est  vrai,  qu'ils  sont  sur  nos  mé- 
dHillet  une  imitation  de  monnaies  grecques,  II  n'en  est  pas 
de  mî'mo  de  TS  que  Lambert  déclare  être  «  une  des  manifes- 
tations solaires  les  plus  anciennes  de  la  numismatique  gau- 
loise. » 

Ce  symboli!  parut  de  Itt»  bonne  lii.'ure  et  se  mamliat  pendant  toute 
la  durée  du  monnayaffe  gaulois.  On  peut  le  remarquer  dès  la  pre- 
miËre  période*,  soll  au  dessus  du  sanglier,  soi!  comme  accessoire  d'en* 
tourage  à  la  tâte  du  droit,  soit  à  la  partie  supérieure  du  revers  où  il  y 
a  un  animal  dévoranl  un  monstre  ou  serpent,  soil  accompagnant  de 
cliaque  cûl£  la  face  du  Laureau  sacre,  soil  qu'il  se  préspnte  au  nombre 
mystérieux  de  trois,  tournoyant  avec  des  ;;lol)u]es  autour  d'un  cfrc(e 
centra'.  Dana  la  première  classe  de  la  seconde  période,  VS  parait  se  con- 
fondre asiti  généralement  dans  les  contours  ûndoyanU  de  la  chevelure  de 
la  tflc  du  droit;  cependant  on  le  trouve  aussi  isolé  sur  quelques  espèces*. 
Il  est  probable  que  c'est  encore  lui  que  nous  retrouvons  dans  l'agence- 
ment triparLltc  des  cheveux  de  la  tète  de  Belenus  et  dans  l'entourage 
perlé  d'une  partie  des  monnaies  armoricaines  de  la  troisième  classe. 
Nous  le  voyons  mflme  sur  une  petite  monnaie  d'or  occuper  la  place  du  con- 
ducteur dirigeant,  au  dessus  du  coursier, 

Ces  observations  font  le  plus  grand  honneur  au  coup  d'ϔl 
et  à  la  sagacité  de  Lambert.  11  ne  comprit  cependant  pas  im- 
médiatement la  valeur  du  symbole*.  Il  fallut  que  des  monu- 
mi'nts  d'un  autre  ordre  lui  ouvrissent  les  yeux.  II  rectifia  ses 


),  Kii.  Lambert,  ap.  laiid.,  p.  61,  pi.  VI,  u°»  IS  el  i'i. 

2.  Lpimlierl  divise  le  mouuayage  gaulois  en  troi«  période?  distincte!!. 

:i.  E.I.  Lambert,  -/j.  laud.,  p.  61,  pi.  I.  W'  7,  13,  18,  2*,  21. 

4.  Id..  pi.  Il,  a"-  12,  2a.  28. 

:,.  Dau»  ci;  premier  travail,  Lambert  faisait  les  conjecturas  suivantes,  peu 
nalisfaifautes  assurémenl,  el  qui  looutrcnt  qu'il  ue  faut  pas  juger  des  faits 
iiliKiTvéH  pnr  les  couclusious  qu'où  eu  tire,  il  disait  :  w  En  eiaminaut  la  forme 
ilir  quelques  ligures  de  ce  geure,  nous  avous  cru  recouuadrB  que  ce  symbole 
niirnit  étË  compose,  daus  l'origlue,  de  deux  croissBOts  opposés,  superposi^s  et 
ri'Uiii»  i>ar  l'un  des  poiuls  extrêmes;  ce  pourrait  £tre  alors  une  maoière 
ilVxnriiiKT  ta  cnursc  cl  la  révolution  de  l'aslre  qui  préside  aux  nuits.  .Si  oit 
aillait  lui  'loitner  une   valeur  phonétique,  on  pourrait  sigapoaer  qu'il  serait 

uHiiili!  <!<■  mil,  snot.  naul.  7111  parait  «voir  été  U  nom  du  soleil  rhei  les  Celtes.  « 


LES  SYMBOLES  RBLIGIRUX  SUR   LES  MONNAIES    GAULOISES      233 

idées  dans  la  seconde  partie  de  son  Essai  de  numismatique  '  qui 
parut  seulement  en  1864,  vingt  ans  après  la  première.  Reve- 
nant sur  le  symbole  de  la  roue,  des  anneaux  et  des  rouelles, 
il  y  reconnaît  que  ÏS  est  le  symbole  des  traits  lancés  par  le 
dieu  du  tonnerre. 

Nous  reproduisons,  à  la  Onde  ce  travail,  une  figurine  de  bronze  trouvée 
en  1772  sur  la  montagne  du  Ghâtelel  entre  Sainl-Dizier  et  Joinville*, 
représentant  JupUer^Taranus  des  Gaulois,  armé  de  la  foudre  s'appuyant 
sur  une  roue  à  six  rayons  et  portant  en  bandoulière,  autour  du  corps, 
oeuf  symboles  de  PS  enfilés  dans  un  anneau  mobile  :  ce  n'est  donc  pas 
seulement  Apollon  ou  le  Soleil  qui  porte  la  roue,  signe  de  la  marche  du 
grand  astre  de  Cunivers,  c'est  ici  un  autre  aspect  que  nous  ne  nous  char- 
geons pas  d'expliquer  autrement,  mais  qui  existe  et  qu'il  est  utile  de 
constater.  La  même  remarque  doit  être  faite  à  l'occasion  du  groupe  du 
symbole  de  l'S  qui  se  trouve  également  sur  les  monnaies  de  la  Gaule 
depuis  les  temps  les  plus  reculés  jusqu'aux  derniers  moments  de  l'indé- 
pendance gauloise. 

Lambert  s*est  ainsi  rectifié  lui-même. 

Nous  n'insistons  pas  sur  les  autres  symboles  signalés  par 
Lambert.  Nous  les  retrouverons  tous  mentionnés  par  ses  imi- 
tateurs. 

Duchalais,  ce  lucide  et  sage  esprit,  donnait  en  1846  un  re- 
levé à  peu  près  complet  des  signes  pouvant  avoir  un  carac- 
tère symbolique  gravés  sur  les  monnaies  gauloises  en  un 
tableau  placé  à  la  fin  de  sa  description  des  médailles  de  la  Bi- 
bliothèque royale'.  -^  Il  n'abordait  alors  aucune  explication, 
mais  à  la  fin  de  sa  trop  courte  existence,  en  1853,  nous  le 
voyons  confiant  à  son  ami  A.  Fillioux  le  projet  d*un  travail, 
«  qui  sera  quelque  chose  de  tout  nouveau  qui  lui  attirera  de 
grandes  critiques,  qui  lui  aurait  valu  un  brevet  de  calotte  au 


i.  Essai  sur  la  numismatique  du  nord-ouest  de  la  France  (seconde  partie  : 
extrait  des  Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Normandie^  1864). 

2.  Cette  flguriue,  autrefois  au  Louvre,  est  maintenaDt  au  Musée  de  Saiut- 
Germain.  Cf.  Sal.  Reinachf  Catalogue  illustré^  t.  II,  Bronzes  figurés,  p.  33. 
La  découverte  aurait  été  faite  eu  1114,  d'après  M.  S.  Reinacb. 

3.  Description  des  médailles  gauloises  faisant  partie  des  collections  de  la 
Bibliothèque  royale  accompagnées  de  notes  explicatives,  par  Adolphe  Duchalais, 
Pari?,  1846. 


iAjAii^4Ët^2Lj* 


\ 


..mier  on  qui  ouorira  à  la  science  une  voie  nouvelle,  si 
j      rencontré  juste  »  '. 

Voici  mon  syslèrae.  L'imiliilioii  des  monnaies  grecques  cl  romaines  par 
les  Gaulois  &  élâ  d'abord  eotrepriso  dans  un  but  puremcnl  commercial  : 
plus  tard  elle  est  devenue  intelligente  et  nos  ancèlres  onl  alors  empruoLé 
à  îles  peuples  plus  civilisés  la  manière  d'exprimer  leurs  idées  religieuse*, 
toul  en  (conservant  leur  propre  individualité',  h  n'entrerai  pas  dans  plus 
de  diUitils,  ce  serait  Irop  long;  un  exemple  cependant,  â  propos  de  Vercin- 
l^otoriii  :  l'Apollon  du  droit  c'est  Beleuus,  le  eheval  du  revers,  l'emblèiDe 
de  la  course  du  soleil.  Soi  irtviclut  ;  l'aK.comnifi  l'a  dit  M.  Lambert,  le  signe 
du  cours  des  astrea;  le  vase,ennn  un  uthlon  ou  prix  de  la  course,  dont  parle 
le  ïieuï  et  obscur  Piudare,  Tout  k  reste  est  dans  le  même  goùl'. 

Duchalais  était  dans  la  bonne  voie  et  sa  morl  a  été  pour  la 
numismatique  uniî  perte  irrépa-able,  d'autant  plus  que  les 
cxag:éralions  de  Fillioux,  son  ami,  qui  abondait  dans  ic  même 
sons,  mais  qui  n'avait  ni  sa  sagacité,  ni  sa  lucidité  d'esprit,  ont 
compromis  peut-être  pour  longtemps  la  doctrine  dont  Lam- 
bert et  Duchalais  avaient  été  les  initiateurs. 

Ce  n'est  pas  que  A.  Fillioux  n'ait  rendu  quelques  services. 
Son  énumération  des  signes  solaires  est  plus  complète  que 
les  énuméralions  précédentes,  il  en  marque  mieux  le  carac- 
tère; mais  grisé  et  comme  hypnotisé  par  la  contemplation 
constante  de  ces  signes,  égart'  par  la  lecture  des  Aslronomica 
de  Maniliiis,  s'appuyant  sur  la  phrase  si  souvent  citée  de 
César,  Il  une  foule  de  questions  sur  les  astres  et  leurs  tnouve- 
ments,  sur  (a  (/rondeur  de  la  terre,  sur  les  lois  de  la  nature, 
sur  l'action  et  la  ptcissance  des  dieux  immortels,  font  par- 
tie de  leurs  doctrines^  et  de  l'enseignement  qu'Us  donnent  à  la 
Jeunesse  »,  Fillioux  crut,  dans  son  enthousiasme  de  néophyte, 
pouvoir  retrouver  sur  les  monnaies  gauloises  toute  la  doctrine 
astronomique  des  druides  : 
Pour  uous  résumer  au  sujet  de  l'inlerprétation  qu'il  convient  de  don- 

1.  A.  Filliuux,  Nouvel  essai  d' interpréta  lion  el  de  c/asuification  des  monnaka 
Jt  la   Oau/e,  1867,  p.  13. 

2.  DuchalaU  eutre  ici  tout  à  fait  daus  les  idiïes  d'Ed.  Lambert. 

3.  Cette  leUre  esl  diitte  du  2i  avril  1853. 

i.  Ladoctriue  de*  druide*,  César.  B,  0.,  VI,  M  -.i  mutla praelerea  de  siderîbus 
atque  eorum  molli,  de  miinili  ae  terraram  magnitudinr,  de  rerum  nalura,  de 
deori'in  immiiiliiliumvi  ac  poteslale dispiilani  \<irM.ie\el  Jiiventiili  Iradanl,  ■ 


LES  SYMBOLES  RELIGIEUX  SUR  LES  MONNAIES  GAULOISES      235 

ner  au  signe  ««o,  écrit  il  (p.  77),  nous  dirons  que  c'est  un  symbole  astrono- 
mique caractérisant  d'une  manière  spéciale  la  marche  du  soleil  suivant 
U  ligne  tortueuse  de  Técliptique  ;  qu'il  peut  aussi  représenter  le  cours 
des  autres  astres:  qu'il  apparaît  avec  constance  sur  les  monnaies  de  la 
Gaule  comme  emblème  de  l'astrologie  divinatrice  et  y  figure,  au  même 
litre  que  le  litutu  ou  bâton  augurai  sur  les  monnaies  de  la  République 
romaine.  D'après  une  série  d'observations,  Vun  de  forme  allongée  (voilà 
les  rêveries  qui  commencent)  désignerait  la  série  des  six  signes  méri- 
dioDaux  depuis  le  Bélier  jusqu'au  Scorpion  parce  que  le  soleil  met  plus  de 
(emps  à  les  parcourir  que  les  six  septentrionaux.  Il  s'ensuivrait  que  nos 
astrologues  gaulois  savaient  que  les  saisons  du  printemps  et  de  Tété  ont 
p/ns  de  durée  que  celles  de  l'automne  et  de  l'hiver.  La  différence  est  en 
réalité  d'environ  six  jours.  La  position  verticale  de  l'S  trouve  son  expli- 
cation si  on  l'applique  aux  deux  périodes  de  signes  soit  ascendants  soit 
descendants;  les  premiers  sont  ceux  que  le  soleil  parcourt  en  s'élevant  et 
se  rapprochant  de  plus  en  plus  de  son  zénith,  lis  sont  au  nombre  de  six. 
Les  descendants  sont  composés  de  six  autres  signes  qui  ramènent  le  soleil 
à.  son  point  de  départ. 

B  ne  s'agit  plus,  comme  on  le  voit,  de  symbolisme  y  mais 
d'une  espèce  de  langue  hiéroglyphique  dont  M.  A.  Fillioux 
aurait  seul  le  secret.  On  comprend  qtre  les  esprits  plus  pon- 
dérés aient  été  effrayés  de  ces  écarts  de  jugement  et  entraînés 
à  en  condamner  le  principe.  —  Mais  il  y  eut  là  une  vue  su- 
perflciellc  de  la  situation  et  l'oubli  volontaire  des  faits  qui 
avaient  si  vivement  frappé  Duchalais,  après  Lambert,  pour 
revenir  à  l'explication  des  dégénérescences,  qui  n*est  qu'un 
jeu  d'esprit  stérile,  sans  portée  générale,  dont  le  seul  résultat 
serait  d'éloigner  les  chercheurs  du  sentier  qui  peut  les  con- 
duire à  la  lumière. 

Les  divers  symboles  relevés  sur  les  médailles  par  Lambert, 

Duchalais  et  Fillioux,  ne  sont  pas  les   seuls  qui  méritent 

d'attirer  notre  attention.  Eugène  Huchre,  dont  l'esprit  flotte 

i  ri  certain  entre  les  deux  systèmes  * ,  en  signale  plusieurs  autres, 

^**JU  surtout,  dont  nous  avons  eu  déjà  à  nous  occuper  longue- 

'^^^em,  le  swaslika. 

^-  E.  Hucher,  Vari  gaulois  ou  les  Gaulois  d'après  leurs  médailles.  En  1874^ 
~    '^>  p.  5,  E.  Hucber  méconnaissait  CDCore  le   caractère  solaire  de  TS  :  u  II 

^^^^^  semble  complètement  impossible  de  lui  supposer  une  valeur  symbolique 
^f**>we  V avait  fait  M.  Lambert  qui  le  premier  a  ouvert  la  voie  à  une  recherche 

,      ^^•^ife,  suivant  nous  ».  Ce  sera,  au  contraire,  un  des  titres  d'homieur  de  Lam- 


Nous  avons  montré  l'ancienneté  et  le  cosmopolitisme  de  ce 
signe.  Or,  il  apparaît  sur  nos  monnaies  dans  des  condïtions  i 
spéciales  particulièrement  l'L'marquiibles,  qui  l'associent,  ainsi 
que  l'a  très  bien  vu,  un  peu  tardivement,  il  est  vrai,  Eug.  Bû- 
cher, aussi  intimement  que  possible,  à  la  tète  d'Apollon  Bele- 
nus,  sur  les  plus  beaux  types  du  groupe  armoricain.  Non 
seulement  le  swastika  esl  gravé  an  revers  des  médailles  repré- 
sentées par  E.Hucher,  l.  II,  p.  105,  106 et  134,  sous  les  n"  168, 
169,  170,  218,  et  sur  quelques  autres  que  me  signalait,  il  y  a 
dix  ans  déjà,  l'un  des  membres  de  la  Société  des  Antiquaires, 
M.Mase-Werlj',  mais  sur  le  droit,  derrière  la  tête  du  dieu  So- 
leil, on  plutôt  sur  sa  nuque  remplaçant  une  mèche  de  cheveux, 
mieux  encore,  sous  la  forme  d'une  tresse  de  cheveux  qui  tan- 
tôt e&tlriskéie',  laatàllétraskèle  {comme  l'appelle  E.  Hucher 
qui  ne  connaît  pas  le  swastika)  '.  Et  ce  zélé  numismate,  qui  tout 
à  l'heure  fp.  5)  faisait  un  reproche  k  Lambert  de  son  symbo- 
lisme, poussé  par  un  heureux  instinct  d'observateur,  écrit 
ces  lignes  prophétiques  :  <^  Il  y  a  là  un  fait  persistant  fort  rc 
inarqiiable  </ui  ouvre  la  voie  à  des  investigations  nouvelles.  » 

La  direction  des  branches  du  triskèle  et  du  tétraskéle  tou- 
jours tournées  à  droite  avait  également  attiré  l'attention 
d'Eugène  Flucher.  Or  n'cst-il  pas  étonnant  (mes  auditeurs 
en  seront  moins  étonnés,  je  l'espère,  qu'ils  ne  l'eussent  été 
au  début  de  ce  cours)  que  l'un  des  caractères  du  symbole 
brahmanique,  jaïna  et  buddhique,  le  swastika,  soit  aussi 
d'être  tourné  à  droite.  Le  swastika  tourné  à  gauche  appar- 
tient à  une  secte  ditrérente,  «  Ainsi  que  le  Purusha  [tin  des 
génies  qui  entourent  Brakmu],  écrit  M,  Emile  Senart,  tourne 
toujours  ses  pieds  vers  la  droite  comme  le  soleil;  ainsi  fait  le 
swastika  de  Vischnoii- Krishna''.  C'est  vers  la  droite  aussi  que 


..  I.cltre  di 

]  9  déceciibrc  iUi,  dépusèi 

:  ii  lu  bibt 

iotlièqu 

e  du  Musée  des  anti- 

quitta  iiatioDi 

i\fi. 

!.  Svmhoii; 

iohÎTe  h 

D  CD  ut  es  table. 

1.  â.  E.   H 

jcher.  L, 

•irV'jautoi,,  t.  11. 

I1K-M2, 

,  U,I5, 

16et  1 

7,  où  le  swas- 

tik 

1  osl  acciKi 

.lé  d'im 

ou  de  deux   S,  et 

l.    1,    pi. 

IV.  □" 

1   et  2 

,  pi.  XI,  n»  1, 

pi. 

LWIll.  ii< 

■2;C.i,° 

3;  Cl,  11»  13. 

i.  tlui.  Seu 

urt,  i:s^ii 

i  sur  lu  /■■gendt  di 

■1  lluddha 

',  P-  ifl 

cl  193. 

Le  baron  de 

LES  SYMBOLES   RELIGIEUX  SUR  LES   MONNAIES   GAULOISES      237 

«  tournent  les  brins  de  f  herbe  sainte,  le  kuça,  cueillis  par  le 
toupeur  d'herbe  swastika  {le  nom  est  significatif)  de  même 
qut  les  poils  qui  forment  le  signe  sacré  sur  la  poitrine  de  Visch- 
mu  ou  de  Krishna  \  » 

Un  autre  rapprochement  est  encore  plus  significatif.  —  De 
même  que  sur  les  statëres  d'or  armoricains  au  type  solaire, 
Taménagement  des  tresses  de  cheveux  sur  le  front,  sur  la 
nnque,  sur  le  crâne,  fait  qui  a  si  vivement  frappé  E.  Hucher ', 
eslnon  seulement  voulu^  mais  par  sa  constance  sur  des  mon- 
naies de  fabrication  de  poids  et  de  provenance  très  divers, 
est  évidemment  rituel,  de  même  l'arrangement  des  che- 
veux du  Buddha  sur  son  front  avait  une  valeur  mystique 
considérable  •  :  «  Du  cercle  de  poils  laineux  blancs  comme 
la  neige  ou  fargent  placés  sur  le  front  du  Buddha  s'échap- 
pent  les  rayons  miraculeux  qui  vont  éclairer  le  monde  à  de 

'  prodigieuses  distances.  »  —  Les  dévots  de  l'Inde  se  repré- 
sentaient les  signes  sacrés  comme  formés  par  des  cheveux  ou 
des  poils  des  dieux.  «  Le  svastika,  le  nandgâvarta,  le  vardha- 
mdna  que  JCon  se  représentait  comme  formés  par  des  cheveux 
ou  des  poils  ne  sont  que  des  expressions  différencielles  d'un 
fnéme  symbole^,  » 

Ce  sont  de  même,  ainsi  que  nous  Tavons  déjà  rappelé,  des 
poils  blancs  tournés  vers  la  droite  qui  forment  sur  la  poitrine 
de  Vischnou  le  crîvata,  comme  le  swastika  sur  la  poitrine  du 
Buddha. 

Ouvrez  L'art  gaulois^,  jetez  un  coup  d'œil  sur  les  planches, 
^Ous  y  verrez  une  mèche  de  cheveux  tombant  sur  le  front  du 

^ieu,  paraissant  parfois  en  sortir,  associée  sur  ces  médailles 

^^nop  était  donc  assez  excusable  d'évoquer  le  souvenir  de  Krishna,  à  propos 
^^s  monnaies  du  type  armoricain  de  Jersey. 

i.  Senart,  op,  laud.,  p.  128. 

S.  Eug.  Hucher,  op,  laud.,  t.  II,  p.  1-5.  —  Le  baron  de  Donop  avait  fait  cette 
'^^  marque  eo  1838,  avant  Hucher. 

3.  Km.  Senart,  op.  laud.^  p.  228,  et  Eug.  Burnour,  Lotus  de  la  Bonne  Loi^ 
^^  563. 

4.  Senart,  op.  laud.,  p.  129. 

5.  E.  Hucher,  L'art  gaulois,  t.  1,  pi.  1,  4,  9,  11,  15,  17,  42,  45,51,  65,  68,  81, 
^o,  91,  96,  97  et  100. 


2:iS  LA  hi:liuiun  dcis  i.Ai:Lt»is 

laritùtaii  /risAV7/*,lanlôt  h  TS,  lantiM  à  Yhippocaiupf,  tantAt  au 

«lisi|iK*  S(>lairo,r'i*sl-à-ilirti  à  lapluparl  «IfShymlioles  MilairrA*. 

Kitln*   l<*H   syiiihules  si>laire5  (1rs   miles  (i«*   Vischiiou,  de 

Krishna.  (I«*  liraliina.  ilii  Hii'lillia  i*l  l«*s  syinlinlos  dt*  iiirin<» 

m 

t*ai-.'ii't«*rr  gravés  sur  les  iiiétlaillrs  ^aiilnisfs  île  la  srri*^  ariinf 
ricaiiK*,  un  ra|»]in)rlM'in4Mit  s'iin{ii»sf  lioiir '.  Ji*  in«*  ser<»  lir  c«* 
lutil rfipprorhf'iut'fti  {xiiir  Itii-ii  iit(ii(|iim{u'il  m*  sa^il pas.  à  iio^ 
yi'iix,  (l*iifH*  transmission  dinn'lt*  rnlrainanl  rhypotli«*si>  li  une 
('•iliinis.àlion  ili*  rArnitiriqnr  ]i.'ir  tli*s  liuilillii^li-s.  a  l'iinilaluin 
(le  riMi\  qui  y  ont  ivvr  iin«*  rolonisaiiun  phénii'iirnni*  '.  .\lai<y 
a-t-il  (Ml  lransniis<«iiiii  iliriTlc  liu  sanscrîl  au  C(*lti(]ue*  •*!  le 
iapprocli(Mni*nt  fait  |)ar  lt**«  lini;uish>s  i»nli*(*  1rs  «Irux  laiiiru**» 
«■Il  l*^l-il  nMins  If^'itinii*?  I)«*  nit'Mn«*  i|n'il  y  a  un  lançai:**  itit 
inii<i-('uriip«'i*n *.  tlunl  inms  ii:iii»rMns  U;  rmiif  di-  fiiMjia'.inn. 
mais  ^\nu{  la  parmi i*  i  .si  inrontcslaidi-  tians  Irs  tlilît-rml*** 
(*i)ntr«'*f<i .  iMi  «•!*  pailf  un  do  diaji'cics  tit*  i'i*Ue  famiili*  di* 
lanu'urs,  di'  m«**mf  il  y  a,  a  ni»*^  y«'U\.  nnu  ^ifmhnli/9ir  hr^uiffu^ 
primiUM*dtifil|tM*i*nlri*iri*\pnnsii»np<Mit  rtriT^aliMiimt  nii^rur. 
mai'*  d'iut  le  ray'innt'Mif  nt  a  prt*M|U«*  la  nirnii*  l'-lmdui*  d  d«inl 
l.i  Uan^misMiui  dan'*  !••  niDiidf  di)il  t'*lri' dut*  a  ilf^  rau^f^  ana 
l:»;:ui's'.  Non*»  axiiiis  ilcj  I  vu  un  |iari'il  pliriiomm*-  <»i*  proiluirr 
il  ri*|iiii|Mi'  ni«'.'alitliii|ui*.  ^iius  l.-i  ilmnin.iliiui  tIfs  inîIm-nrrA 
ittUf anit-nui'N  i«'t'\i<iimi't*  d<*  nii'nhir**,  dt*  d<dini'n<».  ilf  «-•■tti- 
foruH*  par.  il  ulit*ii-r[  si^^nilirativf  dils  r/>«///jr/i« /r'ii/r\,  ri'K«'d*'« 
s\ml»()Ii'^  I  Mr.'ii  It'i  i**«'s  par  I'"»  *  iipu/t\  ri  |»"%»rri/r%  «i  /i.'vV%, 
la  lîiix.ini'i'  pii-<»i|iif  uni  vn  si-ljf  ,i  |;i  vrrlu  ilfs  pii*rri'<»  «!••  liin- 
ni'fii'  iint  t'ii*  |i<iur  hin;**  un  picninT  a\t'r!i^sfnii*nt  i|ii  a  aui  uni 
rpiH|iii,  i|Mi'lt|Ui-  ti-iui''*'  i|u'fllt'   H.iii,   il  n'\    a  «mi   i<«idi  ni-'Ul 

'     -  .r   :  I    !■       !  1  ■  ■     :•  ;.-.     ■    .*.  .    .      i.  ..      .-    j:,  |.     .j     t.|   |     ||   .|,    /      i       , 

iri-    '     j'-     :•    ;«    J.  •    -■  'iJ-  •    •■■:  l.r    ■!•■  !  i   J-.-j*-:,.       ij    ;i.  .j .  .!••-   |.    .!•   ■.  m/     ,?  ..• 

r.  j.r    -•  !.:■  •  \.     .t   it  •  r  \\  ■ii*    I'jriii:ii  -ix.    .  ij-rt  •    i.:j-    ir4  liti  i.i  «i  ii   »r  tr\r   uic 
•    .         Il 

."     #*■  ;       .'  "  11»   Il    1*'.  ,  !:•  r   l*  «  •  %•  iii}il-  >. 
.   '       !.!.'.  :■!■     .•    I'-  ..;.  •  1-  I     !•     '  '  ■  ■    ,  r    ;■  "t  .1  I.  .j.fir     1  HJ4  ,  •*  f  !■        .i.r 

I     J'      r  ■  ■     ■       !■  tii   |ii..  .'•  •  il-;  II.    .   .;•■  1.1  I  II  iiiir 

'  '•       I  '■'  ■  •!    1       :  ■  Il    '  !■      !■•    '.I  i:i*'iti*«.<iD   •!•■    •  *■•    ilrtil    f   r:r*» 

>    -    •  •     '  •    .    •    'ii'.r'ioir     IX. 1.*    il    Uut   «r.t(it  t  Mil  «I  ;r   t.    i* 

■  »i     •        •       •    ■     !•   •        ■    •  ^  I»  ■•    li  ■'. :  r      «Ij*!   It    :.   •"  ij>|<iiir. 


LES  SYMBOLES  RELIGIEUX  SUR  LES  MONNAIES   GAULOISES      239 

complet  entre  le  Nord  et  le  Sud,  entre  rOccidcnt  et  rextrème 
Orient.  Plus  de  quatre  mille  ans  certainement  avant  notre 
ère  a  commencé  la  période  d'action  cl  de  réaction  onlro  ces 
dwers  mondes. 

Pour  en  revenir  aux  signes  héliaques  signalés  sur  les  mon- 
naies, et  afin  qu'il  ne  vous  reste  aucun  doute  sur  leur  valeur 
symbolique  etleur  cosmopolitisme,  nous  croyons  devoirajouter 
à  l'étude  si  probante  que  nous  avons  faite  du  swastika  et  de 
la  rouelle,  celle  de  trois  autres  signes  moins  importants,  mais 
de  même  caractère,  dont  nous  n*avons  dit  qu'un  mot  en  pas- 
sant et  que  les  numismates  n'ont  fait  que  signaler  :  le  Iris- 
kèle,  le  signe  S  et  le  foudre. 

Le  triskfde. 

La  valeur  solaire  du  triskèle  sur  les  médailles  gauloises  a 
à  peine  besoin  d'être  démontrée.  Son  association  avec  les 
autres  signes  héliaques  montre  assez  qu'il  y  avait  conservé  la 
valeur  que  nous  lui  attribuons.  Son  antiquité  comme  signe 
héliaque  n'est  pas  plus  douteuse. 

Le  triskèle,  avant  de  se  montrer  sur  des  monnaies  gauloises, 
avait  été  gravé  sur  les  coins  des  monnaies  grecques  à  titre 
indiscutable  de  représentation  de  la  course  du  soleil.  Sur  cer- 
taines de  ces  monnaies,  les  trois  branches  du  triskèle  sont 
figurées  sous  la  forme  de  jambes  humaines  ayant  des  ailes  aux 
pieds,  reliées  par  la  face  même  du  soleil.  Les  jambes  sont  sur 
quelques  monnaies  portées  par  Taigle  ou  par  le  lion  solaire  ', 
ce  qui  autorise  à  admettre  que  Taigle  et  le  lion  isolés  sur  les 
monnaies  gauloises  ont  également  une  signification  solaire*. 
Les  jambes  sont  parfois  attachées  à  la  rouelle  remplaçant  la 
face  du  soleil',  nouvelle  preuve  de  la  parenté  de  ces  signes. 
Le  triskèle  sans  face  solaire  ou  rouelle  a  évidemment  sur  les 
"ïémes  monnaies  la  même  valeur  hiératique. 

'•  Ludwig  Mûller,  07?.  laud,,  lig.  4i,  io,  46. 

^-   L'aigle,  surtout,  qui  s'y  montre  ^^ouvent  et  sous  divers  aspects. 
.  ^-  4e  trouve  ce  fait  relevé  dans  mes  notes  sans  indication  de  l'ouvrage  dOii 
^®  i*ai  tiré.  Je  le  signale  à  mes  auditeurs. 


240  LA   RCLIGION   DRS  GAULOIS 

L'école  hoslile  aux  syniboios  a  fait  à  propos  du  tri^kèle  le 
raisoniienicnl  suivant  :  le  lrik«Hron  «*ftl  un  signe  commun  sur 
i«*s  monnaies  di*  la  Sicile,  oii,  il  esl  vrai,  il  apparaît  comme 
syinliole  sulainr  st*  rattachant  an  cnlle  <r.\pollon;  mais  il 
représente  aussi  les  trois  pointes  ili»nt  Tile  tire  son  nom  :  or. 
i»n  ronnall  I  aplilude  des  lianlois  à  imiti*r  ce  f|u'iU  avaient 
si»UH  les  ytMix.  Li*s  m  inniies  di*  Sicile  an  trikrlrun  ne  l<*ur 
êlaietil  |Miinl  incotinu«*s.  Qui  nous  dit  que  les  sigues  irrav^^ 
sur  les  monnaies  Liauloises  n«*  s«inl  pas  de  simples  imitati«inft 
du  signe  matériel,  sans  aucune  riuisri«*nf*e  di*  sa  vali*ur  syinbo- 
lii|ue?  r.elte  llièsi*  pourrait  si>  soutenir,  si  le  triskêle,  avi*c  la 
valeur  solaire,  ne  se  rt^ncnnlrait  qui*  sur  li*s  monnaies  sici« 
tiennes  et  si  toutes  Irs  monnaii*s  i^auloises  où  il  figure  pou- 
vaient p:iss«*r  pour  uiio  imitation  des  monnaies  sicilienne*; 
mais  il  n'en  est  rien.  Le  triskêle  avec  sa  valeur  hiératique 
se  lent'onlre  sur  bien  d'autres  miuiuments  que  sur  l<*s  m*in- 
iiai«*s  >icilienues,  i*t  li*s  moiinai<*s::auloisi*s  où  il  se  montre  n** 
siMit  nianifi*>lrmi*nl  pasdes  imitations  ou  dégènérescenci*s  A%*% 
monnaies  griM-ques.  L«*  tri^krle,  pour  ne  citer  que  quelques 
exemples,  se  n*mari|ue  associé  au  swastika  et  au  foudre  sur 
tii's  monnmi'nls  Scandinaves  aussi  liien  «{ui*  sur  di*s  autels  ro- 
mains. Ni  les  Itomains.  ni  li*s  (îaulois  n'avaient  été  le  rhi*r- 
clii*r  l'U  Sicile.  Nous  reneontnms  c«'S  trois  signes  trravés  ««ur 
la  larici*  ili*  fiT  itiiTusIff  d'ar;:i'nl  f|ft'ouv<*rte  en  ISiîri  a  Mon- 
rhi'lii'ru'  PruHse  rlii*n.iiii*i  *  et  ipii  porli*  une  iiiMTipli>iii  runi- 
i|Ui'.  L«'*i  trois  si;; lies  *«  »lairi*s  nt*  sont  ci*rtaini*m>*nt  pas  réunis 
l.i  sans  intenlion. 

Ouant  .1  l'anriiMintftt*  di's  sj::iii*s  rom  n*  svmholi*.  flli*  «*st 
prtiiivér  par  li*  riMi*  qu'ils  ji»uent  sur  h's  anlii|uile<i  liu  I\|k> 
mvcénii'u  ou  éiréiMi.  nutammeiit  sur  les  plai|Ui*s  d'or  des  luni- 
iif.'iux  ro\aux  de  Mvi*i*nes.  <mi  h*  triskêle  est  associé  â  l'un*- 
lies  r»rni**s  |i*s  plus  arii'ii*niii**«  du  swastika. 

L**  triskili*  f.iit  piiti*'  du  irroupt*  primitif  d«*s  symbile* 
•»iilain'*«.  ijiii'iii' laisiiti  p  oirrait-on  .ivnir  d**  l:ii  r<'fuser  Cfttr 

1  lit'  'if  t    '•,!•••".  e  •■" . 


LES  SYMBOLES   RELIGIEUX   SUR  LES   MONNAIES  GAULOISES     241 

valeur  sur  ]es  monnaies  gauloises?  A  Tépoque  où  les  moné- 
laires  gaulois  gravaient  ces  signes  solaires  sur  les  médailles 
armoricaines  ces  symboles  iraditioanels,  quelle  que  put  être 

^#(§)(î)(Q)^;^YX> 

Fig.  3D.  —  Symboles  solaires  relevés  par  Fillioux  sur  des  médailles  gauloises 

{Monnaies  de  la  Gaule ^  p.  43). 

leur  valeur  spéciale  en  ce  cas  particulier^  conservaient  certai- 
nement encore,  comme  les  runes  sur  les  bractéatcs  delà  Scan- 
dinavie, leur  sens  mystique  aux  yeux  des  populations  comme 
aux  yeux  de  ceux  qui  en  ordonnaient  la  frappe  \ 

Le  foudre. 

La  forme  du  foudre  la  plus  répandue  aux  approches  de  Tère 
chrétienne  est  celle  qui  figure  sur  certains  autels  élevés  par 
la  piété  des  légionnaires  à  Jupiter  et  à  Minerve  et  sur  lesquels 
le  signe  est  associé  soit  au  swastika,  soit  à  la  rouelle*.  Cette 
forme  donnée  au  foudre  par  les  lapidaires  de  Rome  et  leurs 
émales  au  i*''  siècle  de  notre  ère,  nous  explique  les  formes 
plus  simples  que  nous  retrouvons  : 

1°  Sur  la  pointe  de  lance  en  on  et  sur  les  peignes  des  tour- 
bières de  Vimose'. 

2*  Sur  la  pointe  de  lance  en  fer  de  Mûncheberg. 

Vous  pourriez  les  retrouver  également  sur  bien  d'autres  mo- 
numents. Or  ce  foudre  existe  sur  un  certain  nombre  de  mo- 
nnaies gauloises.  Nous  ignorons  pourquoi  Lambert  etFillioux 


i.  On  pourrait  conjecturer  que  ces  médailles  étaient  réservées  aux  relations 
^8  communautés  druidiques  eotre  elles  et  que  les  druides  seuls  en  avaient 
la  pleioe  intelligence. 

2.  Lapidarium  septentrionale,  pp.  213,  fig.  423  ;  215,  fig.  424. 

3-  Engelhardt,  Fynske  Mosefund^  n»  il,  Vimose  fundet,  p.  23  et  pi.  2,  où  le 
«waitika  figure  à  côté  du  foudre. 

10 


I 


i 


LA   IlEUdlON  DES   i^AULOIS 


n'en  parlent  pas'.  Sur  la  monnaie  au  foudre  du  ii°  146,  le  per- 
sonnage montant  le  cheval  lient  à  la  main  la  roue  solaire. 

Noua  nous  croyons  autorisé  à  compter  ce  signe  au  nombre 
des  symboles  héliaques  primitifs. 


Le  signe  S. 

Nous  avons  aflirmé,  après  Uuclialais,  Fillioux  et  Lambert', 
que  le  signe  S,  ai  fréquent  sur  les  monnaies  gauloises,  est  un 
signe  solaire  —  un  symbole  héliaque  Iradilionnel-  —  Qu'il  le 


-  Jupiter  à  la  roue  àiX  du   (^bàlelet,  portaut  le  foudre  delà   i 
avec  onze  S  auspeudua  à  i'épaule.  Cf.  Sul.  Heioacb,  Bromes  figi 


fiil  chez  les  Gaulois  et  y  jouât  ce  rôle  sur  nombre  de  moou- 
nients  autres  que  les  médailles,  le  Jupiter  du  Chàtelet  suffirait 
à  le  démontrer. 

Nous  devons  ajouter  à  ce  témoignage  vivant,  pour  ainsi 
iliri^  ;  1"  le  cheval  (solaire)  ayant  la  patte  droite  de  devant  ap- 


1.  Arl  ■i.iuOm  (pi,  !i.  uM  i  pi.  53,  II"  1  ;  pi,  ii,  u"  2  du  l 
Ud  |,16  ;  V.  yf,   u»-  1*9  et  150. 
■2.  Iluclier  u'a  acceptË  quu  tardiTctuuut  leurs  Idées, 


II,  p.  'M, 


LES   SYMBOLES  RELIGIEUX  SUR  LES  MONNAIES  GAULOISES       243 

puyée  sur  TS,  que  Lambert,  dès  1874,  publiait  en  tête  de  son 
EssaV. 

2*Ll8is  OU  déesse-mère,  statuette  publiée  par  Fillioux,  pi.  I 
de  son  Nouvel  Essai*,  portantune  série  de  ces  S  couchés  comme 
coiffure  en  manière  de  diadème.  Le  Musée  des  Antiquités  na- 
tionales possède  plusieurs  statuettes  analogues. 

3°  Un  masque  en  bronze  d'Apollon  portant  la  même  coiffure*. 
Tous  ces  signes  dérivent  du  même  mylhe  et  remontent  aux 
nièmes  conceptions  primitives. 

L*S,  comme  les  autres  symboles,  avait  pénétré  de  bonne 
heure  en  Grèce  et  en  Italie.  Ouvrez  V Histoire  de  la  céramique 
grecque  de  MM.  Olivier  Rayet  et  Collignon,  p.  38,  fig.  24.  Sur 
un  vase  de  Milo  (vi*  ou  vu*  siècle  av.  J.-C),  vous  trouverez 
l'S  symbolisant  la  déesse  protectrice  de  l'un  des  héros,  qui 
lutte  pour  la  conquête  d'un  casque  à  crête*.  P.  52,  pi.  3%  la 
rnôme  déesse  reparait  précédée  du  swastika  et  suivie  de  TS. 
Hia  déesse  tenant  d'une  main  les  cornes  d'une  biche  nous  est 
désignée  comme  étant  une  Arlémis,  la  sœur  d'Apollon. 

Nous  retrouvons,  enfin,  TS  formant  des  espèces  de  guir- 
1  andes  sur  les  vases  funéraires  de  Chiusi,  de  Caere  et  de  Vil- 
Xanova*,  où  il  alterne  avec  le  swastika. 

Il  nous  parait  inutile  de  pousser  plus  loin  la  démonstration. 
Concluons  : 

1°  A  l'époque  où  furent  frappées  les  monnaies  dites  armori- 
^aines%  le  culte  du  soleil  et  du  feu  devait  être  populaire  dans 
tout  le  nord-ouest  de  la  Gaule,  ainsi  que  dans  le  sud-est  de 
la  Grande-Bretagne.  Les  belles  têtes  d'Apollon  Bélénus  avec 


1.  Essai  sur  la  numism.^op.  laud.,  plauche  du  frontÎBpice. 

2.  Nouvel  essai  dHnlerprétalion,  op.  laud.,  1867. 

3.  Musée  de  Tarbes;  photographie  au  Musée  des  Antiquités  ualiooales, 
salle  XV. 

4.  Cf.  Les  Celtes  dans  les  vallées  du  Danube  et  du  Pô^  p.  103. 

5.  Vase  de  Milo,  comme  le  premier  et  de  môme  date. 

6.  Voir  GozzadiDÎ,  Di  un  sepolcreto  etrusco^  pi.  IH  et  V,  Bologoa,  i854,  et 
G.  Conestabile,  Soora  due  Dischi  in  bronzo  antico-italici.  Tav.  UI,  Toriuo, 
1874. 

7.  Dans  cette  série  rentrent  une  certaine  catégorie  de  monnaies  de  la  Grande- 
Bretagne  et  de  nie  de  Jersey. 


'ii4  LA  RELIGIOM   DBS  GAULOIS 

mèches  de  choveux  en  triskMe  (*l  en  tétraskële*,  autour  fie» 
i|iiell«>s  s«*  groupent  au  droit  «*l  au  revers  les  divers  si^i^nes  so- 
laires dont  nous  avons  démontra*  Tancienni^té  et  le  cosmopoli- 
tisme en  stint  une  preuve  évidi'nte. 

2*  Ces  monnaies  sur  une  très  grande  étendue  do  pays  >  France 
et  Angleterre  I  sont  frappées  sous  la  niAme  inspiration  reli- 
gieuse. 

3*  lies  monnaies  forment  dans  la  numismatique  gauloise 
un  groupe  a  |»art  dont  on  peut  déterminer  les  limites'. 

4**  De  reiisemhle  di*  ces  faits  il  ressort  qu'à  cette  é|>Oi]ue 
e.\islai«*nt  di*s  articles  d 'un  talent  f>riginal  «  donnant  de  la  civili- 
sation «l«*  la  lîauii*  une  idée  hien  supérieure  à  celle  qu'on  lui 
attribue  génèralemeniV  •• 

Ain*«i,  unité  de  vue  s'étemlaiit  à  une  partie  couMiiiérahle  du 
territoire  et  délionlant  sur  li*s  lies  de  la  Manche  et  ^ur  la 
rirande-ltretagm*.  c*est-âdire  :  existence  il'un  pouvoir  central 
ohéi.  avant  a  ^on  service  des  artistes  d'um*  réelle  habileté, 
entre  ,'ion  et  400  ans  avant  notre  ère.  Arrèlons-noun  à  ces  con- 
clusions, dont  viMis  d«*vez  déjà  entrevoir  les  conséquences*. 

I.  Viir  \.    H'ji-h«r.  i-     ••!/. 

.*.   \.iir  A     ilf  Htrlti<  Iriiiy.   Il^vu^  relti'/w.  \     XI  r|    \ll     IHJO   iHil) 

J.  l.fUr    \trit<'   Il  1  |>i«  •■•  ti-lppr  à  M.  A-  ili*  il.irlbrli'liiy.iliiiit  Uiiil*  rit.iut   >« 

4    !.•■•  il'  •■•••itrri'  #  ■it'iuiiiiii.ii-  «  «i<i  (X***  ariii«irii'«iii  failr*  ru  «i  tfr.iii-)  iiOiiitirr 
«1«M«  1  lii-   •1«-    \*'t**  y  ri  «iir  l*'«   Iiiirilt   ilii   \\r  i|f*  SiMiic*  iliii»  W  Bl«  mii»  f.iui 

■  .i{ip-.*iT   t|i|i    •  i-«  '\»\\\  |ii<  l'iti*"  i-tlirtil  ilfi  rnilr**-  tir  fAlirir4ilii|i  r|   (irut  ^U- 
<1i    •'■•riiiii-iii  |ii(i  >  ilriii  Sl'l'i*-".    N.iii*  4i»rii||«  itr.-i>:iiii  ili*  rrvrllir  «Ur  <*■  ■   At  ••tl 
\ir;ii    \.r   T  il  .ifi  ilr  **i-iit    hi'lii^    .1  \  fiiilriiiUl^|i|y  Jll*f),  iiil  Uni  (ir   I|]<'«l4illr« 
ji-i.ii«>  •  •iiii  I  !•*  r*->'U'-iiîi>-".  pnit  •l'iiiip-r  Ih'ii  A  1«  iiit^iiK*  b\p<illir%r 


XVIir  LEÇON 


LES  OPPIDA  DU  TYPE  D'AVARICUM 


Une  certaine  organisation  du  culte  des  eaux,  le  caractère 
orignal  et  uniforme  de  l'un  des  groupes  les  plus  importants 
des  monnaies  celtiques,  nous  ont  conduit  à  conclure  à  Texis- 
(ence  en  Gaule  d*un  pouvoir  central  dont  l'action  nous  appa- 
raît manifeste  aux  environs  du  iv®  siècle  avant  notre  ère.  Si 
cette  action  est  moins  sensible,  moins  évidente,  appliquée  au 
culte  des  eaux,  qu'à  la  frappe  des  monnaies,  nous  allons  la 
retrouver  incontestable,  en  étudiant  les  oppidadniyipe  d'Ava- 
ricum;  cette  digression  qui,  en  apparence^  nous  éloigne  un 
moment  du  domaine  religieux,  s*y  rattache^  au  fond,  par  un 
lien  étroit,  que  les  chapitres  concernant  les  druides  mettront 
en  évidence. 

L'étude  des  monnaies  gauloises,  qui  a  fait  le  sujet  d'une  de 
nos  leçons  de  l'année  dernière  *,  nous  a  appris  que  la  frappe  de 
la  monnaie  remonte  en  Gaule,  pour  ]e  moins,  au  milieu  du 
rv«  siècle  (350  ans  environ  av.  J.-C.)  ;  que  cette  époque  est  la 
grande  époque  du  monnayage  gaulois  caractérisée  non  seu- 
lement par  une  plus  grande  perfection  dans  les  types,  mais 
par  un  caractère  remarquable  d'unité  dans  la  variété,  comme 
si  au-dessus  des  clans  celtiques  le  plus  souvent  hostiles 
les  uns  aux  autres,  eût  alors  plané  un  pouvoir  moral  occulte  qui 
en  maintenait  l'unité,  même  au  milieu  des  éternelles  querelles 
entre  voisins  dont  nous  parle  César*.  Il  y  avait  donc^  à  par- 
tir de  la  seconde  moitié  du  rv®  siècle,  une  sorte  de  gouver- 
nement central  en  Gaule.  Ce  caractère  d'unité  dominant  des 

i.  Nous  n*avoD8  étudié  cette  année  qu*un  seul  groupe  de  monnaies. 
2.  Cf.  César,  B.  G.,  VI,  15. 


v/ 


i  I,A   RELIGION'   DES  GAULOIS 

variétés  régionales  se  retrouve  dans  un  autro  ordre  de  fails 
très  particulier,  /pî  oppida  du  type  (f  Avaricum.  Ouvrons  le 
Catalogue  du  Musée,  à  la  p.  10.^,  nous  y  lisons  :  Salle  XIII. 

Vitrine  II.  —  Mur  de  la  forleresse  ou  oppidum  paulois  de  Murceus  (Lot) 
ooToit  d'un  cflliJl'émi  actuel,  de  l'autre  le  mur  restauré.  Remarquez  dans 
U  conitructîon  l'association  des  pierres  avei^  des  poulres  eo  bois  perpen- 
diculatres  k  la  direction  de  la  muraille  cl  liées  par  de  grandes  chevilles 
deferàdeipoQlres  transversales.  C'est  le  même  appareil  qtie  celui  d'Ava- 
licam  (Bourges)  décrit  par  César  (fl.  G.,  VU,  23)'. 

Je  traduis  le  texte  qui  n'a  pas  toujours  été  bien  interprété. 

Voici  du  reste,  le  mode  do  construction  ordinaire  des  murailles  gau- 
loises. Des  poulres,  d'une  seule  pi^ee  en  longueur,  sont  posées  sur  le  so) 
d'équerre  avec  la  direction  du  mur  et  à  la  dislance  de  deux  pieds  les  unes 
des  autres;  puis  gales  relie,  dans  œuvre,  par  des  traverses  et  on  les  revêt 
entièrement  de  lerre,  à  l'exception  du  parement  qui  est  Torm^  de  grosses 
pierres  lo(!ées  dans  les  intervalles  dont  nous  venons  de  parler.  Ce  premier 
rang  solidement  établi,  on  élève  par-dessus  un  deuxième  rang  semblable, 
disposé  de  manii^re  que  les  poutres  ne  touchent  pas  celles  du  rang  infé- 
rieur, mais  qu'elles  n'en  soient  séparées  que  par  le  même  intervalle  de 
deux  pieds,  dans  lequel  on  encastre  pareillement  des  blocs  de  pierre  bien 
ajustés.  On  continue  toujours  de  même  jusqu'à  ce  que  le  mur  ail  atteint 
la  hauteur  voulue.  Ce  genre  d'ouvra^  avec  ses  pierres  et  ses  poutres 
alternées  régulitrement  fait  un  ensemble  qni  n'est  point  désoRrêaMe  à 
l'util;  il  est,  de  plus,  parfaitement  adapté  à  la  défense  des  places, attendu 
que  la  pierre  y  préserve  le  bois  de  l'incendie,  et  que  les  poulres,  longues 
souvent  de  quarante  pieds  et  reliées  entre  elles,  dans  l'épaisseur  du  mur, 
ne  peuvent  être  brisées  ni  détacbées  par  le  bélier. 

C'cal  là,  avait  dit  César  en  commençant,  le  mode  ordinaire 
do  construction  des  murailles  gauloises,  mi/ri  aiitem  omnes  gal~ 
lici  /tac  fere  forma  smit.  Los  murs  d'Avaricum  n'étaient  donc 
pas  une  exception.  Les  Gaulois  avaient  un  système  de  cons- 
tructions militaires  à  eux,  comme  ils  avaient  un  système  mo- 
nétaire original,  bien  qu'emprunté,  dans  le  principe,  aux  Grecs 
et  aux  Macédoniens.  Si  cette  construction  avait  été  de  date 
récente.  César  nous  l'aurait  certainement  dit.  Ce  système  n'a 
point  été  inventé  pour  les  besoins  de  la  défense  de  l'an  58. 
C'est  la  continuation  d'un  état  de  choses  antérieur. 

1.  Voir  noire  fifj.  3r,.  p.  2(S. 


LES  OPPIDA  DU  TYPE  D'AVARICUM  247 

Des  clous  et  des  chevilles  de  fer  provenant  de  forteresses 
analogues  à  celle   d'Âvaricum  ont  été  recueillis  au  mont 
Beuvray  (Bibracle),  à  Bovioles,  au  Puy  dlssolud  (peut-être 
IXxellodunum  de  César),  à  Murcens  (Lot),  à  Vertaull  (Côte- 
d'Or),  à  Porrenlruy  (Suisse),  à  L'impernal  (près  Luzech),  à 
Coulounieux  près  Périgueux,  àSaint-Marcel  de  Félines  (Loire), 
k  la  Ségourie,  commune  de  Fief-Sauvin  (Maine-et-Loire). 
Pour  le  moment  nous  en  connaissons  onze,  mais  combien 
à^oppida  semblables  doivent  exister  encore  qui  ne  nous  ont 
pas  été  signalés!  Le  système  était  donc  général,  comme  le 
dit  César.  Il  ne  s'applique  pas  seulement  à  des  chefs-lieux  de 
mitâtes  comme  Bourges^  le  mont  Beuvray  et  Bovioles^,  mais  à 
des  localités  beaucoup  moins  importantes,  Murcens,  le  Puy 
dlssolud,  Luzech  (dans  le  Lot),  Goulounieux  dans  le  Péri- 
gord,  Saint-Marcel  de  Félines  dans  la  Loire,  Yertault  dans  la 
Côle-d'Or,  Porrentruy  (en  Suisse).  Nous  ne  sommes  pas,  ici, 
en  présence  d'ouvrages  élevés  à  la  hâte  avec  des  matériaux 
quelconques,  comme  les  murs  de  Sens  et  de  Bordeaux,  im- 
provisés, du  temps  des  invasions  franques,  à  l'aide  des  débris 
arrachés  aux  monuments  romains.  Tous  les  murs  de  nos  0/7- 
ptda  sont  construits  avec  un  art  méthodique,  suivant  des 
règles  fixes,  par  de  véritables  ingénieurs.  Les  reliefs  des  dé- 
fenses sont  partout  identiques,  comme  l'a  établi  un  de  nos  offi- 
ciers généraux  les  plus  distingués,  le  général  du  génie  de  La 
Noë.  Il  existait  certainement,  chez  les  Gaulois,  quelque  chose 
comme  un  manuel  de  Tarchitecte  ou,  ce  qui  revient  au  même, 
un  enseignement  centralisé  de  Tarchitccture  militaire. 

Il  n  est  pas  inutile,  si  Ton  veut  se  faire  une  idée  exacte  de 
cet  art,  de  donner  quelques  détails.  Nous  prendrons  M.  Casta- 
gne pour  guide.  M.  Castagne,  agent-voyer  en  chef  du  dépar- 
tement du  Lot,  a  pratiqué  des  fouilles  très  intéressantes  sur 
remplacement  de  Tune  des  plus  vastes  forteresses  du  type  qui 
nous  occupe  )  Y  oppidum  de  Murcens. 

Cette  forteresse  est  située  sur  une  haute  montagne  aux  flancs  escarpés, 
l.  Avaricum,  Bibracte  et  Na?ium. 


2iM 


LA   RELIOION   liF.8  C.AULOIS 


i|iii  «i'.iv.ini't'  •-Il  fol III**  (II*  |iioiiiii||liiir«'  l'Dti*'  I*'  ritiitliii'iil  ili'  ilfMii  riiijt^ 
il'Mii.  \ii  iioril  l't  ^111  imnl-ouHst  «lu  |il.'itfiiu  «ii'  «li«-HH<Mit  !•'«  iiiivrii»'*-^  il* 
f.ti  li!ii'.-ili(iri,   iiiii.   ;iv#'r  ]vs  fsiMriM'iru'nl*»,    rinnii^fiivi'iil  iiiif  i-sp-u  ••   il»* 

\TA)   h•-•t;||•'^    l'iiviriiri.     I.f    i|t'-\i>lii|i|H'lilflll     ^l^•^    ll-IV.|il\     t\v    ilfT-IK**    |'«mjI 
i'l{i-  f\;ilu''  •!  '*>  kil'fril'-tlrs.   |.i'%  fiiinlIi'S  iifit  <l<';:.|;:t'*   lf*<i  llllir<llll«*«  «'Il  iln«  is 

|i-'iiil<».  I  !!••<»  ii'|"i<iiil  <liii'' ti-iiiiMit  fcur  II'  «xil.  ti-  |i.ip'iiifiit  fili'-rifMii  .^t 
f.riiii'  i|*-  )i|iii  H  ilf  |>i<-ii*-  linil<i  iN'fiiiti-s  iliiiit'ii''i'iiis  ^  |i>  i-fiii|<ii««'i;:i-  sriS- 
ri. m   .  ^t  •••ri^limi  LiiiliM   i*ii  |ii*tii-.h  d  pifrr:iiili*s.    I.iiiImI  •'ii  ti-iir.  !»•  « 
|iiMiiii«  <]••  l»ii<i  •■l:iifnl  |li.ll-l'l■^  |ii-r|ifiitlii'iiliiirriiii-iil  a  t.i  liL'iit*  iitt''r:>-iiri* 
ilf  I  »"ii  !■  iiti-  ilii  ri*iii|i<iil  •'!  f  r»  <  rrifttitt  rrtnrnt  •■ip.'U'i'fHtli' ;;",7*j  «l.n.   i-n 

.'lir     l.i-^  [•••l|llt>*>  lii'V.|l"tll   filil*-    un»-  li'fji-r*'  Vllllh*  Mil    If  p.lti-lin-Ilt  t-lti  !!•  lit 

1 1  •>•  •  ii|i.n>'iii  t'ii  ■••nj'ii-iii  liiiili*  t.i  loriu'iK'iii' il*'  l-i  niui .iill**.  |i.iii«riiit>  r l'-iii 
ilii  ri'iii|i.ii  I  |i"k  )Miiitii'<i  ti'.'di^vi-i  <k.llt*^  l'I^iit'iii  ifli«'>H  «iitif  i-lii  ^  p.ir  il>  ut 
.iiilr>'<k  I  i!i.>i'<  il>-  |i<fiiti>'^  iiiii::iliii|iii.il«-^  ]iir«lu*"«  «l.irii  la  iii-irniini-tit  tl»' 
i«rii|'!i<k*i::*'.  I.'i^''»'iiil'i.ik'''  <l'"»  |i<iuii>*<k  «'ii  Ihiil'  i'I  cIi  Ira^i'M  •!  l*'tir  |i<uiit 
il'iiiN'r  ^•-<  li'iri   .t\  iil    li>ii  |itr    l'iittilh*  ;i  rni-lniiH.  !!•■  I«iiijiii'«  <lif\il|f«    .u 

I  iiiiio  il>-  f'-r  •Mil'  H  i|iii-  l'iiii  r«-tr'>m«-  -m  •'ttH<»i'iii'-iii  <Ii-h  piiiilri'^  «>i'r\  ip-nl 
.1  \*  \  I  ■iii^i'lnli'r  Nui  •  •■  |i|triii*'i  •.idi>-  <!•'  l'iMiiitMili-  «'•!*-«.iit,  «in  uii*- 
r|i.ii«Miir  i|i-   I "■.!!'»,  nu  rii.!"*!!  ili*  riiK'oiuii'iif  ri  Ji*  tfriipli<iH.i;: iiipr»'- 

II  ml  l'>ii!<    Il  l'f  iifxfi'l*  iii  i|i-hiiiiiiiri'  pu  II  liiiih'iifiir  i!fo  piiiilii'«  tr.iii«- 
\i  I  ^  li'-H  .|i|i  \  Il  ii-,  .1  Mtiii  •  ii«.  «{•■  7  .1  1t   rMfli»''i.  I  ïi«-  sfi-niii|f' •  •iiii'tii'   •!• 
piiiilfii  <»•  iiilil.il-li   .1  i.i  pitiiiitii-   ft.iil  «iipi-i  p  Kki  ••   a  II*  iii.i«%if,  iii.ii«  lit* 
iiiini'ii*  •jui*  |i-<i  piiih' <«  «II-    lu  !■  .ilti-iiii^Hfiit  p. Il    iiiti'rv:illi-!«  t'-i;.)iii  .iiti 
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titii'   !••"*   iiiiir^  il»"*  •»/»i*i«/«/  lin   /*i/y  *f  h^nlml^  v\  Av  \  Itttf»»r9i*tl, 
pr<'^  lji/i*i  II.  i-t.'iii-iit  r<»ii-»(riiil^  i'XJl<'liMU'*ii(  il'.iprr*»  W^  iim'idi'^ 


'      "     l.l    M      •    itl.'-r    f»l-J|ll    rt-".!-      ir^rrilitlilM,    il  IM'  rfitliiait«4ll  pl«  U    Intr 


•  ■  I' 


Carte  des  oppida  du  type  d'ATarlconi. 


ES  OPPIDA  DU  TYPE  D*AVARICU1C  249 

principes.  Nous  sommes  en  préseace  de  monuments  de  même 
style  et  de  même  temps. 

Si,  conformément  à  la  méthode  que  nous  appliquons  à 
toutes  nos  antiquités  et  qui  nous  a  déjà  donné  de  si  heureux 
résultats,  nous  marquons,  sur  une  carte  de  la  Gaule,  l'em- 
placement des  onze  oppida  (pi.  XXIV),  deux  remarques  se  pré- 
sentent immédiatement  à  Tesprit.  Unissons  par  des  lignes  poin- 
tées Bovioles  à  la  Ségourie  au  nord;  la  Ségouric  à  Murcens  à 
Touest  en  passant  par  Goulounieux;  Murcens  à  Saint-Marcel 
de  Félines  au  sud  ;  Saint-Marcel  de  Félines  à  Bovioles  par 
Vertault  à  Test;  nous  formerons  un  immense  quadrilatère 
presque  régulier  renfermant,  traversant  oulongeant  une  grande 
partie  des  civitaies  de  la  Celtique  mentionnées  par  Tile-Live  et 
César,  ainsi  que  les  cliens  de  ces  nationes  principales,  à  savoir  : 
les  SenoneSy  Lingones,  Mandtibii  (clients  des  Aedtti)^  BihirigeSj 
CamiiteSy  Tricasses  (clients  des  Senones),  Andes ^  Lemovices, 
Pictones,  Segiisiavi,   Ambarri^  laissant  de    côté   la   Nar- 
bonnaise  et  l'Aquitaine  de  César  tout  entière  au  midi,  la  Bel- 
gique et  TArmorique  à  l'ouest,  au  nord-est  et  à  Test,  c'est-à-dire 
les  populations  qualifiées  de  kimriques  par  Amédée  Thierry. 

Une  conclusion  que  Ton  peut  faire  suivre  de  tous  les  points 
d'interrogation  que  l'on  voudra  s'impose  à  première  vue,  à 
savoir  que  :  Le  système  de  construction  décrit  par  César  n'est 
ni  d'origine  gréco'/igurienne y  ni  d origine  ibérique^  ni  d origine 
pré-celtique,  ni  dorigijie  belge  ou  galatiqtie,  ces  constructions 
ne  se  retrouvant  ni  sur  la  rive  droite  du  Rhin,  ni  dans  la 
vallée  de  Danube,  ni  en  Bohême,  séjour  primitif  des  tribus  ga- 
laliques  et  kimro-belges. 

2*Porrentruy",  près  Belfort,  le  plus  oriental  de  no^  oppida, 
commande  la  trouée  des  Alpes  jurassiennes  et  donne  directe- 
ment passage  sur  Besançon.  C'est  par  là  que  sont  entrés  en 
Oaule  les  Celtes  du  premier  ban,  les  Celtes pacifiqties  entourés 
de  leurs  troupeaux,  ceux  qui  ont  exploité  les  mines  de  sel  du 

i-  Voir  la  carte  de  la  Gaule  au  vi«  siècle  avant  notre  ère,  d'après  le  récit  de 
Tite-LiTe,  daDs  Les  Celtes  dans  les  vallées  du  Pô  et  du  Danube^  p.  23. 
2.  PorreDtruy,  par  erreur,  n  est  pas  marqué  sur  la  carte. 


i 


STlO  l.K   RELIGION  DKA  r.AUI.OIS 

pia(«*an  d'Alaino;  qiiciioiiH  avons  suivis  (lansl«*s  vallées  soiis- 
pyn*n«'i»nn<'s,  y  nionanl  la  mrm«*  «'xislonr*»  paisible*.  N'i-sl-il 
pas  naturel  dv  voir  dans  Voppiflnm  dr  Porn*ntrtiy.  ttp/ii'lugn 
fl«*  p'fii^N*  cnron*  plus  que  (l«*  défiMist*.  un  premier  pi>st»*  avanrt* 
r«intn*  it*s  inva^iinns  nrm«'M*si]ui  allaient  si*  produire  ilan*«  rette 
ré^inn  (lu  cAlé  ilcs  Ilrlvi'les?  —  N'esl-il  p;is  naturel  ilr  voir 
enraiement,  dans  les  enceintes  ftirtifh^es  de  Itoviolesel  de  Vor- 
tault,  la  seconde  li^'ue  de  résistance  contre  les  invasions  ve- 
nant de  l'est,  auxquels  la  Sa«*»ne,  la  Men«e  et  les  (*untrefortii 
des  Vospes  oITraient  un  premier  (distarle  naturel? 

Ilomliien  de  fois,  avant  lad«'*faite  ili'*iinitivedes  \i(*illes  popu- 
lations celtiques  nu  rellisêes.  ces  nppitifi  n'tint-ils  pa*^  «iù 
servir  de  refuse?  Aiu'ii  s'expliquerait  le  soin  pris  d'y  élever  de* 
constructions  pri*sque  indi*structil)Ies,  puisqu'elles  durent 
encore. 

Par  qui  et  à  quelle  époqnt*  ces  fortifications  métliodii|iii*s  tut- 
elles été  éli'véfs ?  I/exameii  di's  clous  de  fer  qui  s«mt  t«Mis  du 
ferli*pluspurje|i!us  résistant,  pri*sqiieinaltai|ualdi*  à  la  riMiiilf. 
permet  d'aftirmtT  ipie  ces  n/t/*i'/tt  appartieutient  a  une  pé- 
ritiile  iMi  rAi:e  ilu  hnui/i*  avait  déj:i  pris  lin  ilfpuis  lutii;tenip«  : 
r»u  lamét.'illufL'ie  ilti  fiTavait  acquis  son  plein  ilév«*loppeinent, 
ou  des  ij<(ini'H  rxistaii'ul  capalde^^d  alimiMiter uni*  partiedu  pav«. 
Les  clous  di'  ces  litTiiii'fs  i9f»fttt{t:  srmhli>nl  tous  sortis  d'un 
même  crntre:  non  snilfuient  ils  sont  itientiqiii*s  de  forment  di* 
fahricaiion.  mais  ji*  fiT  mipluvé  a  li*urciinfectii»n.  fie  qualitt* 
siipérifure.  est  tout  a  fait  di*^tîiii*l  de  cflui  den  épéi>s  h*'l:;i>«  rt 
^alatiqiifs  dont  Ir  Mu^^éi*  piis«éde  un  crauil  iiouilm*  di'  «^péri- 
nii'iiH.  nouvellf  rai*«on  pour  que  ces  métallurgistes,  coninif  !••« 
iuL'i'nii-urs  militain's,  appartiiiHsftit  .1  uin*  classi*  spé«*ialt*  d** 
praticifiis  formés  p.ir  W  même  i'nsiMLMii'mi*nlV 

|rr«      «i|J-'iiri!'hl|l. 

.*.  I  II  m^iiitir**  •!«■  ]  A'M'tfiiiir  .1^*  *«-iriir>-«.  M  C.j|tl!r|r|.  mélAlItiriri*!'  \rr% 
•li«ti!i»"ii^.  «  fiii  ail  rnij**!  il'-  It  iiirl4]!iiriri*-  'l^*  rliiii>  ilr  :i-»«  "pftoi.i  iiiir  lr^> 
iiit«'rr-«t:ili<  I   •iiiiiiiiriir4(|.iii  ^  |  \r^itriiiir  «Ir»  ii)i4-ri|itHiii>    iJ    /Irrwr  d'>-\r  >-' . 

!"••;     I.     |i    Tl     f'r     l.i^tlinil  tlll    \   ■l^'lliililr**    II'»!-    Ir«  T"Ur«'ll«-ll«    .lV*l»»lll    •  |r    ijrl 

C'\.rul%  it   p**'!!  -'-tr**    !•'•  |il-j«   4iicir|i«    ii»«-Lilliirtfl*lra    ilu   iiinljilr     l^«    druKi'i 


LÉS  OPPIDA  DU  TYPE  d'AVARIGUM  25l 

Nous  restons  persuadé  que  vers  Tan  400  avant  notre  ère  a 
existé  en  Gaule  une  période  de  grande  civilisation  relative,  à 
k  tète  de  laquelle  ne  pouvaient  être  que  les  druides.  Nous 
sommes  convaincu  que  la  construction  si  remarquable  et  si 
méthodique  de  nos  oppida  est  le  résultat  d'un  enseignement 
Iraditionnel,  d'origine  septentrionale*,  dont  des  corporations 
druidiques  avaient  conservé  le  secret,  au  milieu  de  la  barbarie 
occidentale.  Nous  retrouvons  cette  organisation  dans  l'Irlande 
celtique,  où  à  côté  du  roi  suprême  et  du  grand  druide',  à 
peine  au-dessous  des  nobles  de  première  classe,  siégeaient,  au 
banquet  triennal  de  Tara,  les  représentants  des  ouvriers  en 
cuivre,  en  bronze  et  en  fer,  des  ciseleurs,  des  charpentiers  et 
des  architectes  des  raths*. 

Il  devait  en  être  de  même  en  Gaule  avant  l'invasion  des  Ga 
lates.  Nos  oppida  doivent  remonter  à  l'époque  où  l'influence 
des  druides  était  encore  prépondérante*,  avant  ou  peu  après 
Tinvasion  galatique,  qui,  nous  le  savons,  pénétra  lentement 
dans  le  centre  de  la  Gaule.  —  Nous  placerions  volontiers  la 
construction  de  ces  murailles  dans  la  seconde  moitié  du 
rv*  siècle  —  peu  avant  l'époque  où  commençait  la  frappe  des 
monnaies  d'or  armoricaines. 


1.  Les  duns,  dlrlaDde,  ce8  extraordinaires  forteresses  à  murailles  véritable- 
ment  cyclopéennes  et  qui  appartiennent  incontestablement  à  la  période 
païenne,  montrent  qne  ce  monde  septentrional  avait  de  très  habiles  construc- 
teurs. Cf.  E.-A.  Martel,  L'Irlande  et  les  cavernes  anglaises,  p.  141,  142,  145 
avec  fig.,  p.  119,  154,  161. 

2.  De  révêqne,  après  saint  Patrice. 

3.  Les  forteresses  royales. 

4.  Noas  nous  demandons  môme  si  ces  oppida  ne  seraient  pas  des  centres 
druidiques. 


XIX'  LEÇON 

LES  DRUIDES 


Tant  qu'il  a  été  question  de  pratiques  magiques,  du  calte 
des  pierres,  de  sacrifices  humains,  de  superstitions  solsticiales, 
aucun  appel  à  l'intervention  Hun  corps  sacerdotal  comme  les 
druides  ne  s'imposait.  Ces  siipersiîlions,  ces  pratiques,  ces 
traditions  atîectent,  soit  dans  le  groupe  touranien,  soit  dans 
le  groupe  aryen,  une  généralité  telle  qu'une  inQuence  sem- 
blable était  inutile  pour  en  jnsliliiT  l'existence.  Nous  verrons, 
bientAt,  que  le  rôle  des  druides,  quand  ils  se  montrent,  fut, 
eo  tout  cas  à  cet  égard,  tout  à  fail  secondaire.  Li>  témoignage 
de  Pline  n'implique  aucunement  qu'ils  aient  été  les  importa- 
teurs ou  même  les  propagateurs  des  pratiques  auxquelles  il 
lui  platt  de  mêler  leur  nom,  bien  qu'ils  aient  pu  en  être  les 
régulateurs.  Nous  ne  trouvons  aucune  trace  de  sacrifices  hu- 
mains en  Irlande,  le  pays  druidique  par  excellence,  et  nous 
sommes  convaincu  que  les  druides,  s'ils  l'avaient  pu,  les  au- 
raient abolis  en  Gaule  où  ils  semblent  en  avoir  diminué  l'hor- 
reur en  les  restreignant,  sauf  exception,  aux  condamnés  et 
aux  captifs. 

Dfes  qu'il  s'agit  de  pratiques  indusirïellus,  do  la  concen- 
tration des  forces  sociales  en  vue  de  la  fabrication  des  mon- 
naies, de  l'élamafi^e  ou  de  l'émaillerie,  de  l'établissement  de 
forteresses  scienlîliquement  construites,  l'intervention  des 
druides  apparaît,  au  contraire,  comme  une  nécessité  logique. 
Sans  cette  conjecture  l'ensemble  des  progrès  subitement  ac- 
complis en  Gaule  reste  une  énigme. 

L'iiypothèso  est-elle  en  contradiction  avec  les  témoignages 


LES  DRUIDES  253 

écrits?  L'examen  raisonné  des  textes  va  nous  répondre.  Il 
est  temps  d*en  aborder  Télude. 

Quiconque  se  donnera  la  peine  de  faire  le  relevé  des  textes 
anciens  où  il  est  parlé  des  druides  éprouvera  un  premier 
étoonement  :  l'extrême  rareté  des  témoignages  originaux,  je 
veux  dire  émanant  de  témoins  contemporains  de  la  domination 
morale  et  religieuse  des  druides  en  Gaule  ;  et  encore  plusieurs 
de  ces  textes,  et  non  des  moins  importants,  nous  sont-ils  par- 
venus de  seconde  main.  La  brièveté  et  le  vague  de  la  plupart 
des  renseignements  transmis  est  une  autre  surprise,  plus  que 
doublée  par  l'inexplicable  abondance  des  affirmations  pré- 
sentées, sans  aucun  point  de  doute,  comme  découlant  de  ces 
textes,  par  des  esprits  qui  ne  manquaient,  d'ailleurs,  ni  de 
science  ni  de  bon  sens.  Il  semblerait  que,  pendant  longtemps, 
il  suffit  d'aborder  le  mystérieux  problème  du  druidisme  pour 
que  ce  nom  seul  transportât,  d'un  seul  bond,  l'imagination  des 
celtisofits  dans  le  monde  des  rêveries  mystiques.  A  y  regarder 
de  près  et  avec  sang-froid,  il  n'y  a  rien  dans  les  textes  qui  jus- 
tifie ces  écarts  de  jugement.  Un  classement  méthodique  et 
chronologique  des  textes  le  démontre  ^ 

Le  nom  des  druides  est  mentionné,  avec  plus  ou  moins  de 
développements,  par  dix-huit  écrivains  de  l'antiquité,  y  com- 
pris Aristote,  si  le  traité  De  la  Magie  est  de  lui  :  philosophes, 
historiens,  géographes  et  poètes;  savoir  : 

Auteurs  antérieurs  à  l'ère  chrétienne  :  Aristote*  et  Sotion' 
cités  par  Diogène  Laerte;  Posidonius^;  J.  César,  qui  écrivait 
ses  Commentaires  vers  l'an  30  avant  notre  ère;  Cicéron,  vers 
Tan  44;  Diodore  de  Sicile,  vers  l'an  40;  Timagène  vers 
l'an  14  dans  une  Histoire  de  la  Gatile  dont  Ammien  Marcellin 
nous  a  conservé  un  extrait. 

Auteurs  postérieurs  à  l'ère  chrétienne  :  Strabon  qui  compo- 


1.  M.  d*Arbois  de  Jubainville  en  a  douué  un  exemple  dans  un  article  de  la 
Revue  archéologique  concernant  les  druides,  t.  XXXVIII  (1879),  p.  374. 

2.  Né  en  322,  mort  eu  384. 

9.  Vivait  à  la  fin  du  ii*  siècle  avant  J.-C. 

4.  Oratear,  philosophe  et  historien  vers  Tan  100  avant  notre  ère. 


25-i  LA   RELIGION   UEb  GAULOIS 

sait  sa  ^'éo^raphio  vers  l'an  20  aprirs  J.-C,  rom|M»nius  Mv lai|ui 
composait  la  sieuiie  quelque  vin^'t  ans  plus  lanl'  ;  Lucairi  dont 
la  P/itirsfiir  3.  été  écrite  enin*  l<*s  années  r»0  i*t  l»4;  l'Ilot*  le 
Naturaliste  vers  Tan  77  ;  Tacile  vers  !Ki,  Suétone  à  la  tin 
du  1*^  siècle;  Dion  (jlirysoslùine.  au  roniiuencenient  du  n*; 
puis  deux  Pérès  de  rKi;lise,  (dénient  d'Alexandrie  et  saint 
Cyrille,  qui  reproduisent  Topinion  d'un  historien  fçrec  plu» 
aurien\ 

Si  nousiaissiins  de  côté  Aristole  et  Sotion  qui  n'ont  pu  con- 
naître 1rs  druid«*s  qut*  de  liiin  —  r«*stent  douzi*  écrivains  qui 
ont  été  contemporains  de  li'urf^rand«*ur  ou  di*  liMir  décad(*nc4?' 
et  ont  pu  nous  donner  d(*s  rmsrignements  puisés  à  des 
soumis  vivfs  —  Pourtant,  il  est  d<*s  distinctiiMis  à  faire.  t>s 
pliilitsoplies,  historiens,  naturalistes,  poêles  ne  sont  p«iinl 
vis-ii-vis  des  druides  placés  au  même  point  de  vue.  Tandi» 
qi:e  les  uns  se  surit  ili»nné  la  tAi*liir  do  p(*indre  en  quelques 
traits  leur  rAle  social  et  reli;:ieux,  d'autres  comme  Pline  ne 
sont  pré(»ccupés  que  tlu  rappt»rl  qirils  paraissaient  avoir  avec 
les  praliijues  de  la  médecine  et  de  la  nia^it*.  ou,  comme  Aris- 

■ 

tt»t(*,  Solion,  llio::eiie  de  Laerlt*  et  |i*s  Pèri*s  de  rKirlisi*,  de 
liMir  rôle  di*  philosuphes  ou  di*  leur  adliésiiui  a  la  doctrine 
pvlliaui>rici(*ime  dt*  rinniKirtalilé  de>  Aines. 

A  y  bi«*n  retranler,  les  autorités  sur  lesqui^lles  nous  [xiu- 
\onH  iKiuH  a|ipii\er  avec  certitude  se  hiirnent  a  Pusidoniu». 
flonl  nous  !!•*  po^sêdons  que  de  rares  fr.'ik'ineiitH  *  épars  dan« 
les  écriv.'iins  postérieurs;  a  tlê^^ar,  Ilioiliin*  de  Sicile,  Tima- 
;:eni*,  Pumporiius  MéLi  et  Tacite  qui  seul  nous  niontri*  le» 
druides  m  action  ilans   une  îles  îles  attenant  a  la  tirami^* 
ltrrla;:ni*  l'an  tiO  di*  notre  rre.  c'i'st-«'i-dire  a  une  épitque  ou  ii^ 
étaii-nt  encore  toul-[iiii?isants  i-n  Anuletern*  et  en  Irlande,  te— 
niiiicna;:e  d  uni*  L'raiide  valeur  [lour  riou^,  Tacite  élai.t  le  m-u 
qui  nous  .lit  parlé  il'eux.  p<>ur  ainsi  il  in*  r/r  r  tw/. 

.*    I'>il)fii*l>ir  '{Il   vt.t.t    ji.ii  iit'i*     •|i:f;|  ii'4   iiill*->  •    i«Aiit   li-itr«>  rrr. 
I    l*'!*)!!  itjiij*    •  •  •■ir,  •  >•  ■  fiiu.  I>i>i  liir«*  •If  >!•  il>  .    Iitii4t*'ur.  SU4)kio.  fVti 
pt'iiiij-  M<*.i.  Iti<i:i  i.tjr»«>it|iitiir.  I.u<  «lu    Pliiji-.  1  .!•  ili   •(  >u«tour. 
4    L^s  Cl  nU  lit  l'»iiil<iuiut  ■odI  (Miupli-U-uicut  prrJu*. 


Les  DtiuiDEs  255 

11  est  1res  remarquable  que  César,  qui  a  fait  huit  campagnes 
en  Gaule,  ne  se  soit  jamais  trouvé  en  contact  direct  avec  les 
druides  et  ne  mentionne  que  le  seul  Divitiacus^  Le  tableau 
qu'il  nous  a  laissé  de  la  corporation  n'est  point  le  résultat  de 
renseignements  vécus,  si  j'ose  dire,  d'observations  person- 
nelles. Il  ne  nous  dit  pas  :  J'ai  été  en  rapport  avec  eux  et  voilà 
ce  que  j'ai  vu.  Il  semble  qu^il  ait  sous  les  yeux  un  traité  De 
druidis  et  qu'il  le  résume  :  ses  renseignements  sont  de  seconde 
main.  Il  parle  des  druides  en  général,  non  des  druides  de  son 
lemps  en  particulier.  Bien  que,  dans  la  série  des  auteurs  que 
nous  avons  à  dépouiller.  César  soit  le  premier  en  date  V^t  le 
plus  complet,  nous  ne  pouvons,  quand  il  s'agit  de  la  Gaule 
druidique,  accepter  son  récit  sans  contrôle.  Nous  ne  le  pren- 
drons pas  pour  notre  premier  guide.  Nous  commencerons  nos 
études  par  Timagène,  qui,  nous  dit  Ammicn  Marcellin,  avait 
renouvelé  la  science  en  puisant  dans  un  grand  nombre  de 
livres'  où  il  était  parlé  de  la  Gaule  et  avait  été  initié  aux  tra- 
ditions des  druides  \ 

Nous  examinerons  ces  textes  à  trois  points  de  vue  qui  for- 
meront autant  de  paragraphes  :  1<*  Origine  et  organisation  des 
druides;  2**  Leur  enseignement;  3**  Leurs  doctrines  philoso- 
phiques. Nous  traiterons  à  part  la  question  de  leur  rôle  poli- 
tique et  de  leur  disparition  de  Gaule. 

I.  Origine  et  organisation.  —  D'après  Timagène  la  corpo- 
ration se  composait  de  bardes,  d'euhages*  et  de  druides. 
La  Gaule  barbare  leur  devait  sa  civilisation  *.  Timagène 

1-  Dans  la  seule  occasion  où  il  ait  eu  à  parler  de  rinterveution  des  prôtres 
K&ulois  dans  les  affaires  publiques  du  pays  (vu,  33),  César  les  qualifie  de  sa- 
^^^ieit  et  non  de  druides. 

2-  Nous  laissons  toujours  de  côté  Àristote  et  ue  possédons  rien  de  Posi- 
<loQiu8  qui  nous  soit  parvenu  sans  remaniement. 

^-  «  El  diligentia  Graecas  et  linguahaec  quae  diu  suut  iguota  coUegit  ex  mul- 
l'Plicibus  libris  >.  (Amm.,  XV,  9,  4). 

*•  «Druidae  memoraut  »  (Amm.,  /.  c). 

5.  Les  vates  des  autres  écrivains. 

^-  «  Per  haecloca  [oppida  Galliae]  hominibus  paulatim  excultis  viguere  stu- 
^  laudabilium  doctriuarum,  incboata  per  Bardos  et  Eubages  et  Drasidas 
i^iruidag].  n  Cette  action  civilisatrice  avait  nécessairement  exigé  un  grand 
nombre  d'annéen. 


i 


2S6  LA    RELIGION    DES   GAULOIS 

nous  donne  uti  autre  renseignement  des  plus  précieux.  Les 
druides  étaient  aslreinls  à  vivre  concenluellement,  sodalicits 
adstricU  consortUs,  et,  comme  nous  dirions,  en  confréries.  De 
ce  texle  ressortunl  donc  deux  faits  importants  :  les  druides  ont 
été  les  éducateurs  de  la  Gaule,  et  y  oui  introduit  les  nobles 
études.  Us  y  ont  iaslallé  des  communautés  d'où  sortaient  les 
éducatem-s  du  pays. 

Cés&h.  — D'après  César,  il  était  de  tradition  que  l'institution 
des  druides  était  d'origine  britannique.  Les  Gaulois  qui  vou- 
laient connaltri'  à  fond  l'institulioa  allaient  encore  de  son 
temps  terminer  leurs  études  en  Bretagne  '.  Les  druides  conslî- 
tuent  dans  la  nation  une  classe  à  part  dont  les  membres  se 
recrutent  eus-mômes  :  aucune  des  fonctions  n'est  héréditaire. 
L'institution  a  un  chef  suprême  qui  est  élu  '.  César  ne  nous 
dit  pas  où  il  réside.  Onpeut  conjecturer  que  sa  résidence  légale 
était  le  pays  des  Garnules  où  se  tenaient  les  grandes  assises  de 
la  corporation  ;  "  chaque  animée  à  une  époque  fixe  ilss'assembient 
enuniieucû7isacré,sur  le  territoire  des  Carniites  qui  est  regardé 
comme  iecentre  de  toute  la  Gaule*  o.  César,  delacorporation, 
ne  connaît  que  les  druides  ;  il  n'est  question  dans  les  Commen- 
taires ni  de  bardes,  ni  d'eiiliages.  Sacerdolen  est  le  mol  dont 
il  se  sert  quand  il  ne  se  serl  pas  de  celui  de  druides  *.  Il  ressort 
toutefois,  de  son  récit  que  l'éducation  des  druides  ne  devait 


u  Drilauuia  rcperla  atque  iudc  m 
]ui  Jiligeiitius  eam  rciu  [disciplia 
:udi  cauflB  proficiacuLitur  •.  U  i 
e  uianièrc  directe  ni  de  coiumuDai 


1.  César,  li.  0.,  VI,  ïin  ;  "  UiaciplJDa 
llam  traualaU  esse  eiUtîmatur  et  uuuc 
cogDoscere  Toluiit  pleruiuque  illo  diei 
[ait  menlioD  dnus  Ic9  Commentaires  d'u 
ni  de  confréries  druidiques. 

2.  César,  B.  G.,  VI,  un  :  <r  Id  oaïui  Gallia  eonini  boruiDum  qui  aliquo  sunt 

>  atque  honore,  geuera  suut  duo...  De  bi^  duohua  generibus  allerum 
ton,  alterum  equitum...  llia  aulem  ouiuibus  druidibus  praeest  aaus 
im  intereoB  habet  auctoritateui.  [locioortuoaut,  si  quis  ex  reliquis 
nitate  succedit,  aut  ei  snnt  plures  pares  suffragio  druidaruni.  » 
*rto  anni  lempore  in  Quibns  Curouluni,  guae  regio  lolîus  Ga/liae 

tlur,  considnnl  in  loco  coaaecrato.  «  Tara  eu  Irlande  oùséjuumait 

■ime  et  où  se  [euaient  ie«  assises  uatiouales  passait  égalemeul  pour 

itre  de  toute  l'Irlande. 

,;B.  G.,  vu,  iliin  :  "  Convictalitavem,  qui  per  sacerdoles  more  civi- 
iiermiMiB   magistratibus,  esset  creatus,  potestatem  obtioere  jussit  p. 


LES  DRUIDES  2S7 

être  la  même  pour  tous.   Les  druides  étaient  prêtres  * 
dévias  *,  juges,  au  civil  et  au  criminel  %  professeurs.   Ils  sont 
iDédecins,  astronomes  et  philosophes  spéculatifs,  comme  nous 
k  verrons  quand  nous  aborderons  leur  enseignement.  Nous 
entrevoyons  là  (la  suite  prouvera  si  nos  prévisions  sont  justes) 
des  catégories  distinctes  de  druides.  Chaque  druide  ne  pouvait 
être,  àla  fois,  prêtre  officiant,  juge,  devin,  professeur,  méde- 
cin, astrologue,  homme  de  science  et  philosophe.  Les  druides, 
cl*aprës  César,  remplissaient^  en  effet,  en  Gaule  les  fonctions 
les  plus  diverses;  leurs  communautés  étaient  la  pépinière  où 
se  faisait  cette  éducation  de  lettrés  attirés  parles  grands  avan- 
^^es  que  leur  procurait  leur  titre  de  druide,  ce  Les  druides 
^"èe  vont  point  à  la  guerre,  ne  paient  point  dimpôt^  comme  le 
^^este  de  la  population;  ils  sont  exempts  de  la  milice  et  de  toute 
Gutre  espèce  de  charge;  ces  grandes  prérogatives  leur  attirent 
^4ne  foule  de  disciples  qui  viennent  deux-mêmes  à  leurs  écoles 
€)u  y  sont  envoyés  par  leurs  parents  *.  » 

Ces  prérogatives  imposaient  des  devoirs  et  d'abord  de  très 
longues  études.  L'enseignement  se  composait  dun  grand  nom- 
ère  de  vers  à  apprendre  par  cœur  et  quelquefois  exigeait  jusqu'à 
vingt  années  d enseignement*.   Le  programme  des   éludes. 


1.  <f  nu  rébus  diviaîs  iotersunt,  dacriâcia  piblica  ac  privata  procuraut  » 
(B.  G.,  VI,  xin). 

2.  «  Religiones  interpretantur  •. 

3.  «  Magoo  hi  sant  apud  eos  [adolescentes]  honore.  Nam  fere  de  ooiaibus 
controTersiis  pablicid  privatisque  constituant,  et  si  quod  est  admissum  faci" 
Dus,  si  caedes  facta,  si  de  hereditate,  de  Ûnibus  controversia  est,  idem  decer- 
nunt  praemia  paeoasque  constituunt.  » 

4.  César  ne  parle  pas  de  communautés^  mais  l'existence  de  ces  communautés 
ressort  de  la  nature  même  des  fonctions  attribuées  aux  différents  membres  de 
l*ordre  qui  exigeaient  un  enseignement  très  varié,  de  môme  qu'il  était  très 
long.  Ce  que  Ton  peut  supposer  c'est  que  ces  communautés^  étaient  déjà  en 
décadence  en  Gaule  au  temps  de  César  et  n'avaient  conservé  leur  importance 
qo'en  Angleterre  et  en  Irlande. 

5.  César,  B.  G.,  VI,  14.  «  Tautis  excitati  praemiisct  sua  spoute  multi  in  dis- 
€tplinam  conveniunt  et  a  parentibus  propioquisque  mittuntur.  Magnum  t^t 
Humenim  versuum  ediscere  dicuntur.  Itaque  annos  non  nulii  vicenos  in  disci- 
plina permanent  ».  In  disciplina^  ibi  ne  doit-il  pas  s'entendre  de  véritables  col- 
téges  qui,  dans  ce  cas,  ne  peuvent  guère  être  autre  chose  que  des  communau- 
tés? 11  est  clair  que  renseignement  se  donnait  en  commun  et  par  catégories. 

17 


] 


368  lA.  religion  des  gaulois 

comme  nous  le  verrons,  Mail  très  compliqué.  Los  juristes  do 
devaient  pas  suivre  les  mSaies  cours  que  les  astrologues,  les 
astrologues  que  les  poètes  et  les  devins.  Les  médecins  devaient 
avoir  des  cours  à  part  ainsi  que  les  musicious.  Les  théologiens 
et  les  philosophes  ne  pouvaient  être  confondus  avec  la  foule. 
Noua  devons  nous  représenter  ces  communautés,  comme  de 
petites  univeraités,  composées  de  facultés  distinctes.  Il  fallait 
conquérir  les  titJ^s  au  prix  d'esamens  nombreux  et  difSciles. 
Le  titre  de  druide  était  le  titre  le  plus  élevé.  César  en  fait  un. 
titre  général  comprenant  tous  les  autres.  Nous  devons  nou^-- 
en  rapporter  à  Timagkne  et  à  Diodore  et  conclure,  malgr^^ 

le  silence  des  CommerUaires,  à  l'esistenoe  de  grandes  com 

munaotés  et  à  une  hiérarohio  nécessaire. 

Diodore.  Diodore,  qui  avait  certainement  les  écrits  de  Posi 

donius  sous  tes  yeux,  mentionne  comme  Tioiagène  trois  caté 

gories  de  prêtres  gaulois'  :  les  bardes,  les  devins  et  les  druides 

«  Lus  Gaulois  sont  intelligents  et  capables  de  s'itistruire*.  Ih  on^^ 
des  poètes  qu'ils  appellent  bardes*  et  qui  chantent  la  lotiang^ 
et  le  blâme  en  s' accompagnant  sur  des  instn/ments  semblaile^e-  — 
aux  lyres  ;  ils  ont  des  philosophes  cl  des  tbéotogierts  très  'm  mu'  ii 
qu'ils  appellent  druides*.  Ih  ont  aussi  des  devins*  qui  sont  er^^^ 
grande  vénération.  » 

Chaque  catégorie  a  des  fonctions  spéciales.  Si  les  barde    _ 
distribuent  les  louanges  et  le  blâme  et  rappellent  dans  dt^L  — -^ 
chants  épiques  les  hauts  faits  des  héros',  aucun  sacrifice  i^^^   e 
se  peut  faire  sans  la  présence  d'un  philosophe,  et  les  devins  ^^^^t 

augures  ont  un  rôle  à  part.  «  Us  prédisent  f  avenir  par  le  —     _] ,/ 

(ifs  oiseaux  et  par  finspection  des  entrailles  des  victimes.  Tout  Je 

peuple  leur  obéit.  C'est  un  usage  établi  parmi  eux  que  perton^^^^^u 


1.  Nous  retrouverons  des  catégories  analogues  dans  l'IrUade  druidique.. 

2.  Itiodorc  veut  dire  :  capables  de  profiter  de  l'eDeelguement  des  druidsK.  . 

■'t.  't>LXÛ30ra<  C£  tivi;  £i(r\  tîl  eFaXôyoi  nEpinùt  ti|,iûtii£»i,  oilt  Apouita;  ôve^ 

T:  Xp-W-.,  li  xai  |iivrc-«v. 

C.  «  VA  tiarili  qiiideiu  foi'tia  virorum  illustrium  racta  beraicia comunotta    <p-. 
..ibuM  L'uui  dulcil>u9  lyrae  iiiudulis  cautitaruat  x  (Timageae,  /. 


LES^DRUtDES  25d 

}ie  sacrifie  sans  fassisUmce  d'un  philosophe^  Ils  prétendent 
quon  ne  peut  offrir  de  sacrifices  agréables  aux  dieux  que  par 
t intermédiaire  de  ces  hommes  qui  connaissent  la  nature  divine 
et  sont  en  quelque  sorte  en  communication  avec  elle,  » 

Strabon*.  Ce  que  noua  dit  Strabon  qui  composait  sa  Géo- 
graphie vers  Tan  20  de  notre  ère,  trois  quarts  de  siècle  après 
César,  un  demi-siècle  après  Diodore,  plus  d'un  siècle  après 
PosidoniuSf  confirme  de  tout  point  ce  que  nous  ont  appris  Ti- 
magène  et  Diodore'. 

«  Chez  tous  ces  peuples  presque  sans  exception^,  se  retrou* 
vent  trois  classes  d'hommes  qui  sont  F  objet  d  honneurs  extra- 
ordinaires^ à  savoir  :  les  bardes*,  /es  vatbs*  et  les  druides  \  Les 
bardes^  chantres  et  poètes^;  les  vates,  sacrificateurs  et physio- 
loques^;  les  druides  qui,  indépendamment  de  la  physiologie  y 
professent  la  philosophie  morale**.  Les  druides  sont  réputés  les 
plus  justes  des  hommes  et  à  ce  titre  c'est  à  eux  que  l'on  confie 
[arbitrage  des  contestations  soit  publiques,  soit  privées.  » 

1.  *KOoc  8*  fltùxoTc  69TI  (&T]dlv2  ^ciav  Tcoetv  âv£v  91X09690U.  Diodore,  dans  ce 
même  paragraphe  (V,  31)  Doud  apprend  que  ce  sont  surtout  les  devins  qui 
prenoent  part  aux  sacrifices  humains.  «  Lorsque  les  devins  consultent  les  sa- 
cri/het  sur  quelque  grand  événement^  ils  ont  une  coutume  étrange^  incroyable  : 
ils  immolent  un  homme  en  le  frappant  avec  un  couteau  dans  la  région  au-defsus 
du  diaphragme;  ils  prédisent  ensuite  l'avenir  Waprès  la  chute  de  la  victime^ 
d'après  les  convulsions  des  membres  et  Vécoulement  du  sang.  Fidèles  aux  tra^ 
diiions  antiques^  ils  ont  foi  dans  ces  sacrifices.  » 

2.  Strabon,  liv.  IV,  iv,  4. 

3.  On  a  cm  que  Strabon  avait  copié  César;  nous  croyons  plutôt  qu'ils  ont 
puisé  Tun  et  Tantre  aux  mêmes  sources,  à  ces  livres  nombreux  qu'avait  con- 
sultés Timagène,  au  dire  d*Ammien,  Voir  plus  haut,  p.  254. 

4.  Crest-â-dire  che«  les  peuples  gaulois,  icotpi  icôtoi  ô'wç  sTttTcav.  Strabon,  dans 
^Q  même  chapitre  IV,  iv,  2}  nous  dit  d'une  manière  générale  à  quels  peuples 
^  ^applique  cette  expression  :  itapà  n&dt,  en  ces  termes  :  ToSi  9u;iiro(v  9OX0V0 

>^^v  raXXtx6v  Te  xqi\  PocXaTixbv  xa>oOai,  tous  les  peuples  appartenant  à  la  race 
Baltique  oxxgalatique  (trad.  Tardieu,  I,  p.  323),  ce  qui  semble  étendre  la  défini- 
tion à   d'antre/s  peuples  qu'aux  peuples  de  la  Gaule  de  César.  Quels  étaient 
^^es  peuples  chez  lesquels  il  y  avait  des  druides? 

5.  Bàpdoi. 

6.  OvetTsic. 

8.  *T(ivv)Tai  xcà  icoiiQTa^ 

9.  *Iepo)coio\  xa\  çudioXôyoï.  Tardieu  traduit  lepoirotot  par  :  qui  président  aux 
^sacrifiées.  Le  sens  de  9ua-ioX6yoi  est  donné  par   Cicéron  (De  divinat.,  I,  41  : 

•  naturae  ratio  quam  physiologiam  Graeci  appellant)  ». 
10.  TV  i/kK^f  f iXooofiav. 


260  LA  BEUOION  0C8  GAULOIS 

Ail  point  lie  vue  où  nous  noun  sommes  placé,  Torganisa- 
(iou  <iii  groupe  druidique,  nous  avons  très  peu  à  glaner  dans 
l(>s  éiTÎvainH  postérieurs  à  Strabon.  Lin  chapitre  des  Annales  de 
Taciie\  relatif  \x  des  événements  de  Tan  UO  de  notre  ère,  doit 
toutefois  nous  arrêter,  dans  la  persuasion  où  nous  sommes 
(pouri|iioi  ne  pas  vous  le  dire  tout  de  suite?)  que  l'Ile  dont  il  est 
fait  mention  était  un  centre  de  communauté  druidique,  comme 
Ici  cité  des  Carnutes. 

Suetonius  Paullinus,  qui  avait  le  commandement  des  légion- 
nairen,  guerroyait  en  Bretagne.  Jaloux  du  succès  quo  venait 
d'olitenir  (^irbulon  en  Arménie,  il  veut,  dit  Tacite,  se  signaler 
â  siin  t4)ur  par  une  action  d'éclat. 

Il  %«•  pn'paiv  IX  iilUi{iicr  l'ilt*  (II'  Mi»iin*  p#*u|)ltM*  (riinliitant^  '*«iur.ik'(*ut' 
i-i  ic«-rpi;ii-|«?  (|i*<i  lriii<«rii(!i>^.  Il  fut  roiistniirf  d«*«  lint<*aui  phili,  pnipr^« 
a  I  •*Ut>  iiiiT  «•iiti'i't'duptV  tl«?  Iiiis-fiiiuls.  Il  V  met  son  infantrnr.  S«t  rava- 
liiTft  pafts.iinit  a  i;ui'  ou  a  la  iia^i'  mit  Xvmts  rhevaui.  I.c*  iivatf^  •-lail 
Ixiiilt*  |i.ir  rt'iiiii-mi  i|iii  |ir«*<fiitait  um*  fon'^i  d'armi*^  ri  de  ««tldaU*.  au 
iiiili'*u  lit* «4|iifN  iir  r**H<i;iii>nt  (l«*  ruurir  tifii  ffiiiiiie«  tvltt*»  <pj*<iii  |»fini  lr« 
fiirit'%,  (lan^  un  aiip-iifil  fun^hr**.  \**%  ch«'vi*ux  épars,  <i«*«  tonlif^  iian«l^« 
in.ijiis  t'i  tuiti  nutnitr  tira  'iruthi  1rs  mains  levers  \rr%  le  rW',  r'imutaHf 
•t'tiffrrit*' s  nnpr^'-'tlitm^,  l,:i  nouv«;iul«*  «lu  ftp»?rla«'li*  «.nuit  dV|fr«ii  ii*>«  toi- 
(laU.  On  vdi  (lit  <|ut*  ti*ur  «orpt  «rtait  att-icht*  a  la  l(*rn*,  à  \v%  vinr  imm^»* 
liili-ii,  %*•  livrer  .lui  ri»ups  «ans  ilrff*»4f.  Mais  lûnitiM  u*  ranimaot  a  la 
\->.t  ili-  Iriir^  iliff^.  %'aiaruill<inn<iiil  l'ui-nii^ioei  f*l  honteut  (!•*  trrnibl«-r 
ili'v.int  un*-  troupt*  ih-  f**niin*'^  i*l  «If  prAtre«%  lU  rnarrhf*nt  f*n  avant, 
fnfiih  iMit  !••«  hirh.in'^  «'t  li'^  envi*|(»pp«*nt  dam  l**ur«  pnipn*»  f^ai.  **a 
l'--ir  iinp->«4  unt*  k'-iroi^mn  rt/'ofi  tUtrutsit  te*  huis  ornsMieret  a  ieurt  korrtbi** 
Aup'  r%tttfnt%,  'tir  it'«  rrjtgrtltnmt  romme  un  act»  rtii*jifux  d'arroger  U*  «m- 
t^U  lu  *'tuj  'l'  *  r.if,ttf%  ri  ,U  c  la «ullfr  le%  dieux  daiu  *te$  rnlratUr»  Aa- 
»/è<ji't«  •    I'  idui  liiifi  |hin*.iu  il'-  Lainallf). 

J>'  ne  puin  m'empAclier  de  considérer  l'Ile  de  Mona  comm« 


1       II     l<  .     l-iM  j/  .    \IV,    MX 

•  Aiirfl<-»«'t,  |H*ltt''  ilr  >iiiir-r  %!•  4  \|.    |j|  ..•!,•  iirirntal«   du  |Mjt  d**  t««lte«. 
■  VI  itiiiu  i.K  lit  11  III- ■•li«  vilMiii  ««t  rrri*|itaruiufn  |»«*rfii|f«ruai  •.  Q  jrl  t 

l'iii>  'rti  !-•■  «  iri>|  r>i«  c^tlr  p'-tili*  II',  «.KM  11-  #^J<Mir  dr«  dnilJrt  * 

i.      *•!»  «tl  pr  .  .ii:  ir**  ilirrr*!  t.-h-».  iIxiiva  anui*  »iri*iae.  •  '11.,  %J     \î\\ 
\  «  I 

h   iiiii-(i-   'ir.-itii.  |ir  <*t*i  iJirt*.  tiiblitifl  al  co'Hu'U    inrialint.  f>iii- 
d#  t-*         Ini  .  \IV    /   r  I. 

•  .         Ilu  !•  lit*    «t  f4UalirijUj  «ifuitu   .. 


LES  DRUIDES  261 

le  séjour  particulier  d'une  confrérie  druidique.  L'incendie  des 
forêts  de  Ttle,  consacrées,  dit  Tacite,  à  des  sacrifices  sanglants, 
suffit  aie  démontrera 

Ces  témoignages  contemporains  de  l'action  des  druides 
vivante  ou  expirante  en  Gaule  concordent  tous.  Nous  pouvons 
en  tirer  les  propositions  suivantes  : 

1"*  Plusieurs  siècles  avant  Tère  chrétienne  des  confréries 
existaient  en  Gaule  en  rapport  avec  d'autres  confréries  de  l'île 
de  Bretagne,  considérées  comme  les  confréries  mères,  com- 
posées de  diverses  catégories  d'affiliés  parmi  lesquels  des 
prêtres,  des  juristes,  des  bardes  ou  aèdes,  des  devins,  des 
médecins,  des  maîtres  de  sciences  naturelles,  des  philosophes 
et  des  théologues classés  par  les  anciens  sous  trois  rubriques: 
druideSy   bardeSj   vaies.  Ces    confréries,  chargées  de  fonc- 
tions publiques  importantes,  jouissaient  des  privilèges  les 
plus   étendus,    exemption   d'impôt  et  de   service  militaire. 
L'éducation  de  la  jeunessse  gauloise  était  entre  leurs  mains. 
Cette  jeunesse  se  pressait  dans  des  écoles  où  se  pouvaient 
conquérir  de  pareils  privilèges.  La  confrérie  se  recrutait  elle- 
même  par  voie  d'examens,  non  d'hérédité.  Un  chef  élu  était 
à  sa  tête*. 

Les  chefs,  c'est-à-dire  les  affiliés  du  plus  haut  grade,  les 
dignitaires,  les  druides^  étaient  astreints  à  vivre  en  commu- 
nauté^ entourés  de  leurs  disciples  et  des  membres  inférieurs 
de  la  corporation.  Le  centre  de  leur  action  était  en  Gaule,  dans 
le  pays  des  Carnutes,  où  une  assemblée  générale  se  tenait  tous 
les  ans. 

Une  pareille  organisation  entraînait,  de  toute  nécessité, 
l'établissement  de  grands  centres  d'habitation.  Nous  verrons 
que  les  druides  choisissaient  de  préférence  ou  des  îles  ou  le 
fond  des  forêts'. 


1.  «  Praesidium  posthac  impositum  victis,  excieique  luci,  saeyis  supersti- 
Uonibus  sacri  »  (Tac,  /.  c). 

2.  Y  avait-il  un  seul  chef,  nu  seul  général,  ou  plusieurs  chefs  provinciavx  ? 
La  questioQsera  à  examiner. 

3.  «  In  specu  aut  in  saltibus  •  (Pomponius  Mêla).  Nous  avons     déjà  appelé 
Tattentlon  de  nos  auditeurs  sur  l'intérêt  que  présentent  les  déconverten  faites 


362  LA  RELICION  DBS  OAULOIB 

Leur  enseignement  était  1res  varié  et  trbs  élevé. 

ËNSBitaNEHENT.  Aucuti  (ioutft  ne  peutexisIcF  sur  la  oature  «le 
l'enseignement  donné  dans  les  communauti^s  druidiques.  Ti< 
magène,  César,  Dii>dore,Strabon  sont  d'accord.  Sur  ce  point  il 
y  a  unanimité  comme  .sur  les  autres. 

Timagène  déclare  que  les  druides  ont  été  en  Gaule  les  ini- 
tiatews  des  nobles  éfitdes',  que,  tandis  que  les  bardes  chan- 
taient aux  accompagnements  de  la  lyre,  les  hauts  faits  dos 
héros  dans  des  vers  épiques,  en  partie  de  leur  composition*, 
que  les  Eubages  smitaienl  et  $  efforçaient  de  surprendre  les 
secrets  de  la  rwUurc*.  les  druides  d'un  génie  supérieur  dédai- 
gnant les  choses  de  la  terre  et  s'étevant  aux  plus  hautes  concep- 
tions philosophiques  déclaraient  les  âmes  immortelles'. 

Césarn'est  pas  moins  explicite,  u  L'enseignement  se  compose 
d  un  grand  nombre  de  versa  apprendre  par  caur  et  quelque  fois 
il  exige  jusqu'à  vingt  années  déludes.  A  leitr  avis  ces  matières 
ne  doivent  point  èirr  confiées  â  l'écriture'.  Le  principal  point 
de  leur  doctrine  est  que  lame  ne  périt  pas,  et  qu'après  la  mort 
elle  passe  d  un  corps  dans  unauire*.  Une  foule  de  questions  sur 
les  astres  et  leurs  mouvements,  sur  la  grandeur  du  monde  et  rfe- 


i  deux  repriMS  ditTèreule^  àe.  tiombruusriE  nifdalllus  gauloiaee  de  lypo  arnto — 
ricain,  dans  l'Ile  de  Jersoy.  Nous  niaas  conjecturé  que  lee  maaâtaîrea  étaleo.  9 
des  draides  et  que  l'tle  Je  Jersey  âta[t  un  centre  de  communauté  dniidiqu»^ 
Le  trésor  de  Soiugs  découvert  dans  le  Blésois  au  bord  du  lac  de  ce  nom  (qr:^ 
devait  i^tre  au  milieu  d'uue  f ortH),  à  proximité  de  ruioeg  romaines ,  Irésorqu-^ 
outre  dex  mounaies  de  m'^me  lype,  contenait  un  lorqma  d'or,  aoua  a  par — 
eii-c  i'iDdice  d'uD  autre  élabllasemeat  semblable.  Non»  aurons  ultérieureme^K: 
l'occnsLon  de  développer  nos  idées  à  ce  sujet.  Nou»  ne  serions  pas  âton^cz 
que  Voppidum  de  Kerviltré  (Finistère)  avec  son  torques  d'or  eût  le  mime  <^_^ 
racliire,  aiuai  que  plusieurs  autres  oppida. 

1.  «  Studia  laudabilium  doctrinarum  ". 

S.  :i  l''ortiu  virorum  illustrîum  focta  herolcis  eomposila  Terslbua  oum  d^  -^ 
riljLis  lyrae  niodulis  cautilabant  ». 

J.  M  Scrulaules  aeriem  et  âublimia  naturae  pandere  conabanlnr  ». 

i.  ■•  Drnaidue  (druidae)  ingeaiU  celslores  quaestlonibua  occultarum  m  ^ 
.tlliruuique  erecti  despectantes  Itimiana  pronuutiamnt  animas  immortaL^t».; 
(Aii.ni.  Slarcell..  XV,  S,  8.) 

:■.  Ci^sar,  B.  G.,  l.  r.  Lu  pareil  enseîguement  e.ugealt  naturellamrat  la.  x>  d 
gr.iude  assiduité  n\n  écoles  et  ne  pouvait  se  donuer  en  debora  d'«U«i. 

li.  •  Nou  iulerir«  auiina?.  -leil  al)  nliis  post  mortem  transira  r^  «h*»^  - 
(César,  B.  G.,  VI.  ïiv). 


LES  DRUIDES  263 

la  terre f  sur  les  lois  de  la  nature\  sur  r action  et  ta  puissance  des 
dieiix  immortels  font  partie  de  leurs  doctrines  et  de  leur  ensei^ 
gnement  ». 

Cicéron*  nous  dit  implicitement  que  Tart  de  la  divination 
faisait  partie  de  cet  enseignement.  «  Vart  de  la  divination 
n'est  pas  étranger  aux  nations  barbares^  puisqu'il  y  a  des 
druides  en  Oaule.  Tai  connu  Fun  d'eux^  tÈduen  Divitiacus,  ton 
hôte  et  ton  admirateur*,  qui  se  vantait  de  connaître  les  lois  de 
la  nature f  c  est-à-^dire  ce  que  les  Orecs  appellent  physiologie. 
Il  annonçait  F  avenir  tant  par  F  observation  des  oiseaux  que  par 
conjecture^.  » 

Tacite,  plus  d'un  siècle  plus  tard,  nous  apprend*  que  les 
druides  Gaulois  prédisaient  encore  T  avenir.  «  Rienn  avait  autant 
contribué  à  persuader  aux  Gaulois  la  chute  prochaine  de  f  Em- 
pire que  tincendie  du  C apitoie.  Rome,  jadis,  avait  été  prise  par 
les  Gaulois,  mais  le  temple  de  Jupiter  ayant  subsisté,  TEmpire 
s  était  maintenu  ;  au  lieu  qu'alors,  cet  embrasement  fatal  était 
le  signe  de  la  colère  céleste  et,  pour  les  nations  transalpines, 
le  présage  de  F  Empire  du  monde  :  voilà  ce  que  la  vaine  supers- 
tition des  druides  publiait  •  » . 

Diodore  et  Strabon  nous  donnent  moins  de  détails,  mais 
^tBrment  également  chez  les  Gaulois  Texistence  de  poètes 
qu'ils  appellent  bardes,  de  philosophes  et  de  théologiens  très 


1.  «  De  rerum  natura  »  (Id.,  ûf.). 
^'  GicéroD,  De  divinatUme^  liv.  I,  ch.  xu,  90. 
^'  Cicéroa  s'adresse  à  son  frère  Qaiotus. 

^'  •  Naturae  raUonem  quam  physiologiam  Graeci  appellaot  notam  sibi  pro- 
'■tebatur  et  partim  auguriis  partim  conjectura  qnae  essent  futura  dicebat  »>. 
5.  L'an  71  de  J.-G.  —  Tacite,  HUL,  liv.  IV,  ch.  uv. 

^'  •  Possessionem  rerum  bumanarum  Transalpinis  gentibus  porteodi  super- 

®"tione  varia  druidae  canebanl  ».  M.  d'Ârbois  de  Jubaiuville  fait  remarquer 

JJ^®  :  «  les  Vies  de  saint  Patrice,  œuvres  de  chrétiens  qui  considéraient  le  drui- 

•**»•#  comme  un  adversaire,  attestent  que  les  chrétiens  croyaient  à  la  puis- 

^^"leé  prophétique  des  druides,  lis  racontent  que  les  druides  d^tr lande  dnnon^ 

«     '^»i<  Varrivée  de  saint  Patrice  qu'on  fixe  approximativement  à  Van  442.  Un 

^^^tns  à  Itt  tétë  rasée  Comme  une  hache  viendra  à  travers  la  mer  orageuse; 

^^^^    maiit«ao  a  un  trou  pour  la  tête,  son  bAton  a  le  bolit  recourbé;  sa  table 

^  ^  rextrêmité  orientale  de  sa  maison;  tous  ses  gens  répondent  :  Amen, 

». 


'3»i  LA  hrlioion  ni»  gaulois 

huriort's  (|iriN  ap]H>lli«nl  dniiHvs^,  L*é(iucaili(»n  de  ci*s  |NM^io<(. 
lit'  f'fs  <lf>vins,  dt*  r4's  philosopher  nxip*ait  un  rnsei^noment 
loiiL'  <•(  suivi.  \)v%  cours  drvainit  en  Mro  instiUiés  dans  les 
roiiiiiiiiiiaulês.  Le  Irxto  de  Slrahon'  roiiduil  aux  mêmer  ron- 
rlu<ii»ns. 

H  Chez  tous,  //'S  peuples  f/fiu/ois,  à  pru  pn^s  s/ii«  exrtptùm,  *#• 
tro  fil' m  i  inti\  rlassf  <  ffh  ommrs ,  t/  ai  stm  t  Cuhjrt  d'honni  ur%  extrn^ 
urdxnnirr^,  à  savoir  :  />»s  hnrdfS,  /#»<  vati's  rt  les  druides.  /•! 
/fil r des,  aiiiremrrit  ditlrsrJuiutrrs  sorrrs^  1rs  rairs,  autrrmrni dnt 
h*s  drrin»  f/ ai  président  aur  sacrifirrs  rt  inlrrrof/rni  In  nniurr^ 
t'fi/ifê  lr\  druidrs  t/ui  indrppudamfnrnt  dr  la  PHYSioLiiiiiR  nu  phi' 
los'tfdiie  nnturrllr  profksskn'T  i/^THKH'K  nu  p/iHn^np/tie  vinmlr. 
('py  tlrrntrrs  \nfit  n'putr>  les  plus  Jw^irs  drs  hnmmrs  ri  à  rr  titre 
l'psi  t'i  pur  t/up  fnu  npifir  farlntruf/e  drs  vnntrstatinns  snii  pri' 
ff'rs^  snii  puli/it/urs*,  n  On  ne  devient  pan  juge  «•(  arhîtn*  dann 
un  pay«%  de  traditions  et  de  coutumes,  sansde  limirues  rtudes*. 

hmu  (  'hrt/snytnfur,  qui  mourut  l'an  1 17  de  notre  ère.  compare 
;iu\  uiaL't'H  des  Perses  i*t  aux  pr«*tres  ^gvptiens  Ip\  druidet 
//»/!  t  IkfZ  les  i^pltrs  Kp  rnnsarrtiipfit  ô  lu  diriwitinn  pt  ù  fr'tudr 
dp  lu  w/y/'^wV  Autaiil  d**  cours  particuliers  indispensables  dans 
uuf  ^iM'iiMé  nu  |«'H  traditions  nVtaient  pasconli«'*es  à  l'hérédité. 

l'nfnpnnius  Mpltt.  Piimponius  Mi-iadisait  déjii  vers  Tan  II  de 
riotri'  rn*'.  que  l'un  trouvait  chez,  lesliaiilois,  malgré  leur  har- 
Ij.iiii',  •■  ;//#/•  rl'tt^upfirf  witurvllr  Pt  duus  1rs  druides  de*  mutire% 
i/p  A/  stit^rs'^r  tfui  jtrrfpfidrut  nuuuiitrp  Ifi  ijrnndeur  et  In  fnrfne 


1.   Il '«if.  ri     1  i-'.  ' '.  «;  .sil'^i'f.; '.«o  laCo^ii*      ;-.«'«'ïo;oi  ?i  Ti>i:  lîv:  su  %:if.«%i 
-    ■.--..   ■:  '1.  *■•*■.      •-..  A:;o«.{x;   '.«'«-li^'f ,9t*  ihhiilfir^.  V.  .I-»  . 
.'    «"ir  ihiMi.  IV.  I» 

In  J     r»r  lini.  I     |.     iji.  vn. 

•  \iiir  y  ■!•  :  'l'i  «  •<  •|iii-  ii'iii*  •ii-iiM  ilu  r>''lr  ilr»  ilriH>lr«  m  IriaoJr. 

Ili-iii    •  ?ir>  •••■(•'■llii',   "riifio    XI.IX. 

•  I'  -iii>  -ii'i-  M**!!      •  HiNriil  tiiii^ii  Ni.ilii    ri  fariiiiilum  tuttu  iniffUtfw«- 
)  .•    -iS'i'iit  .t    Iri   II*    Ml  ti-rrif  iiiiiii'tniii'*  iiiairiiitu'hiiriii  r|  f.iniiam.  motia* 

•   "Il   ^<    M-l- riKii  •  I -l'i -t  •!ii%i-liiit  «rirr  \*\ttUW\\\i\T.  t**m^nt  ^nutln  n*tS%ii9Mtwt*9 

I.  i»i  tf  'fiii.  fii^'in   iM'iif.  -lui  Ml  «^  Il    'tut  \t  a^lUt»  m/fiAtifl  •.  Il  or 

f     .t    \f      '  t'..  '  r     1  ir  !•  •  i|rii:  !•  •    iia\.ii<ii|    pliia    nlnri    «uruii  rAl«  i>fB<'irl    H 

I  if  •!  ,.  .'ir.-  p.'..*.  f^\é•  il*  ^i«iiiii  <-i rUitiniinit  «iMp^ri*  •  l'autnnte  imp» 

r  I  r  .  t  •«•  ir XI*  li' tit  -Uiit  iiii#  •itiialmii  an>ilotfUi*  «i  ''rlli*  uù  m*  Iriiuvrnl  J» 


LES  DRUIDES  265 

de  la  terre  et  du  mondCy  le  mouvement  du  ciel  et  des  astres  et 
la  volonté  des  dieux.  Ils  sont  les  éducateurs  de  la  noblesse.  Cet 
ENSEIGNEMENT  louç  ct  secTCt  AxxvQ  quelquofois  vingt  ans.  Il  se 
donne  dans  des  cavernes  (?)  ou  dans  le  fond  des  forêls  ».  C'est 
à  peu  près  ce  que  nous  a  dit  César. 

Il  est  également  certain  que  Ton  devait  initier  certains  mem- 
bres de  la  communauté  aux  formules  magiques,  sans  lesquelles 
aucun  sacrifice  n'était  vdable,  et  auxquelles  il  fallait  qu'aucun 
mot  ne  fût  changé  ni  déplacé,  sous  peine  d'inefficacité  du 
sacrifice.  Cette  éducation  spéciale  ne  pouvait  être  négli- 
gée. Pline  nous  montre  des  druides  présidant  à  la  cueillette  du 
gui  et  d'autres  plantes  magiques.  Tout  cela  exigeait  un 
corps  de  professeurs  nombreux  et  instruits^,  sans  quoi  il  n'eus- 
sent pas  conservé  le  respect  et  la  considération  dont  on  nous 
les  montre  entourés  jusqu'à  la  fin,  de  la  part  de  leurs  dis- 
ciples*. 

La  doctrine.  La  recherche  de  la  doctrine  des  druides  est 
le  point  le  plus  délicat  et  le  plus  obscur  du  problème.  César 
qui  avait  eu  des  relations  suivies  avec  le  druide  Divitiacus  ne 
semble  pas  en  savoir  plus  que  nous,  sans  quoi  se  serait-il  con- 
tenté de  dire  :  «  Le  principal  point  de  leur  doctrine  est  que 
lame  ne  meurt  pas  et  qu  après  la  mort  elle  passe  d'un  corps 
dans  un  autre  '  »  ?  Pomponius  Mêla  avoue  plus  nettement  que 


1.  Le  baron  Roget  de  Belloguet  a  résumé  très  heureusement  le  programme 
d'enseignement  des  druides  dans  les  lignes  suivantes,  t.  III,  p.  336  :  «  Nous 
avons  pn  dans  ce  qui  précède  nous  faire  d'avance  une  idée  du  nombre  et  de 
la  variété  des  sciences  que  cultivait  le  clergé  gaulois  :  La  théologie  et  la  con- 
naissance des  lois,  l'astronomie  et  la  cosmogonie,  la  physique,  la  géométrie, 
Hiistoire  nationale,  la  musique  et  la  poésie.  Nous  avons  vu  des  prêtres  comme 
devins  et  magiciens  pratiquer  l*anatomie  splanchnologique  et  la  médecine,  pour 
laqneUe  ils  étudient  les  vertus  des  plantes.  Us  s'appliquaient  aussi  à  connaître 
la  forme  et  la  grandeur  du  monde ,  c'est-à-dire  la  géographie.  Enfin  les 
druides  proprement  dits  approfondissaient  les  hantes  questions  de  la  mo- 
rale et  de  la  philosophie,  de  sorte  que  l'ensemble  de  leur  science  et  de  leur 
enseignement  consUtuait  une  véritable  encyclopédie  et  un  cours  complet 
d'instruction  et  d'éloquence  universitaires  ».  11  y  a  là,  en  effet,  les  éléments 
d'une  université  véritable  si  ce  n'est  d'une  abbaye. 

2.  «  Ad  hos  (druidas)  magnns  adolescentium  nnmerus  disciplinae  causa  con- 
eorrit,  moffnoque  simt  apud  eos  honore  »  (César,  B.  G.,  VI,  xui). 

3.  César,  B.  G.,  l.  c. 


260  LA   RELIGION   DKS   GAULOIS 

rc  MMil  point  (if*  l«*iir  doctrine  avait  pénétré  dans  l««  publie  : 
l'num  rj  t'is  t/u;»*  pnvripiuut  in  vulfjus  rffluxiss^  rùhlirH  ut 
forent  ntl  hrUa  mrliorrs  ;9'tmnt<  rsse  anitna^  riltimi/a^  nlh^nim 
a*l  manrs  V  u  |)i»  leur  «*nsei^n<*m(*iit  îIh  ne  laÏAsenl  Irari^pinT 
qu*un  seul  prérrpti*  dans  le  public  on  vue  d*i*xalti*r  le  rmirasi» 
militaire,  à  savoir  i]U(*  les  Ames  sont  immorteIlf*s  ft  qu«*  la  vit* 
se  continu!*  au  delà  du  louilieau  ••.  (le  précepte  ou  cv  di);:m«*, 
tous  1rs  écriv«iins  prfsipie  sans  exception  riiez  lesqurU  li*  nom 
des  druidrs  rsl  prononcé,  en  ont  fait  UHMition.  On  ne  p»*u( 
contrstrr  tpril  fut  la  hase  de  Inir  f*ns(M^nemeiit. 

Si  rien  m*  nous  a  été  transmis  d«*  précis  touchant  les  dortrines 
canoni<]ui*s  ou  théolof^iqufs  d(*s  driiid(*s,  n*y  a-t-il  pas  quelqui*^ 
(*iin*iéqui*nr(*s  à  tirer  de  et-  silcnn*  mém«*?  L(*s  discipl(*s  île* 
driiidi'S.  je  veux  dire,  ci'ttr  nomhr«*use  jeunesse  qui  «i*  «ou- 
ni*'ttait  il  leur  «•nsciLMiemenl  rft*ntrai«*nt  pas  tous  dans  lai-*tn- 
frérii' ;  xuw  partie  reprenait  la  vie  civile.  l*rul-on  rmin*  i|uM 
V  i-i'it  «'li«'/. ceux  qui  reprenaient  leur  lllx-rté,  à  supposer  qu'flli* 
pî^t  exi^ifT  clii'/  l«*s  autri*s.  um*  disripliin»  assez  sévère  p«iur 
qu'ils  SI*  crussrnt  uhliiréH  à  xw  rien  rêvéliT  de  c**  qui  l«*ur  était 
en<ei*:né.' S'il  v  avait  une  dorlrim*  sei'h'teclle  ne  si*  cumpri-nd 
i|ue  réservée  à  la  classi'  tnut  à  f'iit  exeeptioniielU'  des  p|iil<tK«i- 
pli«'s  ••!  tii*«t  théido:;ii*UN;  niai^  ne  pouvaient  fain*  partie  d«* 
ri'tlf  d'H-triih'  Nfcirii'  les  détails  thi  culte  i*xtérieur  s'il  \  fu 
av. lit  l'U,  II*  nom  «1rs  ilivinilés  devant  leM|uell(*H  le  puldir  ^*  - 
fait  venu  •(•'  prostiMinM.  t  hi  peut  dnur  être  certain  que  ren*»i*i- 
;:nt'miMit  iji  ^  druiiles  ne  rnuip'irlait  pas  l'elala^r  d'un  p.in- 
tliiNifi  d«'  ilifut  i|ui  auraient  f*ti*  la  manife^tatiftii  iMterii>ure  d** 
li'iir  tlo'>ilnjif  Niiiis  siiniTi'oiis.  i*u  i'**  moment,  à  la  tnati*-. 
I'Nuh.  Ti'iitales  ft  'Inrani^  W  laipirlli*  on  i>fTrait  des  fia<'ritirf« 
s.ih::laiit*«  et  dont  un  a  voulu  fain*  li-s  ;:raiids  dieux  di*s  ilrui«ies 
M.uh  iiutn*  i|ue  Liieairi'  e^t  !•*  prtMniiT  i*t  h*  ««Mil  i|ui  t*n  ait 
parji-,  riiniiiii'iit  compri'iidrail-on  (|ii**  U-ur  ntuii  «'ùt  été  iciior** 

1    Mil.  m 

'2  II  /'^i' >  ij>  m  pr  •titti;riii<*iit  ilr  I  lu  t4  lU  uotr^  «T**.  Nout  rtp^ru;.! 
|i  fi^uif  ««{i.iii'r.  «lau»  Ift  il«ruirrr  p«rU"  d^  r«  cuur*,  l'orticiat  dtf  c«tl# 
IrtoJa. 


LES  DRUIDES  267 

ies  écrivains  antérieurs  si  les  druides  leur  avaient  adressé  des 
sacrifices  publics  et  surtout  consacré  des  victimes  humaines? 
Une  seule  divinité  sans  nom  peut  se  rattacher  au  cycle 
druidique,  le  Disputer  qui,  dit  César,  d'après  une  tradition  des 
druides,  aurait  été  le  père  de  la  nation.  Les  Gaulois  se  préten-' 
dent  tous  issus  de  DispaterV  C'est,  disent-ils,  une  tradition  qui 
leur  vient  des  druides.  Ce  dogme  faisait  donc  partie  de  l'ensei- 
gnement druidique,  mais  à  quel  titre?  Le  soin  que  César  prend 
de  nous  en  parler  en  dehors  du  chapitre  consacré  à  la  corpora- 
tion et  à  la  suite  des  renseignements  qu^il  nous  donne  sur  la 
religion  des  Gaulois',  laisse  supposer  qu'il  fait  allusion  à 
une  tradition  populaire  adoptée  par  les  druides,  analogue  à 
celle  qui  régnait  chez  les  vieux  Germains,  frères  des  Celtes, 
qui  considéraient  Tuiston  comme  le  père  de  la  nation  ger- 
manique'^ sans  que  cette  tradition  fût  un  dogme  druidique.  A 
plus  forte  raison  ne  pouvons-nous  pas  accepter  la  thèse  du 
baron  Roget  de  Belloguet  *  pour  qui  Esus,  «  dieu  suprême  des 
druides  y  ne  serait  autre  yî/'Asu,  le  (jrand  être  conçu  par  les  sages 
(comme  le  «  qui  est  »  de  C Exode ^  m,  14)  identifié  par  la  foule 
avec  le  soleil  ou  le  firmament  ».  Quelle  que  soit  son  origine,  la 
tradition  relative  à  Dispater  doit,  toutefois,  être  prise  en  grande 
considération.  L'usage  de  compter  le  temps  par  nuit  et  non  par 
jour  se  rattachait,  suivant  César  lui-même,  à  cette  croyance. 
Dispater  était  évidemment  un  Pluton.  «  En  vertu  de  cette 
croyance  (la  croyance  qui  portait  les  Gaulois  à  se  croire  les 
descendants  de  Dispater),  les  Gaulois  tnesurent  le  temps  écoulé 


1.  César,  B.  G.,  VI,  xvii  :  i<  Galli  se  omaes  ab  Dite  pâtre  prognatos  praedi- 
caat,  idque  a  draidibus  proditum  dicaat.  » 

2.  Qa*il  ne  faut  pas  confondre,  nous  ne  saurions  trop  le  répéter,  avec  le 
druidisme. 

3.  Tacite,  De  moribus  Germanorum,  II  :  «  Célébrant  (Germani)  carminibus 
aatiquis  (quod  unam  apnd  illos  menioriae  et  annalium  genns  est)  Tuislonem 
deum,  terra  editum  et  filiam  Mannum  originem  gentis  conditoresque  ».  Nous 
so  mines  de  plus  en  plus  frappé  de  l'analogie  de  la  religioiï  pré -druidique  des 
Ganlois  avec  la  yieiUe  religion  germanique. 

4.  Baron  Roget  de  Bellognet,  Elhnogénie  gauloise,  III,  p.  121,  qui  ajoute  en 
ï^ote  :  «  Asu  ou  Asura  du  verbe  a«,  être  :  l'Asura-masda  ou  l'Esprit  sage  des 
Perses,  rSsus  des  Celtes  et  TEsun  divin  des  Ombres.  Cf.  As  Dun  en  Scandi- 
xiavie«9 


LA  RELIGION   DES  CAULDIS 


non  par  le  nombre  des  jours,  main  par  celui  des  nuits,  et  de  1 
mênifi  pour  compter  ies  dates  de  naissance  ou  les  commence- 
ments de  moii  ou  domines,  c'est  toujours  la  nuit  gu'its  pren- 
nent pour  point  de  départ.  »  Celle  coulurne  à  laissé  des 
traces  jusqu'en  plein  moyen  âge'.  De  semblables  usages  ont 
toujours  de  profondes  racines  et  méritent  une  autre  attention 
que  ce  que  nous  dit  César  du  culte  des  Gaulois  pour  Mer- 
cure, Apollon,  Mars,  Jupiter  et  Minerve,  «  sur  lesquels  les 
Gaulois  auraient  eu  ies  m^mes  idées  que  les  autres  na- 
tions'. » 

En  résumé,  aucun  texte  ne  nous  autorise  h  supposer  que 
les  druides  en  s'instailant  en  Gaule  y  aient  introduit  chez  les 
Celtes  des  divinités  étrangères  au  pays  ou  des  rites  nouveaux. 
Nous  pouvons  même  très  légitimement  affirmer  le  contraire. 
Si  les  druides  avaient  eu  des  divinités  particulières,  nous  les 
retrouverions  en  Irlande.  M.  d'Arbois,  l'autorité  la  plus  coni' 
pétente  en  pareille  matîëre,  déclare  qu'il  les  y  a,  en  vain, 
cherchées;  et  quelle  raison  les  Gaulois  auraient-ils  pu  avoir 
pour  ne  pas  accueillir  ces  dieux,  eux  chez  qui  le  panthéon 
gréco-hellénique  s'est  si  vite  acclimaté? 

Ne  soyons  pourlani  pas  trop  absolus.  Les  druides  dans 
leurs  communautés  étaient  ckei  eux.  Il  pouvait  y  exister  des 
cérémonies  qu  il  n'était  pas  de  leur  politique  de  vulgariser. 
Elles  pouvaient  être  réservées  à  une  élite  d'initiés.  Celles-là 
nous  les  ignorons  et  probablement  les  ignorerons  toujours. 
Leur  politique  extérieure  parait  avoir  été  la  politique  des 
sages  et  des  philosophes.  L'antiquité  païenne  n'avait  pas  de 
préjugés  religieux.  Aucune  divinité  là  où  on  la  rencontrait 
n'était  proscrite.  La  mythologie  gauloise  en  comptait  par 
milliers,  divinités  des  sources,  divinités  des  forêts,  divinités 
des  montagnes  et  des  lacs.  Les  cérémonies,  les  sacrifices  faits 
en  l'honneur  de  ces  divinités,  les  druides  y  présidaient  sans 


1.  Voir  Delocbe,  La  procession  dite  de  la  Lunade  {Mém.  de  l'Acad.  dei  ins — 
eript.,  t.  XXXII,  2'  partie,  1890},  et  Annexe  G. 

2.  César,  I).  G.,  VI,  j;vii  ;  •  De  qnibus  etuidem  ïere  qnaiu  reliquae  yente" 

Iwbeiit  upinioneui  », 


LEB  DRUIDES  S99 

aucan  scrapale.  Ils  ne  chercheront  point  à  en  imposer  d'autres. 
Les  formules  magiques,  héritage  des  chamans,  le  bas  clergé 
druidique  dut  continuer  à  s'en  servir.  Les  druides  ne  faisaient 
pas  corps  avec  la  nation,  ils  ne  vivaient  pas  de  sa  vie  reli- 
gieuse, morale  et  intellectuelle,  ils  la  dominaient  du  haut  de 
leur  science  et  de  leur  indépendance  *. 

U  esl  certain  que  les  druides  avaient  une  philosophie,  mais 
nue  philosophie  n'est  pas  une  religion,  même  quand  elle  spé- 
cule sur  la  nature  des  dieux;  de  telles  spéculations  ne  pé- 
nètrent jamais  dans  les  couches  profondes  de  la  nation.  Des 
hypothèses  sur  la  grandeur  de  la  terre  et  le  mouvement  des 
astres  ne  devaient  pas  appeler  davantage  les  conversions  ou 
chasser  des  esprits  et  des  cœurs  les  superstitions  populaires. 
Lenseignement  des  druides  ne  modifia  pas  la  religion.  Un 
seul  dogme  était  h  la  portée  de  tous,  le  dogme  de  Timmorta- 
'ité  et  de  Télernité  des  âmes.  Mais  ce  dogme,  qui  entrait  comme 
élément  essentiel  dans  leur  enseignement*,  ils  Tavaient  trouvé 
S^hvéy  comme  nous  l'avons  vu^  dans  les  instincts  des  races 
septentrionales  auxquelles  se  rattachaient  les  Gaulois  *.  Il  y 
^st  resté. 

Quelle  idée  les  Gaulois  et  les  druides,  en  particulier,  se 
'disaient-ils  de  cette  éternité  des  âmes?  Nous  disons  les  Gau- 
lois et  les  druides,!  ^^  ^^^  textes  n'en  font  que  par  exception 


i.  Je  me  les  figure  en  Gaule  comme  sont  les  Missious  norvégienoes  à  Ma* 
^^gascar,  élevant  chrëtieaaemeut  les  petits  Malgaches  sans  les  initier  à  toutes 
les  tabtiUtés  de  la  théologie  protestante* 

S.  César,  B,  G.,  VI,  xit  :  «  In  primis  hoc  volunt  persuadere,  non  interire 
animas  ». 

3.  Voir  DOS  premières  leçons.  L'observation  est  de  Fréret,  édit.  in-12, 

fc-    XVUI,  p.  119  :  «  Le  dogme  sur  rèternité  des  âmes  et  du  monde  paratt 

a.v'oir  été  commun  aux  Gaulois  avec  les  peuples  de  la  Germanie.  11  se  tronve, 

quoique  mêlé  de  détails  puérils,  dans  VEdda  et  dans  le  recueil  de  l'ancienne 

Q3>thologie  des  Scaldes...  Comme  on  a  trouvé  ce  môme  système  chez  d'autres 

Dations  barbares  qui  n'ont  aucun  commerce  entre  elles,  il  faut  qu'il  soit  une 

suite  des  premières  idées  qui  se  présentent  aux  hommes  et  il  n'est  nullement 

néceasaire  de  supposer  qu*il  soit  passé  d'un  pays  dans  l'autre.  //  serait  encore 

f^oina  raisonnable  de  penser  qu'il  ait  été  porté  par  les  Grecs  et  les  Romains 

chez  ces  différentes  nations  ».  Ces  derniers  mots  visent  l'opiaion  qui  voudrait 

<|ue  ce  dogme  eût  été  emprunté  aux  pythagoriciens. 


LA   Re:LI01C!4   DES    GAULOIS 


honneur  aux  druides.  Pour  la  majorité  des  écrivains  qwi  en 
parlent,  le  dogme  élait  un  dogme  nalioual,  propre  aus  Galstcs 
et  aux  Kimri-Bpiges  aussi  bien  qu'aux  Celtes.  Nous  avons 
tort  de  dire  un  dogme  ;  pour  )e  peuple  c'était  une  croyance 
innée;  pour  les  druides  une  doctrine  dont  plusieurs  écoles 
pouvaient  se  disputer  l'interprétation  et  qui  avait  pu  changer 
et  se  modifier  avec  le  temps.  Suivons-la  k  travers  l'histoire 
durant  la  période  de  vitalité  des  druides. 

César  :  «  Le  principal  point  de  levr  doctrine  {\a.  doctrine  des 
druides)  r.'est  gtip  l'rfmr  ne  péril  pas  et  qu'après  ta  mort  elle 
passe  d'un  corps  dansun  autre.  Ils  pensent  f/ue  cette  croyance, 
en  faisant  mépriser  la  mort,  est  éminemment  propre  à  exalter 
le  coitrage^.  »  César  cherche  à  expliquer  le  motif  qui  pousse 
les  druides  à  faire  de  cette  doctrine  la  base  de  leur  enseigne- 
ment. Il  y  voit  une  pensée  politique.  Il  ne  présente  pas  cette 
doctrine  comme  un  dogme  religieux, 

Timagène,  au  contraircj  y  voit  la  conception  la  plus  haute 
à  laquelle  les  philosophes  des  communautés  druidiques  se 
soient  élevés.  «  Les  druides',  d'un  génie  supérieur,  s'élevant 
aux  spéculations  les  plus  hautes  et  dédaignant  Us  choses  de 
ta  terre  oui  déclare  les  ijmes  immortelles  ». 

Diodore.  Au  livre  V,  xxvm  de  sa  Bibliothèque  historique, 
nous  lisons  :  [Chez  les  Galates],  des  querelles  s'élèvent  sou- 
vent dans  les  repas  où  méprisant  la  vie  ils  se  provoquent  à 
des  combats  singuliers,  car  chez  eux  prévaut  la  doctrine  de 
Pythagore  d'après  laquelle  ;  les  âmes  des  hommes  sont  immor- 
telles •  et  après  loi  nombre  déterminé  d'années  recommencent  â 
vivre  en  s' enveloppant  d'un  nouveau  corps''. 


1.  César,  /l.  G..  VI,  111.  -  Id  primis  hoc  volunt  pereuadere,  uon  interire 
auimai?,  sud  a.b  sliis  post  morteu  traiisire  sd  alios,  atq je  boc  mosïme,  ad  vir- 
tiiteiu  cxcjtari  putaut  luetu  mortis  Deglucta  >. 

2.  Les  Druides,  c'est-à-dire  l'ordre  le  plus  élevé  de  la  corporation.  Amni. 
M.irc,  -W.  (9  :  -  lutcr  eos  [scilicet  llardos  et  Euhifçi;^]  Drusidae  (druiJae) 
iiigeniia  celsiores...  qiiaestiouibus  occultarum  rcriim  allartimqua  erecti  sunt 
et  despectantes  humaaa  proDuntlaruat  animas  immortales  -. 

3.  Diodore,  V.  28.  'Abayâiovi. 

i.  lia'i  El"  £nuv  ..'ipioiiivui»  raiïiv  pioOv,  m(  sTEpov  oa,|ia  xi^  i-Jini  tIofi'JO(i£ï^c- 


Les  druides  ^1 

TimagèneavaUdéjàrapprochéladoctrinedes  druides  de  celle 

de  Pythagore*.  Mais  ni  Tua  ni  Taulre  ne  disent  que  les  druides 

reusseotreçae  d'eux.  Nous  devons  faire  une  autre  observation. 

Diodore  parle  des  Galates,  TaXi-cxi.  Or  quatre  chapitres  plus 

loin,au  ch.  xxxk  de  ce  même  livre-V  il  croit  devoir  définir  cette 

expression  FaXirrat  :  «  //  est  utile  de  déterminer  un  point  ignoré 

de  beaucoup  de  perso)vies.  Les  peuples  qui  habitent  au-dessus 

de  Massalie,  dans  ^intérieur  des  terres^  le  long  des  Alpes  et  en 

deçà  des  monts  Pyrénées,  se  nomment  Celtes  ;  ceux  qui  sont 

au-dessus  de  cette  Celtique  *  dans  les  régions  inclinant  vers  le 

notUSj  LB  LONG  DB  l'OgÉAN  ET  DES  MONTS  HERCYNIENS  ET  TOUS  CEUX 
m  VIENNENT  A  LA  SUITE  JUSQU\  LA  SGYTHIE   Û/l    IcS    appelle  Ga^ 

laies.  »  Diodore  comprend  donc  une  partie  des  tribus  de  la 

Germanie  parmi  celles  qui  croient  à  Timmortalité  de  Tàme  et 

Agissent  en  conséquence,  car  aux  lignes  citées  du  ch.  xxviii 

il  ajoute  :  C*est  pourquoi^  pendant  les  funérailles  ils  jettent 

dans  le  bûcher  des  lettres  adressées  à  leurs  parents  décèdes, 

eomme  sites  morts  devaient  les  lire'.  »  C'était  donc  plus  qu'une 

doctrine,   c'était  un   article   de  foi   sur  les  deux  rives  du 

Ihin. 

Nous  devons  rappeler  que  Valère  Maxime  *  et  Pomponius 
-Héla  quelques  années  plus  tard  font  mention  des  mêmes  usages. 
'^  Au  sortir  des  murs  (de  Marseille),  dit  Valère  Maxime  %  on 
^le  raconte  quune  ancierme  coutume  existait,  chez  les  Gaulois, 
<ie  se  prêter  entre  eux  des  sommes  remboursables  dans  f  autre 
^>ionde,  tant  ils  étaient  persuadés  que  nos  âmes  sont  immortelles, 
^e  les  traiterais  (Tinsensés  si  l'opinion  de  ces  porteurs  de  braies 
^^  se  retrouvait  sous  le  manteau  grec  de  Pythagorc  ».  Valère 
Alaxime  n'attribue  cette  croyance  ni  aux  druides  ni  à  Tin- 


1.  «  ut  auctoritas  Pythagorae  decrevit  >*  (Amm.  Marc,  XV,  9). 

2.  Diod.,  V,  xxxii  :  Toù;  hï  ôitsp  Ta^ry);  tîjç  KsXtîxy];. 

3.  Voir  plus  haut,  p.  89»  des  pratiques  analogues  chez  les  Tsehérémisses. 

4.  Qui  vivait  sous  Auguste^ 

5.  Valère  Maxime,  lib.  H,  ch.  vi,  10  :  «  Memoria  proditum  est  pecuoias  mu- 
tuas  quae  eis  apud  iuferos  redderentur,  dare  solitos,  quia  persuasum  habne- 
rint  animas  hominum  immortales  esse.  Dicerem  stultos  aisi  idem  bracati  sen- 
sisseut  quod  palliatus  Pythagoras  credidit.  » 


272  LA  REUOION   DES  GAULOIS 

flucnco  ilo  Pylhagoroy  il  se  contente  de  rapprocher  les  deux  doc- 
trines Tune  de  Tautre. 

Pomponius  Mêla  qui  reproduit  presque  t(>ztuollem«*nt   la 
phrase  de  ('.ésar,  ajoute'  :  «  Kn  conséquence  ils  hrùlmi  et 
enterrent  avec  les  morts  ce  qui  est  utile  aux  vivants.  Autrefois 
il  arrivait  quils  fixaient  les  enfers  comme  lieu  de  rèylemrnt  de 
leurs  affaires  rommerriales  ou  le  paiement  de  leurs  dettes.  Oii 
a  vu  m^me  des  parenté  se  jeter  volontairement  dans  le  hùcher 
dafis  tespoirde  revivreavec  les  morts  ».  (^es  pratiques  quelque 
peu  adduries  s%'*t;iienl  «'onservées  jusqu'à  l'an  44  de  noln*  ère  '. 
Strason*  reste  dans  les  moines  données,  sans  parler  de  Py- 
thagore  à  propos  de  la  doctrine  de  l'immortalité,  bien  qu'il 
s'occupe  il  plusieurs  reprises  des  pythagorici(*ns  et  de  leurs  doc- 
trines. 'I  Les  druides  qui  ne  sont  pas  du  reste  les  seuls  parmi  tes 
harhftres prorlament  que  les  tUnes  et  le  monde  sont  immorte/%*.  m 
L'accord  entre  ces  écrivains  est  donc  complet.  Les  Itaulois 
croyaient  &  l'immorlnlité  «les  Ames  et  conformaient  leurs  actes 
à  leur  foi.  L«*s  druides  les  y  encourageaient.  Leur  doctrine 

■ 

était  que  les  Ames  continuent  îi  vivre  après  la  mort  du  corps 
et  que  l'on  pouviiit  eiitriT  eu  relation  avec  elles.  Klles  devaient 
ri'vAtir  un  jour  un  corps  nouveau.  Tel  est  le  doirnie  ire« 
simple  dont  les  textes  nous  donniMit  h*  résumé.  Ils  ne  nous  ili- 
sent  pas  quel  est  le  s<^jour  îles  Ami*s  privèt>s  de  leur  corps  ter- 
restre. Les  expn*ssions  ad  inferos,  ad  mânes  sont  des  expres- 
sions vasques  comme  seraient  nos  (*xpressions  :  «oik  terre  ou 
4Ùm>  l'autre  //io;i//^,fxpressiiins  qui  n'impliquent  aucunement 
ridée  de  l'enfer  de  Proserpim*  etde  IMuton.  D'ailleurs  Lucain  * 

:    M*  1\   lu.  i  :  ■  fri'iiii  •*%  II-  i|iiAr  |ilruiilv-*  pri^-i  |it-rinl  m  «iilffu*  rf^  .1  I. 
^i>l>  .1'  •  t.  lit  fiir<*nt  •■!  IfW*  iiirlinri  ■.  «rli-riiA-  r*»*-  .iiiini**.  tiLiiiii|ii"  kit*  râiu 

\-l    lll  l'i^a      ltit*fH^     ■'•«'H     *n   trt'ili      ,'ritul»it     .JC     •/^/•*'llU*lf    i|/i/r|   I  irTlfl.'.HI        ••,,:|| 

iir|{iitiiiriiiii  r.itiii  rii4iii  i-t  •■\i'tiii  «r**!!!!!  iliffvrrtivlur  «il  iiifirri»*,  rr4Xil|j^ 
•|iii  ri  riiKii*  •iii»rijiii,  ^rnil  um  «nliin  lili^iiti-r  ii|jiiiill(r**ul 

2    |i4lr  |iro!>.«Mr  «  U'4i^i>  M*^li  •«'riv«ii  «i  «:r«|ihi>*. 

l    "^îr-iî-iiii,  IV.  I*.  !•    f  •' 

•    In  !ijrti>i:i  T«r>iir  i     I.  p     i*',     «;4i;,T3«;  ii  ài^^éti   ail  %î    '••«•ki  -i;    •.;■« 
mit   '.si  %  .7-i'#>. 

■'.  I.-JCA1U, /"•u'-sa/r.  I,  V    «h<  4'.  1. 

•      .  \utii-  Aiii'ItiT.Liij»  uiiitirar 


LES   DRUIDES  273 

raffirme  dans  d'admirables  vers  où  il  développe  la  pensée  des 
druides. 

«  D'après  vos  enseignements^  druides,  les  âmes  ne  descendent 
ni  dans  les  demeures  silencieuses  de  l'Érèbe,  ni  dans  les  pro' 
fondeurs  des  pâles  royaumes  de  Plu  ton.  Le  même  souffle  les 
anime  dans  un  autre  monde  et  la  mort,  si  vos  chants  sont  une 
virile,  n'est  que  le  milieu  d^une  longue  existence  » .  Dans  un 
aatre  monde,  expression  presque  aussi  vague  que  les  précé- 
dentes, «  adinferos,  ad  mânes  »  est  le  seul  détail  nouveau  qu'il 
nous  soit  donné  de  recueillir  ici.  Nous  ne  croyons  pas  qu'il  soit 
prudent  de  chercher  à  lever  un  voile  derrière  lequel  Lucainnc 
devait  rien  voir  de  plus  précis  que  nous;  le  vague  convenait 
très  bien  à  l'esprit  poétique  de  nos  pères. 

Leur  rôle  politique.  —  De  rôle  politique  proprement  dit, 
cest-à-dire  d'une  participation  directe  au  gouvernement  de  la 
nation,  nous  ne  trouvons  pas  trace  dans  les  Commentaires,  Un 
seul  texte  de  la  fin  du  i*'  siècle  de  notre  ère  nous  parle 
du  grand  r61e  que  les  druides  jouaient  près  des  rois  chez  les 
Celtes,  et  il  ne  parait  pas  qu'il  s'agisse  de  la  Gaule. 

Oans  on  discours  de  Dion  Ghrysostôme  '  au  sénat,  nous  li- 
sons :  «  Les  Celtes  ont  des  druides  versés  dans  Fart  divinatoire 
^t  dans  toute  science.  Les  rois  7ie  peuvent  rien  décider  sans 
^fiœ.  Aussi  est-il  vrai  de  dire  que  ce  sont  eux  qui  comnuindent 
^^  que  ces  rois  assis  sur  des  trônes  dor,  habitant  de  magnifiques 
^^nkeures  sont  leurs  ministres  y  les  serviteurs  de  leur  pensée  ». 
Ces  paroles  ne  s'appliquent  certes  pas  à  la  Gaule.  Elles  pour- 
^«lîent  s'appliquer  à  l'Irlande  •. 

Xedr  disparition  de  Gaule.  —  Un  débat  s'est  élevé,  il  y  a 
^t^a^elqaes  aimées  sur  ce  sujet  à  l'Académie  des  sciences  mo- 


Non  tacitas  Erebi  sedes,  Ditisque  profuadi 
Pallida  regoa  petunt;  régit  idem  spiritas  artus 
Orbe  alto  ;  longae  Ganitis  si  cogaita,  vitai 
Mors  média  est.  » 

"*  .  Oion  Ghrysostôme,  Oral.  XLIX  dans  Cougriy,  Extraits  des  auteurs  grecs 
^^cfrnant  la  géographie  et  V histoire  des  Gaules,  t.  VI,  p.  35. 
^>  Nous  Terrons  plus  loin  qu'elles  pourraient,  en  effet,  très  bien  s'y  appliquer. 

18 


f.  ■  . 


LA  heiligiom  des  gaulois 

raies  el  politiques',  «;ntre  Fusliîl  in  Coulun^'es,  ViclorDuruy 
et  M.  il'Arbois  du  Jubain  ville.  C'esl  assez  dire  que  lo  sujet  a  été 
épuisé  et  traité  de  main  de  maître.  Noua  u'aurona  qu'à  le  ré- 
sumer en  y  ajoutant  quelques  réflexions  nouvelles. 

Les  druides  oiil-ils  élé  perséculÉsî  Deuï  telles  anciens,  dit  Fustel, 
rUQ  de  Pline,  l'autre  de  Suétone,  sembleal  indiquer  que  la  religion  drui- 
dique aurait  été  afasolumenl  détruite  par  l'autorité  romaine  et  cela  dès 
le  règne  de  Tibère  et  celui  de  Claude.  Nous  lisons  en  effet  dans  Pline  œs 
mots  ;  Tiberii  Cxsaris prineipatu.*  suslalil  druidas,  a  \e  principal  deTitière 
fit  disparaître  les  druides*  a.  De  son  côté  Suétone  écrit  :  Druidarutn  re- 
ligionem  Clawlius  penilus  abolevit,  phrase  que  l'on  traduit  généralement 
aiosi  :  «  Claude  abolit  entièrement  la  religion  des  Druides*».  Au  premier 
abord  ces  deux  phrases  semblent  d'une  parfaite  clarté  et  sont  d'une 
grande  énergie,  tlles  donnent  tout  de  suite  l'idée  d'une  destruction  corn- 
plële.  Itemarquons  bien,  en  effel,  la  force  de  ces  deux  mots  suslulil,  ato- 
tevit.  Les  deitt  écrivains  ne  disent  pas  seulement  que  le  prince  ail  pro- 
noucé  une  interdiction,  qu'il  ait  lancé  une  loi  visant  à  faire  disparaître 
le  druidisme;  ils  parlent  d'un  fait  accompli  et  achevé,  d'une  disparition 
totale  de  la  reli|jion  et  des  druides.  Il  semble  donc  qu'il  n'y  eut  plus  de 
druides  h  partir  de  Tibère,  plus  de  druidisme  à  partir  de  Claude.  Pour- 
taat,  si  l'on  continue  îi  observer  les  telles  et  les  faits  de  l'histoire,  on  est 
saisi  par  un  scrupule  et  par  un  doute.  Ka  effet,  ces  mêmes  druides  que 
Tibùre  aurait  fait  disparaître,  cette  religion  que  Claude  aurait  efTacée, 
nous  les  relrouvotis  dans  les  i^poques  suivantes.  Pline  lui-même,  dans  un 
autre  passaj,'o,  montre  qu'au  lomps  oii  il  écrivait,  c'est-à-dire  sous  Vcs- 
pasien,  les  druides  e.i^  isdiient  encore  et  continuaient  â  présider  aux  céré- 
monies religieuses',..  Les  druides  ont  si  peu  disparu  à  l'époque  de 
Tibère  que  Tacite?  mentionne  leur  action  dans  les  troubles  qui  agitèrent 
la  (iaule  à  l'avénemenl  de  Vespusien'. 

Il  y  a  là  contradiction  apparente.  A  quoi  cela  tienl-il?  Les 
textes  ont  rarement  tort  quand  on  sait  les  comprendre.  Ceux- 
ci  étaient  mal  interprétés.  Fustel  de  Coulanges  avec  sa  saga- 
cité et  sa  pénétration  ordinaires  remet  les  choses  au  point.  Il 
lui  suflil  (le  replacer  dans  leur  milieu  les  phrases  si  souvent 
reproduites  isolément.  Il  ne  lui  est  pas  difficile  de  démontrer, 

i.  Kii9te1  deCoiilivDgca,  Comment  le  druidïsme  a  disparu  (extrait  dc^  Campln 
Trndii.'  de  fAcailémie  des  sciences  morales  el  po iniques),  chez  Thiiriil,  1879,  et 
Renie  eellique,  t.  IV  (ISID-SOI,  p.  37. 

■2.  Pline,  H.  .V-,  \XX,  i,  13. 

:t,  Suéttiue,  Claude,  25. 

4.  fiiur.  //.  .v„xvi,  u;;,  lisi, 
j.  Tacite,  Uiat.,  IV,  54. 


LES  DRUIDES  275 

aprfes  Fréret,  que  chez  Pline  et  chez  Suétone  il  s'agit  unique- 
ment de  la  magie  et  des  sacrifices  humains  auxquels  prési- 
daient les  druides.  On  comprend  que  de  telles  pratiques  appli- 
quées à  la  médecine^  à  la  religion  et  à  la  divination  ne  fussent 
pas  du  goût  des  Romains,  aussi  Pline  dit-il  :  «  Cette  magie  a 
possédé  la  Gaule  jusqu'à  un  temps  voisin  de  nous.  C'est  seule- 
ment sous  le  principat  de  Tibère  quun  schiatus-cojisulte  a  fait 
disparaître  leurs  druides  et  toute  cette  tourbe  de  mages-méde- 
cins^ ».  11  faut  lire  la  page  de  Pline  tout  entière  pour  com- 
prendre ce  qu'il  entendait  par  les  mots  :  Sustulitdruidas. 

«  Le  passage  de  Suétone  est  plus  courl,raisoQ  de  plus  pour  n'en  suppri- 
mer aucun  mol  :  Druidarum  reliyionemdirae  immanitatiset  tantum  civibus 
sub  .iugusto  interdictam  Claudius  penitus  abolevU.  Les  deux  mots  dirae 
immanitatis  me  paraissent  dignes  d*attenlion  :  ils  marquent  sur  quel  point 
se  fixe  la  pensée  de  Suétone.  En  parlant  ici  des  druides  il  ne  songe 
nia  leurs  dieux  ni  à  leur  doctrine  sur  l'àmo  ;  son  esprit  ne  voit  qu*une 
cruelle  barbarie,  dira  immanitaa.  Pour  avoir  le  sens  de  celle  expression 
de  Suétone  il  faut  la  rapprocher  de  ccllo  de  Lucnin  :  imtnitis  plaça- 
tur  sanguie  diro  Tentâtes  ou  de  celle  de  Tacile  :  Luci  saevia  superstilio- 
nibussacri,  nom  eruorc  adolert  arasfashabebant.  —  Toutes  ces  expressions 
désignent  les  mêmes  sacrifices  humains. 

Il  faut  d'ailleurs  prendre  garde  au  sens  que  le  lerme  reliyio  présentait 
à  Tespril  d'un  Romain:  on  le  traduirait  inexactement  par  notre  mot  are- 
IigioQ«;  lise  disait  de  toute  pratique  qui  avait  pour  but  de  plaire  aux  dieux 
etsurloutde  les  apaiser.  Je  traduirais  donc  la  phrase  de  Suétone  de  cette 
façoQ  :  La  pratique  religieuse  des  druides,  la  cruauté  des  sacrifices 
bumains,  avait  déjà  été  interdite  par  Auguste  aux  citoyens  romains  ; 
Claude  l'interdit  à  tous  et  la  fit  disparaître.  Il  ne  semble  pas  que  Suétone 
ait  Toulu  dire  autre  chose  *.  » 

Nous  sommes  complètement  de  Tavis  dcFustel  de  Coulanges. 
Ne  voyons-nous  pas  les  Anglais  interdire  dans  Tlnde  le  sacri- 


I.  Pline,  XXX,  4,  13. 

2-  Cette  remarque  est  capitale.  Lorsque  César  dit,  eu  parlant  des  Gaulois  : 
tatio  omnis  admodum  dedila  re/igionibiis,  il  ne  veut  pas  dire  que  les  Gaulois 
^ent  de  la  religion  un  sentiment  plus  profond  et  plus  élevé  que  les  autres 
r^s,  mais  quUls  se  livrent  aux  pratiques  les  plus  minutieuses  du  culte.  De 
'■''éïne  il  dit  des  druides  (VI,  13)  :  reliqiones  interpvelanlui\  ce  qui  signifie,  uou 
P<^s  qa'ils  fuBSCut  des  tbéologieus  expliquant  des  dogmes,  mais  qu'ils  inter- 
prétaient les  présages  de  manière  à  pouvoir  dire  quelles  pratiques  les  dieux 
réclamaient. 


27(i  LA   RELIGION    1>KS   (iAl-LolS 

lin*  (li*s  fiMiiinos  sur  la  (ombu  de  Ioiifa  «'poiix,  saiH  (|irils  piT- 
sérntiMit  (rai!li*iirs  en  ri«^n  I«'h  sertatiMirs  «lu  1)11(11111.1? 

Il  n'y  a  point  on  à  proprement  parler  «le  pi*rMvMitioii  mi  ilu 
moins  de  pers«*nilion  vi«d«*tite.  Mais,  fait  r«*inari|ii«*r  Diiruv  '. 
"  An^iisti*  avait  siipprinu*  li**^  ansncialiniiH  ipii  nVlaienl  pa^  lir 
tradition  ou  consacrées  par  un  sêiiatus*consnlle.  ^*'i///*yr'i. 
pnêPlrr  fintl*/nfi  ri  Irr/itlnin  flisMt/rii,  \l  ne  recim naissait  pa^ 
d'existence  lê;:ali*  h  Tinstiliil  druiilique.  Kniever  â  Cflte  irrindi* 
corporation  le  ilroit  de  réunion,  c'était  liri^er  tous  si*<»  lirn<« 
et  la  dissiiudri*.  celait  déclarer  en  même  temps  ipie  I^n  .I'Ui*-- 
rents  di*  rancifum*  religion  n'ohliemlraifut  jamais  |r  tlrot  de 
cité  roniaiii«'  qui  conduisait  aux  ^raiidfs  char^'es  di*  rKiiipin*. 
T«>utes  ces  uiesuri's  élai<*nl  de  |:i  part  irAii,i;ii*«l«*  «*t  aux  vt-ux 
des  Itoinains  IV\i*rcicc  d'un  tiroit  «'t  non  pas  d(*s  actes  de  \ii>- 
leiice,  piiisiiu'eljcs  ét.iirnl  la  "«inipli*  et  naliirelli*  application  aux 
vaincus  îles  lois  faitfs  pour  \rs  \aîiiqiieiirs..  Kn  résume. 
AuLMisIe  ne  \iid4>iila  pas  Ifs  ciuiscienccN.  mais  il  w*"  laissa  pUi^ 
lie  place  aux  druidi*s  dans  lorL'aiiisation  sociale'.  >• 

li'oUVertliri*   di*s  écoles  tli*   Marsriljr.  (Il*  h\iin   i*t  il' \uluii 

■ 

aclii'\a  de  li's  lui*r.  I^'s  l'oniiiiiiiiaiitês  druidii|U('s  si*  fi»rmt-r*  nt 
pri'sqiji*  iiHitfsou  plutôt  éiui:.*ii'rfiil  en  Anirli'trrre.  m  K-nsso 
>'l  l'ii  Iriaiidi*  '  ou  l'Iles  r«'stiTent  llorissautes  jusqu'au  \    shtIi* 
de  iiotn*  «Ti*.  tifst   1,1  qui-  nous  di*vnus  maiiili'iiiiic  .ili«'r  1«'« 
eliidii'r.  Il  u\  l'Ut  liiiMitôl  plus  df  communautés  drui  lii|iii*'>  imi 
riaiili*  ;  il  V  rr^'t.i  di*s  ilruiiii's  isidrs  jusquau  v    si.*   if.  .iin<>: 
i|ui*  li's   |i'\ti*s  hiMis  rappifuneiit.  Ntitis  m*  cr«ivoiis  p.i^  qu  - 
I  un  puis<»i*  liin   lies  t<'\l«"«  ■!  autn-s  notituiH  pisiti\es  si   I  .iH 

veut  s  alisti'iiir  ili*  conji'ilun's.  Le  driiidisuM*  n  a  point  rw  uti* 
finli*  de  tii\s|irisuif .  maiH  uiif  L'rande  iiisiitulioii  S'>.'j.ilf* 

.'    ÏT'i-X    .IV  til  'l'^i  •fitii;>ri«  .\i:i>i  \^*  .ipi-ri-l*   li  AiU'ii*ti-.   •!•     fil»  T'    «-*.   *- 
1 .1 1  .1-     S.t  i.  Il     1-  i-t-'-t!!  •  I*  '\  \-  III  h'i*!*'!.  rii  liiinn.  iii  M.   t  \r  *  t  ■   :        ;  •  .: 

•  t'     f  r-  r  •  I  •  «t  «  •  •  I  •  vir  i  i'i«»i  iir|  i|(ii*  ; i|tl< 

>    *     ■    .  I-  i<>  iLx.i- fi.r»    •!•-■  i~>MiipArii>>i!i«.  ii>i  1*  ri{»;*rl|rr.iiii*  !#■  I'mi»  'fl 

•  un  ttit   .--*.•  III {••      I *•«•.•■!.    J<  «  iiti  •  A  h  ri!i  I  ir*;.  J  Ji  r«r^   i  t  r.i    \:t4  • 


XX«   LEÇON 

L'IRLANDE  CELTïOlE  ' 

Plus  on  creuse  la  question  des  druides,  plus  il  apparaît  clai- 
mentque  conformément  au  témoignage  de  César,  Toriginc 
do  mouvement  auquel  les  Celtes  durent  rétablissement  de 
Communautés  druidiques  en  Gaule  doit  être  cherchée  de  Tautre 
côté  de  la  Manche.  Dhciplina  in  Britannia  reperta  *. 

Transportons-nous  en  Irlande  où  les  druides  ont  laissé  les 
traces  les  plus  profondes  de  leur  domination  morale  et  de  leur 
enseignement;  en  Irlande  qui,  bien  après  Tëre  chrétienne, 
conserva  le  privilège  d'être  un  foyer  ardent  de  propagande  re- 
ligieuse et  civilisatrice. 

Pendant  que  l'invasion  kimro-galatique  '  paralysait  en 
Gaule  ou  du  moins  limitait  la  puissance  des  druides  que  la 
conquête  romaine  devait  définitivement  anéantir,  l'Irlande 
préservée  de  ces  deux  fléaux  conservait  intactes  les  vieilles 
institutions  celtiques,  dans  lesquelles  les  druides,  suivant  leur 
rang,  étaient  les  égaux  des  rois  et  des  princes. 

Llrlande  ne  s*est  jamais  laissé  pénétrer  par  les  civilisations 
étrangères,  elle  est  restée  celtique  pour  ne  pas  dire  druidique 
presque  jusqu'à  nos  jours. Les  Danois  du  vii*^  au  ix°  siècle,  avant 
les  Anglais,  ont  cherché  à  Tentamer.  Ils  ont  pu  s'établir  et 

i>  Consulter  Gordon,  Histoire  d Irlande  \  Keating,  Histoire  d'Irlande,  traduite 

^u  celtique  par  J.  0*MahoDy;  0*Curry,   On   the  manners  and  customs  of  the 

^'^ient  Irish;  d'Arbois  de  Jubain ville,  Introduction  à  f  étude  de  la  littérature 

cfttitfue,  t.  I,  et  Le  5enc/ius-mor  (extrait  de  la  Nouvelle  lievue  du  droit  français 

''  étranger). 

2.  CéMr,  B.  G.,  VI,  xiM. 

3-  Voir  plus  haut,  p.  14. 


LA    RELIGION    «ES   CAUI.OIS 

encore  passa^frcment  à  l'embouchure  des  riviferes.  Ils  n'ont 
pu  pénétrer  dans  l'inlûricur'.  L'Irlandû  à  bien  des  égards  est 
restée  de  nos  jours  ce  qu'elle  élail  uu  I"  siêcio  de  notre  ère. 
Nous  pouvons  mieux  que  partout  ailleurs  y  étudier  le  passé. 

Une  seule  cause,  on  dehors  de  l'action  du  temps,  aurait  pu 
modifier  sensiblement  la  ailualion  politique  et  religieuse  du 
pays  :  le  triomphe  du  chrlslianisme.  Des  circonstances  parti- 
culières ont  permis  k  l'Irlande  de  traverser  celte  révolution 
sans  en  èlre  profondément  troublée.  L'influence  du  christia- 
nisme en  Irlande  a  été  une  influence  esclusivement  morale. 
Le  christianisme  vainqueur  laissa  debout  tout  l'organisme 
politique  des  temps  où  le  druidisme  dominait,  se  contentant 
d'y  introduire  un  esprit  nouveau. 

NonseulemenI  les  premiers  apôtres  chrétiens  de  l'Irlande  n'y 
imposèrent  pas,  même  au  point  de  vue  religieux, l'organisation 
autoritaire  de  l'Église  romaine  ',  mais  se  trouvant  dans  la  né- 
cessité, s'ils  voulaient  réussir,  de  gagner  d'abord  la  confiance 
des  chefs  de  clans,  des  rois  et  de  leurs  familles  *,  sans  le  con- 
cours desquels  ils  ne  pouvaient  rien,  les  premiers  apôtres  se 
gardèrent  d'exiger  de  ceux  qui  les  accueillaient  avec  bienveil- 
lance aucun  remaniement  sérieux  de  la  constitution  établie  et 
traditionnelle.  Los  apôtres  irlandais  se  contentèrent  de  récla- 
mer la  déchéance  des  druides  proprement  dits,  c'est-à-dire  de 
la  classe  la  plus  élevée  du  corps  druidique  dont  ils  prirent  la 
place  auprès  des  rois.  Quelques  modifications  apportées  au 
code  des  lois  na'ionales,  parliculièrementau  code  pénal,  furent 
leurs  seules  exigences.  Tout  ce  qui  n'était  pas  eu  complet 
désaccord  avec  la  nouvelle  doctrine  fut  respecté  ou  toléré. 

«  A  quelque  époque  que  remonte  l'action  des  premiers  mis- 
sionnaires et  quelle  qu'ait  été  leur  influence,  il  est  certain,  dit 


1.  Le  professeur  mODtre  une  carte  oii  oui  été  marqués  les  résultats  de  c< 
tcDtativea.  Cette  carte  est  déposée  à  la  bibliothèque  Ju  .Musée. 

2.  L'Église  d'Irlaiiile  uc  rcconaut  que  très  tard  l'autorité  du  pape.  Cf.  Goi 
doo,  I,  p.  83. 

3.  L'Erlaiidc,  au   moment  où  saml  Patrice  prêchait  l'ËTaugile.  comptait  s 
moins  trois  cculs  petits  rois  au-dessous  du  roi   suprême  et  des  quatre  roi 


l'Irlande  celtique  279 

Gordon  S  que  le  paganisme  (c'est-à-dire  le  druidisme)  persis- 
tait encore  dans  la  majeure  partie  de  Tile,  au  vi*  siècle,  et  sur 
plus  d'un  point  même  au  commencement  du  vn".  C'est  à  la  Kn 
de  ce  siècle  seulement  que  Tile  des  Saints  fut  entièrement  chris- 
tianisée. »  Quand  les  premiers  apôtres  chrétiens  y  pénétrèrent, 
ils  y  trouvèrent  un  grand  nombre  de  savants,  de  philosophes, 
de  poètes,  de  jurisconsultes,  membres  des  confréries  drui- 
diques*. Ce  n'est  pas  un  auteur  moderne  qui  le  dit;  nous 
sommes  ici  Técho  de  voix  chrétiennes. 

La  légende  de  saint  Patrice,  légende  acceptée  par  TÉglise^ 
nous  montre  le  saint  discutant  en  432,  à  son  arrivée  dans 
nie,  avec  le  poète  et  le  druide  du  roi  de  Tara'  qui  lui  don- 
nait l'hospitalité.  Le  saint  s'étonnait  de  les  trouver  si  versés 
dans  la  connaissance  de  la  philosophie  et  des  sciences.  Pareil 
aveu  de  la  part  d'un  abbé  presque  contemporain  de  saint  Pa- 
trice est  un  précieux  témoignage. 

£n  449  nous  retrouvons  saint  Patrice  revisant  les  lois  cel- 
tiques, œuvre  des  druides,  sur  Tordre  du  roi  dont  il  a  gagné 
ia  confiance,  de  concert  avec  trois  rois  provinciaux,  trois  ol- 
lamhs  ou  docteurs  (une  des  classes  de  la  confrérie  druidique) 
et  trois  évèques.  Les  évèques  ont  remplacé  les  druides.  La 
révolution  avait  été  rapide  et  il  fallait  que  le  terrain  fût  bien 
préparé.  Il  semble  que  l'Irlande  fut  chrétienne  de  fait  avant 
de  l'être  de  nom.  Une  autre  remarque  dont  l'importance 
ne  vous  échappera  pas  est  la  promptitude  avec  laquelle,  quel- 
ques années  à  peine  après  la  conversion  du  roi  Loégaire,  se 
remplissent  de  fidèles  plusieurs  grands  monastères,  non  seu- 
lement en  Irlande,  mais  en  Ecosse  et  en  Angleterre.  Ces  mo- 
nastères, ces  abbayes  semblent  sortir  de  terre  spontanément, 
à  une  époque  où  la  Gaule  n'en  possède  pas  encore^  et  bientôt 
après,  ces  monastères  d'Irlande  et  d'Ecosse  sont,  avec  saint 
Colomban,  la  ruche  d'où  essaiment  les  célèbres  abbaves  de 


i.  GorJoD,  op.  laud.y  I,  p.  45-46. 

2.  Les  apôtres  du  christianisme  n'avaienlricn  trouvé  de  semblable  en  Gaule. 

3.  Tara  était  la  capitale  de  tout  le  royaume,  le  siège  du  roi  suprême  et  du 
grand  druide. 


3HI)  I.A    BRLir.lON   DRS  CAULOIC^ 

Liixeiiil  ni  Franrh(*-(lonité.  Ar.  Hohbio  on  Italio.  Vi»rs  .1(10. 
tivs  p(»ii  ilr  li*m[is  apn*ft  la  mort  di*  saint  Paliiro.  sainl  Fin* 
(lia*  fiindf*  iinr  aliliayi*  sdiis  la  juridirlion  de  rHrrtii*vt'*i|iir 
d'Ainia;:!.  I)«*.s  ^20  vsi  Ki;;nal«M*  IVxi.stiMirc*  d'un  monafitrn* 
th's  tlnrissanl  dans  ril«*  d*lona  i*n  Hcossl*.  Dans  l«*  murs  du 
nii^uM*  sit*r]i»,  alors  f|u'uiit:  ^nindo  partie  dr  THroAsi*,  de  l'Ir- 
lande «*l  di*  l'AnirliMerre  était  encore  paienno,  sVIèveal  1rs 
puissantes  aliliaye.s  d**  Itan^ur,  lune  située  dans  le  pays  de 
tîalles,  en  pleine  contrée  celto-druidique,  Tautn*  ««n  Irlande, 
dans  je  comté  de  Down.sur  le  lac  de  Belfast'  oii  Saint-Colnm- 
ban  fut  plus  tard  élevé.  Nous  nous  permettrons  d*v  vnîr  des 
ccunniunaulés  druidiques  lransforméf*s  en  monastères.  Il  i*st 
à  noti*r.  fait  hien  remari|ualil(*,  ipie  «lans  ces  monastèn-s  ce 
n'est  pas  la  reli^^inn.  rr  sont  les  siii^nces.  les  arts,  les  lettrefi. 
ce  i|u'ens(*i^M]aient  li*s  druid(»s,  qui  sont  surtout  florissantes  : 
on  y  sait  non  st»iilemenl  le  latin,  mais  le  ^n*c,  on  y  calliirra- 
phi«*avec  un  art  qui  n'a  jamais  été  dépassé.  La  poésie  v  eM 
t*n  ^'raud  lioi]neiir.<Iomni«*nt  expliquer  cette  supériorité  lilte* 
raire  i-t  scimlilique  de^  nion.istéres  d'Irlande  et  du  pays  de 
liai  les  —  Cl*  ne  M  ml  point  là  des  vertus  évani:éliqu«*s  —  si 
ce  n'est  par  une  survivance  des  confréries  druidiques  ' 

Nr  cpiyrz  \iii^  qui'  j'i*xai;èn*  a  plaisir,  oiivrr/.  un  îles  ni*'il- 
li'urs  ou  vrai;  es  ijf  M.  di*  la  VilItMiiarqué.  A//  In/rntir  rrlti»fu^ 
au  cliapilri'  :  ii  pttrsir  tirs  rlnitrrs^  iiitrod.,  p.  xvni. 

I.i  H<- II)  •  i«tii|u«-*  Il  ■•lili.'  -lil  |M«  riMiii^  .111  li.iinil  iiili-l|f«-tu<-l  •!  i  «u 
Il  i\  iil  •{••<>  m  i.ii«.  \  iVil'-  ilii  in-'iii'-  iim  •li'fii'  liiit  I  I  l'ii'-.  i|iii  t  i.l.  I  : 
1 1  yx'iX'  .  |i"li««  ni  !•■  h'^xs  l.in'i.iil  !•*  '  iiir,  •  iril  ni  l.i  liiii**.  I*  ili.iil  i  nr  i  r., 
i  i«  lut  T'-i  <*t  ■•ir.jiMt.  f\>  !•  lit  (■>ti<«  \t'S  .\\\^  iiiiMii  i«  ••nliii  iiri*«  m  .  ii 
rn  n  i\ti  fUr  * ,  il  \  u  nt  ]•■  iii-ijn*  •  liii.'r  «I*-  «1  Miip'i  un  .ilitiiffil  a  li  f>>.  t-l 
<i:i  i|»pni  l'tt  ini>«i|j  fiiMiii-  |iiii{<«  •jn  nii  ■!•  Si^^*  ini  ni  .1  jf^fint  ••1  'in 
1 1  Moàr  •l'-li-  il  fit  111  i.'iiiiti>iii«  \\**>  •  I'i|ii>  «.  (ih.K  lin  il*-  •  '^  •  l'iitri  «  \-% 
«>li.t  UM  t'ii'l"  il-    ni<  nu    >|'if  «'li>i'|u>-   I  l'iiill*'  lu  |>i<'    oui  •••n«iit-    •)# 


!    M-.rl  .  :i  •*: 

i     ll'-tliir-J  I  «[«•  ■  •  •    lii.'t.l^ra  il'liitM   •■!  •)•-    Hrir^*!     foll  |rr>   •!  lUI  i|ll^  1!^      1    >    .f 
II-  •    {•  't  \*     t    i .%    .  f 

I    V.  •  xgi\    Ir  •  m  ii:!-  ■  •!  tri.iii  W  r!  «I  Ariiiiiri<|>i'* 

4.  Ou  i^iarrâil   I  rr  au  r/ni  rfrun^yur  v\  nr  rtru  ebautf-r  ^«i  rrti* 


L'IRLANDE  CELTIQUE  281 

Fancienne  inslilalion  druidique  tout  ce  qui  se  pouvait  concilier  avec  la 

religion  chrétieune.  On  sait  même  qu*en  Irlande  cette  institution  dut 

Tavantage  de  garder   ses  privilèges  à  la  prière  de  saint   Kolom-kilM. 

Personne  n*ignore  avec  quel  zèle  et  quel  bonheur  il  plaida  la  cause  des 

bardes  quand  un  roi  chrétien  voulut  les  proscrire.  «  Il  ne  faut  pas,  dit-il 

au  roi,  brûler  le  blé  mûr  à  cause  des  liserons  qui  s*y  mêlent  ».Les  saints 

de  Gambrie,  de  TArmorique  et  de  TËcosse  ne  les  protégèrent  pas  moins.  » 

Et  plus  loin,  page  lxui  :  «  Ce  n'est  ni  à  Lérins,  ni  à  Marmoutier,  ni  nulle 

part  en  Gaule  que  l'Armoricain  Gwénolé  songe  à  aller  prendre  conseil, 

c'est  à  Sabhal,  de  la  bouche  même  de  Patrice  qui  aurait  prédit  la  mission 

de  tant  d'autres  saints.  » 


M.  de  la  Villemarqué,  qui  est  placé  à  un  tout  autre  point  de 
Vue  que  nous,  qui  croit  à  Torigine  purement  ecclésiastique 
et  romaine  des  abbayes  irlandaises,  écossaises  et  armoricaines 
n e  plaide-t-il  pas  inconsciemment  notre  cause? 

A  y  regarder  de  près,  que  sont  les  moines  de  Belfast, 
cl'Iona,  de  Bangor  et  même  de  Landevenek*.  sinon  des  druides 
Convertis?  «  Les  deux  mille  frères  de  Sletty,  dit  dom  Pitra  ',  qui 
^^Jumt aient  jour  et  nuit  divises  en  sept  chœurs  de  trois  cents  voix 
^^épondant  à  travers  les  mers  aux  fils  de  Saint-Martin,  étaient^ 
^^après  la  légendej  les  enfants  du  druide  converti  Ftek.  » 
X)ans  quelleclasse  de  la  société  —  le  fond  de  la  population  irlan- 
claise  était  complètement  sauvage*  —  ces  moines  pouvaient- 
^Is  se  recruter  sinon  dans  la  classe  des  lettrés,  des  filé  et  des 
oUamhs  auxquels  saint  Kolom-kill  avait  conservé  leurs  privi- 
lèges? 

Les  historiens  modernes  de  Tlrlande  reconnaissent  tous 
que  la  vieille  science  celtique,  la  science  druidique^  après 
la  conversion  des  Irlandais  au  christianisme  et  Téloigne- 
ment  des  druides  du  conseil  des  Rois,  resta  comme  avant, 
la  propriété  des  ftlé  et  des  ollamhs,  La  vie  intellectuelle  de 
rirlande  resta  entre  les  mains  des  celtisants.  Les  écoles  des 


1.  Office  de  saint  Rolom-kill  (Colgan,  Trias,  p.  474).  Ne  pas  coQfoadre  avec 
saint  Colombaa,  le  fondateur  des  abbayes  de  Luxeuil  et  de  Bobbio. 

2.  La  Villemarqué,  op.  laud.,  p.  lui. 

3.  Dom  Fitra,  Saint  Léger,  introd.,  p.  63. 

4.  Cf.  Strabon,  liv.  Il,  eh.  v,  8  (1,  p.  187,  trad.  Tardiea). 


LA    RELIGION    TES   OiULOIS 

firehom^  reslèrenl  ouvertes.  La  lang^ue  celtique  continua  dVlro 
la  langue  officielle.  On  l'enseignait  clans  les  monaslèros  h.  cftlé 
du  lalin,  concnrremmcnL  avec  le  grec.  Cet  usage  persista 
jusqu'au  xvi"  siècle. 

L'atlachemenlaus  vieilles  couLumes  était  tel,  la  loi  celliquo 
exerçait  une  telle  attraction  sur  les  colons'  eux-mêmes  que 
beaucoup  d'entre  eux,  plus  de  cent  ans  encore  après  la  conquête 
anglo-saxonne,  demandaient  à  être  soumis  comme  les  Celles 
au  code  dc^  Brehons.  La  vieille  Irlande,  l'Irlande  druidique 
se  survivait.  Dans  le  principe,  sous  Idenri  II  et  ses  premiers 
successeurs,  de  1170  h  1367,  la  loi  anghiise  et  la  loi  cel- 
tique vécurent  juxtaposées  avec  un  caractère  également  légal. 
Le  code  brebon  était  même  sur  le  point  de  supplanter  le  code 
des  vainqueurs,  quand  en  1367,  deux  cenis  ans  après  la  con- 
qu(;te,  le  .statut  de  Kilkenny  essaya  d'enrayer  le  mouvement. 
L'inQuence  anglo-saxonne  était  assez  visiblement  en  péril  pour 
que  des  mesures  énergiques  parussent  indispensables.  «  Dé- 
fense est  faite  aux  calons,  sous  les  peines  les  plus  sévères,  em- 
prisonnement et  cou/iscalion  des  biens,  de  s'alUer  aux  Irlayidais 
soie  par  mariage,  suit  par  échange  d enfants;  interdiction  à  tout 
Anglo-Saxon,  sous  (es  mêmes  peines,  de  prendre  un  nom  irlan- 
dais et  d'adopter  /es  coutumes  du  pays  »  L'Irlande  allait  vain- 
cre l'Angleterre  par  la  supériorité  do  sa  législation  comme  la 
Grèce  intellectuelle  avait  vaincu  Rome  '. 

Or  nous  trouvons  dans  \e,  Senchus-mor ,  en  partie  traduit  au- 
jourd'hui par  M.  d'Arhois  de  Jubainville  ',  les  éléments  d'une 
reconstitution  de  cette  vieille  législation. 

Ce  code  de  lois  à  la  fois  compliquées  et  savantes  dans  leur 
originalité  ne  pouvait  être  l'œuvre  spontanée  des  populations 
irlandaises  que  Strabon  nous  présente  plongées  dans  la  plus 
extrême  sauvagerie  ".  Il  ne  pouvait  sortir  que  d'oasis  intellec- 


1.  Juri^k'i'dc  lacouCrérie  driiidiqaf 

2.  Lcfi  A  agio -Saxo  Lia. 

S.  H  Craecia  capla  feriim  ïktnvcin  ci 
(.  O'ArliuisiJc  Jubaiuville,  Ètudt  su 
;;.  Strab.,  i.  c. 


L'IRLANDE  CELTIQUE  283 

liielles,  telles  que  nous  nous  sommes  figuré  les  communautés 
druidiques  *. 

Nous  allons  essayer,  guidé  par  M.  d'Arbois  de  Jubaiaville, 
de  vous  introduire  au  seiu  de  celle  vieille  société  façonnée  par 
lamain  des  druides.  M.  d'Arbois  n'a  pas  seulement  traduit  pour 
nous,  je  veux  dire  pour  vous,  le  Senchus-mor\  de  vieux  chants 
épiques  existaient  en  langue  celtique  dépeignant  la  vie  héroïque 
de  l'ère  païenne;  il  les  a  fait  revivre.  Les  druides  y  jouent  un 
grand  rôle.  Nous  sommes  donc  au  cœur  même  de  notre  sujet. 

La  population  de  l'Irlande,  d'après  le  Senchtis-mor,  se  com- 
posait de  deux  couches  distinctes  dont  la  plus  nombreuse, 
comme  eu  Gaule,  était  réduite  à  un  état  voisin  de  l'esclavage  *. 
Les  membres  de  la  couche  supérieure,  assurément  des  conqué- 
rants*, qui  elle-même  se  divisait  en  plusieurs  classes,  faisait 
seule  partie  de  la  Flaith,  suivant  l'expression  irlandaise,  c'est- 
à-dire  du  clan. 

On  peut,  dit  M.  d'Arbois,  se  représenter,  d'après  leSencAM5- 
mor^  la  société  irlandaise  antique  comme  composée  de  la  ma- 
nière suivante  : 

1*^  Des  familles  royales  an  nombre  de  près  de  deux  cents.  Il 
y  avait  encore  au  viii"  siècle  cent  quatre-vingt-quatre  tuath  ou 
domaines  royaux  ayant  à  leur  tête  un  roi  suprême  et  quatre 
rois  provinciaux  :  rois  du  Gonnaught,  deTUIster,  du  Munster 
et  du  Linster^  ; 

2*  Au-dessous  des  familles  royales  ou  chefs  de  clan  se  pla- 
çaient les  primates.  Il  n'y  avait  pas  en  Irlande  de  noblesse 
héréditaire.  Divisés  en  quatre  classes,  tous  les  membres  de  la 
flaith  étaient  égaux  bien  qu'occupant  dans  le  clan  des  fonc- 
tions et  des  rangs  difTérents:  chaque  classe  était  dotée  de  pri- 
vilèges particuliers.  La  richesse  en  bestiaux,  mais  aussi  la 
science,  le  savoir,  rhabileté  en  certains  arts  et  métiers  déci- 

1.  Nous  verrons  dans  oue  prochaioe  leçou  uq  exemple  vivant  de  sembla- 
bles oasis.  Si  le  passé  explique  le  présent,  le  présent  bien  souvent  explique 
le  passé. 

2.  a  Plebs  poene  servorum  babetur  loco  »  (César,  B.  G.,  VI). 

3.  Les  druides  étaient  vraisemblableineut  veuus  dans  le  pays  à  leur  suite. 

4.  Ces  divisions  territoriales  u*ont  jamais  varié. 


daienl  des  ranj^s.  On  peut  so  faire  une  idée  de  la  valeur  rela- 
tive de  chacune  des  rlasses  dans  lesquelles  rentraient  les 
membres  de  linslitulion  celtique,  en  tenant  compte  du  prix 
auquelélaitallachécequele  corffiireAoH  appelait  leur /jon;icwr, 
c'est-à-dire  la  somme  due  par  le  coupable  à  celui  de  ses  mem- 
bres auquel  était  faite  une  injure  grave.  Ces  amendes  étaient 
en  cHtnah  '  ou  en  bestiaux. 
L'honneur  du  roi  suprême  de  Tara  était  évalué  <^  28  ciimals. 

—  d'un  roi  provincial  .     .  —       21       — 

—  d'un  roi  de  Tuath  (chef  de  clan)  —         7       — 

—  primate  de  i"  classe     .  —        5      — 
La  différence  entre  un  roi  de  Tuath  et  un  primate  de  1"  classe 

était  donc  peu  sensible.  La  difTéreoce,  au  contraire  était 
grande  entre  un  roi  de  Tuath  et  un  des  quatre  rois  provinciaux. 
L'honneur  des  autres  classes  s'évaluait  en  bestiaux  ; 

Primate  de  2*  classe.     .     .      20  bètes  à  coroea. 

—  3"  classe.     .     .       IS  — 

—  4"  classe.     .     .       10  — 

Le  chef  des  druides,  plus  tard  l'évèque  dans  chaque  liiath 
avait  rang:  royal.  Chaque  roi  de  Tuath  avait  son  druide,  c'est- 
à-dire  son  directeur,  son  conseiller.  Les  ollamhs  [docteurs  et 
juristes),  les  filé  (voyants),  comprenant  les  maîtres  es  arts, 
les  forgerons,  les  musiciens,  les  poètes,  les  généalogistes,  les 
architectes  des  Tualh,  étaient,  suivant  leur  mérite,  inscrits 
dans  l'une  ou  l'autre  de  ces  quatre  classes. 

Les  guerriers  ne  formaient  pas  de  classe  à  part.  Ils  ren- 
traient, suivant  des  rî^gles  que  nous  ignorons,  mais  qui  pa- 
raissent tenir  compte  surtout  de  la  richesse  en  bestiaux,  dans 
une  des  quatre  catégories  précédentes. 

Il  faut  croire  que  chacune  de  ces  classes  ne  comprenait  pas 
un  bien  grand  nombre  de  membres,  et  que  l'ensemble  formait 
au-dessus  de  la  plèbe  une  aristocratie  restreinte,  car  un  de 
leuis  privilèges  était  d'être,  comme  les  rois,  hébergés,  c'esl-â- 
dirc  logés  et  nourris  parleur  vassaux,  eux  et  leur  suite,  quand 


L'IRLANDE  CELTIQUE  285 

ils  se  déplaçaient.  S'ils  eussent  été  nombreux,  c'eût  été  la 
ruine  des  vassaux. 

Un  roi   de  Tualh  avait  droit,  outre  Tabri,  à  7  vaches. 

Un  primate  de  4  "*  classe     —  —          à  5     — 

—  de2«~         —  —          à4     — 

—  de  3«    —        —  —           à  3      — 

—  de  4c—         —  —          à2     — 

Les  membres  du  clergé,  les  oUamhs,  les  filé  suivant  leur 
dignité  étaient  sous  ce  rapport,  assimilés  aux  primates  ^ 

Au-dessous  des  primates,  mais  faisant  encore  partie  de  la 
flaith  (du  clan)^  existaient  deux  classes  de  vassaux  tenant  à  bail 
les  terres  et  le  bétail  des  primâtes*.  L'ensemble  de  ces  six 
classes  c'est-à-dire  lB./laUh  et  les  ras5flMx  composaient  Tordre 
des  Nenié,  Le  menu  peuple,  la  multitude,  sous  le  nom  Aeféné 
constituait  un  ordre  inférieur.  Les  esclaves  n'en  faisaient  pas 
partie,  on  n'en  tenait  aucun  compte. 

Le  Senchus-mor  qui  nous  représente  le  code  Brehon  revisé 
par  saint  Patrice  et  les  évêques,  c'est-à-dire  christianisé,  ne 
parle  plus  des  druides.  Les  ollamhs  et  les  filé  y  ont  seuls  une 
place*.  Mais  M.  d'Ârbois  de  Jubainville^  remontant  au  delà  du 
code  revisé,  interrogeant  les  vieux  poèmes,  les  vieux  chants 
nationaux  pieusement  conservés  dans  chaque  clan  par  les  filé, 
répare  pour  nous  cette  omission  du  code  christianisé  et  nous 
montre  les  druides  en  action  auprès  des  rois  au  temps  de  leur 
puissance»  alors  que  Ton  aurait  pu  leur  appliquer  les  paroles 
de  Dion  Chrysostômc  :  «  Les  rois  sur  leurs  trônes  d'or  ne  sont 
que  les  ministres  des  druides*  ». 

II  ressort  des  recherches  de  M.  d'Arbois  que,  conformé- 
ment à  ce  que  nous  disent  les  textes  qui  les  concernent,  les 


1.  11  n'est  pas  indifférent  de  constater  que  ceux  qui  représentent  la  reli* 
gion,  les  arts  et  les  sciences,  continuent,  même  après  leur  conversion  au  chris- 
tianisme, à  être  classés  dans  une  catégorie  particulière  comme  du  temps  où 
ils  formaient  une  confrérie. 

2.  Tout  un  chapitre  et  très  développé  du  Senchtis-mor  traite  du  cheptel. 

3.  Nous  avons  déjà  dit  que  saint  Kolom-kill  avait  obtenu  que  leurs  con- 
fréries ne  fussent  pas  dissoutes. 

4.  Dion.  Chrys.,  /.  c. 


2S()  IJL  RELIGION  l»es  <:Airt.ois 

drilidofl  étaient  on  Irlande,  comme  en  (iatile,  ma^irien», 
devins,  médecins,  iirofesHtMirs,  ronseillers  des  n>is.  (jn^i  rli.v 
pitres  de  YhUnuluction  à  Cvtudfdv  la  littérature  rflht/ue^  stml 
consacrés  à  disrtiler  ces  lémoi«;na^es,  cVsl-à-din*  it  n'I«*v«*r  li» 
épisodt's  épiqne.s  qui  mettent  en  liimîèn*  ces  vérités.  I)ansr«*^ 
récits  il  ne  s'agit  plus  de  théorie  formulée  dans  des  traités 
émanant  d*historiens  plus  ou  moins  compétents.  Nous  voyons 
les  druides  en  arlioii.  a^Mssanl  près  des  rois  qui  I«Mir  obéissent, 
élevtint  leurs  lils  et  leurs  iilles,  (|u'ils  épousent  i|uel«|uefoi<>*. 
Il  est  vrai  que  ces  extraits  n«*  nous  donnent  aucun  détail  con- 
cernant les  conditions  de  leur  élévation  h  cette  dignité  pri\i- 
iéfi^iée;  mais  à  cAté  des  druides,  faisaient  é\idemment  tléj.i 
partie  île  la  corporation  les  poètt*s  et  les  ju ri ste>  o///im A <  ain«i 
que  les/rVr,  qui  à  la  demande  tie  Kolorn-kill  avaient  con^^erve 
leur  ancienne  situation  aussi  lûen  i|ue  les  honneurs  que  leur 
ttaui:  leur  attribuait  dans  la  hiérarchie  druidique. 

Or.  le  Srnrhwi-mnr  nous  r«*nsei^ne  a  souhait  sur  tout  rr 
qui  concern**  leN  filr  v\  \v%  ollamlt^.  l'n  filé  de  pri*mi«'r  ranir. 
ce  qui  le  plar  lit  prfS(|ue  au  niveau  des  rois,  devait  posséd*-i 
'Aiii\  hisloires  tlont  2r»0  de  premièri*  rla<i<e.  Il  devait  cmnailre. 
en  oiiti't'.  l'écriture  o^hamique.  la  L'ramniaire.  la  versiticati«in 
le  droit,  la  musique  et  la  ma^ic.siiil  un  eiiHi'mbli*  demnnai^- 
sanre.s  cxiiTcint  une  puissance  d«*  nii*moirei*.\traordinairi*.  rar 
tout  cet  ens«'iL'nt*m«*nt  était  oral*.  Il  fallait  tout  savoir  par 
cieur.  tt  Le  >'*/i#7ii/*-//ifir,  yi/i  l'a  ransfrrr.  dit  l'auteur  du 
recueil  qui  est  un  nllambi  '  rassntiati m  tirs  mêmntrt*,  Ai 
traiê^missittfi  tf  une  nml/r  à  tautn-,  ta  rrt  itati*tn  tirs  purtfs  ■ 
Il  était  démandé  l\  nn  /lA'  di*  deuxietni*  classe  17.*!  hisli*iri'«. 
i-n  ilfliofs  df  vr  qui  euM'^lituaii  Téduratiou  ré;:!i'iuent.iir**.  I4 
^'rammairt'.  la  v«*r««iliraiioii.  la  macir.  l'n  tile  di*  Iroisimir 
cla*«»i»  di'vait  po**éiler  hO  réril«i  «m  hi*itoiri's  en  vers    Li»  lili* 

!.   h  .\rti'.-  '!•■  Jj!'iiit«  lili'.  '•   .•.•/-   /i/f. '.i'i.        .r//i'ii.-    I      I.   |i     *..•    4  ji  . 

.'    1  ■  "    :ri<    !•  '  ■■   iiiiri'i.l    inn ni  •!■■•  n.  ii    !»'•■•  iii--r.*  ii..ilt  |>|i  •    r  Tim 

•  Ir  iii  l>  *.  ■!•  Il  ■•lit  -1  iiilr»    fiiiii.lr  '\,i*    !•■«  lin  iiihri  -  'Il    ii  •-•*(iiiiiii!i4utf 

.     N-i-ja   .ii.iii*  «ii   i|ii  1    •■:!  • ',  tit  -t*'  iii<'--iif    I  II  <f  i>i  I      •fil  ;-ih»i  ■iijfiir- lafii  :  r' 
i4ij  -1   r/ii   t'f   •/■r.  ••    ir,     ''ij,..r    •iriii-«i    *  >"inttli'    Il   ri'i      n    •/!••  if>/ii|i|     wt   ^^| 


kItJDE  CELTIQUE 


fi  à  los  réciter  devant  les  rois  ou  dans 
laE'is.  Oq  comptait  jusqu'à  dix  rangs 
|Ie  nombre  d'histoires  dont  la  mémoire 
.  Ou  ne  demandait  que  7  histoires 


lit  encoreau  xiv' siècle.  Chaque  petite 

i  côlé  de  son  évêque,  qui  a  rang  royal, 

e  de  science  profane,  son  ollamh  qui  est 

I  dignité.  L'ollamh  n'a  pas  le  titre  de 

B  en  avoir  conservé  les  droits  principaux. 

,  manuscrit  du  xiv  siècle,  contient  la 

t  l'on  volt  exposé  le  détail  dos  études  exi- 

t  llest  cttnettx,  dit  M.  d'Arbois,rfe  «oer/'/r- 

tatnh  et  des  filé  conserver  au  moyen  âge  une 

u  confréries  savantes  que  lui  a  léguée  Panti- 

Uourer  d'une  considération  égale  à  celle 

■t aristocratie  nationale  et  le  clergé  chrétien,  n 

t,  maîtres  da  la  science  profane,  placés  sur  le 

s  maîtres  de  la  science  sacrée,  les  évêqucs  et 

panifestail  au  dehors,  comme  celui  des  rois,  par 

r  était  concédé  quand  ils  voyageaient  : 
1  Ëié  de  premier  rang  avait  droit  à  une  escorte 
i  personnes.  Le  filé  de  second  rang  à  une  es- 
.  Le  Elé  de  cinquième  rang  avait  encore  droit 
nleurs  ou  compagnons.  Une  classification  semblable 
r  los  primates,  basée  non  plus  sur  le  degré  de  sa- 
a  sur  la  richesse  en  bestiaux,  avec  les  mêmes  droits 
e  honorifique  quands  ils  se  déplaçaient. 
mvivances  ne  sonl-olles  pas  significatives? 

«  LaVillemarqué  I^Léijeiides  celtiques,  Inlrod.,  p.  xiij,  les  Ollunbs 

MTdIt  p&r  cœur  teoia  cail  cinquante  récils  épiques  et  cent  récils 

erlanlB  coucernaDt  :  les  rortercsses  ruinées;  les  troupeaux   eule- 

ra;alea  eu  rGuom  ;  les  butatlles  célèbres  ;  les  cbasnes  incrvell- 

il'lièges:  leaévasioQa;  les  pillu^es;   le»  aouterruins  mystérieux;  les 

^dts  flots  et  des  bouimee;  les  voyages  à  truvcrs  les  mers  ;  récits  qiii 

1  ra<liiiJratiou   des  preuiers  aiiôtrue.  —  Il  est  à.  supposer  que  ce 

s  Utrejj  de  cbaut^  nèlèbres. 

P'Artioie  de  Jubaiuvtlle  :  U  Senchia-mor,  p.  73  du  tirage  à  pari. 


LA   RELIGION   DES   GAULOIS 

Le  menu  peuple,  le»  féné,  espèce  de  serfs  allochâs  à  U 
glèbe  bien  que  très  distincts  des  esclaves  hommes,  muffs,  ou 
esclaves  femmes,  cumuls,  ne  faisait  point  partie  de  [a./lail/t 
(du  clan),  et  n'avait  presque  aucun  droit.  «  Quand  un  fénê,  dit 
le  Senchus-mor,  créancier  d'un  membre  de  la  flaith,  ne  petit 
obtenir  paiement  dune  dette  contractée  envers  lui  par  ce  der- 
nier', il  ira  respectueusement  jeûner  à  la  porte  de  son  créancier, 
attendant  dans  cette  posture  que  justice  lui  soit  rendue  '  n.  C'était 
un  appel  à  l'opinion  publique,  la  loi  no  fournissant  au  féné 
aucun  autre  moyen  de  contrainte  contre  le  nenié. 

La  science  pouvait  toutefois  arracher  le  féné  à  sa  siluatioa 
misérable.  Aucune  condition  que  des  preuves  de  savoir  n'é- 
tait exigée  pour  devenir  filé.  Tout  féné  pouvait  y  prétendre, 
tant  était  grand,  dans  cette  vieille  constitution,  le  respect  de 
la  science  !  El  le  domaine  de  la  science,  du  savoir  honoré  jus- 
qu'où descendait-il?  Un  document  curieux  nous  l'apppren- 
dra.  Le  manuscrit  du  Livre  de  Lecau  (xiv' siècle)  contient  une 
représentation  de  la  salle  du  banquet  à  Tara,  séjour  du  roi 
suprême,  avec  indication  de  la  place  que  chacun  doit  occuper 
selon  son  rang  et  chose  plus  singulière,  des  parties  du  porc,  le 
principal  mets  offert  aux  invités,  auxquelles  chacun  a  droit, 
souvenir  des  temps  héroïques  du  pays. 

M,  d'Arhois  de  Juhainville  a  eu  la  bonté  de  traduire  pour 
nous  cette  page  du  manuscrit  qui  met  sous  nos  yeux  en  un 
tableau,  probablement  quelque  peu  rétrospectif,  toute  la  hié- 
rarchie de  l'institution  celtique. 

Doux  longues  tables  sont  dressées  parallèlement  l'une  à 
l'autre  : 

Taule  de  droite.  Au  centre  :  le  roi  suprême  et  la  reine  de 
Tara;  à  leur  droite,  dans  l'ordre  suivant  :  1°  les  rois  provin- 
ciaux, 2°  les  primates  de  première  classe  ;  à  leur  gauche,  dans 


1.  Il  y  avait  tle»  l'éiié  riches. 

1.  Il  est  ruricin  qn'uu  fait  analogue  so  soit  reproduit  dana  c 
temps  DÛ  l'un  a  vu  des  feruiier*  expulsés  aUer  s'asseoir  sur  le  c 
porte  du  parc  du  laod-lord,  atteodaut  que  le  maitre  lui  rendit  ju! 
pression  de  l'opiaiou  publique. 


L'iaiANDB  CELTIQUE  289 

Tordre  suivant  :  1^  les  nobles  de  deuxième  classe,  2"*  les  prê- 
tres de  troisième  classe,  3^  les  architectes  des  raths. 

Table  de  gauche,  au  centre  :  le  chef  poète.  A  sa  gauche,  dans 
Tordre  suivant  :  1®  les  professeurs  de  science  écrite*,  2**  les 
Brehons,  3^  les  harpistes.  A  sa  droite  :  1®  les  primates  de 
deuxième  classe,  2^  les  prophètes  et  druides',  S""  les  bijoutiers, 
4Mes  charpentiers,  5°  les  trompettes  et  les  sonneurs  de  cor, 
6'lesciseleurs, 

A  de  petites  tables  :  les  ouvriers  en  bronze,  les  forgerons, 
les  ouvriers  en  cuivre,  les  poètes  satiriques,  les  médecins  et 
les  pilotes,  les  joueurs  d'échecs,  les  bouffons.  Au  bas  de  la 
table:  le  fou  du  roi. 

Ainsi  aux  tables  d*honneur,  où  les  rangs  sont  fixés  par  des 
règlements  spéciaux  figurent  non  seulement  les  docteurs  de 
science  écrite  et  orale,  les  poètes,  les  devins  ou  prophètes, 
mais  les  bijoutiers,  les  ciseleurs,  les  forgerons,  les  ouvriers 
en  cuivre  et  en  bronze,  les  architectes  à  côté  des  grands  offi- 
ciers du  palais.  Ces  artistes,  ces  ouvriers  sont  assurément  les 
représentants  de  corps  de  métiers  organisés  avec  privilège  ; 
ce  sont  des  membres  reconnus  de  la  communauté  où  ils  de- 
vaient recevoir  une  éducation  spéciale.  Ici  le  travail  manuel 
est  en  honneur,  non  en  mépris  comme  dans  les  sociétés  d*aris- 
locralie  militaire.  Nous  y  voyons  régner  Tosprît  druidique  avec 
son  caractère  le  plus  prononcé. 

Que  nous  sommes  loin  du  xsivov  grec,  de  la  civitas  ou  du 
n^UDicipe  romain!  Un  esprit  tout  autre  anime  cette  société 
vivant  de  l'élevage  des  bestiaux  et  s'appuyanl  sur  des  con- 
fréries religieuses  et  intellectuelles  autour  desquelles  se  grou- 
pent les  principaux  métiers.  La  Gaule  à  dû  traverser  une  pé- 
^ode  analogue.  Sans  la  conquête  galatique  et  kimriqùe  elle 
eût  été  une  autre  Irlande. 

Mais  revenons  aux  druides  et  à  la  situation  éminente  qu*ils 
avaient  dans  l'Irlande  païenne.  Un  épisode  de  l'épopée  con- 

i- I^obablement  les  théologiens  (clergé  chrétien). 

^  Les  druiJes  reparaissent  ici  et  sont  tolérés,  mais  à  un  ranj?  inférieur  et 
probablement  à'titre  de  devins. 

19 


t21N)  LA   IILLIGION    U^H  CAL' LOIS 

iiiir  SOUS  Ir  nom  di»  Enlf'vrmnU  dit  taun^nn  dr  Cfhilnyr*,  !••- 
siim«*  par  M.  d'Arbois  <!«*  Jubaiuvillt*',  va  iiictln*  la  n>aiit»' 
sons  nos  v«*iix  : 

rn«*  mahi'lii'  iiiysti-iifiiM'  ii-uH  l''s  t'UtTrii'inil'lNti'i  iiiiMp.il'l*'^  ■!••■  'ii.- 
It.tttti*  ;  Mi''lli,i('iiii'  (lt'r.<iiirMii::ht,f»*iiiiiM'  (livoii-mli*  <!iiiii-htili.ii.  r>ii*l  I  '*• 
l«-i.i|iii  hiil  •  ••  |>riiii-*-  autant  i|ir<'lli>  l'a  aitiii*  jaili«, ii'Uinl  ii«>-  Ailtll.  «  Ji 
iiiiiiVi'li>|iiiii\.iiii«>arfiiHi*  a  |.ii|iii'll«'  vjui;:ii«'nl  (i*'^  «'i»ritiiik'i'ril>  I  Miiti^  ;  ir 
ii<ii<  .-iiitn*s  t\»•*^  •■ini|  pnl\illl-(•^  tU-  rirlaiiilf.  !.•'  i-ii\.iiifiif  il*-  ('.«iHih  î'ir. 
\'i  Ult'i',  •-<*t  rii\nlii.  i'iiiii  ri'*^istiT  .1  i'«'^  iiiii'>iiilirilil>'<  i-iiii<-tiii»  un  m*iiI 
;;ipTinT  ?»••  |»n'**»'ntf  :  i- r^l  h*  Ih'Ki^  (irii'htilaiii '.  Il  pr«»v.ti|i|i'  «iir«  fH«i.i-. 
iiM-iil  l<'«  )»lii«»  iiiiiM"»  .1  l^-^l'•llllllal^  •>iii;.'iilMT!k  nii  (iiiijniii  ^  il  tr l'iriipli'- .  m  ii« 
ii'Ui  «>.iii*»  liii*'  lati::iii-  fii  ••s<«ivr,  iimh  saw^  ii-i-i'«iiit  lir^  )>|i*<kMirt"«  !•  riiM-  * 

•  1111  liiMl*-ni*-nt  li- ■'•rii! iiiiMi'nl  a  i'inipiii^H.iiii f.  Il   •>••  r^'lin-  il^-   li   .*\i'' 
SiLiltaiii,  «iiiii  |M'rf,  vi«-iil    If   vi^iitiT    i.ùi'liiil.iiii   pur  >i|.iitifii    tljl-r    i 
KiiMifi,  I  .ipiLilfin  l-ii-i,  pP-vi'nii  }•■  fi'i  (ioiH  li'thiir  i-t  ^i-^  :.'iii-rrb*iH  'tii  A  i:i- 

L't-t     .llii|ll    I    Ji'N  <&|Miof    nilf   IMV.I^Iiiil    «pr.llh  llilf   li'^l'tlllh  •■     tl.|||'-l'     piii%. 

>iMl!;ifii  part,  iihiiiti*  "kiii  1*-  l.iitli  Mii'li.i.  !•    t'ut^'i'  V'i' /itij'nn  il'*    :•  m 
«!ii'«.ini  ipii  ti.iiiiiiH'iii  l«-  •liii  (l«*  li.il.till«*  ilii  lii-i'is.  Il  .irm>-  ^nr  1*    '!  iii- 
il'*  I  i  fMiti'iir^^i-  iriiiiiiiiii  «*t  -i(i«H!l<'il  i-lt^.itit  l.|  \iM\      «-  Om  tur  i-t  A'imrn-  %. 
'•ri  ffi/fir  lis  ffmttv  s^  i.n  *  >i<rfii  N'  /f  « /•''5fii|i<  r, '* /l'i'-i' inN  Cl  l^Ur     .  M  ii*  ? 
n'iililM'nl  p.i«  Il  |i|Hiii<i*>  -in  il  .ilt*'iiii.  Km  •  Mii^.ipii-ni .-.  il  «'.n.m  •   ju*^  pi  .i 
«'■•  ipi'il  «Mit  i-ii  ptt^fii<*   <!  I. Ml  lin  «t  11  il  ii'ii«iiivi-lli    *•  <k  avri  li<k«>  Ml'  ni» 

•  Oh  tw  /♦■•  AMfiji/if-»,  *,u  ml'  t  •  U^»  f*-mmf^^  *jn  ^mm*  n^  /•  %  »  «i-  Ar«,  i-  K:*  tt  inf* 
•I  ri*t' r  ••.  M'ii"»  il   M  ■■l'ti'iil  pi«   «i*'^    li.it'il.iiil»  il  I  Nti  I   i.i    f  ['•".<»•     •{1  k 
■iii'-ttil    i..it  t*  11--  i-liil  1 1  ■•  jl'-  •  M  I  l«l>'r      «{•■ti-ii'ki    iMi  II  i|iit  in?«  «rt    *t-  r 
«1     piil»-!    iv  ml  l«    l'M.    i*f'U*'    'Ut  fi    •/•    jftrifr  -iKinr    »■■/.     ï'-ini".    \\    r» 
*«>i  lit  Mil  <»'nin-  .iMl  iltv  iMl  !;:•'  \it>iit  «'H    1  i  pi-  i  ■•-  •!•  <»  li'il-  *  i|  i?i*  I  i<.  i  rj 

•  t  il  \*-\*'\»'  :  '   **n  t\t'  /•  *  'i"»iirni  ■«.  **n  'ul-^-    /•  •  f-fnth'*.  "ti  rtn*h'U^  •'•  *  i  j« 


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|«i'  (iiiiiiii*  C-itlili:iii  iiii\r«'  l'ntiii  ht  lioiirht*  :  Uiii  duni  lut* 
l«'s  liiiiniii«"«  '  (|iii  «'rilfv«*  li's  fi*nini«*H  .'  et  ipii  l'ninii'ni*  U-* 
v.irlirs  '  r.i'iix    i|ui    Viiiis  t|i*|iiiiiillrhl.   rt'pnnil  SiLilLini. 

Hiiht  II*  pli    \ilill  l'I    Mf lil)  ;  Oh   |»rrriii   vhh  fminh'H,    \«i%  i-n- 
f.int<*  di'  l'iilt  Aj»',  viiH  r|i«*v:iu\  di*  ttiiilt*  «'HpiM'c.  \os  triiii|ir.iu\ 
(  jnhiil.'iin  •"«t  snil  |Miiir  ili'ffndri*  ft  :;ardi'r  rontro  i|iiatrf  iit*« 
i'iiit|  k'r.'iiidi-**  |irii\iiii  *'^  d«'  I  Irl.indi*  li-s  \,i||i*i*^  «*t  |i>«  drr:lr« 
i|ii  «'.'inli'H  lil*  MiirlInMiiiif    l'iT'^MniH*  m*  \irnt  It*  «irciiiinr  m  !■ 

dfft'hdii'  ■ 

:    <    .1  !••'•*  •    t.    I  •/•ur-l  'iiii.  ■  •••i|i  I  tLi'i"  Il  •'iiiifi-  'tr  l.-iiilh 
I.  i  Î..1  •     :•    I  lr..iiiil' 


(JE 


291 


->  .iliaque  ainsi  à  un  roi, reprend 

-  ceux  qui  étaient  la.  Suallam  fut 

•ni,  cîir  il  n'avait  pas  obtenu  la 

sil  un  événement  merveilleux  et 

liiit  monté  Suaitam  sortit  d*Émain 

ilheureuz  père  deCi'^chulain,  il  alla 

nul  le  monde  abandonnait  Suaitam. 

ie  lui  et  le  bord  tranchant  de  ce  bou- 

^  cheval  revenant  sur  ses  pas  rentra 

fie  cheval,  la  tête  sur  le  bouclier,  et  la 

U.*s  paroles  :  «  On  tue  les  hommes^  on  en- 

ÈheSfô  habilants  iVUlsler  »>.  — Il  y  a  quel- 

4i»  petit  eri,  dit  le  roi  Conchobar.  Ce  fut 

1^1  d*(Jlster  se  décidèrent  à  préparer  leur 

ve  les  armes  pour  défendre  leurs  biens, 

I0U8  occupe,  ajoute  M.  d'Arbois,  lo 
morceau  est  celui  où  se  trouve  for- 
iz  habitants  d'Ulster  de  parler  avant 
l^avantles  druides;  et  eu  efTet,  c'est  le 
td  le  premier  la  parole.  Ainsi  le  druide 
[aement  un  rang  supérieur  à  celui  du 
1*épopée  occupe  une  place  éminente. 
irtainement  l'œuvre  de  Tun  des  bardes 
lique.  Son  succès  et   sa  conservation 
are  montrent  le  respect  que  les  Irlandais 
tr  l'institution.  Je  devais  mettre  sous  vos 
cet  émouvant  épisode. 
pliassi  puissante,  aussi  vivace,  aussi  persis- 
;ia  tète  de  laquelle  étaient  les  druides  devait 
é.  Nous  Tavons  trouvée  en  Gaule,  en  Grande^ 
^nde  et  en  Ecosse  ^  Remarquons  que  sur 
'  druides  en  Irlande  et  en  Ecosse  Tantiquité 
;.a8  la  phrase  de  César  :  disciplina  in  Britannia 
turions  ignoré  qu'ils  eussent  des  établissements 
'..  Les  auteurs  grecs  ne  désignèrent  pas  toujours 
aulois  sous  le  nom  de  druides  ;  César  lui-même 


lois,  Intrad.  à  la  liit,  ceiL,  1. 1,  /.  c« 


LA    RELIGION    DES   GAULOIS 

les  met  en  scène'  sous  le  simple  nom  de  sacerdoles.  Nous 
pouvons  donc  nous  demander  si  les  communautés  de  la  Grande- 
Bretagne'  qui  avaient  essaimé  en  Irlande,  en  Ecosse  et  en 
Gaule  n'auraient  pas  eu  d'autres  succursales  dout  il  nous  au- 
rait été  parlé  sous  d'autres  noms. 

Ouvrez  Strabon,  vous  y  verrez  mention  de  Celtes  au  nord 
du  golfe  Adriatique  ',  mêlés  aux  Thraces  dans  la  vallée  du  Da- 
nube '.confondus  avec  les  II  lyriens  et  lus  lapodesV  M.  d'Arbois 
de  Jubainville  croit  même  qu'ils  ont  dans  les  premiers  temps 
dominé  la  Germanie  presque  tout  entière  '.  Or,  outre  la  légende 
qui  veut  que  les  druides  aient  rei;u  du  Thrace  Zamoixis  I« 
dogme  de  l'immortalité  \  les  mettant  ainsi  en  rapport  avec  la 
Thrace,  nous  voyons  au  temps  d'Auguste,  en  Fannonie,  dont  le 
fond  de  la  population  était  celtique,  des  prêtres  rois  ou  jouant 
auprès  des  rois  le  r6Ie  du  grand  druide  d'Irlande,  le  rôle  que 
Dion  Chrysoslômc,  qui  avait  vécu  chez  les  Gètes  du  Danube, 
prête  aux  druides  *.  Il  s'agit  en  ofTet  dans  Strabon  plus  parti- 
culièrement du  pays  des  Gètes.  Le  passage  mérite  d'être  cité 
tout  entier: 

Il  est  une  clwsc  qu'on  ne  peut  révoquer  en  doute  et  qui  ressort  non  seult^ 
ment  des  dêtait-i  que  nous  fournit  PosiJonius.  mais  de  toute  la  suite  de  l'his- 
toire lies  Gétes  °,  c'est  que  le  zèle  religieiu:  a  été  de  tout  temps  le  trait  do- 
minant du  caractère  de  ce  peuple.  Ainsi  l'histoire  nous  parte  d'un  cerlaiA 
Gèle  nommé  Zamoixis,  qui  après  avoir  été  esclave  de  Pylkagore  et  avoir 
recueilli  de  la  bouche  de  son  maître  quelques  notions  de  la  science  des  astres, 
complétées  plus  lard  en  Égj/pte  où  sa  vie  errante  l'avait  amené,  revint  en- 
suite 'tans  son  pays,  y  ullira  l'attention  des  chefs  du  peuple  par  les  prédic- 
tions qu'il  savait  tirer  des  signes  et  phénomènes  célestes  et  finit  par  per- 

1.  Céaar,  H.  G..  VU,  Si. 

2.  Sou*  disons  rie  la  Grand e-Bretagne  pour  resUr  fidèle  à  la  Iraditioa  : 
u  UiiicipliDa  iu  Britanala  reperla.  ■■ 

:i.  Slrab,,  trad.  Tardieu,  H,  p.  21. 

*.  ld.,id..  Il,  IL  10,  il,  i2,  i3,  M,  il. 

5.  Id.,  trf.,  I,  p.  34.1;  11,  p.  4*. 

6.  U'Arbois,  Le:. premiers  habitants  de  l'Eiirofie. 

~i.  Origtiic,  Cwilre  Celse,  liv.  1,  cli.  il  cl  ixii.  —  Nous  De  serions  pas  étonné 
que  Zamoixis  aorllt  d'uue  confrérie  aualogui'  aux  coDlréries  druidiques. 

».  Cf.  plus  haut.  p.  272. 

'J.  ]1  faut  se  rappeler  que  ce  mot  de  Gèles  est  ud  terme  générique  euglo- 
liuul  iiu  grand  iinmlire  de  Iribus  distiuctea,  Thraces  el  Celtes. 


L'IRLANDE  CBLTIQUB  293 

suader  un  roi  ctastocier  à  son  pouvoir  un  homme  quiy  comme  lui,  pouvait 
être  Vinterprète  des  volontés  des  dieux.  Il  s  était  vu  alors  nommé  grand 
prêtre  du  dieu  que  les  Gètes  honoraient  le  plus,  et  Von  en  était  même  venu, 
avec  le  temps,  à  le  considérer  lui-même  comme  Dieu  *. 

La  coutume  s*est  perpétuée  jusqu'à  nous  *,  dans  le  pays,  d'associer  un 
prêtre  au  pouvoir  royal.  Il  s^est  toujours  trouvé  un  imposteur  comme  Za^^ 
molxis,  prêt  à  devenir  le  conseiller  du  prince  régnant,  et  à  recevoir  des  Gètes 
ce  titre  de  Dieu.  Sous  Byrebistas  ',  ce  roi  des  Gètes  contre  lequel  le  divin  Cé- 
sar se  disposait  à  marcher,  celait  un  certain  Dicœneus  qui  était  investi  de 
cette  haute  dignité. 

Nous  sommes  d'autant  plus  porté  à  faire  ce  rapprochement 
entre  ce  qui  se  passait  chez  les  Gëtes  et  ce  qui  était  de  cons- 
titution chez  les  Celtes  dlrlande,  queThistoire  des  Gëtes  nous 
présente  un  autre  trait  très  frappant  d*analogie  avec  ce  qui 
nous  est  dit  d'autre  part  des  bardes-druides, 

«  Ces  philosophes  {les  druides),  dit  Diodore,  ont  une  grande 
autorité  dans  les  affaires  de  la  paix  aussi  bien  que  dans  celles 
de  la  guerre.  Souvent,  lorsqtte  deux  armées  se  tronveyit  en  pré- 
sence y  que  les  épées  sont  déjà  tirées  et  les  lances  en  arrêt,  les 
bardes  se  jettent  au-devant  des  combattants  et  les  apaisent 
comme  on  dompte  par  enchantement  des  bêtes  féroces^,  » 

On  se  demande  à  quels  faits  Diodore  ou  l'auteur  qu*il  copie 
peut  faire  allusion.  Ce  n'est  certainement  (les  Commentaires 
de  César  le  démontrent)  à  aucun  événement  de  la  guerre 
des  Gaules.  Or,  nous  savons  par  Jornandès  •  citant  les  Géti- 
gués  de  Dion,  «  ce  scrupuleux  investigateur  des  antiquités*  », 
qu'un  fait  analogue  s'était  passé  en  pays  géiique  au  temps  de 
Philippe,  père  d'Alexandre  le  Grand. 

Philippe  s'uoissant  aux  Goths^  par  une  alliance»  avait  reçu  pour  épouse 


1.  ec6c. 

2.  Strabon  écrivait  vers  Tan  20  de  notre  ère,  et  ZamoUis,  l'esclave   de 
Pythagore,  était  mort  depuis  plus  de  cinq  cents  ans. 

3.  Strabon,  liv.  Vlll,  ch    m,  §  11.  Cf.  liv.  XVI,  ch.  ii,  §  39.  —  Cf.  Jornandès, 
édit.  de  la  collection  Panckouke,  De  rébus  Gelicis,  p.  253. 

4.  Diod.,  liv.  V,  ch.  xxxr. 

5.  Jornandès,  collection  Panckouke,  texte  et  trad.  Savagner,  De  rébus  Ge- 
licis,  p.  251. 

6.  «   Dio  historicus  et  antiquitatum  diligentlssimus  inquisitor  »  (Id.,  id., 
p.  245). 

7.  On  sait  que  Jornandès  confond  systématiquement  les  Gètes  et  les  Goths. 


lia  fv  nu«  allûnoe  acquéri.   „^ 

met  BirfJoin^.  A  cette  époque,  se 

mÊÊÊ^at  riiûiorien  Dion  nous  l'ap- 

K  M  4*  4éta>Ur  Cdwatina,  ville  de 

~  I.  LA.  qoetques  pré  1res 

"  "    •  *  coup  ouvrir  les  portes, 

am.  Ha  s'aTancèrenl  nu-de- 

e  d«a  hvmnËS  eo  l'Iioii- 

',  leacnnjaraal  d'être  Si 

. iJMJtn'.  Ceoi-ci  sont  frappés 

.__■  qv  lient  à  lenr  rencontre  avec  tant 

Bfc  fe  ^c*.  aiiB^ils  sont  contenus  par 

rdȕ  quils  avaient  disposa 

_    -  -     -    Il  à  rainer  la  ville,  maïs 

GB^rta  4dmnB»  s'élûeat  approprié  par  le  droit 
_  ..     .  ..  .   .  .        [porj  forers. 

cles^'desGêtes  et  les  druides  de  Diodore 

■  daraoU^e  de  c«  qu'il  aoas  dit  de  l'édu- 

»  Gètes  ivaienl  reçD«  de  ce  Dic<eneus  dont  Slra- 

nr.  Si  Dica-neafi  a'éuit  pas  un  druide,  il  en 

a  ém  BMS  id  toos  les  caractères. 

Oi^MaBiKlat  G«lks*  et  fil  leur  bonheur  fui  leur  attachement  aux 
i^hMBb  fSB  Imt  avait  doBoés  lenr  conseiller  Dicxneus  et  leur  fidélité 
klH  mMn  tm  yrati^w».  Oksoens  avant  reconnu  ijue  le  peuple  ét^U 
Am^  ^aoe  intelliiceBCe  natnrelte  qui  e  disposait  â  le  comprendre,  leur 
«rui  «wfrwné  pretqme  lovle  la  ptikt^f^if  *,  car  il  professait  celte  science. 
U  IfHir  fit  connaître  l'éthique,  afin  de  combattre  la  barbarie  de  leurs 
B-^urs.  En  leur  ré  vêlant  la  physique 'il  leur  apprit  à  vivre  conformément 
aui  l'>is  de  la  nature.  .Nous  possédons  encore  ces  prescriptions  sous  le 
n-iœ  de  BilUi-jiiui.  Parles  leçons  de  la  logique*,  il  les  habitua  a  mieui 
rJt*onaer  qoe  les  aulres  nations;  il  leur  persuada  de  se  livrera  de  bonnes 
jetions.  En  leur  démontrant  la  théorie  II  leur  apprit  à  observer  les 
d,.'uie  signes  du  Zodiaque,  le  passage  des  planètes  â  (ravers  ces  signes 
et  tonte  l'astronomie  '.  Il  leur  apprit  comment  le  disque  de  la  lune  s'ac- 
■.T'it  OU  diminue:   il  leur  monlra  combien  le  plobe  enflammé  du  soleil 


I.  -  Patemii  diis  ". 

i.  El.  si  dici  fai!  est,  ab  inermibus  tenentur  armati  » 
3.  Disons  les  Gètes. 

t.  •  Oninem  poene  philosophUm.  —  Eral  enim  hoj 
etliicaui  eos  erudivil  ». 

5.  .  phyaicam  Iradere  «. 

6,  ■  Logicam  instruens  ■- 
1,  «  Omut'Qjque  BïtroaoQiiain  ». 


L^IRLANDE  CELTIQUE  295 

surpasse  en  grandeur  i^orbe  terrestre;  il  leur  exposa  sous  quels  noms  et 
>«ous  quels  signes  les  trois  cent  quarante-quatre  étoiles  se  pressant  au 
piMe  du  ciel  ou  s'en  éloignant,  descendent  en  se  précipitant  de  Torient  à 
/'occident.  Quelle  n'était  pas,  je  le  demande,  sa  volonté,  pour  amener 
€l  es  hommes  essentiellement  belliqueux  à  déposer  leurs  armes  pour  se 
i>enélrer  des  enseignements  de  la  philosophie?  On  voyait  l'un  étudier 
is^  position  du  ciel,  Tautre  les  propriétés  des  herbes  et  des  fruits  de  la 
t.  «rre,  ou  bien  suivre  l'accroissement  et  la  décroissance  de  la  lune... 
IDicsneus,  en  enseignant  aux  Goths  (c'est-à-dire  aux  Gètes),  grâce  à  son 
^uivoir,  toutes  ces  merveilles,  leur  inspira  une  tella  admiration  qu*il  com- 
Ynandait  non  seulement  aux  hommes  d'un  rang  modeste,  mais  aux  rois 
eux-mêmes.  En  efifet,  choisisant  dans  les  familles  royales  les  hommes 
dont  les  âmes  étaient  les  plus  nobles  et  Tesprit  le  plus  sage,  il  leur  per- 
suada de  se  vouer  au  culte  de  certaines  divinités,  d*en  honorer  les  sanc- 
tuaires. Puis  il  les  institua  prêtres  sous  le  nom  de  pileati,  qui  je  pense 
leur  était  donné  parce  qu'ils  sacriûaient  la  tête  couverte  d'une  tiare  *  que 
nous  appelons  d'un  autre  nom,  pileus.  11  voulut  que  le  reste  de  la  nation 
reçût  le  nom  de  capillati  (chevelus),  et  les  Goths  attachant  à  ces  déno- 
minations un  grand  prix,  les  rappellent  encore  aujourd'hui  dans  leurs 
chants. 

JomandeSy  messieurs,  ne  nous  introduit-il  pas  ici,  sans  le 
savoir,  au  sein  d'une  communauté  druidique  ?  Comment  cette 
transformation  d'une  partie  de  la  population  s*expliquerait- 
t-elle  sans  ces  centres  d'enseignement,  et  comment  douter 
des  renseignements  donnés  par  Jornandès,  confirmés  par  les 
lois  Bellagines  qui  existaient  encore  de  son  temps  et  par  les 
chants  populaires,  cantationibus,  dont  il  parle?  Et  cet  état  de 
choses  représentait  à  ce  point  un  état  stable  que  Jornandès 
ajoute  : 

Dicœneus  étant  mort,  les  Goths  entourèrent  d'une  vénération  presque 
égale  Comosicus  qui  ne  lui  était  pas  inférieur  en  science.  Ses  talents  le 
firent  accepter  par  ces  peuples  comme  roi  et  comme  pontife*.  11  rendait 
la  justice  suivant  ses  lois.  Comosicus  ayant  aussi  quitté  la  terre,  Golillus 
monta  sur  le  trône  et  gouverna  la  Dacie  pendant  quarante  années. 

Jornandès  semble  sous-entendre  que  ce  fut  dans  les  mêmes 
conditions. 
Vous  trouvez  peut-être,  messieurs,  que  j'abonde  trop  dans 

1 .  «  Qaia  opertis  capitibus  tiaris  quos  pileos  alio  Domine  Duncupamas  lita- 
bant  ». 

2.  «  Rex  ab  illis  et  pontifex  ob  suam  peritiam  habebatur». 


Wfl  LA  heuoion  des  gaulois 

mon  sens!  Mais  laissons  de  cAté  le  nom  de  druides.  Qu'est-ce 
f|Uo  cesGètcs  à  ittie  rasée,  «'occupant  de  toutes  les  sciences 
professées  par  les  druides,  depuis  la  pliilosophie  et  la  mo- 
rale, jusqu*à  la  médecine  (recherche  des  plantes)  et  Tastrono- 
niie,  sinon  des  moines  dvsimcts  de  la  nation  et  vou<^s  par 
des  espèces  de  vœux  à  cette  vie  qui  leur  assigne  dans  la  so- 
ciété une  place  à  part  des  capilluti? 

Faites-moi  encore  crédit  pour  quelques  leçons.  L*étude  des 
lamaseries  de  la  Tarlarii*  et  du  Tibet  vous  mettra  en  pré<«ence 
d*une  situation  moderne  analogue.  Le  présent  éclairera  l«* 
passé  *. 

t.  L*-»  finiitJe*  oot  été  le*  étlucateum  de  la  Gaule  connu*  de  rirlftodt.  Si  le 
«iruiilUiiif*  u>«t  point  un  truii  d^  terre  irauloiae,  ni  ni^me  de  t4.'rr«  irlaudaite. 
•'il  y  Tenait  de  Kile  bret<»uue.  pourquoi  n'y  aurait-il  pa«  été  importr  li»  plat 
loin  où  it  aurait  eiiatt^  noua  un  autre  ut»ni  *  J'oaeraia  uii^uii*  ajouter  :  tout  ce 
qui  rut  dit  d<'*  llyperltor^iia  me  parait  ae  rapporter  non  4  un  pfuple.  mai*  a 
dea  comuiunautfa  du  ffenre  ilea  eommunaut^n  ilruldique*.  ai  iii^nie  il  o^  faut 
paa  If^a  faire  rentrer  dana  le  inéiut  cadre,  t'u  lien  rellKiaui  peut  avoir  rattaebé 
lea  roufrérira  byperbor^enuea  aoi  roufr«^riea  de  Thraee  et  de  Dactr.  1^  aa 
trouverait  l'eiplication  dea  Ir^rodeii. 


XXr  LEÇON 

LES  LAMASERIES 


oinais  ma  dernière  leçon  par  ces  mots  ;  Le  présent 
^ passé.  Ce  que  j'ai  à  vous  dire  aujourd'hui  des  lama- 
^      s  justifiera,  mes  paroles. 

;S  conveats,  les  monastères  et  les  communautés,  les  ab- 

■a,  quelque  nom  qu'ils  portent,  ne  sont  point  une  institii- 

d'origine  chrétienne. 

1.  le  comte  de  Monlalembert  a  écrit  dans  son  éloquent 

■rage,  Les  moines  d'Occident  :  «  L'opinion  la  plus  accré- 

';e  fixe  &  la  fin  du  m*  siècle  la  constitution  rég:ulière  de 

rdre  monastique. L'ÉgypIe  fut  choisie' pour  être  le  berceau 

ce  monde  nouveau  »;  et  plus  loin  :  <<  La  vie  monastique 

fonda  en  Orient,  comme  l'Église,  mais  comme  rÉglise 

le  n'acquit  de  véritable  force  qu'en  Occident  »  '. 

Hontalembert  se    trompe,  La  vie  cénobitique,  la  vie  en 

ommun  en  vue   d'intérêts  intellectuels,  moraux  et    reli- 

:^ux  a  été  connue  et  largement  pratiquée  dans  le  monde 

pl^en,  DOD  seulement  en  Egypte  et  dans  la  haute  Asie,  bien 

avant  l'ère  chrétienne,  mais  dans  l'Inde  et  en  Asie  Mineure. 

La  rucfao  primitive  est  dans  l'Asie  antérieure  ;  c'est  de  là  que 

sont  partis  tous  les  essaims  dont  les  couvents  chrétiens  sont 

des  sarvivances.  L'esprit  en  a  été  modi6<î,  l'organisation  est 

restée  presque  la  même. 

Le  râle  des  confréries  religieuses  et  industrielles,  consorlia 

1.  Noua  eomprenoofl  ;  choisie  par  Dieu, 

2.  Uê  nuHnet  d'Occident,  t.  1,  p.  QS  el  131. 


2fM  LA   RELIGION   DES  OAULOIS 

sodnlirifi,  a  èir  considérable  tians  Tanliquité.  Ilans  un  mé- 
nioiro  n^marqiiabUt  qui  lui  a  ouvort  I«*s  portos  dv  Tlnstilut, 
in/'iiioîre  intitulé  :  Ars  mrinux  tlnn^  l'fin(lf/tiilr\  i.-V.  Ih'ïs- 
signol  a  démoiilré  qui*  la  Tirère  devait  aux  associations,  aux 
corporations  religii*ust>s  connues  sous  lt*s  noms  de  cabiret^  ro- 
rf/hnnies^  currtes^  dficif/l*'s  et  trlrhinrs  le  développoniont  de  la 
métallurgit*  intinitMni*nl  unie  k  certains  ritfs  ri*li^ifux«  les 
niombn»s  de  ct*s  diverses  corporations  nous  étant  unanime- 
ment présentés  non  seulement  ronimt*  d'habiles  métalluririsle^. 
mais  aussi  comme  des  i*nchanti*urs  i*t  des  magiciens.  i:rou|M*« 
en  IMirvL'ie  autour  du  tiMnpIe  di*  la  lirande  Ih^esse  dt>  l'Ida.  «  ht 
(autour  du  lempb*  ,  disait  l'auteur  de  la  I^horonidc *,  1rs  en- 
r/ittiitrurs  ///•  fld'i.  lé*s  Phryyifns^  hummrs  mnntntjntirt{\  nnttent 
fixé  Ivur  ilemfure  ;  i'rlmis  ri  Ip  ijrawi  Ihtmnomfnrr  #•/  Ctr- 
rpsî>tihlf  Arnvm.  serviteurs  iudustririu  de  la  moni«if/fi/trdr 
A  dm  %  //•*•  • ,  y  1/ 1  le  s  prrm  ù-r\  tmuvrrent  dnna  ie  s  bu  is  de  s  m  '/«  i*i  • 
y;j/»\.  /"//;•/  de  f  hnfênieitr  l'u/cfiin.  le  ferwnr^  le  portèrent  au 
feu  et  printuisireut  une  trurre  de\  plus  remtinfWtblen.  » 

Nous  «lavons  pni  de  <'hos«>  sur  ^o^^anisation  do  rt*s  prr- 
miiTH  rollé^'cs  di*  prêtres  industriels;  nous  pouvons. toutefois, 
nous  faire  um*  idée  de  leur  iniport.iiire  au\  temps  prehistori- 
i|ues  par  Cl'  qui  n*stait  «*nrorede  ri*s  vieilles  i*t  vivan*?»  insti- 
tulioiiH  au  temps  de  Strabon  '. 

I>iii«  un**  A*'s  iii'iiil  i»rii*  <>  il**  1 1  I  appil ,  .m  \*t\\\  il<*  \4ll<iii«    ••ir<ilt 

•  t  |ir<ir<>ii<N  ^*'  tr<iin**  |.i    \\\\**  il«*  iloin.mi  •■!   !•-  I»rii|i|i*  *\r   li  ilrf«««-   Mi 

(•  '••«(   !'•   Iitlll   •|ilf   ii'^  Il  llill.||lt%  «liilllM-lit  .1  (!'.  Iiilif*  .     1.4   \|l|f  r«l  •••ll%iilr. 

I     l*ii'*llii-  •!  illir  4lit|i|'iit*-    ilili    11*"   !•*  «'•■•Il'  i|i|  .1  rflli*  i|  ||oiu*-r>'   ri    •!  Ilr*i<>|r 
^'U'A    •!  AïKiiliiiiina  i|>-  Ithinir*    1/  Ir'/nmjiff  ,  I .  H.**»  : 

L.ri*a-i'«.  'Msir-i*:-. .  •**.!  r.;    Aîii^:   ;f,; 
'»     «î'.-r-,;   :</»r#  r.»i».k*\  •»;   "lljiif.i'i 

I.,  r.  «p  :      ''ipi^i].    11,   â',-.Tf,:st;  ;>    '«•  :'U  11». 
Jljpllrr. 

t     Mr^h-tN    '.w     \11.   p     .  i'- 

4      Lu  'Ira    ••irilolll*  ilr  Hll»-4 


LES  LAMASERIES  299 

r.ible  f^  population  est  composée  exclusivement  de  devins  et  d'hiéro- 
dules  (esclaves  de  la  déesse).  Les  habitants,  bien  que  soumis  comme  tout 
le  reste  du  pays  au  roi  de  Cappadoce,  sont  entièrement  dévoués  au  pon- 
tife de  la  déesse.  Ce  pontife  est  maître  du  temple  et  commande  aux  hié- 
rodules  qui,  à  l'époque  où  j'y  étais*,  étaient  tant  hommes  que  femmes» 
au  nombre  de  plus  de  six  mille.  Outre  ceux-ci,  le  temple  possède  encore 
un  territoire  très  étendu  dont  les  revenus  sont  à  la  disposition  du  pontife, 
qui  est,  après  le  roi,  le  personnage  le  plus  puissant  delà  Cappadoce. 
On  croit  que  le  culte  de  Ma,  semblable  à  celui  de  TArtémis  tauropole*, 
fut  apporté  par  Oreste  et  sa  soeur  Iphigénie,  de  la  Scythie  taurique  et 
que  cest  dans  son  temple  (ce  qui  nous  montre  Tanliquité  présumée  de 
ce  culte  de  Ma  à  Comana)  qu*Oreste  déposa  sa  chevelure  de  deuil  dont 
la  ville  a  tiré  son  nom  Coma  (x6|Ay),  chevelure). 

Un  second  teoiple,  nous  pouvons  dire  une  sorte  de  succur- 
sale du  premier,  existait  sur  les  frontières  de  la  Cappadoce  et 
de  la  Lycaonie,  ayant  la  même  organisation. 

On  voit  chez  les  Venasi*  un  temple  de  Zeusdont  dépendent  une  popu- 
lation de  trois  mille  hiérodules,  attachés  au  service  du  temple,  et  des 
terres  très  fertiles,  lesquelles  rapportent  un  revenu  annuel  de  quinze 
talents  d'or  au  proût  du  pontife  qui  est  à  vie,  comme  celui  de  Comana, 
après  lequel  il  tient  le  second  rang^. 

Ces  temples  et  ces  territoires  étaient  choses  sacrées  dans 
l'antiquité,  respectées  de  tous,  même  des  conquérants.  La 
guerre  se  faisait  autour  d'eux,  on  les  épargnait  comme  un 
pays  neutre.  Les  Gaulois  qui  avaient  pillé  le  temple  de 
Delphes  laissèrent  debout  les  sanctuaires  de  Comana  sans 
inquiéter  les  hiérodules.  Une  Gauloise  fut  plus  tard  grande 
prêtresse  de  Tun  des  temples. 

On  s*est  demandé  pourquoi  il  n'est  pas  fait  mention  de  druides 
chez  les  Galatesde  Phrygie.  Entre  autres  raisons  on  pourrait 
répondre,  si  notre  thèse  est  vraie,  qu'aucune  place  ne  restait 
pour  des  communautés  druidiques  à  côté  de  villes  sacrées 


l.  C'est  Strabon  qui  parle,  c*est-à-dire  vers  Tan  25  de  notre  ère. 
â.  L'Artémis  sanglante  de  la  Tauride. 

3.  Strab.,Xn,  p.  537. 

4.  H  est  très   probable  que  les  aèdes  homériques  sortaient  de  semblables 
communautés. 


'3iïO  LA   RELIGION   DES  GAULOIS 

comme  Comana,donl  les  conquérants  reconnaissaient  la  sain- 
ti*tt^  «*l  dont  les  nombreux  avantagtîs,  pour  des  demi-nomades  ' 
comme  eux,  ne  pouvait  leur  échapper.  Si  ruiililé  do  ces  cum- 
nnmautés  n'avait  pas  été  évidente  elles  n'eussent  pas  traversé, 
sans  sombrer,  la  série  de  révolutions  dont  TAsie  Minoun*  avait 
élé  le  théAtre.  (le  n'étaient  pas  seulement  des  centres  rrii- 
gieux,  mais  des  centres  industriels.  Les  hiérodules  étaient  les 
gardiens  dos  secrets  ht^riidilaires  de  chaque  métier  et  dos  tra- 
ditions nationales.  On  y  trouvait  un  large  marchi^  ou%*ort  a 
tous  sous  la  protection  do  la  déesse. 

Or  il  est  reman|uablo,el  c'est  là  que  nous  voulons  en  venir, 
que  dos  grands  centres  religieux  et  industriels  analo:;uf«.  •!••» 
espèces  de  villes  saintes,  aussi   pouplé«>s  que  les  sanctuaires 

<de  l'appadoco,  formant  comme  des  oasis  au  milieu  des  popu- 
^tinns  encore  barbares  de  hi  Mongolie,  do  la  Tarlarii*  el  du 
iç*ibo(.  se  retrouvent  encore  aujourd'hui  iliirissanto<i.  di>uèt« 
d^ine  i*xtn^mo  vilalilê  el  ouvertes  â  nos  éludes.  Il  nou«  i-«t 
donné  de  voir  au  xix*  siècle  un  de  ces  organismes  xivanln.  Jr 
veux  parler  des  laiiiiiseries. 

Hien  que  les  lamaseries  do  la  Mongolie,  de  la  Tartario  i*i 
du  riiibol  dépendent  aiijourdltiii  (ifliciellemont  de  la  irrando 
religion  bf>udflhiquo,  inailri*sse  d'une  grande  partie  df  l'Kx- 
trêiuf-Orient.  il  y  a  do  fortes  raisons  de  rroiro  que  |f  la- 
ni.'ii*»mo  est  antérieur  à  l'exp.msion  du  bouddhisnie  dan<  re^ 
rontrées  i*t  se  rattache  par  ses  rarinesu  un  vieux  ruito  anir 
rieur  a  t'.akia*Mouni. 

■ 

Il  parait,  en  eiïet,  c'est  du  moins  re  qui  ressort  do  la  h<*i|e 
élu  lie  ib'  iiotn»  Cl  m  frère  Kniile  Sénart  sur  ht  têt/nutp  du  tiuJ" 
f//('i.  que  II*  buddhismt*  du  réformateur  est  la  résultant**  A^ 
rrtiyanri's  rt  su|ierslitions  bien  antérieures,  dont  il  est  pari** 
en  llliint*  plus  «le  mille  ans  avant  notre  ère  et  dont  le  lamaïsme 
l'oiisfrverait  de  nombreux  débris. 

•  La  léirendi*  du  lluddlia,  éiTil  Kmilo  St'*nart,no  représ«*nti- 
pas  un*'  \ie   véritabb*,  méiue  colorée  de  certaines  inventi(»n« 

1    \.iir  •-•*  «luf*  P'ilyti^  ilitilr*  ff«l4li*«  d«*  1%  Citalpur.  p.iUbr,  II.   i?. 


LES  LAMASERIES  301 

fantaisistes,  elle  est  essentiellement  la  glorification  épique 
d'un  certain  type  mythologique  et  divin  préexistant  que  les 
respects  populaires  ont  fixé  comme  une  auréole  sur  la  tète 
d'un  fondateur  de  secte  *.  » 

Si  tous  les  éléments  de  laréforme  existaient  avant  Çakiamouni , 
oous  pouvons  admettre  que  de  ce  nombre  étaient  les  lamaseries. 
Qu'étaient  et  que  sont  les  lamaseries,  puisque  nous  sommes 
assez  heureux  pour  les  retrouver  en  pleine  prospérité  chez  les 
modernes  touraniens?  Vous  y  retrouverez  d'innombrables 
points  de  rapprochements  avec  ce  que  nous  savons  et  entre- 
voyons des  corporations  druidiques  et  des  antiques  collèges  de 
prêtres  du  type  de  Comana,  pour  ne  pas  remonter  jusqu'aux 
dactyles  de  Tlda,  prêtres  métallurgistes  et  magiciens. 

Le  P.  Hue  qui,  par  un  privilège  tout  à  fait  exceptionnel 
dû  à  des  circonstances  spéciales,  a  pu  en  1844  pénétrer  et 
même  séjourner  dans  plusieurs  lamaseries,  nous  servira  de 
guide.  Nous  y  verrons  que  «  le  lama  est^  comme  était  le  druide^ 
prêtre  ^législateur^  devin  et  médecin  ».  Je  cite  les  propre  paroles 
flu  P.  Hue  qui  se  résume  en  ces  mots  :  «  C est  dans  les  lamase'- 
^ies  que  se  trouvent  concentrés  en  Tartarie  et  au  Thibet  les  artSy 
des  sciences  f  Pindustrie,  Le  lama  est  le  cœur  y  la  tête,  t  oracle  des 
Jiommes  du  monde  *.  » 

Que  pourrions-nous  dire  de  plus  des  druides?  Substituez  au 
nom  de  lama  celui  de  druide,  à  la  lamaserie  le  sodalicivm 
consortium  de  Timagène,  vous  pourrez  ne  rien  changer 
aux  paroles  du  P.  Hue  en  restant  fidèle  aux  données  de  This- 
toire.  Le  druide,  nous  Tavons  vu,  était  prêtre,  législateur, 
devin  et  médecin.  Le  druide  était  le  cœur,  la  tête,  l'oracle  des 
gens  du  monde,  c'est-à-dire  en  Gaule  des  équités.  Les  druides 
jouaient  le  même  rôle  en  Irlande  et  en  Dacie  (?)  auprès  des 
peuples  et  des  rois'. 


1. 11  est  curieux  de  voir  M.  Emile  Sénart  se  placer  ici  presque  au  môme  point 
de  vue  que  Strauss  dans  sa  Vie  de  Jésus. 

2.  Souvenir  d'un  voyage  en  Tartarie  et  au  Thibet^  par  M.  Hue,  prêtre  mis- 
Monnaire  de  la  congrégation  de  Saint-Lazare,  3«  édit.,  1857. 

3.  Rappelez-vous  les  paroles  de  Dion  Chrysostôme  {Dial.t  XLIX)  :  «  Chez  les 


LA    RELIGION   DES  C 

8  études  de  M.  d'Arboisde  Jiibainville  sur  la  litté- 
celtique  nous  ont  montré   les  druides  jouant  ce  rôle 

ires  des  cinq  rois  de  la  verte  Eiin  ".  Dans  la  littérature  irlan- 

se  comme  dans  la  litléralure  classique  tes  druides,  si  nous  y 
ons  lesoi/amhs  et  les  filé,  sonl  devins,  magiciens,  méde- 
,  lliéoiogiens,  professeurs,  législateurs  et  juges. 

m  Nous  ne  parlerons  pas,  ajoute  M.  d'Arbois,  de  la  doctrine 
[imortalité  de  l'Ame,  qui  a  tant  frappé  les  anciens,  parce 
iu'elle  était,  on  Irlande  comme  en  Gaule,  une  croyance  na- 
tionale qui  n'était  pas  plus  spéciale  aux  druides  qu'aux  autres 
clasnex  delà  nation.  <•  C'est  ce  que  nous  avons  déjà  dît'  nous- 
mémo.  "  Pour  le  reste  il  y  a  identité  entre  le  dru idisme  gaulois 
et  le  druidisme  irlandais.  » 

Nous  dirons  à  notre  tour  :  k  S'il  n'y  a  pas  identité,  il  y  a  de 
toiles  analogies  entre  les  druides  (irlandais  et  gaulois)  et  les 
lamas  touraniens,  que  le  rapprochement  s'impose  entraî- 
nant comme  conséquence  le  même  rapprochement  entre  les 
lamaseries  et  les  sodalicia  comortia  druidiques. 

Demandons  au  P.  Hue  quelle  est  l'organisation  générale  et 
la  vie  journalière  des  lamaseries. 

Du  récit  du  P.  Hue  il  résulte  que  ni  en  Tartane  ni  au  Thi- 
bet  n'existent  à  proprement  parler  de  villes  en  dehors  de  celles 
qui  y  ont  été  fondées  récemment  par  des  Chinois  et  dont  quel- 
ques-unes, il  faut  le  remarquer^  ont  eu  pour  origine  première 
des  lamaseries'.  La  population,  presque  entièrement  nomade, 
vit  du  produit  de  ses  bestiaux,  à  peu  près  k  l'état  où  nous 


Celtes  {  au  temps  de  DIoa,  ce  mot  CeUts  étnit  appliqué  k  une  gr^ade   purtie 
lica  peuples  de  la  (ieriuauie}  il  n'était  pas  permis  nui  rois  d'agir  ou  de  déli- 
bérer Bau9  le  cunaeil  des  druides,  di'posiUires  de  la  ecieuce  et  de  la  diviiia- 
tion,  ea  sorte  que  ces  pbilosopbes  réguakat  véritablement,  les  rois  u'ctant 
que  les  miuiatres  et  les  serviteurs  de  leurs  voloQlés,  bien  qu'ils  siégeassent  ïi>r 
des  Irâues  d'or,  daus  de  vastes  demeures  et  qu'on  leur  servit  les  repas  les 
plus  somptueux.  <• 
1.  D'Arbois  de  Jubaioville.  Introd.  à  la  litlér.  ctUique,  p,  193, 
i.  Noua  avoua  vu  daus  aoâ  prcmitrea  leçons  que  celle  croyance  à  l'immor- 
talité  de  l'âme  était  très  prouoncée  chez  les  populations  fianoises,  tant  an- 
cieuues  que  modernes. 
'.i.  Hue,  op.  taud.,  I,  p.  'il. 


LES  LAMASERIES  303 

pouvons  nous  représenter  Ilrlande  primilivc  ou  la  Gaule  pré- 
historique. 

Les  seuls  cenlres  de  population  stable  sont  des  lamaseries. 

Les  lamaseries  formant  comme  des  oasis  au  sein  de  vastes 
déserts  sont,  au  contraire,  très  nombreuses  et  très  peuplées. 
Cest  là  que  se  réfugie  l'activité  intellectuelle  et  industrielle 
du  pays.  On  peut  se  faire  une  idée  du  rôle  que  les  lamaseries 
jouent  au  Thibet  et  en  Mongolie  en  songeant  que^  d'après  le 
P.  HuCy  «  on  ne  peut  guère  compter  moins  d'un  tiers  de  la  po- 
pulation ayant  passé  par  les  lamaseries  ou  y  séjturnant  »*. 

Dans  presque  toutes  les  famiUes,  à  Texception  de  Taiiié  qui  reste 
homme  noir  (chef  de  famille),  tous  les  autres  enfants  mâles  passent  par 
les  lamaseries.  Les  Tartares  embrassent  cet  état  forcément  et  non  par  in- 
clination ;  ils  sont  lamas  ou  hommes  noirs  dès  leur  naissance,  suivant  la 
Tolonté  de  leurs  parents,  qui  leur  rasent  la  tète  ou  laissent  croître  leurs 
cheveux.  Ainsi,  à  mesure  qu'ils  croissent  en  âge,  ils  s'habituent  à  leur 
état  et  dans  la  suite  une  certaine  exaltation  religieuse  unit  par  les  y  at- 
tacher fortement. 

Cette  proportion  du  tiers  de  la  population  vouée  aux  lamase- 
ries étonne  tout  d^abord  et  parait  exagérée.  On  en  trouve  lajus- 
tification  dans  les  souvenirs  du  P.  Hue.  Ce  tiers  de  la  popula- 
tion n^est  pas  le  tiers  de  la  population  réelle  prise  dans  son 
ensemble,  mais  le  tiers  d*une  aristocratie  de  sang  —  minorité 
à  laquelle  obéit,  comme  autrefois,  en  Gaule,  comme  en  Irlande, 
un  peuple  de  vassaux  ou  plutôt  de  serfs  à  demi-esclaves. 

Écoutons  le  P.  Hue  : 

Chez  les  Mongols,  plus  particulièrement  chez  les  Khalkas,  qui  en  repré^ 
sentent  le  type  le  plus  pur,  le  plus  fidèle  aux  traditions  nationales,  la 
plus  grande  partie  de  la  population  est  à  l'état  d'esclavafze,  mais  ce  ne 
sont  point  des  esclaves  comme  Tétaient  ceux  de  nos  colonies  ~  il  faut 
dire  plutôt  à  Tétat  de  servage  —  bien  qu'ils  soient  considérés  comme  es-^ 
claves;  chez  les  Tartares  mongols  tous  ceux  qui  ne  sont  pas  de  famille 
princière  sont  esclaves.  Ils  vivent  sous  la  dépendance  absolue  de  leur 
maître*.  Outre  les  redevances  qu'ils  doivent  payer,  ils  sont  tous  tenus 
à  garder  les  troupeaux  du  maître,  sans  qu'il  leur  soit,  toutefois,  dé* 
fendu  d'en  nourrir  aussi  pour  leur  propre  compte*.  On  se  tromperait 

1.  Ilac,  op.  laud.j  I,  p.  194. 

2.  Servorum  loco  (César  B.  G.,  VI). 

3.  Comme  en  Irlande  comme  aujourd'hui  à  Madagascar. 


beaaco  ip  si  l'on  s'imagioail  qu'en  Tartarie  resclaTa((e  esl  dur  et  crael, 
nomme  il  l'a  été  et  l'cït  encore  chet  certains  peuples.  Les  familles  no- 
bles ne  diffèrent  presque  en  rien  ries  familles  d'esclaves.   En  eiaral- 
nant  les  rapports  qui  existeni  eulre  elles  il  serait  diflicile  de  dielinguer 
le  maître  de  l'esclave.  Us  babiient  les  uns  et  les  autres  sous  la  lenle 
et  passent  également  leur  vie  à  faire  palire  les  Iroupeaui    On  ne  voit 
jnmais,  parmi  eux,  le  luie  et  l'opulence  se  poser  insolemment  en  face 
de  la  pauvreté.  Quaod  l'esclave  entre  dans  la  lente  du  maître,   celui- 
ci  ne  manque  pas  de  lui  oITrir  le  thé  au  lait.  Ils  fument  volonliers  en~ 
semble,  Aui  environs  des  lentesli'S  jeunes  esclaves  elles  jeunes  seigneurs 
folâtrent  et  se  livrent  p^le-méle  aui  exercices  de  la  lulte.   11  n'est  pas 
rare  de  voir  des  familles  d'esclaves  devenues  propriétaires  de  nombreux 
Lrnupeaui  et  couler  leurs  jour?  dans  l'abondance.  Nous  en  avons  ren- 
contré beaucoup  qui  étaient  plus  riches  que  leurs  maîtres  sans  que  cela 
donnât  le  moindre  ombrage  a  ces  derniers  —  ce  qui  n'empêche  pas  que 
la  noblesse  tartare  ait  droit  de  vie  et  de  mort  sur  ses  esclaves.  Elle  peul 
se  rendre  justice  elle-même  vis-à-vis  de  ses  esclaves  jusqu'au  point  de 
les  faire  mourir.  Mais  ce  privilège  ne  s'exerce  pas  arbitrairement.  (Juaud 
l'esclave  a  été  mis  à  mort,  un  tribunal  supérieur 'juge  l'action  du  maître; 
s'il  est  convaincu  d'avoir  abusé  de  son  droit,  le  sang  innocent  eal  vengé. 
Les  Lamas  qui  appartiennent  aux  familles  d'esclaves  (on  accepte  sous 
certaines  conditions  les  esclaves  dans  les  lamaseries 'J  deviennent  libres 
en  quelque    sorte  en  entrant  dans  la  tribu  sacerdotale'.  On  ne  peut 
exiger  d'eux  ni  corvée,  ni  redevances.  Ils  peuvent  s'expatrier  et  courir  le 
monde,  sans  que  personne  ait  le  droit  de  les  arrêter.  Us  ne  cessent  pas 
loutefoiï  de  faire  partie  de  la  classe  des  esclaves. 

N'êles-vous  pas  frappés,  messieurs,  de  taDt  de  coïncidences 
entre  le  présent  et  le  passé? 

Entrons  mainlenanl  dans  l'inlérieur  d'une  lamaserie. 

Après  un  trajet  de  quatre  mois  à  travers  un  pays  déserl,  le 
P.  Hue  atteint  la  frontière  de  l'empire  du  Milieu  et  s'arrête  à 
une  petite  ville,Tang'keon-eul,moitiétartare,moilié  chinoise, 
espèce  de  Babel  où,  à  côté  desTartaresetdes  Chinois  sont  con- 
fondus des  habilauts  de  toute  provenance.  Le  P.  Hue,  que  celle 
lîiibylone  ialéresse  peu,  passe  outre  et  se  rend  directement  lï 
la  lamaserie  de  Si-fan,  dont  la  renommée  s'étend  non  seule- 
ment à  toute  la  Turlarie,  mais  jusqu'aux  contrées  tes  plus  re- 


2.  Couuiie  le"  nenié  en  Irlande. 

3.  Reuinrquaus  rexpre>i9ioQ  de  tribu  sacerdotale   appliquée  aux  lamas.  Il 
faut  ajouter  ;  Iriliu  ouverle.  Blâme  aux  esclaves. 


LES  LAMASERIES  305 

culées  du  Thibet.  Les  pèlerins  y  accourent  de  toutes  parts. 
Celte  lamaserie  porte  le  nom  de  Kounbotim. 

\\  fut  convenu  que  le  P.  Gabel  *  irait  à  Kounboum  chercher  un  lama 
qui  voulût  bien  nous  apprendre  le  thibétain. 

Après  une  absence  de  cinq  jours,  M.  Gabet  vint  nous  retrouvera  l'hôtel- 
lerie. Il  avait  fait  à  la  lamaserie  une  véritable  trouvaille.  II  revenait  accom- 
pagné d*un  lama  de  trente-deux  ans  qui  en  avait  passé  deux  dans  la  grande 
lamaserie  de  Lha-Ssa.  Il  parlait  à  merveille  le  pur  thibétain,  récrivait 
aîec  facilité  et  savait  de  plus  le  mongol,  le  si-fan,  le  chinois  et  le  dchia- 
hour;  nous  nous  mimes  en  route  avec  lui.  k  nu  lit  de  distance  de  la  la- 
maserie nous  rencontrâmes  quatre  lamas  de  Kounboum  —  c'étaient  des 
amis  de  Sandara  le  Barbu  (tel  était  le  nom  de  notre  lama)  —  qui  venaient 
au-devant  de  nous.  Leur  costume  religieux,  l'écharpe  rouge  dont  ils 
étaient  enveloppés,  leur  bonnet  jaune  en  forme  de  mitre,  leur  modestie, 
leurs  paroles  graves  et  articulées  à  voix  basse,  tout  cela  nous  fit  une  sin- 
guhère  impression.  Nous  ressentîmes  comme  un  parfum  de  la  vie  reli- 
gieuse et  cénobitique. 

Il  était  plus  de  neuf  heures  du  soir  quand  nous  atteignîmes  les  pre- 
mières habitations  de  la  lamaserie.  Afin  de  ne  pas  troubler  le  silence 
profond  qui  régnait  de  toutes  parts,  les  lamas  firent  arrêter  un  instant 
le  voiturier  et  remplirent  de  paille  l'intérieur  des  clochettes  qui  étaient 
suspendues  au  collier  des  chevaux.  Nous  avançâmes  ensuite,  à  pas  lents» 
sans  proférer  une  seule  parole,  à  travers  les  rues  calmes  et  désertes  de 
cette  grande  cité  lamaique.  La  lune  était  déjà  couchée;  cependant  le  ciel 
était  si  pur^  les  étoiles  si  brillantes  que  nous  pouvions  aisément  distin- 
j;uer  les  nombreuses  maisons  des  lamas  sur  les  flancs  de  la  montagne. 

La  lamaserie  de  Kounboum  compte  encore  quatre  mille  lamas.  Sa 
position  offre  a  la  vue  un  aspect  vraiment  enchanteur.  Qu'on  se  figure  une 
montagne  coupée  par  un  large  et  profond  ravin  d'où  sortent  de  grands 
arbres  incessamment  peuplés  de  corbeaux,  de  pies,  de  corneilles  à  bec 
jaune.  Des  deux  côtés  du  ravin  et  sur  les  flancs  de  la  montagne  s'élèvent 
en  amphithéâtre  les  blanches  habitations  des  lamas,  toutes  de  grandeur 
différente,  toutes  entourées  d'un  mur  de  clôture*  et  surmontées  d'un 
petit  belvédère. 

La  lamaserie  du  Grand  Coiiren  S  dans  le  pays  des  Khalkhas, 
à  Textrémitédu  désert  de  Gobi,  est  bien  plus  importante  encore. 
Trente  mille  lamas  vivent  habituellement  dans  cette  grande 
lamaserie  et  dans  celles  des  environs  qui  en  sont  comme  des 
succursales. 

i.  Le  compagnoû  du  Père  Hue,  lazariste  comme  lui. 

2.  Environ  une  lieue. 

3.  Afin  que  chacun  soit  chez  Boi. 

4.  Hue,  op,  laud,,  I,  p.  134-135. 

20 


:^06  LA   RELIGIUN   DES  <;AULoIS 

Lo  grand  lama  Av  la  lamaserie  est  i*ii  m«*ni«'  ti5m|is  souvi- 
rain  du  pays.  r/<*st  lui  qui  n*nd  la  juslin»,  fait  les  luis,  cr^* 
lus  magistrals.  Quand  il  esl  mort,  un  va  comnit*  do  juste  le 
rliorrherauThiket  où  il  ne  nianqut*  jamais  de  se  mêlemp^^yco- 
ser'. 

Les  lamas,  qui  afiluenl  dans  les  ^^randes  lamaserie^,  s  y  fi\«*nt 
rarement  d'une  manière  définitive.  Après  avoir  pris  lf*urs  d«'- 
grés  dans  ces  (>spèrcs  d*uiiiversités  ils  s'en  retournent  clie/ 
eux.  ear  ils  aiment  mieux,  en  frénér.iL  les  petit*^  élahlisHiMnenl** 
qui  se  trouvent  liisséminés  en  prand  nombre  flans  la  tern*  de^ 
Herbes.  H  y  mènent  une  vie  plus  libre,  pliisronfurnu*  à  Tinde- 
[»endanrf  di*  leur  eararlère.  Quelquefois  nii*ni«*  iN  re.sideot 
ilans leurs  propri*s  famillesorrupés,comme  lus  autres  Tarlare%. 
à  la  LMrde  des  troupeaux.  «•  Ils  fihnrtii  mit-us  vim*  intn*/tst/!f- 
9nrnt  ft»tns  /rur  trntr  t^nr  tir  s'nsMijrtir  tlnns  Ir  t  *»urrnl  fin t 
r/y/r%  vt  fi  lu  rrrittttion  jnttnifilit'rr  tirs  prit'rrs,  »• 

H  V  a  aiiHsi  des  lamas  vai:abonds*,  d'autres  enfin  \iveiil  en 
l'otnmunauteK  comme  dans  nos  rioitres. 

Les  ranu's.  dans  les  lamaserti*s.  sont  lii:js  doime^  a  la  suite 
d'i-xameiis  p'pété"*  el  très  difiiriles. 

h«t«-«  |i'iiir  t-«  (iiiii>nifril*>  «t  l<-<«  i|i*i-iir<t  •!**«  h<i)i:f.iti<iit^.  |.i-«  |M'iritijrr« 
«•»iil  r»|»  iiiitu'-H  |iirl  iiil.  «Ju-li|in*i-uiiH  ilf  rf»%  .-•rtiil''^  *-iril  il  uiif  ,r  in-!r 
IiiIm)*!'  . 

Ih'  même  i|ii  iN  ont  une  emle  dr  medei'iiie  '.  les  lam.i^  ont 
une  êroje  des  bi*aiix  arls.  I.e  P.  Hiji-  m  parb*  <i  propos  il.-  // 
ff'(0  dt's  /If'tirs  '.  la  plu«»  grande  fèle  di*  I  année,  qui  se  relebr. 


*     Il  f      -f.     li'ii.    ;•  !•■•     Om   p<  ijt   lljrltri-  «•|r>>l«>ltlr|||   4'i  Uriititiri-   ilri    ^iiM 

>f  r Nr*-*  •  •'11'--  '!•'  1%  l'i/*' •  A/rur.  rt  ru  iti'ilm*  i\r  U  ifraoïl*'  itnirti  >  *■».  * 

■  !•    e-k.ri     —  1.4   \  I  l»-  IM»  »!•    i   iiii*   wrtiil'    i-ii|Mir(4ii< '-  rifunirrt  I  lir  ^tî- 

':ii,*  'rtA.'i'T  r!  I    .1  >i-<il  4   i<l  I  l'ii  1  ••  r  i<      !•/  .   |f     1  "'*) 

J     M  .       -,;.     .'.;i.  /       I  ;.    1  ■•• 

■     r    I    l»     •    : 

4    \  .ir   \-\\\%  '.1  .1    y  ^  ;• 

.    K-'l.i*    I   i     :.•    .lU'      -r       .rat       \x\m   a  {iroprrilJrUl     |arlrr   (|(i«*    fr|r     r<-iltfl'    .«^ 


Les  lamaseries  307 

le  quinzième  jour  de  la  première  lune,  une  espèce  de  1"  de 
Tan.  Il  écrit  : 

De  toutes  parts,  il  n'était  question  que  de  la  fête.  Le  nombre  des 
pèlerins  était  immense.  Les  fleurs  étaient  déjà,  disait-on,  ravissantes. 
Le  Conseil  des  beaux-arUy  qui  les  avait  examinées^  les  avait  déclarées  su- 
périeures à  toutes  celles  des  années  précédentes. 

Or  savez-vous  ce  que  sont  ces  fleurs? 

Les  fleurs  du  15  de  la  première  lune  de  Tannée  consistent  en  repré- 
sentations profsmes  et  religieuses  où  tous  les  peuples  exotiques  parais- 
sent avec  leur  physionomie  propre  et  le  costume  qui  les  distingue  :  per- 
sùtmages,  vêtements ^  paysages^  décorations,  tout  est  représenté  en  beurre 
frais.  Trois  mois  sont  employés  à  faire  les  préparatifs  de  ce  singulier 
spectacle.  Vingt  lamas  choisis  parmi  les  artistes  les  plus  célèbres  de  la  la- 
maserie sont  journellement  occupés  à  travailler  le  beurre  en  tenant  tou- 
jours les  mains  dans  TeaUjde  peur  que  la  chaleur  des  doigts  ne  déforme 
Touvrage.  Comme  ces  travaux  se  font  pendant  les  froids  rigoureux  de 
rhiver,  les  artistes  ont  de  grandes  douleurs  à  endurer. 

Apres  avoir  décrit  en  détail  les  tableaux  exposés,  le  P.  Hue 
ajoute  : 

La  vue  des  fleurs  nous  saisit  d'étonnement  -.jamais  nous  n'eussions  pensé 
qu'au  milieu  de  ces  déserts  et  pai^  des  peuples  à  moitié  sauvages^  il  piU 
se  rencontrer  des  artistes  d'un  aussi  grand  talent.  Ces  fleurs  étaient  des 
bas-reliefs  de  proportions  colossales  représentant  divers  sujets  de  Tliis- 
toire  du  bouddhime.  Tous  les  personnages  avaient  une  vérité  (rexpres- 
sion  qui  nous  étonnait.  Les  figures  étaient  vivantes  et  animées,  les  poses 
naturelles  et  les  costumes  portés  avec  grâce.  On  pouvait  distinguer,  au 
premier  coup  d'œil,  la  nature  et  la  qualité  des  étoffes.  Les  costumes  et 
pelleleries  étaient  surtout  admirables.  Les  peaux  de  mouton,  de  tigre, 
de  renard,  de  loup  et  de  divers  autres  animaux  étaient  si  bien  représen- 
tées qu'on  était  tenté  d'allerles  toucher  de  la  main,  pour  s'assurer  si  elles 
n'étaient  pas  véritables. 

Telle  est  la  vie  intérieure  des  lamaseries,  avec  son  côté 
artistique  bien  remarquable^  comme  le  dit  le  P.  Hue,  aumilieu 
de  ces  déserts. 

La  vie  religieuse  et  scientifique  des  lamas  est  bien  autre- 
ment intéressante.  Les  lamas  sont  censés  étudiants  pendant 
toute  leur  vie.  Les  étudiants  sont  distribués  en  sections  ou  fa- 
cultés. 

1*  Faculté  de  mysticité  qui  embrasse  les  règles  de  la  vie 
contemplative  ; 


il  pour  objpl  ies  quatre  cent 
lia,  la  botanique  el  la  phar- 

k  h  plus  esliméo,  la  plus  rétribuée 
■  aéoDit  le  plus  garant)  nombre  d'élu- 

s  grades  de  la  faculté  des  prlëres  on 

»  imperturbablement  les  livres  qui 

KDt  el  qui  sonl  très  iKsmbreux  et  di- 

i  représentent  autant  de  degrés  dans 

r  étudiant  occupe  à  l'école  et  au  chœur 

■««rie  des  livre»  tbéologïques  dont  il  pos- 

lâces  nombreux  lamas,  écrit  le  P.  Hue, 

s  afiicher  au  dernicÈ-  rang  leur  paresse 

«ad i s  que  des  jeunes  gens  sont  presque 

tti«  la  hiérarchie  ».  Tel  est  le  cas  que  l'on 

te  lamaseries.  Tous  les  grades  sont  donnés 

  comment  se  préparent  les  examens  : 

«•Afiee  de  la  lamaserie  esl  une  grande 
ivJBlles  et  enlource  de  colonoes  lorses  chargées  de 
s.  Cesl  dans  celle  enceinte  que  les  lamas  de  la  faculté 

à  l'heure  des  cours  qui  leurest 

1,  Ils  vont  s'accroupir,  selon  leur  raog,  sur  les  dalles 

r  le  froid,  le  véniel  la  neige,  eiposés  pen- 

«  et  aux  ardeurs  du  soleil.  Les  professeurs  sont  seuls 

B  surmontée  d'un  pavillon. 

irspeclacle  que  de  voir  tous  ces  lamas  enveloppés  de 

coiffés  d'une  grande  milre  jaune  et  leilemenl  pressés 

■  AUlres  qu'il  esl  impossible  d'apercevoir  les  dalles  sur 

kval«»9'*-'^P  ^^  10^  ^^  h"  ^é  nd  ants  ont  récité  la  leçon 

i  rigle,  le    p  of    seu  s  donnent  a  leur  tour  des  eiplica- 

-((iKonlre  dan     I     pajs  au  un        oie  publique.  T.es  arts, 

né    dans  les  lamaseries. 

était  très  désireux  de  connaître  la  théologie  des 


LES  LAMASERIES  309 

Les  lamas  de  Tartarie,  nous  dit-il,  m'ont  paru  en  général  peu  instruits 
sous  ce  rapport,  enseignant.'un  symbolisme  qui  ne  s'éloigne  guère  des  gros- 
sières croyances  du  vulgaire;  quand  nous  leur  demandions  quelque 
chose  de  net,  ils  étaient  toujours  dans  un  embarras  extrême,  se  reje- 
tant les  uns  sur  les  autres.  Les  disciples  nous  disaient  que  leurs  maîtres 
savaient  tout;  les  maîtres  invoquaient  la  toute  science  des  grands  lamas. 
Les  grands  lamas  eux-mêmes  se  regardaient  comme  des  ignorants  à 
côlé  des  saints  des  lamaseries  de  l'Occident,  c'est-à-dire  du  Thibet'  :  Les 
lamas  de  VOccident  vous  expliqueront  tout. 

Au  Thibet^en  effet,  on  trouve  des  lamas  plus  instruits,  plus 
éclairés,  mais  impuissants  à  réagir  contre  la  routine. 

Un  jour,  écrit  le  P.  Hue,  nous  eûmes  l'occasion  de  nous  entretenir  quel- 
que temps  avec  un  de  ces  lamas  d'Occident,  occupant  un  rang  élevé  dans 
la  hiérarchie.  Les  choses  qu'il  nous  dit  nous  jetèrent  dans  le  plus  grand 
étonnement.  Un  exposé  de  la  doctrine  chrétienne  que  nous  lui  fîmes  suc- 
cinctement parut  peu  le  surprendre.  Il  nous  soutint  que  notre  langage 
s'éloignait  très  peu  des  croyances  des  grands  lamas  du  Thibet. 

Il  ne  faut  pas  confondre,  disait-il,  les  vérités  religieuses*  avec  les  nom- 
breuses superstitions  qui  exercent  la  crédulité  des  ignorants  :  lesTartares 
sont  simples  et  se  prosternent  devant  tout  ce  qu'ils  rencontrent.  Tout  est 
Borhan  (Dieu)  a  leurs  yeux.  Les  lamas,  les  livres  de  prière,  les  temples, 
les  maisons  des  lamaseries,  les  pierres  même  et  les  ossements  qu'ils 
amoncellent  sur  les  montagnes,  tout  est  mis  par  eux  sur  le  même  rang  et 
doué  d'un  pouvoir  surnaturel  :  tout  est  Borlian.  A  chaque  pas  ils  se  pros- 
ternent à  terre  et  portent  leurs  mains  jointes  au  front  en  criant  :  Borhariy 
Borhan, 

Mais  les  lamas,  leur  dîmes-nous,  n'admettenl-ils  pas  aussi  des  Borhans 
innombrables?  —  Ceci  demande  explication,  répliqua-t-il.  A  nos  yeux  il  n'y 
a  qu'un  seul  Dieu,  unique,  souverain  qui  a  créé  toutes  choses.  Il  est  sans 
commencement  et  sans  fin.  Dans  le  Dchagar  (Inde),  il  porte  le  nom  de 
Bouddha  et  au  Thibet  celui  de  Schamtché-MUchebat  (Élernel-tout-puissant). 
Les  Dcha-Mi  (Chinois)  l'appellent  Fo  et  les  Sok-po-Mi  (Tartares)  le  nom- 
ment Borhan.  —  Tu  dis  que  Bouddha  est  unique  :  dans  ce  cas-là,  que  sont 
les  Talé'lama  de  Lha-Ssa,  le  Bandchan  du  DjachULoumbou,  le  Tsong-Kaba 
des  Sifan,  le  Guison-Tamba  du  Grand  Kouren  *,  etc.,  et  puis  tous  ces  nom- 
breux chaberons^  qui  résident  dans  les  lamaseries  de  la  Tartarie  et  du 
Thibet? — Tous  sont  également  Bouddha.— Bouddlia  est-il  visible?  — Non, 

1.  Je  me  figure  les  druides  gaulois  renvoyant  ainsi  un  questionneur  aux 
druides  de  la  Bretagne. 

2.  Hue,  op.  laud,,  I,  p.  196. 

3.  Cest-à-dire  les  Bouddha  vivants  des  diverses  lamaseries. 

4.  En  style  lamauesque  on  nomme  chaberon  tous  ceux  qui,  après  leur  mort, 
subissent  des  iDcarnations  successives;  ils  sont  regardés  comme  des  Bouddha 
vivante.  (Note  du  P.  Hue.) 


^TLOIS 


nos 


.'  'ùelle.  —  Ainsi  linuddha  ^^\ 

2  :i.rnhral)Ies  li'ls  qriolesrh.i- 

^  ij.,  '-U  on  ne  peut  le  viiir  et  pour- 

;>  les  .iutn»s  «'haluTons  snnl 

.  nôtip.  —  ConiniiMit  expliqur- 

qtiff-  rruiant  It;  bras  et  en  pn-nantun 

l^j.j,  ■  •  -rinc  est  véritable,  c'eut  la  doo- 

^  :'>f(>nd«'ur  insondable  ;  on  n»'  peut 


:\ 


el 
dia; 
I 
oxi- 

fOïi 

vi< 


si 


^   -  i  incomplet,  mais  i\6]k  bien 
^  rrésenlcp,  do  rinsliliition  des 
.  -us  aurez  la  curiosité  de  com- 
..    .  ^  :"iils  sont  à  retenir: 

-.  ;:au  Thibet,d*espèces(l'oasisroli- 
Iji  -  ri  iitions  médicales  et  industrielles, 

-;  ml  au  milieu  do  contrées  presque 
'S  encore  nomades  sont  restées  à 
o.^uiplètemont  illettrées,  so  rocru- 
^,  .       -.uMi  nombreuse  divisée  on  petites 

pi  itMix  vies  sociab^sdiH'érontes  juxla- 

i::i  point  indépendantes  ; 

F  .     -i  oasis  relig-ieuses  et  intellectuelles 

.    :.'  doctrines  (Tun  st»nlim»'nl  rolii-icux 

.    .:ve  (Tuno  vie  cénol)iti(jiie  des  plus 

-.'.ions  irrossières,  des  pratiques  har- 

.    ;  révoJtanP  d(nil  j»'s  chefs  des  lani;i- 

.'.Misrii'ih'c,  loni  en  se  senlanl  i^lpui^- 

N  los    JamascM'ics  de  rat('i;ories    nom- 
raui^s  Iri's    divers   :  j^rrlres,    proffs- 
,     .  .i«4les,    nuisiri<Mis,    médecins,  missimi- 
^     .    pivsi'nlaiil  (Ml  p«Mil,   lonlp   une  sorirh» 


.uni-»    ■  iv.'iit    .1    .■»•!    .-(.il  hoi'-i   -l.'-    I  mi.i-.'i  i.,-..;.  i,; 


LES  LAMASERIES  311 

isolée,  mais  se  recrutant  nécess^airemcnt  au  dehors,  par  voie 
d*examen  et  de  concours ^ 

Or,  n'est-ce  pas  là,  si  nous  savons  lire  entre  les  lignes  —  et 
il  n'y  a  pas  grand  effort  à  faire  pour  cela,  —  ce  que  nous  pré- 
sente l'institution  des  druides? 

Si  nous  rapprochons  de  ce  que  nous  en  disent  César^Diodore, 
Slrabon,  Pomponius  Mêla,  Pline  et  Ammien  Marcellin,  ce  que 
nous  apprennent  les  poèmes  héroïques  de  l'Irlande  et  le 
Senchus-mor^  n'est-il  pas  possible,  sans  faire  appel  à  des 
efforts  d'imagination,  de  tracer  de  la  vie  et  du  caractère  des 
druides  un  tableau  ayant  les  plus  grands  rapports  avec  la  vie 
des  lamas?  Des  deux  côtés  nous  trouvons  une  même  et  antique 
tradition,  répondant  à  des  besoins  analogues. 

A  bien  des  égards,  en  effet,  les  milieux  où  se  mouvaient  les 

druides  en  Irlande  et  au  début  en  Gaule*  étaient  les  mêmes. 

Des  pays  occupés  comme  en  Tartarie  par  des  clans  indépen^ 

dants,  formant  autant  de  petites  aristocraties  régnant  sur  une 

plèbe  réduite  à  une  sorte  d'esclavage,  plebs  pœne  servorum 

habetur  loco,  —  plèbe  qui  comme  en  Irlande  demeurait  dans 

la  plus  profonde  barbarie,  à  côté  des  druides  et  des  filé  qui 

constituaient  une  élite  digne  des  pays  les  plus  civilisés  —  au 

point  que  Strabon  pouvait  écrire  au  commencement  de  notre 

ère,  sans  qu'il  y  ait  lieu  de  le  taxer  d'erreur  :  «  Nous  rCavons 

rien  à  dire  de  File  dlerne^  si  ce  n^est  que  les  habitants  sont 

encorde  plus  sauvages  que  ceux  de  fîle  de  Bretagne.  Us  sont 

anthropophages  et  regardent  comme  une  action  louable  de 

manger  les  cadavres  des  auteurs  de  leurs  jours.  »  Il  n'est  pas 


1.  N'e8t-il  pad  curieax  de  penser  que  la  société  en  Chine  est  basée  sur  des 
épreuves  analogues?  L*existence  des  lamaseries  dans  les  pays  tartares  est  une 
nécessité,  ou  si  Ton  veut,  un  bienfait  social  d'une  telle  évidence  que  le  P.  Hue 
/^t  remarquer  que  Tempereur  de  Chine,  qui  est  d*une  tout  autre  religion, 
est  un  de  ses  principaux  protecteurs.  «  La  politique  de  la  dynastie  mantchoue 
tendrait  môme  à  multiplier  en  Tartarie  le  nombre  des  lamas.  Des  mandarins 
cbinois  nous  Tout  assuré,  et  la  chose  parait  assez  probable  :  ce  qu'il  y  a  de 
Certain,  c'est  que  le  gouvernement  de  Pékin,  pendant  qu'il  laisse  dans  la 
misère  et  l'abjection  les  bonzes  chinois,  honore  et  favorise  le  lamaïsme  d'une 
manière  particulière  »  (Hue,  op.  laud.,  f,  p.  194). 

2.  Avant  la  conquête  galatique. 


■^••* '•«^■■rtewefsaiil certaines  pariies de  la  Tir- 


[  luBasprÎM,  : 


I  rapporterait  pas  noa 


H|l       I    ItflMlSSM. 

■m»  ^M  4e  ■••  pM«fttw  leçons  je  vous  ai  cité  un  curie  «^ 
tHii  4>  Tila-l^va  ^m,  neoDtuit  pieusement  des  prodi^^ 
■■^pMii  «K  ■•  enjtk  pi»,  «jujinels  il  ne  croyait  pas  l«-3J' 
marne,  naac  §■•,  •«■!■•  noontaat,  il  lai  semble  revivre       ^* 
««  di  «M  tMf»  Rcalé*  et  «re  le  contemporain  croyanï  (C3« 
■ihHnftHBs  4*  CM  Mincies   •.  Je  roadraîs,  messîei 
■M  iimIm,  hÎR  fMMr  ea  voos  des  impressions  analogu-  -M» 
«IfiKVMSTVVifenwi  rîUasioQ  de  croire  que  le  monde  doK  -^^^ 
îft  liaaa  et  Jiwler  le  Ubievi  <le%-ant  vous  est  bien  la  repr*  '':^- 
t  et  eehii  an  wio  duquel  vivaient  nos  ancétr^^v*^^ 
i  U  directino  de  leurs  druides. 


J 


XXir  LEÇON 

LA  RELIGION  APRÈS  LES  INVASIONS  GALATIQUES 
ET  LA  CONQUÊTE  ROMAINE 

Nous  avons  dit  que,  sans  l'invasion  galatique  el  la  conquête 
domaine,  la  Gaule  eût  été  une  Irlande.  Les  communautés 
druidiques  s'y  seraient  multipliées;  l'esprit  druidique  y  aurait 
^égné  sans  contrepoids. 

Les  druides  étaient  les  instituteurs  de  la  noblesse,  entre  les 
Ooains  de  laquelle  était  le  gouvernement,  le  peuple  ne  comp- 
t^ait  pour  rien^  La  Gaule,  sous  ce  régime,  n^aurait  pas  eu  plus 
cjue  rirlande  un  panthéon  de  dieux.  Elle  serait  restée  fidèle 
^u  vieux  culte  du  feu,  du  soleil,  à  la  dévotion  des  sources, 
^es  pierres  sacrées,  des  fontaines,  des  lacs,  des  montagnes 
«t  des  rivières,  sans  sentir  aucun  besoin  de  représentation 
figurée  de  la  divinité.  La  croyance  k  l'immortalité  des  âmes, 
à  l'éternité  du  monde,  ce  dogme  existant  chez  nos  populations 
primitives  à  l'état  d'idée  innée,  comme  aurait  dit  Platon,  ou 
de  ^cpcXrj'^^tç,  suivant  l'expression  d'Epicure',  eût  constitué  toute 
leur  théologie,  les  divinités  n'eussent  revêtu  aucune  forme 
précise.  La  religion  des  Gaulois  serait  restée  ce  qu*était  encore 
au  temps  de  César  la  religion  de  la  majorité  des  tribus  germa- 
niques, ces  frères  germains  des  Gaulois,  ainsi  que  les  quali- 
fiait Strabon  3. 
Ces  conclusions  qui  ressortent  de  nos  leçons  ne  vous  ont 

1.  César,  B,  G.,  VI,  13.  Nous  avous  vu  que  tel  était  également  Tétat  de 
la  plèbe  eu  Irlande. 

2.  Cicero,  De  natura  Deorum,  1, 16  :  «  id  est  antecepta  in  anima  rei  quœdam 
informatio.  » 

3.  Strabon,  p.  95,  trad.  Tardieu,  t.  II,  p.  2.  Cette  parenté  des  Celtes  et  des 
Vieux  Germains,  parenté  de  civilisation,  i>aratt  certaine  pour  les  Germains  du 
midi  en  particulier.  La  religion  des  deux  côtés  du  Rhin  était  la  même  dans 
le  principe. 


I  .'■• 


312 


LA   REUGION   DES  GAULOIS 


certain  qu'un  voyageur  traversant  certaines  pai 
tarie  sans  toucher  aux  lamaseries,  n'en  rappo- 
impression  analogue. 

Dans  une  de  nos  premières  leçons  je  vous  a 
texte  de  Tite-Live  qui^  racontant  pieuseme 
auxquels  on  ne  croyait  plus,  auxquels  il  n> 
même,  avoue  que,  c(  en  les  racontant,  il  lui 
vie  de  ces  temps  reculés  et  être  le  contem; 
admirateurs  de  ces  miracles  ».  Je  voudi 
mes  paroles,  faire  passer  en  vous  des  im 
et  que  vous  vous  fissiez  l'illusion  de  croii 
je  viens  de  dérouler  le  tableau  devant  vi 
sentation  fidèle  de  celui  au  sein  duquel 
Celtes  et  Irlandais  sous  la  direction  de 


I*- 
ate. 
iqae\   : 

file.  W^ 

iiiTublées 

apparence 

.  omain  ou  de 

Si  FAutel  de 

'  un  Apollon  et 

•  remplit  le  centre 

iitude  orientale  du 


'iirs  la  série  des  dessins  et 
nain,  reprodaisant  les  prin* 
ii{ue). 

-eiiir  k  cette  phrase. 
Telles  soDt  les  représentations 
le  Mars,  d'Hercale,  de  Pomone, 
ption  d*an  seuL 


Aulel  dn  ReimB  (Mu»ée  d«  Iteims). 


31i  LÀ   RELIGION   DRS   GAULOIS 

ocrtainemonl  pas  prépar<^s  an  spectaclo  <jue 
yeux',  spectacle  que  vous  préseuterait  la  sal 
si  je  pouvais  vous  y  Iransporli-r. 

A  côlé  de  (livinitOs'd'aspi'ct  grécoromaii 
affublùes  parfois  (K-  quolqiirs  emblèmes  n" 
vous  en  voyez  (i'aiilrcs  dont  l'alliludo  est 
cerler  l'érudit  le  plus  consommé. 

Si  ces  divinités  ne  sont  pas  celles  du  i 
insaisissable  jusqu'ici,  et  en  elTet.  imagi 
présenteni  pas  le  panlliéon  dont  Jules 
dans- ses  Commentairfs  le  tableau  abré^; 
l'origine?  Des  populations  profondémen 
dilions.  à  leur  culte  national,  comme  ^^^ 
tiques,  iiafii>  Ptit  omit/s  Gallnrum  maxirr^^% 
ne  sauraient,  livrées  k  elles-mêmes,  p;'  ."' 
leurs  instincts  natifs,  rompre  ainsi  toud^^ 
leur  passé.  L'intervention  d'une  inflaaf 

INous  avons  dit  que   cette  înfluen'^ 
druides.  Quelle  peut-elle  êlre?Cen'  . 
nique  ou  romaine,  du  moins  sans  m-    ^^ 
dans  ce  panthéon  rimiVfaLi.desdivir      ^^ 
Celles-là.  rinlliiencr  de  la  conquêl 
de  Marseille  suflil  à  en  expliquer  ^^ 
celles  qui,  sous  l'allure  de  ilivinilv^^P 
de  symboles  inconnus  k  la  Grèce 
étrange  et  barbare,  celles  qui  n'r 
grec,  la  conquête  romaine  ne  li 
Reims,  par  exemple  (PI.  XX\ 
un  Hermès  tout  helléniques.  1er' 
du  tableau  avec  ses  jambes  croi 


**^ 


isur  avait  eupoii  d&n» 
que  poBi6i)*>  Ib  Mu>ée 
iUi  de  i&  «aile  X.\l  (m 
tî.,  VI,  ivt.  11  faut  ton 
inou  KeiiiauL,  Brunit 
ÎHIiiarve.  de  UUue,  ri. 
^  tous  leaMercuf 


315 

■  sac 


\ 

1 


liciras. 

ines  ou  glands)  dont 

.insporte  Tcsprit  dans 

f,  un  monde  étranger 


i,  dans  ]a  même  salle,  un 


0  Cl'  ' 


—  Draf(on  à  trli;  de  bélier. 

■iriiit  (le  l'autpl  ili>  Bimu^.J^. 
Il  .|u'il  ;iit  i'tA  .li'couvppf  :i  N.'-ri'».  iT.  sali.»  \\1. 

•  le  pétase  et  la  bourse  classiques,  mais 

pie  côté  de  la  niche  qui  l'abrite  s'étalent 

>  un  dragon  à  lete  de  bélier*  que  nous 

<.'!    de  Beau  vais,  lieu  de  la    déooiiverte.  Doiu  Martin 
/•ii'bu,  ni.ii>  il  TU'  pari»*  pas  <lu  dragon  à  tête  de  bt^IitT 


^j'.res  monomcnli  d 


.t  nm(  ortaui.c  de  ce  bjhiIhjU    U.  Salùiijuii 


ROMAINS  317 

éphales  surmon- 
découverta  à 
la  môme  région'; 
dont  un  des  per- 


Fig.  13,  —  Aulul  de  nt'iiL 
^phale,  el  surtout  l'autel  de  Bi>aune  (fig.  43) 
Inque  encore.  Nous  y  reviendrons.  Aucune  de 
[litîons  ne  relève  d'un  mythe  grec  connu, 
étranges  divinités  n'ont  point  été  assimilées  par  les 
Romaia.s.  Nous  ignoronsleur  nom.  Lcsmouuments,  sauf 
un,  sont  anépigraphes.  Au-dessus  du  dieu  cornu  de  l'autel  de 
Paris  est  inscrit  le  nom  do  CERNVNNOS*  (PI.  XXVI)  aujour- 

1,  Voir  plas  loin  notre  leron  sur  l.rs  TriarUs  el  les  Tricépha/ei. 
i.  II.  Howit  a  conjecturé  avec  a<>-iez  de  Triiiscitiblanre  que  U  CernuoDoi 
dontleboate  kuI  est  viiibte  surl'aatel  deralt  avoir,  si  Jk  repréaenUtioa  £tait 
I,  l'attitade  bauddhique  [So'..  des  antiq.,  Bailel.,  I8S0,  p.  27S). 


:U8 


LA   ltELICIO.N   insu  aXVlOK 


[l'hiii  presque  vnrnpIèlumeDl  vfTact',  niais  très  visible  au  nu»- 
munt  do  la  (l<irouvi>rli'.  <X'  rcnseifmeiiii>nt  v»l  Iv  »9u\  qui-  tiou» 
possédions.  Cvsar  n'en  parité'  |>as,  u'v  fait  mt'me  aucunv  allu- 
sion, à  moins  i|ui>  l«  Ih-jm- 
trr  rl«'S  ViimnM'nUiin-  \w 
diiivv  «'•tri'  riassé  dans  cv\W 
rati'fîiirir.  Li'»  Cominnil'U-' 
rrs  »c  burni-nl  à  nous  tlin* 
<|Uf  Ci'  dii-ii  élaîl  ii)n»itKTf 
jiJir  Ii's  Hruidt-s  ri>tiiin<-  If 
I*t:ri-  ili^  la  nation  ;:auluiM- 
■'I  Imnon-  a  «■>•  liln-  pur  !•- 
iwupli'.  11  ni'  nous  1(>  itcrrit 
pas,  ntius  nv  pouvons  fair>- 
Il  situ  suji'l  i|iii-  (It's  oujcr 
lurr»'.  La  statui'ttt'  roriuni.- 
sDtis  II-  nnni  dv  staluvtte 
d'Aiilun  itlln-  un  (-arnricD' 
cnriin-  jilus  f1rauf,'>>.  l'I. 
XWll  '. 

A  rôlt'-  lit"  ret  triad*->  <t 
di-  i-es  lrir<-pliali>s  r.iin.u- 
lunnl  un  f;ri>up>-  ncMi-incnl 
fararliTisi' vi«'nni-iil  *<■  ran- 
ïiT  li's  iiirunl'-\  it**imil'" 
aux  divinilrs  i;rfi'(|u<-!i  ol  r>>- 
niaiui't,  (lanni  If-iiH«'Hi'^  If» 
rnii|  diviuit<-«  du  l'aiilln-on 
■)«•<•  l'riiwiriil'iirrt  (••rnianl 
uni-  niilff  rIasM-  nt'Ui-mrnl 
diotiiKlc  <■••  la  pri'niiiTv.  I'n« 
troi!>ii-nii-  clause  »vr<iuipo»c  di*s  di\iuili-s  ,i  iyn(/«*/c.  >ritv(tir' 


statuette  dite  slatuelte  il'Auluu. 

(Ilut«e  d«  eùnt'CerniiD,  fille  XVII)  ■. 


I.  Cr.  Sil.  Riinub,  Bnaitt  figurai,  p.  IM, 


B  ET  LES  aOHAINS  319 

le  Jupiter  EU  maillet 
,  XXVIII).  Tout  cela  est 
i  gallo-romaines  dont  nous 
ment  une  quatrième  et  der- 
a  honorés  après  la  conquête. 
I  acceptées  par  les  Gallo-Ro- 
p  clause.  Nous  avons  dit  que 

unités  assijniiées,  popularisées 

■commeleB  principales  divinités 

icune  autre,  si  co  n'est  le 

irnous  fait  une  loi  d'agir  ainsi. 

tes  Gaulois  est  Mercure.  Aprbs 

dUpiter  et  Minerve  sur  lesquels 

ft  cnlles  tlea  autres  nations  :  Deum 

.  Posl  /lime  Apollinem  et  Martem 

it  eamdem  /ère  quam  reliqux  gentes 

Jée  une  pareille  assertion?  Quel  cas 
■s  donner  aux  paroles  de  César? 
Gaule,  aucune  représentation  de  ces 
K  pays  à  titre  de  divinités  nationales. 
ge  après  la  conquête  dont  le  type,  à 
lions  de  Jupiter,  ne  fût  complfete- 
n'cut  cerlainoment  sous  les  yeux,  dans 
[pagnes,  aucunefigurc  gauloise  d'ApoI- 
T  ou  do  Minerve.  Il  noua  l'aurait  dit. 
kx  les  Gaulois,  beaucoup  de  simulacres 
Rercurii)  stinl  p/urima  simulacra.  On  ne 
nés  ou  slalueltea  de  Mercure  antérieures 
e  sait  à  quels  simulacra  César  peut  faire 

peal-ils  des  chants  épiques  où  les  traits  de 


',  cb.  LVi),  diaait  déjà  des 


rs  dieux  fussent  poétiquumenl  dessinés  comme  ceux  des 
dieux  de  la  Grèce  dans  Vlliade?  Ces  chants  existaient  chez  les 
Germains.  Il  ne  semble  pas  qu'ils  existassent  chez  les  Gaulois. 
S'il  y  en  avait,  ils  auraient  fait  partie  de  l'enseignemenl  des 
druides,  el  nous  avons  vu  que  les  dniidos  n'avaient  point  de 
dieux  particuliers.  Sur  quoi  César  poiivail-il  se  fonder  pour 
réduire  le  panthéon  gaulois  à  cinq  divinités  si  nettemeot  ca- 
ractérisées, ayant  les  mêmes  attributions  que  les  divînilésto- 
mainos?  »  Les  Gauloix  considèrent  Mercure  comme  rinventtar 
de  tous  le.1  aris,  comme  le  gardien  den  routes  et  le  ffuide  da 
voyageurs.  Ils  iui  alirilntent  aussi  la  plus  grande  iii/luenrr  lur 
les  transactions  commerciales  et  pécuniaires;  Apollon  gtiéril  h 
maladies.  Minerve  est  Finitiatrice  des  arts  et  métiers,  Jupiter 
ffnuveme  le  ciel,  Mars  préside  à  la  guerre,  f^s  Gaulois  ont 
coutume  de  leur  vouer  let  dépouilles  de  l'ennemi.  >•  C'est  &insi 
que  César  caractérise  ces  cinq  grands  dieux.  On  ne  voit  pas 
qu'il  oùt  d'autres  éléments  d'assimilation. 

Les  Gaulois  avaient  un  nombre  infini  de  divinités,  voyaient 
partout  des  génies  et  des  fées.  Dans  toutes  les  circonstance 
de  la  vie  ils  devaient  les  appeler  à  leur  secours,  dans  leurs 
voyages,  dans  leurs  transactions  commerciales,  pour  obtenir 
guérison  dans  leurs  maladies  ou  revenir  victorieux  de  leurs 
guerres.  Mais  quel  rapport  pouvait-il  y  avoir  entre  ces  génies 
protecteurs  multiples  et  Mercure,  fils  de  Maïa,  messager  des 
dieux,  conducteur  des  ftmes  aux  enfers,  ou  Apollon,  frère 
d'Artémis  et  fils  de  Jupiter  et  de  Lalone?  Aucune  des  lé- 
gendes applicables  aux  premiers  n'élail  applicable  aux  seconds. 
Dieux  grecs  cl  génies  gaulois  ne  se  touchent,  ne  prennentcon- 
tact  que  par  un  point  cl  diiïèrent  tolalement  sur  tous  les  autres. 

Comment,  dans  l'état  d'esprit  des  Celtes,  tels  que  nous  les 
connaissons,  n'auraient-ils  adoré  que  cinq  divinités,  préci- 
sément les  mêmes  qu'adoraient  la  Grèce  et  Rome?  Et  ces  divi- 
nités n'auraient  pas  eu  de  nom  spécial  dans  leur  langue,  et 
ces  dieux,  ni  Diodore,  ni  Sirabon  n'en  auraient  fait  mention? 
Sont-ce  vraiment  Ik  des  dieux  gaulois?  Nous  nous  refusons  à 
le  croire.  Ni  le  Jupiter  Olympien,  ni  la  Minerve  de  Phidias, 


LA    RELIGION    APRÈS   LES   GALATES   ET   LES   ROMAINS  321 

ni  TApollon  de  Praxitèle  n'étaient  faits  pour  séduire  Tesprit 
des  Celtes.  L'idéal  humain  n'était  pas  leur  idéal  divine 

César,  avec  le  dédain  d'un  Romain  d'éducation  grecque  pour 
la  barbarie  gauloise,  concentre  artificiellement  en  cinq  types 
toutes  les  divinités  de  cette  superstitieuse  nation,  sans  souci 
de  pénétrer  le  sens  de  sa  mythologie.  Les  Celtes  ont  des  génies 
qui  président  à  la  sécurité  des  routes  et  au  commerce,  d'autres 
sont  secourables  aux  malades,  d'autres  protègent  les  arts  et 
l'industrie,  un  autre  dirige  les  phénomènes  célestes,  imperium 
roelestiiim  tenens;  ils  adorent  donc  comme  les  autres  nations, 
c'est-à-dire  les  Grecs  et  les  Romains^  Jupiter,  le  dieu  du  ciel, 
Mercure  le  dieu  du  commerce,  Apollon  Alexicacos  et  Apotro- 
paeosy  Minerve  la  déesse  des  arts  et  de  l'industrie,  sous  diffé- 
rents noms  qu'un  Romain  n'a  aucun  intérêt  à  connaître.  Il 
suffit  d'affirmer  l'identité  des  uns  et  des  autres,  pour  habituer 
les  vaincus  à  adorer  les  statues  qui  représentent  les  dieux  du 
vainqueur.  C'est  ce  que  firent  les  conquérants  .et  nous  inter- 
préterions volontiers  la  phrase  de  César  en  ce  sens  que  ces  cinq 
dieux  étaient  ceux  dont  l'assimilation  avait  été  le  plus  facile- 
ment acceptée  par  l'aristocratie  gauloise.  Mais  le  peuple  ne 
suivit  pas  l'impulsion, il  continua  à  adorer  les  esprits  résidant 
dans  les  pierres,  les  arbres,  les  sources,  les  lacs,  les  rivières 
et  les  montagnes  qui  étaient  ses  véritables  dieux,  les  dieux  de 
ses  pères.  Le  panthéon  romain  assimilé  effleura  seulement 
la  nation,  sans  pénétrer  dans  les  couches  profondes.  11  resta 
à  l'état  de  religion  officielle.  Le  Celte  continua  comme  par  le 
passé  à  se  représenter  les  dieux  sous  le  voile  des  symboles. 

Tacite  ayant  à  donner  une  idée  de  la  religion  des  Germains 
use  du  même  procédé  que  César.  Après  avoir  reconnu  que'  : 
«  Les  Germaim  trouvent  au-dessous  de  la  majesté  céleste  d'em* 
prisonner  les  dieux  dans  des  murs,  ainsi  que  de  les  représenter 
sous  une  forme  humaine^  qu'ils  consacrent  des  bois  et  donnent 
le  nom  de  Dieu  à  cette  horreur  des  forfUs,  où  ils  ne  se  figurent 


1.  Comme  il   Tétait  pour  certaius  philosophes  grecs.  Cf.  Cicér.,  De  natura 
Deorum,  I,  xxvii. 

2.  Tacite,  De  morihus  Gnrm.,  IX. 


:t'J2  LA   nELir.lON  DES»  (iAULOIb 

rirn  t/tif*  Ir  rrsprcl  t/urttf  imprime  »»,  nous  apprend  on  in»'*nn' 
h»mps'  i|u<*  «'  L(*  Dirti  t/fiP  1rs  (Srrmfn'ns  honnretit  Ir  plus  rW 
Mrrrurr  rt  f/fi'it  //  //  firs  Joftrs  ait  Us  sr  font  an  point  dr  rrlif/i'»n 
dr  Itii sarrifirr  drs  rirtinirs  humainrs.  Ils  ndorrnt  au<si  Hrr^ulr 
rt  Mars^  mais  ils  ir^  apaisent  avrc  dr<  rlrtimrs  ordinaires.  .■ 

r««>  ni^  »onl  pas  hi  lie  v^Titabl«*sdioiix  ^ermainn,  pas  \Ax\%  i\\\e 
choz  r^sar  ce  ne  sont  de  véritables  dieux  gaulois.  Ce  S(»nl  lies 
dieux  romains  assimilés  après  la  coni|u«^le  »  des  dieux  gaulois 
ou  p'rmains  de  cnrarti*res  indécis,  sur  lesquels  Tassimilatitm 
nt*  nous  donne  presque  aucun  rensei<:nement  véritablement 
in««tructif.  Ne  prenons  donc  pas  ces  assimilations  trop  au  sé- 
rieux. Ils  ne  comptent  qu'à  titre  de  dieux  des  conquérants, 
acceptés  par  les  vaincus.  Ils  ne  j<*ttenl  aucune  lumière  sur  le 
cararlèn*  du  frénie  iraulois.  Nous  connaissons  le  nom  gallo- 
romain  de  qii*'lques-unes  d<*  ces  divinités  assimilées,  noms 
jrravés  sur  des  ex-voto;  ils  nou»^  apportent  bien  peu  de  rensei- 
pnemenl>  C(»mplémentaires.  (IVs!  ainsi  que  nous  comptons 
^eiz*Mlivinité«i  dont,  à  Timitation  de  (^>sarJes(iallo-ilomains 
ont  fait  des  M«*rcure.  nrttf  dont  ils  onl  fait  di*s  Apollon. 
trrntr-sir  des  Mars,  tfwitrr  si'ul«*nient  des  Jupiter,  tiuntrr  dos 
Minerve.  Il  n'est  pas  sans  iiilérél  ffiMi  donner  la  liste  et  la 
provenanri».  bi**n  que  la  siL'uiiicatiiaide  presque  lnusce«  qua- 
lificatifs nous  Hdit  inronnue.  qiii>  leur  pliysionr>mie  fass<«  plu- 
tôt pi'nsfrà  des  radicaux  latins  qu'a  di*s  radicaux  celtiquo«  et 
qu'il  soit  impMssibU*,  d'un  autn*  r«*ité,  de  savoir  â  quflb' 
époqui*  r«>monli»nt  r«*s  appellations  rt  -«i  l.i  plupart,  ce  ipn  ««^t 
prolialiie.  ni*  ^ont  pa^  po<itêri**un*s  a  la<*onquéte. 

Parmi  rt*<  divinités  assîmilé«'-.  r(*||i*  dont  le  culte  parait 
avoir  été|i*  plu<«  répandu  tilepoqui*  «:all(»-romaine  rst  Mercun*. 
Iji-  r«Mi«*eiL'ni'm»'nt  iloriné  par  t".é-ar,  .1  i*«*l  égani,  i»*!  1*1  art. 
L4-<«  tra«'i*«*  fin  rultr  di*  M«Tnire  *»ont  nombr«*usi*s  i*u(îaul«v  l> 
ne  *^ont  pas  ««fubMiient  len  {«x  voloavrr  inscription  au  nom  du 
dii'U  i|ui  i-n  l**ui'iii:iii*nt,  d«*  n(MnbriMisi><i  localités  enrore  ha- 
bil«*i*^  i.ipp**llfnt  p  ir    Iriir  nom  i|u'un  temple   de   Mi*rcure  \ 

•     /tr  r-t  •      ti^»m  .1       .      .   |i>  iir'!!!!  iii««iiiif  Mi'rciiriniii  r-tluiil    •4.r«l  ri«- 
Iriii*-  .t  •  •     \  i     <'.  •Al    i«  lit  <lil    11'*  («i<iiiii«     H.  *i  .  W,  Ifii 


LA  RELIGION  APRÈS  LES  GALATES  ET  LES  ROMAINS      323 

avait  été  élevé.  Ouvrez  le  Dictionnaire  des  postes,  vous  y  re- 
lèverez les  noms  significatifs  de  mont  Mercure,  Mercœur, 
Mercuray  et  Mercurey,  Mercoire,  Mercoirey,  Mercoirel,  Mer- 
cuer,  Mercurier,  Mercuroy,  Mercury,  auxquels  je  ne  crois 
pas  que  mon  confrère  Longnon  trouve  d'autre  origine. 

Il  y  a  plus,  on  sait  que  les  statues  et  statuettes  de  bronze 
gallo-romaines  sont  très  rares.  Les  statuettes  de  Mercure  en 
bronze  font  exception'.  Notre  Musée  des  antiquités  nationales 
en  possède  trente-et-une,  le  Musée  de  Lyon  un  nombre  au 
moins  égal  '.  Il  y  en  a  plus  ou  moins  dans  toutes  les  collec- 
tions publiques  ou  privées. 

Mieux  encore  que  les  noms  de  lieu,  les  ruines  des  temples 
dédiés  à  Mercure,  dont  l'un,  celui  du  Puy-de-Dôme,  était  un 
véritable  monument,  rappellent  Timportance  du  culte  rendu 
à  cette  divinité. 

M.  Mowat*,  dans  une  Note  sur  un  groupe  d'inscriptions  rela- 
tives au  cuite  de  Mercure,  rappelle  que  dom  Calmet  avait  vu, 
dans  sa  jeunesse^  les  substructions  d'un  temple  de  Mercure  au 
sommet  du  Donon*.  Bien  que  Mercure  fut  adoré,  à  l'époque 
gallo-romaine,  dans  toutes  les  parties  de  la  Gaule  à  peu  près 
sans  exception,  nos  notes  nous  apprennent  que  les  pays  que 
domine  le  Donon  étaient  ceux  qui  avaient  le  plus  grand  nom- 
bre de  dévots*.  Les  Musées  de  Bonn,  de  Cologne,  de  Metz, 
d'Epinal^  de  Nancy,  une  importante  collection  privée  à  Bru- 
math,  une  autre  à  Mulhouse  contiennent  bon  nombre  d'ex- 
voto  à  Mercure.  On  sait,  dit  M.  Mowat,  que  le  nom  de 
Montmartre,  près  Paris,  n'est  qu'une  altération  de  Mons  Mer- 
curii*.  Il  existe  également  près  d'Avallon  un  lieu  nommé 
.Montmartre  où  l'on  a  trouvé,  dans  les  ruines  d'un  temple,  un 

1.  H  est  à  remarquer  que  les  stataettes  de  Mercure  en  terre  cuite  sont,  au 
contraire,  très  rares,  tandis  que  les  Vénus  et  les  Déesses  mères  abondent 
dans  les  iaraires  des  villas  gallo-romaines. 

2.  Comarmond,  Musée  de  Lyon,  p.  202-215,  cite  quarante  et  une  statuettes  de 
Mercure  tant  du  musée  ou  cabinet  de  la  ville  que  du  cabinet  Artaud. 

3.  Mowat,  Rev.  arch.,  t.  XXIX  (1875),  p.  34;  t.  XXX,  p.  359. 

4.  Plusieurs  statues  de  Mercure  ont  été  découvertes  depuis  sur  ce  sommet. 

5.  Voir  nos  Carnets  déposés  à  la  bibliothèque  du  Musée. 

6.  Cf.  J.  Quicherat,  Formalion  française  des  noms  de  lieu. 


3'Z4  LA   KELir.lON   DES  (;AUL0]S 

marbre  portant  l'inscription  DEO  MERCVRIO.  L<*s  riiin«>sil'iin 
temple  de  Mercure  ont  été  signalées  à  Poitiers  par  li*  P.  df  La 
(^roix  • .  Hiigôm*  (jrésy,  dans  ses  Ohsirvfitwn^  sur  1rs  monummts 
dnnlifjuitrs  in/ttvf's  à  Mrhin  m  février  tSlH,  rappel  Iiî  qu  «'n 
1812  avaient  été  signali^'s  et  mis  à  nu  l«*s  souliassi»nit*nts  d'un 
tompli*  iroii  avait  été  extraite  nm*  statut*  di*  Mi*rrure'.  (U*  tt^mple 
Hi'mlile  avoir  été  élevé  sous  Néron,  époijue  di'^'randr  dévntinn 
à  n*  dit^u.Nous  savons  par  IMin«*  (XWIV.  IK,  que  la  statm*  di* 
Mrrrure,  commandé**  â  Zénoditn>  pnr  la  cilé  di*s  Arvi»rn»*'», 
avait  conté  à  Tarliste  dix  ans  d<>  travail,  l'n  antn*  tomph- 
pn*s(|u<*  aussi  important  que  celui  du  Puy-de-lKimt*  existait 
encore  à  Izernorr.che/  les  Séi|u.'m»*s,à  l'époque  où  vivait  saint 
Augend';  autn*  tenipli*  à  la  lllanrli(*-Konlain(*,  pr«*s  Lanpn*s\ 
ainsi  qu'au  Mont  Av  Srm*  pré^SanlenaviOMe-d'OnV  \  Pi>uil- 
h*nav-en-Auxois  un  sacellum  existait  avec  slalur  du  dii*u  .i!«- 
siK'ié  à  Hosm<'rlasapari*dr(*'.Tout  le  monde  connaît  le  temple 
AvMercuritis  Canrinnnksîs  :i  ltert|ii>uvilli*.  d'oiii'st  surli  li*  trennr 
ditdi*  Bi-rnayV  .\Iaisci*s  t«*nipli*sétaii*iit  surtout  nnmhn*ux  clin 
les  Allo|>ro;:«'s.  M.  KIorian  Vallentin  h's  dirux  dr  la  rHr  tir% 
Alluhrntjrs,  p.  I.'».  l'ii  si;:nal(*  a  Aix-l«'s-|(ains.  à  Aml»lai:ni«*u. 
a  Anii<*cv,  i\  Aidicr,  ii  lti*aucroissant.  â  liidli'V.  à  HIanicu.  au 
liour^«*t.  â  itnord.  à  (Iharani-icii,  â  illialle,  «i  (lliouley.  a  Kclii- 
rollcs.  il  (ii*iii*vc.  il  lifiMsv.  a  ili«'n*s,  ii  Lucev.  au  m«oit  du 
r.liiit.  à  Nnlr«*llami*  ii«*  Limon.  aSainl-Félix,  âS.iint-lnUiM*ent. 
il  Saint-Vital,  ii  La  T«TrasHi*,  a  Tourndn,  a  Vi«'nn«'  «*t  a  Vilia/. 


.'    k.u    \<i    il  in-  U  iiKEiie  ••cilffi     •  l-iit   r«'<'iii  il>i    un    it-«<t|'i      MERCV- 

RIO  ET  LARIBVS  TIB   CLAUDI  I    NERONI  DRVSO  GERMA 

NICO  AVGVSTO  -  ^  Mn.ir*  .t  tiii  l.tr.  -  .Ir  lil.- rr  i.ljii.]^.  i  \.  r  . 
|lr>Mij«  •••'riiiiiii- «i*  .\-i.*-i>li*  •|iii  uioiilrr  iiiif  |i  triii|ii<  rli«l4>l  au  i"  •:r.  .. 
•ir  iiiilr**  iTi" 

i    <.f    ll'iitiifl  .  Vxla    ^    Aufj^mi  ,   1"  jiiiTii-r.  •!  «iiji>  ht  n-iu    Ihtt    .te  h  ***■ 

1. 1.  j.   : 

k    'j/ii.'-i.u      >iu  .V'i«  *■  ./'  /.'m«'rf.  !•    T    W    f'». 

«f    il.:..   II..Î....I    w   ■..-..  I    \l.l\.  |i    .'•  *:  .M  ' 

*  M' un  11  ■  t  jii*-     iii-   ,•  •  .V  "1    •/'   i' I '' 'ffi •'!!«.    /'I    lfi/i-/     •/«   fa   *' '/•    *.*• 
l.  \     l^'.H  M5  •    {>     ■  ' 

*  I    I  ■'   fU.>li  t    *   1*  i'     '  .'•  •■!  -,     'i'i  *'  i'   -ie'  •trt  »n^  i  HtUt,  p    «i* 


/ 


LA  RELIGION   APRÈS  LES  GALATES  ET  LES  ROMAINS  325 

Âjoalonsqueparmiles  temples  païensqui,d'aprèslalégende, 
OQl  été  renversés  par  saint  Martin  et  remplacés  par  des  ora- 
toires chrétiens  figurent  plusieurs  temples  de  Mercure.  Nous 
avons  vaque  les  Germains  (Tac,  De  mor.  Germ.y  IX)  avaient 
une  égale  adoration  pour  Mercure,  auquel,  dit  Tacite,  ils  sa- 
crifiaient des  victimes  humaines.  Cette  coïncidence  est  à  noter. 
Nous  soupçonnons  que  la  divinité  assimilée  à  THermës  helléni- 
que et  au  Mercure  latin  avait  été  importée  en  Gaule  parles  tri- 
busdeTEst,  comme  semble  rindiquerlagéographie  de  son  culte. 
Quoi  qu'il  en  soit,  voici  la  liste  des  surnoms  topiques  du  dieu, 
i*€îlevés  sur  nos  carnets,  liste  probablement  incomplète.  Ils  sont 
p€u  nombreux  relativement  à  Timportance  et  à  Tétendue  du 
<i"tilte.  Nous  en  comptons  seize  :  Mercurius  Alaunius  S  Arcecius*, 
-^rlaius*,Arvernorixet  Arvernus^Atcsmerius'^,  Canetonensis®, 
Cîessonius  et  Cissonius',  Cimbrianus®,  Clavariates*,  Dumias'^, 


1.  Orelli-Henzen,  s.  v.  Mercurius,  n*  3866.  Provenance,  Maanheim.  En  rap- 
procher les  noms  de  villes  gauloises,  Alauoa  et  Alauniam. 

2.  Orelli-Heozen,  n®  1414.  Prov,,  Briaoçonnet  (Alpes-Maritimes). 

3.  Ailmer  {Inscript,  de  Vienne),  t.  III,  p.  112.  Prov.^  Beaucroissant  (l^ère). 

4.  Mowat,  Rev.  arch.,  t.  XXiX,  p.  41  (1875)  {Cinq,  inscript,  découvertes  sur 
Us  confins  germaniques). 

3.  Longpérier,  Œuv.  compL,  III,  p.  271.  Prov.,  Meaux  et  Poitiers.  «  Adsme- 
rius  n  donné  par  Orelli  esl  une  mauvaise  lecture. 

6.  Chabouillet,  Catal.,  l.  c. 

7.  Orelli-Henzeu,  n»  140C.  Cf. Gastan,i)ei;.  arch.,  1879,  p.  83.  Prov.,  Besançon, 
où  Mercure  avait  un  temple. 

8.  Antiq.  du  Rhin,  1871,  p.  167.  Lecture  douteuse. 

9.  Patère  en  argent  du  cabinet  Arsène  Olivier, à  Paris.  Prov.,  Les  Granges, 
commune  de  Maiziëres-la-Grande-Paroisse  (Aube)  et  Marsal  (Meuse).  Cfr.  abbé 
îhédenat,  Soc.  des  antiq.  de  France,  1881,  BulL,  p.  165,  179. 

10.  Plaque  de  bron/e,  ex-voto  découvert  dans  les  ruines  du  temple  de  Mer- 


r^£TDfOMERCVl 
DVMIATI 
MATVTINÏVS 


Fig.  45.  —  Ex-voto  découvert  au  Puy-de-Dôme. 

cure,  an  sommet  du  Puy-de-Dôme,  fucsimilé  au  Musée,  salle  XVII,  n»  2224. 
Cfr.  Soc.  Ant.  France,  Bull.,  1874,  p.  140, 


M'Jt;  LA    RRLir.lON   bf»  GAULOIS 

MaL'iiii)CUs',  M«»ct'iis\  Toiirevus',  Vassocalt*tus\  Voilauiiu^'. 
Visiiciu^*. 

On  r«'iiiarqii(Ta  qui*  sur  ce«  soi/o  surnoms  ilc  Mrrrnn*.  trois 
s»*  raii|M)rl«*nl  au  réii'hri*  Mercun*  <iu  Puy-de-Dônn*:  //'///ifi* 
qui  «*sl  II'  nom  «l«*  la  nionla^^ne  sacnV,  Arrernus  qui  rappi'llt* 
h*  uiMii  (le  la  citt>,  Va^sfà-rahitt^  —  auln*  épilhèti*  arveriit*. 
Il  (>>1  |U'ubahl«*  que  1rs  autres  noms  sont  é<;alement  topiques. 
r.ela  est  i'*viili-nt  pour  le  i'anftftnnk^is.  Aiirun  li'eux  n***sl  di* 
nature  à  nous  inettn*  sur  la  voie  du  nom  e«dtique  national  au- 
qu(*l  i(*s  itouiains  auraient  assimilé  celui  de  Mercure.  Ij*-  i^ni 
disant  Mcrcuri'  ;:aulois,  pas  plus  qm*  le  M«-rrun'  ^erm.iniqu*'. 
n«*  di'vait  avi>ir  d*'  ni»m  propn*  attaché  à  ses  fon<'ti'*ii^  et 
indiquant  sitn  r.ini*  et  son  rAle  dans  la  mythologie  du  pa\H 
%\\\\  n'avait  pas  di>  Panthéon  liiérarihisé.  Les  Itouiains  con- 
fondirent certainement  sous  eetle  a|)p«*llatifm  ti»ule  uni'  hitii- 
(il*  divinités  locales  charL'é«'s  il<*  fonctions  analogue'».  Il  fau- 
drait pouvoir  déterminer  i|iii*lles  étai<*nt  ces  fitnctinn*».  Mnl- 
hiMireiisemeiit  les  éléments  d'une  réponse  manquent.  I*ii  hi-uI 
liait  parait  liien  (*(*llii|Ui*  ou  L'anlois.  Le  Mercure  as^îniile  avait 
un**  paiedre.  Iti»->met'ta.  pi»rlatil  le  cailueer  ^  cunime  ll*-rm''^. 
et  étant  eviih-mineut  la  di»uhlui'e  du  dieu,  r.etti*  i-«iri(*«>t>tl  'U 
n'i'st  ni  lie.ieniqiie  ni  romaine,  elle  l'st  i-eltii|iie.  Le  Iii-n  ipn 
uiii^^.iit   !•'   M*  r>  ni''   l:aul'li^  a   Itosnierla  et. ut   m   iMroit  ijur 

<.'i  II!'*»  Il   «îii'll.  '1  lîl«»  SMli    r!^/l*/'tl/Jtlr  t/r  f'I  M*t\rllt\  fie  l'tiUKi'.e 

pa*»   lUiiUH  ii>-  •'l't/.'-    in^.'i'ipliiin'^  t'<imiiiii(ies  a   Mercur*'  et  a 

Itieiinell  l   ilaM'^   li'H  ^rllis  liTt  iliiin^s  den    Lmi;:oU*«,  de^    I^i'UU*-^. 

d»"»  Nleiliiirnai rii  i--*  ••î  ijf^   rieviri**»     .Nu' tin**  de  niiu\«*au  qu»-. 
('•unine  I  Ip'/  !•■"*  Aildlirif-'en  mi  j»»^  lenipli"«  iji*  Meicure  e' ii*  ii» 


t    K  Ti  i'é    \  .  .    it    I.    /  •  I  /•    i-i  •  j  '/•■•    I  */'#./»«.■  t    Mitiii-r,    /■'     •»;  ■     i' 

\    '•.■.^.   1      III     ;       ■■:/■■        Il  .r.  . 

.■    «••■       '1-    ..         •:."./  «1  .^'■.  • 

'  ■     .      M  •■■/•.  I  j.   r.    1    II-,    \r  II  ■.-.i!.  .:»• 

V  V  \     ■    ■  .'  ■  ■    •  :       I  ,■      r  ■  ■  T  ■    » .  ■ 

■     i    ■  ■■■  ?      I   J      .     !  •■      f"      ■       II.,  r.  .      .  i-4t    L.     : 
I 
'      '•:•     J   M     .;                    •-.'     /  Il      »-    :i:.    rn 

u*  1.'-     tii.i.u-    .  .<rtiri.ial  -ir  1^  |i«:i«  r   li-  IVuirr«>il. 


LA   RELIGION  APRÈS  LES  OALATES   ET  LES   ROMAINS  327 

si  nombreux,  nous  sommes  ici  en  plein  pays  kimro-belge. 

Passons  à  Apollon.  Nous  connaissons  sept  prénoms  gaulois 
de  ce  dieu  inscrits  sur  des  monuments  appartenant  à  notre 
Gaule,  neuf  si  nous  comptons  les  monuments  découverts  en 
pays  celtiques,  mais  hors  de  Gaule.  Ces  épilhëtes  sont  : 

Ânextiomarus',  Borvo*,  Cobledulitavus»,  Grannus*,  Li- 
vius*,  Mogounus*,  Verotutus',  Vindonnus',  auxquels  il  faut 
ajouter  le  Belenus  de  la  Norique  et  des  bords  du  golfe  Adria- 
tique, et  le  Toutiorix,  du  duché  de  Nassau. 

Dans  cette  liste  deux  qualificatifs  doivent  attirer  notre  at- 
tention, Borvo  et  Grannus. 


!  Xpoilî>sjI 

■    1  CRXMKl 

Cb  PXTER>g}\ 


V\^,  46.  —  Plaque  de  bronze  (ancieuue  coll.  Gréau).  Prov.  iucertaine. 

Facsimilé,  salle  XXI,  n*  â47Sl. 

César,  dans  sa  courte  énumération  des  principaux  dieux  de 
la  Gaule,  fait  suivre  le  nom  d'Apollon  de  ces  simples  mots  : 
u  Apollon  (dans  leur  opinion)  guérit  les  maladies,  Apollinem 
morbos  depellere,  »  Apollon  n'est  pour  les  Gaulois  ni  le  dieu 
soleil,  ni  le  dieu  des  arts,  il  est  le  dieu  qui  guérit.  Or,  Alfred 


1.  Rev,  arch.,  1890»,  p.  275. 

2.  Orelli-Henzen,  uo  5880,  et  flevMe  archéol.,  1875,  69;  1876,  39;  1880,  18,  65; 
1881,  292.  Provenance^  Bourbonoe-les-Bains,  Bourboa-Lancy,  Aix-les-Baiod. 

3.  Musée  de  Périgueux,  moulage  au  Musée  de  Saiot-GerniaiD ,  salie  XXI,  n"  24751 . 

4.  Orelli-Henzcn,  n»"  1997,  1998,2000,  2047.  Prov.,  AUace  et  la  rive  droite 
du  Rhin;  cf.  Greppo,  Recherches  archéol.  sur  ies  eaux  thermales,  p.  160. 

5.  Orelli-Henzeo,  n<»  2021.  Prov,,  Bonn,  sur  le  Rhin. 

6.  Id.,  td.,  no  2000.  Prov,,  Alsace. 

7.  Allmer  {Intcript.  de  Vienne),  t.  III,  p.  334.  Prov,  Fins-d'Annecy.  Cfr.  C.  l.  L., 
t.  XII,  no  2525. 

8.  iVbbé  Thédenat  dans  Mém,  Soc.  des  antiq.  de  France^  t.  XLIX,  /.  c. 


3t>6 


LA  RELIGION  bES  GAULOIS 


Magniocus*,  Moccus*,  Tourevus',  Vassocal 
Visucius*. 

Onrcmarquora  que  sur  ces  seize  surnon 
se  rapportent  au  célèbre  Mercure  du  Pu; 
qui  est  le  nom  de  la  montagne  sacrée,  /1 
le  nom  de  la  cité,   Vasso-caletus  —  au' 
il  est  probable  que  les  autres  noms  soi 
Cela  est  évident  pour  le  Canetonensis. 
nature  à  nous  mettre  sur  la  voie  du  no 
quel  les  Romains  auraient  assimilé  < 
disant  Mercure  g'aulois,  pas  plus  qu(- 
ne  devait  avoir  de  nom   propre  al 
indiquant  son  rang  et  son  rôle  d« 
qui  n'avait  pas  de  Panthéon  hién 
fondirent  certainement  sous  cetlt 
de  divinités  locales  chargées  de 
drait  pouvoir  déterminer  quelle 
heureusement  les  éléments  d*ui 
trait  parait  bien  celtique  ou  gai 
une  parëdre,  Rosmerta,  porta: 
et  étant  évidcMnment  la  don' 
nVsl  ni  hellénique  ni  romai 
unissait  le  Mercure  gaulo' 
CIkuIos  Robert,  dans  son  / 
pas  moins  de  seize  insci 
Rosmerta  dans  les  seuls  ' 
des  Médiomatrices  et  de 
comme  chez  les  Âllobro 


•■1 


i.  Florian  Valleatlo,  Len 
Vienne,  t.  HJ,  p.  191.  Prov,. 

2.  OreUi-Henun,  n*  1407, . 

3.  Orelli-Hensen,  n«  6917 

4.  ilev.  oreA.,  t.  XXZ  (18' 

« 

%nif,. 


■  hien- 

^•-n  aient 
■  n<i  que  le 

>  sources  à 

-l>aînseld«iu 

ilation  da  dko 

///ipr  des  Latins  est 

-u  même  teiD|is  qee 

i  forcément  la  même 

<(u  panthéon  romain. 

se  dédoublait  en  la  per- 

i.  également  aeconrables 

r^M  retroairB  encore  ici. 

lollon;  mau  ils  paraissent 

.  temples  de  Mercure.  Florian 

-  neuf  dans  le  seul  pays  des 

V.  on  a  signalé  un  à  Sanxav 

;is  longtemps  un  à  Essarois 

viilunet  Auxerre. 

N  ricum  identifiaient  avec  Apol- 
vinité  distincte  de  Borvo  et  de 
au  sur  la  rive  gauche  du  Rhin. 
,  :«ys  pyrénéennes,  un  dieu  soleil 
:i  troisième  Apollon ,  mais  non 
^;eiia**  était  plutôt  un  ^IIX-?. 


9iitcut  archéoL  (qouv.  série),  t.  Kp.  58. 


.^^^AiM'roges:  à  La  Balme,  (ieoève,  Gilly, 
.    {u;ii9a.v  Yieune  cl  Viri^niii. 
i,^  tf*  WiN.  de  la  Commission  des  autiq.  drj  /.j 
.*•.  ^   •***'•  **^*  ^'*  tomple  étaient  des  sources 
^^  ;iérC^Hi(  eu  Gaule,  It;  dieu  guérisseur. 
;^vc„  Saiot'Béat  (Basses-Pyrénéens). 


LA  RELIGION  APRÈS  LES  GALATES  ET  LES  ROMAINS     329 

Mars  est  de  tous  les  dieux  du  panthéoa  romain  celui  qui 
s'est  prèle  aux  assimilations  les  plus  nombreuses.  Il  est  vrai 
qu'avant  Tenlrée  de  César  en  Gaule,  les  Gaulois  étaient  per- 
pétuellement en  guerre.  Les  luttest  de  tribus  à  tribus,  de  naiio- 
nés  à  nationeSj  suivant  l'expression  du  conquérant,  étaient 
continuelles.  «  Vautre  classe  (on  sait  que  la  première  est  la 
classe  des  druides)  est  celle  des  chevaliers  (équités).  Ceux-ci^ 
lorsque  les  besoms  de  la  guerre  r exigent,  ce  qui,  avant  la  venue 
de  César  arrivait  chaque  année  \  sont  tenus  de  prendre  les 
crrme6)).Les  génies  de  la  guerre  devaient  donc  être  nombreux. 

Nous  avons  relevé  seize  épithètes  accolées  parles  Gallo-Ro- 
mains  au  nom  de  Mercure,  sept  à  celui  d* Apollon.  Nos  listes 
contiennent  vingt-cinq  épithètes  s'appliquant  à  Mars  si  nous 
nous  bornons  à  relever  les  monuments  découverts  en  Gaule; 
trente-huit  si  nous  portons  sur  la  même  liste  le  relevé  des 
autres  pays  celtiques. 

Epithètes  de  Mars  :  Albiorix  ^  ;  Belatucadrus  *  ;  Bolvinnus  *; 
Britovius';  Camulus^;  Calurix^;  Cicollius*;  Cososus';  Dina- 
mogetimarus*°;  Divanno**  ;  Glarinus**;  Halamardus*';  Harmo- 

1.  César,  B.  G.,  VI,  xv  :  quod  fere  anle  Caesaris  advenlum  quotannis  acvi- 
dere  solebat. 

2.  OreUi-Henzeo,  u®  5861.  Provenance^  Avignon  ;  cf.  FI.  VallentiD,  Diviniiés 
indiyètes  du  Vocontium,  p.  34;  parail  avoir  uue  parèdre  Aibioriga. 

3.  Orelli-UenzeQ,  n^  1963;  cf.  Chaudruc  de  Crazannes, 'Aevue  arc/^do^.,  1861, 
p.  3H.  Prov.y  vallées  pyrénéennes  et  Auglelerre. 

4.  Carnets  du  général  Creuly.  Prov. ,  Bouhy,  Nièvre  (divinité  topique).  Voir  au 
Musée  de  Saint-Gerniain,'8alle  XXI,  meuble  à  volets,  n^  1 A  A.  Original  au  Musée 
de  Nevers. 

5.  Orelli-Uenzen,  n»  1356.  Prov.t  Nîmes. 

G.  Camulus.  Orelli-Heuzen,  n^»  1977,  1978;  cf.  A.  Maury,  Soc.  des  Antig.y 
t.  XIX,  p.  15.  Prov.j  Reims  et  l'Italie. 

7.  C.  7.  L  ,  VII,  410,  et  Fi.  Valientin,  Les  dieux  de  la  cité  des  AUobrogeSy 
p.  10.  Prov.,  Chougny  près  Genève  et  en  Bavière. 

8.  Carnets  du  général  Creuly.  Au  Musée  de  Saint-Germain,  meuble  à  volets 
no2VV.  Original  au  Musée  de  Dijon. 

9.  Orelli-Henzen,  n»  1984.  Prov.,  Bourges. 

10.  Chaudruc  de  Crazannes,  Revue  archéol.,  1861,  p.  311.  Prov.,  Saint-Pons  de 
Commières  (Hérault). 

11.  Sur  le  même  autel  ex-volo  que  le  précédent. 

12.  Florian  Valientin.  Prov.,  Auriol  (Bouches-du-Rhône),  et  Creuly,  Musée 
de  S  ai  ut-Germain,  salle  XXI,  meuble  à  volets  u^  2N. 

13.  Orelli-Henzen,  u^  2002. Proi;.,  Ruremonde  (Hollande). 


330  iJi   RELIGION   DRâ  0AUU)1S 

gius*:  Lacaviis';  Lalolnus';  Lolicronn^  Lclliiinnus\  Louoo- 
tins  ou  LoiiC(*lîtis*:  Mallo^;  KiidianiiH*;  Sc>gomt>*;T*>ulatés'*: 
SinalU'^";  Varoriiis";  Vinriii»*', 

Nous  rolovons,  en  outri%  dans  les  pay!«  où  ont  (lf»iniD«*  les 
(*j'lt«*A  ou  los  Gaulois,  autres  que  la  GauU*,  les  qualîTiralifs  sui- 
vants attribuésà  Mars  :  Beiodunnus;  Huxenus;  Cibctius;  (lar- 
rus;  Gocitlius;  <loniiat«*s;  riDronacus;  L«Mirinialarus  ;  Nobe- 
lins;  Nodon;  Rcgisanius;  Si*dianinius  elTritullu<i.r<>  i|ui  pt>rtr 
ù  tri*ule-huit  le  nombre  des  surnoms  connus  du  dii>u.  i*t  nuire 
list«*  est  certainement  incomplète. 

Aucune  de  ces  éi>itli(>t«'S  ne  nous  donne  le  n(»m  ridtique  Ciim- 
niun  liu  dieu  de  la  guerre,  leur  niulti|dicité  niêini*  le  prouve.  Il 
n'y  en  avait  pas.  Il  n  y  avait  ipii*  des  dieux  lt»cau\,  des  u-énîes 
di'  tribus  ipi**  ebacun  invoquait  romnif  son  proteeti'ur  parti- 
rulit*r.  L(*s  Mars  gaulois  ni*  parai*is«*nt  pas  avoir  <mi  d«*  |ia- 
rédres.  Nous  m*  voyons  pas  non  plus  qu'ils  aient  eu  île  t«*niples 


:\.  I'    I     /.   .  :.1.M.     M<iv«.lt.  /iViM'     ,ir,fn-.l   .   \\l\,  /.   .  . .  et    fi./iv.  i/u    /l'.  « 

t.  \l.ll    Mt.-;  .  p    iji». 

4.  or<*lli  H<  u/<'u.  a*  J*-.'U    /v<^i  .  >.iiii(<ll>Ttr.itiit    •!•  ('.•iiiiiiiiiih'i-* 
^     r-iitl>'Ii'ii*.    Vf>ii.  >'•  -    '/'-«  .f'ifi/.  'lu  iniili  •/•-    i'i  è'titnr,-.  t.  I     luit 
•■     «irtlll   It'-li/' ;i.  1  I  .«•.   'i**^,    ••*•.    /••'»■     riiVir-iU'  tli'  M.l\i'll'*r 

:   Mi*it  ft'  ..'.'/.!■.  l^  •:   pi:   /•■  ,    .n.;iri'«  11."  r-t  \i;  ii-j- 

Kti'-titi"  •■[!  i,i  ii:it  I.e  iiMii  •11-  l(  j  il  iti'i*  PI*  r>  li-i-iVi-  'iir  un*' iii-iTi/L'iii  :«-i  f\j- 
%irli-iliif  !•-•  r  <•!!' 4  •!  util- -iii-':'-:iii>  <liipi'i!<  i  It  '  tii-f'^rt  **  iii«iiiMi)iMrti' r  iS« 
>  i.:it  (.•■!ii*  Mil  ;.<  it  •-.•tij' •turt-r.  •)it  I  I  •riiti  \  ilS  uli'i  lui-  !•*  pty*  Jr 
Il  •%  iti*  ti*-;it  ••■il  II  i'ii  il>i  •!:■  i  It  I  «:<-iii-    liu  ]i  I  i<i* 

•  H     \.i!iiititj     /ri  i/i«"*  ■    'ir   i' I  .  i/.-   ./.  .      i.'.'-.'i-     ,•*,   |i.    II.     /'f  .«  ..  r.j. -1. 
I.  i:i  •Tipli  «iJ    ;•  irli-   ««r  ;  .  .   .ni   /'.'i-j.'!     h  iii.it*  <    ! 'it  ''iri-  i>  i  uti  iimii  1*;»i|'j' 
!.•    M  ir»  >•»;■•  Il '•••!• -i.i:!  I  ;•  Il  -1  niJr- •  in»  njitM  j«  i|«  .-.nirt-rlr»   «    .l'ri;^'*! 
n  =  ir»,    -f     r-iiii""    / .  7ii    .    ;»    .      /*..-    |ij    I     .1   /  ,■ '1  (♦  f     Sj»  m    i -1     |,*'C 
lii   I  ••r.    )•    1":   :j   t'-   !    ;  i  '  •    'i*    /i-    ■-./    i    f»/     /*•  Nu  *■.  ii"  I  ■ 'Uu«  Mfi     ^- 

*//■■     I  •!■.,■       r»    /      .'.   ■      !     \\.  }•       ■       i    \..i'-      lu.'.. 'I   ■.■■     '.r 1»     J»  J.   ft   Rf*m^ 

..-  '••■  /  l*T*  ;.  .t'  '  •  •!  !*■■  I  l'ni.i  ■  M  i!  «  fc'iul  •■■  'l'j.  piffl!  »»rf  .♦ 
jt    ..     I      j"  r  •  ■  ...  I  jl   ,  1  .      •'  .1  •    ;>      **^'j  >|  ..    •  t;  I  t   r  la**     !•■    h.ru    rr«îr   .u- 

■  •  .      i 

•■     ••    //         :      .'.  M».î    /.■.•M-.     '.•   .  .  \\l\.  p    J- -^  t  • 
•î    M  .*  it.  .'.-     i-    :         .    .  \\l\.  .    I- 

•  :    1.1   T  ■!  .   '.r  ■  :*•     I    \i      .     Mi-        !••    -iîé'.     ••-iuini.    ^iîif   X\l.    /•'v-  . 

Il     Mr<  l:i-H'-lif^:i.    Il      -' ^-^      /•'■  "    .    Vfli«  ••  rii    l'riivfiiii 


LA  REUGION  APRÈS  LES  GALATES  ET  LES  ROMAINS     331 

célèbres  en  Gaule.  Ils   n'avaient  probablement  que  des  ^- 
cella  ou  chapelles,  comme  nos  saints  locaux  '. 

Jovis  ou  Jupiter  et  Minerve  avaient  bien  moins  de  représen- 
tants aux  yeux  desGallo-Romains.  Jupiter  n'a  que  quatre  sur- 
noms :  Baginas;  Poeninus;  Sar£uiicus  et  Tanarus*.  Minerve 
quatre  également  :  Arnalia,  Belisama  (BTQXT^,(ja[jLi;),  Sulevia  et 
Sulis,  qui  est  très  probablement  le  même  nom  que  Sulevia,  ce 
qui  réduirait  à  trois  le  nombre  de  ses  surnoms.  Belisama  est 
le  seul  nom  qui  semble  ne  pas  être  une  simple  épithète  locale  '. 
Ajoutons  à  cette  liste  le  nom  d'un  Hercule  Magnsanus^  et 
celui  d'un  Hercule  Saxanus  gravés  sur  des  ex-voto  du  nord- 
est  de  la  Gaule  par  des  légionnaires;  celui  d'un  Silvanus  Sm- 
quatus  relevé  sur  une  plaque  de  bronze  découverte  à  Meaux,  et 
nous  aurons  épuisé  la  liste  des  divinités  assimilées  de  nous 
connues,  sans  que  nous  puissions  bien  saisir  les  motifs  de  Tas- 
similation  ni  ce  qui  avait  poussé  les  Gallo-Romains  à  choisir 
ces  cinquante-neuf  génies,  la  plupart  franchement  topiques, 
pour  en  faire  la  doublure  de  Tune  des  cinq  grandes  divinités 
romaines  mentionnées  par  César  au  détriment  de  cette  légion 
d'autres  génies  et  d'autres  fées  dont  le  pays  était  couvert.  Les 
divinités   assimilées  sont,  en  effet,   une  minorité  non  seu- 
lement vis-à-vis  des  divinités  anonymes,  mais  même  vis-à-vis 
de  celles  dont  le  nom  nous  est  révélé  par  les  ex-voto  ou  les 
textes  sans  assimilation.  Les  divinités  des  fontaines  et  des 
sources  se  comptaient  à  elles  seules  par  milliers,  divinités  te- 
naces puisque  le  clergé  n'a  pu  les  expulser  qu'en  leur  substi- 
tuant des  saints  ou  des  saintes  du  calendrier*. 


i.  Il  est  bon  de  remarquer  qu'un  boa  nombre  des  ex-voto  à  Mars  est  dû 
à  la  dévotion  des  légionuaires  dont  le  vœu  devait  s'adresser  à  un  génie 
dont  ils  avaient  reconnu  la  puissance  pendant  leurs  campagnes,  sans  que 
le  génie  fût  le  génie  local  du  lieu  oùl'ex-volo  était  déposé,  comme  ce  Romain 
devenu  Sabin  qui  remerciait  dans  la  Sabine  (Italie)  le  Mars  gaulois  Catnu- 
ius  de  l'avoir  exaucé. 

2.  Orelli-Heuzen,  2034.  Qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  divinité  qui 
parait  sous  le  nom  de  Taranis  dans  les  vers  de  Lucaiu. 

3.  Ou  a  récemment  découvert  un  temple  important  de  Minerve  à  Yseures 
(ludre-et-Loire). 

4.  On  trouvera  concernant  les  divinités  assimilés  et  autres,  toutes  les  ré- 
férences désirables  dans  Alfred  Holder,  .4/^  celtischer  spracfischatz,  excellent 


330 


LA   RELIGION  DES  G. 


gius';  Lacavus^  Latobius';  Leher' 
tius  ou  Loucetius*;  Mallo^;  Rudiair 
Sinalus";  Varocius**;  Vincius". 

Nous  relevons,  en  outre,  dans  ' 
Celtes  ou  les  Gaulois,  autres  quel 
vants  attribués  à  Mars  :  Belodunnr 
rus;  Gocidius;  Condates;  Coron 
lius;  Nodon;  Regisamus;  Sedian 
à  trente-huit  le  nombre  des  surn 
liste  est  certainement  incomplet 

Aucune  de  ces  épithètes  ne  nu 
mun  du  dieu  de  la  guerre,  leur  r 
n'y  en  avait  pas.  Il  n'y  avait  qi 
de  tribus  que  chacun  invoqui^ 
culier.  Les  Mars  gaulois  ne    • 
rèdres.  Nous  ne  voyons  pas  n^ 


1.  Mowat,  Revue  archéol,^  XXIXt 

2.  Orelli-Henseo,  n^  2018.  P/vv., 

3.  C.  /.  L.,  5323;   Mowat,  Bgmu 
t.  XLII  (1867),  p.  120. 

4.  Orclli-Heuzen,  n«  2620.  Pro 

5.  Taillebois,  Mém,  Soc.  des  ,i 
G.  Urclli-IIeuzeD,  1356,  5898,  ■• 

7.  Mowat,  lieuue  celtique^  IS.r 

8.  Flor.  Valleutia,  Leadivinih 
Étieuue-en-QuÎQt.  Leuomde  U 
verte  dans  les  ruines  d'une  aui 
Saint-Geuis).   Ou  peut  conji-i' 
Ro van 8  tient  son  nom  du  diiMi 

9.  FI.  VallenUn,  Les  dieiu       ' 
L'inscripUon  porte  Segomom 
Le  Mars  Segoino  est  connu  p 
(Jura)  ;  cf.  Annuaire  du  Jw 
Renier,  p.  153,  nota  i)\k  d. 
des  Antiq   de  Franes,  t  \.\ 
arehéoL^  18T7,  p.  UO).  (Tebi,        * 
plm  de  p«noiuiaUté»  Le 


.-rS 


05  OU  fontaines 

ihre  presque  aussi 

st  pas  moins  riche. 

. dUe,  dans  son  vois!- 

{aelqaes-unes  de  ce« 

▼oirau  Musée,  tracte 

ie  notre  ère,  sur  des  &^' 

ies  populations  qui    1^& 

?  k  Mesves,  Damon^i-*  ^ 

Divona^  àCah  ^ors 

-  «rit  ttait  encore  chaiL  Aée 

■khSeine,  dont  les  fouiL  les 

Sitoiia'  dont  par  exc^sp- 

rs 

!X- 


la 


avait  des  adorate 
dtons  que  les 
■dtiplier  les  exempl 
assimilées,  sauf 

ne  possédons  a. 
attributs.  Elles  n'c^ 
ne  trouverez  da^^^ 


.   -isrr  W  et  *e  poursuit   dopuis  15^' 
i-s'-ï-  >jar  ohique  divinité  sont  aur^^' 


■■ff 


^.'lOU^  \oiice   sur    les    nouve/le> 
.  z'i^f  Anna/.  Soc.   des  Science< 


tv.iii  en  1867  (Arckéol.  publié 


•4Mo- 


i   >•:" 


1    T.j   Us  AHobroges  dans    Hetue 

«  j^cmiina  était  associé  sa   doublure 

^     i£^:\ëol.  de   la   DrOme,    1871*. 


.i-^*-'«.x-e  et  à  Strasbourg,  asî^odée 
«  4  S  .xe.  Cf.  Ch.  Robert,  Revue  cell., 
gm9  <  îfOii  une  des  trois  seules  divi- 
m^    u'^ociou.  avoir  été  aussi  solidement 


KS   KT  LES  HOHAINS  333 

V  figures  s'y  rapporlant,  un 

i^re  banal  et  la  tête  de  Sirona 

je  vaguement  rArtémis  orien- 


Clppe  découvBrt  à  Saiole-FoutaiDe.  DéeMe  Siroaa  (6  =Sj(Uu8ée 
'■aarg)  détruit  pendant  la  guerre  dans  l'iocendie  de  la  Bibliothèque. 
Hooligs  lu  Haift  ût  Sunl-Gcrniaiii.  -alk  HXl,  «•  ll^7G. 

a  sœur  d'Apolloo  dont  la  Sirooa  gauloise  était  uno  des 
res.  Nous  oe  voyons  encore  là  rien  de  spécialement  ccl- 
ïl  faudrait  connaître  la  légende  de  ce  dieu  et  de  cette 
î  et  nous  l'ignorons.  Peut-être  pourrait-on  en  retrou- 
ace  dans  quelques  contes  relatifs  aux  fées  et  aux  génies 
aires  de  nos  campagnes.  Mais  à  quoi  les  reconnaître?  La 
ture  gallo-romaine  ne  nous  est  ici  d'aucun  secours.  Ju- 
^acBze  parle  d'un  génie  solaire  encore  honoré  dans  les 
8  pyrénéennes;  c'est  du  côté  de  ces  génies  locaux  qu'il 


ir  Sdioinon  ileiuacU,  C<ilal,  t 


«.,  i-.  ] 


'A'M  IJi   HI-MGION  VTJ^  (;aiii.ois 

fauiiiMit  tMurnt*r  84*s  riM'herclies.  Il  poiirniit  y  uvoir  lu  un  Injn 
tain  souvenir  chnliou  Ahollinot  do  son  ruUe. 

l)oit-t)n  H*étoiiniT  di*  rctli*  ahA4>n04Mlc  n^présontation^  ou  lii* 
di'scriplion»*  li^nirres  ilos  (livinili*H  ri»llii|ui*s?  L«*s  t*sprit^,  d*** 
nions  ou  ^éni<»s  adorés  par  li»s  (!«»lli»s,  nous  l'avons  rappel<> 
à  plusieurs  n*pris<*s.  uianquaii^nt  do  pn'frision,  «It*  noitetê,  de 
fixité.  Los  rontours  on  otaiont  indécis*.  Les  puissanros  ilivi- 
nos  (|ui  n  olaiont  pas  à  propromonl  parlor  des  pi*rM»nnalité«, 
mais  siMili'intMit,  ^ijo  puis  uiVxprimer  ainsi,  dos  IVr/w*.  no 
portaiont  point  on  ollos  l(*s  élémonl'«  d'une  iiiiac**  dolinio.  p^^ 
plus  t\\w  la  plupart  do  nos  féos  du  inoyon  .11:0  qui  losont  rom- 
plaoéi»s. 

.\i»u«i  pouvons  d«>no  né::lii:i'r  I  oludo  d»*  ri»«i  préli*n«liii>^  *i^M' 
mihitinns  dann  un  ruurs  qui  a  pour  sujot  la  U«'li;;ittn  de%  ^^«dti*^. 
non  drs  riallo-ltnniain*^.  Kilos  ntius  niottrnt  «*n  présrnco  de 
dioux  ^rors  ou  romains,  non  do  divinités  rolti«|uc<.  ri  nous 
aviinsdit  qui'  nou^  arréirrions  nos  études  à  l*ép'M|u^  ;:all«»-ro- 
maino,  n'y  lout'hant  qut*  pour  on  oxtrain*  vi*  qui  y  rosta  du  pa^«è. 
L(*s  divinités  ilo  ri*tl(»  sérir  qui  avaient  le  plus  d**  vi«*  rofllo. 
Hnrvui-t  saparôijrf  Daninna  eux-mêmes  n  ont  point  ou  lit*  «:a- 
(uos.  L<Mir  iMrarlore  d«'  divinités  siTiuinibles  aux  maladf %  |f« 
rapproeliait  seul  di's  divinités  romaines.  Kilos  ne  pouvaient  i^tr*' 
a««*«imilecs  qu  .1  eetitH'.  «'t  .1  e**  litri'  il  n'v  av.iit  |»a^lioudo  nh>- 
dificr  |i*  type  adnpté  par  la  mvthiil<>L'ie  roiir.into. 

L«*s  dieux  d*un  oararti-ie  plu.s  oiii'inal,  plus  personiioi.  plu* 
an'i>ntué.  mninii*  K'^u-».  I  aranis  et  Teut'itfs  n'unt  pnînl  eii» 
a*»Himilés  et  n«'  |»«»uvaii*nt  pas  rêtn'.  aurun  point  do  oontarl 
n  existant  onlri-  i>ux  •*(  les  ili\inités  ilu  panthéon  romain. 

Le  hi^p'tirr  seul,  qui  avait  un  rai  artère  infernal,  put  t'tr** 
rapprrH'hi*  d«*  IMuti»n.  i-t  nous  vermn*»,  on  t*!Tot.  qu'il  fut  re- 
pri'Si.»nt»'  snu^  Il  fnimi'  d«-  SiT.ipis  V  L«'s  trois  autri*s  appir- 
tii-ntient  a  la  *«érii'  d<-s  dniniti'^  plutôt  Â'imrnh^/*/r%  qu«*  rrl- 

'     1:  •  ti  •  r  11*    i<    tii»  iiti    •!•  •    i.y    .][•  «  -ri  iifl  iii*  - 

-■  \  ir  *i  ;.  I  !;■  iîj  i-  :i.  /■  ■  •  ■  t .  t^-  »,  j,  i<*,  i*t  '.ittr^  r-iinui  iii  w*l  :.  « 
1  llMt  '.  <!  1^  /'.',  -l'fT  •,-;u'i'if  '.'  iV  Jufi'fr  '*^r,ipti  il.iut  HuLrt  fit  i  ACaàf^  . 
>iri  in»-  rip:t  Af.t.   -fj.iri    >[>t    \k  .■••|-»l»r'    1*^". 


LA  RELIGION  APRÈS  LES  GALATES  ET  LES  ROMAINS     335 

liques  dont  nous  avons  fait  une  classe  à  part  et  dont  nous  nous 
occuperons  dans  la  prochaine  leçon. 

II  est  à  remarquer  à  propos  des  assimilations  qu^aucune  des 
divinités  gauloises  n'est,  sur  les  ex-voto,  assimilée  soit  à 
Aphrodite  ou  Vénus,  soit  à  Juno  Regina,  soit  à  Artémis.  Les 
Celtes  n'avaient'ils  donc  aucune  divinité  distincte  de  Tamour, 
de  la  maternité,  de  la  chasse?  Il  y  a  lieu  de  s'étonner  égale- 
ment que  les  Romains,  qui  accueillaient  avec  tant  de  bienveil- 
lance les  dieux  étrangers,  n'aient  introduit  à  Rome  le  culte 
d'aucune  des  divinités  celtiques,  à  l'exception  peut-être  d'E- 
pona'.  Les  véritables  divinités  celtiques  étaient  aux  yeux  des 
Romains  insaisissables.  Les  dieux  celtes  qui  étaient  l'âme  des 
choses  ne  pouvaient  guère  s'isoler  de  l'objet  qui  enveloppait 
leur  divinité.  On  ne  les  en  détachait  pas. 

L'accoutumance  à  l'idée  que  les  esprits  pouvaient  être  repré- 
sentés sous  la  forme  humaine  se  développa  très  tard  chez  les 
Celles  et  seulement  sous  Tinfluence  de  la  conquête  kimrique. 
Les  Galates  et  KimroBelges,  avant  de  passer  le  Rhin  et  de 
franchir  les  Alpes,  à  la  fin  du  v«  ou  au  commencement  du 
iv«  siècle,  avaient  séjourné  longtemps  sur  le  Dnieper,  sur  le 
Danube  et  dans  les  Balkans.  Ils  avaient  dans  les  Ligues  cim- 
mériennes  envahi  à  plusieurs  reprises  l'Asie  Mineure.  Ils  s'é- 
taient mêlés  aux  Thraces  et  aux  Gètes.  Plus  tard  on  les  voit 
au  service  des  rois  de  Macédoine  et  d'Épire. 

Rappelons,  de  plus,  que  ce  rameau  de  la  famille  celtique, 
FaXatat  -coO  KeXTtxoîî  y-^'O'jç  *  avait  une  physionomie  à  lui  et  très 
tranchées,  des  mœurs  spéciales,  une  conception  religieuse  tout 
autre  que  celle  de  nos  Celtes.  Ils  n'avaient  pas  le  même  culte 
des  morts.  Les  Celtes  incinéraient,  les  Eimri  inhumaient  ^ 

1.  Voir  SalomoQ  Reinach,  Epona,  Paris,  1896. 

2.  Plutarque,  /.  c. 

3.  Les  Galates  étaient  grands,  blonds  et  dolichocéphales,  nos  Celtes,  ceux 
du  centre  et  de  l'ouest  en  parliculier,  petits,  bruns  et  brachycéphales.  Il 
semblerait  que  leur  parenté  présumée  fût  uniquement  une  parenté  de  langue. 
Voir  La  Gaule  avant  les  Gaulois  (2«  édit.)  Annexe  et  carte,  p.  328.  —  Ils 
avait^nt  probablement  eu  les  mêmes  éducateurs,  ce  qui  avait  établi  entre  cnx, 
en  apparence,  un  lieu  de  parenté. 

4.  Voir  pour  l'importance  de  ces  rites  :  Les  Celtes  dans  les  vallées  du  Pô  et 
du  Danube,  p.  52.  89,  124,  135, '160,  169,  184. 


:CMi  LA    RKLir.lON    IiKS   UAL'LOIS 


De  ni«>me  ipit*  les  léf^ioiiuain*8  gaulois  an  Aorvire  <le  rempiro 
romain  imporlèriMil  m  (ianle  lo  vm\W  (Ii>  lieluK,  ct'ini  <i<'  la 
(irandt*  Di'e.ssi*  et  r«'liii  «le  Mitlira,  il  <*st  impossibli*  «]iie  l«*ur« 
anr«**ln*.s  n'ai«*ut  pas  iniporU*  de  Umita  expétiilions  luintainr» 
la  foi  on  la  puissance  «le  rcrtain*'^  divinités  étrang«*r«*A  et  un 
rertaiu  respect  pour  les  rrprésenlalif»ns  ti^uré(*s  de  ri*s  di\i- 
nitês  terrilili^s  un  srcnuruhles  qu'ils  avaient  <ln  invu4|U«'r  plus 
d  uni*  ft»is  dans  le  cours  dt*  leur  vi«*  vagabonde. 

Les  (îalat«*s  fie  la  Cisalpiin*   avait*nl  déjà  tl«*s  temples  au 

IrnipS  des  gUtMTi^S  punif|Ues.  «'   Lrs  tlvpoilillrs  et  Iti  (*-lr  t/ii  r'#«- 

^ul  ' l''fstumiN'*\,  dit  'l'\U'-lÀ\'i*\  /urt'/ii  portt's  t*n  (ru^mph^  par 
1rs  nnïrtis*  dnns  le  trtfip/r  Ir  f,/ns  rrs/ifrt*'  t/r  Irur  n'ittnn,  pui% 
In  trtf  fut  rùlrt'  /•/.  >f'/ufi  ru^tnfr  dr  rr\  prnn/t'%^  Ir  vrônr  nrnr 
trutt  t  rrrif  dur  Irur  srrrti  dr  »■//>/•  sfirrr  ffiiirtt//rir  drs  lthtilinn% 
d'iu^  lr%  frtrs,  ('r  fui  fiussi  lu  rttu/ir  du  p^utifr  ri  dr\  prrirrt 
du  irmplr  »...  I^,.  trxie  est  précis.  Les  Boiens  avai<*nt  iiii  temple 
aiiqu«*l  étaient  al  tachés  un  pnntif**  r{  d<>.s  prétrvs. 

IMoiion*  n'f.Hl  pas  nniins  (vxpliritr  :  t*h'i  i^rltrs  dr\  runirrr\  %U' 
fitikrnrcs  c'est-à-diri*  li*s  <ialati's  nni  un  siut/ulirr  u^ti*jr  rrlttit- 
rrutrni  uur  irnt/drs  drs  dirur,  ^^:v  ::  t-  /.j-  -2:i::;;v  r.ty  -ri  TC.jiirr, 
T(>mO:m/  ■•»*:x;*:/:  ils  rntti^sint  #////!%  Irs  irtnidr^  ri  1rs,  rw^irtir^ 
stirrrrs^  1  *  t; ';■:;:*;  /.i  t; >.*;:#  *,  uur  */rtiudr  t/uuntitt-tfur  «^u'tl* 

nffrrni  au  r  diru  I  ^   ri    t^untt/ur   /»i#|%    1rs    i\'t'tr\    uîuirui  ttirtftut, 

[las  un  d  i*u\   n*«i'»i'  v  tnurln-r.   r.i*  sdhI  rrs  inénit->  r..'|li*s  d^n 
lêuui,  :■  jtutK-.fr:  .  dniit  Ihiidori'flira.iji'ux  cli.ipilii's  p|ii«  |.iiii  . 

^Ju'iut  UHi  l*'irs  dr\  rtêurttits^  t/s  hs  rmft'tuiurht  U*»*  d^ 
I  huilr  »tr  t  t'drr  rt  1rs  t  *i't\rrrrnt  snlijfirusrmmi  *luus  uur  »  *ii%*r  , 

ils  i'rs  ftè'Uêft'Hi  ui  »  /  *$r*jut  luuj  rirtitufrrs  ■•.  .Nnu^  rfiimnai*- 
siihs  j.i  iiMt  lial.il<'H  '. 


I.  Iii.  ■  M. .  W'ii    111.    :ii   ,«    1   I 

'.■'•-     '  i;    I'      •  •  •  iiiii.l'i.*    .ili.iii  :.t    ;  ■••  uiijrii<{i.<     !<!•  ui   «««'^rJuli  «ttc    èf 

t'Mi        I     l.it       '.■■.- 

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LA  RELIGION  APRÈS  LES  CALATES  ET  LES  ROMAINS     337 

Ces  dispositions  d'esprit^  les  Galales  leç  imporlërent  dans 
l'est  de  la  Gaule,  d*où  elles  pénétrèrent  chez  quelques  tribus 
de  rintérieur  où  nous  en  trouvons  des  traces.  Plutarque 
rapporte*  que  «  les  Arvernes  avaient  suspendu  dans  un  temple^ 
zpc^  tepô,  répée  que  César  avait  laissée  entre  leurs  maitis,  et 
que  le  conquérant  des  Gaules  qui  la  revit  plus  tard  à  cette 
place  refusa  de  la  reprendre,  disant  qu'il  fallait  respecter  un 
objet  consacré  aux  dieux  ».  11  est  difficile  de  croire  que  cette 
épée  ne  fût  pas  conservée  dans  un  sanctuaire  ou  oratoire  cou- 
vert, sinon  dans  un  temple  où,  dès  cette  époque,  il  pouvait  y 
avoir  des  statues.  La  phrase  de  César  *  «  Hujus  (Mercurii)  sunt 
plurima  simulacra  semble  confirmer  cette  conjecture. 

Tandis  que  les  dieux  étrangers  pénétraient  en  Gaule  par 
Test,  une  autre  voie  de  pénétration  s'ouvrait  du  côté  de  la 
Narbonnaise  devenue  province  romaine.  Nous  trouvons  des 
traces  de  cette  pénétration  dans  la  vallée  du  Rhône  en  com- 
munication par  Marseille  avec  Alexandrie,  ce  grand  foyer 
d*élaboration  religieuse  durant  les  derniers  siècles  du  paga- 
nisme. Mais  le  mouvement  ne  s'accentua  qu'après  la  conquête 
définitive  de  la  Gaule.  Même  alors  le  pays  fut  loin  d'être  con- 
verti tout  entier  au  nouveau  panthéon.  La  plèbe  resta  fidèle 
au  culte  qu'elle  avait  reçu  de  ses  aïeux.  L'aristocratie  seule, 
les  Gaulois  romanisés  >,  adopta  les  nouveaux  dieux  en  accep- 
tant les  assimilations  proposées  par  les  vainqueurs.  Ces  com- 
plaisances n'allèrent  pas  jusqu'à  constituer  en  Gaule  un  Pan- 
théon gaulois. 

Nous  n'avons  donc  pas  à  poursuivre  la  découverte  d'un 


îîj;  KeXTixT)c  ci  qui  séjournent  sur  les  bords  de  VOcéan  et  dans  la  forêt  Her- 
cynienne {la  forêt  Noire)  et  s'étendent  de  là  jusqu'à  la  Scylhie,  on  les  appelle 
Oalatesy  VaLkaxaç  icpoaaYOpeuouoiv.  Ce  lexte  mérite  d'ôtre  rapproché  de  celui  de 
Tite-Live.  W  indique  les  mômes  mœurs.  Ces  mœurs  ne  sont  pas  celles  du 
rameau  celto-irlandais,  mais  du  rameau  cello-kimrique ,  Nous  devons  nous 
habituer  de  plus  en  plus  à  faire  celte  distinctiou. 
!•  Plutarque,  Vie  de  César,  XXIX. 

2,  César,  B.  G.,  VI,  xvii. 

3.  Comme  les  Eporedorix  et  tant  d'autres  qui  devinrent  des  Jules.  G.  Julius 
Eporedorix  figure  sur  un  ex-voto  au  dieu  Borvo.  Cf.  Bev.  archéol.  y  nouv. 
série,  IV,  110. 

22 


:);(S  LA    HKLIGION    HES  GAULOIS 

clasHiMiKMit  inùtl)0(lh{iitf  des  iliviiiitr.s  n'ItiqiM^s,  ou  rli<T«:liant 
à  \vs  nitlarliLT  :i  un  systîMiK*  ri^litrieiix  partiriiliiT.  ri>  i|iii  aiiraîl 
'•Il  iii'ii  si  vviU*  nivtlioiojir  avait  fait  parlii*  «Ir  r<>n«t*i;^n(>ni<*nt 
il(*H  iiriii(li*s.  Li*s  <liviiiit(>N  i|iii*  lf«  inoiiiiiiirnts  inrltiMit  <iiMi!^ 
nos  vtMix  iK*  n*li'V«'iil  (i'auriin**  vii<*  li'riisfiiililr.  n'ont  |Hiiiit 
nirnit?  ori;:ine,  iw  stuil  piMiit  l«*  proiliiil  «In  ;;i'Miii*  i*i*llii|iii*.  n«- 
rriniptiM'nt  pnint  une  menu*  famille  di*  ilinix,  nv  (ItM^uilent 
pointdr  riin<'4*plions  ivli:;i«'n<i*si(l(Mitii]ut'*«  Lrslialln-Htimain^ 
arci'pliTi'nt  les  iliriix  d«*  homr  ti*ls  «priin  les  liMir  pr<*M*nlail 
Mn  l(*nr  i'li*va  ii(*s  «statues  ni  îles  Irmplt's.  Li's  nnuvranx  <ii<*u\ 
y  lin-nt  <lrs  mîrarli*<.  La  fi»ul<'  v  an'cmnil  sans  ri'nonci*r  a  ^'^ 
vii'illi'srroyanri's.  ('.rite  réviilnlinn  lii-s^'ravi*i*n  apparence  fui 
et  resta  supcrlirii-llc:  rllr  iratlei::iiit  pas  l'AiniMii'  la  nation  qui 
resta  rellii]iii'  mal.::i'é  les  HomaiiiN.  Lfs  llamine*«.  I«  s  ^rvir^ 
aui;nstaux  n'aviiienl  ni  cU'^eiL'ni'nicnt  ni  |iré<iiration.  L*'  rult^' 
était  tout  (*\têrii'iir.  On  \r  vil  liim  a  la  ehnle  «It*  i'Knipiri'.  !!<•« 
liii'ux  du  pantlièoii  romain.  leeliT*:r  rhrétien  «Mit  â  pein*'ti  lf« 
eonihattie.  le  temps  sculenii-nt  néei^s^airi'  au  ren\i»rsi'menl  il«' 
li'urs  ti*niplf  s.  Li-N  jilus  famiMi\  •'u\-m«*'mi's.  ei'ux  t|ui  un  mo- 
mmt  avaient  attira  la  fouli',  l(*s  ti'inpl(*s  du  .Mfirnrt*  iirv**rne. 
du  Mi'n'iiri'  ('.ani'tiiiii'UNis  aiiqui'i  •m  r>»nH.-|i-riit  (!••  si  rit*li«-« 
itllranili'**,  !•*  tiMn|d<*  d'Apollun  .i  Sanxav.  m*  lai«»Ni*ri-nt  aurun 
HiMivi*nii  linralilr  aprr-»  rètaldisMMni'nt  dftinitif  ilu  rliri<«lia- 
ni*«iMi*:  Ifiir  culte  ni-  s*i>(:iil  p>iint  l'uranni'  m  <iaul«*.  <i**  n  •'«l 
pa*«4'Mulri-  l>*s  ili\  iiiiti*<«  «|u'ils  aliritiifiit  i|iii*  ir^  l'oueili--  v\  !#•« 
è\i''i|Mi*<»  fulniiiii'ri'Ul.  ni.iis  uniipit'ui<'iit  routrc  !•'*«  \ii'ill*'«  pra- 
tiquas piipui  iiii'N.  iiiiitn*  les  su|»iT-*tiii<Mis  ijout  J  n.  Ilii*'r«. 
a  la  tin  du  wn  sifrlr.  faisait  um*  si  n«imhriMi*«r  r|  s|  iuiii*u««' 
ênuiui'ratiiiu  '     Li"»  divinités  ;i'«'«iiiii|i'r'«  n»*  rouquirenl  jamais 

dr<iil  di    l'iti'   i-M  tf.iul*'. 

Lfs  •iriinli's  p;ii.iisN«'nl  axoir  .isHi^ti*  iui;i.i-sild<'s  à  ri-tli»  re- 
\«<lut|iin  l'.iimi  i>-s  ii-pii»ele"«  i|iii  l<*iir  furi'ul  .iilr«'SHi*%,  auiiui 
n*'  \isi'  uni'  oppo^iiiiih  i  •-luii-iisi-  ;  uiuis.ixuns  i|u«*l<{ii«*s  r.iison« 

'il,   j;i|»ii*t      t 'i.- 1    .     1  ••  i-  ir    ■        !'!•       ■.'i-     *i    .iir»-     it    \(Srj|ti      T' :■!' 

-/•■•    ■  .;  '■     '•  *  ■    ■   '  '     '         li'ft'   rt  i'  »  ./»'  ■•  r(t  tift    t  ',if|    i/rl.    I    *ii'     «•!   •• 

1  •  ■  '.    •  ^  ■  i      \  ■  ■  1 1  '    •    I  • 


LA  RELIGION   APRÈS   LES   CALATES  ET   LES   ROMAINS  339 

de  croire  qu'il  en  avait  été  autrement  lors  de  riutroductiou  des 
divinilés  kimro-belges.  Le  culte  des  Triades  et  des  Tricé- 
phalcs,  Esus,  Teutatès  etTaranis,  très  certainement  antérieur 
à  rinlroduction  des  divinités  romaines  en  Gaule,  ne  pénétra 
pas  dans  les  contrées  où  les  druides  dominaient.  On  peut  sup- 
poser que  cette  opposition  eut  le  caractère  d'une  querelle  do 
famille,  les  querelles  les  plus  âpres  et  les  plus  tenaces,  ana- 
logue à  celle  dont  les  Francs  et  les  Burgundes  donnèrent  plus 
lard  Texemple. 

Il  ne  serait  pas  impossible  que  cette  mythologie  bizarre  des 
Triades,  en  rapport  avec  la  mythologie  des  mystères  et  le  culte 
cabirique,  fût  celle  do  quelque  secte  particulière,  qui,  mise  en 
contact  avec  les  sanctuaires  de  la  Cappadoce  ou  de  la  Phrygie 
par  les  expéditions  des  Kimri,  se  serait  développée  au  sein  de 
celte  branche  isolée  de  la  grande  famille  celtique,  sans  s'être 
fait  accepter  par  Fensemble. 

Le  fait  que  la  Triade  régnait  en  maîtresse  chez  les  Scandi- 
naves avant  leur  convertion  au  christianisme  sous  la  forme  de 
Odin,  Thor  et  Freyr  viendrait  à  l'appui  de  cette  conjecture. 
Dans  le  temple  d'Upsal,  au  rapport  d'OJaus  Magnus*,  écho 
des  vieilles  traditions  du  pays,  ces  trois  divinités  étaient  re- 
présentées formant  un  groupe  analogue  aux  groupes  dont 
nos  monuments  nous  offrent  plusieurs  spécimens.  Ozanam 
avait  été  très  frappé  de  ce  fait  et  voici  comment  il  parle  de 
cette  triade  dans  son  éloquent  livre  sur  les  Germains*. 

«  Au  xi«  siècle  les  Scandinaves  étaient  encore  païens.  Un  temple  païen 
restait  encore  debout  dans  la  ville  sacerdotale  d'Upsal.  Au  milieu  d'un  bois 
^cré  s* élevait  un  sanctuaire  dont  les  murs  étaient  couverts  d'or*.  On  y  ado- 
^ait  les  images  des  trois  grandes  divinités  de  la  Suède,  Thor  au  milieu j 
^iin  et  Freyr  à  ses  côtés.  Les  chronitjues  nationales  attestent  que  plusieurs 
^^leb  semblables  existaient  alors  en  Danemark^  en  yoruuhje  et  en  Islande. 
^  y  voyait  un  grand  nombre  de  statues.  Quf.l(]Xies-unes  sortaient  à  des  jours 
Prescrits  pour  être  promenées  dans  des  chars  dr.  triompfte.  Chaque  édifice 


1-  H  Historia  Olai  Magui  Gotti.  arcliiepiscopi    upseusis  de  geutium  septeu- 
trionalium  variis  conditiouibus.  » 

2.  Ozaoam,  Les  Germains ^  p.  <"». 

3.  Comme  ccrtaius  temples  buddbistes. 


.' 


338  LA   RELIGION   DES  GAULOIS 

classement  mélhodique  des  divinités  celtiq 
à  les  rattacher  à  un  système  religieux  partit 
eu  lieu  si  cette  mythologie  avait  fait  partir 
des  druides.  Les  divinités  ({ue  les  monui: 
nos  yeux  ne  relèvent  d'aucune  vue  d'en 
même  origine,  ne  sont  point  le  produit 
composent  point  une  même  famille  de 
pointdc  conceptions  religieuses  identique 
acceptèrent  les  dieux  de  Rome  tels  quV 
On  leur  éleva  des  statues  et  des  templo> 
y  firent  des  miracles.  La  foule  y  accoii 
vieilles  croyances.  Cette  révolution  trè- 
et  resta  superficielle;  elle  n'atteignit  p: 
resta  celtique  malgré  les  Romains.   I 
augustaux  n'avaient  ni  enseignement 
était  tout  extérieur.  On  le  vit  bien  à 
dieux  du  panthéon  romain,  leclcrgc"* 
combattre,  le  temps  seulement  nécr 
leurs  temples.  Les  plus  fameux  eu^ 
ment  avaient  attiré  la  foule,  les  tei 
du  Mercure  Canctonensis  auquel 
ollVandos,  lo  ti^nipie  d'Apollon  ti 
souvenir  diirahh»  après  l'établis 
nisine;  leur  culte  ne  s'était  poin 
pas  contre  les  divinités  qu'ils  al- 
évoques  fulminèrent,  mais  unir 
tiques  populaires,  contre  les  s 
à  la  fin  du  xvir  siècle,  faisait  i 
énumération*.  Los  divinités  ; 
droit  de  cité  en  Gaule. 

Les  druides  paraissent  avo 
volution.  Parmi  les  reproclu 
lie  vise  une  opposition  religii 


1.  Jean-BapUstc  Thicrs,  doctciii 
du  êuperstilions  selon  i Écriture  > 
1697-1704.  (Voir  annexe  D.) 


'L 


XXIIP   LEÇON 

LES  TRIADES.   -  LES  DIVINITÉS  A  SYMBOLES 

Quand  je  m'excusais,  vendredi  dernier,  de  vous  entraîner 
de  nouveau  à  la  suite  de  mes  comparaisons  et  rapprocliements 
si  haut  du  côté  du  nord,  jusqu'en  Suède,  en  Norvège  et  en 
Islande,  je  vous  préparais  ainsi  à  la  leçon  de  ce  jour.  Je  n'y 
étais  pas  porté  seulement  par  des  considérations  générales. 
Une  découverte  récente  des  plus  intéressantes,  la  découverte 
d'un  grand  chaudron  mystique  en  argent  couvert  des  reliefs 
les  plus  curieux,  faite  à  Gundestrup  (Jutland)*  en  plein  pays 
cimmérien,  venait  de  combler  dans  l'espace  et  dans  le  temps' 
ia  lacune  qui  séparait  nos  nouvelles  divinités  des  divinités 
du  nord  Scandinave,  justifier  l'orientation  de  nos  études  vers 
le  nord-est,  et  nous  donner  vraisemblablement  la  clef  de  la 
nouvelle  mythologie  qui  s*est  révélée  à  nous. 

Mais  pour  bien  comprendre  Fimportance  de  ce  monument, 
nécessité  est  que  vous  fassiez  plus  ample  connaissance  avec 
les  Triades  de  la  Gaule'  dont  nous  n'avons  encore  dit  qu*un 
mot. 

Nous  commencerons  par  TAutelde  Reims.  L'histoire  en  est 
instructive*. 

L'autel  dit  de  Reims  a  été  découvert  à  Reims  en  1837,  dans 
un  terrain  de  la  rue  Prison- bo7ine-demeure,  non  loin  de  la  ca- 
thédrale, et  fut  offert  au  musée  de  la  ville  par  le  propriétaire 

1.  Presqu'île  cimbrique. 

2.  La  date  de  la  fabrication  de  ce  chaudron  s'établit  entre  le  \^f  siècle  avant 
elle  1*'  feiëcle  après  J.-C. 

3.  Voir  mon  mémoire  sur  L'autel  de  Saintes  {Hevue  archêoL.  1880,  p.  387, 
et  1880*,  pp.  1  et  70),  où  la  majeure  partie  de  ces  monuments  et  en  particu- 
lier Tautel  de  Saintes  sont  représentés. 

4.  Voir  planche  XXV. 


-•  -^  uantr^.  r^macqiœ  lu  ■oomaeiit  «t  ie  stnale  i  5oe 
XT—™  •=  uni  ,»;  itoroD  J,  'fe  Wrtte,  le  savant  le  plK  btbileà 
^  :;_■-'  trf  3iytli«».  Proâper  Veriiiié«,  aossi  sa^ce  wb^ 
.--..-  .~i  ^oonitaL  éemsta.  arait  reconoa  sans  peine  qnil  y 
u  ^  :iiiriiiu*aKofcKorderajthologiegaoloi5eàrési>D(ln. 
.  :^''a  i  M  Witti,  après  avoir  doaaénne  excellente  d?s- 
:  r-  '-as<!iioi^dal>as-reIief,ci>nccnlreavecraisoiilttDle 
i.'  -r-:ii  «ir  ie  persomug'e  qui  en  occupe  le  centre. 
_-i  tl.  >-i:3p^le  miliea  de  l'auleMesl  v^lud'uoe  luniqued^li- 


»9«aipereiirs  oolëlé  recutilliM 


LES  TRIADES.   —  LES  DIVINITÉS  A  SYMBOLES    *  343 

chée  de  l'épaule  droite,  comme  celle  de  Vulcain.  Il  porte  au  cou  un 
torques  gaulois  et  se  distinf^ue  principalement  par  les  cornes  qui  sVlè- 
vont  sur  son  front  et  par  le  sac  placé  sur  son  bras  f^auche,  taudis  que  de 
la  main  droite,  il  en  fait  sortir  une  masse  et  comme  un  ruisseau  de 
fruits,  faines  ou  glands,  dont  viennent  se  nourrir  un  taureau  et  un  cerf 
représentés  au  devant  de  la  plinthe  carrée  sur  laquelle  repose  le  corps 
du  dieu. 

«  Le  bas-relief  qui  renferme  les  trois  personnages  a  la  forme  d'un  édi- 
cule,  dans  le  fronton  duquel  on  remarque  un  rat.  Les  divinités  de 
droite  et  de  gauche  sont  suffisamment  caractérisées  par  leurs  attributs  : 
à  droite  Apollon,  à  gauche  Mercure;  mais  il  n'y  a  pas  iVass^imilation 
possible  pour  le  personnages  du  centre.  Le  nom  qui  convient  le  mieux 
au  dieu  cornu  serait  Cemunnos*,  déjà  représenté  avec  ses  cornes  sur  Taulel 
de  Paris"  ». 

Le  baron  de  Witle  fait  remarquer,  en  outre,  que  le  rat 
sculpté  sur  le  fronton  de  l'autel,  animal  souterrain,  est  un 
excellent  symbole  du  Dieu  des  enfers.  Il  en  conclut  que  le 
Cemimnos  de  Tautel  de  Reims  est  une  sorte  de  Pluton,  sans 
cependant  pouvoir  être  assimilé  au  dieu  infernal  des  Hellènes. 
On  pourrait  également  le  rapprocher  de  Plutus,  Dieu  des  ri- 
chesses. Ces  remarques  sont  très  sensées.  On  ne  pourrait 
mieux  dire  aujourd'hui.  Mais  pourquoi  cette  attitude  orien- 
tale, buddbique,  comme  nous  Tavons  appelée  pour  plus  de 
clarté  *?  Pourquoi  cette  association  du  Cernunnos  Pluton  ou 
Plutus  s.\QC  deux  divinités  helléniques,  Hermès  et  Apollon? 
Le  baron  de  Witte  ne  soulève  même  pas  la  question.  Aucun 
élément  de  solution  ne  se  présente  à  sa  pensée,  mali^ré  sa 
vaste  érudition  mythologique  et  sa  grande  sagacité.  Il  ne 
s'aperçoit  pas  que  nous  sommes  en  présence  d'une  TriadCy 
c'est-à-dire  de  trois  divinités  liées  entre  elles  par  une  secrète 
parenté.  Le  fait  ne  le  frappe  pas.  Un  an  plus  tard  les  huit 
petits  autels  tricéphales4  recueillis  dans  un  champ^  non  loin 
du  lieu  d'où  provenait  Vautel  de  Reims,   commencèrent  à 

1.  Voir  notre  planche  XXVl. 

2.  Autel  découvert  CD  1710  sous  le  maître  autel  de  réglise  de  Notre-Dame  de 
Pari».  Voir  au  Musée  de  Cluny  l'autel  dit  de  Paris  sur  lequel  est  représeutée 
uue  divïDité  cornue  au-dessus  de  laquelle  se  lit  le  nom  de  Cernunnos  (moulage) 
aa  Mu^ée  de  Saint-Germain,  salle  XXI. 

3.  Cf.  L'auiel  de  Sainii'Sy  op.  laud. 

4.  Cf.  Maxe-Werly,  Sumtsmalique  rémoise,  jiL  IX  et  X. 


Kife'.  48.  —  Trictpbale  du  cabinet  Lnc 


cuite  qui  n'élait  pas  seulement  local,  qui  avait  des  zélat 
bien  au  delà  des  limites  de  la  cité  des  Uëmes  et  qui  mér 
une  atteution  sérieuse  par  l'originalilé  et  la  multiplicité 
symboles  qui  s'y  raltaclient;  à  savoir; 
Liï  groupement  ternaire  des  divinités; 


i    Di!.-nuï 

rlc  faili;  e 

□  18-9 

Il  faubourg  Ssiut-Vivie 

Q.  sur  la  route  de  S 

Écurat  [vo 

r  uotro  n 

éDioire 

lu  à  l'Académie  eu  I8N0 

etRtv.arch.,iSm. 

LES  TRIADES.    —  LES   DIVINITÉS  A   SYMBOLES  345 

La  tricéphalîe  '  ; 

L'attitude  orientale  ou  buddhique'; 

Les  cornes'  ; 

Le  torques  ; 

La  bourse; 

Le  dragon  à  tète  de  bélier  ^ 

A  part  le  torques  et  la  bourse  auxquels  les  monnaies 
gauloises  d*un  côté,  les  statuettes  d'Hermès  de  l'autre  nous 
ont  habitués  à  titre  d'accessoires  traditionnels  de  certains 
dieux  ou  déesses  classiques,  ces  symboles  étaient  alors  ou  com- 
plètement inconnus  ou  considérés  comme  une  bizarrerie  excep- 
tionnelle'^, sans  conséquence  dans  l'ensemble  des  faits  my- 
thologiques relatifs  à  la  Gaule.  On  sait  aujourd'hui  que 
sous  ces  apparentes  exceptions  se  cache  un  mythe  qui  eut  en 
Gaule  sa  période  de  vitalité.  En  1880  la  liste  des  monu- 
ments relevant  de  ce  culte*  montait  déjà  k  vingt-trois,  M.  Sa- 
lomon  Heinach,  dans  le  deuxième  volume  de  ses  Catalogues 
raisonnes  du  Musée  des  antiquités  nationales  \  en  a  encore 
augmenté  le  nombre.  Nous  y  renvoyons  le  lecteur.  Mais 
les  provenances  sont  à  signaler  ici.  Pour  abréger,  nous 
indiquerons  seulement  les  départements,  que  nous  classons 
par  ordre  alphabétique  :  Aisne,  Allier,  Bouchcs-du-Rhône  •, 
Charente-Inférieure®,  Côle-d'Or,  Doubs.Gard,  Haute-Marne**, 
Indre,  Maine-et-Loire,  Marne,  Oise,  Puy-de-Dôme,  Saône-et- 
Loire",  Seine,  Somme  et  Vosges,  et  en  dehors  de  France,  la 


1.  SalomoQ  Reinach,  Bronzes  figurés ^  p.  i91. 

2.  Id.,  iàid.i  p.  186. 
3.1d.,p.  193. 

4.  Id.,  p.  195. 

5.  Comme  les  cornes  du  CerDuunoâ  de  Tantel  de  Noire-Dame  de  Paris. 

6.  Voir  L'autel  de  Saintes^  op.  iaud. 

7.  S.  ReiDach,  Bronzes  figurég^  p.  185  et  suiv. 

8.  Les  statues  de  Velaux,  voir  p.  149. 

9.  Vfmiel  de  Saintes, 

10.  Les  deux  statues  de  Sommérécourt  à  attitude  bud'ihique  avec  dragoo 
À  tête  de  bélier.  Cf.  Revue  archéoL,  1884,  p.  301. 

il.  La  petite  statuette  de  bronze  dite  d*Autuo,qui  joiut  à  l'attitude  buddhique 
la  tricèphalie  et  le  symbole  du  dragon  a  la  tAte  de  bélier.  Voir  plus  loin  et 
pi.  XXVH. 


U   RBUCIOfi   PCX  GAm<a 


Bel^ae.  OuBlqui»! 


i  <le  ce*  iiparwm«%ùt,     k  1 


Irnpiin  »yml.oliqoe  en  or.  nvee  Wte  df  b*» 

ilCi-iiiiïcrt  N  Vfltlerstelde  (Prusse)  '. 

HauU'-Miirn.',  «iixi]in'l»  il  faut  njoiiU'r  la  Belgique,  eD<*: 
ptuHinuiK.  Lu  Mai'iir  L-n  it  fuiimi  jusqu'à  dix.  Ce  tJf 


1.  Vnlr  Ju  Mu> 


'   rl.^  Marp]  ]Vu?enjble  de  U  dêM 
«tilt  IL  rapprocher  def  animuii  n 


LES  TRIADES.    —  LES  DIVINITÉS  A  SYMBOLES  347 

donc  point  un  culte  local,  ni  même  absolument  régional.  Tou- 
tefois, si  l'on  dresse  la  carte  des  localités  d'où  ces  antiquités 
proviennent,  en  tenant  compte  de  Timportauce  des  monu- 
ments, la  tache  dominante  *  s'étale  sensiblement  sur  la  Bel- 
gique de  César,  avec  prolongement  jusque  dans  la  Côle-d'Or 
et  en  Saône-et-Loire  au  sud,  pour  s'étendre  au  nord-est  jusqu'à 
la  presqu'île  Gimbrique  :  l'autel  de  Saintes',  les  statues  de 
Vélaux  '  indiquent  seuls  deux  centres  différents  d'adoration 
moins  intenses.  L'importance  des  autres  départements  est  à 
peu  près  nulle. 

La  direction  du  mouvement  ne  semble  pas  douteuse.  Le 
chaudron  d'argent  de  Gundestrup,  sur  lequel  se  concentrent 
tous  les  symboles,  pour  ainsi  dire  en  action  *,  le  poisson  d'or 
de  Vettersfelde*  (fig.  49)  avec  ses  dragons  à  tête  de  bélier,  la 
stèle  enfin  des  Trois-Grues  *  et  la  Triade  odinique  en  accen- 
tuent la  vraisemblance. 

Dans  notre  premier  travail  nous  formulions  plusieurs 
hypothèses.  L'hypothèse  d'une  influence  Scandinave  ou  kim- 
rique  nous  semble  aujourd'hui  primer  toutes  les  autres. 
Nous  n'osons  dire  que  là  est  la  vérité;  nous  dirons  comme 
Ovide,  à  propos  des  Palilies  : 

Hoc  tamen  est  vero  provins  ^. 

Dans  quelle  autre  direction  trouvons-nous  un  pareil 
ensemble  de  faits?  Mais,  dira-t-on,  sur  l'Elbe,  en  Scandi- 
navie, pour  quelques-uns  même  chez  les  Cimbres',  nous 
ne  sommes  ni  chez  les  Celtes,  ni  chez  les  Galates.  —  Est- 

1.  Je  parle  de  cartes  teintéeâ,  représentaut  par  rintensité  des  teintes  la 
fréquence  pins  ou  moins  grande  des  découvertes  dans  chaque  département 
(voir  les  cartes  teintées  de  La  Gaule  avant  les  Gaulois). 

2.  Cbarente-Inférieure . 

3.  Boaches-du-Rhône. 

4.  Voir  les  planches  XXIX  et  XXX. 

5.  Découvert  sur  les  bords  de  TElbe  (tig.  49  et  p.  346). 

6.  Fig.  51,  p.  352. 

7.  V autel  de  Saintes,  op,  laud. 

8.  Voir  plus  haut,  p.  101. 

9.  M.  d'Arbois  de  Jabaioville  croit  que  les  Cimbres  sont  des  Germains.  — 
Mais  quels  Germains?  Est-on  môme  certain  que  les  Cimbres  parlaient  une 
langue  germanique? 


•HtS  la'  rin.ir,i<)N  iiKs  gaulois 

c<'  hi»»ii  r«Tlain?  Si  an  i"  siî'rlo  iIp  noiro  i-n»  ros  ronlu'i*^ 
a|)|iarl4*n'iii*nt  .inx  rioriiiains,  suji-oii  <lt*piiiA  roniliit*n«ii'li*iiip« 
ils  (>ii  ('laiiMit  1rs  iiiaitrt*s  i*l  si  le  foiul  th*  la  |»n|mlali(iii  n'ftail 
pas  rrsté  rrltiqiip  ou  gaulois?  IMiis  <i  un  téiiioi<;iiai;<*  purli* 
a  lo  iToin».  La  natiin*  ili»s  assoriatioiis  ginTrii-n*!*  ruiimn-^ 
^oiiA  les  noms  <l(>  (ia*sa(es  et  île  t*«iml)ri*s,  res  /it/urs  lionl 
Fiérrl  a  .si  hirn  (Irfini  l«'  caractère  siifiiraiiMit  d'ailliMirsai'Xpli- 
qu(T  \v%  failft  par  le  mélange  lie  Cx^ltcs.  de  (ianlois.  de  litT- 
niainsilont  ces  handes  armées  si*  composai«Mit*. 

Après  avoir  exposé  ipie  li>s  corps  d'arméi*  qui  en(reprenai«*iil 
les  ^'randesfxpédilions  cimmériennes  et  gauloises  rt*pri'^i'u- 
laient  dt*s  Ihjurs  armres^  non  des  corps  de  nations,  noln*  crauil 
érudit,  parlant  dis  Cimmériens  fuyant  il(*vant  les  Scythl■^. 
s'(*x(irime  ainsi  : 

■'  tl-in«   •'•■l(<'  fiiil«'  h\  'itff'^rt'iits   jtniftlfx  tîunt  ^f  rurn/ioitiif  /ii  f.i/ri-   «•• 
«•'•|i  iii'ii'iil   ii'^  iiiiH  iii'<k  .Hilri"^   i'I   H':iiii''tfri«iit  il.iit!!    ii«'s  <'iiilii*:t«   it-fT»» 

ri'Ht^.    1^1    llk'IK-  !!•'    -llli«»l«I.Ull  |i|i|«.    Il*    ll'illl  •[lll   ht  ili'SIJII.Ill   i'«'HH  I  *\''*.t-    i  11 

iiH.iji-  :  •  Il  iifiii*  |irii|i|i'  i-itrniiit'iK -1  il  fMriiii'i   iiii**  i  ilc  p.ulii  ulii-n-  i-l  iti.!*  - 

|»*rii|.irit*'   il-s    illlr*'^,  '1   r»>pnt  «»"ll  .iliru'li  liolii,  .i    {mmi  prr%  i.iiiiiiii    r    kf 
lOi.  .111  li-iii|i<»  •IXiil'imI*'.  .iii\  >!•  ifiihriM  ilniil  !•■  ih«iii   ^«'li-icinl  •!  iii«  '.  i 
It'-i  iN.oiii-  il  «Loin  II  ii-iiii*'.  «iiii'"^  •{II**  !•'«  plii«  liiuhii^  i-iii'iit  •■!•    ir  iii« 
|M»ili-H  i'I  ilisfH'iM'H  m  t|i'(M  «lu  Kliiii,  «l.iii<»  |.i  ili-lk'i>|ti'' '   '• 

Il  ii*y  a  .lucune  raison  d«*  croire  ipie  c(*h  |iand«*s  lii:ui-<*« 
pri-Hi'nt;isM>iit  unité  di*  culli*.  Les  rnvaliiHM'urs  qui  a\aifiit 
piiTéilé  1rs  r.iiiihn'N  l'n  <i.iu|i'  di'v.nent  éin*  dans  I*-  nièniri.i** 
>*il  \  av. lit  :iliii-s  di-s  dieu\  ircrmaiiis  t>t  di**i  iliiMix  rrllr^  t|i<» 
tiiii'ts.  !•'  ruili*  lit*  ri*<«  dit'ux.  siius  i|ui*l<|ue  n«un  «|n>*  U-^ 
t'iixalii^NiMirs  a|ip.'ir.'iis<.f'ni  d:ins  lliistnin'.  |int  s'innialier  -•*p.i- 
r«*'ni'nt  ^i  l«'ur  sniti*  li.iuH  |i'*«  ronlréfs  nu  IfH  pi-iits  L'roii|i«*« 
ilnui  II  Iii:m*'  *i<*  i'<impn«;iii  <«*iMalditi'nt  '. 

t     J'    riir  Iviti'    I  •  ■    lii-il'«    iii<«i    liii;  Il  r  ••■- •    i|ii     |i  •    ariiifi**    .i<ilri^tiir:iij'> 
•  Il   i'r>  iiii«'r  \  iii|iir<   ■■•i  l<  •  (•  •    m   il->i'i«    i  lui  !!'■*  il-*  Ij  M-i*^  l>tiiH    p|  •!•  l  (  :  f 
lll-   .  ■  •  il  II-  iiti'i  t-,  .|.    «•!  i-  ■  ■-  •  I  .!•■  M  •:tirr.«i- 

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r    .lin*    'tt-iil     I*  -       'i!  i->     •     'li'T' r*  !ih-*    •]  liit    II-    lu  t:\kr     11  f  I  lit     ftit    .f 

lll-  lll'       |iiiti<|  I  II  •   il    fi*  I  I  J*    r  «{•(•••r|      mil-  !•  t   kr"''!*'  *■     p^kF    «'iilr    ilr   U    r* 
•lll*''  •l>-''  •     •  t  *>    ':1   •  tOi  iiK  tiii  ut    iii>'li-*    r-!     r  iif   i|    iilr   pia  i|u'tl    iir  fallut  ■  : 


LES   TRIADES.   —   LES  DIVINITÉS  Â   SYMBOLES  349 

Ne  qualifions  donc  le  culle  des  Triades  ni  du  nom  de  celtique 
ni  du  nom  de  germanique  ou  de  Scandinave.  Contentons-nous 
d'en  signaler  la  présence  àla  fois  en  Gaule  (Belgique  de  César), 
dans  la  presqu'île  Cimbrique,  sur  l'Elbe,  et  en  Suède  aux  der- 
niers temps  de  Tëre  païenne. 

Nous  livrons  ces  conclusions  avec  confiance  à  vos  médila- 
tions.  Pour  nous,  le  culte  de  ces  divinités  à  symboles  si  particu- 
liers a  pénétré  en  Gaule  par  la  Belgique  à  la  suile  de  bandes  ou 
ligues  familiarisées  depuis  longtemps  avec  des  pays  où  les  re- 
présentations figurées  de  divinités  étaient  en  honneur.  11  n'est 
pas  impossible  que  dans  leur  sein  se  trouvassent  des  initiés  aux 
mystères  de  la  Phrygie  où  étaient  adorées  les  trois  grandes 
divinités  dont  les  noms  mystiques  Axieros,  Axiokersa  et 
Axiokersos,  formant  une  triade  analogue  à  celle  de  nos  mo- 
numents^ furent  si  tard  révélés  par  l'indiscrétion  d'un  myste  *. 

Un  autre  motif  non  moins  sérieux  nous  porte  à  rattacher  ce 
culte  aux  contrées  kimro-belges.  Depuis  la  fin  des  guerres 
puniques,  les  guerriers  gaulois  ne  s^étaient  montrés  aux 
Romains  que  sous  la  figure  des  Gsesates  ou  des  Cimbres, 
avec  le  grand  bouclier  ovale  à  umbo^  la  grande  épée  de 
fer,  le  casque  à  cornes  et  le  carnyx  ou  trompette  à  gueule 
de  fauve.  Or  ces  armes  sont  celles  qui  sont  figurées  d'un 
côté  sur  le  chaudron  mystique  de  Gundestrup  ',  de  l'autre 
sur  l'arc  d'Orange  où  elles  forment  les  trophées  représentant 
les  dépouilles  des  vaincus  qui  sont  ou  des  AUobroges  ou 
des  Cimbres',  c'est-à-dire  des  peuplades  de  l'Est  ou  du  Nord. 

extrême  attentioa  pour  démêler  les  différeaces  qui  les  disUnguaient.  Les 
Grecs  les  ont  longtemps  coofondns  sous  le  nom  de  Celtes,  et  si  d'une  part  les 
écrivains  français  ont  voulu  tout  rapporter  slus.  Gaulois  sur  ce  fondement, 
de  l'autre  les  Allemands  s'en  sont  servis  pour  attribuer  aux  Germains  les  en- 
treprises des  Gaulois.  Celte  question  ne  vaut  pas  la  peine  qu'on  aurait  à  la 
traiter.  C'est  là  une  espèce  de  personoalité  à  laquelle  les  gens  sensés  ne 
doivent  pas  prendre  part  (Fréret,  édit.  in-12,  1796,  t.  V,  p.  7).  »  Nous  sommes 
complètement  de  l'avis  de  Fréret. 

1.  y oïr  Vautel  de  Saintes,  op.  laud.  C'est  ainsi  que  les  légionnaires  romains 
transportèrent  sur  plusieurs  poiuts  de  la  Gaule  le  culte  de  Mithra  et  que  nous 
possédons  au  Musée  un  autel  consacré  à  Belus  (salle  XXI,  n^  11058). 

2.  Voir  les  planches  XXIX  et  XXX. 

3.  Suivant  l'hypothèse  que  l'on  accepte  touchant  la  victoire  à  l'occasion  de 
laquelle  Parc  a  été  élevé. 


3r|i)  LA    HbLIGION    liKS   (iArLOIS 

Nous  KOiip(;oiinoiis  mémo  très  fort  la  rrirbrc  triade  tii*  Lu- 
rain  liontmi  a  viuilii  fairr  nui*  ^raiith*  triailt*  liruitiiqm*  :  T*-u- 
lat(*.s,  Ksus  et  Taraiiis' 

Ht  Tariinis  xnfthir:r  non  mitior  nrn  Oittn.r 
Ht  quihus  hnmitis  ptaratur  xantjttin**  il  ira 
T*'Htnt»\i  hnrr**nsiiH»*  f**ris  nltaritms  h  sus 

(rrln*  la  triadi*  kifiin>-b4*l^i*  ddut  uiujs  rlii>n'hi>nH  l'oriL'ini*. 
Lrsr.érémouieAsymholiquoAtlu  chauilr(»n  d'argent  ci)mmi*nri'ul 
v\\  ««iïrt  |»ar  uu  satTÎlirt*  liuuiaiu.  La  virtimi*  (*sl  èuoru'tV  Mir 
l<*  bord  d'un  i;rand  vaso  s<dou  li*  riti*  décrit  par  Strabon*  : 

Hii  rpiii-iiiitri*  lin   iin-it'»*   Miitfiilit'r  fh*»/   \**s  <JMihn»s  :  li'*  fi-îiiiii.»   \r% 

.li-i 'tlll|i.-iu'initr|it    (lillts    l*Mir>    i>\|M'i||(tn|iH  ;    fllrs    rl.iii'lit    ^lll\|>*^    i|>     pr« - 
tit'HHfs  i|iJi  pl'**ilisii*'iil  lavfiiii.  l!fs  pivlf-i'^^fs,  i-ii  rh«'Vfiix  tiliii<'«  •  (  !i  i 
|i!||i-f«  «il'   til<in«'.    |Mil(aii*lll  i|f»   V**tf'll|«'llt»  lii-  llll,  li'lt'VrH  (i.ir  ilr«    ikTlf*  • 

l'I  ijiif  ri'iiitur*'  ir.iiiiuii.  KII*-o  iiiHrili.iii-iil  pifiN  iiij«  v\  «••imihii(  !*•  p.  f  .| 
Il  III. llll  A\\  il>-v;iitl  ili's  pri^iiDiiii*! '».  Aiiri'"»  li">  •n«»ir  <  tiiir->itiii-«.  •■Il»  •>  î-  « 
iiitMi.iit'iit  l'i  un  I  hiimlroii  i|ijt  |i(mi\.ii1  iitiit*'iiir  vink'l  ani|'lii*r«-«  .  •  V<  «  « 
iii«i|il.ii'-iil  «i  l'aiil**  il  un  iii.iri  li'*-|iii'ii,  «•!  th-mv-nt  r/i«iyiff  ^iritofirif  .  ;<.i 
*l*fin  t,;r-i^  lui  riMi|i.iii*iil  l>i  ^juru'**  «'t  tiraient  «!•■%  |ip'iJii'tiiMi%  il**  li  mt- 
iiifii'  iliifit  |i'  vinu  i'<<uliit 

V  a-t-il  1.1  uiii*  ï«im|di*  4*uiuridrnr«* .' 

Nous  fiToiiH  un«*  auln*  r«*mari|U<*.  La  ^Taudo  diviiiiti*  île  la 
1  liailf  d«*  Luraiu  iiarail  ôtn*  ICsus.  Or.  li*  seul  moiiuiiit*iil  nur 
lfi|tii-l  !••  niiiii  df  ce  difu  ^nil  iusrrit  est  l'autel  tb*  Paris,  ^ur 
il*  iiiriui*  auti*l  sniit  repreHi'iilôfs  Irs  li:;uri'S4b*  I  lastori't  Piillux. 
liiviuitrs  lirlliMiii|Ui*H  inrnfiuii«*H  v\\  liaiib*  ailleurs  i^\\\%  Mar- 
<<'ilii*.  nii\rons  |lioiiori>  au  livn*  IV,  i*li  i.vi,  nous  v  verruu^ 
i|u  au  ra|i|Hiri  df  !  iiut''«'',  |i>h  rinmaiii^  et  l«'s  r.i*li«>s  sr|iti'U- 
lri«iiiau\.  ViiiH|iis  ili*  |'Mri'>;in.  adoraifiit  li*^  lhoHiMirf>,  Vfitit«» 
jaiiis  |t('tr  uit'r  liaus  It-iir  pa\<.  I  iiuêf  n'^'aniait  ri*lti*  trailitiuu 
rei;u«' iie|iiii^  |uiii;li'Ui|i<» '  l'oinuM*   uni*  |trfii\i*  <|ut*  les    .\ri:i<- 


\    /•*■  .'f .  ;.*■.  I    «!•     |i  i;.r *■  f  *  •  :i  ;■•  'il  •r  r^  |»ri-'i-iili  r  l.««i-  •  rilr«"  1«  i 

Ul<  •  •  I  l.ir  un-  .j'j  I' -'i'  i»'ii»  • -l  'iii«*  il.  «■*•-■  iiiinr^dtf*  n  1  Art^iiii»  I  i-jn-^i*. 
•  ■•rii!ii.  !•  «ff*  lii  l.-i  4iu  -•  iiiiil*  I  iliili|i|' I  .  1^'  ■rriil  •'K.irt«*!lii-{it  iiU**  l»*  ll>>i 
In  I  !•  >    •  ir  l'*«-|>i.  !..  •  *ik*>i'>-{il   I  |>iii-ii-  ir«  r^|in««-«  •h-iic  .lii'Ui  rt  ij:<r  .lrr« ^ 

-■   "«Ir  i:.  .11    \il    ,     _■  •! 

>    ll.*t..ri*-ii  ^'tt .       .it|r:ii|iiir«iii  dr  l'irrini- 

*  ■     I    •    •  1  ■   I        •    .  r  ■■  ■ 


LES    TRIADES.    —  LES 'oiVINITtS   A.   SYMBOLES 


351 


naules  ékaieot  revenus  dans  la  Grèce  par  le  Tanaïs,  par 
l'Océan  et  la  mer  Méditerranée  '.  Celte  tradition  du  culte  des 
Dioscures  dans  le  aord  de  la  tjerinanie  subsistait  eacore  du 


FIg.  TA.  —  Bai-relief  d(!  l'autel  de  Nolre-Dime  Je  l'ari*  si 
Cffureat  le  taureau  et  lea  trois  grues. 


temps  de  Tacite'.  «  On  montre  chez  ies  Naharvalen,  coisins  de 
la  mer  Baltique,  un  bois  consacré  par  f  ancienne  dévotion 
dans  letjnel  on  adore  sous  le  nom  d'Alcis  des  dieux  que  les 
Romains  pensent  être  Castor  on  Pulliix.  n 


(.C'était  la  traditi 
la  déd liguer. 
!.  Tacite,  Cterm,  1 


:LVJ  la   liLLIOION    |iE>  r.AULOId 

OUc  nouvelle  coïiicnlrncG  qui  iloniie  plus  rfc  poids  à  nos 
cdiijertutvs  i*st  corroborée  par  un  fait  encon*  plus  ftifruificatif. 
Lue  (les  tlivinitéfl  gauloisf^s  Ioa  plus  hi/.arn*s,  les  plus  excen- 
triques de  Taulel  de  Notre-Uaun*  de  Paris  est  Ir  Ttirvos  Tnt^n- 
ninos  flig.  ."0).  U*  taureau  aux  Trois  (iruos.  Or  re  inythi*  *lrs 
Trois  llrues  nîi  vi<'Ut-nM  ili'  le  retrouver?  Près  Tri'ves.  tou- 
jours d;ins  l'Ksl  (lii:.  .'II).'  Le  ruili'  de  ei's  ditTéreules  divinités 
i|ui  .s'i-.hI  superposi*  aux  vieilles  suprr<litiuns  ilu  pa\s.  lH*>n 
qu'ori^MuairiMuiMit  rli:iiit:i*ii's  .1  l.i  lîauli*  priuiilivi*  siu^n  aux 
liaulois  i>t  n  ayaiit  aueuu  rapptiri  tiiiert  ave«'  l«-s  druid^^.  de- 
vait nous  préorciipiT  sans  i|ui*  ntuis  puissitins  y  iiisistiT  faute 
d«*  ti'iups.  r.e  n'est  pas  un  ciiapitri'.  niai*«  un  viduuit*  qui*  l'eludf 
ili*  rellr  myiholti^ir  rxiufrait. 

Tni*  seriiudi*  série  de  divinités  n*pri'*s«*nlées  m  iii'*^siii  ou 
piiitli)^Mapliii''«'s  sur  les  murs  de  la  salle  du  eour»  mmuie  iian« 
la  salli*  di*  Mylliolo^ir  du  Musée,  n'a  ei>rtain«*nifnt  pas  man- 
qué d'attir«*r  \os  n*^Mrds.  Hi<*n  ijue  runiposéi*  di*  tipurefininin^ 
élrauL'ifs,  s'éloiifnant  nhûnsdes  Iv|h*s  riasHiques,  cetti*  sêri«*  a 
piiijtlant  aussi  sun  «iriu'inalité.  Ji*  vi*ux  parli*r  du  Ilit'U  au 
maiiift    li;;.  ."2  •*!  l\'i  '  i*l  du  liitMi  a  la  non*    li^^  TiV    V 

Lt*  diiMi  au  niaillc't,  l'tuinu  généralement  ««ouh  \v  nom  de 
Jii/fùfr  tjiiubns^ii  été  sui'cessivi'uiiMit  assimile  il  Km*uI.i|n*,  .i 
Dispater,  à  Taraiiis.;!  Tentâtes,  a  Sylvain  et  à  Jupitrr-Sfrapi^. 
Il  rrnfiTUM*.  i*n  elfet.  vu  lui  t|urlque  tIhim*  do  rharun**  lif 
ri*s  di\:nitéN.  n*  qui  veut  din*  qu'il  n'est  i*n  Homim*  réidli*mi*nt 


1.   l(pill.iri|Ui  r    U    pr^^riir*     .lu     hiifhrriili.   mllillir    »iir    \r    t»a»  rrlipf  •!  |'.«D* 

(tik*  *•••  M  >«1  llriuiiii  «  f.iit  ri-**'irtir  r>'«  faiU  ii%«'  "1  Mtîii'it»  Mr-li-'itirv 
•I  i:i*  un  irtii  l«  -Ir  |.|  /•>!  ur  .  ^//i.^  i.*  i|,|i  t-*t  iiii  t  \t  •  Unit  *  ••iitiiifiiUirr  .lu  ii  •.! 
\'  lU  iiMiiuiiiriii  \|  sil  !(•  III  i.-h  r*l  |i  irl>  ,  r.iiitiiif  un.i*,  4  rh^rrlirr  «Uiji  !r« 
|ri;t  mil  «  il.'  Il  «>i  .ii|.iiiji\|i  k  ..r  /in  .ril..  lii'  y  .' .i  1  rtiiln  •ti<Mi  •]•  r 
iii\tPit'.  i.fi  !•' iji  .•|rf  II1..I  .lu  ,.■.!,  .in  Niir  1  i|ii'il  fauilr^-l  fhrrrlirr  liiri^inr 
•1m  I  'i\\*  ilii  .il  ktf.iii  .1  \i-\,  ,lf  lii-ii>  r  kiiir  s  |(>-iii.i<li  lt"»9t:ft  fti^urrt.  p.  f  ■;, 
'•■I  •■  Ir  'ij  ••il  li>ii  .!•  <  iii-ii|iiiii.  iii-  •  ir  !•  ••|url>  ••*  «.lit  rp  iiiiiitailr  M  *»  H 
fut   Ui  •    ;ii«(>iiiriii  r.  iiiJir<|iii  r  i|ii.  I.t    •■  r|iriit  «'.irnu  nVUiil   pa«  a«^<ir 

il  nii.-  ii'ViMi.  •  .iii^t  mil*  j  !•■!  oiit'l  ili*  Il  |i4r.ilt  t-lri-aiitr*'  iliti*cquun  >4iij[il# 
allr'.iil  -1.    ,  •m   ,]  .  ,,|  . 

-    ^  «r  *•.!;   m  II  !(•  lu.i.  :i. /(r  n.  :ri  «i.u  ••    p    \ '*'. 
•    «  ?    !■!     WMII 


LES  TRIADES.  —  LES   DIVINITÉS   A   SYMBOLES 


:î53 


assimilables  à  aucune  d'elles.  S'il  fallait  choisir,  c'est  peul- 
ètre  au  Dispater  de  César  qu'il  faudrait  s'arrêter. 

Vous  ironwGTC//.  dans  le  catalo- 
gue raisonné  de  M.  Siilomon  Rei- 
nach' l'historique  complet  de  ces 
opinions.  Vous  devez  tous  avoir 
enlro  les  mains  cet  excellent  cata- 
logue qui  est  une  mine  inépuisable 
de  renseignements  sur  les  divers 
sujets  qu'il  aborde.  Je  vous  y  ren- 
voie. Vous  y  verrez  que,  comme 
pour  bien  li'aulres  problèmes,  ce 

sont  les  plus  vieilles  solutions  qui 
soDt  les  meilleures  et  les  plus  sen- 
sées. Grivaud  de  La  Vincellc,  en 

1817,  proposait  rléjiï  sur  un  ton 

très  modeste    l'identification    du 

dieu  au  marteau  avec  le  Dispater 

gaulois.  On  n'a  rien  dit  de  mieux 

depuisavanlM.Siilomon  Reinach, 

dont  les    dernières    observations 

semblent  clore  le  débat.  ><  Le  dieu 

uH  marteau,  écrit-il  en  subslaucc. 

n'est  ni  un  Taianin,  »i  un  Teutatès  : 

il  est,  en  essence,  le  Dispalef  léijen 

daire  des   (iauloin,  ainsi   que   Irx 

druides  renseignaient  ;  le  dieu  du 

ciel  à  lafoiset  des  enfers,  un  Jupiter 

et  un  Pluton  que  les  artistes  gallo  -  «rue»  «  u  i.:ic  de  uumu, 

romains ,  à  une  f^poqne  uù  ils  allaient 

chercher  leurs  modèles  à  fécole  d'Alexantlrie,  ont  représenté 

sous  la  fujure  du  Sérapis  v/jijplien  n.  Cctie  opinion  éclectique 

donne  satisfaction  h  toutes  les  données  du  problème*. 


t.  Hrottiti  figuréx,  p.  ITiScl  suiv 
2.  Nou^  avoua  fait  uo>iâ- iiiKuie  u 

des  inscriptioua  en  octobre  IBSI. 

tniKripUons. 


-  Autel  de  Trêves. 


■  '  .  :■  l«'  ciillo  do  DhpatPrSêrtjpis 

.  ■  i.ii.o  (lu  Khniio,  lundis  (jne  nos 

. 'ertaiiMit  plutôt   les   conlrtMiS 

-    *  :«ir   la   Soinc,  la    Marrnî ,    la 

.vi  M«is«'lle.  L'un  ri  rauliv  cuit».- 

,  .  •  :ii»/nl  élran^T  à  la  Gaulo  cen- 

■.:  •»'oiil(Milale,    c'esl-à-diiv  aux 

-  jHipulatious  colliques  dont   les 

-  avaient  <'u  la  direction 

:.  «listrihuliou  des  monuments  liu 
•  -^'explique.   Le  culte»  des  Triades, 
-..  ..rtalion    kiinro-beliro  ,    inlroilnit 
-i  .»•  nonl-ouest  par  la  conquête  ga- 
.    :iie.  ne  péuélFa  dans  l'intérieur  du 
i.r  .jue  par  infiltration  et  ne  s'y  éta- 
:  .:  que  sporailiquenienl,   tandis  que  la 
^are   di'  Disputer,  sous   la  forme  du 
/  yitor  Scf'fjpisy  jetée    par  les  artistes 
j.iiio-romains  ou  g-allo-grecs  dans  im 
..'.une  Ta  si   bien  remarqué   M.  S.  Rei- 
•luent  faveur  dans  des  contrées  sou- 
:e  .Marseille  comme  la  vallée  du  RhôîH' 
Accepter.  Mais   il  est  évident  que  pas 
•.\:«c  arlisti([u<^  ih»  répinidail  à  Tidée  qii'' 
:e  o\  «le  P^hipst,  plus  celtiques  dr  (Mein', 
«: ;uiiie  divinil»''  nationale  i|u'elles  claieiil 
.^  îitcr  dans  h*  ciel  pI  sur  la  lerre,  planani 
^-i  :<  ili'  toutes  !«*s  crj'alures  ainsi  (ju»*  le  K'in 
:.  h'<.  L"   Di^pfitf'r  Si't'tipis  anllir<q)Oin«»F- 
-.0  léniiiue   FTëtaif.   pas  pour  no^  (leltes  !.■ 
que  leur  iniauinalioli  iiiy>ti«|ur   h'ur  r»'- 
^■.iNscn'iil.  ces  slalu viles  t"alM'i([uées  par  d<'> 
..   .  -ut  fidèles  à  la  léi:('nd»\ 

.lîtat'lic  l'usai^e  de  compter  le   temps  unii 

.•      '0. 


-   LES  DIVINITÉS  A  SVHBOLEa 


par  les  jours  écoulés,  mais  par  les  nuits.  «  En  vertu  de  cette 
croyance^  [qu'Us  étaient  issus  de  Ptuton]  Us  mesurent  le  temps 


écoulé  non  par  le  nombre  des  jours  mais  par  celui  des  nuits,  et 
de  même,  pour  compter  tes  dates  des  naissances  ou  les  commen~ 


I.  CéMT,  B.  Cf.,  VI,  JOAM  :  t  Obeam  causaui  apatiaamalBteiupc 
mero  dlerum  led  nocUamDDiuDl.Dies  nalales  el  meaBiaio  et 
Ile  ob«er*ant,  ut  aoctam  diet  «ub^equaliir  *. 


!  mois  et  d'années,  c'est  toujours  la  nuit  qu'Us  prennetu 
int  de  départ  ».  Col  usage,  laconquèle  romaine  ne  put  le 
3iner.  Nous  en  retrouvons  de  nombreuses  traces  au  moyen 
,  dont  quelques-unes  ont  été  relevées  par  mon  savant 
rère,  Maximlu  Deloche;  dans  l'intéressant  mémoire  qu'il 
a  consacré  à  <•  la  Procession  dite  de  la  Lunade, 
à  Tulle*  ».  Les  druides  avaient  adoplé  cette 
tradition.  Elle  était  doublement  enracinée  dans 
l'esprit  des  vieux  Celles.  »  Dans  la  doctriw 
des  druides,  nous  dit  M.  d'Arbois',  la  mon 
précède  la  vie,  la  mort  engendre  lavie;  et  comme 
la  mort  est  idendtj  le  à  la  nuit,  et  la  nuit  iden- 
ti/)ue  au  jour,  la  mit  précède  et  attendre  le 
1  jour.  De  même,  du,is  le  mande  divin  des  Irlaii- 
data,  les  Fomores,  lieux  de  la  nuit  ei  de  la  mort, 
sont  chronoloyifjuement  antérieurs  aux  Tndtha 
Fig.  5*".  de  Ûananns,  dieux  du  jour  et  de  lavie  ».  Écou- 
tons M.  Deloche  : 

■  François  l'ithou  rappelle  dftas  auij  4loss»ire  sur  lei  Capîtulaires,  que 
d'aprëa  les  formulaires  des  praticieus,  les  défendeurs  étaimil  assignés  â 
comparoir  daus  les  nuits  Ce  mode  de  compiirulion  était  celui  des 
laïques  dans  les  première  siècles  de  lit  période  féodale,  comme  l'alteste 
pour  le  ïu'  siècle  une  lullrc  éorile  par  Geoffroi,  abbé  de  Vendôme,  entre 
les  aimées  lllti  ut  <  132.  dans  laquelle  il  se  déclare  prét>  ainsi  que  ses 
moines,  à  uompnral  Ire  devant  l'évoque  pour  répondre  à  l'imputation  d'élre 
sacrilêjie,  sous  la  réserve  ifue  •<  Ui  délah  de  comparution  leur  seront  as- 
aignéi  non  par  nuils,  suivant  la  i-outitme  laii/ue,  maU  conformément  aux 
prescritilions  des  canons  «  ■  ••  In  hoc  tamen  non  nocles  secundum  consue- 
ludiucmliiitoruin  sed  secundum  instiluta  canonuminduci.ispostulamus  » 
(Mifjne,  l'ntrot.  Uu.,  l.  GXVIl,  col.  94). 

ce  A  une  dale  plus  récente,  Jérûme  Bi^non.  dans  des  notes  sur  l'appen- 
dice des  formules  de  Marculfe,  publiées  en  1613,  fait  connaître  que.  de 
son  temps,  la  plupart  disaient  annuil  comme  hac  nocle,  pour  aujourd'hui, 
H  Dans  le  patois  limousin  oii  nuit  s'eiprime  n^,  on  emploie  pour  dire 
aujourd'hui  o'nt^  qui  siRnifle  proprement  d  nuit. 

"  Le  mot  Anneuil  était  encore  nafiuéra  emplojé  avec  le  sens  aujour- 
d'hui duiis  le  pâlots  du  département  de  la  Meuse.  Le  comte  Lambert,  dans 

.,  t.  XXXIt  (î'parlie). 

e  de  brouïe  découverte  au  Chàlelet  pré»  Saint- 


LES    TRIADKS.    —    LES   DIVINITÉS  A   SYIiBOLES 


357 


^'^n  Btoisaire  du  centre  de  la  France  (p.  446,  col.  2),  coasUte  l'usage 
''^S  eipressioDs  à  nuit,  annui't  arec  la  mâme  signiflcatjoo  daos  les  cam- 
pagnes du  centre  '. 

Il  Dans  les  campagnes  du  Velay,  dit  Aymard*,  les  paysans  disent  encore 
'**»<«»  (à  nuit)  pour  aujourd'hui  ». 

■  Ainsi  s'eiplique,  conclut  H.  Max.  Deloclie,  que  le  solstice  d'été,  qui 
tombe  le  24  juin,  était  célébré  par  les  Gaulois  le  23  apiès  le  coucher  du 
sckleil.  C'est  que,  à  ce  moment,  en  réalité  s'ouvrait  chez  eux  la  période 
diurne  du  solstice  du  24  juin.  C'est  pour  le  même  motif  que  les  feui  de 
I4.  saint-Jean  étaient  et  sont  encore  allumes  la  veille  au  soir  et  non  le 
Jour  de  la  nativité  du  Précurseur,  c'est-à-dire  du  solstice. 

••  ËnflQ,  c'est  de  là,  sans  doute,  qu'est  venu  cet  usage  généra!  pour  les 
Pëtes  patronales  des  particuliers  de  porter  à  ceux-ci  les  offrandes  avec  les 
"vcpui  de  leurs  parents  et  de  leurs  amis,  non  pas  le  jour  de  la  f£ie,  mais 
la  veille  de  ce  jour  ». 

Ces  usages  persistants ,  sur  tant  de 
points  difTérents  du  territoire'  monlrent 
mieux  que  ne  pourrait  le  faire  aucun 
texte  combien  vif  était  en  Gaule  l'atlache- 
ment  au  culte  du  dieu  père  de  la  nation 
et  combien  les  pratiques  qui  rcnlouraienl 
étaient  entrées  profondément  dans  les 
usages  de  la  vie.  Nous  relrouvons  ici  une 
survivance  aussi  éloquente  que-  celles  des 
feux  et  des  berbes  de  la  saint-Jean. 

Si  le  dieu  au  maillet,  sous  sa  forme  de 
Jupiter  romain,  avait  été  désavoué  de  la 
majorité  des  Iribus  celtiques,  son  attribut, 
le  maillet,  paraît  l'avoir  sufGsammcnt 
représenté  chez  quciqties-uaes',  de  même 
que  chez  d'autres,  ainsi  que  nous  l'avons  vu,  le  svvastika,  la 
rouelle,  l'esse  S  (fîg.  35),  qui  représentaient  les  pbéuomcnea 
gravitant  autour  du  soleil  ol  do  la  foudre.  Le  seul  langage 


J.  Mém.  Soc.  Aniig.  (t?  France,  t.  X  (1834),  p.  i2*. 

i.  Le>  rochta  à  bastinsde  la  Haule-Loire,  op.  laud.,  p.  11. 

3.  Lei  mêmes  expressions  (mt  été  relevées  dans  le  patois  de  Paris  :  4  nuit 
ponr  aujourdhui, 

4.  Sur  de  petits  autels  publiés  par  Floue«t  (Deux  êlèla  dt  laraire,  pi.  MV), 
aoleU  anépigraphea  oCi  Dgurc  le  maillet  ;  jouaul  le  rôle  du  swoslikn  sur  les 
petits  antris  pyrénéens. 


IV>8  LA  RELIGION   DES  GAULOIS 

rc>li|s:iotix  dos  («(«ItcH  du  rameau  primitif  «*tait  et  n*sta  |i»np- 
temps  le  symbole*. 

L'iii^'«'*iiiosit«*  d«*s  arlisti's  ^Mlln-nMiiains  s*ox«*r(;a  stir  un*' 
aiilri*  dîviiiilt*,  dont  Ir  syiiihol<*  était  la  roin*  solairi'.  .Nmi*» 
nvons  parlé  liin^iirnii'iit  d(>  ci*  syinhoU*  (|iii  était  ot  n*sta 
tii's  populaire.  La  diviiiilé,  tlonl  i*ll«*  était  rimai^o  syiiibo- 
liséi*.  divinité  1res  va^in*  romim*  luiit«*s  les  diviiiité>  c«dti- 
qiios,  dont  ni  la  poésii*,  ni  Tari  plastiqin*  n'avaii*nt  iMirore 
fixé  les  traits,  fut  n'iné^îenlée  s»nis  la  lii:iirt'  ilii  Jnpit«T  ro- 
iniiii  la  main  appiivi'e  Mir  la  mue.  «ui  |iiirlaiil  la  riMi**  «iir 
rêpauli''.Siir  iniedi*r«*>  lii^uri's   staïuetltMiut^.liàtelet  .au  s\m- 

ImIi*  lie  la    rtHie   e^t  jiûnt    If   sYinlndt-  d<*  i'«>sse,  autre   ««Vlliliiilif 

.solaire  si  fréipieiit  sur  les  Ntatêres  dUr  ilu  l\p(*  armorir.iin  et. 
par  riiiisi*<|iii'nl.  df|iiiis  lon^t<'inps  faniiliiT  il.uis  |i«s  mnlree^ 
les  plus  i*i'liii|iirs  di'  la  lîaule.  t'es  préi*antioiis  111*  iliiniierenl 
pa*'  au  JiipiliM'  a  la  riiin*  plu<  de  vo;:ut'  auprès  fi«*s  di''\i»ls  i|iit* 
n'en  a\ ail  le  Jupiti*r  au  m.iiilt-t.  Les  «•laïUfllrs  liu  ili«*u  a  la  r^iut' 
.iiilliiop-iin  irpliise  ^iifit  ffiiMif  nii«iti<«  iii>niitri'Usrs  (|u<*  %  i-llt-s 
ilu  ilii'ii  au  niaiilt't.  \\.  >.i|imiimii  ItiMiai-ii.  dans  miii  ••\i'*'.1«*ii'. 

l'itnhffU*    fH-itifir'  n'i*n    a    rflf\e   i|il«*    srpl.   Lfs    <^ilil<>l'«    ii'v 

\it\.ii«-fi'  i|-i*ii:i  Jii|iitiT  iiiiiiain.  ;illii)iii'  d  un  atlriluil  iMn|irun!f 
.1  {••ui*  .  îa  .i!i  .■•»,  >'ii  II-  «.in- II-  iji-  Il  ^î:ilii.'lli'  lie  Lan  lit  ;/  .  l- 
\  iiif.  ••M  i  I  : 

I     •     l'M  IIS     \\\, 

.II»'  itftfiui't  ffi'tnm  «  tt  uuiitint  .\ii*fti^ti.  Ii  n  v  a  ri»"n  \\  •i»* 

l'iiiir  :■  "»  \  t  II'»  I  .•,'•••»  Il  i»ii|i-  s  iil«*  ,|\  lit  tiiir  si^iiitir.ili>>n 
!ii«  Il  ;i<  |.  •  ■•ti'in!!--;  >  :il  i  .1  \i'n<  t<'i  sfji.iiiMh'ii!  i<iiniii>'  l«- 
III  k'  t*  lU  .  1  s  iMi  ^•-r\  ir  t  II  III  il  lift  1*  ir.iiiiuiriifs  Hiiiis  i.i  f  •nue 
•  !•  l'iii'  l.i*<^  i-n  •»! .  t  II  .<i.->  ni.  fil  liiiin/i-,  en  flaiii  ft  fii  pliiinli* 

'.      I*      \\\;il     P     .*.    ■  •'       Î.I-.        .  i-   fj  .    ,.1'.     |.;.      Il        ■ji.r    I.iiut<--1<' 
'  .  .    Ml  .      •  Ji  ■  ■     :    •     •   ïj  .'      .    ■■(II.  iliii!.    li'l-  i>  ..ti    II-  j«    |>.ir.iit    i;-  ' 

•      r    ,  ■  .    1    '    !•    »  :■  •■ 

"•  •       ;•  ■  .  M-     il    I    /•'       ■;'•'.»'■■.   Il       J-  .• 

^  ■■'  '  !       I'         I      ■    ■.       Ml .  ■!■  t   '.„  iri    1    : 1  iii''iiii*  |iU- •    •!  j'    ♦ 

-  .  1  !  k      f      .-'./•.         f'   i*-  ;  j    .,  .-.  fi    \i\ 

t,  \  -.1    ..-it;-    |i.  kià'là'    \  I 


—  Lïa  UIVINITÉS   k  SYMBOLES  359 

ntilli  en  abondance  dans  le  Ht  des  rivières  et 
FCDCcintes  celtiques;  2,000  au  gué  do  la  Loire 
■  grand  nombre  d'autres  au  gué  de  Saint-Léo- 
î  Mayenne;  à  un  gué  de  la  Vilaine  h  Rennes; 
niTray';  auCh&telet;  à  Bov'ioies [opp.  deNasium}; 
KAtlila  (Vieux-Châlons)  ;  au  moDt  Berny  (forêt  de 
V^i  etc.*. 
Erupomorphisme  d*une  de  leurs  plus  grandes  divinités 
s  séduit  nos  pères.  Nous  ne  connaîtrons  probable- 
mais  le  nom  gaulois  de  la  divinité  solaire  ainsi  symbo- 
vu  le  Taranis  de  la  Triade  de  Lucain,  mais 
lie  Taranis  parait  èlrc  bien  plut6t  une  déesse  assimila- 
R&rtémis  laurique,  comme  nous  l'avons  dit,  il  n'est  au- 
tnt  certain  que  Taranis  m^nie,  dieu  et  non  déesse,  re- 
ste le  tonnerre,  ainsi  que  Ton  a  cru  en  s'appuyant  sur  une 
étymologie  douteuse. 

En  somme,  aucune  des  grandes  divinités  incontestablement 
celtiques,  s'il  y  en  avait  dont  le  caractère  fut  nettement  for- 
maté et  les  contours  suffisamment  définis,  n'a  été  représentée 
h  l'époque  gallo-romaine  sous  des  traits  rcconnaissables  avec 
son  vrai  n6m.  Le  seul  J?sms  se  montre  à  nous  sur  l'autel  de  Paris 
personnifié  sous  la  forme  d'un  bûcheron (fig.  36)*,  mais  il  faut 
remarquer  que  cet  autel  est  consacré  par  une  corporation  de 
bateliers,  Naulae  parisiaci,  et  qu'iicûlé  d'Esus  lîgiircnt  Ca^lor 
et  Pollux,  les  grandes  divinités  de  Miirseille,  qu'aucune  des 
tribus  celtiques  de  la  Gallia  comata  ne  semble  avoir  adoptées. 
Les  Nautae  pouvai'?nl  èlrc  alliôii  au.v  corporations  qui  navi- 
guaient sur  la  Sa6ne,  sur  le  Ithâoi;  et  sur  le  Khin,  comme  sur 
la  Seine,  et  les  divinités  de  l'autel  rappeler  un  culte  particu- 
lier à  ces  coUegia,  une  anomalie  au  milieu  des  Celles  comme 


1.  L'ùppidum  BH/raele  du»  Commet! lairti  ilis  (:'''»ar. 

a.  Voir  Mlle  XVII,  vilrJDir  32,  quctiiiiri^-iiiire  de  ce^*  roudle».  Noua  août 
demiDdons  si  cet  iliver»  ofipida  ii'i'laieiit  pua  àtn  ceutrei  <li'iiiilii]ueR  où  l'ou 
■e  raudait  ea  pèlerinaKi^. 

3.  A  rapprocher  du  TarTU:i  Trlifariiuo^  (■!  rlu  tM^-relief  de  l'autel  dr  Trêves, 
6g.  50  et  !!1. 


:Wii  l.^  iiKuniciv  iiK>  iiti*Li>!s 

fut  iilii"  liir<l  II-  riilh-  <li-  Miilirn  iiitr<i<liiit  <-ii  (i,iiili-  [»ar  l-*  W- 
••iiitiiinirfi.  Ilji'ii  m-  wns.  i|ii  igm-  d.iti-  iiymi!)  iiiriin-  à  iiif 
ffiniiilr  iliviiiiti-  ii;ili<)ri;ili>.  Intii  sciiiiilf  nir-iin'  [iriiii\>T  le  idii 
Ir.iîrt'.  1)  Il  y  ;i  ri'-ii>l<-:;fri«*T:il  ii  ■■iiirliiif  ■!■•  ):i  ]irt**<' 111*1-  irKtu» 
xiir  iiiilti'l  .).•  l'ari-  ;  il   «-it  ii  iioli-r  iin'ii    l'i'-|iiii)iii>  i-litflii-Din- 


I  t.      lu-  lin-    -  mil.'  T1--   -'--l  «iili-'iiliii-,  •I.11I1  un»  iMiii 
.1     |(i-|  ii.r     .1     l.iil.ii.v     I   i:-ii-..    .1     liir.iiiis     «> 

■■■  ■•''•'>'  !-i'i- ■"*■■"'.  «  l-|'"| ■■■lii-iu.-,  .1,.  |».r...i, 

■     ■■ 1-  -i,ni- .!  i.l nt.l.'%.|.-i..-ii.-H;ii  li-iii 

I,.  -  li-  ii\  ■  !  ■!.■. -  .]■!■  |.ii.ii-..-iil  jivi.ininl.*  Ii.^ 

1...  .-. ,  .  !  Il»  iln-iiv  in-i  ■.  >iii  rmiLiiii^  a.-.-.-j.iii 

I-'   ■■      1^   •■    .-  ili-.   Iilllllfl-     •!     |>.|l|i>llll>-s   jiHl     If*     •ivif 


LES  TRIADES.  —  LES  DIVINITÉS  A  SYMBOLES  361 

auguslaux,  Mercure  et  Apollon  auxquels  le  clergé  impé* 
rial  avait  élevé  de  nombreux  temples.  Les  populations  avaient 
fiai  par  croire  à  la  puissance  des  divinités  qui  y  étaient  ren- 
fermées, s'étaient  habituées  à  fréquenter  leurs  autels,  et  les 
apdtres  de  la  religion  nouvelle  eurent  à  les  combattre.  Ce  sont 
des  temples  de  Mercure  et  d'Apollon  que  renverse  saint  Martin. 
Mais  ce  n'étaient  toujours  au  fond  que  des  dieux  étrangers. 
Les  divinités  celtiques  auxquelles  les  Gallo-Romains  les  assi- 
milaient en  différaient  sensiblement,  comme  l'a  déjà  remarqué 
Fréret  :  Apollon  assimilé  ne  pouvait  être  le  fils  de  Latone,  le 
frère  d'Artémis. 

M.  S.  Reinach,  dans  son  Catalogue  illustré,  a  bien  soin  de 
faire  la  distinction  entre  les  Divinités  gréco-romames  (p.  30  à 
136)  et  les  divinités  celtiques  ou  kimriqnes  (p.  137  à  200), 
qu'il  groupe  autour  du  Dispater,  des  Triades  et  des  Tricé- 
phales  et  dont  le  nombre  connu  est  très  restreint. 

Le  culte  des  divinités  romaines,  même  assimilées,  avait  été 
au  fond  si  superficiel,  si  particulier  à  l'aristocratie  romanisée^ 
avait  si  peu  pénétré  dans  l'âme  de  la  nation  que  leurs 
temples,  ainsi  que  nous  Tavons  déjà  remarqué,  une  fois  dé- 
truits, il  n'en  fut  plus  question.  Le  clergé  se  désintéressa  de 
ce  culte  renversé,  aucun  hommage  ne  fut  plus  rendu  à  ces 
divinités  étrangères.  Parmi  les  nombreuses  superstitions  que 
le  clergé  eut  à  combattre,  le  plus  souvent  sans  succès,  pres- 
que jusqu'à  nos  jours*,  aucune  n'a  trait  ni  à  Apollon,  ni  à 
Mercure.  Diane  seule  joua  encore  un  rôle  dans  quelques 
])ratiques  magiques.  La  lutte  eut  lieu  entre  le  dieu  des  chré- 
tiens et  les  innombrables  divinités  topiques,  c'est-à-dire  les 
anciens  génies  des  sources,  des  fontaines,  des  arbres,  des  bois 
et  même  des  pierres  presque  tous  anonymes*. 

M.  d'Arbois  de  Jubainville  a  dit  un  jour  avec  quelque  exagé- 
ration, mais  non  sans  un  fond  de  justesse,  que  nous  n'étions  ni 
Francs,  ni  Romains,  ni  Gaulois.  Nous  pouvons  ajouter  qu'en 

i.  La  science  seule  est  parvenue  à  les  déraciuer. 

2.  C'est-à-dire  u'uyaut   d'autre  nom  que  le    nom  de   lobjet   qu'ils  étaient 
ceosés  animer,  ou  le  nom  de  la  localité  où  on  les  adorait. 


»n 


LA.nF-t.ICION    l'RS  <: 


rclifiinn,  Itt  vîi-ille  (iaiilt*  m-  s'f>l  |).is  il.tv.iiila:;!'  Ini^^i-  •iiln- 
miT  |tnr  In  n-li;;iiin  ili-i  |-'i'!iiir«  on  ■-■•lli>  ili's  Itiniiiiiim.  A  jtt-iiir- 
h!  It>s  i]ivi)iîl<>s  kiriiriiiuf'i  mil  LiUsi-  ilnii^  l'I'lsl  iiiii'  i'frt.iiiii- 
■■mpririiilf'.  I^  rniiilc  |-i-li::ii'iisi-  i-«l  l'i'Nti'-i-  a-flliijiir.  riiiiiiin- 
l'lrliiihl<>.  (i'i-st  rAiix-,  If  ;:i''iiii-  <-L-llii)iii-  >)iii  ftiil  t-ririn-  iMln- 
nri^'iimlilt-  nnti(iiiHl<-. 

N'iiis  aviins  <lil  i|iii-  «Ipriint  IVli-tiilin'  i>l  la  ^i^h•■«^t•  «lu  "iijt-i 
iiitiiH  lions  nrri*l>'ri<iiis.  «-l'ih-  ;iiiiit'-i-,  a  ['■•poipic  L'n1l>i-r«>iiiniii-  : 
il  m-  iiiiii»  n-«liTnil  i|i>iii-  |ilii>  lin  a  i'.>iM-|iirf,  s'il  m-  ii<iit\  «■■in- 
lllail  m'-ii-i-air»-  >]•■  rniisa>ri-i  i-ifi.r.-  iii;i'  li-i-mi  a  ta  rri.i-l^ 
cl  aux  riiyilii-->  kinini-lii-ii.-i"'  ijiii  ii-l<*\fiit  siiniii  il^'^  vi"ii\ 
(Vlli-s,  ilii  iiiiiiii- i|<-  l'un  '11'-  i:itri--aiiv  |iiiiii'i|>aii\  igiii  >•■  i  iN 
l:tr))'iii-iil,  ;(ii\  ><'ii\  il--  .iiii  i-ii-,  .'r  l.iLTatnl-'  faiiiillf  ■-•■llii|ii<-. 
1^1-  i-ara'tm-  lî'i  ;;i'-fii.'r.-liii|iii-  [inijih-  .-u  i.-xsorliia  iiii<-ii\  [-v 
la  niiii|iarai!»-ti. 


XXIV^   LEÇON 

LES  TRIADES  {suite) 
LE  CHAUDRON  DE  GUNDESTRUP 

Sans  nous  donner  la  clef  du  mystère  qui  enveloppe  l'origine 
et  la  signification  des  Triades  dont  les  monuments  en  nombre 
déjà  très  respectable  ont  été  découverts  en  Gaule,  le  vase  de 
Guadestrup,  dont  vous  avez  les  photographies  (fig.  57)  sous 
les  yeux*,  vous  confirmera  en  l^idée  que,  comme  nous  Tavons 
affirmé,  nous  ne  sommes  point  en  présence  de  fantaisies  my- 
thologiques isolées,  mais  d'un  ensemble  de  conceptions  re- 
ligieuses formant  corps  et  se  rattachant  à  une  doctrine  dont 
quelque  collège  de  prêtres  avait  le  dépôt  sacré. 

Nous  croyons  de  plus  en  plus  à  la  grande  influence  de  ces 
collèges  ou  communautés  dont  les  communautés  druidiques 
et  lamaïques  nous  ont  présenté  de  si  curieux  exemples  et  qui, 
à  nos  yeux,  furent  les  plus  actifs  propagateurs  de  la  grande 
civilisation  dans  les  contrées  septentrionales  et  occidentales 
de  rEurope. 

Nous  soupçonnions,  depuis  longtemps,  pourquoi  ne  le  di- 
rions^nous  pas  ici,  que  c'est  également  la  solution  d'un  pro- 
blème bien  autrement  troublant  que  celui  des  Triades,  le  pro- 
blème de  la  propagation  dans  la  Scandinavie  et  en  Occident  des 
langues  dites  indo-européennes*.  Si  cette  propagation  s'expli- 
que facilement  quand  il  s'agit  de  colonies  grecques  ouillyrien- 
nos  comme  les  colonies  de  la  Campanie,  du  golfe  Ionique  ou 
de  la  mer  Noire,  composées  de  tribus  compactes  de  même 

1.  Voir  fig.  57  et  pi.  XXIX  et  XXX. 

2.  Le  frauçais  et  raaglttis  u(^  de  répaadeot-ilâ  pas,  aujourd'hui,  à  Mada- 
gascar, dans  des  coaditious  aualogUt?.s,(i  l'aide  des  élèves  malgaches  dout  des 
tuteurs  anglais  ou  norwégiens  et  les  pères  jésuites  fout  Téducatiou?  (Voir 
Ami.  H.) 


*^i  LA   RKLIGION    DES  GAULOIS 

origine  «'t  ayant  chacune  loiir  por^onnalit/*  «*t  par  snilo  liMir 
lan;:n(*,  commi*nt  oxplif|iii'r  rctli*  pénéiralion  d  iim-  lanifin- 
«•lran^«!ro  dans  li*  ;;roup«>  conipari  ilt>s  tribus  loiiraiiii*nni*<%  lit* 
IM^i*  (le  la  pi«*rri*  polii*.  si  les  prlils  groupes  ary«>ns  (|ui  «y 
inliltrairnt  iravaieiit  pas  élf^  accompagnés  irtMltic;it«*iirs  a 
l'instar  «1rs //Yz-tle  l'Irlantlc,  ««t  piMit  «'Ire  ili»  rollcp»?*  iPaiMle^ 
à  riiislar  (les  llonirriilrs?  (Irs  col|i'*;^ri*H  ou  coninitinaiil«*s  Uiiii!» 
paraiss«»nt  avoir  é(é  dans  ritntii|uil<'»  beaucoup  plus  nondHi*u\ 
qu'on  ne  le  peuMf;  le  cidlè<;f*  pytlia^oiirim  était  drja  une 
survivance.  Nous  ni»us  suninies  souvent  demandé  ««i  Nuuia  ne 
sortait  pas  d'um*  communauté  st*rnhlable. 

•  Nurua.ilit  IMutan|ue\défendit  au.\  Romains  d'aitnbuer  .t 
l)ieu  aucune  forme  humaine  d'homme  ni  de  bêle,  et  il  n'y 
avait  parmi  eux  ni  s:alue«  ni  ima<:e  de  la  divinité.  Pen  iani  \*-^ 
cent  soixante-dix  prrmiéres  années  di*  IcMir  exi^t«'^^i■,  \v% 
Homains  ne  placèrent  dans  les  temples  ou  chapelles  ijuiN  b.^- 
ti^Nnirnl  aucum-  fi::uri*  ih*  di«Mi.  "  Tertulli**n*,  dans  son  .-l/«'/t»- 
f/ir  dr  In  rvliifinn  chrrtieiuu\  rappelle  é;:ali* ment  ijii**,  bii-n  «ju»' 
Ntima  ait  établi  plu^ii-ur*^  rérém<»nii's  sup*Tslili«Mi<es,  j]  n  \ 
eut  il«*  son  tiMnps  à  Konn*  ni  temphv.  ni  ?«talue<.  La  tradition 
était  eiraltMiifrit  '  i\\\v  Niima  était  l«*  fondateur  du  collèi:«*  •{« 
|irf'tn*N  dits  INinlif«*s  et  (|u  il  fut  le  pn*niii'r  «le  ci-s  prétri*^ 
N'r*«t-ri*  pa^  l.i  l'ipiivri'  d  illh'  i*spèr»»  de  druide?  A  Niiiii.1 
fiii-'in*  él:iit  i|iii*  la  mMlinii  du  i*ol|i*L'e  i|i*h  Saliens  ••!  di>  cidui 
di"*  Ki'i'i.uix  l'I  /  f/f>/i//i/f'//i  du  frit  séif  rr  mufiiel  firr^id'urnt 
/#•■  Vi'st'ih's* ,  Tmit  l'i'la  rst  iiMivn*  di'  prélu*  bien  pin^  ipie  df 
phiiiisiiphf.  Il  \  a  l.i  :iulri>  cIiom*  iprunt*  rréalion  iiidiviiliii'lh* 
Il  \  a  iiMiMi*  di*  iraditi'in 

Ni*  di'Viins-noiiH  pa^  altribiifraux  mi'mi***  rauM*<»  If^  iineur^ 
^•■li:;||■ll•««■^  ni  sin;;iili''i*'*«  di**»  ||vpi'rborecii<«,  rreueiliif^  par  di*« 
lt'::i-n<ii*sdi»nt  ilerudoii-.  Ihudoii*  i-t  >trabiin  h«*  •%iinl  fait^  I  •■i'b>*  ' 

■    lit'  'Ih*     *t    tnirliftits  nutrry   pirit  H'iêtlt  ffH  l/  •/  ft  */»/  f/r/»|  #|r  /.| 


!.    \    *-  ,U  .Vi."i  I.  \l 

I  •  i(i>iii  II      II*  ■  '  (■  '       \  \^ 
.     i'    it  \li 

4     M       >'-f  !  >     U 


385 

yue  la  Sicile  ;  cette 
vboréem.  Là  est  le 
•quoiies  insu- 
hn.  Ih  sont  tous  pour 
■  t/s  chantent  des 
ê  lie  une  vasSe  enceinte 
tiulaires  e.il  également 
\rla  plupni-l  des  joueurs 
loiiaïuffs  du  dieu  en 
c  leurs  instriimenls' .  » 
imaserie  ? 
I  [tu  venl  conime  une  se- 
ii'Ç  poiirronlgermeruDJour, 
i-mÊnies. 
:i!ilestnip  dont  la  décoration  ne 
^':<ii(L'  organisé  où,  comme  dans 
■ii[tinc,  à  cûlé  (lu  mcerios  et  des 
I  [i!iis,  dfs  artistes  capables  d'in- 
i-i.  nous  n'avons  pas  la  préten- 
s  [loiivons  en  constater  les  élé- 
IOU&  déjà    une   partie.   A  l'avenir 
bin  l'éxégëse.  Le  clianip  des  recher- 
il  IrÈ»  étendu.  Le  regretté  professeur 
i  de    témérité  qu'on  ne    pourrait  lo 
t  de  contact  de  ces  mythes  du  cùté  de 
nique.  Je  dois  vous  signaler  ce  point 
htres.  Il  est  moins  invraisemblable  qu'on 


ittts  tels  que  les  présente  M.  Soplius  Millier 


pbomme  lea  biérnijules  du  temple  de  Comajia. 

■e  11  faudrait  admeltrc  ta  préseace  aussi  bypotbËtiqne 

ft  priori  de  ramilles  d'iirliaauij  liturgiques,  aussi  habiles  prali* 

IjrUiotogues,  mêlées  aux  tribus  kiuiro-bel);es  de  la  presqu'île 

'e  croire  à  l'eiistt^ace  uu  milieu  d'elles  de  prêtres  {pii)  aua- 


liGO  LA    IlELir.lON    DKS   GArLOlS 

ilaiis  II' savant  «il  liimiiii'iix  iiiiMiioire  qu'il  a  cousacn»  à  eeli« 

ilérinjvrrlr. 

L*'  va^ti-  rliaiiilnm  <l*nr;:i*iit  ili>  (iiiiiiii*slrii|»'  (O^.lîl^  dédia 
niiMi-f  il  rmiviMhirtf  Mir  0"*,2I  ilf  |iriir«iiiileiir  '  fst  riiiiv<>rt  . 
l*iiit«'Tii*Mi  1*1  il  rr.\lrrii-iir  «riirii*  <(M*ie  ili*  rf'lii*fs  au  nombre  lii 
lrcix«'  li'iiit  riialiilr  iliiiTltMir  du  .Mum*(*  «I«*  Oi|M*nha;rui*  donii* 
la  <i«*.s«'ri|ili«iii. 

A|»r«**i  avoir  i*\|mm*  ju<(|Ui*  lian*^  li*s  plus  miiires  di'taîls  l«** 

rirrnjiNJaiH'i's    ilt*   l.i  (itfrouvfrl t  flriiioulré  l'aulhiMiliciU 

iii«'iinl«'^ial)l<*  lin  vaM*.  Sit|iliu<  Miillrr  ahrtnic  l'examt^n  ri  la 
siLriiitii'.'iliiiii  <li*s  si*i*rit*s  r«*|)D>sfntt*(?s  :  1"  à  l'intêriiMir.  2*  :i 
l'exriTiiMir  ihi  l'haihlrun. 

/V#'/////r*-  lihii/ur  '  :  un  iltWilf*  il«'  LruiTri«»rs  i»l  un«*  fyc^ii* 
(]•■  ««.iriiliri*  liuinaiii  «iiiiih«*  occasion  au  savant  arrhi'oiugui 
<|i'  n*ii'vi*r  plusieurs  ilfiaiU  ini|Hirtanls.  Piiur  los  cavalii*M 
IfN  ra««i|iii>s  .1  rmiflli*.  à  rf)fni*s  nu  Nurmoiilfs  li'un  san^lii*r 
•  lu  <riin  iii-t^au  :  l'i  sflli*  i*l  Ir  liain.u'hfini'ut  «li*s  rhi'vmux 
l*iHir  lt•^  j-iiilassin**  :  rah*^»'iii'f'  lii*  i'aM|u<'.^anf  >\\v  la  ti'le  «if 
f-i'liii  i|iii  l'oniinaiiili*.  v\  ipii  •  ««t  .n  lU''  ii«*  la  i:r.in«i«*  é|ii^«\  au 
Ijfii  ilfs  loiiL'iii'^  |ii<|ni-<  •l«*^  r.inlaNHins:  li*  loui:  Imurlier  i»val«' 
.i\>r  ntiili  I.  Ir  raiiivv  '  |i<iri>*  fruit  p  ir  \**^  niiisirii'us  «pji  Tont  en 
|niin'lii'.  \ii-i|«-*»*«H«»  •iii  ilt'hii'  :  /*•  tinnfumi  trfr  «Ir  /M-Vi^r.  «  !>** 
iJi'taiiN.  fiiit  ri'iii:ir<pif  r  I  .iiil«'Ui  du  nn'Uiiiii'i'.  sont  tnui^  a  iioti*r 
!■!  lin  piii^  Il  itit  iiiiiMi'l  p'Hir  1.1  dfiiM'iMiii.ttiiin  du  rararlrm  de 
rii'UMi'  1-'  i|i-  siiî:  iMiL'iih'.  lé*'>  l'iNijni's  .1  nirut**».  Ii«^  m'|I«*a  a 
•'••lin  iii-t  |Mrii|.iiit>-^.  Il'*»  l'imipN  JMiii'lii'is  nMnn.:*»  a  iiiiih«>  dt*« 
f>Mil.i*«Hin«*,  !•-  «':ii'ri\\  tniiiiiiit  Ii-n  |iriiM-:paii\  «'ItMni'iitit  dr% 
ti  i;ii(f'i-**  •!>•  I  ifi'  \l^h  iiiu'i'    '  ••'  **i>iil  li*"*  'ir rin'H  ::auiiiiM>4'.  •' 


*  !*• '..!•    ^li.      :  I  I.-  r  >  •    '  -1  .  J  •!  i-i  I    II  fitii  -•   ripp-l>-r  •\\i>    !  irff**ut  ^tuil 

iT    •  r  ir  ■  •    I   *■■  i'i'l':i  I  ■  ■•    ii        -iiiii--ii   •  tu-  ■'.    ■!■     n  •!:■    •  r- .  .-   )ir>iiif«*    rt    l  l'î 

•  *  ■  -il  l'i .  '  I .-  .11   :  I  II     ■(!    I  •■■  ■  •  I  I  ^  I-      j'.irj.  fil  1 1  iii  iiii  •  ..ïTrtDiS' 

I  .  i  !  •   il  ji  i:    .     i  ■■  ■  ■      •■    f      r   ■    '   I- 

-      \    I    -.'1     II  1    X|   I       ■      li'    "^  I.:.!    '••  T    '1  .;   . 

"    ;•     I      \\     ..-r     /•  ■     i'      '•  1   'f  <  .  /*•   '     ./.   ■    /', .iii'ii/,    'StiM     Vi.^- 

.'    •  /  ■   .  :    1    f.   ».     .'       Il-     I  ■   ■    ■. 

•      N   ■■••     ;        \\i\      «  J     ■  ■    .■     !..   .'♦     -   Il    !»:.•     }      i-|  ..     -■  jurri' 

I  t      '   I.   ■   .'-       i    .  ■!•     .  .•      !  l'I  I- 

!■    I  tT  i.t  liii'  m  \  i.  .    :•!•     ir-    ir  '!•  -  ■  .m.r  ■  •   x-i  •k..iir  i-i'ir* 


Tni:  NEV/  vc,:;K 


l 


LES  TRIADES.  —  LE  CHAUDRON  DE  6UNDESTRUP  367 

«  Le  vase  est-il  doQC  gaulois?  Attendons;  d'autres  nations 
que  les  nations  gauloises  ont  porté  le  casque  à  cornes,  le 
grand  bouclier  et  ont  eu  le  carnyx  pour  trompette  guerrière. 
La  conclusion  ne  peut  sortir  que  de  Texamen  de  Tenscmble. 
Or,  sur  cette  plaque  même,  nous  nous  heurtons  à  une  contra- 
diction historique.  Les  armes  sont  gauloises;  mais  le  sacrifice 
humain^  ce  personnage  précipité  la  tète  la  première  dans  un 
vase  où  il  doit  trouver  la  nriort  est  une  scène  rappelant  la  Ger- 
manie plutôt  que  la  Gaule.  Strabon  et  Tacite  nous  parlent  de 
sacrifices  semblables  chez  les  Germains.  » 

Les  douze  autres  plaques  sont  ainsi  étudiées,  tour  à  tour^ 
avec  un  grand  développement  crépudilion.  De  nombreux  rap- 
prochements avec  les  antiquités  des  pay^  les  plus  divers 
mettent  en  garde  contre  des  généralisations  hâtives,  consé- 
quence d'un  point  de  vue  restreint.  M.  Sophus  MùUer  pro- 
cède avec  la  plus  grande  prudence. 

La  seconde  plaque,  aux  yeux  de  M.  S.  Millier,  représente 
une  chasse  de  taureaux  sauvages,  «  amusement  national  et  re- 
ligieux du  Germain  »  *.  Nous  y  verrions  plutôt,  faisant  suite 
au  sacrifice  humain,  l'immolation  de  taureaux  sacrés,  complé- 
ment naturel  de  la  cérémonie  en  Thonneur  de  laquelle  l'armée, 
cavaliers,  fantassins  et  musique  défilent.  Le  lien  entre  les 
deux  scènes  serait  logique. 

Le  sujet  de  la  pi.  III*  est  plus  obscur;  ce  sujet  mythologique 
ne  réveille  en  nous  aucun  souvenir.  Sophus  Millier  y  voit 
le  buste  de  la  déesse  du  soleil,  entouré  de  symboles  significa- 
tifs :  la  roue  à  six  rayons  et  le  griifon.  Deux  éléphants,  une 
hyène  ou  un  loup,  complètent  son  cortège.  La  déesse  porte  le 
torques.  A  part  le  torques  qui  rappelle  la  Gaule,  la  scène  paraît 
orientale.  Mais  faut-il  voir,  dans  ce  buste,  le  buste  de  la  déesse 
du  Soleil?  Les  tresses  de  cheveux  tombant  sur  les  épaules,  les 
deux  mains  soutenant  ou  pressant  les  seins  de  la  divinité  nous 
porteraient  bien  plutôt  à  y  voir  une  Artémis.  Cette  coiffure 
qui  rappelle  un  peu  celle  des  Sphinx  égyptiens  ne  nous  est  pas 

1.  Voir  la  publication  danoise. 

2.  Voir  la  publication  danoise. 


3I« 


LA   RELlniOM   HEb   r.AULUlit 


iiiroiinue;  rV^l  ccllt-  Af  la  Sininn,  {mrèdru  d'Apollon  ilonl 
iidiift  avons  rlnniit*  In  lif:un>  p.  1%  t-l  :i:t:t  —  type  itrii'iital  lii>-n 
rniiDii  ot  depuis  ltitif{t<'mps  si^nnlé.  Nt>  poiirrait-on  pas  y  mu 
la  iléi-ssv  Taraiiis  ilt:  la  Trinili>  ilc  Liicsiii  prûitiilant  au  >ai-ri- 


lii->- '  (,>■  iiir-iii>-  liiihlt'  ■>•■  it-lMiiiM-  -iiir  iiiit>  aulff  plai|iii'  • 
«riM-  oaii->  uiiriiii  •-iiilili-iiii<  Mil.-iin- 

.\vi-r  t;t  i|iiilrii-iiic  pliiipic'  ]>l.  \X\  iitiiiit  iitiii^  n*lrtiiit<i 
|i.i)i  fil  iiiniin.  (il  [><-fMTiiia:;i'  .1  In  tri.-  Minnonlée  «li-  rom. 
<)•'  i-<Tviil>'',  iii-iT<iii|ii  iIhik  l'alliliiilf  l>iii|>lhii|iii'.  lt>niin(  <!<' 
111.1111  ilniili-  II-  l.'ripifx.tii-  -.i  l'am-ln-  i<-s«>ip>>nl  a  li>lt<  Ji>  tw-li.- 
r.t|>pfHf,  ili-  ta  111,1  iiii-i>-  Il  |>1ii«|»i»ilivi*.  lu  !><'Ti<- ilt>  moiiuiin-ii 
■liiui  ii>>ii<-  fii>  .iM>ii-<  fiiii<-1-ii>i-  >laiiN  iinln*  iL'rniiTR  U-r-o 

1,1  >litiiMi>- .(.■  1.1  <  itii|iiifiM-' )ii:i<|iii'  liL*  .'N  ri>lc\f  ilii  iiifii 
i>i»-,  I  in-  tiL-iirt- Itarliiu-.  au  «Lifn  .h  {sirli>- HpiiimI)?    ri-  -n 


LES  TRIADES.  —   LE   CHAUDllON   DE  GUNDESTRUP  369 

ferait  croire  qu'il  ne  s'agit  pas  d'un  dieu,  mais  d'un  prêtre),  les 
deux  bras  levés  symétriquement,  tient  de  la  main  droite  une 
demi-roue  (incontestablement  ici  la  roue  du  Soleil)  qu* un  per- 
sonnage imberbe,  coiiTé  d'un  casque  à  cornes,  saisit  des  deux 
mains^  dans  la  position  nécessaire  à  lui  donner  le  branle. 
Dans  le  champ,  à  droite  et  à  gauche  des  personnages,  deux 
hyènes;  au-dessous  trois  griffons  galopant.  Entre  eux,  de 
nouveau,  le  serpent  à  tête  de  bélier'. 

Ce  ne  sont  évidemment  pas  là  des  fantaisies  d'artiste  *,  mais 
un  ensemble  d'emblèmes,  de  symboles  relevant  d'une  même 
conception  religieuse  très  bien  défmie,  bien  que  nous  n'en 
ayons  pas  encore  la  clef.  Derrière  ces  symboles  se  trouve  indu- 
bitablement un  collège  de  prêtres  chargés  d'en  être  les  inter- 
prètes et  Us  gardiens. 

A  l'extérieur  du  vase  d'autres  plaques,  de  moindre  dimen- 
sion, donnent  de  nouveaux  renseignements  sur  la  famille 
divine  dont  les  plaques  de  l'intérieur  nous  montrent  quelques 
personnages. 

Le  sujet  principal  de  ces  nouvelles  plaques  est  un  grand 
buste  d'homme  ou  de  femme  se  terminant  au  milieu  de  la  poi- 
trine ;  les  hommes,  les  bras  levés  ;  les  femmes,  comme  la  déesse 
qui  nous  a  paru  être  une  Artémis  ou  une  Gybèle,  les  mains 
pressant  les  seins  et  ornées  du  torques  \ 


1.  Voir  la  planche  danoise  dont  nous  ne  donnons  qu'un  segment. 

2.  Rappelond-nous  certaines  expressions  familières  aux  légendes  formant  le 
fond  du  buddhisme  :  «  Le  Buddha  fait  tourner  la  roue  ».  Ém.  Seuart, 
Légende  du  Buddha,  p.  16,  «  Le  Buddha  seul  fait  tourner  la  roue  »,  t(2., 
p.  357.  «  Cest  en  qualité  de  Çakravartin  (c'est-à-dire  de  roi)  que  le  Buddha 
met  la  roue  en  mouvement  n,  id.,  p.  361.  «  Libre  de  tout  obstacle  il  (le  Bud- 
dha) met  en  mouvement  à  travers  fespace  son  disque  aux  mille  rayons^ 
vengé  des  entreprises  de  son  éternel  ennemi  »,  id.,  p.  434.  «  Le  Çakravartin 
lance  la  roue  adorable  à  travers  l'espace  »,  id.^  p.  437.  u  Les  Buddhas  successifs 
représentent  des  incarnations  intermittentes  du  chef  suprême  des  Devas  venant 
remettre  en  mouvement  la  roue  solaire  obscurcie  »,  id,,  p.  484.  Cf.  en  outre  sur 
le  rôle  de  la  rone  dans  le  buddhisme  et  les  sectes  antérieures  ou  connexes, 
les  pages  17,  32,  35,  37,  45,  49,  158,  219,  356,  365  et  368  de  La  légende,  impor- 
tance de  la  roue  comme  emblème,  parmi  les  emblèmes  religieux  les  plus  an- 
ciens, ressort  de  ce  relevé  avec  une  évidence  éclatante. 

3.  Sur  les  médailles  armoricaines  la  fij^ure  qui  nous  parait  être  une  Artémis, 
comme  celle  de  notre  chaudron,  est  également  ornée  du  torques. 


lui  parait  seul  s'y  lîiltachfr  par  l'ensemble  dos  husle^  dont  il 
est  orné.  L'arrange meni  des  cheveux  et  île  la  barbe,  la  fnrme 
de  la  bouche  et  quebjues  autres  liélaîls  sont  des  points  de  rap- 
prochement qui  ne  pouvaient  lui  échapper.  Des  fragments  de 
vases  semblables  orn*^s  des  mrmes  tèles,  bien  reconniiissables, 
dont  l'nn,  comme  sur  le  vase  du  Cabinet  des  Médailles,  est  Iri- 
céphale  (fig.  60)  cl  ijue  ion  sait  avoir  été  recueillis  à  Mons 
(Belgique),  en  indiquent  suffisamment  l'origine.  «  Le  vase  du 
Cabinet  des  Médailles  i\o  France,  poursuit  M,  S.  Millier,  pro- 
vient donc  des  régions  septentrionales  de  l'Empire  romain 
d'où  proviennenl,  comme  nous  le  verrons,  toutes  les  antres 


LK8  TRIADES.    —    LE   CHAUDRON    DE  GUNPESTRUP  371 

pièces  connues  dont  la  parenté  avec  le  vase  est  évidente.  » 
Il  y  a  là  une  constatation  des  plus  précieuses  dont  nous 
prenons  acte. 

■  La  figure  masculine  analogue  ù  la  figure  des  tricéphalcs 
Si' retrouve,  avec  du  légères  variantes,  dans  les  attributs  sur  les 


Fig.  60. 


plaques  ô,  6,  7,  8  et  9  (du  rapport  danois).  Les  plaiiues  10,  11 
et  42  nous  présentent  des  bustes  de  déesses.  Les  dieux  nu 
se  distinguent  pas  seulement  des  déesses  par  l'arrangement 
des  cheveux,  le  port  de  la  barbe  et  les  moustaches,  m&îs. 
comme  nous  l'avons  dit,  par  l'atlitude  des  bras  symétriquement 
levés  des  deux  côtes  de  la  tèle,  altitude  évidemment  biéra- 
tique.  La  fermeture  de  la  main  dont  lo  ponce  est  en  dehors  est 
à  remarquer.  Les  femmes,  au  contraire,  aux  longs  cbevuus 
pendant  sur  les  oreilios,  ont  les  bnis  repliés  sur  la  poitrine, 
au-dessous  des  seins  iplaqueslO,  11,  12).  Les  déesses  comme 
les  dieux  (si  ce  sont  des  dicu\  et  non  leurs  interprètes) 
portent  le  torques.  Une  seule  des  figures  humaines,  une  femme 
iicolythe  de  la  déesse  (plaque  10).  porte  ce  signe  de  suprême 
distinction.  » 
Ces  plaques,  on  le  voit,  ne  présentent  qne  de  lointains  rap- 


:î7t2  L.V    RKLir.MiN    DKS   «iAIJLOlS 

prnrliriiiiMiU  aviu*  l«*.s  iiiilii|iiilés  ili*  la  (iaiil<*.  Iell»*>  «|iii*  ikhj^ 
\r>  r«)iiii{iissi)iis,  (laiih*  iii(l«*|)i*iHiaiiU*  i»ii  liatilr  4'«->aii»*uiit'. 
«  L<*>  ti^iin*s  ilf  c'<iiii|it'iruisi)n,  il  faiidiaii  li*!t  rhiTiluM*  |iluli'il 
M't '^l  tniijiMirsM.  S.  .Miitlm|iii  |»arl«')«lucûltMli»l'A.sii*-Miiituif. 
<!«•  rAs.%yiii',  iiiriiir  ili*  rK;:y|)ti*'.  Les  pla«|iii*s  7  «'l  !•  on  ii*  liirij 
siiiilrvr  i|«*  rlia(|ijr  iiiaiii,  a  hras  t«*iiiliis.  nu  animal  ^ai«i  |».ir 
If's  patlfs  fi<*  iii*vanl,  un  t'crf  (|>ia(|nc  Vii;.  nn  lii|i|MMMni|H- 
|ilat|Uf  l\  ont  t*inihiriiiin«Mil  n*  rarartïTi*.  L'Ar(i'Miii*«  |i<th«*. 
en  partirnlirr.  «*s(  sunvtMit  r(*|»rt'M*nl«'*t*  dans  rftti*  atlilmle  •  \«»ir 
l«'  vasi»  ilr  ôr.'itM'kwvl  •',.  Snr  1rs  |ita«|n«'s  M  r\  12.  nn  |wi*»in- 
na;:ir  >anlant  ra|i|M*llr  r«'rtaiii«'*i  monnaies  ^anlois»*s  lin  li«*i- 

u'inin.  h'nn  antri*  l'ôlr  un  rnnl  lertinu.iiln*  snr  l»*s  pit :h  lit- 

ni'innaii's  rfltii|nes  ilr  la  liaviiTi*.  <in  ly|»«*  lifs  Ut':;enliti;;fn 
s«-iinsM*lr||f'n  \  le  si*r|irnl  a  Irlf  ili'  lieli«T  -. 
Siiiilins  Miillt*r  roncint  ainsi  : 

■ 

i'  "  L(*  vasi*.  f|nMii|n«*  [Hirtanl  ili*s  tiunr«*s  li'nn  4-arat'ler*-  m 
l'on  fstalili'niiMil  ^'aniois,  n'a  {la*"  (*le  raliri«|iie  ^'n  lîanlt*: 

2"  ••  L>*  va^i*  n'«*si  |)as  non  |ihis  nn  va^e  ;:i*rniani«|ni'.  iiii*n 
i|iie  i|iii'ii|ni*^  lictails  i|i>  ri»slnnii'  ra|i|M*ll«'nt  les  linniain^  . 

'A*  "  Il  n'i*sl  |ias  M'amlinavi*  . 

i'  •<  Hiffi  ipii)  Ifs  a^li^lt•^  «|ni  l'nnl  M'nl|ile  se  >oii'nl  m*»- 
|»ir«*K  «le  traditions  i'la*(si«|n<*s,  mi  n«*  |M-nl  l'atlrilnu^r  a  «li*s  ar- 
hstfs  romains  ; 

•»'  -I  II  fanl  vu  4'lii*irri«T  rnri;:ini*  dans  un»*  ronli«'«*  \«»i^iti«'  'li 
la  (ianii*.  **<in*«  rlii'.  a  |i[i»|iri*nii'nl  fiaili'i.  L'anl*'iM-.  as^iz  r.t;i- 
|)rii<'hi'i>  piinr  l'n  a>"ir  «*iilii  lintlni'in-f.  assi*/  rlo):;n«'i'  |»'Oir 
*''lf'f  ri'««|i*i*  t'U  i|ilior<«  lii*^  r<ifiii.ii*«^in('i'^  dis  lii**tori«'n**  «'l.i«- 
^i<|nrN  -  .  Nons  n'a\oiis  luf^ipii*  tien  «i  «*iianj«-r  à  ri*s  r«»n-  .n- 
siiins. 

Sur  iiii  |iiiint  '«•*iili'in<'iit  I  -iinnioii  ili*  ^i»|iliiis  Xfnller  iii*im 
|i.ii'.ii'i  i|i;i>-li-i  iiiif  ii'.-iMi*  nioiiiiir.r.oui.  Il  in-  laiil  |>:i«  altriliii'i 
I  1  iiidii>'ii  ••  .' iiiliiisf  II*  .'ai'lii'l  7'i'i/"f«  iiii|iiini«*  a  i|ijeli|tic*^- 

ï      \,  •  lî !•■   I  lii  !• 

J    ^  I      •■  li  •       I  I    M  1-t  •      -il  ■•    \  I      »   I'  i.  ■  >  -^     '  .••I-»,  Il  *■.  ji    !  .  ■  /./  . 

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LES   TRIADES.  —  LE   CHAUDRON   DE   GUNDESTRUP  373 

unes  des  figures  du  chaudron,  particulièrement  aux  person- 
nages du  cortège  militaire  et  aux  divinités  à  attitude  bud- 
dhique,  à  casques,  à  cornes  et  à  torques.  Ce  ne  sont  pas  les 
Gaulois  de  Gaule,  c'est-à-dire  les  Celtes,  qui  ont  réagi  sur  les 
tribus  kimriques  du  Julland.  Ce  sont  les  tribus  kîmro-belges 
qui  ont  introduit  en  Gaule  ces  costumes  guerriers  et  ces  dieux 
nouveaux  empreints  de  couleurs  asiatiques.  Le  chaudron  de 
Gundestrup  représente  la  religion  des  envahisseurs  et  nous 
les  montre  sous  un  aspect  particulièrement  intéressant,  celui 
de  missionnaires  d'un  nouveau  culte  qui  pénètre  avec  leurs 
armes,  bien  que  le  foyer  actif  reste  confiné  dans  le  Belgium, 
jusqu'aux  extrémités  du  pays,  chez  les  Santons  d'un  côté,  chez 
les  populations  grécisées  des  bords  de  laMéditerranée  de  l'autre. 

Nous  avons  déjà  dit  que,  dans  ces  contrées,  le  culte  nous 
paraissait  avoir  été  apporté  parles  Cimbres  lors  de  leurs  excur- 
sions de  la  fin  du  ii®  siècle  avant  notre  ère. 

Et  maintenant,  quelle  date  attribuer  à  notre  chaudron? 
Sophus  Millier  penche  pour  les  environs  de  l'ère  chrétienne, 
un  peu  avant  ou  un  peu  après  la  naissance  du  Christ.  Ici  nous 
partageons  son  avis  sans  restriction  et  nous  croyons  pouvoir  en 
donner  des  raisons  plus  déterminantes  que  les  considérations 
un  peu  vagues  sur  lesquelles  s'appuie  l'auteur  du  rapport. 

Pour  nous,  à  défaut  d'autres  arguments,  4es  armes  seules 
du  cortège  guerrier  représenté  sur  la  première  plaque  ré- 
solvent la  question,  que  résoudraient  d'ailleurs  également  des 
considérations  mythologiques  :Ia  présence  sur  le  vase  du  dra- 
gon à  tête  de  bélier,  du  dieu  cornu  et  à  attitude  buddhique, 
du  Sanglier  et  de  la  Triade  de  la  onzième  plaque*. 

Deux  monuments  existent,  datés,  du  règne  de  Tibère  :  l'arc 
d'Orange  dont  la  dédicace  est  de  l'an  21  ;  Tautel  de  Paris  dédié 
au  même  empereur  par  \esNautae  Pa?*isiaci  sur  lequel  figurent, 
à  côté  du  dieu  Cernunnos^,  Esus  et  les  Dioscures',  rappelant 

*•  La  déesse  Artémis  entre  un  dieu  barbu  et  un  dieu  imberbe. 

2.  Que  M.  Mowat  a  démontré  Otre  un  dieu  eu  attitude  buddhique. 

3.  Il  y  a  quelque  probabilité  que  Tautel  de  Hfâms,  avec  son  Mercure  et  ton 
•Apollon  d'un  beau  style  accostant  le  dieu  cornu  et  accroupi,  est  de  la  niAme 
époque. 


:{7-i  LA    RKI.iniON    HFS  r.AULOIS 

Iri's  rliiirenif'iil  que  U»  ruile,  Hmil  le»  srèiu»»  fipiin'M'S  sur  li»« 
plaqiKtH  (lu  cliHiiiIron  sont  uni*  iii;inift'stali(in,  llfirissail  «ilurs  4 
H1MI11S,  tandis  qui*,  sur  Tare  (i'Oraiii:«*,  it*s  lrn|ilit*eA  <i*arnit»s  qui 
iMi  rel('V(>nt  Trclat  nK'tli'ul  siuis  nos  y«'ux  l'arnuMnenl  i*tini|ili*t 
du  ^U(Trii*r  rimiin*. 

Du  a  voulu  faire  di*srfndre  le  chaudron  jusqu'au  vi'  ou 
vir  siècle  lie  ur>lre  «;n'.  Petil-on  ennre  qu'au  vi'  ou  vu*  nièrl»», 
m  pleine  ««re  frauro-l)ur^und«*  dont  tanl  dt*  ciinetiên-s  nous 
révèlent  le  rosltinie  ^iierri»»r,  un  arljsle  aurait  n^jin-n-nit* 
un  dêni«*  de  lriMi|M*s  rappelant  Parnienii'ut  d'une  i'*poqiiL*  de 
hix  ou  MCpt  criils  ans  antérieun*?  l'A  si  Ton  i*sl  ronvaiiiru. 
comme  nous,  que  les  scènes  sont  des  scènes  iilu«*lli*s  appar- 
Icnanl  à  un  cullf*  spécial  local  «>u  régional.  «*st-il  vraisenihialilt* 
qut*  ce  culte  fût  fucon*  t*n  vii^u«*ur  après  les  révolutions  rcli- 
;;ieusi*s  qui  ont  accompagné  rélaliliss(?mrnt  du  i:ouvi*rn«*nii*nt 
ilf  Itomc  vu  lîauli*  «'l  en  rurmanic.  suivi  di*  la  convcrsinn  di*« 
Franc**  i*i  lliir::iiiidt*s  au  cliristianisni**?  i\t'{\r  leuvrc  coûifusr 
l't  de  loiiL'iic  liali'inc,  fi  Texéruiion  «le  lai|ucllt*  semblent  aV'iir 
ciMipèrê  plusieurs  arlisIt'M*.  M«*rail  une  «iMivre  d'.irt  létrfi^pectif. 
une  f.intai>i«-  aichênloiriqiif  sans  ain'uue  valeur  lii^t'irii|ue! 
Knctni'  <»i*rait-il  nécessairi*  de  iMunlrer  di'  i|ue|  milieu  crllf 
o'uvi't'.  i|ui  n'f-l  fr.'incliemiMil  ni  l;.lullM^e,  ni  romaine,  ni  hy 
/aniin*'.  aurait  |mi  s<»ilir. 

>i  l'niirormiMiii'nt  à  ^.l\i^  1res  mutive  de  >opliUH  Mulli-r. 
U'iu^  |»lai;«ins  l:i  rMitiii<i«.iti>in  i*t  la  fahricaliini  du  \:i<«i*  aux  en- 
virmiN  lit*  I  en*  «'liretietine,  les  piii^  :;rMssi>s  ilifliciitlf^  lii^pi- 
rai*«*«>iil  :  nmis  Minimes.  .1  Cfite  e|iiiqiii*,  d.iU'^  le  Itf  L'iiim  ••!  !•-« 
c>i[itiei>s  \iiisiiiis  rti  |iiiii*>H,iiit  iiHsi'/  [tiin  \i'rs  l'Kst,  il.in*«  un 
milh'ii  ou  la  ilenMiMTl*'  «I  lin  \.i*«f  d<*  i'«*  cai aetiTi*  ni*  iieiil  «'tn* 

lUh*  l'.lll*»!*  i|f  ur.'ind  etfinneilient.   pni'^qilf  la  quelli*  du  piils^  iR 

i|i-  W  ellef^rd'le  m-  li*rmine  ••Il  i|r.i::t»ii  .1  li'li*  ili-  l»«'lîer   li:;   ù\ 

^1  M<iii*«  piiii^^iiii^  pliiN  loin.iitiiis  ri'ficiiiitnins  chf*/ li-s  il^iii. 
iiiiiui|i'^^iii*\i*^.li*iiil|i*  du  ^.'uu'lier    «  Kn  suivant  A/#  *lir  urt^n- 


\      !     it-  •   .•  •   |i.i|i'*    :i»    |iir  ii«*rii|   |if     ^Ifr  i|«-   Il   tiii'iiir    iiiuii.  t.>«ll   -^l 
.11  'Il     *K   \i     **>i|ili.i«  \|-j..i  r  i|iil   III'-  «rtuMf  ji|«lilii  r 


LES  TRIADES.  —  LE   CHAUDRON   DE   GUNDESTRUP  ^5 

taie  de  la  mer  Suévique  '  nous  trouvons  les  tribun  des  jEstit  gui 
fa  bordenX,  Leur  habillement  et  leurs  rites  sont  ceux  des  Suèves, 
cur  langue  se  rapproche  de  celle  des  Bretons*.  Us  honorent  la 
rnère  des  dieux,  matreindeiim  veneranlur'.  Le  symbole  de  leur 


Fig.  61.  —  Queue  du  dragon  de  Wcltcrstelde  teriuiaée  en  LSte  de  bélier. 

culte  est  la  figure  du  Sanglier  gu' ils  portent  à  la  main.  C'est  là 
leur  arme  et  leur  dé/ense  unique.  Ce  signe  en  mainun  adorateur 
de  la  déesse  marche  en  sécurité  même  au  milieu  d'ennemis  »'.  H 
est  évident  qu'il  ne  s'agit  pas  de  tous  les  ^stiens,  jEsttorztm 
gentes,  mais  d'une  catégorie  appartenant  à  des  confréries. 
Le  mot  ritus,  qui  n'a  pas  été  assez  remarqué,  l'indique  suffi- 
sammeat  et  ces  confréries  sont  évidemment  des  oasis  dans  ce 
pays  cil  les  habitants  n'ont  pour  arme  que  des  bàlons  el  con- 
naissent à  peine  le  fei'\  du  temps  de  Tacite,  bten  qu'ils  culti- 
vent les  terres  et  se  livrent  à  la  recherche  de  l'ambre. 

A  cette  époque,  les  Cimbres  n'étaient  plus  qu'âne  faible  cîté, 
paroacivitas,  sedgloria  ingens'.  Toutefois  une  grande  enceinte 

1.  Tacit.,  Germ.,  XLV. 

a.  •  Quibua  ritui  habitusque  Suevoruui;  lio^ua  Britnuniae  proplor.  >> 

3.  Une  Cjbèle  ou  uue  ArtËuiin? 

^■  •>  Imigne  superelilioni?,  rorma^  aprorum  gestauli.  Ajuulons  que  le  san- 
glier dana  la  mythologie  scauiliaavc  élait  la  mouture  du  dieu  freir  :  ■  Freir 
travent  le»  airs  sur  te  sanglifr  au-c  soie)  d'or  nommé  GouUiiibouirta,  et  lire 
de  ta  êingutière  monture  le  surnom  deGoullinfiourUgandereH\e  poeseseeur 
do  laDglier).  Jacobi,  Dict.  de  myth.  universelle,  éd.  fr.;  cf.  «ub  verb.  Fret 
0»  Freir. 

S.  ■  BaruB  (erri,  Trequena  rustium  u^ub.  '> 

9.  Tac.,  Germ.,  XXXVll. 


370  L*    RKMCION    DES   0\UI.0IS 

rappelai  l  oncorr  liMir  an  rit' une  rpni>mméi»,  vpipris  f«imar  http 
vestiffiti  rnfinrnf,  ut  ratifie  ripa  rfi^fra.  Lii  ponv:iil  i*ni'«tr»* 
se  niaint(*nir  nn  «i(*  leurs  rol|i*:r(>s  de  prêtres. 

I/ar^niïKMil  il«*  TarnienitMit  est  encore  Itien  pinsproliaiit.  I««* 
ras(|ue  il  rnnies  et  le  rarnyx,  le  bitnelier  olilnn;:  êlaienl.  .in\ 
ytMix  (les  Itoniains.  «lepui^^  nn  denii-sièrle  an  moins  a\anl  la 
ronquAte.  la  rai'at'tèrisiii|n«*  du  guerrier  panlois,  r'est-.i  tiin* 
alors  lin  irnerrier  rinihre.  le  seul  avec  |(*(]n«*l  tli*pnis  pln^  tit* 
cent  ans  avant  notre  èr«*  Home  eut  «'*té  rontinnellt*menl  en 
rontart.  Les  d«*niers  frappés  t»u  l'honneur  des  \irloiies  r»*ni- 
portée^  sur  ces  terribles  ennemis  en  sont  um*  iiiéru*>.il»ii* 
prenvi*.  Tj»  n'est  pas  moi  «jui  i»n  détermine  le  l'araelère.  rV^î 
l«*  mappiis  de  La^'oy,  r'esl  le  baron  de  Wille. 

1^1*  rarnvx  n*était  point,  aux  temps  ile  rindèp^fiiUne**.  la 
trompette  nationale.  Il  ne  parut  ipie  tr«*s  tard  sur  les  mon- 
naies L'an  loi  ses.  Sa  rélébrité  venait  dt's  iléfaitrs  des  llimbre*. 
Li*  mémoire  du  manjnis  d«»  La^oy,  relui  du  b.iron  ili*  Wili**  no 
laissant  autMin  doute  à  ret  éîrard. 

Ijt*  marijuis  de  L'il'ov  ritt*  uni*  sérii*  df  denier^  df^i  famillf^ 
Fnn«lania.  r.loulia.  Ki:naluleia.   Juli.i  frappés  bien   avant  I.-1 
ronipn'^te   sur    lesipiids    tiiMire  le  rarnyx  a    tiln'  de  Irophn* 
en  MOiNfiiir  tii's  vii-toires  remportées  sur  les  barbari'silu  Nor<l 
Oui*Ih  bariiari*s.'  Suivant  Hurtrliesi    nous  in*  pouv«iii«»  rboi*ir 
un  nit'illi'Ur  L'uidi*  .  Ie*i  monnaies  ib*  la  famille  t'un  /fintn  «f 
rapp«»rtrnt  ottr  ni  tuirrs  dr  \t»iriti^  *///■  /#•»  iHirf**irrs,  ti»ins  /*•. 
rtt»  irtttts  iTAii  '71  l'r*it','/ii r,  L«*  inari|uis  tU*  La::i»\  appromt*. 
L**s  di-nii'r<»  ib-  la  fanolli*  ^'hmlta  aurairnt  b>  méuii*  «.ir.irti-rf 
iN  -nfii  riiiitemporain-  ib*s  priMni«*rs.  L«»s  d**poiiilb>«  ^mil  rfîlf» 
iiii  même  pi-uplt*:  rf^l  fiiron*  une  i:!oritii*ati<in  de  la  viri.nr*' 
•II-  XL-fifis  *»iii-  l**s  r.im lires,  i^luanl   aux  di-nit-is  dt*  la  f.iri:iii«' 
/.'//l'/.'f/  #!'/.<'    r.LMiatuii'MiH.  ilit  MumniMMi,  ftait  niioirtair**  «-n 
I  an  liiîT    NT  ans  axant  :iolre  tTr  :  le  tropbée  doit  faiii*  allusinti 
aux  in«'-iii«-*  ••M'iienii'nt'* 

Il  i"*!  .1  n»iti'r,  ft  ertti*  tdiMTvalion  n  t'sl  asniiremi'nt  pas  vin* 
vali-iir.  i|iii'  I»"*  r  isijiii*^  fai*«.'iut  parlii*  ib»  «'«'s  méini'<i  lri»pbfi-* 
*»iitit  dt*^  ra^ipii  **  .1  riirn«*s  «'miinie  rt*ux  dt*  l.iir  dllran:;e  «-l  ib- 


PI.  XXXI. 


8 


12'" 


13 


26 


♦      V 


Deniers  de  la  République  romaine  frappés  en  souvenir  de  la  défaite  des  Cimbrcs. 


LES   TRIADES.  —  LE   CHAUDRON   DE  GUNDESTRUP  377 

^  uelques-uns  des  guerriers  du  défilé  de  vase  de  Gundestrup. 

Nous  ne  pousserons  pas  l'examen  plus  loin*. 

Nous  ferons  seulement  remarquer  que  le  préjugé  qui  faisait 

^ie  ces  armes  l'emblème  des  bandes  auxquelles  s'appliquait  le 

V  erme  général  d'armées  gauloises  s'explique  très  simplement 

X^ar  cefaitque  les  dépouilles  des  Cimbres  transportées  à  Rome 

^rès  leurs  défaites  avaient  été  exposées  ot  étaient  vraisem- 

l)lablement  restées  longtemps  exposées  dans  la  maison  de 

Catulus,  à  qui,  prétendaient  ses  partisans,  revenait  tout  Thon- 

neur  de  leur  anéantissement  près  de  Verceil. 

«  Les  soldats  de  Marins,  dit  Plutarque^  ^  pillèrent  les  bagages 

des  Cimbres  y  mais  le  taureau  (T  airain,  les  étendards  et  les  trom- 
pettes furent  portés  au  camp  de  Catulus,  ce  quil  allégua 
ensuite  comme  preuve  que  la  victoire  était  son  œuvre  ».  Ces 
glorieuses  dépouilles  durent  certainement  être  respectées  et 
Ton  pouvait  peut-être  les  contempler  encore  à  Rome  à  l'épo- 
que où  Tare  d'Orange  commençait  à  prendre  tournure.  Des 
représentations  devaient,  en  tout  cas,  en  avoir  été  conservées; 
ces  armes  étaient  restées  dans  les  esprits  comme  le  type  le 
plus  complet  de  l'armement  des  barbares. 

J'ai  dit  que  le  caractère  kimrique  des  armes  composant 
les  trophées  de  l'arc  d'Orange,  reproduction  des  trophées  des 
deniers  de  la  République  dont  nous  avons  mis  des  spécimens 
sous  vos  yeux,  était,  pour  ainsi  dire,  écrit  en  signes  visibles 
sur  les  plaques  du  vase  de  Gundestrup.  Des  témoignages 
écrits  confirment  nos  conjectures. 

Nous  n'avons  pas  de  récit  circonstancié  contemporain  des 
batailles  d'Aix  et  de  Verceil,  mais  ces  récits  ont  existé.  Plutar- 
que  les  avait  certainement  en  main;  il  nous  en  donne  le  ré- 
sumé '.  Il  s'agit  de  la  bataille  des  Verceil  : 

«  L'infanterie  des  Cimbres  sortit  en  bon  ordre  de  ses  retranctiements 
et  s*élant  rangée  en  bataille,  elle  forma  une  phalanj^e  carrée  qui  avait 

\.  Voir  pour  plusde  détails,  le  marquis  de  Lagoy;  de  Witte,  Hffvue  nrchéoL, 
4887,  II,  p.  429,  pi.  XIV  ;  Alex.  Bertrand,  Uevue  archéoL,  1894.  t.  Il,  p.  32  et 
notre  pi.  XXXI. 

2.  Plutarque,  in  Mario,  XXV. 

3.  Plutarque,  in  Mario,  XXVI. 


.  ^  xj^jiULMii 


378  LA   RELIGION    I»E8  GAULOIS 

autant  <!«*  front  que  «l<*  iirufnniliMir  i*l  <lnnt  rti:ii|Uf  ••l'it»'*  i*MU\rait  tn-nti- 
>t.-nl«'>*  ilfti-imin.  L<>ur5  ravnliers.  .ni  nonitin*  ili*  i|nin/«>  nnllf.  •-t.nfnl 
in:u'nitii|iit*ni**nt  |i.irt'*s*;  Ifiirs  laMpifs  si*  ti*rniinaii'nt  **t\  u'ii«mi1i*^  |H*.int*-«  • 
l't  rn  iMiifl1*'H  (i«*  lM*'t«>!(  H.iuvaci's.  8urnionti*9  di?  haiitii  p.m.irhf*  ^••nil'!  !• 
hlfx  a  itfs  ailrs  i|iii  aj^iutaiiMil  imicmp'  à  la  haiilfiii  île  Inji  t  iiil<-  |U 
t'taifnl  l'ouvrrU  ilt*  cm  rassis  itr  fiT  *•{  «!•*  hou«ii«*rs  «lonl  la  \*\.iw  U^ux  }»•• 
ttit  le  plus  urnnd  iM-|at.  IIh  avait-nl  rliarun  ii«ii\  javr>|ii(^  n  l.in«-i  r  *  il«- 
luin.et  «ians  la  iu«''lt*«'  iIh  si*  sf*iv.iii-nt  tlV|irr^  lunKH'^^  «'t  |M*viiiti-«    . 

LoA  n*ritA  (le  cettt*  i*iiof|ii('  sont  roninn*  un  roniiiirnlain'  <lr« 
snilptures  de  l'an*  d'Orange  eliii^s  riHeliin*s  îles  tlt*ni»TH  l'.'rAi 
st)UH  ci*i  aspecl  Irailitiont*]  (|uc*  Diodon*  nous  pt'int  i'ii>-ii!f  It*^ 
rianiiiis  dans  lt*s  pri'miîTes  anii*'M«s  de  notn*  ^n*. 

I.f^  li.iul<M!i  '  iiiil  pHiir  aiiut'  «l«'fi*ii^i\i*  i|f<  huiiilii'i^  .iMMi  liaul%  •|ii'iiri 
hiiMini**  rt  ipji-  <  liai'iin  Minr  a  *>a  iii-iuii'ii*.  ('.••iniiii*  li-x  |Miiii-liiT^«ir\  •!•  m 
nmi  M'ult-nii'Ut  il*'  (lff«*nv,  ni.ii>  «l'Mrni'iiifnt.  •|iif!i|ii«*^-iih<»  \  fimi  ^i  i%«  r 
tli's  titfuri'»  ii'aii.iiu  l'U  1mi<«m*|  li.i\ailli*<'<i  avi.*r  lMMijriiii|i  il.utV  |.«*iii^ 
«  .i*>ipi«"«  «r.iiraiii  ^iiut  kMiiii*«  li*'  •iaiiilf?H  sailli*'»  i|ui  (lnnip'Ut    i   •«'■ii    \'i. 

|i>^     p<irl*Mlt     Uil     .|<«|'t'i'l      failla^tllipl*'.     .1    «/U'/'/llrA-Uli^    i//     t^%     'rjt/ll'*      i-.fi/ 

^1.1''.  *■/»■*  "iiij' ».  IN  uni   il*'>  lifini|i<*t(i'«  /•fir'i'irf«  i*l  il'iiii ii«lr>i* 'inn 

|i.itiM-iilit'te  •|iii  li'iiili'til  un  ««iiu  «im'ii:**  •*(  a|i|ir<>|*f i»'*  ni  tuninll*  «'u-'f 
ri>'f .  l.*-s  iiii<«  pi«r(**rit  ilfH  •  iiti.i>«i-<«.  iI«'h  in.iiili'H  (!••  ffr,  l<-«  inlf*.  ■  <!i- 
tiMitt  il**  li-ni^  .1  V  ml  ii;*"4  ti.iliir*'i<»,  •  ••iiiliitifrit  nii«.  An  le-ii  ir>|ft-«  ii 
|ii'liti*  i*|tfi'  iiini-iin'' .  iK  ont  «1*'h  •■'»|i.ii|tiri*  <iii!^pfii4ln<i  -m  Il.iii<  pir  ^\-% 
l'Iiitiii'o  •!••  f«'i  ••Il  irui.iin'.  <Jii**li|n**>  nii^  fntunrfiil  li'iir^  lunti|iit-«  il* 
•  •  iiilni>'>  il  iii  '-l  «r.ir k'**nt . 

.N«*  dirait-ikii  pa<«  (|iii*  r«*ttt*  ili*MTi|iti(iii  at*t«'*  •*\traili',  l'iiiniiif 
if  mil  di*    IMiitai'ipH*,  il«*H  iiiiMiiuiri's  d**  llatiilu*^  mi  dr  >\ll.i. 


t    *>4  ■!•  t.iiU  ii'<iiit  pli  •-Ir*'  |i>n«i  •  i|ii.-  il  m*  |f  p't'il  -ï'uu  •'•iittr<ii|Nir  n;. 
J  i>  iMiil  i>\|iliiiii*'  1a  (If' -•  ti>  •■  «ur  \  .%f  ilMrauk''    >!•*  •vil***  i|iii  pirii»i   :.'. 
rii  •  tTi'l  tri"-  rnlir-. 

I      N'\   A-l      I    |il>    Il   4'ii||fi|«lii||  ,|«i-i     i.t    h'Il-  ilji-    i|*-«   r.iriMl   ' 

•  t.r  'It'l-iil  ••■  r<-triiii^«*  «iir  i<  -  .{''nirr*  trii>iiipli.iiii,  ai:i*i  •|ii''  \^*  lu:.,;»  *»  -  •• 
I  lirr-     l.<-    ri<it  ri-i.ilif    m    |>i*»ii:*-    I**    Alftr»   ppiil    iIxiiimt    iiih    i  !•  •    ■:■    ■« 
itiiii*  ;i»iitli  •!'*   >iir«  tHimli.r*    ■'     wii,     •  /''in  mui  iin  «•••n'^'l  tift    Hf-^*    ;    f' 
rrri    ilrt     f    u    «-i-,  ■      /#■      ■!•■■.*       ./i       .•••     i   liiihri'»       i.ffi,  •    j»r»i/     n.        .'■■-,     f 

I /ir>  •  rf    Vtii»  .'ifM  i'    J   "lii    •'!■      /«-t    '.l'i^'i   ^1    1    i'   .«I-/    ri'i-f-if    -I   /■!       tl/.i.l   .'i-      :^    .j 
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l»i>»i      \.   t«\. 

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.!■•:••••  i.ir    II,  .  ;  .r.      \...r   an   V|  i»*».    |.i    mlli-    Ml     <:iiiirtirrr«  «lu    ilrp«rtr  i.^t  :.t 
I*-  1 1  %l  irn>- 


LES   TRIADES.  —  LE   CHAUDRON   DE   GUNDESTRUP  379 

OU  rédigée  de  visu,  en  face  de  ce  qui  pouvait  rester  à  Rome, 
conservé  ou  représenté  par  la  peinture  ou  la  sculpture,  des 
dépouilles  des  Cîmbres  et  des  Teutons?  Où,  en  effet,  vers  Tan 
20  de  notre  ère,  c'est-à-dire  soixante-dix  ans  au  moins  après 
la  souoiission  de  la  Gaule,  Diodore  aurait-il  pu  se  trouver  en 
présence  d'un  pareil  ensemble  d'équipement  militaire?  Cette 
description  est  évidemment  rétrospective. 

L'an  113  av.  J.-C.  (défaite  des  Cimbres),  Tan  21  après 
notre  ère  (inauguration  de  Tare  d'Orange)  me  paraissent  déli- 
miter la  période  pendant  laquelle  les  types  représentés  sur 
les  deniers  et  sur  les  trophées  de  Tare  triomphal  durent  s'of- 
frir et  pour  ainsi  dire  s'imposer  k  Tesprit  des  artistes  romains, 
gallo-romains  et  kimro-belges  chargés  de  représenter  des 
Gaulois  ou  des  Cimbres. 

J'insiste  sur  ces  faits,  le  chaudron  de  Gundestrup  me  pa- 
raissant résumer  en  lui  toute  une  phase  mythologique  de  la 
Gaule  orientale,  correspondant  à  cette  même  période  de  cent 
cinquante  ans. 

Les  monuments  si  originaux  et  relevant  de  ce  cycle. décou- 
verts à  Roche-Pertuse  (Bouches-du-Rhône)  et  à  Saintes  pour- 
raient s'expliquer  par  Texislence  de  confréries  analogues  aux 
confréries  druidiques  ou  de  petites  colonies  cimbriques  rap- 
pelant celles  dont  César  constate  l'existence  à  Aduatuca^ 

En  résumé,  la  découverte  du  chaudron  de  Gundestrup  ap- 
paraît, avec  un  grand  à  propos,  à  Tappui  de  la  thèse  que  nous 
avons  à  plusieurs  reprises  développée  devant  vous,  à  savoir  : 
le  caractère  kimro-belge  des  divinités  qui  jusqu'ici  ont  passé 
pour  des  divinités  celtiques,  Esus,  ïaranis,  Tentâtes  ainsi  que 
les  divinités  dont  elles  semblent  être  des  doublures,  les  Tricé- 
phales  et  les  divinités  cornues.  Ces  divinités  ne  sont  point  des 
divinités  celtiques  au  sens  restreint  du  mot,  tel  que  le  dépeint 

1.  B.  G.,  n»  27.  Ils  desceudaieot  des  Adaatiques,  restes  des  Cimbres  et  des 
TeutoQs  qui,  pour  gagner  plus  racilemcut  la  proviuce  de  Gaule  et  l'Italie, 
avaieot  laissé  eu  deçà  du  Rhin  les  bagages  trop  embarassauts,  sous  la  garde 
de  six  mille  des  leurs.  Ces  derniers,  après  la  défaite  de  leurs  frères,  avaient 
lutté  loogtemps  contre  les  peuples  voisins.  Puis,  la  paix  s'étaut  faite,  ils 
fl'étaieot  dédoitivemeut  ûxés  dans  ces  lieux  »  où  ils  formaient  une  peUte  colonie. 


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XX  V«  LEÇON 


Messieurs, 

Le  sujet  est  loin  d'être  épuisé,  mais  nous  sommes  arrivés 
à  notre  XX V®  leçon;  le  règlement  de  TEcole  nous  impose  de 
nous  arrêter. 

Quelle  idée  emporterez-vous  de  ce  que  fut  la  religion  des 
Gaulois?  Les  résultats  acquis,  je  ne  me  le  dissimule  pas, 
sonl  surtout  négatifs.  Nous  n'avons  pu  exposer  devant  vous 
un  tableau  complet  de  la  religion  de  nos  pères.  Nous  espérons 
du  moins  avoir  détruit  plus  d'un  préjugé,  plus  d'une  erreur. 
Nous  avons  déblayé  le  terrain  où  d'autres  plus  jeunes  bâtiront. 
Nous  ne  croyons  pas  avoir  fait  œuvre  stérile. 

Vous  devex  être  persuadés,  comme  nous,  du  peu  de  valeur 
que  présentent  les  renseignements  d^ordre  religieux  transmis 
par  César.  César  a  parlé  en  politique.  Du  tableau  qu'il  a  tracé 
de  lareligou  des  Gaulois,  quaire  ou  cinq  assertions  seulement 
sont  à  maintenir  :  Les  Gaulois  ont  des  dispositions  naturelles 
aux  pratiques  religieuses  ;  la  croyance  à  l'immortalité  de  fâme 
forme  le  fond  de  leur  religion;  ils  se  prétendent  issus  de  Pluton 
(Dispater)  et  en  conséquence^  comptent  le  temps  parnuits  et  non 
par  jours;  les  druides  forment  une  classe  à  part  dans  la  nation; 
C institution  est  originaire  de  la  Grande-Bretagne^ . 

Les  cinq  grandes  divinités  gauloises  assimilées  constituant, 
d'après  les  Commentaires,  le  panthéon  gaulois,  correspondent 
moins  à  la  réalité  qu'à  une  conception  factice  pouvant  s'appli- 

1.  César,  B.  0.,  VI,  16-18. 


:i82  LA    RFXIGION    HES  GAULOIS 

qiicr  à  la  religion  celtique  tranAform«*e  par  la  conquAte  et  jet^r 
un  certain  jour  sur  le  caractère  île  cette  transformation,  mai^ 
qui  nous  laisse  dans  la  plus  complète  i^noranct»  touchant  l'étal 
religieux  de  la  Gaule  à  IVpoquc  de  Tindépt^ndance. 

Nous  avons  du  combattre  deux  autres  prAjup*s.  Nou^ 
croyons  avoir  démontra,  après  Kréret,  ipn»  l'usage  des  sarri- 
fiers  humains  n*esl  ptiint  un  fait  imputable  à  la  doctrine*  di*« 
druides,  bien  que  rertains  membres  de  la  corporation  présidai 
Sfnt  à  CHS  cruelles  rèrémonies.  Nous  en  av(»ns  rejeté  la  respon- 
sabilité sur  b*  clinmanismr  qui  régnait  en  Gaule  av.int  le*^ 
druid«*s. 

Sur  l'autorité  d*un  texte  unique  i*t  mal;;ré  le  silence  siu'niti- 
catif  de  r,é<ar,  Dindore  et  Sirabon,  Ksus,  Tarani<  et  Teutaten 
pnssent  généralement  pour  èlri*  les  grandes  divinités  de  j'f. 
poque  celtiqu<*.  Ksus  aur<iil  représenté  l'Ktn*  suprèiii«*  fl  r«* 
do^Mue  aurait  fait  la  ba^^e  de  renseigneiiit*iil  d«*s  druidrsV 
I/étude  des  monuments  nous  a  démontré  que  res  divinités 
sont,  en  Tiaule,  des  ilivinites  légionales  étranL'êres  aux  tra'li- 
tioiis  des  druides  et  reirvani  non  île  la  niyth<do::ie  reitiqur 
proprement  dite,  mais  de  la  inytlii>logie  kimni-lndge  i*ns««ii* 
liellfni«*nt  ditférenti*. 

'Ires  intéresHante  en  elle-niéme,  au  point  de  \uedt*  l'his- 
luire  géiié|-;i|i>  d«>s  reliL:ion>.    cette  mytbiilo;:ie   kinin>-lM*l;:e 
tbinnerail.  si  l'on  ni*  si::nalail  pas  ««nu  tiriuiui*  élrangèn*.  U 
plti*«  faussr  idéi*  fin  génie  religieux  de  nos  pères  et  de  Ten^'ei 
^Mifiuenl  lies  driiiilfs.  Inirs  édurateur.*». 

Kn  résume,  b*s  te\it»s  ri  b's  monuments  li^urés.  relativement 
rerfiits.  iiiiiiH  renseignent  sur  r**  que  fut  la  reli^'ioutle^  liallo« 
Itomains  d'un  rAté  et   îles  Kimro-ibdces  de   l'autre*.  ii%  ni- 
jettent  pii'Hqiiraui-untM'Iarle  suri  .'inii*  relik'ieuse  ijr  ia  nati-m 
r.i'lli*  .'une  nou*^  criiV4ui!«  l'avoir  atteinte  par  une  autn*  vnie. 

>tius  r**tte  ronrlie  ;:allo-r«»inain«'  ei  kimro-btd&re  %ub*»i«tt* 
Itiiite  um*  dem«inoli»:;i**  qu^*  les  rri>\anres  im|iortei*H  reloulf- 

nul*  '  t  ti>    .1  fii|r>  >  m  ■•  I  il<      •  f    /.•-  •  /ff  irii*  r  I    H'i'itttiHii    *t'  (  i  M*  ••«K.  j'  '  îil    , 
t   M.   •     •' 


RÉSUMÉ  383 

renl  sans  la  détruire.  L'étude  des  superstitions  populaires  nous 
met  en  présence  de  cette  démonologle  primitive.  Le  culte  des 
pierres,  les  pèlerinages  aux  fontaines,  les  pratiques  des  feux 
et  des  herbes  de  la  saint-Jean  sont  des  survivances  qui  font 
revivre  à  nos  yeux  le  passé  le  plus  lointain.  On  a  trop  dédai- 
gné jusqu'ici  Tétude  de  ces  survivances.  L'Eglise  seule  en  a 
compris  l'importance.  A  ces  divinités  de  la  nature,  dont  le  culte 
était  pour  ainsi  dire  entré  dans  le  sang  de  nos  populations  pri- 
mitives, elle  a  substitué  ses  saints  et  nous  en  a  ainsi  conservé 
la  tradition.  C'est  là,  comme  aussi  dans  les  Reverdies  de  mai  ', 
que  nous  retrouvons  les  traces  de  la  vie  religieuse  de  nos 
pères.  Nous  avons  donné  des  spécimens  de  ce  qui  pouvait  ôtre 
fait  dans  ce  sens.  La  mine  est  riche*  mais  il  n*est  que  temps 
de  l'exploiter.  Les  parois  en  croulent  de  toutes  parts. 

La  religion  des  Celtes  était  une  vaste  démonologie,  domi- 
née par  la  croyance  à  une  puissance  divine  supérieure  dont 
les  esprits  qui  animent  toutes  choses  sont  les  manifestations  : 
spirittis  intus  alit.  Nos  pères  voyaient  des  manifestations  de 
celle  puissance  suprême  dans  toute  la  nature.  Cette  disposition 
d'esprit  native  qui  parait  avoir  été  encouragée  par  les  druides 
avait  conduit  nos  pères  à  peupler  la  Gaule  d*une  infinité  de 
génies,  divinités  sans  sexe»  sans  contours  arrêtés,  sans  nom 
propre,  sans  personnalité  précise.  Aucune  de  ces  divinités  ne 
donnait  prise  à  l'anthropomorphisme,  aucun  artiste,  aucun 
poète  ne  pouvait  y  trouver  les  éléments  d'une  représentation 
sous  des  traits  reconnaissables  de  Tun  quelconque  de  ces 
esprits,  inséparables  des  corps  auxquels  ils  communiquaient 
la  vie.  A  aucun  Celte  ne  serait  venue  la  pensée  qu'il  fût  possi- 
ble de  voir  face  à  face,  sous  une  forme  matérielle,  la  divinité 
suprême*,  impersonnelle  dont  l'existence  éclatait,  pourtant 
aux  yeux  de  tous,  dans  ses  œuvres.  Ce  sentiment,  qui  explique 
Tabsence  en  Gaule  de  toute  représentation  figurée  de  la  divi- 


1.  Cf.  GastOQ  Paris,  Le^  origines  de  la  poésie  lyrique  au  moyen  âge,  p.  14. 

2.  Simon  Pelloutier,  dans  son  Histoire  des  Celtes,  a  très  bien  compris  le  carac- 
tère de  la  religion  celtique.  S.  Pelloutier  comme  Fréret  est  aujourd'hui  trop 
oublié. 


iiili;  (liirunl  r;'i::iMiii  hroii/c  h»ii(  entier  et  la  |»lii?«  irrainli*  |i.irtif 
fil*  rii|:«*  <lii  fiT.  avait  rh*  fotlilir  par  riMiM'i^ntMUfiil  iMiifuriiif 
litfs  (l^lli(ll*^.  (i  i*st  â  rt'lh*  i'.*i|i«m'i'  «Ii*  paiitiiéiMiiii*  iialiirali*^it' 
4|iif  M'iiiM«*iil  fairr  allusion  \v<  «lifiix  vn-s  si  s(Mi\t*nt  viXr^  iji- 

Suit  A  «infAf'  i/*'i»s  i7  /•«•//  Humtwi  »•*,//#% 

\é\'^\i\\\  «lu  |)antii(*<»ii  :;rtM'  (*t  latin  riait  I  «i|i|m»<***  •!•'  ('■'**  v:i 
;:iir>  croyances.  Par  l.i  <«*r\|i!i<|Ut*  l'inanilf*  ili»^  Init.ilixf»»  folf- 
ju^qu'iri  pour  ri*tr(»u\i'r  l«*s  ilicux  ;:aiilois  s(min  lalunii-  'l*-^ 
ilivinités  ;:allo-roniain<'>'. 

<Juanti  on  «'•tntlii*  i'i*iiM*nil»l(*  «le  la  n^li^'iitu  ilfs  <îauli>i<*.  uni- 
ilisiinclinn  tri*s  nette  «'^t  «lonc  a  fain*  cniri*  l**<  ••p«ii|ni'H  l't  i-nli •* 
U*>  piipulations.  On  nt*  prut  arrivera  la  liiniii'it*  «jut*  par  M  «*•' 
paration  *\v^  eli'*ni»*nl«»  iniiii;i'nt'.s  i*l  i|i"»  i*ii*nifnt»»  liftiT-ijfn*«» 
«|ui  t»nt  «'iiniiilii|iii'  «'ii  I  alti'iaiit  i«*  rtihi*  ilfs  trihn*»  piifnitivf^. 
Ofi  an  ive  ainsi  a  lornii*r  trois  :;r>Mipf^  i|i*  ilivinitês  iii-tiiit  l»-* 
nn  LTiinpi*  L'allo-runiain  mu  «h*  la  roiii|tif**t<'  très  lii«*n  lii'lini  '  : 
n:.  ^rttupc  kiinru-lii'li;!*  mu  «lu  nonl-i"*!,   Iicaui'oup  \\\\\^  rf«« 
iri'inl.  mais  «l'iim*  •iriL'in.ililr  |»lu>  nianjUiM',   a  r«M**.  «m   .m 
<lr.*»<«us  lin  tionilifi*  infini  <li*  L'«*iiirs.  «ii*  nyniplit**^.  «!•*  «IfiMun*. 
t-ffMtiMii<i  Npiiijtant*i*s  i|i*s  pnpulati'ins  piiniiti\rs.  r<*pri**^»*nt.ini 
li's  in«»tin«'l««  I flii:irii\  ijt*  l.i  i.-iri*. 

('.!•  nillf  ili'niiiniai|Uf,  finit  ii.itiip'l  «tt*  r.luie  ri'ltiiiui*.  .iv.iil 
un  r.ira<  ifif  |iM«*tii|ii«*  itiiit*  ilitnt  un  rt*iriiiiv«*  It'*^  liât  •**«  •!  iii« 
1.".  |i*::i'iii|fs  l't  h*  fillxiiii-  il-  i.i  Uii'lajni'.  «!••  ia  Vfiiil»  •■  An 
PtiitMii,  <ir  r  NiiviTL'iii*.  ilu  M'ifvaii.  ilii  I«inittiisiii  rt  i|*'<«iiiii- 
lii'i'N  si)i]s>pviftit*ciini"«  * 

r.ft'.i*  fi'lri'hiu   naliii  \\\^w  il.ri»   ^a   nai\rt**  n't*tait   m  «aii^ 

1     /••       '  J.'r    I     •   J 

J     I:..     .  «     •J.';.  Il     .■•••irr  I  t  •  trr   f  ilti-    ;-ii'Jr  '|ijr  |i|lir».  ijllf    ilr»   <ll%  lUll'  •      î'       • 
Il  vIN  >     .'i-     ftt  i,r  •   :.■  ,.-■ 

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I'  1--  I    ■      I     ■r'j.--'ll    •!•   *      :>  »  liilt<  -. 

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I      t  '         ,    ,     ,.1     I   ■     /  r ,   «  .      ,      i  I  II  4'  ■■  .j ii«  ri  'i M    /*  l'iu'^  '/  l'x    /* 


RÉSUMÉ  385 

beauté,  ni  sans  élévation.  Si  un  sentiment  profond  du  divin 
est  l'essence  même  des  religions,  les  Celtes  chez  lesquels  ce 
sentiment  était  si  général  et  si  vif  doivent  être  classés  au 
nombre  des  groupes  humains  les  plus  religieux  de  la  terre. 
L'adoration  des  forces  de  la  nature  animées  par  Tesprit  d*un 
Dieu  suprême,  incorporel,  accessible  à  l'imagination  seule, 
croyances  conformes  à  la  doctrine  philosophique  des  druides, 
jointe  à  un  sentiment  dominant  de  l'immortalité  de  Tâme  que 
l'antiquité  tout  entière  a  reconnu,  était  plutôt,  en  Gaule,  un 
écho  de  la  grande  voix  populaire  qu'un  dogme  inspiré  par  les 
éducateurs  du  pays. 

A  défaut  d'anthropomorphisme^  à  quoi  répugnaient  leurs 
instincts,  les  Celtes  adoraient  certains  symboles  d'origine 
orientale,  le  swastika,  la  roue  solaire,  le  cercle  centré,  le 
marteau  ou  maillet,  le  foudre  rappelant  à  leur  esprit  les  dieux 
de  la  lumière  et  du  feu.  Ce  sont  ces  symboles  dont  les  Gallo- 
Romains  firent  les  attributs  de  quelques-uns  de  leurs  grands 
dieux,  Apollon,  Jupiter,  Mercure  et  Minerve,  pour  en  faire  plus 
facilement  accepter  les  images  aux  Gaulois. 

On  aurait  tort  de  ne  voir  dans  la  religion  des  Celtes, 
qu'un  ensemble  de  pratiques  superstitieuses  déshonorées 
par  Tusage  des  sacrifices  humains.  Jean  Reynaud,  dans  sa 
célèbre  étude  sur  U esprit  de  la  Gaule,  nous  semble  avoir  eu 
un  sentiment  vrai  de  Toriginalité  religieuse  des  Celtes  quand 
il  dit  :  «  Si,  dans  ^ensemble  des  sociétés  humaines^  la  Judée 
représente  fidée  du  Dieu  absolu,  la  Grèce  et  Rome,  fidée  de 
thomme  et  de  la  société^  la  Gaule  représente  avec  la  même 
spécialité  l'idée  de  C immortalité  »*. 

Cet  instinct  religieux  antérieur  au  druidisme,  à  l'invasion 
kimro-belge  et  à  plus  forte  raison  à  l'invasion  romaine,  forme 
le  fond  de  la  religion  des  Celtes. 

Le  culte  kirhro  belge  des  Triades,  l'anthropomorphisme  hel- 
lénique se  sont  superposés  à  ces  croyances  d'ordre  supérieur 
sans  les  détruire  et  presque  sans  les  altérer.  C'est  au-dessous 


1  Jeau  Reyoauii,  Lespril  de  la  Gaule^  p.  5. 

25 


:IS<»  LA    ilKLKilON    liKS   GAtM.DlS 

ih?  r<>s  d(*ux  cotichosi  relativement  réccntt^s  (jn'il   faut   aller 
'?li('rriier  la  religion  deft  r.eltcs. 

Il  semble  d'ailleurs  (]U(*  la  inytiiolos^ie  kimri<|iie  a  p«Mi  d«'*- 
passé  li*s  contrées  l(*s  plus  orirntales  dt*  la  fiaule.  L'anthm- 
pt»niiirpliiHiui*  liellénif]U<*  (*t  romain  (|ni,  pour  un  inslani. 
c«»ut|uil  l«'S  cnuriies  supérieures,  ne  p«';nêlra  jamais  les  nuirhi'^ 
inféricun^s  i>l  n*a  laissé  aucune  tra(*«>  sérii*usi.*  «ri  duraldi*  tlaii^ 
ItMistMable  d(*  la  nation. 

Ouid  fut,  au  milieu  de  ces  r«'*vulutii>ns  soriali's.  Ir  r*'»U'  rt-ii 
^ii*u.\  des  druides,  dont  !•*  carartèn*  d'éducateurs  du  |iiiys  n'»s\ 
paseiinteslable?  Il  ont  encouragé  plutôt  <]uenintrarié  re«  in%- 
lincLs.  Ils  n'ont  introiluit  en  fiatile  aucune  divinité  n(»uv«-ili 
Leur  pliilosopbie   tolérante,  coUaun*   ridie    di*s    lioudiilii^tf^, 
planait  au-di*<sn<  dr  tou>  les  ruitfs  particuliers,  lis  si*  r«*n- 
tentaient   d«*  présiijer  Its  cérémouies   traditionnelles  .i  titr«* 
d'int(*rniédiaires  iiécr^saires  entre   li*s   hommes  et    1rs   ili«Mi& 
4|U«ds  «priN  fussi'Ut.  ciiuinie  avant  eux  faisaient  Ifs  rliamaus. 
r/cst  il  Cl*  titri*  «pi'iN  assislaieut  aii\  sai'ritices  humain**  «]ue 
leurs  docIriiM*^  |diilosi»pliii|iii*s  di^vaiful   ri*pudi<*r.  lU  ^f  prt'- 
si*ulèr«*nt  surt')Ut    i»n  (îaule  couime  hommes  d«*  scifure.  di- 
rci'tt'urs  à  ci<  titn*  des  p«*upli*s  rt  ilt*^  rois.  .Nous  ne  voyons  p.i^ 
«priN  aient  l'imb  itlu  h*  cnhc  df  la    triad**,   l'Nu<«,  TaraTii»  ••! 
'rculat«*<«,  uviir*  ds  n«*  s'«»n  lirenl  c«*rtainement  pas  U»%  apôtrrs 
Nous  ne    rfni'ontruns  pas  h>  ciilti*  ih*  la    Triaile  la  ou    lin- 
t1ueiiri>  ih's  iJruiilfH  a  laissé  des  trai*e*^  •'••rtaines.  Il  ne  ^fUibi*' 
pas  iinu  plus  ijuils  airut  liill«>  i-itiitr'*  h*  pt)l\lliéisiii«*riini.iiii . 
ils  u'a*«piraient  .i  aucune  oithodoxie  ri'lu'ifuseji'ur  i*n^i*ijn**- 
mt'ut  tout  scienlilii|ue  ri  tout  phil'isophiipit»  n'imiMisalt  .lu- 
ctiii  rrt'dii  précis.   .Nous  nous   icprésciitouH    leur  phitosuphif 
coniuii*  rouipoM'i'  d  ecnh's  diviT^en  suivant  h**»  i'<>muiunautés 
f*t  leH  if-mp^i.  La  serait  l'explication  nalundle  den  iliveriri^niVA 
r«dfM*es  dans  li*sauti*urfi  anciens  au  siij«>i  d«*  la  mitrration  di'S 
Anii'^.  t!«'  tpii.  liaris  |««s  couiuiiinatitê*^.  ih'vait  êtri*    imp*»«e  i 
titre  lie  trxle  imuiualde.  c'étaient  le*«  fitriiiiili-<i  il'incantali«*n. 

ri   |i>  rndi-  de  ImÏh   p'tnis   riiUItlie  lin  ilepiM  s.icré  aU  Collège  ili-^ 

préites.  Ils  ni*  païai'^^eul  pasa><iii  ni  d  rii^**i,:ueiiienl  secret. 


nÉsuMÉ  387 

présidait  dans  l'organisatioD  de  Jours 

^nlt  dos  séminaires  sociaux  pluldt  que 

'■^^iilarité  de  la  vie  scolaire  qui  durait 

ofiligr'  de  connaissaacDS  dont  la  foule 

taies  élaiant  lotalement  privées,  la  haute 

Idans  le  monde  un  certain  nombre  des 

^latî'^n,  expliquent  le  rdlc  prépondérant 

Mnijaiit  longtemps  au  milieu  de  tribus  pas- 

■i  l'osiiril^'Lierricrnedominaitpas  encore. 

If  famillt>$  de  druides.  Les  fonctions  du 

•ns  rie  ju^os,  de  médecins  n'élaicat  pas 

.(lie  relies  de  philosophe  ou  de  professeur. 

l'iilait  par  sélection,  au  moyen  d'examens 

-  nrili:^.  Li>s  cundidals  sorlaientdu  pays  même, 

uni  m  an  aillé  s,  bien  que  vivant  de  leur  vie 

sjii-i'os  d'oasis  inlellecluelles  au  sein  de  la 

Uaient  ainsi  ca  contact  intime  avec  elle  sans 

iation  directe. 

B,  bien  qu'ayant  joué  un  très  grand  rôle  dans 

(ays,  les  druides  —  je  veux  dire  les  commu- 

|ttei^  ' —  n'eurent,  au  fond,  en  Gaule  du  moins  où 

hlfi  importation  étrangère,  qu'une  inQuence  très 

iar  la  foule  et  même  sur  l'aristocratie  gauloise 

[Uéte  kimrique.  Elles  laissèrent  à  la  foule  toutes 

lions,  à  l'aristocratie  toute  son  ignorance.  Quand 

jnrent,  la  Gaule  dut  se  retrouver  à  peu  près  dans 

B  était  avant  qu'elles  fussent  venues  apporter  aux 

^ales,  aux  chef»  de  clans,  le  concours  de  leur  science 

etpérience  accumulées, 

tons  soupçonné,  et  nos  soupçons  nous  paraissent 
■Sur  les  raisons  les  plus  sérieuses,  que  ces  inslitu- 
k  le  caractère  avait  dû  se  modifier  et  se  transformer 
t  contrées  en  conservant  toujours  leur  même  valeur 
idépôt  de  la  science  orientale,  remontaient  aune  très 
KUquité  et  avaient  joué  sur  le  développement  de  la 
Uoii  en  Occident  un  rdie  considérable. 


U  AELItitUN    DES  C 

■4>  ne  savons  à  quelle  époque  ni  nièmt.'  d'une  manîËru 
ne  <)urjnt  qiiflle  période,  les  communautés  druidiques 
'     irent  fi'inalatler  en  Gaule,  ni  si  elles  y  furent  jamais  autri; 
te  que  les  succursales  descommunaulés  de  la  Grande- 
itagne.  On  peut  affirmer  seulement  qu'elles  y  étaient  ins- 
es   k  une  époque  voisine  de   l'invasion  kimrique  et  se 
•nt  au  service  des  chefs  de  bande  à  l'action  desquels  re- 
monte l'élat  social  particulier  où  se  trouvait  la  Gaule  au  mo- 
ment où  César  franclitl  les  Alpes,  puisque  à  l'intervention  des 
druides  seuls  on  peut  allribuer  l'éciosion  de  certaines  indus- 
tries comme  la  frappe  de  la  monnaie,  l'art  de  construire  des 
forteresses  régulières,  le  développement  de  la  métallurgie  du 
fer,  rétamage  et  peul-élre  mêm  ?  l'émaillerie.  Mais  ces  secrets 
étaient  leur  bien  propre.  Ces  industries,  ayant  pour  ouvriers 
des  membres  de  la  corporation,  ne  survécurent  pas  à  la  disper- 
sion des  communautés;  nous  avons  dit  pourquoi  il  y  avait 
encore  moins  lieu  de  recher         ,  après  la  conquCle,  les  traces 
de  leur  influence  religieuse,     uisqu'ils  avaient  simplement 
développé  les  instincts  nalureu  de  la  nation. 

Du  jour  où  l'Empire  refusa  de  reconnaître  les  privilèges 
que  les  anciens  chefs  s^auloïs  leur  avaient  concédés  et  qui  leur 
avaient  procuré  la  richesse  avec  le  pouvoir  moral  et  intellec- 
tuel, du  jour  où  les  écoles  de  Marseille,  d'Autun  et  de  Lyon  lui 
eurent  enlevé  la  majorilé  de  leurs  élèves  qui  n'avaient  plus  à 
attendre  d'eux  aucun  avantage  matériel,  du  jour  où  les  sévirs 
augustaux  el  d'autres  collèges  de  prêtres  officiels  purent  pré- 
sider aux  cérémonies  et  aux  pratiques  religieuses,  tes  commu- 
nautés druidiques  n'eurent  plus  de  raison  d'élrc.  Le  culte  de 
la  science  el  lu  iroùl  de  la  médtlalion  solitaire  ne  pouvaient 
suffire  à  leur  recrutement  et  par  suite  à  les  faire  vivre,  (juand 
tous  eus  (lébouchés  leur  furent  fermés,  il  ne  resta  plus  à  leur 
actif  quu  la  fnule  des  devins  el  des  médecins,  turbavaitimme- 
dicorinntjt/i',  qui  ahumlaienl  dans  les  communautés  el  que  les 
préjuj,'-és  et  rallertiou  de  lu  plèbe  protégejiienl. 

Lu  uiiijiiriir'  des  comnniuaulés  se  relira  eu  Aiif,'lcterre  et  en 
Irlande  où  elles  conlinuèreul  à  prospérer  jusqu'au  moment 


où  elles  se  transformèrent  en  abbayes  chrétiennes.  Là  est 
la  vraie  explication  du  merveilleux  développement  des  ab- 
bayes de  l'Irlande,  dès  le  commencement  du  vt°  siècle,  ainsi 
que  de  leur  élonnante  supériorité  sur  toutes  les  autres  com- 
munautés chrétiennes  comme  asile  des  sciences,  des  lettres  et 
des  arts'. 

1.  Voir  annexe  J. 


Fig.  62.  —  Pieds  du  Buddha.  Voir  p.  405. 

(Bïi-reliet  d'Amoiitili,  d'ipri'»  FergHHoii.) 


ANNEXES 


ANNKXE  A  (2«  leçon,  p.  17). 

Observations  sur  la  Religion    des   Gaulois  et  sur   celle  des 
Germains  {Œuvres  complètes  de  Préret,  in-i2,  t.  XVIII,  p.  166). 

La  connaissance  des  anciennes  religions,  dont  Thisloire  est  intime- 
ment liée  avec  celle  de  l'esprit  humain,  est  un  objet  ccrtaiiîement  très 
digne  de  nos  recherches  ;  mais  c'est  aussi  ce  qu'il  y  à  de  plus  difficile  à 
démêler  dans  l'étude  de  Fantiquitc. 

La  religion  des  Grecs  et  celle  des  Romains,  dont  il  nous  reste  un  si 
grand  nombre  de  monuments,  auxquelles  les  ouvrages  des  anciens  font 
de  perpétuelles  allusions  et  qui  ont  été  l'objet  du  travail  d'un  grand 
nombre  de  critiques  habiles,  sont  encore  très  peu  éclaircies,  soit  pour  le 
fond  du  dogme  et  pour  le  système  général,  soit  pour  le  détail  des  pra- 
tiques les  plus  communes. 

La  difficulté  est  encore  plus  grande  pour  les  religions  des  différents 
peuples  barbares.  Elles  ne  sont  connues  que  par  un  petit  nombre  d'écri- 
vains qui  en  ont  parlé  par  occasion,  presque  toujours  d'une  manière  peu 
détaillée,  souvent  môme  sans  les  connaître  autrement  que  par  les  rap- 
ports vagues  et  peu  exacts  de  gens  qui  n  avaient  eu  qu'un  commerce  pas- 
sager avec  ces  barbares 

IS'ous  en  avons  un  exemple  bien  sensible  dans  la  manière  dont  presque 
tous  les  anciens  ont  parlé  des  Juifs...  11  suffit  de  rappeler  ce  qu'en  ont 
dit  Strabon,  Diodore,  Tacite,  Plutarque,  etc.,  pour  se  convaincre  que 
malgré  la  facilité  qu'on  avait  d'approfondir  le  système  religieux  des  Juifs, 
les  écrivains  les  plus  habiles  et  les  plus  curieux  avaient  négligé  de  s'en 
instruire. 

On  doit  juger  par  là  du  degré  de  créance  que  méritent  César,  Diodore, 
Strabon,  Mêla,  etc.,  lorsqu'ils  parlent  du  système  religieux  des  Gaulois, 
système  que  les  druides  cachaient  à  leur  propre  nation,  dont  ils  ne  dé- 
couvraient le  fond  qu'à  ceux  de  leur  ordre,  et  qu'ils  enveloppaient  sous 
des  fables,  sur  lesquelles  ils  fondaient  des  pratiques  puériles,  supersti- 
tieuses ou  même  barbares. 


^102  LA  RRUGION   DES  GAULOIS 

Ou  ilttit  cnf*Mr«*  iiioins  do  rn'*anriï  :i  n*  qui*  (U'^ar  .1  \ui  ilni-  if*-  li  i<  li* 
cinii  f|i'<  Ifi'iiii.iiii^  (t:iii^  un  tfiii|is  iiii  i'il*'  nVt.'iit  •'(iiiiiii>-  i|ii>-  pu  ]•  1  i;-- 
{••)it  (ii-^  daiilii'»,  <|iii  n'aviiiriil  ili*  rniiiiii'-ii»*  i|'rav('i-  li«  n.ili  «n^  .•■init 
iiii|iii*s  I  pHihliK'S  sur  l»*s  ImiiN  tlii  Uliin.  i|iii  u»'  \ii\.i^''-.ii<-iit  p>iii.i  i  ii.« 
la  lii'iiiiaiiii',  nu  il  II  y  avait  alnis  |ircsi|ii«'  •iiit  iiii  •  mihiiii-i.-i-  ,1  |.«ii.  .•: 
i|iii  iif  VM\aii-iit  li*s  lit'riii.iiiis  <{ii''  «|iiaiiii  «'•'in-ii  |ia^NaM'iil  1«'  Ittiin  .1  m  mi 
aiiin'i'  |iuiii  fii\aliir  la  (îaiiii*  mi  |miui  la  iava;:iT.  . 

Il  y  a.  au  |i*^lc.  uih'  ri''lli'xiiiii  c*''iH'*i'ali'  11  faiif  sui  tnul  i*-  i|u<- !•  «  <■[•  ^ 
l't  l'*s  Kninain^  nfil  lirl  ilf^  n'li;:iMii<«  i*lr.iii::i'n"' .  li^  iiiijlai*-iil  iiu  ..-«  1.  - 
lik'i'Ui^  rii^<>i-iil,  au  r>n't,  la  iii'''in*'  (ju*'  la  h-iir  et  lU  ilniiiiaifiil  I*  ii<>Ni  '• 
li'Ui«  (lii>ii\  aui  liiuMit/'s  (|f  Ifuiti'ji  li*<  iiatmii*»  iMiliaifH.  ('.'•  I  ni  tiw  «ui  •- 
fin  {iriih  i|ii'  <lt'  tMli'iaui't*  n'iik'H'U«»f  ilaii«>  Ii'(|u<-1  iN  f-tati-nl  ;  r.u    iU   n'   1, 

|l|(l<ii-|ll     ilUr    II'*    li'IlU'I-Hi^   «'Xi  luM\t'*i  ijUI    M*    ri'fil«»aitMll     îi     *«■     l'f'  l«'l    .1    UIi- 

a*»*»Mi  I  iti>iii  .ivi-i-  If  mit*'  u'i''<'  <ui  rnni  lin  .  I.  l'ii'iitili*  )*i--i>'iiilih'  «t*  ->  •)  •  m 
^•ffiN  *-t  il''o  itinii  liarlian-s  n'.i  |iii**ii|ii«'  jaiiiaiN  .lUi'un  [••inii'iifiit  !•  •  1  •  t 
i|ii.iiiil  MU  vn'iit  a  ri-YaiiiiUi'i  «|f  \ti*"*,  •■u  iMiUVf  iMUjDiit^  «jn  •II'-  n*  |>>  *i\ 
t>tr<'  («liiii^i'  {Mr  li-iii  ijin  nt*  \»'ul*'nt  n'«'t'\*iir  i|ui>  i|i<»  hlii  «^  •in  i>  %  li 
f"*t  \t  li  ijiii-  le  l'iili tli«-iMiii-  i|iii  ivail  li>-ii  ■  lif/  |>ri-«»<|ii>*  t'iiil*  «  li-n  u  i*  • 
li.ii  II  ii<-'»  •!•'  iiii'-uif  iiui*  l'Iii-/  \»'s  lii'i-i  s  f\  ii*«i  l(ii|ii;iin^.  p.iri  !.:•-  ni  I  1  l'n: 
ni^li.itMti  (!•-  ri  ^M•-I^  •■nu*'  |ilus|i-uis  ili\iii:t''«(ilil1i-|i-iiit-«,  .iipii^'ii  •!  'H- 
nirl  iJfN  .iltiiliiit<  a«s*-/  ^i'inlil.ilil''^  |i.'ii<t»  ipjr  i*^  *l*|»:iii*iii>  iit<»  n  1  -  -  t 
l'-li-  r*'.li's  siii  \*'^  lii-SMiii«»  i-t  %ni  \v%  |iaN<«i'>iiH  (li-'«  li*iiiiiiii*<t,  iiiii  H-iii!  !•  « 
in*-iiti-^  p  il  tt>ul. 

M  ii<«  ••'«  ili'i»  iit<-tii''iit<«  fiftairiit  p-iuilaiit   iii*»  i>\.i>-t*iu>-iil  «ftiilil  ii>l' « 
f\  ilo  .ikait'iil  I  ii*-iii>'nl   |t'«  iii'-uit'»  liniit*'*»  il.iiis  l>-^  liill'  i>-ni*  •  i<  I  •i->'  « 
l.>-s  liiiiil*-'«  v.iiiiitiil  ni<  rii  ■  ««Mivofit   li.iiiH  !•■*>  itillfii'iili«H  lii,iii>(i'«   •!  n- • 
iii>' IIP'  i*li;;i  m. . 

I   !!•-    .|ill|>'    |it1*\riiU    IUl)"i|t.inti-    .Kl   silft     li**    JliliMlIlt'      il'  «     lii'til     »7'      « 

i-i  iji*  •!!•  II!   l>iilii|f«,  r'«  »t    •|<i'-  il  iii«   t<ii]l''«  l-'s   l'-li..'    'fi*   |t<<l«  l'i' I*'- « 
If  u-iUi  «1  irM-  iliv  iiiiif  i|i-  if\fili  lit    |i  IN  ^•iili-rufiil   1  i>|i  •■  iji    «•  H    r';.l   il* 
it  ilu  il- |>  iil' ui*  ni    'jin  lui    I  lail  >  •  li'i  •  Il  1  II  lik'*'.    i<   ii|<i"l«it   •■    i-    ! 
N.iiiii  11  I   .]•    «.i  !•.'■■  h'h-,  I  '^f    i-ihi'    I  •  îiii  «if  I  |)i«ii'it  •-  ili'  «  I  11  ii*«  m  •    •  ' 

il'-    "»■■*    .i^i  liMl  •  «      I  M  .  ■  f»  I»  .'■  ii'lt  *   ||.-    |<<  u  Vi-iil    i"  !  I        I*  •    III*  III    •       ?•■  : 
|i.il  !•  !!•  H  •-!  i''i>  '  I'  <»  lii  •-•  *>     I  :!•  o  II  •  I  iii-iil   I  un  11^  'lu  un   un  i«t  •!•■  {  r  ■  .  , 
ti-*ri«  :  II'  io'i-|-.-  «  <!•         m  I»  iM  1'.  ■■  -li   il'  «  |i  II  !•  «    •  1   ilu   ?  m  I  ■  i^rtit     ■!•  «    ]  r  • 
li>^.    |liii«      lii'i'i'-    i':.i>M  •    l«   l'Iiii-iil    '«nl''^  «'■jf    ■•«   •   •ii!uni-«     .    « 

•  •i>  -      ■'!«.    i-     !•  rii:<'  I  iiii-  II'    iti*  •  l|  I  {II-     PI  1'  :    ii    •-'.    *i<ii     :  1  11  1 .  iiii     •!  i    [   t\  « 

•  |i|  '  ■  .'1  il  .!  I  *  1  il  iii!«  |-  >i| .  I  t  i\  1:  'i'  /  ■  s  (•  Il  '•  Il  «  M'i  ■!•- ji  II  •  Ml*  II! 
|<  lî  t.  Il  i>-;  «•  MiM  it'*  i-ii  -,  il  l  •■  «  ■  •  iiii  i|ii  Juj-it'  I  '  il'  «  lift  •  I  '  »'.•  r 
I  ■  iiiiii  il  il.i'.*  !•  •  :•  I  •-(  ni  ini  -I  I  I  f  lUiti'-  •  •niiii'*  lut.  m  i.*»  •■n  n-  ^  il 
I'  i«  ■]  I  .1  !ii'  ■  ■■iiiiii'  Mil  !•'  s  •u'i'  r  i.n  il'-"  ili'  u\  •  l  -l*^  ?i  •iiiiip-«.  iju  lU'  « 
il  •  *'  »  ■'    |ii  .i  II  '  '  I  '    f'  i«   !•    Il*   il>    l(ii<  I  •  (  il-     ^  i!iir-i'-    •  t    i'    !•■  t  I    (i  > 

1     \     .•   1  ■    ■».-     i  î  'II*'    f 'I'  .  'iri  II    •]-  |<ir  ii>>  I  I  I.    Il  iiii   Ih<  <t    I|i4  •  iiitc     !■  r»« 
4'i  I     fc'«      I   I   \f  '•        ■*    (  I  •! '  I  J'       iii  il*    ••-    r  u»<iiiii''iiii  :it    it*"     I  r<  !•  t    li  •  Il    >'  r 
|t4*lli     l..*..>l'      Siiia^l.Mirriiti     •;     ■  A,>|ill-J  tf    «••-I    iil^ii    4    Trii|%|r«     ■}  .    i 

lar«iii« 


ANNEXE   A  393 

d'Uranus,  qu'il   n'avait  pas  détrôné  son  père  pour  régner  à  sa  place  et 
et  qu'il  n'avait  point  partagé  Tempire  de  l'Univers  avec  ses  deux  frères. 

Il  en  faut  dire  autant  des  autres  dieux,  d'Hésus,  de  Teutatès,  de  Be- 
lenus,  de  Relesama  qu'on  a  prétendu  les  mêmes  que  Mars,  Mercure, 
Apollon  et  Minerve. 

[Préret  aborde  ici  plus  directement  la  religion  des  Gaulois  qu'il  distin- 
gue nettement  du  panthéon  gallo-romain.  Il  ne  croit  pas  qu'il  faille  faire 
honneur  aux  druides  de  la  croyance  des  Celtes  à  l'immortalité  de  l'àme.] 

Le  dogme  des  druides  sur  l'éternité  des  âmes  et  du  monde  parait  avoir 
été  commun  aux  Gaulois  avec  les  peuples  de  la  Germanie.  Il  se  trouve 
quoique  mêlé  à  des  détails  puénls  et  absurdes  dans  ïEdda...  Gomme 
on  a  retrouvé  ce  même  système  chez  d'autres  nations  barbares  qui  n'ont 
aucun  commerce  entre  elles,  il  faut  qu'il  soit  une  suite  nécessaire  des 
premières  idées  qui  se  présentent  aux  hommes  (dans  certaines  races].  Il 
n'est  nullement  nécessaire  de  penser  qu'il  ait  été  importé  en  Gaule  et 
chez  les  autres  nations  par  les  Grecs  ou  parles  Romains* 

[Fréret  avait  devancé  Fustel  de  Coulanges  dans  l'interprétation  des 
textes  de  Suétone,  de  Pomponius  Mêla  et  de  Pline,  relatifs  à  la  pré- 
tendue destruction  du  druidisme  et  des  druides  sous  le  règne  de  Tibère.] 

«  Les  mots  sustiUit  druidas  ne  peuvent  s'entendre  de  Tabolition  totale 
de  Tordre  des  druides,  il  faut  les  expliquer  par  les  mots  sustulere  moastra 
et  par  ce  qui  est  dit  dans  Strabon  ;  c'est  des  pratiques  condamnées  par 
les  lois  romaines  qu'il  le  faut  entendre  ou  tout  au  plus  de  ceux  des  drui- 
des qui  exerçaient  cette  médecine  et  cette  divination  magique  hoc  genus 
vatum  medicorumque  \  les  druides  ont  continué  d'exister  après  Tibère». 

Fustel  de  Coulanges  n'a  fait  que  répéter  les  arguments  de  Fréret.  Il 
faut  rendre  à  César  ce  qui  appartient  à  César.  Il  est  d'autant  plus  éton- 
nant que  ni  Fustel  de  Coulanges,  ni  Duruy,  ni  M.  d'Arbois  de  Jubain ville 
ne  s'en  soient  référés  à  Fréret,  que  sa  doctrine  se  retrouve  très  nettement 
développée  non  seulement  dans  le  Discours  sur  la  nature  et  les  dogmes  de 
la  religion  gauloise,  par  M.  de  Chiniac  de  la  Bastide  du  Claux,  avocat  au 
psurlement  (MDCCLXLX)  qui  fait  honneur  à  Fréret  de  cette  explication 
sagace  des  textes,  mais  encore  dans  VHistoire  des  Celtes  de  Pelloutier, 
revue  et  corrigée  par  ce  môme  de  Chiniac,  dont  le  dernier  volume  parut 
en  MDCCLXXI.  Pelloutier  comme  Fréret  est  trop  négligé.  Il  faut  en  dire 
autant  du  comte  de  Buat  qui  vers  la  même  époque  publiait  son  Histoire 
des  anciens  peuples  de  V Europe  (MDCCLXXU),  œuvre  d'une  profonde  éru- 
dition où  il  y  aurait  également  beaucoup  à  prendre. 

Voir  notre  Archéologie  celtique  et  gauloise,  Annexe  A,  2°  édit.,  p.  420. 


1.  Fréret  fait  ici   allusion  à  Topinion  qui  voulait  que  cette  croyance  se 
rattachât  à  des  influences  pythagoriciennes. 


.')n4  LA    RFLIGION    DKS   OAUUHS 


Le  ChamAnitme'. 

M  Si  It*  jinlaijiriK*  csl  la  tHli;:ioti  lirs  Juifs,  i«*pai:aiiiimfrf*lle«le!i  |Mi«>ri». 
la  (Tovanic*  «h's  itlnlàlrcs  si'liain.iiis  im^uI  <''tn*  iiuninii'**  sehamuntttue 

•«  l,a  rrli^iou  srhamaiif  t*st  sans  rmitn'flil  unt*  tlofc  plus  aiii*ii'nrif« 
L'Ohi'iit  ir«-n  t-iiiiiialt  pas  <1«*  pltj>antii|tif  H  IfNrliaiiiaiii^nit*  r«i  l.i^rMir* •* 
cl  l.i  lia^e  (lu  ruilf  (In  lama,  <!<*  «'elui  des  liiariiiiM*^  «t  ffi*  plufti"iin(  .lulp  « 
K(>iif4  p.iyi'niK's.  Aux  liitlfH  <■•'<«  pp'lrcN  ('nniptiiinii  i|iifI<|ui*<H  phi!iisii|i|tf  « 
|»aimi  iMix,  mais  painn  li's  nalinti^t  tpii  pi'U)il(Mit  l'i-mpir**  «1**  llu««c  .  )•■% 
(|iiuiiii-!(  ont  Hulu  (ti>  L'i.iiidt'N  allt'iattiMiN.  N'.s  p.irtiHaii*>,  f.iuti- «!'•  •  ritui«* 
i-l  «rrriilf!!,  \  tint  fut  ^ui-i-i*H«ivi*iiii*iit  (11*  SI  ^TaiiiiM  lian;;*'iii*-iitH  ipjf  «!••  tv»* 
jtMir^  ils  iH*  fiimp-ul  phi«  ipi'uii  li«!»u  il*ittiilAliii'  rorilrulirtMirt*,  il'.i|i%iir- 
ilili*4  l'I  il''  la  phi^  u'i'»*'M**i'' !«up<-rstitioii.  Tnuti'foi»,  in.iii;i*'*  1«"^  cti*'rr**«. 
lf!i  iiii:.TatiiiiiN,  uiii*   \i*-  V  i;:alMiuilf,  uin-  (M'iitiou   tpiiif|ui*i*  •■!    riUiii*i\ 

li'H  lliillitll^  rn||il.||||«*lil.ili'S  ri  |fs  ri'Trriinliie!»  \r%  pluH  t'^M-||lli-||fft  ^*  «•»ilt 
i'iili«*'l  vi'i's  il.iii^  Uiii>  rtiiitiiiMiit'-  li*ni<ili|UaMi*;  irmi  J  «ifi  peut  •  «an  hm- 
ipli-  li-s  rf].|ll;:*'MI*'llts  i|iii  «r  N'iiit   ;;l|NM-s  pfll  .1  pi'il  it.ili%  ri-tti*  r*'lik'»>fl.  « 

mit  I  11-  p'iitt'ft  p.ii  iiuldi  pliiliM  i|U('  p.ir  iIi*n  .iilililinu*»  *-\  «l«-^  iiiiMt  iti>i(i« 

ViiUtUi"^  .. 

-  Ml);.*!*'  !•*  iii*'-piis  iiii''  !•"«  -^i  liaiii  in<  ••iit  pour  N*^  f<'iiiiiif»  ffi  ;;«-ii' r  j  . 
Ifiii  {-•-iiu'i"ii  •l'Ini'-t  p»iiitiiit  •{•■*k  f'i'ii  ><  s  Hii  a  piiur  l'Ilc*  -Hii  mt 
df*;.'!!*!  «pp'  p'iiii  \*"s  pi'tn-si>-  i«ti  l**ui  .itfrilMii'  uiii*  t;:i|i-  piii^%.iii<  •'. 

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4pll  M«  «•'  <li*llli.U<  rit  ili-o  .iiltlit  «pji>  pai  l''lll  I  nstnin*  siiu'ulifl  r|  y  %s 
iiii<-  •  ••lln■ll'•^  III' i-  pîu^  I  t>  iidii<' ili-^    d"jiii<'o   *i   il'*"    •'•  i«'iiitiiiii*%  lie    Irrir 

I  i>i\  ifi>  i*.  n'.i)  ml  m  •  •  liii  it  m  ti*.'!*  s  p.itth  uiii-t*  ^  .i  ••!•«•  r\>  r  daii«  i*  iir 
III  m.  1"  ii<  Uip  •  !.•'«  )<i  •  **•  iiS  •)ii*iin  11  m  t.iil  •-(  l'-H  H  !•  ii'ii  t'«  f<*urTii««i  ni 
Ifiii  •  II',  ii-tiiii,  III  II  "i  r  .m  II  M  II!  I  •<>  ii-\«'iiii^  Sont  Milti«  *u\^,  t!r  i»  irt*  ipi  i  « 
iM  «  i'ii  iii  Ml  Nt*  iti'k|"-ii<»'  r  •)•  t  iiM- 1  ityiiii*'  [>'%  .l'itti  «  I  ofiip  l'i'iiilf  «  I  ii.|'|i  « 
f<«iii  |->un'iir  a  t  iii-mii'i:i«  s  t  i>'iii  «•(jl<'>^taii<  i\  d.iiNi  a  l>i  |m'.)ii>,  .i  i 
•  il  I  <"»'*,  fil  .  I,*  «  \i'    i\  i.i'ili  m*"  rit  !•  1  |iii:if«  i|*-  l  iiit  •  •-  ipil  f-^t  r«-ljlil    i  i  i 

!•  ii.l-Ml.  <',->llllll*'  ■  '  H  pi  •  Il  •  ■*  H  'lit  <••  l||o  it«'p  imI  ll|f**k  •!•  «  ■i'ik'lllf*^.  "T)  :•  « 
r'-"  il  ■!•■    •    ■Mllfl*      '•       f».     fi/f'lir.    'fifi'     I»  .     f  '  tt  '    '  t   i^  l'ilfiU*  i-\    till  IflM     .1». 

II  il'ii'-  !•'  p  'M^")!   <)  li*  ii«-  r   I  I  •  ■•!•  I  •    •!•  «  ilh  II  i  i-t    •!•    i*«  !••«  'ifii  ilit'r     «  i  • 
l>  o  Pi'irii'M'--' .  <   •••l  p  -iji    '  ••*.{*'  r  II*"!!   -pj'"»  !•  *  li'iii'»ri    rX  i.ii   if«  .  r  uni 

III  «  «  'Il  I*  «  Il  II'  •  Il  m-  Mil'  t<  rii|-«  i^ot  /  «■iiii»  ni  p  irr»'  ipif-  !iiii«  \»'%  I  n  |u-  « 
II»-  ^  .rif  |i  1^  I**'  /  •  rnjii'%  {■■■i|i  ni-  |- is  \.i||  iiiji  i  f«  plrli-ridiil  liii^.* 
aliu  ■  -it  tlu  •  !•   1:1  'I  f    !•   Il    I    II  11-    !     it  '«t  -  li':i    I  •-  li-i|iii>rf  d*    •  f«  |<r*  t:*  • 

•  /•»"     ■    ;..'...  I    '/r-  /../,-.    /^.    ti.!.'.  l'I-    tir  {  tt'iftx't  ti'  Uutttr.    t.    III.    I"*.    |i      I    » 

.'    •    • -t  4    \ïX'    •{  J  .1-    !i' t]»!' lîl.' :i:i<  :il    \k\*    4111    '4111. Ilr*    ri>y  «!'-•.  li»    •••r1«-u! 

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•  M    S  ■    •  •  lU^'  •■  •     I  \:»*   i<    t>  \t'- 


ANNEXE   B  395 

varie,  tantôt  il  y  en  a  plus,  tantôt  moins,  parce  que  leur  prétendue  vo- 
catiou  est  purement  accidentelle.  Les  uns  exercent  leurs  fonctions  jus- 
qu'à la  mort  ;  d'autres,  de  leur  vivant,  se  démettent  de  leur  charge  en  la 
cédant  à  quelqu'autre.  Ils  sont  moUié  enthousiastes ,  moitié  fourbes  et  pour 
la  plupart  l'un  et  Vautre  à  la  fois.  Ils  s*habiUent  de  la  manière  la  plus 
bizarre  dans  Tintention  de  se  rendre  agréables  aux  dieux  et  formidables 
aux  hommes;  leurs  habits  sont  tout  couverts  d'une  grande  quantité 
d'idoles  de  fer  laminé,  de  grelots,  de  petites  cloches,  d'anneaux  et  de 
mille  clincailleries,  de  griffes  d*aigles,  de  peaux  de  serpents  empaillés, 
etc.  Comme  les  baraques  de  tous  ces  peuples  ne  sont  éclairées  que 
par  la  lueur  du  feu  des  foyers,  un  prêtre  ainsi  velu  et  vu  dans  leurs 
sombres  réduits  fait  une  figure  tout  à  fait  hideuse,  et  quand  il  marche 
le  bruit  sourd  de  la  ferraille  le  rend  encore  plus  effroyable. 

«  Les  principales  notions  que  ces  payens  ont  de  leur  religion  ne  sauraient 
être  qu'imparfaites,  obscures,  en  partie  embrouillées  et  contradictoires, 
mais  ils  sont  tous  d'accord  dans  Tessentiel. 

«  Ils  croient  tous  à  un  Dieu  universel,  créateur  de  toutes  choses.  Les  Ton- 
gouses  le  nomment  Boa,  lesBouraïtes  Tingi  ttourgan,  c'est-à-dire  Dieu  du 
ciel,  lesTéléoutes  le  nomment  Koulai,  les  Kanistschadales  Koutka,  les 
Ostyaks  et  les  Wogoules  Tro'ion  qui  signifie  lumière.  Cette  croyance  est 
générale.  Voici  les  idées  qu'ils  se  forment  de  l'Être  suprême.  Dieu  aime 
sa  création  et  toutes  ses  créatures.  Il  sait  tout  et  peut  tout,  mais  il  ne 
fait  aucune  attention  aux  actions  individuelles  des  hommes.  II  est  trop 
grand  pour  qu'on  puisse  l'offenser,  ni  faire  quelque  chose  (|ui  soit  méri- 
toire devant  lui.  La  plupart  de  ces  payens  pensent  que  Dieu  et  invisible  et 
qu'il  demeure  dans  le  soleil  ou  dans  le  ciel  cl  d'aulres  prennent  le  soleil 
lui-même  pour  Dieu. 

«  L'Être  suprême  a  partagé  entre  un  grand  nombre  de  divinités  subalternes 
le  gouvernement  du  monde,  et  le  sort  des  humains  dépend  de  ces  divinités. 
Ces  dieux  sont  subordonnais  à  l'Être  suprême,  mais  ils  agissent  pour  la 
plupart  selon  leurs  propres  fantaisies.  C'est  pourquoi  les  hommes  ne  sau- 
raient se  dispenser  de  rechercher  leurs  bonnes  grâces. 

tt  Les  dieux  subalternes  sont  bienfaisants  ou  malfaisants.  Les  malfai- 
sants ou  diables  sont  en  grand  nombre.  A  leur  tête  est  un  Maure-Satan^ 
qui  est  la  plus  grande  puissance  après  l'Être  suprême.  Les  diables  demeu- 
rent dans  l'eau,  sous  la  terre,  dans  les  volcans,  dans  lesforêts.  Ces  payens 
personnifient  les  attributs  de  ces  divinités  en  se  les  figurant  sous  l'idée  des 
deux  sexes,  mais  ils  ne  pensent  pas,  comme  les  Finnois  payens,  que  les 
dieux  et  les  déesses  sont  mariés.  Le  soleil,  la  lune,  les  étoiles,  les  nuages, 
Farc-en-ciel,  l'orage,  la  tempête,  le  feu,  l'eau,  la  terre,  hîs  fleuves,  les 
grandes  montagnes  sont  pour  eux  des  dieux  puissants. 

«Ils  sont  persuadés  que  h*s  dieux  apparaissent  aux  schamans,  préféra- 
blement  sous  la  figure  d'un  ours  ou  d'un  serpent.  Ils  ont  un  certain  res- 
pect pour  ces  animaux;  le  sapin,  une  espèce  d'armoise  S  le  lierre  du 

1.  Arlemisix  species  que  les  Katschins^s  nomment  Irwen. 


nm  LA   RBLICION   DES  QAOtXIIS 

Knmlschatktt  sont  les  végétaux  eonsacr^s  aiiï  dieux,  et  le  parfum  du  cm 
pknies  leur  est  agréable;  c'est  pourquoi  on  décore  les  idoles  et  les  vic- 
times avec  ces  ï^ôlaux. 

<'  Us  pensent  que  le  monde  eU  d'une  durée  âurnclle,  et  que  l'exisUact 
lUs  hommee  et  dea  animaux  après  ta  mort  rst  une  ivntiaualiim  lie  la  xxe 
actuetie.  C'est  pourquoi  ils  parlent  aux  ours  qu'ils  ont  tués,  aux  cndavres 
des  baletaes,  etc.,  comme  s'îlss'entreleDaieut  avee  un  être  raisonnable  et 
vivants. 

L'amiral  Wrnngel,  en  1832,  riounail  sur  les  chamans  des  reaseigne- 
munts  analogues  qui  uompl(>lent  avantageusement  les  précL-denls;  cous 
croyons  devoir  les  rapprocher  du  rapport  de  1777  '. 

[i  Les  cbamaiis  sont  généralement  considérés  parmi  nous  ^Russes)  comme 
des  jongleurs  grossiers.  Cette  opinion  s'applique  avec  raison  à  une  classe 
cl'bommes  qui.  sous  le  titre  de  chamans  parcourent  les  villages  du  nord 
de  la  Sibérie  pour  y  eiéculer  des  tours  de  force  ou  d'adresse.  Ainsi  ou  en 
voit  quelques-uns  faire  semblant  d'avaler  un  fer  rouge  ou  de  se  percer 
1b  main  avec  une  longue  aiguille.  Mais  les  vrais  chamans,  c'est-à-dire 
eaux  qui  suivent  les  tribus  Thoukichas  dans  leurs  pérégrinations 
et  eiercenl  une  si  grande  influence  sur  c^tlc  peuplade,  appartieunenl  a 
une  autre  classe.  N'est  point  chamnn  qui  veut.  Il  faut,  suivant  l'exprès- 
sioo  ilesThouktchas,  avoir  reçu  l'inspiralion  pour  ilevenir  ministre  de  ce 
singulier  culte.  Les  chamans  véritables  n'appartiennent  pas  à  une  cusie 
particulière  et  ne  forment  point  un  corps  constitué  dans  un  but  délt-r- 
miné.  Ctiocun  d'eux  slnstruit  et  se  jjerreclieniie  lui-m^me  dans  L'art  des 
devins'.  De  1res  jeunes  gens  a  iioaginalion  vive  et  facilement  intlam- 
niable  entendent  raconter  aux  vieillards  de  merveilleuses  histoires  sur 
la  puissance  des  etprits  et  le  pouvoir  dont  ils  ont  investi  leurs  délègues, 
les  chamans.  Ces  histoires  ils  Les  dcouteul  avec  avidité  et  les  retiennent 
avec  soin,  et  l'imagination  déjà  disposée  aux  h  ail  u  ci  Dation  s.  le  jeune 
homme  visite  les  chamans,  assiste  avec  les  frémissements  d'une  sccrÈle 
horreur  aux  mouvements  convulsifs  qui  les  agitent  lorsqu'ils  reçoivent 
l'inspiration,  et  contemple  avec  un  respect  craintif  ces  hommes  que  le 
mystère  entoure  el  que  la  crainte  accompagne.  Il  éprouve  un  vif  dê^r 
d'entrer  à  son  tour  en  rapport  avec  les  puissaticea  invisibles,  se  voue  au 
célibat  ',  recherche  la  solitude  et  se  nourrit  d'aliments  irritants  qui  por- 
tent la  llamme  dans  son  sang  déjà  BclinutTé.  Ces  visions  tant  souhai- 
tées, ces  esprits  infernaui  revOlus  de  formes  bigarres  ne  sont  bientôt 
plus  pour  le  néophyte  des  litres  imaginaires;  non.  il  les  voit  devant  iui  et 
reçoit  leurs  oncles.  C'est  ainsi  que  se  forment  les  chamans  sans  qu'il 
y  ait  de  leur  pari   la  moindre  hypoi-risie.  Un  chamnn  parvenu  au  plus 


i.  Wrangel,  Le  nord  de  la  Sibérie,  t.  I,  p.  2*7. 

2.  C'est  là  une   îles  grandes   difTérences   qui   e 
cbaminE,  le  corps  des  Inmas  el  ûna*  le  |>aB9é  le  ce 

3.  Nous  avouB  vu  dsns  le  rapport  ili'  im  que 
libat  n'était  pm  obligatoire. 


ANNEXE  C  397 

baut  degré  d'cialtalioa  est  sans  contredit  un  phénomène  psychologique 
très  remarquable.  Je  n'ai  jamais  assisté  à  leurs  danses  sans  me  sentir  vi- 
ve ment  impressionné  ». 


ANNEXE  C  (5*  leçon,  p.  64). 

Les  cupules. 

On  trouvera  un  complément  de  renseignements  sur  \e%pien'esàécueHe$ 
^e  Suisse  dans  Paul  Vionnet,  Les  monuments  préhistoriques  de  la  Suisse 
^occidentale  et  de  la  Savoie^  album  de  ptiotographies  avec  texte  in-folio, 
L»ausanne,  4872,  où  sont  représentées  : 

P.  9  pi.  (IV).  La  pierre  à  écuelie  de  la  station  lacustre  de  Morges; 
P.  10  (pi.  V).  La  pierre  à  Phébou; 

P.  il  (pi.  VI).  La  pierre  à  schacrau,  c'est-à-dire  aux  sept  creux  ; 
(pi.  Vil).  La  pierre  à  écuelles  du  Pesay  ; 
(pi.  Vlll).  La  pierre  à  écuelles  du  bois  Cabrol  ; 
P.  12  (pi.  IX).  La  pierre  à  écuelles  d'Outard  ; 
P.  13  (pi.  XI).  La  pierre  à  écuelles  des  Ursins; 
P.  14  (pi.  XII).  La  pierre  à  écuelles  de  Toleure; 

(pi.  XIII).  La  pierre  aux  écuelles  de  Saint-Livry  ; 
(pi.  XIV).  La  pierre  aux  écuelles  de  Montlaville  ; 
P.  18  (pi.  XVI).  La  pierre  aux  écuelles  de  Saint- Aubin  (canton  deNeuf- 
chatel)  ; 
P.  18  (pi.  XVII).  La  pierre  aux  écuelles  de  Vecnéaz; 
P.  19  (pi.  XVIII).  La  pierre  aux  écuelles  de  Vernand,  près  I^ausanne  ; 
P.  20  (pi.  XIX-XX).  La  pierre  à  écuelles  de  Servagios,  à  Luc  ; 
P.  21  (pi.  XXII).  La  pierre  à  écuelles  d'Ayor  (val  d'Annivière). 
A  ces  pierres  de  la  Suisse  romande,  il  faut  en  ajouter  une  trentaine 
d*aulres  sembables  signalées  dans  la  Suisse  allemande  ^ 

En  1874,  M.  Natsch  en  décrivait  d'autres  dans  l'Indicateur  d'antiqui- 
tés suisses^  pi.  I,  Tune  d'elles,  entre  autres,  très  remarquable,  qui  malheu- 
reusement a  été  détruite.  Une  autre  est  à  signaler  où  autour  des  écuelles 
se  voyaient  des  anneaux  ou  cercles  analogues  aux  mahavedos  d'Ecosse  et 
de  l'Inde. 

11  y  en  a  aussi  eu  Suède.  A  la  suite  d'une  communication  faite  au 
congrès  de  Stockholm  par  E.  Desor  sur  le  même  sujet,  Hans  Hildebrand 
fit  les  observations  suivantes  *  : 

«  M.  Desor  vous  a  parlé  des  pierres  à  écuelles  de  Suisse.  Il  a  ajouté  que 
l'on  en  a  aussi  découvert  chez  nous,  en  Suède.  Je  crois  devoir  couÛrmer 
son  dire.  Ces  pierres  à  écuelles  sont  très  fréquentes  dans  notre  pays.  On 

i.  Gfr.  Ferdinand  Keller,  Die  Zeichen  oder  Schalensteine,  dans  Mitlheilun' 
gen  des  antiq.  Gesellschaft  in  Zurich^  vol.  XVU. 
2.  Congrès  de  Stockholm,  1874,  t.  î,  p.  486. 


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I.A    RRM(;lON    liKS   CArLOlK 


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.NiMi^  a\iins  l'iti*  p.  tri.  la  riiniiniinii'ati«»n  faili-  à  la  S  trt*h-  *f  Aulht  p/^  /  >• 
j/i»'  il«*  Paris,  par  MM.  Ililnii.iril  Piftli-  ri  J.  S.ii-.i/i»',  au  ''uji-l  »!#  *  p.-  ri-  * 
sariè«f*«  ili*  l'i  ni<inla;:ni'  fl'K^piaiit  l*\i«'n«'i"«»  .Nmi»  «l'ivitn^  iililf  *i'\  r»*- 
\i*Mir  l'ii  l'i*  qui  (l'iii'lir  aii\  ph'in's  «i  *'i*ti<  lli-*>. 

•  N«iu«»  siLMiali'riMi<«  p  iitciiliiTi-niiMil,  <liM-iit  h's  ra|ip'irit'iir<i.  !•■  l'ttift-i'.H 
'i*  s  I  'ffiri'Vi,  r'i*Nt-a-«liif  ili-s  pnii«vins.  l'i*  riioniiiiifiit  inc»'aliUiit|Ui'  «•  ixin* 
pii«»t'  lit'  il*-iii  pii'in**'.  l.'iiMi'  il'i'll''^  pi'i-^i-iiti*  < -f./'inf' ■'/«  fi.r  tiiv«*  tli  «  ir- 
iiiiiitii'S  a\aiil  r»  a  '*»  •  «*iiliMi*-tir«  ili-  ili.iiiM'tif  stii  'J  1  !t  rfiiliint  !f  •  «  t\^ 
pinruiiiii-iir.  nii.it|f  f<i%«ti|.'.  •  li<i|s|i'o  .111  iiiilii-ii  ili'  la  p:i-iif  lin!  •  (••  r- a- 
fil»"»  p.ir  ili-ui  f  L'<ili*^  ili-  iiiiiii-i'-  a  foiMii-r  iimi-  ii>>i\...  \|-ai!>-n^  pi  ■«n- 
aulii*  pirrji'  ilii  ;.'riiiil  ali;:h>Mii>rit  lii-  l'i*%ti'ii'!i-  ilmil  !•'  f  iilh  I  -ii  •!•  « 
piiufi's  fait  pirlii-  il  un  iii1i'-l>lii>  -ippii  li'nanl  .1  un  •l'iiiit-'li  in.»  i  lu 
r 'fi^w  i//<if  iitTii-iil  un  !■  is^in  li>ii%  f 'is  plii'«  jiitiil  i*!  plus  pinritiil  ipi*   {•-« 

It  pui^ipi"  n->ii<«  fi'pii'Miin^  •  i't  iiiti-M*SN:iiit  I  ipi'iii  ili'  MM.  K  l'i«-tt"  «t 
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h*  ii-is  l'i'ii^  !••  •  i]li.- •!•  Il  pi<  ir-  tfn<i  1  lii'^p II  lilM*  f'ofiii  1- !•  m  ut 
|..'o  .(T  iit^  «lu  •  ]•  t  .'•-,  !•■  \'«».'iij-  •!••  Il  -il-  >  ••"liiop'-ilt-  i|<-  1  i|.  Il -It.  « 
1 1 -ili'>-  il*"^  •  ■•riiniuiii' -il.  •ii<k.  Il  iltlTii^ioii  il  "i  iiiitii-i  ^  lu  f>nl  pM-:r> 
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ANNEXE  C  399 

pierres  sacrées.  Il  nous  répondit  en  présence  de  M.  le  curé  de  P.,.  et 

de  rinstiluteur  de  C...  «  Autrefois,  quand  les  gens  étaient  honnêtes,  tous 

a?aient  en  ces  pierres  une  grande  toi  (un  grana  fé)^  tous  les  priaient  et 

les  vénéraient.  Moi  j*ai  toujours  cru  en  elles,  je  mourrai  en  y  croyant 

ijou  que  tourtem  crédtU  en  aquèrès  peyrés :  quen  mourire  en  creyei).  »  Sur 

Une  observation  que  lui  fit  le  curé,  le  vieillard  s'écria  d'une  voix  que 

i 'émotion  faisait  vibrer  :  «  Si  vous  ne  croyez  pas  à  ces  pierres,  Monsieur  le 

«  curé,  moi  j'y  crois.  J'y  crois  comme  tous  mes  ancêtres  ;  mais    deux 

«  hommes  d'aujourd'hui  ne  valent  pas  un  homme  d'autrefois.  » 

Ces  paroles,  proférées  par  un  honnête  vieillard  très  considéré  dans  sa 
commune,  chez  lequel  les  années  n'ont  pas  éteint  l'ardeur  de  la  pensée, 
s^'adressaient  à  un  digne  ecclésiastique.  Nous  les  rapportons  ici  parce 
quelles  sont  caractéristiques... 

«  De  tout  temps  les  jeunes  gens  de  Poubeau  se  sont  réunis  pour  danser 
près  du  Cailhaoud'Arribu-Pardin  et  bien  souvent  les  garçons  et  les  filles  ont 
abrité  leurs  rendez-vous  à  son  ombre.  Le  génie  qui  l'abrite  ne  jouit  point 
d'une  réputation  immaculée  dans  le  Larboust.  Cette  fâcheuse  renommée 
ne  lui  nuit  en  aucune  façon  dans  l'esprit  des  habitants  de  Poubeau.  Tant 
d'unions  heureuses  consacrées  par  le  mariage  et  par  la  naissance  de 
nombreux  enfants  ont  commencé  par  des  rendez-vous  près  de  la  pierre 
que  vieillards  et  jeunes  gens  ont  conservé  d'elle  les  plus  doux  souvenirs. 

«  Autrefois  les  jeunes  gens  de  Poubeau  allaient  en  procession  le  soir  du 
mardi  gras  faire  sur  cette  pierre  un  grand  feu  de  paille  pour  lequel  chaque 
chef  de  maison  fournissait  une  botte.  Ils  marchaient  un  à  un,  chacun 
tenant  par  derrière  celui  qui  le  précédait,  et  s'avançaient  dans  une  atti- 
tude et  avec  des  gestes  à  la  fois  burlesques  et  obscènes.  Les  rites  de  cette 
fête  nocturne  qu'on  célébrait  encore  il  y  a  une  trentaine  d'années  et  qu'on 
nommait  la  fête  de  gagnolis  \  blessent  trop  la  décence  pour  que  nous 
les  décrivions  avec  plus  de  détails.  Nous  tenons  ces  renseignements  de 
M.  N...,  de  Poubeau,  qui  lui-même  a  pris  part,  jadis  à  la  fête. 

M.  le  curé  Soulé,  au  lieu  de  chercher  à  faire  détruire  la  pierre*  fit  plan- 
ter à  nouveau  en  1871  une  petite  croix  de  fer*  au  sommet  du  bloc,  pour 
empêcher,  nous  a-t-il  dit,  le  dévergondage  de  s'exercer  en  ce  lieu  et  il 
défendit  à  ses  paroissiens  de  s'approcher  pour  se  divertir  à  moins  de 
cinquante  pas  de  la  pierre.  La  foule  ne  s'y  presse  plus  qu'à  la  procession 
de  la  fête  des  Rogations,  époque  à  laquelle  les  habitants  avaient  coutume 
de  prier  le  génie  de  la  pierre. 

On  peut  consulter  également,  Hippolyte  Morlot,  N.oiice  sur  les  pierres  à 
bassins  du  Aforuan,  16  pages  gband  in-8»  (extrait  des  Mémoires  de  la  Corn- 

1.  Le  mot  gagnolis  signifie  cris,  aboiements  de  chiens.  Quand  on  voit  en- 
semble plusieurs  personnes  de  mauvaise  vie  ou  dit  :  Voilà  Vassemblie  des  ga- 
gnolis, 

2.  Plusieurs  essais  avaient  provoqué  presque  des  émeutes  de  la  part  des  mon- 
tagnards. 

3.  Une  croix  antérieure  avait  été,  dit-on,  renversée  par  la  foudre,  ce  qui 
avait  donné  un  regain  de  vénération  a  la  pierre. 


40()  LA   RELIGION   DES  GAULOIS 

mixtion  des  an(i*iuUH  d*!  la  CUe-d'Orpour  1877).  M.  Mnriul  riou»  fait  ^'in- 
lin  lin*  trrize  Mors  qui  lui  paraissent  avoir  cv  raraclère  :  un  à  l>(ini|M«'rif, 
un  a  l^acour-d'Ari'enay.  trois  (lr|H*ii(laiit  de  l>i  lioi'h<'-i'n-lln*ip*l,  hM  a 
Aiitlfiix,  un  a  Sain(*Dt<li*T,  un  pn*s  d*'  Saiiit-tifriiinin-ilf-Molfon.  un  |ir'« 
l'ri'ry,  quatn*  drpendaul  d«*  Saint-Leptr-Vaulmn  ^VnniM*)  di»nl  la  pt' rr^ 
drs  Trnii'PunMiheit.  (>«  div*M's  liltirs  (Hil  tnus  l<*ur  lt'p>Ddt'.  In  fjraod 
niiinbn*  d'auln*s.  ajuuli*  M.  Morlnt,  onl  «"li'*  détruits,  niai^  ou  en  a  «un- 
Mfrv»*  I»*  Houwiiir. 

.NiMiii  tpiij\uri<  *»ur<»ri'  dans  nos  noti>s  à  |»n»p«i«  i\v%  pierres  n  ^»as%\H%  \r% 
nrnvuÏH  suivante  : 

M'ttt^riaux  puur  rhistoirt'  de  Vhommf,  1.  VI,  1>*7*^.  p.  70;  Pirrr^*  a  /lAitir.» 
'(«'  la  t\rnz^,  par  l*liiii)ipi*  La  andi*;  p.  7K;  L'i  hurrr^  par  L.  dr  Malaf-'^^f 

linu,  ,irrH/  l'Hji^fw,  i.  \,  p  LT),  L'V*  ;  l  XVI,  p.  143;  I.  XI.II  f^-l?. 
p.  117,  \iu)  ;  Pierres  a  cupules  du  dfpnrtcment  dt  ta  Crtu»r,  i,  L\,  l^.•■:, 
p.  lil.'}. 


ANNKXK  ll(K*  livnn,  p.  W). 
Les  saparsti  tiens  ■ 

NfMis  avons  dil.  tait  liirii  ('•innu  dans  sa  gi''n*'ialitr,  mais  ^ur  1  imi'^-r- 
taiii-'*  diiipi*'!  •  ru\  i]ui  si;  t^ntii  tMi-uprs  di*  la  r«-îi^inii  dfslîautios  n'<inl  |'*  ut- 
^tr*'  pi*>  assi't  iiiMHlf^*,  ipn*  i|**piii!i  ji*  \'>  sifi-tf,  pour  \e  iiMiiit.  ru  itaul*-. 
|i*!«  i-(iiii-df^  l'i  li>«»  f«r.|iii<<i  n '«ni  r*'SM*  flf  laiii'iT,  •'iiiilri'  !•'•  pratii|u*s  •*( 
••r»»\.iin'»*'»  p.iit*nii**s.  d»"»  dt-rift^  *.iiin  ci-sm*  ifnoiiVf|i-%  prt*«i|u**  jij«-pi  i 
n*s  itfiiii«T^  l**rnp^  «»an'«  t'in»  pirviMius  a  !•■«  dt'truiri'.  N>iUs  rrii%'»n*  utî>- 
df  iiifttti'  «iHM  )•■«  \«'ijt  ilti  {••l'Ii'Ui  un  ii'^unii-  d**  I>i  su«  ••■^simii  *{*•  •-••« 
•'tT'irts  d>>iil  riniinl*'-  iiiiiiitr**  iiii»'U\  ipi»'  t<.tit  raisoiiiirnifnt  •«•iiit>i«-ii  •  •■« 
\irili***  «xipt'Miiti.tn^  '  i'iirid-inin«'f%  pu  l'I.uliv  rtaiiMit  onraiiiit-rs  dan^  i* 

•  oMir  dt'  iiM^  piipol  ithiii^  iur<ih-s,  Ws  fut'jiint. 

Il  «t'ii'-  «tiiiifi*  pu  iiii  d«''i'i*'t  M'iiilii  au  •''•ii<'df*  il'Arli's  m  Ti.'  I  •- 
r.in'in'.'.i  viv  t-ntii*  .iuln-»t-(  i|i*i-i.iii>  ^.iriiifk**''  kruttf  r^n^u  aut  fiitii.iiri  « 
■'t  ^lux  pH'ir*'^  : 

sii  'f'iiM  Ir  f.  rrj/'.irr    t'un  ei»  fW  ■/»»   iii/k'ir /'-i   'illutnent  «^i    /f'im'^tui 

•  ij  ''-'l'frnf  •/■  •  'iil'f  «,  /f  «  fiiHt  unes  ou  •/' *  pi^riei  et  «/m'i/  uejUje    V  i*   i\r 

•  »i   u%'l/es.   tl    t    tt  *'|Piiir  '/Il  l/  ♦■•(  r-'U^tfOd'    dr  %<l*ril'tjf.   - 

t  II  f.iiit  f^irr  rii-«*ptiiiii  p'oir  J  il  Ttiirr»  ipii  ii'iiM  A  Ui«»f-  un  ira**  .1t« 
pliia  nitiTi**- iiil*  «iir  !•■•   ^ii/iT-Z/fi  irit  r/  jVf  %ieirrt%  tffn  t''tn*%ie%,  161* 

J  NiMi*  i%-i:i>  .'Il  .|  il-  Il  {iliijitrt  r**ui«iut4if*iit  lat-ii  au  •l>'t«  ilii  Iniipt  ..>.  i^i 
•Irii-lf.  ■''•liiiiiAi' lil  r\i  (f.|i||*- 

1    i.it>'<-     I     l\,|i    I    \\         *•  i>r.l«*t;  Il  rr'i  III  •'    !••••■  rii|(iii«r  il        II- j  i  d^t  |irr« 
rri|il!>iiit    m  i.  •«•■!•  •    1%  !!•  .it  t  !•-   pr  •iiHilk'Ucr»  4U   c«<iirilr  ijr   ljirtli4tfr   ^u  ■*  ■* 

•  iif.»   I»-   »•!  |>ii-    «•fli-tii!  •  tint     ^iitf'i'tlii 


ANNEXE  D  401 

Les  ecclésiastiques  et  même  les  évéques  paraissent  en  effet  avoir  été 
dans  le  principe  très  indulgents  pour  ces  sacrilèges  qu'ils  se  sentaient  im- 
puissants à  empocher;  plusieurs  membres  du  bas  clergé  se  livraient 
à  la  magie.  Le  concile  d'Agde  en  506  défend  aux  ecclésiastiques  d'être 
magiciens  '.  Le  concile  de  Vannes  en  468  voulait  déjà  que  l'on  tienne  pour 
excommuniés  les  ecclésiastiques  et  les  laïques  qui  pratiquent  les  augures; 
en  524,  le  concile  d'Arles  inflige  des  pénitences  de  3,  4  et  5  années,  sui- 
vant les  personnes,  ecclésiastiques  ou  laïques,  à  quiconque,  lorsque  la  lune 
s'éclipse,  croit  pouvoir  se  défendre  par  des  clameurs,  par  des  maléÛces 
et  des  pratiques  sacrilèges  ;  à  quiconque  tentera  d'employer,  pour  lui  ou 
pour  les  siens,  le  secours  des  devins  et  des  enchanteurs  *. 

Le  concile  de  Tours  de  567  répèle  les  mêmes  prescriptions.  Nous  y 
relevons  en  particulier  celte  phrase  : 

a  Nous  conjurons  les  Pasteurs  de  chasser  de  l'Église  tous  ceux  qu'ils  vcr^ 
font  faire  devant  certaines  pierres  des  choses  qui  n'ont  point  de  rapport  aux 
cérémonies  de  VÈglise  et  ceux  qui  gardent  les  observances  des  gentils  ». 

Au  vil''  siècle  saint  !î!loi,  au  rapport  de  saint  Oueu  *,  qui  a  écrit  sa  vie, 
faisait  des  homélies  dans  le  même  sens.  Nous  y  trouvons  énumérées  un 
grand  nombre  des  superstitions  qui  existent  encore  dans  nos  campagnes. 

«  Avant  toutes  choses,  mes  frêreSy  je  vous  avertis  et  je  vous  conjure  •  de 
ne  garder  aucunes  coutumes  païennes,  de  n  ajouter  foi  ni  aux  graveurs  de 
préservatifs,  ni  aux  deinns,  ni  aux  sorciers,  ni  aux  enchanteurs  *  et  de  ne 
les  point  consulter  pour  quelque  sujet  et  quelque  maladie  que  ce  soit  :  parce 
que  celui  qui  commet  ce  crime  perd  aussitôt  la  gnice  du  baptême.  PTobservez 
point  les  augures  ni  les  éternuements  et  quand  vous  serez  en  chemin,  ne  pre- 
nez pas  garde  au  chant  de  certains  oiseaux,  mais  soit  que  vous  cheminiez, 
soit  que  vous  fassiez  quelque  autre  chose,  faites  le  signe  de  la  a*oix  sur  vous 
et  récitez  avec  foi  et  pieté  le  symbole  et  l'oraison  dominicale  et  Cennemi  ^  ne 
vous  pourra  nuire. 

«  Qu'aucun  chrétien  ne  remarque  à  quel  jour  il  sort  de  sa  maison,  ni  à  quel 
jour  il  y  rentre,  parce  que  Dieu  a  fait  tous  les  jours.  Ne  vous  attachez  ni 
au  jour  ni  à  la  lune  lorsque  vous  avez  quelque  ouvrage  à  commencer.  Nepra* 


1.  Canons  36  et  68. 

2.  Cfr.  J.-B.  Thiers,  op.  laud,  î,  p.  i38.  —  Migne,  Patrol.  laL,  t.  CXL,  col.  837. 

3.  Canon  22.  Cfr.  Baluze,  1,  518. 

4.  Vita  8.  Eligii  auclore  Audoneo  {Spicilegium  d'Achery,  édit.  in-4o,  t.  V, 
p.  216),  et  sermon  de  saint  Eloi,  Ad  omnem  pleôem  dans  Spicilegium  d*Achery, 
II,  p.  76. 

5.  Traduction  de  J.-B.  Thiers,  op.  laud.,  t.  I,  p.  14. 

6.  Cette  tourbe  de  devina  et  de  charlatans  qui  avaient  survécu  à  la  ruine  des 
communantéa  druidiques,  hoc  genus  vatum  medicorumque  que  visaient  les 
décrets  de  Tibère,  mais  qui  n'avaient  pas  encore  disparu  au  vu«  siècle  et 
eurent  des  héritiers  durant  tout  le  moyen  âge,  comme  le  prouve  la  persistance 
du  haut  clergé  à  réédicter  les  mômes  défeuses  ou  avertissements  dont  le  bas 
clergé  lui-même  eut  longtemps  besoin. 

7.  Le  démon,  l'cDUiMiii  <la  g^nre  humain. 

26 


•44)2  LA  HF.Mr.lON  r»KS  r.AULoi.; 

ii'l'tK'Z  p^int  l^%  rAri*tn  tni'\<  sti*^rii^'■Jr^  et  rviirul''i  '/iif  /***  jtnirn<  f>  nî  -lur 
knt**n'if'x  *L'  j'invi^^r  noit  nvec  rin»»  7''fn\*'*,  s-n/  iir^T  un  /"-in.  %'n7  pm  -/r. -i  i»if 
i/r-s  fi|/#/'"«i  /•!  n(n7,  *'ii7  r/i  'l-niH'tnt  •/'-.<  r*fr-fin'<,  *»i7  *'n  f'ti'^'ini  /••*  '■»!»  ff-i 
fuprrflwn,  \r  rr"*j**z  p'tint  nur  /ifîi''i»T*  <r/  n»*  i«»u«  '1**1 '/c;  /r«inf  ni  /iin 
tnnt*,  pnr*r  -/m»'  t'iuffy  re%  pniti'/n>'\  i>nt  ■/  ^  '*nt  rH'j»'^  in  *l*'mon  AV  i  -.i 
nrri*tt'Z  ifiint  •fiij*  S'</«fi''' %  rt  qir.ni-'iiii  <!•'  vniis  iii*  il.iii^i*.  ii«-  "«iiili',  11.  i:* 
rli.iiilf  (|i'^  l'iiaiiviiis  ili.ilMilii|tii'«,  11*  jiiur  •!•'  Ii  r*'*tt'  li**  ^:iiiil  J»mii  m  il>' 
<|iii-|i(iii'  .iiilp*  viiiil. 

••  ijmittrun  i//-  fius  n'iui'i'/iI''  li'i  nor/if  </«"<  f/**r;i'inf ,  ni  '»UT'i%  fan**-*  '/■- 
rinitts  et  H'  ftr»'t'  f"i  n  ■/■•  «•-rn'i/'i'i/*  «  f'ihfs.  .V  ; 'M^-^i  ;m*  I^  jntîi  /•;';• 
i'.i«ir<7/,  s"it  p'wiint  (r  r/i>ir%  '/•>  mmi,  .«'iif  innliint  un  autre  ff  rnpv.'i  m  ia« 
•/u  1/  it'irriie  rr  jtur-l'i  'fu-l/w  f''t'  .  \»-  r/u'ifii  :  -/lif  /i»  •/iwi»iri'-A'-.  >••  p  -r  ■ 
ti'/  |iiiiii(  ilr<(  ILiiiiImmiii  n\i\  i*-u\\A*^%  ii''s  iiImIi'^,  .1111  |iiiTr*-«,  aui  f  •*! 
t.iiiif-,  .Mil  .iiNn*^.  m  aiix  •  .'irri-fntii^  •■!  m'  f.iiti'N  p-is  lii*^  \ii'ux  1  tii*  ni'* 
i|f  ri-s  l'Ii'i^i's.  .V"'i/M'"^i' i  ;i««ifi^  '/i'*  ti'j'ttur».%  'ifi  r-.ji  -/f*  f'tnme*  m  tr* 
'••7«-«  i|iMn>t  iMi'-nii*  I ni"*  \i"iii»'/  ilf<  !•■  I  li-M,isfii|ii<'s  m  n»»''!  aiii'»i  •/  ,**^ 
/'■H  i-.rf«  tiir'itt  'fif  «■  /r  liffiti'fue  «eT'Ii/  >-iiii/r  »f  tftt'flh  rif  l'uffrmfr.it 
'/II-  /f»  /.-ir-./f'»  I.  l' fC'i  i'mr,  ft'if  *'ijuun  t-l  r- tt,'  i-' h*-  1  i-'ii/  ;«'i*  /•  J»  ««i*- 
f /ifiW,  fh'ir^  /ff  'i»nfin  S»'  fi*t'S  /l'.iiii/  '/'r*J'/ii<l/i>>M  :  ri  imh  h.iiili-z  p>  l'it  !•■• 
ht'rlif^  i't  iii'  i.iiN'*  |iiiiiit  |M«.*iT  ili'^  lrini|M-aii\  |i.ii  ih*  .iilni-s  li  ■•■!••.  ■ 

(2«'m"fi. 

ni  fiiinin'*  wH^r»*  m-tf^f  ureu-^t'  /«-r*  n/i»'.  *'iif  ;»  «u»"  fitfr,  5'i»f  ;.  ur  ffinir. . 
*Ni/  ff»iir  f'iir--  'lU' t  f*i^ 'tutr-   •tui  rti'f,  tn-ii*  j>lut*''t  'fu'tti»'  tmftt"r.:  ii  yr.l 
•/•■  J'  *u^•l''trt^t    i'in*  t'Uttrs   .%•  s  i|i7i  .ri<  rt  >fii'»il>-  m»  tt^  t  ut*    *•!  •••liAiN  f 
'l'j'M  /i  I  «rf ri    /«>   <(-»fi  II  irii.    4J<i 'irii'(i/i   ii-    <*rif-  /-u  «/ne  ^J   /ti>i*   i-i'if'*'.  ;•;'    ^ 
*IU  *  H-    f  ltfi*f   f  fi   l'rMniH   t'Wji*  p'ir   l'  r  If     /•■    /lirii.  fjii 'lu  un  M'    ^i««^ 
'ii'fitiU'     l' fitit'i.rf  n  il''    ./»'%  «i»|i  r  »■;•  »    ■///!»   /-i  11  •»!•  ■ //•     /un-,    /"«I-if  .nf    ;i 
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■    iji     {"-r  «-•ir.<-  Il  .i}*{i'-li<    ^' .«'II'  'IM  '  I"  *  ■li'il  -l  II  lijnr  ••!   ii-   jtjf»-  j  if 
!■•-«  i|<  i|i    i«l|i-«    jlir   «'l'if     /•■«;-•    .'f'i'''  «  •/'    lh*ii'-l    /lit    «'/'fri    /'t  fl  t   I  '-r  i    •,?)■ 
j^ri  •  .1/ «iii/  f|.      ..i/#«    /#  *  /i  nirii' »  ..  >  f/  •  lU* 'Il  '  r  '  -fu^l  ff  tn-ti'i  It^    n   "^'i 
r»'-   i^r,    iir     i^if   ■■'i'iii;i    i- «.    •!•    «Ilir     l"-!./»*,   m    HMr    i/i'livuri    ■/•'  j  *■•••■' 1     . 
Il/*    N*'  k  i-i.  jKa  11./  III  .l'ii  f'tiii  un  o,  m    mi    iiNif^,  m  .tut  •  %tt*'l   u:* 


1       N.i'li«>'r   il.it  1:1  {••it  <•  iii'-iiir  1.1     liitu  ••'•l'-il.  il'iM  li^rri  i1iiImiIi.'4  tiKt! 

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y  I  ■  .'    M      i  Ar  ■  ■.-    ;.    Ji:;-  n  n  i.  •     i   iii-'iilr-   -{'i-'  i*'\  *  lui  •  n  rlti*l.    l.-  ••  '■■  '    ■. 
•»f  i.  i  i.r-*  'îr*  •.■  .t»  •    |ii-  ;  '    i  ^-ii    i   ir  !f    ■■  >i/  'f  /»  j»"  /  1  /mi*-,  /  ri  <  r."  .   :i    .     ' 
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ANNEXE  D  403 

pour  faire  des  phylaclères  diaboliques  S  mais  que  celui  qui  est  malade 
ait  confiance  dans  la  seule  miséricorde  de  Dieu.  « 

L'Église  attachait  tant  d'importance  à  ces  réformes  qu'elle  faisait  ap- 
pel au  bras  séculier.  Nous  lisons  dans  un  capitulaire  de  Tao  742  édité 
par  Carloman,  fils  de  Charles  Martel  :  Nous  ordonnons  que  suivant  les  ca- 
nons dés  conciles,  chaque  évêque  dans  son  diocèse  emploie  ses  soins,  avec 
l'aide  du  comte  qui  est  le  défenseur  de  VÊglise^  à  ce  que  le  peuple  ne  se  livre 
pas  aux  pratiques  païennes,  mais  abandonne  et  répudie  ces  ignominies  de 
gentilité...  quils  empêchent  soigneusement  les  consultations  des  devins,  les 
amulettes  et  les  augures  ou  incantations,  ou  immolations  de  victimes  que  des 
hommes  insensés  font  auprès  des  églises  suivant  le  rite  païen,  provoquant 
ainsi  la  colère  de  Dieu  ou  de  ses  saints  el  ces  feux  sacrilèges  qu'on  ap- 
pelle Nied  fyr  et  toutes  les  pratiques  païennes  quelles  qu'elles  soient  ■.  » 

Un  concile  de  Nantes^  à  la  même  époque  *,  rappelait  qu'en  des  lieux  sau- 
vages  et  couverts  de  bois  existaient  des  pierres  auxquelles  le  peuple  rendait 
des  hommages,  lapides  quos  in  rumosis  locis  et  silvestribus  vcnerantur, 
que  les  villageois  s'obligeaient  par  vœu  à  leur  offrir  des  dons  qu'ils  n* étaient 
que  trop  fidèles  à  y  apporter,  vota  vovent  et  deferunt,  qu'il  faut  les  enlever 
toutes  jusqu'à  leurs  bases  qui  sont  enfoncées  en  terre  *. 

Charlemagne  essaya  à  son  tour  d'abolir  ces  abus  '. 

Des  insensés  vont  allumer  des  chandelles  et  pratiquer  d'autres  supersti" 
lions  près  des  arbres,  des  pierres  et  des  fontaines.  Nous  ordonnons  que  cet 
abus  soit  aboli.  Que  celui  qui  suffisamment  averti  par  la  publication  de  notre 
édit  ne  ferait  pas  disparaître  de  son  champ  les  simulacres  qui  y  sont  dres- 
sés ou  qui  s'opposerait  à  ceux  qui  auraient  reçu  l'ordre  de  les  détruire  soit 
traité  comme  sacrilège. 

Les  conciles  et  les  évêques  poursuivent  ainsi  leur  œuvre  de  purification 
des  croyances,  toujours  avec  le  mftme  insuccès  jusqu'au  xviii*  siècle.  Plus 
nous  avançons  dans  le  moyen  âge,  plus  la  nécessité  de  ces  décrets  et 
mandements  semble  se  faire  sentir.  Nous  en  constatons  les  traces  aux 
époques  suivantes  : 

743,  concile  de  Mayençe  ; 

816,  concile  d'Aix-la-Chapelle; 

826  et  829,  concile  de  Paris  ; 

1398,  ordonnances  de  la  Faculté  de  théologie  de  Paris; 

A  l'approche  de  la  Réforme,  les  avertissements  se  multiplient.  Nous 
relevons  des  délibérations  et  des  décrets  de  conciles  : 

En  1445,  à  Rouen  où  intervint  un  légat  du  pape; 

En  1528,  à  Bourges  {concile  provincial)  ; 

1.  Le  clergé  croyait  alors  à  refBcacité  de  ces  phylactères,  il  ne  les  défendait 
que  parce  qu'il  les  croyait  les  œuvres  du  démon. 

2.  Cfr.  Max.  Deloche,  La  procession  de  la  lunade  (Acad,  des  Inscrip.  t.  XXXH, 
p.  156).  Cfr.  Pertz,  Monum.  German.  hist.  leg.,  t.  I,  p.  17. 

3.  Labbe,  t.  IX,  p.  474. 

4.  11  est  clair  qu'il  s'agit  des  menhirs. 

5.  Capit.,  t.  I,  p.  5.  Liv.  X,  titre  64. 


un  LA    KKIJr.lON    DKS   0.11IIA>IS 

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f.11  ITmQ,  sy ttu  h:  «/f  r/i'ir/rrs; 

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('.••  «iniil  liitjj'iiji^  1«'S  iiit'-iiit*!i  <iipi-i%litinns  i|iii  siiiit  viM'f^  p.ir  l'I  .'liv  . 

Kii  lo97,  Tlii**!»  **ii  tliiiiiie  il  iiniivf.iii  lii  li!kt«*.  «'Il'*  t*«l,  |>ifM|ii'*  ^.iii« 
i'li.'iiik:*'iiii'til,  ri'lli'  i|iii*  imu't  :iTiiris  citiiiitt*  iIp  l'IiDint'lif  il**  viiiil  I.|mi  ,iii 
^ir  Mil  It:.  liii  iiiilli'  ans  lifii  mt  |)n"'>|iH*  ri»*ii  n'atiil  •  liuiik***.  N>u%  n— 

liijin'S  liiiji'hint  !••  rulli»  Av.s  |ti«*rri"«  »'l  tif  s  finil:uin*H,  Ws  U'Ws  •k>.Niir..iM'« 
(*iit.ii'lit'«-^  il**  |i.ii:iiii^iiii'.  4*«'rt.iith*h  pralii|iii'^  lit*  l>i  iii.'U'i<*',  Il  n  •-«!  pi* 
^l(iriii:iiil  ipif  I  l.L'IiM*  .lit  ifi'liotii*  ilaiis  i'(*tlf  lutl«'  liifiln*  W^  sii|»«*r^tiii>'r:« 
i|ii*'  la  «l'ii'iii'**  Nt'ulf  .1  pli  <li'r.if'iii«*j  il«'%  «'«priU.  l.'K.'ii^**  t'iUl  di  i*"*  iH'i- 
tht-iii.itis.uit  alMiipiiirs  l'iii  aivrflrai-iti*iii<  ivh  pr.itii|iji*<>.  (>  ipr«ll«*  il>*fii  m* 
fiait  «^itrluuf.  r'i'M  <|U*'  l"s  lliJi'Ji*»  iii\iii|uas^cn(  Ihrii  ri  ii-^  «.nul*».  ii"ii 
\**s  il>-iiiiiii%;  i»*iiiplai;.issiMil  \fs  aiiiiililli'H  p.iiriint'<»  par  li  *  n*t.r.  l/K-1»*'- 
d«'liiiiS'«.iit  l*'s  HripfjotiliiiiiN  .  riri  ^mI' /»•  t'i-iif  ««m  t-Xf^r- s  av.r  !••*  il»  im-'Ii* 
(n.  A'itf.  Ih'  •/  .  tr  'hn^t.,  r.wvij.  LK^'li'^f  Ma  jiiim-  iliJ  <pi'' •  •  'i  piit-  j-i.  * 
fuHM'iit  sii'iil.-^  Mil  iiiairii<«.iiiti's  au  punit  ili>  vin'  liiiiii.iiii.  m  ii«  •}<!•-  «i 
fUrs  *H't%tnt  prufitit*'l^%  sur  r-tt'-  tenr^  ///•■»  tu-timt  /'«iiw  » ^ /»f''»i| ;r n  m(  iV. 
fl't'nmth  -U  i  Enffi  K'.'%\.\\\  pn-»pl»'  illilllili-  l»»  Alli»"»  lillil»'*  '"l  lill  •rii-ii*-  * 
lit*  lii«*h^  tt-iiiptip'1%  a  l.i  Iriiialiiiii  «l'fn  f<i«  ii«'i .  (hi  ■  mnprrfiil  i  iMiptji«« 
sailli-  i|i-s  iii.iiiil*'iiii'iil'«  «l  il»"»  «li-Ti-l^  i|is  ri>iii'il«'<»,  il»*»»  •■*»'|iit'»  •l  111»' !ii- 
il«-s  papi'.*. 

4'it<iii'>   ipi*-lipii*«-iiii'^  i|*-«k  sitpi-i^tilKiiis   ti'lji'^   i|iii'   \*'\   f>irMiil<>   J.-lt. 
Ilii*-i« 

M'ttrv  f/'int  l*  ^  jtif>iin>  un  /#•  ii  -l»'  frii  -^ii»-  /"'.ii  n  *it'  -tutum'  -i^  fnf^  l- 
jifriitit-r  /i<riij/i' /('  i/»'  r,jiVr;ir  .ym  i  «f  l--  j'iur  ■/••*  ^r'l^  t"n«  »  f  ♦'!»/, -.' /in^r  ,ij' 
•■'■'•i  ^'ii'  f»  -tu-  'titp'i'  f't^u  Hur  j'ir  lin*  /•■i»%*t /i'i»«  ^«miI  ff-i'iT*  i  ■  V-,  .  *•! 
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7»  ■*ri    /*/  rf  fjif     f   y»     k  ^iif    /•!  tl»  I'«ll   'U  •/•    /•!  lui'  II»'  il-    N-  ■     «f    ■'■«  p  i:-i 
lie  \.i' I,  I  ri ''l' Il  ■/•«/'•  lir  if  ♦iirf'Hi/  f  n  l'r  .1  f-M'"»"    ('*•  in-fnir  •  /  m' /■     |  ir  . 
l'-rif*-  /*!  fimiU'-  *"»/»••  m'-/'   /-y   rir  ■/•    .\  • /.    im  /•   lU  yii»  i  ir  •(    m  /■    f-  rf     '•: 
'«'r»  •ri'ipiff     Mm  /«i  •  iii*i/i'-  tni   Itn*  il  fK^lih^-t.    iu  tn'titr»   •  ii    /'   il  rmzi.'r  •• 
»iut''jt*    Uni'  ;i-M  f-inf 'iri  ■ /i-iii(<' 'I   /•  n  r  «A  rur«   /f  i  r  vf^m**!  ;«r-i'M  <it->.*>^ 

^•11/  'ii<riif^  ''iiir  /l'iiiiiii  pir   U  /  îw^  j"  lit   rt  /•-  |./iii  j<     n-     />    .' i  " 

flif      m    I    ff   /•    I  l'I   /li'W  T'^i  in  /  ./«-«WM  «n  f 'fnf   '/•  rr  iij"  rn    fi»  rnf      l;t 
ii-illHii'     l'iti.i      \yis  .fu  .t     n   i'    mrt  du  ftH  •/  'fi  U  rr%p-rje  «i  f...  f    fu    n 

H      .«-    ■  'i.c    mr     /•  ««(!«       f'     '       JIN/-      •/•il     »i    "Il     /•'   flt'f'î't'ltt   •l|il*l       fl     il-'    *     i'ttf  i: 

•fW  i  fin'  fu  I  '  lit  'i   »i .     Il  ■  -1  r  ri»'  '  •  •   f   'if'   /  'iiifi'*''    iu  >  hir^»  n 

•  Ml   ^iif    ;  11,11  ,' I  I  .-i...     i''    \     •  iiN    //-    1  ;•  iifi    y'i"    ri  II  ■«fiinf^  !••  pli  11  -I»    '*  » 
i- Il  I'".     r»     «1  •■■*/■•■  'iri  ^.' fiî  r/j  'f    ■  lu  «Il     t'  f\i- l  •  U  f  ut  tr-.t\  iiu   jU  it''*    "f    t^ 


t     '  f-      .    t;     I   .     r       t     I,   p     .»        •       ■•,   .1      •-'.••■:      M»     1     ♦     •■  •     I  •• 
.'    J    w    I  <!••  r>.    /     I  iiiii  .  I.  p  .'••!  4   •il* 


ANNEXE  D  405 

avec  un  couteau^  on  Je  garde  pour  guérir  plusieurs  maux  et  le  reste  on  le 
réserve  pour  le  jour  des  Rois.  —  Toutes  ces  pratiques  sont  sacrilèges. 

Allumer  des  feux  et  faire  courir  les  enfants  par  les  champs  le  premier 
jour  de  mars  afin  de  rendre  les  terres  plus  fertiles^  Polydore  Virgile  rap^ 
porte  que  cela  se  fait  tous  les  ans  en  Ombrie  et  que  In  couiump  est  venue  de 
ce  qui  se  faisait  autrefois  à  Rome  le  jour  de  la  fête  de  César,  On  en  pour-» 
rait  peut-être  dire  autant  des  brandons  que  l*on  porte  allumés  dans  les  champs 
certains  dimanches  de  l'année. 

Ne  point  filer  le  jour  de  Carême-prenant  de  peur  que  les  souris  ne  mangent 
le  fil  tout  le  reste  de  Vannée, 

Laisser  entre  les  deux  noélst  c'est-à-dire  entre  la  Nativité  de  Notre-Sei' 
gneur  et  la  Circoncision,  le  pain  sur  la  table,  le  jour  et  la  nuit^  parce  que  la 
sainte  Vierge  y  vient  prendre  son  repas. 

Mettre  dans  les  jardins  un  tison  du  feu  allumé^  le  premier  dimancfie  de 
carême  et  croire  que  cela  fait  du  bien  au  jardin  et  y  fait  pousser  des  oignons. 

Passer  trois  fois  au  travers  de  ce  feuy  afin  d'être  préservé  delà  colique. 

S'imaginer  qu'en  jetant  du  sel  aux  quatre  coins  d'un  herbage  le  premier 
jour  d'avril  cela  garantit  les  bestiaux  de  maléfice. 

Se  ceindre  de  certaines  herbes  la  veille  de  la  saint-Jean^  préciaêment 
larsque  midi  sonne,  pour  être  présagé  de  toutes  sortes  de  maléfices. 

Se  rouler  sur  la  rosée  d'avoine  le  jour  de  saint-Jean,  avant  le  soleil  levé, 
pour  guérir  des  fièvres. 

Cueillir  certains  simples,  certaines  feuilles,  certains  fruits  le  premier  jour  de 
mai,  le  jour  de  la  Nativité  et  de  saint  Jean-Baptiste,  avant  le  soleil  levé,  dans 
la  créance  qu'elles  ont  plus  de  méi'ite  que  si  elles  étaient  cueillies  en  autre  temps. 

Cueillir  certaines  herbes  le  jour  de  la  saint-Jean  pour  empêcher  les  sor- 
ciers  de  faire  du  mal. 

Mettre  du  sel  aux  quatre  coins  des  herbages  le  premier  jour  d'avril, 
afin  de  préserver  les  bestiaux  de  maléfice,  etc.,  etc. 

Tout  cela  est  condamné  par  TÉglisc,  mais  tout  cela  se  pratiquait  à  la 
fln  du  XVII*  siècle.  Ou  ne  peut  qu'admirer  la  ténacité  de  ces  survivances. 

Il  n'est  pas  étonnant  que,  sentant  son  impuissance,  TÉglise  ait  peu  à  peu 
et  dans  certaines  contrées,  môme  dès  le  début,  cédé  aux  préjugés  popu- 
laires et  cherché  à  les  christianiser,  acceptant  le  culte  des  fontaines  sous 
Tin  vocation  des  saints  succédant  aux  génies  locaux,  les  cérémonies  solsti- 
ciales  sous  le  nom  de  Peux  de  la  saint-Jean,  planté  des  croix  sur  les 
menhirs,  placé  des  pierres  sacrées  païennes  sous  Tautel  des  églises. 

Une  autre  superstition  s'est  perpétuée  dont  nous  n'avons  pas  parlé, 
mais  qu'il  convient  aussi  de  signaler,  la  croyance  à  l'empreinte  des  pas  des 
saints,*  Nous  considérons,  en  elîet,  que  ce  préjugé  des  saintes  empreintes 
fait  partie  du  cortège  des  symboles  primitifs  dont  nous  nous  sommes  si 
longuement  occupés.  Le  prototype  est  le  pied  du  Buddha*. 


1.  Cfr.  Salomon  Reinach,  Revue  archéol.,  1893,  1,  p.  224-226. 

2.  Cf.  Emile  Senart,  La  légende  du  Buddha,  pp.  353,  364,  368,  418,  415,  421, 
425,  450  et  notre  Ogure  62,  p.  389. 


LA   RELIGIO 

Il  ne  fions  parallpas  douleuK  que  de  ce  mythe,  très  probablemenl  dt 

bcnuooup  aiittrieur  à  la  réforme  de  Çakia-mouni  relèvent,  à  litre  de  sur- 
ii£uiin«.<  transformé  es  de  siÈcle  en  siècle  par  l'esprit  iiopulaii*  et  adap- 
tées aux  nouvelles  i^royancei.  les  nombreuses  li;t;endes  se  rallachant  aux 
empreintes  de  pas  des  saints  et  eu  particulier  aui  p-u  de  saint  Germain 
dans  l'Auierrois,  de  saint  Mnriin  dans  le  Limousin,  de  saînl  Haurint  dans 
la  NièTc  et  surtout  do  saint  Mari  in  dans  le  pays  i^duen',  sans  oublier  les 
PAS  de  Gargantua  (légende  solaire). 


Lea  feux  de  la  saint-Jean  [leçon  IX,  p.  116). 


Aux  renseignements  que  nous  avons  ddjâ  donnés  nous  pouvons  en 
ajouter   quelques   autres  que    nous    devons,  comme  les  précédents,  à 

l'oliltgeance  de  nos  élèves  ou  de  nos  auditeurs.  Nous  y  joindrons 'luelques 
indications  déjà  publiées  ailleurs,  propres  à  montrer  l'étendue  et  l'an- 
cienne vilalilé  de  ces  vieilles  pratiques  dont  toute  trace  aura  disparu  dans 
quelques  années.  Noire  auditoire  était  1res  reslreinl.  Le  résultat  de  rcUe 
euqui^te  limitée  montre  co  que  pourrait  produire  une  enquête  plus  large. 
lutitutaurs  «l  curés  devraient  se  mettre  à  l'uiiivrc  pour  recueillir, 
pendaut  qu'il  en  est  encore  temps,  ce  qui  reste  de  ces  vieux  usages. 

Los  notes  dont  nous  avons  parlé  dans  notre  IX'  leçon  portaient  sur  les 
départements  de  l'Aisne,  de  la  Charente-lnfftrieure,  d'Kure-et-Loir,  du 
Finistère  et  de  la  Loière,  Nos  nouvelles  notes  portent  encore  sur  quelques- 
uns  de  ces  mêmes  dêpartemeols,  mais  y  tigurent,  en  outre,  les  déparle- 
ments des  Hautes-Alpes,  des  Ardennes,  de  la  Creuse,  de  la  Corrêze,  de  la 
Dordogne,  de  la  Drôme,  de  l'Isère,  du  Lol-el-Garoiine,  de  l'Oise,  de 
Seine-et-Oise  et  de  la  Seine. 

IJn  instituteur  de  l'Aisne  auqutl  nous  nous  étions  adressiï  pour  uu 
supplément  d'infonnation  nous  répond  ;  «  Ce  que  je  puis  affirmer.  c'eU 
i]Ue  la  ffl^  ''"  fil'  ''fi  naint'Jean  se  céli-bre  ioiyour.v  â  Vorges  et  conlinue  à 
y  revêtir  le  caradère  d'une  viri[iiibli^  solenmté.  Depuis  qualone  nns  que 
j'exerce  mes  fonctions  daru  la  commune,  j'y  ni  toujours  remarqué  le  mfme 
entrain.  Le  21  juin,  dans  la  journée,  te  jiiaire  fait  publier  ipi'une  voilure 
passera  le  23,  dès  le  mutin,  dans  toutes  les  rues  recueillir  le  bois  que  chaque 
bitliitant  voudra  bien  offrir  pour  le  bûcher  de  la  sainl-Jcun.  Personne  ne  se 
sounlrail  à  celte  oUigation,  chacun  a  à  citur  d'y  contribuer, 

I,  Cr,  Bulliot  et  Félii  Thiollicr,  Lu  mUaiai 
Jtti'Ui^  dei  Irad.  pa/i.,  1.  \'l,  p.  *2H,  677,  fiSI  ; 
gte,  ilS,  bS9,  693  ;  X,  HO,  67U. 


ANNEXE  E  407 

«  Mais  ce  n'est  pas  seulement  à  Vorges  qu'exisle  cette  cérémonie.  A 
PancyS  petit  village  du  canton  de  Craonne,  à  Mauregny- en-Haye'  (canton 
de  Sissonne,  les  mêmes  usages  persistent.  On  les  retrouverait  dans  bien 
(Tautres  localités  du  département. 

a  J'ai  interrogé  des  vieillards  de  Château-Thierry,  m'écril  un  de  mes 
élèves:  «  La  fête  de  la  saint-Jean,  me  disent-ils,  a  existé  jusque  vers  1850. 
Les  jeunes  gens  de  mon  âge  se  rappellent  que  Von  dansait  encore  autour 
des  feux  dans  leur  enfance.  On  les  allumait,  surtout,  quand  il  pleuvait  au 
mais  de  juin,  et  cela  dans  l'intention  de  faire  cesser  la  pluie  ;  un  proverbe 
populaire  dit  en  effet  : 

Eau  de  Saint-Jean  ôte  le  vin 
Et  ne  donne  pas  de  pain. 

a  Ces  usages  ont  disparu  depuis  une  vingtaine  d'années.  Mais  je  me  rappelle 
très  bien  avoir  assisté  à  la  fête  des  Brandons  qui  avait  lieu  le  premier 
dimanche  de  carême  devant  la  porte  de  ceux  qui  s'étaient  mariés  pendant 
l'année,  » 

«  Dans  le  département  des  Ardennes,  ajoute  notre  zélé  correspondant, 
près  de  Château-Porcien,  mon  père  a  connu  une  coutume  analogue  qu'on  a 
essayé  de  faire  revivre,  il  y  a  quelques  années,  mais  sans  succès.  A  la  saint- 
Jean  d'hiver  (27  décembre)  on  allumait  de  grands  feux  appelés  Buirs  ou 
Buires;  on  dansait  autour,  on  chantait  et  l'on  buvait  beaucoup.  » 

A  Gap*,  m'assure  un  autre  de  mes  auditeurs  :  «  un  bûcher  était 
allume  autrefois*  sur  la  place  publique  la  veille  de  la  saint- Jean,  On  sus- 
pendait des  chats  au-dessus  des  flammes  et  on  les  laissait  rôtir  ».  Ce  ren- 
seignement est  d'autant  plus  intéressant  que  le  même  usage  est  signalé 
à  Paris  '.  On  lit  dans  un  des  libelles  du  temps  de  la  Ligue  que  a  les 
ecclésiastiques  qui  ont  assisté  à  la  prétendue  conversion  de  Henri  IV, 
méritent  d'être  attachés  en  grève  comme  fagots  depuis  le  pied  jusqu'en  Iiaut 
de  V arbre  de  la  saint-Jean  et  que  le  Prince  devrait  être  mis  dans  le  panier 
aux  chats,  que  cela  serait  un  sacrifice  agréable  au  ciel  *  » . 


1.  Village  de  112  habitants. 

2.  Village  de  600  habitants. 

3.  Hautes-Alpes. 

4.  Autrefois  est  bien  vague.  Les  feux  ue  sont  plus  allumés  aujourd'hui  que 
dans  les  villages  de  la  montagne. 

5.  Cfr.  Sauvai,  qui,  dans  ses  Antiquités  de  Paris,  t.  lil,  p.  632»  sous  la  ru- 
brique :  Comptes  ordinaires  de  la  Prévôté  de  Paris  :  Feu  de  la  saint-Jean,  parle 
également  d'un  sacrifice  de  chats  :  Voici  une  quittance  citée  par  Sauvai  à  Tappui 
de  ce  fait  :  «  A  Lucas  Pommereux  cent  sous  parisis  pour  avoir  fourni  <•  tous 
«  les  chats  qu'il  fallait  au  feu  de  la  saint- Jean  durant  trois  années  jusqu'en 
u  4573;  de  même  pour  avoir  fourni ^  il  y  a  un  an,  oU  le  roi  y  assista,  un  renard 
«  pour  donner  plaisir  à  Sa  Majesté j  et  pour  avoir  fourni  un  grand  sac  de  toile 
«  où  étaient  lesdits  chats.  » 

6.  Sainte-Croix,  Œuvres  complètes,  t.  V,  p.  427. 


i08  LA    RELIGION    IlES  GA'JL0I4 

Crfuse  ff  Torr»*!'.  ••  Sur  Un  ro«/irn  fie  la  Cri'uxf  fi  «1er  la  /'«rr/s»*  on  n''\ 
péti  nuhli^  in  ira'lifi'tn  du  feu  *if  la  saini-Jenn.  A  un  p'*ini  <l**Ki'/nf  «f^n  •in''- . 
It'  21)  juin  nu  S"ir,  Aor/if/i'V,  frmtm's  et  enfntits  s»-  l»'uni\^^nt  fh>ur  nllutnrr  le 
feu,  on  t'h'he  tie  le  fuir*'  aussi  hrtUant  «/iif  fMssme  \  Hf'ntni  e"mmen'ent 
U>  tlanties.  Jeunes  tjms  ft  jrune»  fillf»  fhaittmt  i/r*  mni*-^  fie/i'lani  'fw  U\ 
prres  *•(  1rs  fiityivs  \f  rhauff''nt,  atjani  eu  ^"in  }»rt  alahlement  «!••  *»••  n-nnlr»" 
li*H  rt'iiis  <le  hriri**  il»*  siml'I»*  arr.n'ht'N  au  rli;iiii|i  vnisin.  //%  m*»\»^uunef>ni 
fMuit''  MHt  *'/f>rts.  U'i'tnt  11*  fiMi  loiiihi*.  \vs  jfMirii'<i  p*ns  h.iijI«*ii1  \*.it' 
ilf'!iMi^.  1/"^  jeunes  nifanti  sunt  l'nlen'^  par  leurs  jM-rr.*  nu  leur»  fn-rei  ^i 
rTfio«r«  an  f  ont  art  •/»;  la  fia  mm*'  ifui  /•  .•  ;>  r  #'*#•/■!  vif  i  'tei  /l''i  ii  i. 

/>ri>iii'-*.  lin  V  r:ip|M*ll>'  «*rii'oi-i*  îi  V.ill<iir**  i|iii*  1«-  iMjiiiii  *\t's  l«*u\  •■Lm-nl 
nlliiiii*''S  ^iir  l'iiih'H  li*s  h.'iiitfiir^  voimih'»,  iii.ii!i  i-i>^  ii«> i;;fs  ri.iirni  %iiif<>ui 
rt*|i:iiiilii<  (LiiiH  !'lvTt'. 

/««V'.  A  (•{•■intlil**  iiti  t<|rv:iit  MIT  i'.'ini'i**riii«*  pLue  S:iiiit-JiMii '.  ilfvint 
r/'L'h*^*'  tl**  i'c  ^atiil.  <iiiji»iti<lhiii  il«*iiiniii\  un  k'i.ui<i  hùrhifr ipn*  lif^ii-«s.iit  !•• 
l'iiri*  il>*  U  |i>'ir<>iH^i*  et  aiii|iii'l  \t's  •unsuN  iii«*ltait*ijl  If  f«*ii.  L<iui«  \||| 
s't'l'irit  troijvt''  i!*Mix  fms  iL-iii<i  rriti*  \illt*  a  ri'*pMi|iji<  ifi-  |.i  frif,  *  n  l.*«rj  ri 
irill.  mil  liii-riii*Mii'  I  iiai|iji*  fm^  ]*•  T'u  aui  l>i'ii-ht'<  i!«*  saiiil-JtMn. 

r.'i'-i.iit  un  iiMk'<' iiiininiiii  lian^  t'iiil  l»>  Maii|i|iitir.  Il  rit*  m*  ri'ir.iijvf*  |i!ii« 
4|iii'  il.ifi^  i»*s  h  iiil>-N  ni>*nta;:iii-«k.  niiii^»  il  \  •-«!  (n'<»  |iii|iiil<iiit*  :  *'f%i  {'»*■»  \. 
huai  ili*  |ir<iin*-n  ii|t'!»  .m  niiln'ii  i1«*h  |ii.iiiii"»  .ijiir^  •'niiiiili-i!^  A**  lt*"ii^.  h* 
jeun*  s  filif  g  \r  r»  wirut  a  r»s  f»  ur,  /•*■!  *ijii-/#-.  *  «/u'i/  f'iut  lr%  i  i«ilrr  n«'iif  fi.i*  et 
fairf  •/'%  faran'i'hs  ant'titr  •/'  i/niriii  *i'»'UJ'  fnur  intui-r  un  mar\  /.int 
l'anwr  l^is  jiiijsunurs  *t  /»  *  ;i»i/r.  i  7  r  wimi,  ut  /nirc  fr*iii;."|iiT  iin  il^  f  .»il 
^aiiii-i  |i  II -l^■^sll«  lit  (il  iM*-r.  •ilin  «!•■  l>-s  pi'*«>t'i\*'r  il<*%ni  ilaili«*«. 

i.«*^  pi  ini'*N  ai'iiiii'ili<|iii'H  «  lll•llll»•^  ■  *'  nit'iiif  jitiii  muiI  ijt*^  «pt-,  fi  ]i|.% 
r  ihti*-  !•"«  ni  iliili**^  ri  !•■  t>iii!ii-ii-i-  iU\  \f^  rmi^.'ivi*  pi**>  ii-ii«i'iiiiril  l>.'ii<- 
l'aUMi'i"  ■  la  f/i*  ri(/if.  /-i  m»it%%' .  /<i  *'Im;»*  »  nf  /•  <  fUn*  r»  -  'i*  rr^i»»-».  L»**  fl*  «if  * 
i|i' 4iiii' m  •■lit  •■kMl*'nh-hi  li'iiiii''  i«*ti>>Miiii>**'. 

I.  t-rt-^'t'àr  fifi' .  I  iii*  )•[•••  hui*- ipi'.i  fil  l'iiMi,:»  in<'«*  <!•■  nii'nk'i\t'r  M  î** 
p.i<i|fiii  l.nw.  « ->rr>-^p<>ri  I  inl  iln  Mini^ît  !•■  •.  i|<inii«'  mit  un-  il<'«(<!.% 
H'tl  iii'*^  i]**  rA»'t'iiii«    m    \     sii*i  ;••   lifs  ili-i.iiN  •pn   Mi'-ii1*-n(    •!  •'-tr>    r*';'r  — 

flUlN   illll^    •  •It-     llllP\<    .      I.    Illliill      tl    llKitil*'    p  mil     II    '|l|>  ^||•l||    •{.      «1^    •  I 

l'iri".  riiti^rf  ipi'il  iiiii«  ilii  lif  1 1  fi'-l I  lu-iipi-  Il  f    If    ijii  I  /.  1/   .  ^i    un 

ri>iiM>-|    ii»itrii*-iit  \<-n.iiil   s»-  j>i,iiilif  afin  iim   uni  i-ti-  «l^-j.i   i>|fit^    1  ir 
M.  II.  i.ii.l./ 

.4'ifr.rr.,,^  /  I,,,  /,.  f.-nj*  I  A/-  M.  »Mii  iflf  rin  .în'i  fU^  tji>i  /»  ,  /r  t  |..|.  n»  ■  -ir 
rti'*T  r  un-  .'  ■ -n  m  /.  /.  wi  •  N/r  **  1  ♦  ni// ii- «f,  ■  n  t'%i*ti,,  Lin*  ui,  wm- \ 
(|i-'iip.'-  I  iiii  III  m' ut  •/••riri>  Ir  %  f -rt  ^  -tu  s-m-  tuanr  %'  u*  t  'i-nf  m'u** 
I' n   ïeff  I    I'hu^  ;<mm«'|ii''    i»»ii«i'/.-,  tt    lui  *i<ui    il»   •■   yruy,--  ij'u«     -tiii- 


f.  \  .Irrfiii-  |.-  fi-ii  •  ti't  i    'ifif  ;.ir  un  •!•■•  nuLiM»'*  <iu  p.iv-     llriiarif^ietn^f.i 
il  '.'.   '..  i:>-.l  m',    lu  ;•  i\  •  I 
-•    A    !r.-  ;.  l!fi- 

J«   A  I,    'I'  i'tfii   pi  i>  r  ««iii;!!    \ri>iri- 
».    K\!r  i.!     !.|  /l'u.'.V.'ii     t'  I*:    /    ;    :..'/      ,/r.   *V/..,-i    /r  /'    w.r    ■     .ii,;ir4    !  *  •.• 


ANNEXE   E  409 

raissait  une  roue  entourée  de  flammes^  9111,  précipitée  sur  la  pente  roulait 
jus(iuà  la  rivière,  au  pied  du  coteau.  Ramenée  au  temple  par  un  détour^ 
et  lancée  à  nouveau,  elle  recommençait  à  vomir  de  vaines  flammes*  (Légende 
de  saint  Vincent  d'Agen). 

Ce  texte,  ajoute  le  pasteur  Lièvre,  qui  a  échappé  aux  savantes  recher* 
ches  de  M.  Henri  Gaidoz,  est  le  plus  ancien  que  nous  ayons  sur  la  roue 
solaire  et,  en  outre,  le  plus  explicite.  11  est  remarquable  que  cette  même 
cérémonie  est  décrite  par  un  Anglais  dans  un  poème  latin  du  xvi*  siècle. 
La  coutume  était  donc  cosmopolite.  «  Les  gens,  est-il  dit  dans  ce  poème, 
prennent  une  vieille  roue  pourrie,  hors  d'usage.  Us  rentourent  de  paille  et 
d'étoupe  qui  la  cachent  entièrement;  puis  ils  la  portent  au  sommet  de  quelque 
montagne.  Quand  la  nuit  devient  obscure,  ils  y  mettent  le  feu  et  la  font 
rouler  avec  violence.  C'est  un  spectacle  étrange  et  monstrueux.  On  dirait  que 
le  soleil  est  tombé  du  ciel. 

Oise.  En  1846,  M.  Bazin,  membre  de  la  Société  des  antiquaires  de 
Picardie,  envoyait  à  M.  Breuil,  qui  préparait  son  travail  sur  le  culte  de 
saint  Jean-Baptiste,  l.i  note  suivante  :  n  A  Breteuil  (Oise),  où  je  réside, 
nos  feux  de  la  saint- Jean  se  font  la  veille  du  saint,  au  soir.  Les  habitants 
élèvent  une  pyramide  composée  de  bourrées  et  de  bottes  de  paille  qu'ils  coU' 
ronnent  d'un  bouquet  ou  de  l'image  du  saint.  Le  peuple  s'y  rend  procession^ 
nellement  et  le  curé  y  met  le  feu.  Pendant  qu'il  brûle  la  procession  en  fait 
trois  fois  le  tour.  Lorsque  tout  est  consumé,  beaucoup  de  personnes  ramas- 
sent les  charbons  quelles  mettent  dans  leurs  maisons  pour  les  préserver  de  la 
foudre.  La  paroisse  de  PaiUard,  dépendant  de  Breteuil^  est  une  de  celles  qui 
tiennent  le  plus  à  conserver  la  fête  de  saint-Jean  ». 

J*ai  voulu  savoir  ce  qui  pouvait  rester  de  ces  usages  à  Breteuil  et  aux 
environs  :  j'ai  écrit  à  l'instituteur,  et  le  23  juin  1897  je  recevais  de  M.  A. 
Couguenague,  directeur  de  Técole  primaire  communale,  une  longue  lettre 
d'où  il  résulte  que  des  feux  sont  encore  régulièrement  allumés,  chaque 
année,  dans  la  contrée,  mais  non  en  Thonneur  du  même  saint. 

Si  à  Vendcuil  le  feu  est  allumé  à  la  saint-Jean,  à  Paillard  il  est  allumé 
à  la  saint-Denis,  à  Esquenuoy  à  la  saint-Pierre,  à  Breteuil  à  la  saint- 
Gyr.  Dans  d'autres  villages  il  existe  encore  des  feux  d'août. 

«  D'après  ce  que  f  ai  pu  savoir,  ajoute  M.  Couguenague,  l'Eglise  ne  parait 
plus  prêter  son  concours  à  ces  feux,  mais  si  elle  a  aujourd'hui  cessé  de  bénir 
le  feu  de  la  saint- Jean,  il  est  certain  qu'en  iSlO  on  voyait  encore  presque 
partout  le  clergé  catholique  prendre  part  à  cette  cérémonie, 

a  A  Breteuil  voici  ce  qui  se  passe  :  Chaque  année,  la  veille  de  la  saint-Cyr 
(le  patron  du  lieu),  trois  bûchers  hauts  de  plusieurs  mètres  sont  établis  au 
milieu  même  de  la  ville,  l'un  au  marché  aux  herbes,  l'autre  au  marché  au  blé,  le 
troisième  en  face  dr  rhôtel-Dieu.  Préparés  par  les  habitants  eux-mêmes  avec 
le  bois  recueilli  dans  les  maùons,  ces  bùcliers  sont  allumés  par  les  enfants  à 
neuf  heures  du  soir  et  aussitôt  des  rondes  se  forment  aux  accompagnements 


1.  A  rapprocher  de  la  cérémoaie  qui  se  pratiquait  eucore  en  1810  au  village 
de  BasBe-KoDtz  eu  Lorraine.  Cf.  plus  haut,  p.  110. 


410  LA   RKLir.lON    DRS    GALLOIS 

ti*'  rri«  '/■•  foif  #7  •/••  »/'7  »«•//» 'im*.  f'ii  /«i/  j8iii<  rrttf  rm*mnni''.  />'•;»  ri  m  nui/  a  ru 
ifW  j' h'Otit*'  lit*'t'  uil  ]•  Y  fis  lu  f.'f.-  s>*  fiitn*  •  ht  iw  'IWfI'V  iii  »«■  /«■  ru  "f/j.*  ''nrr'Jin 
c7  y  ^liM  /»!•  Il  ft*'rsnu  {*'  'fw  r*  t  iiS'j'/»'  'ttin-nt  fur  tvf  twjl  mfis.  KH-'  «i  /im 
/♦•  \1»  jnin.  j-Hr  *U*  lu  Mtint-(*tjr^ .  h:  /•■ii  i/.  /•!  h'IÏiW  i»- m  •in'*'  ■•rfHi  ni' 
rth'jit'ui''  II»'  *r  fait  ^dus  a  Hf' t»'Hil  'i^puis  twir-n  '(Wifinlt'  iint.  T'iinm/ 
oii  f'ii'^iit  s^'Hieiit  'itUT  fiux  II  hi  iif'iH^  h'itrr  a  dr<  rn'lf'it*  diff't'^uts  *( 
«/./i^x'*,  i7  €n  ri^suU'iit  ile^  tttvisinns  /«.i/j^s,  ♦/#■«  ri r«i /if r<  -/•■  rw*  7111  -mf 
/Sm"  fiar  ffiirv  'ifnin  tnnnrr  r,  t  nwf  n  wi't'jt'  •». 

>'.  in''-t7-Oi,<»-.   A   lin*  M.iiis  I»'  voiuiiK*  Hr  l:i  ltiM(ilh>'<|ii«*  il»-^  M'-r^fi'l»-» 
intitiil»*  hsfiUfi  itU'f'i»^*,  II*  i'iirii*iii  ri'i'it  d'uiir  l'i'i-ifiinMii**  il**  la   ^.mii 
J«*'in.  a  iiiMiiJM  «••rii'iiM*, /i  iiiHitii'  |iiiiI<'Hi|iti',  ;i  |.ii|ijfll<*  r.iiil>'iit  ilu  r^t  a  a 
n^Hi^tr  1*11  juiii  i*<\\,  pr»*H  II*  li.iiiHMii  (|t«  Mir*'k'<tii<f<>M.   \.illi'*>*  •!•'  loi.*". 

av.  .irii///iir*'  r./ri./iK,  I.  7S;  II,  77. Tl».  III.  IH;  IV,  'A'.^"-,  V.  1  i7.  l's'i. 

S"  II/.-  ./iv,   ifiriYrii.r.-s.  Mfiii.   I.  •-*'<'.»;  Mil.  4'>!. 

Il'i  Ml-  rtlv/ii'iii''.;i'/Pi#',    I'*"  *rlli*.  V.     iTTi   .    2*  «^l'Il»'.    XVJII,    I^IV 

/ri  II.-  h  s  tr.iUt,  /../.u.'ii/. ..  1.  !7.t;  II,  xr,  \  i\.  Jir..  h:'«j.  '.s«i. 

l.l    !i'irHV.Il|i  f    l|••^    fi'lll    «!•■    Il    «i.IIMI  «JlMIl  Mil    t|i'^    fi'iil    t|«'  Mil    <|iji    il'ioU- 

l*-iit  i|i'  l.l  lip'-riii*  S'Miii'i-.  If  iiilti'  i|ii  Milf'il,  l'tiHt"  «'Il  liliinli*  ft  v\\  \ri* 
L'I*  l'-ifi'  .iiM'«i  l<ii-ii  i|ii*t*n  Kmiiiv.  I  i-i  |i>i|iiil.itii'fi^  lin  oii<l  ••ii*-«t  <)'  Ih- 
l.iiii|'*  \  *>'iiit  |>.iitiriili>  ri'fiii-iit  liili'Us'.  N<ii|i%  i|i-  |Mii|\>.n%  i-iifi»*f  i<'i  '\.\n% 
;iii>  un  ili-t-ii  ,  lin  II  iprii  \  4'n  •iil  il  iiih  *•*"%  \u\\\»'>^  Wvi*'^  •!•-  l^'-ii  •  ir  1  !•- 

ii»lii|ij<-<t,    unis  il  f\\  iiiii ilniiii-  i|>ii  •%'%   rait-ii'tii'  i'>irisi'f  %•  f  .f  i'm  i<>« 

ijiin"i«ilf%  .111.'' i'^>  <«.  •!    ptu'o  ^|i-   I  il'-riii'rit    \\  * 'ifiiiil,  ^ur  l-i>|ii*l  f  n   -m 
il   v-.ii-  ifi"»!*!' I  pli    •■  i|n"' lli-  ii'iii-    H-inIil»*    »iin'  ti  i<li:i<«!i.  iii|f  «iir«i«  kii 
iji'^  Ilh'»   pi  i!|  |U'"»    I  I  lii  il  l'io   !•  •«  I  ■•lllMiriii.illlr'«  iltll  ifi'pl*  «>    'Ml-    'Mîi-ri'-. 
!•    1  *  III  I  .  .1  \   ''t-  : .    I  .  I   %•  I  ili  •«■■;»-il.  !•■  irl-mr  il<i  i>i  iiil'-iiip* 

Iri  p:  .'.  *-..  iir  (i.iii  r*  pu  1  .i-*-.«*'i'  .1  li  r- |fii»'»iiif.  il  \  .•  -j  .•  .  j'i-* 
.i:i'i''-  -,   I  1  •!■■■  I  :•    1  M-l  •  . 

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\ii.-!>  l«M  r<  .  •  II  11  «•  '  ii<>  IV  lit  •  !•  p  ip'!!  H  i«<  •■  p  ir  un  t  i)iU-  lu.  i««'  /  !  ui- 
ti  «:«'•    •!  iii:"iii<.,    il'i   pi-i'i'f-   ll-'liiiiii  lliiiit.  Au^<>'.   it.iiit>ii  !•■   p.  t.*ir 

i|  .  II.-    p;.  «••!,(•■     m    p|i-«.<li  lit  <l'l    M  l^il  ii-II  r'.  •!.•'»'•  ,  J-  lui  il<*lll  lll<l  II      r    |i. 


1    *'i::iî  I  ■■  i!    tr»  •  J'--:  'I  l'f     \  hr-  'r  iil.  •  h i'|iir   iiiiii^i*   .i  ^ •  il'»-  ■!•■  •  n;:'.  *  ir 
I    '    .   .  ■■  •  ."fM  «i* .    .   '■  •  1  i  ■   ■  r  «••     p-ir  'i':!!  I  II  pi  ■«■•  ■•i":i  - 1  pt  ilu»"    1   iii  I"  !»l 

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II» .  |.    .1     I  •  ^!«-  ;■    *   i       .    -1  .'       ..'•..■       ti.*   -I'  ■  .'     p  i«-i    j..'  .1    i»'    r  <  l     r  rifc-'^ 
.  .     ;•  4  r  ..  .    •    :  ii:i    !     .ij-.-    ;   I      1     ■  l  1 1    f  I  <  ^•'.  'ti   1 1  II  A  lili  •:!     r'iij  •:'!•  r..t  a 

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1 1 1.  .•      j  .    '  '.»     -ï     I  >  lit' 

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I  •      )•  l  kti    •  -(    X*  lltll'l  l4li!>- 


ANNEXE  E  411 

se  faisait  chaque  année  sur  le  sommet  delà  tour  :  Nous  allons  ^medit-Uf  chan- 
ter un  hymne  au  soleil  levant.  —  Kt  que  faut-il  faire  pour  assister  à  cette  cé- 
rémonie? —  //  faut  se  lever  à  trois  heures  du  matin,  airiver  assez  tôt  au  pied 
de  la  tour  et  monter  jusqu'au  sommet,  échelle  comprise.  Il  faut  surtout  obte- 
nir la  permission  du  président,  qui  sera  enchanté  de  l'accorder  à  un  profes- 
seur français. 

«  Je  m'empressai  d'accepter  et  fus  bien  récompensé  de  ma  peine...  Au 
pied  de  la  tour  et  sur  le  pont  de  Gherwell  une  foule  nombreuse  était 
massée.  On  entendait  retentir  les  cornes  et  les  trompettes  qui,  quelques 
semaines  plus  tard,  devaient  encourager  les  rameurs  de  chaque  collège 
aux  courses  annuelles.  Mais  peu  nombreux  étaient  les  invités  admis  à 
monter  jusque  sur  la  plate  forme  de  la  tour,  qui  ne  peut  guère  recevoir 
plus  de  quatre-vingts  personnes. . . 

«  Le  chœur  est  un  certain  nombre  de  fellows  du  collège  sont  là'portant 
la  robe  et  le  surplis  blanc.  Tous  se  tournent  vers  TOrient,  et  quand  cinq 
heures  sonnent,  le  chœur  formé  en  grande  partie  d'enfants  entonne 
Yhymne  traditionnel  que  les  assistants  écoutent  tête  nue. 

«  Les  paroles  de  l'hymne  qui  se  chante  actuellement  ont  été  composées 
au  xvi*'  siècle,  mais  la  coutume  elle-même  est  beaucoup  plus  ancienne 
et  remonte  certainement  au  temps  où  l'on  adorait  le  dieu  du  jour.  Le 
soleil,  pour  cette  fois,  répond  au  chœur  de  ses  admirateurs  et  perce  les 
nuages. 

«  Bientôt  après  les  cloches  du  collège  commencent  à  faire  entendre 
leur  carillon  musical.  Il  semble,  suivant  la  poétique  comparaison  du 
président,  que  la  tour  se  mette  à  chanter  aux  premiers  rayons  de  l'aurore, 
comme  une  nouvelle  statue  de  Memnon.  La  tour  entière  est  ébranlée 
lentement  par  les  vibrations  des  cloches.  On  ressent  la  sensation  d'un 
mouvement  de  roulis  très  lent.  C'est  le  rocking  attendu. 

«Dès  que  ce  rocking  commence,  la  scène  s'anime,  les  étudiants  lancent 
de  joyeuses  plaisanteries;  les  caps,  les  robes  universitaires  sont  jetées 
irrévérencieusement  au  pied  de  la  tour;  les  coiffures  volent  et  l'on  re- 
commence chaque  année.  Depuis  combien  de  siècles?  Le  président  quel- 
que âgé  qu'il  soit,  quelque  temps  qu'il  fasse,  revient  chaque  année  à  la 
môme  heure  chanter  l'hymne  au  soleil  ». 

Nous  attirons  particulièrement  l'attention  sur  le  fait  que  cette  céré- 
monie se  pratique  sur  la  plate  forme  de  la  tour  d'une  université.  On  se 
demande  depuis  longtemps  quelle  était  la  destination  des  mystérieuses 
tours  rondes  d'Irlande.  Il  a  été  conjecturé  que  ces  monuments  bizarres 
pourraient  bien  avoir  quelque  rapport  avec  le  culte  du  feu.  La  cérémo- 
nie qui  s'est  conservée  à  Oxford  me  parait  un  argument  sérieux  en  fa- 
veur de  cette  thèse. 


4t«i  LA   RF.LIGION    DES  GAUI^IB 


ANNKXK  K 

Opinion  de  J.-B  de  Rotsi  sur  la  lignification  do  swaslika 

dans  les  catacombes. 

Le  rfjiiiMiandi'ur  «Ir  Komî,  <'iinlMir«*nii*iit  k  V*\\ùni*m  que  nnu«  |»ri»fe«- 
!M)ii«,  ne  voit  dans  riàdoplinn  du  ?»ik'tie  d**  la  itoïx  ^Mniiiu'**  par  Ir^  i  hr^- 
tit'n*!  qu'uni!  ri»in«'id**nrf*  «*tranK<'it-*  n  la  \alfur  sulair**  ilu  sii:nf.  Sa  crand*- 
et  It'pitim**  ivnoiiirnèt^  nous  fait  un  d*'viiir  df  niftln*  ?iou%  l*-^  v*'uz  ilu 
li't'trur  un  n'Minié  d**  sa  durlinit»  T.f.  Huttt'tin  *Vnr*'he'ti'>^ir  fftrt^ifunf 
(rdil.  fraiu;.),  HiW,  p.  \H\,  a  pr.ipin  d«»  l'inia::!*  du  Ikin  l'a^ti-ui  d»*<  -u- 
v«*rti'  dans  W  «'ini«*tMTf  situe  sou»  li*  Ixns  d»*»  Anal«*!i  t^nir  plus  li.iut. 
p.  101.  p!.  Ml. 

fU  traits. 

l^f  Iton  P.isteiir  est  \*'*tu  d'unv  tuni<|u«*  rfl»*vrt*  pm  um*  rrinturc  •  t 
dont  Us  i'Xtr«*niil**'i  sunt  orni'fs  du  9i;:n**  \f\  il**iii  ïni%  it-pftf  fin  n** 
rtinnaisviit,  jUHipi'ici,  df  t'**tt>'  pariii'ulantt*  qu'un  vul  «'ifuipl*-»  •  »  lui  du 
\«^t**iiii'iit  du  I  t*|i*li|i>  fitiinr  /ii'<|/*'nr-  dont  le  IoiiiImmii  ft.iil  d*'«  ••F'-  d'ioi-ik'''« 
qui  dntiMit  l'i  pi'inliiii*  dc<i  d'TnU'P'^  iiniiri'^tlii  i\'  sivcW  mi  i|i*%  ili'hut*  du 
\*.  I>ifTi*i«-rit«  indi<-i*H  pnitrut  a  <Toirt»  qur  l'inia;:*-  du  hitt'ir  «««t  du  um'ui^ 

sirili'. 

i'n  qiii>i  r'in«i*>t*'  li  valeur  ••!  rimpurtani'**  t|f  l'flh-  pi'inlut*- '*  On  pniir- 
rait  en  <'iin<*liir**  sirnplt*ni**nt  qm*  \**i^  li  lîn  du  iv"  «if>i«*  quf  l>pit  «  (hr«* 
tifns  d*'  lti>m**  liit'Ut  hroil*'!  ^ul  li*ui^  tunitpii*«,  au  li<'ii  *{»'%  '-•iitt'*u/:-  «^l 
dfs  tl.itt,  ri's  iirni*ni**nts  i un  iforrn* -^  d»*  ni^'-inf  qu  iN  flrvni  i|u'-i  ]ij"f>»i« 
I  ondri-  sur  l''S  tiords  d**  (•■uth  nii!it**-nii  tU'%  l^'ttri's  nu  d*'^  'rini  M  i.s 
t<iij«i  M'-  SI*  l'iiitiMifi-nt  p.is  d'uni-  Mil«*ipri'l>iti>*ti  si  snnpl'-  il**  l.i  fik'iiri-  du 
(!hrt<it  siiii^  Il  lik'iiicilii  l*i^i«*iir  *'(  ilf^  hi'iilfiif^  (If  l.i  iiiniquc 

I  n  i>>iiii).il  ff.lrllMl^  \'iuliil  \'*\i  il»Tiii''i<-in>-iil.  dAn«  •  •<  si^mi- .  !*•  «i»ii> 
aM-iliqu*'  pnniilif  i|i*  h'Iii  il*-,  '.*'  <>«  -isliU-i  d>-'»  hi.ilmiin'o  •-!  d<  «  tiii>l'Mii«t>  «. 

1>  «:.'ii''  i-t-il  l'i'lii'  inip  •rtini  *'  *  i'.'f*\  ini  oik'n**  lni'ii  •  immii  •*  'unif 
i-«'pif«i-ni.iti<in  dis^ininl'*''  d''  li  «'!••  i  J-ii  !•'•  hcfi  h<-  ii  itirorin  .- r 
tti*  •  •■  sik'f)'*  •'!  dfH  «'\fin|>li'<i  *\n*'  n-'iis  •  n  lr•lllv••||^  ilin*  !)••«  •  imm  i  •'•« 
slJ^url•■llM^  f't  j'.ii  ••)i««-ivf  ijui-  I  ii<k.)»'t-  •Il  fut  ti<-«  r.ir>-  •»'!  in<'-ni-    nul  '•  i'<* 

q ti>rniii.ii  '-lui  il*- 1  \ii<  !•  •  *i'»l-.i-'lir<-  drpui^  I  I  ii.ii««  lU'  •■•lu-  liri«(  .itiis"'*- 

»-t   p*-ndint  !•-  i:'  *>>•->!••    t*  ut  •-nii'-i  «M  ni*^fiM-    peiiiluit  li  pt'Uifi**  Oi -ti' 
f|ii  i::'   ft  j fri   -ii    iitip|ii    ipif   |.i    %iii;u'-    i|i*  •  ••  ^u'iit'    n>'    r*-in  •!■!  irit    \  »% 

.1   U!i'     hl'll^*    •lut    iplll-     illll   •If*-    )  l'ilxt    il'llll    •  llMl     d>  ll{>f-|'     p'ul''-'.    »\  à       .1 

•  ■  iiiif'U  iii-iri  it'uii  ri!-   pi  iniiiif  'pji  il*"»  !•  ^  pr<-MiP-i*-'<  ••lu'in*  «  •  !ii>  tM'nn-  « 
••-  ft'i-iit  I' li<' .lui  Ir  i'liti'<ns  .i%i  iti  pi>-«   4l«*lli' "ii«kfi  \  .iii-tii  «t-   ir->u«'    p-. 
n**iiii-iii  •  ••lihinp't*  p  it  i  ■!,:•*  ilf  li  p*  iiitur>-  n  •iivi*ll<'ni<-iit  •!•-  ■•iiif-r!*- 

<    'rirni*  i  •■  «u'ii'-  •  «*  un  «lUiiiKil»'    trt-«  •  "niiu   du    Ki.iliiii.iirsin*     •  *.    .:  « 
h'i  iil'ii-iii>*    ••Il  pi*i'ii-l    iu<-r   il»*  hi  un<'  {•!•  uki   i-i  iMis«.tnl    tni'   fi^t      . 
T'im'iIi  itr'-  •-ntii'  !•'  •'Iiri^ti  iiii^ni*',  «•«  t|<i.  .iiiii-«   ••(  !•  «  i  *1  k*<"U«  «1**  l'I'i  t 


ANNEXE  G  413 

et  de  l'extrême  Asie.  Il  en  est  même  qui  veulent  y  voir  un  signe  archaïque 
de  la  religion  des  patriarches  du  genre  humain,  un  reste  de  la  révéla- 
lion  prioiitive.  On  fait  remarquer  que  les  inscriptions  gravées  dans  les 
cavernes  buddhistes  à  Toccident  de  Tlnde  sont  le  plus  souvent  précédées 
de  ce  signe  el  qu'il  en  est  de  même  d'un  certain  nombre  d'inscriptions 
chrétiennes  du  iv«  siècle.  Cela  est  vrai,  mais  il  ne  s'ensuit  nullement 
que  le  christianisme,  à  sa  première  origine,  ait  reçu  directement  de  Tlnde 
la  tradition  de  ce  signe  religieux. 

En  premier  lieu,  ce  signe  est  un  croisement  de  lignes  tellement  naturel 
qu'il  se  trouve  employé  dans  les  méandres  ornementaux  des  vaiselles  les 
plus  grossières  et  les  plus  primitives,  comme  dans  les  ouvrages  les  plus 
élégants  de  tous  les  peuples  les  plus  divers. 

Secondement,  les  monuments  où  ce  croisement  isolé  de  quatre  gamma 
a  évidemment  un  sens  symbolique  ou  hiéroglyphique  ne  constituent 
point  une  famille  ou  une  ûliation  exclusivement  indo-chrétienne. 

D'un  autre  côté,  jusqu'ici,  rien  n'est  venu  éclairer  le  sens  précis  attribué 
à  ce  signe  par  les  anciens;  mais  qu'il  ait  toujours  eu,  oui  ou  non,  le  sens 
de  bénédiction  ou  de  bon  augure,  de  salut  ou  de  vie,  il  est  certain  que 
nous  en  trouvons  les  traces  dans  TAsie  occidentale,  en  Grèce,  en  Italie, 
et  jusque  dans  la  Rome  impériale  et  qn'il  n'y  a  pas  de  raison  de  recourir 
directement  aux  Indes  pour  en  expliquer  l'adoption  dans  les  monuments 
chrétiens.  Tous  ceux  qui  sont  quelque  peu  familiarisés  avec  les  écrits 
des  Pères  savent  parfaitement  avec  quel  zèle  les  anciens  fidèles  s'étudiè- 
rent toujours  à  rechercher  toutes  les  formes  et  les  images  qui  pouvaient, 
fût-ce  de  très  loin,  rappeler  et  en  même  temps  dissimuler  la  croix  du 
Christ*. 

Ce  n'est  point  au  i«r  ni  au  ii«  siècle,  mais  bien  à  la  fin  du  ni«  que,  selon 
les  données  à  nous  révélées  par  la  chronologie  souterraine,  cette  forme 
de  croix  eut  la  plus  grande  vogue.  Il  ne  faut  point  en  chercher  la  genèse 
dans  une  tradition  spontanée  et  primitive,  mais  bien  dans  un  choix  étudié 
et  réfléchi. 

Ce  que  j'ai  dit  semble  suffisant  pour  qui  désire  des  notions  simples 
et  positives  sur  l'origine  et  l'antiquité  du  signe  ^i  dans  les  monunents 
chrétiens . 


ANNEXE  G 

M.  Deloche,  comme  complément  à  son  mémoire  sur  «  La  procession 
dite  de  la  Lunade  »,  faisait  la  môme  année  (1890),  à  l'Académie  des  Ins- 

1.  J.  B.  de  Rossi  oublie  de  nous  dire  quelle  était  la  forme  primitive  de  la 
Croix  que  les  chrétiens  des  Catacombes  voulaient  dissimuler.  L'abbé  Martigny, 
dans  son  Dictionnaire  des  Antiquités  chrétiennes  (article  Croix),  nous  laisse 
dans  la  mAme  ignoraoce. 


414  LA   RELIGION   îiES  GAULOIS 

rripliMn!!,  Icrtiin-  irnii  rHuiTfMu  ni«rfiiiiiro  sur  :  «  L»'  jour  '•mi/  rt  lf$ 
mu'lr*  de  rfifnput'iti'ni  'its  >ÎHni$  làjtuix  m  Hnuir  »f  rn  Franr-'  '/r/iuit  fan' 
tiffuiti'  ju^'fU't  iKit  ;<iurs'  ».  Noim  i'p>\i>iii  <|i>voir  »mi  dMiinor  «les  »'ilr-iit«. 
Of  riit'riiiiiifi  «'St.  imi  l'fTi'l,  un  l'trt'lli'iit  rufiinh'iit.'iiri'  île  11  pliriv*  de 
O^.ii  •  ■  l.^  fiitn'  "iH-'itn  ^p'iti'i  (fmporis  tv»n  num^r"  i/iVrur/i  w/  i»  <tium 
fiinuht  ' .  Il  V  :i  l«i  un  imuxi'!  i*xeiiipl<*  rnppaiit  <!•■  siirviv.iiii»',  uu  f(^rt  ar- 
IJUUM'nl  l'U  f.iviMiriU*  la  llifs*>  i|iii  afiirni**  lii  pcriii  in**ni't*  m  It.'iul*-  il*-  !« 
in.'ij<iril''>  <ii*H  |in|iitla(iiins  priniilivi's. 

i'.f\  u'^aut*.  •{»!  t'xisi.iit  i'Ih'/.  Ii'S  ('.i>lti'«  dt*  itoriii:iiii<^  «'itmnii'  *h**i  i*-* 
r.flti-H  ili-  (î.'iuif  .iiii«i  i|u«*  riMusl'aiipri'nd  Tu'ili**,  <•'  aitli'U  'fw  n  ti«  ''  ru;. 
/("fi<i  ptir  j'*Hr,  ils  ''iinjtttnt  pir  ttwts  TVs/  itHi'  ^'v/**  d'ins  Itur*  ■  r  t  iiin  :»»• 
i'^s  f/  ■/'fil*  hnr-'  'o/M 'ifi|(i'»iM:  i7<i  vfttt^nt  '/tir  di  nuit  y#pr'r#* /•■ /••ynir  -i.  n  i.l 
nu  (*.ir.i>  t»'it-  SI  M.-iliiiuil  iprd  a  survenu  a  li  i'iiui|ut''l*'  ri>Miaiui  d'ini  li 
li'u'islatiiiii  rlatl  t'iul»-  dill>'M*iit<*  •'!  4|Ur  j'i-iu'li^i*  •'ili*-iii*^ni«*  «{iit  «'ilLt  r  •- 
in.iiiist»*'  i''iniru<'  r.iiis(<i>i;ilif  ciulmsi*,  n**  put  If  il*'*r<ii  inrr.  l'ifii  ipi  •  1." 
ait  ii<Min<'  r«'\i-nii>li*  «!••  ia  p«'i^>-w'T.ini'*'  au  i-«»mpul  pini  ini  rt  n< '.t* - 
ini-iil  l'-ji-i-is-*/'  !••  vi*'l  u*>iir>'  i't'llii|u*'  *•{  pii<)iililiMni*nl  iliuidi>|iji-. 

M  II  lii  ii>- iM  l'iiit' i)u<'  ('''t  u^ti:*'  •irii.-i"ll"inf  ht  int<*rr>>rupu  p>'ril.i'i!  ii 
pi''ii.i|i'  c  ill'-r"nia:tii-  r>-pMt  a  parlii  il*'  la  lin  ilu  v  ^ir*\-  rt  p"r«t»ti 
jusi|i|  ,111  mil. fil  ihi  xiv  -^utIi*.  \I.  Vinlli'i  dil  iii»*'mf  juft<|u'a  17-.*'.  I!  •  *• 
l'i'il.nti.  'lu  ni'uris.  «pii*  liv*  il»  «lU  li*i{i,  l'Iiitiilu-l''  d>- r>uiiii|f*i  pu  mit 
p'T^i^ta  ju«>|ira  i  •'It*'  fpii'pii'. On  '/i.*iii(  'i  pr*tptt\  i\i\^itffvttt"n*  't  /•  /•  ;  :i« 
•  .itl>  rnlp' |i>s  nut'ls'  •  Vtth'Hti  lifin-itt  A  \'/' «i""/»' r»j;.;j- /iif  /•!••.  i  .j  * 
If*  /■•r/i|i|/i|ir.  «  i/f-  prtr,*tnrt\  nn  'i%^ifn>tit  it  *  'irf»ii  ieur\  »i  rurnj-ir-"'  i*- 
«/•?Pi«  /f  •  riiii'N  -.  \u  r.,iHiH'W'rn  ut  t\t  ^i»  If  «fin  rinf .  J.  ili  /n  'tt  u  tut  ;u^ 
/<i  phip'irt  t^  *ft  •  rif' m/fi''riiri«  '/««-iif'rif  auuiit,  r  tnuf  11  f  ri  ••*'•  ,  p-ir 
■lUj  lUI-l  liu- . 

/i  .  f,.t  .,  .■  inr/i'   /■".  m    .i»  \'i/,'  N 'iii  .Y  V'  *!#'•/.  .f  t'l*Uti-nt  .II'F'"  '  '.'fi  V^  /• 

' Hf     r/M  .' 'V  /'    m    'ini.t    /'Hioi  iV  «   ri<  il' iri  nlinrtiUI.  //  •'    rr"Mi  •     /-fri*  '     !•  tii' 

'Ir  l'i!  ■"  ■/.    PI-  •  f.ffiirr*\  i;i  ■  •    /■!  m 'tur  xtjmfn  'itt  u  rt  «   u»  «P*  T  '^**'-  »**• 

ri'    -   .%/.'•«    -/li'       \ii-i>-i|il.  ,1  nuiil.   aiiUfiii't.   iiiiiuit,  'î'in%   It  i.  rr.j.f.  ,  .' ; 

.V    ■  •/!  in  /f.-,  /.     M  iiri    ,   /••  liirrry  •  f  «H    •>■  /i''r  ;/   /iN*  .'»■  «■  nfr^-n'ir  /  ;    l'.r,  îi-  . 

'/'2ii>  .'•    /.i'n''i'"r,  ;'-  >    yi.iiiti'    «    /li     rfifri>-*tif  *t   tu  mi /<  ;  |r  ur  ii-jd  n  *, 

'11/  ii>    'f     iii<-     fi  -tu»-  7  il    !•/■   rti»tit  •  r  !•  t' tH^nt    itu  'jr'iUjt^  a  fiwi*  I  >  '  »   nî 

piT  '    I.»    yrin?    it-titi/w*    »i     l'tif. •*■'•>»   n  ;  r- 1*1' ttri'   »  »// /fi  f* -^  ;  «J»    i  li» 

■yn  '*'.    "     \|'it»  !•■  1*1    -!•■  '.   .  •■  iM-  fui  plu*,   ij'-ii"   M-  hi'lifhf.     ji  t  ■ 

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ti<rii      i-i.  ,[  i-.t    :t.      I  i-t  t  IL-  l    •!       iii  II  ij'.it  i-.ii  -liii'^rr  .1.'  Il»  vi  :•■;  .• 

■    \,.'.î    t  !.i'-:    ./^  t  I  if  /  .li  i.  i    I    ..    I  «J.  .  l  I»  1»  fi"-.  •»     .  iM  ;  ,  ï-     •• 
\ri         ■    •    ■!.■  .t  I    I  it  iii»-   I  *»i..  i'i«       I,.- Mil     ••.  'îil  !•■  irl»»»iir'    .r  Lfcj 
Ti-    •     ••.!      •    i«..,',»j    i-i»    -t     l.li«.''l:iut-»i|ii'l.M*i'-il    *•■■:  i    îj.» 

I it.  •     II'.    ■  ji  I»    I  .1  •iil<    l-   ^  i-ti  ■■■    !■  •   |ii'  II»  •  ii^i»  »  I    ••i»^  -il   •    ■ 

'     h>  i  '■  11'  ,     .-     ^  i.i  I      I      I 


ANNEXE  H  415 

manière  de  parler  reproduite  sans  discernement  dans  des  recueils  de  pra- 
ticiens. Ce  n'élait  plus,  suivant  la  juste  expression  de  J.  Sirmond  el  de 
Lalande  que  le  dernier  vestige  d'une  ancienne  coutume  abandonnée  »  ; 
mais  au  point  de  vue  où  nous  sommes  placé  de  pareils  vestiges  du  passé 
ont  leur  importance. 

Nous  ne  savons  si  dans  les  usages  de  la  vie  les  Irlandais  comptaient 
par  nuits  et  non  par  jours,  mais  il  est  remarquable  qu'ils  avaient  sur 
la  priorité  de  la  nuit  sur  le  jour  les  mêmes  idées  que  les  Celtes  de  Ger- 
manie et  les  Gaulois.  Losdélais  judiciaires  se  comptaient  également  chez 
eui  par  nuits  comme  en  Gaule. 

Nous  ne  saurions  trop  insister  sur  toutes  ces  survivances.  C'est  notre 
histoire  primitive  qui  se  refait  ainsi  peu  à  peu  à  l'aide  de  ces  constata- 
tions. 

Cest,  conclut  M.  Deloche,  à  cause  du  culte  du  Dispater  que  les  feux 
de  la  saint-Jean  étaient  et  sont  encore  allumés  la  veille  au  soir  et  non  le 
jour  de  la  nativité  du  précurseur,  c'est-à-dire  du  solstice. 

C'est  de  là,  certainement,  qu'est  venu  cet  usage  général  pour  les  fêtes 
patronales  des  particuliers  de  porter  à  ceux-ci  les  offrandes  et  les  vœux 
de  leurs  parents  et  de  leurs  amis,  non  pas  le  jour  de  la  fôte  mais  la  veille 
au  soir. 


ANNEXK  H 

Oe  la  propagation  et  de  raltération  des  langues 
indo-européennes  en  Occident. 

Le  problème  de  la  propagation  des  langues  dites  indo-européennes  que 
nous  soulevons  en  passant  n'a  été  jusqu'ici  sérieusement  posé  par  per- 
sonne. La  division  de  la  langue  mère  en  dialectes  divers  représentant  plus 
ou  moins  fidèlement  le  type  primitif,  les  modifications  subies  par  ces 
dialectes  ou  langues  particulières  dans  le  cours  des  temps  ont  seules  préoc. 
cupc  les  linguistes,  cela  se  conçoit.  La  légende  biblique  de  la  dispersion 
des  peuples  et  de  la  confusion  des  langues  généralement  acceptée  et  re- 
produite encore  dans  VHbitoire  ancienne  de  François  Lenormant  supprime 
le  problème.  Chaque  peuple  ayant,  après  la  dispersion,  emporté  avec  lui 
au  bout  du  monde  sa  langue  déjà  constituée,  la  question  de  la  propagation 
de  ces  langues  était  résolue.  Les  langues  ainsi  séparées  du  tronc  com- 
mun pouvaient  s'être  modiûées,  altérées  suivant  des  lois  générales  que 
le  linguiste  avait  à  découvrir,  il  n'y  avait  pas  lieu  de  se  demander  com- 
ment chaque  peuple  quelque  éloigné  qu'il  fût  du  centre  commun  avait 
appris  sa  langue.  Il  la  tenait  de  ses  aïeux.  L'hypothèse  pouvait  se  sou- 
tenir à  l'époque  où  l'on  professait  que  l'Europe  avait  été  peuplée  tout 
entière  par  ces  migrations  aryennes.  On  sait  aujourd'hui  qu'il  n'en  est 
rien.  Les  Aryens  sont  des  tard-venus  en  Europe.  Ils  y  ont  trouvé  des  po- 
pulations très  denses  et  beaucoup  moins  barbares  qu'on  ne  le  pouvait 


k/ 


4tf»  LA   IIELI<:I0N    IlES  CAULOIS 

rroirtf.  Cry  p<ipii  lai  ions  avaient  un  lan^MUo  a  (*!!(*«  dont  \o  ha  ai  |  ni*  «•!  r^ 
qui  n'Me  «lu  liuun*  [mmivimiI  dnnner  iinr>  iilro.  i'.c%  laii^iip^,  la  iitTMM.iruf» 
(lu  has(|iir  l**(|pni«intrf,n'(*lai*'iil  (loini  vout'fs  a  ihh*  nmrl  naiuri-ll*>,  a  un 
i|t*piTi«ii^ni(*nt  i>rLMnii|utf.  Il  v  a  ilnnr  lii*u  ilf  m-  ilehianii*-r  i'turiiihrit  !•  « 
lani:u«*H  arvi*iin«'^  hi*  siuil  siilistituros  a  i'»'S  vi«Mix  hImmiii*»,  i*niiiiiiiiii  U 
l.iUL'Ut*  d'un  tiMil  |M'til  kTnu|M*  irininiitfraiit<i  dfî  i-i\ilis.itiiiii  <iu|»rii*'ur*  4 
pu  Sf  i:»'n>'MtiHrr  mit  un<*  t^rre  «'tranc'Tf  ileja  p«*upli'«*  ri  non  il**iiui'*t'  lif 
l(»ut(*  rivili^ation. 

i*our  «pic  l'c  plii'nonii-n<'  se  fiH  arronipli  d»'  liii*nii''mi\  siiu«ri*nipiif  d** 
la  lui  na(un*ll«*  du  l'nnlari  i!i<$  i-arf<i  et  d(*<  iilit.inii'H,  il  faudrait  dr  d«'Ui 
rli'iM.*s  l'un**  :  ou  ipii'  ti>^  indi^**nfs  rornnivli*^  pfiipl.idi'S  «taiivauf^df  1'  \ni* 
riipif  M*  soirui  p'*ii  à  pfu  t'ti'inlH  a  <<' ffuilarl,  tandis  ipii*  |f^  iiiiiirjr-inl* 
M'  niultipliaii'nt  s.ms  nirsun*  tout  pii  r*''*i'\anl  wio*Hvinini*'nt  df  n'*u%«-  nii 
i'(i|iiii<(  de  ItMir  (ri-iiupi';  ou  ipin  l.i  popultlion  indik'i'Uf,  |iit>n  «pi**  hfaU'"Up 
plu<«  nonil»r«*iisf.  .iii  lim  p;ir  •'■tu*  ali*iirli«*i*  par  W*  fi<iu>«Mn-vfriii^.  nr  !•-« 
f.iil«k  Vint  ri»iitr.iiri*«i  a  l'fs  hvpullh^^fs.  I.  aniliropulumi*,  au^iii  l'i<-n  *\nr 
l'ari'lit'iilii^'it'  pr«''hi*k|oi iipif  di'niMMirp  tpi«*  !•*%  pMpul.itiiuis  priniiti«*-«.  m 
ni'Iii'U  •li'<>ipi>'ltfik  «mil  Vfiiuss'rtahlii  lf%.\i\i'M%.  iiiit  ••iiroii*  .iuj<«ui<l*hui. 
••ri  Kranif  l'oniin*'  ••n  .\ni:l»'l«*fp*  ••!  «mi  Irland*'.  il**  n<>iii)»|iii«  it-pi>-vri- 
liiifo.  Nou<«  v>niiiii*H,  m  L'iaiiilt*  piiliiv  U'iir-*  •l>*«M-iMiilaMlN  dir**- 1« 

F  •iij>li.iit-il  iTMiri' iph'  1.1  laïu'ui' .11  \fiin<-,  ipii'  parl.in'ut  ||•l^prIt■%  iri«'ii«. 
p.ii  l.i  M'iil*'  \t'rtri  t|i'  h:i  Hiipi'iiiit iI>*  Mf ;:.iiiiiju'*  ait  irp'-ic  •t-tt*-  •  •Mi<pi''-t*' 
•'■iinnii*  Il  lutnii'ii-  i'Ilism»  Ii*4  ti'n«*|i|i'^  au  |i'\«t  du  %Mli-ii?  Nmii«  rp-  •  'ii* 
ii.ii«*"iii<>  d.iiis  riii«kt<ii|i-  .lui'iiii  l'irnipl*'  d'un  par^'ii  luitaiit'.  In  l.i  t  »  •-•t 
pi  •  1  ut  :iii  •  <iinrii»*ni'»*nii-nl  i|c  n'iti*-  •  r**,  la  «uli«ililiiii<iii  il'*  lin.'i*^  :  •- 
tn.lln••^  .iu\  !.iiiu'u*-H  •••Itiipifi  •■nKiiin***  «*1  en  K-^p'iijnt*.  !.•*«  Iinu'ui^i'  «  ■•''* 
i-iplhpi**  <»(  i**nliliipii  rii>-nl  ••■(t«*  i»''\iiliitii>n  iln*-  a  la  f*irl^*  ••ii:  ini«iM>>r.  •}«> 
)'>*ii«.i<ii:ni'iiiiMil  il.in^  jf^  provin''''*  «•>iiini«>**!i  a  li>>rn*'  ilunnl  )•-«  pr<  oi  •  :% 

^i* « 'le  rKiiipiK*.  Iti"  t'iii^*  o**ni}>l.iltli'  (!•■  «uli^^lilulMri  •!  un**  i  iri»  j-    <t 

uii''  aiilr^*  .1-1 -•'IN-  ••ii«l<-  iLin^  \**\  l>  riip«i  .iiitt-iMMir^''  An<  un  lii«t<>ii<  n.  tu  *  «a 
lin,;iM«ti-  !!•■  M-  T'-^t  lii-niiiiih'.  >i  i\f%  r.iiiiiiiiin  mli-^  iii  iii>liipi*"k  ilimt  i  •■!.%• 
{•'tii  •■  n'i- ^t  p.i«  I  ■•nt*'<«l-ilil''  n**  ^'int,  •  ••niiui-  ntiiis  ]••  «••upt-tiiiiii»ii«  i  i  ■.:i'- 
r>»rrn>- p.ii tu  itln'i**  •l'uiM-  tr*-^  \f  lilf  in^iiinlon  «•••  lal*-,  iinp->it*'«-  't^iri'-fit 
l'ti  1  k  .  iili'fil.  d'iiil  li-*«  1  ini  isi-ii*"*  «lii  riiilfl  l't  il*'  Il  I  II  I  in«' ^''r  II' '.t  !  « 
f|>-iii  ••[•■^  iii.iiiifi>^(,itiMii«i.  ]•■«  f<ii*'i  «  d«*  pi<ip.ii:>ilioii  i|i>o  liiik'Ui'%  ir%i'f:'.*« 
ii'iii  «ti-ij|i-iiiiMii  Cil  (i.iul*'.  •■n  Iri-in  ]•*  l'ii  l!<  ••«••••^  niai«  •n  Itilh-,  •  n  K^it^i^n-*. 
t-n  >•  anilin  i\i*'  •■!  i-n  if-rniiiu*-.  .i  iiri*'  «p-Mpir*  in>   iniiu»-   nui«  lr«  «    \d- 

•  h'nii'',  N>-f.ii'-nt   •li'i'Miiii  ii«    l.f  iiiihI»-  d'.i'li'ih  .lui  nt  t-|f  ]«•  ni^uif   -ji*- 

•  •-l'ii  <pii  .1  pi*^iilv  a  II  pr'p'ijiti-'n  *{»•*  l'in;:u»*»  n*»*-!  ilin**^  «"ti  K^^^.;!*^ 
•*t  «'Il  <•  mil-  .iii  •  M||iMii'n>  i-iii*  iil  iti*  ii<ilr*'  fT»*. 

!.••*  ittuid--^  !•  pii««'nl  inï*  •!•  •  »:r'»up'-*  ir\«Mi*,  i-u  <••  •  hl»«iil.  •  •■*  r  \i.  %. 
t>-'ir^  d<  «  p<>|--ii  iti  -Ml  piiiiiitiii-^  i|>-  llllind**.  d<'  l|!«  •!««••  i-l  «t*-  ii  tiiijj^ 
•lui  ii'-nl  it'  !•  «  pr  <p  I»' i(*-iii«  •]•-  liiir  I  iru'N*'.  t'ul  d' ih'Uil  pAriin  I  irï*i  - 
I  t  ili«-  iN-i  I  1 1-  «.il  'lit  II  ]•  ijn<  •«•  ^<  n  ut  •  II*  !•  Il'  i  lupr*  %  d  V  ui  !•-%  •  {•'iii«-nt% 
il*  i  •\ï'\'-  ^-  i>  -.1  •  ,  ^  >i  «  |i  II  t  iii'>  f  iiii-iii  ni  •  il*  !•  III •»  •!•%•'«  p  II  nii  \  ■<!*  1  * 
li>'iiirii*  «  -In  ■  I  III 

A-     •  j-'-lM  ■  ■  H-     )|\  piiihi  •••     II.-  li    d-  ^   'pii  ot  .••:  H  •!•-  lii-t.iii   «••u  I  »*^*   {•  *' 


ANNEXE  I  417 

les  linguistes,  qu'ils  cherchent  à  résoudre  à  l'aide  de  prétendues  lois  pré- 
sidant au  développement  normal  des  langues  trouvent  des  explications 
plus  naturelles  et  plus  simples.  La  perfection  relative  des  langues  létiques 
et  lithuaniennes,  par  exemple,  au  milieu  de  populations  encore  complète- 
ment sauvages  au  temps  de  Tacite,  s'expliquerait  logiquement  par  l'exis* 
tence,  dans  le  pays  qu'elle  aurait  longtemps  dominé,  d'une  de  ces  grandes 
communautés  que  nous  avons  assimilées  aux  grandes  abbayes  chrétiennes 
de  Gaule  et  de  Germanie  des  vi«  et  vii"  siècles.  Les  druides  auraient 
imprimé  leur  empreinte  sur  ce  peuple  qui  plus  tard  livré  à  lui-môme 
en  aurait  conservé  les  traces  :  la  présence  des  iEstii*  dans  ces  contrées 
semble  justifier  historiquement  cette  hypothèse.  Ces  vieilles  communau- 
tés druidiques  ou  autres  pouvaient  n'avoir  pas  toutes  les  mêmes  méthodes 
d'enseignement,  les  populations  dont  elles  faisaient  l'éducation  se  prêter 
avec  plus  ou  moins  de  résistance  à  leurs  efforts,  être  plus  ou  moins  propres 
à  l'adaptation  de  leurs  cerveaux  et  de  leur  larynx  à  une  langue  nouvelle. 
De  là  bien  des  divergences  dans  la  constitution  définitive  des  dialectes, 
l'éducation  de  chaque  groupe  pouvant  d'ailleurs  avoir  été  plus  ou  propre 
longue .  Il  y  a  là,  ce  nous  semble,  un  point  de  vue  nouveau  et  fécond,  riche 
de  conséquences.  Notre  conviction  est  qu'il  y  a  là  un  facteur  puissant  de 
la  propagation  des  langues  indo-européennes  en  Occident.  Nous  nous  pro- 
posons de  suivre  cette  piste;  en  attendant  nous  livrons  avec  confiance  ces 
aperçus  à  ceux  que  les  problèmes  de  ce  genre  intéressent. 


ANNEXE  I 

Lei  grandes  abbayes  chrétiennes  d'Irlande,  d'Ecosse  et  du 
pays  de  Galles,  héritières  des  communautés  druidiques  de 
ces  contrées. 

Plus  nous  approfondissons  la  question  des  druides,  plus  elle  s'élargit 
à  nos  yeux  et  prend  d'importance.  Nous  sommes  arrivé  à  la  ferme  con- 
viction que  derrière  la  corporation  de  prêtres  gaulois  ou  celtes  dont 
César,  Diodore  et  Strabon  ont  popularisé  le  nom,  se  cache  une  vieille 
institution  sociale  qui,  dans  la  haute  antiquité,  a  fait  sentir  son  influence 
civilisatrice,  en  dehors  de  la  Gaule,  en  Irlande,  en  Ecosse,  dans  le  pays 
de  Galles^  en  Scandinavie,  en  Germanie,  chez  les  Aestiens,  chez  les  Celtes 
du  Haut  Danube,  chez  les  Gètes  et  plus  particulièrement  en  Thrace. 
Nous  ne  serions  pas  étonné  que  le  nom  d'Orphée  ne  symbolisât  un  cer- 
tain nombre  de  ces  institutions.  Les  confréries  pythagoriciennes  et  les  ins- 
titutions de  Numa  constituent,  selon  nous,  une  des  faces  méconnues  de 
ces  antiques  organisations  cénobitiques,  dont  nos  couvents,  nos  commu- 

1.  Voir  plus  haut,  p.  375. 

27 


L^   RBUGION    DES  GAULOIS 

ibayee  chrétiennes  seraient  les  héritiers;  nous  aurions  là  ut 
f  eiBinpIe  lie  survivances.  Un  esprit  nouveau  aurait  alors  iiainié  cei 

coqis. 
..loéc  directrice  de  ces  institutions,  comme  aurait  dil  Claude  Ber- 
nard, n'osl  pas,  en  itlTet,  uue  iilée  émHnaiit  de  l'Ëveogile,  elle  est  bien 
BDtérieure.  [.'idée  chrétieane  était  avant  tout  mystique.  Les  couvents  qui 
en  découlent  directemeol  ont  surtout  ce  caractère.  Tel  n'est  pas 
ractéru  des  grandes  abbayes  des  moines  tfOceiftenl.  Ces  abbayes  fureai 
un  emprunt  fait  par  t'Égbse  aux  Communautés  druidiques  dont  ello 
s'appropria  l'orRanisaliou,  en  l'adaptant  aux  nouvelles  croyances,  d« 
mAme  qu'elle  empruntait  à  l'Empire  son  organisation  diocésaine. 

Si  l'oD  voulait  aller  chercher  uu  précédent  moins  éloigné  du  berceau 
chrétien,  il  faudrait  l'aller  chercher  chez  is  esséniens,  ou  en  É^pte.  L'idée 
n'osl  pas  venue  de  la  Home  papale.  JNc— s  soupçonnons  qu'on  en  trouve- 
rait plutôt  l'ori^inu  en  t^.haldée  ou  en  M^die.  C'est  à  cette  grande  tradi- 
tion que  se  rattachent,  selon  nous,  les  ibayes  des  moines  occidentaux. 
Les  communautés  druidique  t.  et  d'Ecosse  ont  été  leurs  mo- 

dèles. 

Nous  rentrons  ici  pleinement  dans  notre  sujet.  Nous  espérons  pouvoir, 
dans  un  mémoire  spécial  dont  nous  réunissons  les  éléments,  mettre  cette 
vérité  en  pleine  lumière;  mais  nc"  rons  devoir,  en  attendant,  sou- 
mettre à  nos  élèves  quelques-unes  sidérations  qui  ont  porté  la  cod> 
viction  dans  notre  esprit. 

La  thèse  du  comte  de  Montaleml  de  Mi^jnet  *,  d'Ozanam',  de  La 

Villemarqué*  qui  veulent  tout  rapj:  à  l'action  de  l'Ëfilise  romaine 

est  celle-ci*.  Les  ordres  monastiqui  >  sont  point  contemporains  des 
premiers  temps  du  cliristianisme.  L'heure  de  leur  développement  a  été 
relativement  tardive,  la  lin  du  m"  ou  le  commencement  du  iv  siècle. 
L'Egypte  en  u  été  le  berceau,  mais  comme  l'Église  née  en  Orient,  elle 
n'acquit  s:i  vériUibl'^  force  qu'en  Occident.  Montalembert  reconnaît  que 
le  ri''no1iilLsiue  est  bien  antérieur  à  l'ère  chrétieune,  mais  il  tient, 
riHiinii'  de  Itussi  i  propos  du  svastika,  à  complètement  dégager  l'origine 
ili'  l'inslLtiiliiin  cliri'-lii'niie  do  touli;  influence  païenne.  I^coutons  comment 
il  se  di'b.irMsse  di'  cette  hérédilé  gênante"  :  "  L'in-U  depuis  trais  mille 
•m--  'I  >■■<  '1  <'■■'' !■■■•■  'l'ii  poussent  ju.s'/w'a»  'iétire  la  science  de  la  morlificali'm 
,'t  1,1  iinili'jur  <ti-f  cMliinents  volonltires.  On  les  trouve  encore  errant  Jajis 
If  mriit'/'',  '>"  l'iriitif  en  cuminun'iuli's  f:he:.  toutes  les  natiùns  <jui  reconnais- 
vtK  lu  loi  du  liud'iliismc.  Ils  it'ml  ri-:n  pi-oJutt,  rien  sauvé.  L'orgueil  el 


.  (.,  B5  ot  131. 

t'poifue  repoussait  tout  lieu  entri?  le  christia- 
'cAsail  qu'un  tosfé  iutraucbl^sable  séparait  ce: 
ieu  cl  te  moude  psieu. 


I 
I 


ANNEXE   I  419 

rerreur  et  la  corruption  et  l*oi$iveté  les  ont  rendus  inutiles  à  Vesprit  hu- 
main*. »  Le  christianisme  seul,  aux  yeux  de  Montalemberl,  pouvait  viviAer 
de  semblables  communautés.  Montalemberl  ne  veut  pas  davanta^^e  de 
rapprochement  entre  nos  grandes  abbayes  de  moines  et  les  confréries 
pythagoriciennes.  La  vertu  inhérente  à  la  doctrine  chrétienne  doit 
suffire  à  tout  et  tout  expliquer.  Rien  du  paganisme  ne  doit  avoir  survécu 
dans  le  christianisme.  Les  faits  dont  la  raison  ne  rend  pas  compte,  le 
miracle  les  explique. 

Mignct  s'incline  devant  les  faits  sans  en  approfondir  les  causes,  et 
accepte,  sans  les  discuter,  les  légendes  les  plus  invraisemblables  touchant 
l'établissement  du  christianisme  dans  les  lies  Britanniques,  et  la  fonda- 
tion des  monastères. 

«  Vers  la  fin  du  iv«  siècle*  quelques  Irlandais  poussés  par  la  curiosité  et  le 
goût  des  voyages  allèrent  jusqu'à  Rome,  Les  Papes  qui  ne  laissaient  passer 
aucune  occasion  de  propager  le  christianisme  convertirent  les  voyageurs  qui 
se  nommaient  Kiaran  Ailba,  Desclan  et  Uar  et  se  servirent  d^euxpour  an- 
noyicer  la  religion  chrétienne  à  flr lande... {ei  voilà  Tlrlande  convertie  I).  0**^^- 
ques  années  après  le  diacre  Palladius  va  fonder  des  églises  et  des  monas- 
tères chez  les  Scots.  » 

«  Le  pape  Célestin*,  écrit  de  son  côté  Montalemberl,  envoie  Palladius  en 
Bretagne  avec  douze  compagnons.  Ils  y  établissent  trois  églises  ;  Patrick  leur 
succède  et  sont  ainsi  fondées  successivement  les  abbayes  d'Armagh  et  de  Ban^ 
gor  qui  contenaient  deux  ou  trois  mille  moines,  ainsi  que  Vabbaye  de  Kolomb- 
Kill,  située  dans  Vune  des  Hébrides ,  Cite  dlona  ». 

Or  tout  cela  est  légendaire,  ne  s'appuie  sur  aucun  témoignage  histo- 
rique sérieux.  Ouvrons  Vffistoire  ecclésiastique  des  Anglais  de  Bède  le 
Vénérable*,  qui  résume  l'histoire  religieuse  du  pays  depuis  l'entrée  de 
Jules-César  en  Gaule  jusqu'en  731  —  Bède  avait  à  sa  disposition  la  riche 
bibliothèque  du  monastère  où  il  résidait  —  nous  n*y  trouvons  rien  de  sem- 
blable. Sur  les  premiers  apôtres  dont  parle  Mignet,  Bède  est  complètement 
muet  :  une  seule  phrase  est  consacrée  à  Palladius  sous  la  date  de  430  et 
encore  est-il  certain  que  ce  ne  soit  pas  une  interpolation»?  Puis,  nous 
passons  sans  transition  à  l'année  597  où  nous  voyons  un  moine  du  nom 
de  Colomba*  recevoir  des  mains  du  roi  Bridius  l'Ile  d'Iona  pour  y  fonder 
un  monastère. 
Remarquons  que  ce  Colomba  n'est  point  envoyé  de  Rome  et  il  semble 


1.  Nous  n'insistons  pas  sur  les  préjugés  de  Moutalembert  touchaot  le 
buddbisme.  Nous  renvoyons  à  ce  que  nous  avons  dit,  p.  179,  de  la  morale 
d'Aqoka,  et  p.  297  et  suivantes  des  lamaseries  buddhistcs. 

2.  Mignet,  Noies  et  mémoires^  t.  Il,  p.  12. 

3.  Élu  pape  en  422. 

4.  Beda,  Bi8ton,a  ecclesiastica  gentis  Anglorum  (673-733). 

5.  Beda,  op  /aud.,  V,  24,  anno  430.  «  Palladius  ad  Scotos  in  Christum  cre- 
deutes  a  Qviestino  Papa  primus  mittitur  episcopus.  » 

6.  Beda,  op.  iaud.,  III,  4.  Est-ce  le  mt^me  que  le  Kolomb-Kill  des  légendes? 
Mais  il  né  faut  pas  le  confondre  avec  snlot  Colomban.  >» 


en  IX   RELIGION    DBS   GAULOIS 

bien  qu'il  rint d'ErUade  paisque  Beda  ajoute  qu'il  y  avait  aalérieuraaieiit 
fondé  un  mooaslÊre:  Pec^ral  IColumbaipriusquam  Brilanninm  venirelvio' 
nasteriitai  it^îU  in  Hibernia.  Non-seule  meut  il  ne  vicnl  pas  de  (tome,  mail 
il  inlroduil  dani  sou  manaMère  une  r^gle  et  des  rites  ifue  condamoe 
rÉgttse  romaine'  et  dont  les  Papes  ne  purenlobtenir  la  modiGcslion  qu'en 
701.  Le  monastère  foadé  ea  Irlande  par  Colomba  portait  uq  nom  que 
IWde  traduit  par  Ciunpus  roborum'. 

Les  iastructions  de  SAÎnt  Grégoire  sont  bien  curieuses.  Tandis  qu'en  Gaule 
l^i  apAtres  du  christianisme,  saint  Martin  en  particulier,  renversent  les 
temple»  après  en  avoir  bris£  les  idoles,  saint  Grégoire  prescrit  à  Augustin 
de  les  conserver  ea  se  contentaRl  de  les  purifier'. 

tic  celle  lettre  et  des  précédentes,  remarquables  a  tant  do  points  de  vue, 
résulte  avecévidenve  qu'en 607.  c'est-à-direau  commencement  du  viivsiëcle 


t.  Deda,  op.  taud.,  III,  SS. 

i.  ScriLit-ci>  te  mouiulirc  da  KUdare  ou  Klli-Dare,  Cella-guereai  d'aprè* 
ftiillet.  Le  mouasl^re  de  Kildare  paase  pour  ud  des  plus  BiicieDii  ilt  l'Ir- 
Uode.  Il  était  snrtoul  célèbre  par  le  culte  de  sainte  firigite  qui  pasft  pour 
ra  être  la  rondatrit^e.  Or,  aoii»  trouvous  à  Kildare  aoe  luri'iuan»  bien 
eurieUM.  Oiraldus  Cambreusis,  daus  sa  Topographia  hibenàca  (distinct,  il,  e> 
ixiiv)  raconte  que  le  monastère  de  Soi □  te- Brigitte  était  oëtèhra  par  ses  mira- 
cles, entre  autres  par  le  miracle  du  ftu  inextinguible.  '  liullù  kit:  auni  mirtieulo, 
inler  qum  primioK  igni»  Brigidijr  guem  imTtinguibilem  dicunl  non  guïa  extùt- 
<r>n  non  poisel.  ajoute  le  Cambrejtsïi,  sed  quia  tnui  solicite,  tam  accuratc  me- 
nialcset  ïanrtsi  mulieres  ignem  suppeteute  miterla  foTeotet  uutrluat  ut  tem- 
pur«  \'irglaia  per  lot  annomui  currieula  et  semper  maoserit  inextioctus.  • 
C'élnit  évidrmineut  une  tradîtioD  druidique. 

3.  Beda.  op.  taud.,  t.  c.  Nous  croyons  devoir  donner  ici,  in  exUnto,  le  teste 
de  cette  remarquable  ëpltre.  Esemptar  apoitoUe  quam  MeUito  abàati  i* 
Brilanniam  Papa  misil.  AnDo  601. 

Cum  ergo  Drus  umnipolens  voi  ad  reeerenditsimum  mrum  fratrem  noslrim 
.1U7U.t(i'iuF'i  rpisfOpum  perdlLreril  dicilt  ei  quid  diu  mecum  de  catua  Anglo- 
ru"i  cogilans  traclavi  :  vidrlicet  guia  fana  idolonim  deslrui  in  eadem  i/entf 
minime  Jel^aal  :  trd  ipsa  qus  in  eis  sunl  idola  dxHruanlur  ;  aqua  benedicit 
fiiil,  in  eindem  fitiiis  as/.ergalur,  altaria  conetruantur,  reliquix  ponantur; 
41(111  si  fana  eadem  bene  coitstrucla  sunl,  neceise  eU  ut  a  cuUu  dxmonum  ta 
iibsequiù  '«'i  Oti  debeant  commulari;  ut,  dwn  gen»  ipsa  eadem  fana  sua  non 
riilel  ileslrui  de  corde  errai-etn  deponat  et  Deum  vei'um  cognoacens  ac  adoram, 
ad  locii  guie  roruutBit,  famifiarius  concurral  et  guia  boves  soient  in  saeri/icia 
dirmonum  muUos  occidere.  débet  eu  eliam  kac  de  re  alîgua  solemnilas  ûnmu- 
liiri  ;  ut  die  dfdicalionis  vet  nalalHii  sancloram  martyrum  quorum  iUie  reli- 
u«i;i'  pvnunlur,  tahernacula  sibi  cti-ca  eosdem  eeclesias,  qua  exfanxi  comaai- 
lui»  sunl,  de  rninis  arborunt  facianl  et  religiosis  cotiDiotû  lolemnilaUni 
ift'tiri'nt:  ter  diabolo  jam  animalia  immolent  et  ad  taudem  Dei  in  eiu  suo 
,jin""''iii  ocfiilant  et  donalori  omnium  de  sacietale  aua  grattas  reftrunl;  al 
iii-n  rit  aliiiiia  fj-terîus  garidia  rtservantur,  ad  tnteriora  gaudia  consenlit 
/",ii-i/iiiï  i'<ileanl.  Sam  duris  mentibus  siinul  omnia  abscidere  impossibile  etsi 
Hun  ilubium  est,  i/iiiu  el  is  qui  summum  locum  ascendere  nitHw,  gradibus  vtl 
,m  iiuli-m  luJ/i'""  elevalur.  Voir  la  traduction  (IX«  le<;on,  p.  H3). 


ANNEXE  H  421 

comme  Ta  établi  Gordon'  dans  son  Histoire  (Tlrlande^  l'Angleterre,  TÊcosse 
et  plus  certainement  encore  Tlrlande*,  étaient  encore  en  plein  paganisme*, 
oa  da  moins  n'avaient  point  encore  subi  l'influence  de  l'Église  romaine. 
Et  cependant,  dès  le  milieu  du  vi'  siècle,  nous  voyons  l'Irlande  et  l'Ecosse 
couvertes  de  monastères,  d'abbayes  renfermant  des  milliers  de  moines. 
Bien  plus,  plusieurs  de  ces  monastères,  comme  celui  d*lona,  sont  si  floris- 
sants, si  vivaces  qu*ils  deviennent  presque  aussitôt  des  ruches  d'où  s'échap- 
pent de  nombreux  essaims  de  moines  que  nous  retrouvons  à  la  fin  du 
siècle,  fortement  établis  en  Gaule,  en  Italie  et  bientôt  eu  Germanie,  régis 
par  le  même  esprit  et  la  môme  règle,  sous  l'inspiration  de  saint  Golom- 
bao.  Rome  n'avait  rien  fondé  de  semblable  dans  les  contrées  qui  étaient 
sous  sa  dépendance. 

Un  autre  fait  ressort  avec  non  moins  d'évidence  de  la  lecture  de  VHis- 
ioire  eeclésiaslique  de  Bède  le  Vénérable*.  À  côté  de  l'Église  romaine  éta- 
blie en  Angleterre  à  la  suite  de  la  mission  d'Augustin  existaient  au 
vn*  siècle  des  églises  irlandaises,  et  écossaises  avec  annexes  dans  le  pays 
de  traites,  indépendantes,  pratiquant  le  rite  grec  et  qui  ne  se  soumirent 
que  tardivement  à  l'autorité  de  l'Église  romaine  :  l'église  écossaise  en  716*, 
les  églises  du  pays  de  Galles  en  il27  seulemeut*. 

Il  est  donc  certain  que  ce  ne  sont  pas  des  envoyés  de  Rome  qui  ont 
fondé  les  grandes  abbayes  de  Bangor  en  Irlande,  d'iona  en  Ecosse.  De  tous 
les  faits  connus  il  ressort  que  ce  sont  des  apôtres  de  rite  grec  qui  ont  les 
premiers  apporté  l'évangile  aux  Irlandais  et  aux  Scots,  qu'ils  ont  trouvé 
dans  ces  deux  contrées  des  communautés  druidiques  déjà  constituées, 
où  les  esprits,  par  le  genre  de  vie  qu'y  menaient  les  moines,  étaient  pré- 
disposés à  recevoir  avec  faveur  la  bonne  nouvelle.  La  manière  dont,  d'après 
la  légende  (légende  chrétienne,  catholique),  saint  Patrick  fut  reçu  par  le 
roi  Loégaire  en  est  une  preuve  irréfutable. 

Il  est  permis  de  supposer  que  les  missionnaires  chrétiens  venus  d'Orient 
en  Ecosse  et;en  Irlande  trouvaient  dans  les  communautés  druidiques  un 
centre  de  prédication  précieux  comme  en  Orient  dans  les  synagogues.  Il  se- 
rait étonnant  qu'ils  n'en  eussent  pas  profité.  Les  communautés  druidiques 
politiquement  dépendaient  des  chefs  de  clan'.  Il  sufisait  de  convertir  un 
de  ces  chefs  pour  avoir  accès  dans  ces  communautés  et  en  devenir  bien- 
tôt les  maîtres.  Le  presbyteros  prenait  la  place  du  chef  druide.  L'organi- 
sation de  la  communauté  pouvait  rester  la  même,  aussi  peu  modifiée  que 


1.  Voir  notre  XX*  leçon. 

2.  La  mission  de  saint  Patrick  est  légendaire. 

3.  Paganisme  à  moitié  chrétien  avec  lequel,  comme  l'indique  la  légende  de 
saint  Patrick,  les  chrétiens  n'eurent  aucune  peine  à  s'entendre.  On  ne  voit  pas 
qn*il  7  ait  eu  de  martyrs  ni  en  Irlande  ni  en  Ecosse. 

A.  Bède  écrivait  son  Histoire  au  commencement. du  vin*  siècle. 

5.  Beda,  op.  laud.,  V,  22 . 

6.  Concile  provincial  de  Tours  présidé  par  l'archevêque  Hildebert  auquel 
étaient  soumises  les  églises  du  pays  de  Galles. 

7.  Voir  notre  leçon  sur  l'Irlande. 


VJJ 


LA    RELIGION    I>FS    GAULOIh 


iif  |t'  fut  1<*  rode  fie  loi  n«'itiMiial  —  nous  .iv^uk  vu  qu'.!  li  ilt-m  i7i<|i-   l- 

r.iiloillItKill  *  l»'S  filv  av.lii'Ilt  i-nliscivi'  Imm  |l•U^^  |iriVll»-;;f%. 

(j>-  4|ilir  nou<«  sa\n||«i   (!••  l'rrt.iini"^  i*iiull<  ll'"«  p.lltl<*ultf|»>H  ;i  l'Iil  irnlr     .1 
ri-li-osM:  1*1  .'III  |>>'iv>  <l'-  (i.ill(»>.  .iii\iiii«-|]i-N  ri.L'Iisi'  pinia<ii'-  iil  l'iii^  -'jr^  ;. 
Kiit'iTif  juM)ir<iii  j'iui    «Hi  (>llf'   put  !•'>  iti-ii  iiii  I' ',  (l'iiirti*  .1  pi-ii^t  I    |ii>   •    « 
moini*!!  i'onnuH   mmis  I^^  iinriis  di-  ruM'f.«   ft  mh'l'i  ii\.ii>-nl   i'-i>«>t> 
iiitai't'*  uui*  p-irti'*  (i*'!i  ri';;|i'niuiits  t't  |>rivil'^;i-A  ili*«  niiiiiiiun'iiitf«i  ilnit- 

A  l'»nn,(l'a|)rës  l»>  \y  Jaiiiirsoii',  «pu  a  I  i:t  tt>-  i-fH  i oiifrrrif^  uni  •  îii.j. 
s|i^ial«\  It's  moin«*s  s'onloiiiiaifiit  lc*>  iiii^  h--  aulP*»;  lU  n'-li  hr  iii-M  ii 
l*ti>|iie  d'apii'H  II*  iiti*  •)ri''iil.il,  liMir  tiiri^uiv  •'Liit  (litr*'rt'ii|i*  ilt-  Ii  t'>ii«ii(< 

imii.inii*  *,  ii!i  r<-|HMik<»aii*iit  l.i  iIim  in \v  \.i  pirviiii-  rii'll»?  •-!  |>ai  i.««*r.. 

n'av'iir  \ui\  munu  l**  ^aiii'Ui'-iil  di*  la  Ijintiiiiiilinii   l.iiir*  •.:ti«<-«  •?  ■.•  •,. 
ili-ilifi-%  .1  la  iitiiilfy  jain  ii«  aux  ^aiiiU,  mi  •  rut   «ju'iN  n'.iiu'-iil    ;- o 
iiif««t'  l't  iir  irnvaii'itt  \ins  aui  r»*lii{iii-i».  ||h  i|t'-«.i|i|i|<iin  ii'-iit  1*  <»  «!••  t:  ■  •  » 
ilu  t'*-li))it.  !Niiu.^  *»>inini**«  l.i  lni'ii  loin  iruip- 1  r^  .iliiiii  il>'  l.i  i -•ur  tl>    lî  'tit 

S.iiiil  |i'-rfi.ir<l  ilil  iiip'  <!•   siiii  If  iiip^  li'«  rii-iiiH'N  il'ui:'  ili-  *•»  \  •  'Uif:    ;  .•  « 
la  r'iiifrrii''  il«  ^  '  <iliit>i*!i,  |»ulhil  ii'Mit  a  ll.iiiu'oi  i-l  al)-*Mtr-    J  tiuu-*  .'i    ;  .. 

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|iluN  iiiNuu  «iDiis   !•■  inifii  i|f  (■•-i-ililu«  ('..■irii|<ri-ii'>i<»,  i<r:Ta  n  ilij  \ii    «.• 
J.iiip'*»   W.ifi',  s.i^  iiit   .inliiiu'iii'-    irl.iiiiJ.iis    niifur    ilf<«   /ii«^i4i<i.'i    .    . 
Hi/>i  riii'i  i-t  .\utt  futt-ittf-it^  t'jw*  il'iiiii-nl  I  un  •■!   l'.iuli-    •••ii  '■*  ^in.  ..  .  r» 
iiiiiiii»-*  i\*'s   il'-l.iiN    t-iv<ii.ilil>-^   ■(   ■'•-tli-    lli''^i-.  lU  I  Mii^iit'-ut    I '•iiitii- 
fi-i.i  i  i[Mi'-^«iii  t"iii  |iii'«i  n<  •' l'it  II  lamli-.  «Il  r<  («ts*   •  i  it  in^  1>  pit^*!*  itt.    « 

!•  i     oiiU*    !•'     M"lll     •!•'    •     Il  Ut       |>  llll-  'lin  |i-tl|i-||>     'I  IIM     |i  «    I     'till-^-s  .       ■  • 

•Il  lllll•■^  •■lit    l'ii^^i-    !•'    p!u^   •!•'    If  II  •-<•.   l.«-ut«    il>li*  *,    r«iit-i!«  f' rii  II  .^.j- r 
i-t  ii<  nt  liii|Ui-^  il  iii«  It'H  |'ii-iiii'-i<k  (•■fii|i«.    r.<-!t.iii  t-H  f->i!<  t.«ii*.  •  II- i    ■  ,1 
•■I  II»  lit   lii-i'   I  '.  m»'*.    IN   |i-iH«i  •!  iifMt   i|r*    |i<  ii«  •  »  i1«-iii>-!ii    ii«  I*  ti  !.i  :•  • 
ili«liîii  t'»  <l'-*»    lii<-ri«  •■•'•  If^i  i»li  }!!•«.  t  fi  {I  II  ti'il  lii  .  •  i|\  i|i|i  •  ;  I  -  itt  :  ..  j  ]■  • 
^  111^  •  •  «•^>  r    «r«-l!"'  'Ulil»''"*,    Wil'    ilit  -lit  iN    *f    •    'hli  til  iii-tif    it'-    i.  .*■;     \i 
I  l'T»'-  Il    itifU''   •!•-  f'i-H     !if||«    iiiii    {iii  :;iif|it    :•    tKiiii    •{•  iiil    •!•      T    ii.):i- 
I. Illll*"^. 

(■•-i.ililii%  (.  iriii'ii  n«>]«  *   lit-'li:!    'lUt    il»-  ^  iii  (•  tiip<«   1 1-^  iii-iiii' %  •ii!«-:i: 
l.i  pt^ii-  .|.-  I  |.,:!i*i-,  .|.  ^  ii«ii!  {•  ii'ii[«i  ili's  |i|t  ri*  i|ij  I  i'iji  ',  i|(ji  *"^*  j.ft- 

I    Viiir  iiiitr<*  Il  •-  •'.i  -iir  i  Irn-i  î< 

'.'     lî     '  ir'-:.t   I*  iii-  !  I  -•  «   .1  .  |-  *    •.•     :■    ••  ij|fiiii-lil  jiir  n  •   Ii«mi>   Il    lium 
i.  j  t'iii' "I     .     î    ipr*  "    M  ."W       •        /'i'      ri',      '/r  iii  ji 

k    l.*-«    Irui  !•  -  ••    ili'li  •.'  1 1.-  il  •  k'  i-'  :ii'  :■(    it>'«  1  it|ij*  •  iiiir  11  (tiijBir^     i  ** 

|>f-r  •••!!!  Mit*-       Inj'iit*-     'i}'*'!''-     Il    \  .!•••  >]•   liiilii' •llij, ««••;«!  |iiij«(jX''« 
'.  "il  i:«  |,  .iif{jt  irt<-  -^  '.  .  t     •  1   I  :■  ir!    i  iii    !•  <    it<'i  ,«<■• 


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I':r'   ;    ,'à'rt   *    i  ■»•'•■.  f 


II 


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II 


T     II   f  •!  |..' :i  |»I'J«    ij  tliT' I  «li'  {M  .. -«-r    |-i  il*  ]  •■ii--ai<  l't  il  4U' *r:ii    |iriri!rfTt 
•t  itit  >  .1  .-  Il  lit  pu     ■  -    :•  :•■•-  ••   :•  r 


i 


ANNEXE   I  423 

texte  qu'ils  étaient  chargés  de  la  protection  et  de  la  défense  des  églises 
les  avaient  dépouillées.  Tout  le  passage  est  à  citer. 

Notandum  autem  quod  hœc  ecclesia  (Ecclesia  Pa terni  Magni)  sicut  et 
ûÊim  per  Hibemiam  et  Walliam  plures  abbatem  laicum  habet  '.  Usus  &nim 
inoUvit  et  prava  consuetudo  ut  viri  in  parochio  patentes,  primo  tanquam 
Νonomi  seu  potius  ecclesiarum  patroni  et  defensores  a  clero  constitua,  postea 
processu  temporis  aucta  cupidine  totum  sibi  jus  usurpcurent  et  terras  omnes 
itUeriore  possessione  sibi  itnpudenter  appropriarent,  solum  altaria  cum 
ù  et  obventionibus  ctero  relinquentes  et  haec  ipsa  filiis  suis  clericis  et 
cognatis  assignantes.  Taies  itaque  defensores  seu  potius  ecclesiarum  destruc- 
tores  abbates  se  vocari  feeere.  In  hoc  statu  ecclesiam  hanc  invenimus  desti- 
iutam. 

Nous  avons  vu  que  saint  Grégoire  le  Grand  donnait  en  601  pour  instruc- 
tion à  Augustin,  premier  archevêque  de  Cantorbéry,  de  conserver  les 
lemples  païens  qui,  par  leur  solidité,  pouvaient  servir  au  culte.  Nous  ne 
savons  ce  qu'il  faut  entendre  par  l'expression  fana  dont  il  se  sert;  mais 
il  existe  en  Irlande  un  certain  nombre  d*enceintes  fortifiées,  de  duns,  dont 
quelques-uns  abritent  encore  des  églises,  chapelles  et  oratoires  primitifs, 
la  plupart  aujourd'hui  on  ruines  ou  abandonnés.  M.  E.-Â.  Martel,  dans 
son  intéressant  volume  Irlande  et  caveryies  anglaises,  en  décrit  quelques- 
unes  dont  il  donne  même  les  photographies.  Plusieurs  de  ces  duns  sont 
construits  en  appareil  cyclopcen.  On  n'en  a  jusqu'ici  déterminé  ni  la  date  ni 
Fusage  précis.  Ces  monuments  ne  peuvent  être  attribués  ni  aux  Romains, 
oi  à  1  Eglise.  Ils  ne  peuvent  être  que  druidiques;  plusieurs  sont  dans  des 
^les.  Nous  dirons,  comme  pour  les  oppida  de  la  Gaule  du  type  d'Avaricum  •  : 
des  constructions  semblables  nous  révèlent  l'existence  d'une  force  sociale 
d'une  grande  énergie  ;  à  des  communautés  comme  les  communautés 
druidiques  seules  peuvent  avoir  appartenu  les  architectes  de  ces  duns. 
Pourquoi  ces  duns  ne  seraient-ils  pas  les  fana  dont  parle  saint  Grégoire? 

Or,  si  l'apparition  subite  de  tant  d'abbayes  chrétiennes,  sortant  de  terre 
pour  ainsi  dire  miraculeusement,  dans  un  même  siècle,  peuplées  de 
milliers  d'hiérodules,  dans  un  pays  d'une  profonde  barbarie,  est  un  fait 
inexplicable  dans  son  isolement,  si  l'on  suppose  que  rien  ne  l'a  préparé 
dans  le  passé,  ne  serait-il  pas  encore  plus  étonnant  que  des  chrétiens, 
trouvant  tout  organisées  des  communautés  puissantes  qu'ils  pouvaient 
gagner  à  leur  cause,  n'aient  pas  profité  de  ces  circonstances  heureuses 
qu'ils  avaient  droit  de  regarder  comme  providentielles? 

Nous  voyons  un  certain  nombre  de  rois  ou  chefs  de  clans  abandonner 
à  des  laïques  chrétiens  des  terrains  et  des  lies  (rile  d'iona  est  du  nombre) 
poury  établir  des  monastères.  Ces  donations,  presque  toutes  en  terres  drui- 
diques, ne  cachent-elles  pas  l'autorisation,  le  droit  d'établir  des  abbayes 
chrétiennes  là  où  existaient  déjà  des  monastères  druidiques,  plutôt  que 
la  concession  de  terres  vierges  sur  lesquelles  seraient  construits  des  bâ- 
timents coûteux?  Où  une  église  pauvre  aurait-elle  trouvé  des  ressources 

1.  Comme  daus  le  pays  de  Galles,  sou8  le  nom  de  colidei. 

2.  Voir  notre  XVlIIe  leçon. 


pour  des  eonstro étions  semblables,  si  les  chers  de  clans  ne  leur  aitienl 
pas  coDcédé  les  revécus  des  cammunaulés  druidiques  avec  toutes  km 
dépendaDces? 
Nous  croyons  avoir  le  droit  de  coasidérer  les  abbayes  chrétiei 
L  lande  et  d'Ecosse  comme  les  héritiëres  des  communautés  druidiquei. 


Cette  annexe  était  imprimée  et   mise  en  pages,  quand,  relisant  l'ei- 

[  cellent  livre  de  noire  confrère  l'abbé  Duchesoe  ;  Origines  du  aille  ehrftUn, 

n'aperçois  que  le  savant  auteur  met  en  doute  l'autlieuticité  de  la  leiur 

[  de  saint  Grégoire  le  Graud  sur  laquelle  nous  nous  appuyons,  p.  W  : 

,  <  Cette  lettre^  eit certainement  inaitthentigue. .. Saint  Soniface  la  fit  redut- 

'  ehtr  en  745  dans  les  ttrchivei  romaines  et  aonttata  qu'elle  ne  t'y  trouvait  pal. 

BUe  témoigne  à  l'endroit  de»  rites  d'une  indifférence  incompatible  ai 

prit  romain...  Je  ne  serait  pas  étonné  gve  Théodore',  l'auteur  des  tnleno- 

gationes  Auj^ustini  ef  des  Hesponsiones  Gregorii,  en  fiU  l'auteur.  Il  a  pu, 

sang  être  le  moins  du  monde  un  glissoire,  trouver  utile  de  donner  cette  form 

à  sesiiéct  en  fait  de  discipline  et  île  liturgie.  > 

l.'abbé  Ducbesne  est  préoccupé  des  rites  seuls,  non  de  la  conservation 
dos  temples.  A  notre  point  de  vue,  si  la  lettre  est  de  Théodore  ou  de  mn 
entourage'.  Doa  de  saint  Grégoire,  elle  constituerait  un  argument  peut-iJu-e 
encore  plus  fort  en  faveur  de  notre  thèse.  Théodore  trouvant  un  étal  de 
choses  qui  lui  paraissait  anormal  —  un  grand  nombre  de  temples  païens 
abritant  le  culte  nouveau  — aurait  voulu  justifier  cette  exceptio 
d'une  autorité  sonvcraine.  Ce  serait  la  plus  indiscutable  affirmation  des 
faits. 


..  Abbé  Ducbesne,  Origines  du  culte  chrétien,  p.  91. 
:,  Théodore,  moine  grec  de  Tarse  eu  Dlicie,  envoyé  par  le  pape  Vila 
6tiS  en  Angleterre  pour  y  occuper  le  siège  épUcopal  de  Canlorbéry. 
I.  Abbé  Ductiuane,  l.  c. 


KIN  DES  ANNEXES 


i 


ERRATA 


Page  87,  note  2,  Fréret  à  reporter  à 
la  ligne  suivante. 

—  92,  ligne  13,  iamanisme,  lisez  :  la- 
maïsme. 

—  94,  note  i,  lamanique,  lisez  :   la- 
maïque. 

—  103,  ligne  23,  primitifs^  lisez  :  po- 
sitifs. 

— 110, ligne  18,  pi.  VI,  lisez  :  pi.  XXII. 

—  117,  ligne  22,  Boullou,  lisez  :  Bullou. 

—  119,  note  3,  Annexe  F,  lisez  :  E. 

—  140,  note  2,  pi,  VII,  lisez  :  VI. 

—  142,  note  4,  Annexe  E,  lisez  :  F. 

—  143,  ligne  3,  pi.  VII,  lisez  :  VI. 

—  144.  ligne  12,  pi.  VIII,  lisez  :  Vil. 
-~  147,  ligne  11,  GobUdulitanus,  lisez  : 

Cobledulitanns  ;  ligne  12  :  effacer 
Sionnus. 

—  152,  ligne  8,  pi.  IX,  lisez  :  pi.  VIII. 

—  153,  ligne  18,  la  foudre,  lisez  :  le 
foudre. 

—  160,  ligne  19,  pi.  X,  lisez  :  pi.  IX; 
ligne  24,  pi.  XI,  lisez  :  pi.  X. 

—  161,  lignes  4  et  13,  pi.  XII,  lisez   : 
pi.  XI  ;  note4,pZ.  X///,U8ez  :  pi.  XXIII. 


Page  162,  note  3,  pi.  XIV,  lisez:  pi. 
XII  ;  note  4,  p/.  XV,  lisez  :  pi.  XlII. 

—  163,  note  1,  pL  XVI,  lisez  :  pi.  XIV. 

—  164,  note  1,  pi.  XVII,  lisez  :  pi  XV. 

—  166,  note2,pZ.XF//.  lisez  :  pi.  XVI. 

—  167,  note  2,  pi.  XIX,  lisez  :  pi.  XVII. 

—  169,  notes  1  et  2,  pi.  XV,  lisez  : 
pi.  XVIII. 

- 171,  Ugne  13,  p/.  XXI,  lisez  pi.  :  XIX. 

—  174,  note  2,  pi.  VII,  lisez  :  pi.  VI. 

—  116,  note  1,  pi.  XXII  et  XXIII,  lisez  : 
XX  et  XXI. 

— 178,  ligne  12,  fig.  28,  lisez  :  28  bis. 

—  185,  note  2,  pi.  VI,  lisez  :  pi.  XXII. 

—  186,  ligne  12,  XXIII,  lisez  :  XXI. 

—  206,  ligne  33,  Anvenez,  lisez  Auve- 
net. 

—  209,  ligne  4,  avec  les  dieux,  lisez  : 
aux  dieux. 

—  224^  note  3,  pi.  IX,  lisez  :  pi.  VIII. 

—  235,  ligne  32,  Uucbre,  lisez  :  Hucher. 

—  246,  note  1,  fig.  35,  lisez  :  37. 

—  247,  note  1,  VI,  xvu,  lisez  :   VI, 
xviu. 


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^:. 


TABLE  DES  PLANCHES 


I,  p.    49.  —  Cellule  monastique  &  Inishmurray  (Irlande). 

II,  p.    63.  —  Formes  diverses  de  cercles  accompagnant  les  cupules. 

III,  p.    64.  —  Pierre  à  cupules  du  tumnlus  de  Renongart  en  Plovan  (Finis* 

tère) . 

IV,  p.    65.  —  Cupules  d'un  rocher  de  la  chaîne  de  Camaon  (Inde). 
V,  p.     67.  —  Mahavedos  des  rochers  de  Chandeshwar  (Inde). 

VI,  p.  140.  —  Le  swastiku  et  ses  transformations. 
Vil,  p.  144.  —  Plaque  de  ceinture  en  feuille  de  bronze  au  repoussé.  Tu- 

mulus  de  la  forêt  de  Haguenau. 
VIII,  p.  152.  —  Pierre  de  Robernier  (Var). 
IX,  p.  160.  —  Inscription  funéraire  des  catacombes  avec  croix  gammée. 
X,  p.  161.  —  Diogenes  fossor. 
XI,  p.  162.  —  Le  Bon  Pasteur. 
Xil,  p.  162.  —  Stèle  oghamique  irlandaise  avec  swastika. 

XIII,  p.  163.  —  Stèles  irlandaises  des  premiers  temps  du  christianisme  ir- 

landais avec  croix  et  swaslika. 

XIV,  p.  164.  —  Swastika  sur  les  fusaïoles  d'Uissarlik. 

XV,  p«  165.  —  Swastika  et  signes  connexes  découverts  à  Hissarlik  et  à 

Mycèûes. 
XVI,  p.  166.  —  Détails  d'un  vase  du  Dipylon  (Athènes). 
XVII,  p.  167.  —  Coffret  en  terre  découvert  à  Thèbes. 
XVIII,  p.  169.  —  Fresques  d'une  tombe  de  Capoue  avec  swastika. 
XIX,  p.  171.  —  Vases  grecs  à  personnages  avec  swastika. 
XX,  p.  176.  —  Le  swastika  sur  divers  monuments  de  l'Inde. 
XXI,  p.  177.  —  La  roue  solaire  sur  divers  monuments  de  l'Inde. 
XXII,  p.  185.  —  Amulettes  gauloises  représentant  la  roue  du  soleil. 

XXIII,  p.  186.  -^  Signes  solaires  cruciformes. 

XXIV,  p.  249.  —  Oppida  du  type  d'Avaricum  (carte). 
XXV,  p.  314.  —  L'nutel  de  Reims. 

XXVI,  p.  317.  —  Le  dieu  Gernunuos. 
XXVII,  p.  319.  ~  La  statuette  dite  d'Antun. 
XXVIII,  —  Le  Jupiter  à  la  roue. 
XXIX,  p.  366.  — -  Sacriflce  humain.  —  Défilé  de  troupes  {vase  de  Gundestrup). 
XXX,  p.  368.  —  Le  Dieu  cornu  à  attitude  bnddhique.  —  Le  serpent  à  tête 

de  bélier  {vase  de  Gundestrup). 
XXXI,  p.  377.  —  Deniers  de  la  République  romaine  frappés  en  souvenir  de 

la  défaite  des  Cimbres . 


TABLE  DES  GRAVURES 


et  2,  p.  63.  »  Pierrei  à  cupule*  (Augletem*). 

p.   61.  —  Plerreu  tciilpt^c»  avec  mabadéot  (Ani^etcrre). 

p.    81.  —  Rochfi  à  capalet  (Kcotic}. 

p.  108.  —  RM|uiiDaux  préparant  le  fru. 

p.  U3.  —  Swa^tika  dan*  !••  «Uiiouft  lacuatrea. 

p.  145.  —  AuUl  au^|tîgfaph«*  pyréué^o  avec  la  awavUka. 

p.  146.  —  A  nul  pyrfnAm  dédié  aa  dieu  Milalre  Abelio. 

p.  146.  —  Autel  pyréui'eo  aver  palnn*  el  «waptika. 

p.  14^».  —  SUtue  d«*  la  Horhf/ierluMe  a  Velaux. 

p.  fSu.  "  Roi»  aviivricoii  portant  la  crou  «ur  la  poitriue. 
,  p.  151.  —  Cylindre*  tiabyluni^nt  avec  la  croix  à  quatre  braucbea  égalr*. 
t  p.  ir»3.  ~  Monnaie  gauloise  avec  «waMt.ka. 
et  ir*.  p.  154.  —  Ctiffri-t»  rlnérairtt  avec  «waiilika. 
,  p.  \tt^.  —  L'rnr  riuérdire  avec  «waatika  illu»ee  de  Rouen). 
,  p.  iU   —  Kihulen  de  bninxc  affectant  la  fonna  du  twattika. 
.  p.  I%6.  —  Biinrlea  ujéruvinin«nnea  avec  awastika. 
;  p.  IS7.  —  Fibulea  méroviniciennea  avec  twattika. 

50,  p.  158.  —  S«a»tika  gravé  aur  un  va»e  de  brunie  japooaii . 
II.  p.  iMf.  —  Vane  du  Dipylon  avec  twattika. 

13.  p.  Iii7.  —  Kibule  dr  brunie  'lÀrécci  avec  «waatika. 

51,  p.  I«M.  —  Kibulr  d'or  avec  ««avlika  (Italie*. 

24  et  25.  p.  |i>M.  ^  Fibule»  dt*  bruuxc  a«ecawa»tika  (Italie). 

26,  p.  170.  —  Casque  dr  bronti-,  avec  swastika  coll.  de  Luynea). 

27,  p.  Il I.   -  Minrr«e  avec  tunique  an  swaftlka. 

2V.  p.  172.  ~  Cratérr  du  Muaéa  dr  Vienne.  Ilélioa  avec  awaatlka  sur  la  poi- 
trine. 
2i  (eu)  et  29,  p.  I7H.  —  Kraj^ment  de»  décret»  da  PijadMl-A^oka  procédé* 

du  ««astika. 
180.  —  Plaqiir  uiairiqua  dn  Tblt»et  avec  awastika. 

—  Jupiter  gaulou  k  la  r<Hi«>. 
Id.  td. 

Croit  4»rientale»  anlérirure»  ao  rhriitianunie. 

-  La  ilépa«r  hiruna  dt  Sainte* Ponlalbe. 

-  Syiiibitlefl  iolairra  irravéa  «ur  dra  médaille*  gauloise*. 

-  Jupiter  gauloi»  a  la  roue  avec  le  «yntHite  de  IVfar. 
—  Margaulula  de  Murcena. 

'  iHcii  r.iruU  dr  l'autrl  ilr  Rrlni*. 


».  1 

p.  180. 

31, 

p.  186. 

M,l 

[1.  189. 

M. 

[1.  !•«. 

34.1 

[>.  I9t>. 

35. 

p.  itt. 

36. 

p.  242. 

37. 

p.  24» 

M.  1 

p.  31'. 

TABLE  DES  ORAVURES  429 

39-40,  p.  3i5.  —  DragoD  à  tête  de  bélier. 
4t,  p.  316.  —  Autel  tricéphale  de  Reims. 

42,  p.  316.  —  Autel  de  DenneTy  avec  triade  et  tricéphale. 

43,  p.  317.  —  Autel  de  Beaune  avec  triade  et  tricéphale. 

44,  p.  318.  —  Jupiter  au  maillet. 

45,  p.  325.  —  Ex-voto  à  Mercurias  Dumias. 

46,  p.  327.  —  Ex-voto  à  ApolloQ  Graunas. 

47,  p.  333.  —  Dea  Sirona. 

48,  p.  344.  —  Autel  tricéphalique  du  cabioet  Lucas  à  Reima. 

49,  p.  366.  —  Poisson  ou  dragon  symbolique  avec  queue  à  tête  de  bélier. 

50,  p.  351.  —  Tarvos  Trigaranos. 

51,  p.  353.  —  Autel  des  trois  grues  à  Trêves. 

52,  p.  354.  —  Jupiter  au  maillet. 

53,  p.  355.  —  Statuette  de  bronze  découverte  à  Nlége  (Valais). 

54,  p.  356.  —  Jupiter  à  la  roue  et  à  TS. 

55,  p.  357.  —  his  avec  coiffure  ornée  d'S. 

56,  p.  360.  —  Esus. 

57,  p.  362.  —  Chaudron  de  Gundestrup. 

58,  p.  368.  —  Personnage,  avec  casque  à  cornes,  faisant  tourner  la  roue  so- 

laire (vase  de  Gundestrup). 

59,  p.  370.  —  Vase  avec  tncéphales  dit  du  Cabinet  des  Médailles. 

60,  p.  371.  —  Fragment  de  vase  tricéphalique  du  Musée  de  Mons  (Belgique). 

61,  p.  375.  —  Queue  du  dragon  du  vase  de  Wertersfelde. 


TABLE  DES  MATIERES 


Pages. 
PaiPACB vii-xi 

INTRODUCTION 

l'«  Leçon.  —  Lbçor  d'ouverture i-15 

LareligioQ  des  Gaulois  a  traversé  trois  phases  ou  périodes  distiDc- 
tes,  correspondant  à  trois  groupes  sociaux  bien  caractérisés  :  le 
mégalithique^  p.  3;  ~  le  celtique^  p-  8  ;  —  le  galatique  ou  kim- 
rique,  p.  11  ;  —  avant  de  subir  Tinflaence  gréco-romaine  à  la 
suite  de  la  conquête.  —  A  chacune  de  ces  j>ériodes  la  religion  a 
varié,  p.  13. 

II*  Leçon.  —  Les  sources,  la  hâthodb 16-24 

Difficaité  du  sujet,  p.  16  ;  —  insuffisance  des  textes  pour  résoudre  le 
problème,  p.  17.  —  Nouvelles  sources  d'information  :  le  Musée 
des  Antiquités  nationales  et  les  monuments  figurés,  p.  18  ;  —  la 
Revue  des  traditions  populaires  et  les  légendes,  p.  19;  —  les  sur- 
vivances, p.  20.  —  Questions  à  résoudre,  p.  24. 


PREMIÈRE   PARTIE 

LA  GAULE  AVANT  LES  DRUIDES 

m*  Leçon.  —  Le  groupe  mégalithique 27-41 

La  distribution  des  monuments  mégalithiques  indique  un  mouve- 
ment de  migration  du  nord-est  au  sud-ouest;  probabilité  d'un  con- 
tact de  nos  populations  primitives  avec  les  nations  touraniennes. 
La  civilisation  touranienne.  Son  unité  linguistique  et  religieuse. 
La  magie  et  les  sorciers,  p.  28-36.  —  Les  Finnois  et  les  Scythes, 
p.  38.  «  Les  Hyperboréens,  p.  39.  —  Ouvrages  à  consulter,  p.  41. 

IV*  Leçon.  —  Le  culte  des  pierres 42-54 

Minéraux  précieux  déposés  dans  les  chambres  sépulcrales  méga- 
lithiques, p.  45  ;  —  traces  de  cérémonies  magiques  pratiquées  dans 
ces  sépultures,  p.  45.-  Letumulus  deGavrlnis  et  la  chiromancie, 
p.  46.  —  Le  Mané  Lud,  p.  49.  —  Le  Mané  er-H*oeck,  p.  52. 


4:V2  TABLE  DES  MATIÈRES 

1V«  Liu:o!«.  ^ SiTpBimTfTinM!!  hrlatitm  aix  piibm«  mÉkirr*».  —  Pm- 

Mr.*  A  B (MIMA.  — PlBRIlft*  THiirrw *i3-A7 

La  crrtyaiiriï  aux  wrtun  Ap*  |il«*rroft  e«t  iido  tr^i«  aiicicniir  lra>lilîuii. 
U*  p!(i'ii(lo-()rpb<^<*  et  Pline.  |i.  M.  —  Survîvaiireii  de  ce*  »ii|irr* 
Utiiiii<*.  Le»  |iierre«  lie  foinlre,  p.  62.  —  Pierre;*  à  nipaleA,  .i  lii»- 
»iii*  4't  à  rer«'l«*>«  avrr  fu«('-r«  :  pirrrc*  troii^ed,  en  lîniile,  fU  Ir- 
lamte.  eu  Kroitne.  cii  AnKl<*terre  vteii  Sraii«liuavir,  p.  6:i:  —  daii« 
riuile  ,  lc«  MaliAileoii,  p.  l't4-66. 

Vl«  LutoM.  —  La*  «ACfiiricB»  HUVAimi 

Ce«  pritiqueii  iir  «ont  point  dViritrinc  druidique,  uwï*  une  »iirvi- 
vanre  ihi  niltc  rtianianique,  p.  10.  —  Le«  ^.irrifirm  huinaiit*  en 
Grèr«*  et  a  R'inie,  p.  13;  ^  t^ui«iifinaKeii  de  Plat«in  ««t  di*  Th<^o- 
phrante  |i.  lu.  —  L'ohffiue  tloit  en  «^tre  rbercbée  ctiex  le*  Toiira- 
nienu,  p.  MO. 

VII'  l.r*  <t^-  —  Sri'BN«Tm<i^«  et  i:NiiTA^cr«  iiR«  popt'i.4Tit»nii  ui  kunu  hk 
i.'Ki  atirR  rr  itR  i.'A^iR  f.y  ii*rpoHî  avki;  lem  iii-pRHiiriTio%^  rt«iiotav  «« 
liRil  (•AI'IjIH* '«i  9* 

Po|inUliunii  lit' rKiiipire  riJ»-e.  -  Kni|iiiHr  de  1776.  p.  h!».  — Per<i«- 
taiirr  de  riti'«  p'iieii»  riift  ri**  piipnliitiunn,  nit^iiie  apri'i»  leur 
04tuvrr*iiiii  au  rtiriikti'ini*!!!**.  —  Len  krremrt,  y.  S6  .  -  cr«i\au<'t'4 
a  un  Dieu  ■npfi'nie  et  a  riminurlalité  de  TAnie,  p.  VT  :  -  rnppri)- 
rhement^  aviT  len  rroyauce»  dr«  <Jaulul«,  p.  8N-v«.  -  L**»  rliaman* 
finnoi«  •■!  »il>i'Tien4  ;  un  nacnfir^  humain  rhei  de«  Twrhtiukla», 
p.  'M  .  'Le  chatpanitnie  rliri  if*  Tartare<«  d'apr*">  le  P.  Ilur, 
p.  *Jt\  nu  lama  médecin  et  mafci^'ieD.  p.  V3. 

VIII"  I.BTii^.  —  Lu  i!iri.i'R3irr-  ai^tb^i^r^  ....  ...  *%  \û% 

ïjr*  iufl'i^tjri^t  ar>eiinf«  !»iirrt'i|ent  aui  influi'ni'en  rliaïuauiipii'», 
p.  '0  ;  •»  {-m  fru\  lit*  1.1  Siitit-Jfaii,  ^'irmanfet  ilc*  Tlt-illi*«  rt-re- 
Mi<iiil«-«  ••*Uli'->iili«.  ^  ilvid**  «■!  If'i*  Piillli«-ii,  p.  *fH  ,  —  llT|«ii*  ItCiiM 
rut  il'-jA  r-iri»rM>*  i-l  !•'  «i*!!*  «!•■  •'•■•  i'^n'Ut  iin>'ii  •iuti|u«'lle4  il 
av%i|  jifi*  ;iirt  iiu««Mii  iMifauCi-,  |i.  tuu.  —  liiiiHiflauci*  ••«cuir  tir» 
fi''|r«  rrli|;ii-u«>-->  >i4ii*  î  .iiitn|ij|ti-.  p  103.—  I>*  ffU  «-li^ri*  ro  IrUUilr 
«■l>*u  Krotff.  |i  lu'» .       rtiuiiueul  un  prii.liii»ait  le  fru  «acre.  p.  loi. 

I\"  I.Rt.M^.  —  Li  91V  ut  i.h  S«i^T-Jri^  ...  If^S  121 

Ki'-iiip!***  rein ir«|iMliii:>  d«-  »iirvivan<*r-.  Iji  ruuf  enllanimrr.  la 
ItiV  hr  •!«■  N'it-l.  Ii«ii*  iir(j>iii  du  feu.  p.  III.  —  L  KkIi*<*  auienr«* 
I  tolt-rfr.  p'ii*  A  •  hr i«iiitii«rr  !•  •  <•  p'Hintii*'*  Aprr*  lr>«  aviiir  m- 
1.  r-litra  •••iiiiiif  d  .«iHiliiitii-a.  |i  tt.'.  Iii*i)|iiiiiiii  i]«<  1«  ft^lr  d«*  ta 
>*tiil  Jr^.i  —  |{.fi|.t  •!  !•■  fi '1  ti  rli>|.i»ti<|iir,  p.  II'.  —  l.f'1 
f'  .1   ili    i.i  ■•i:ul-Jaiii    iiii"  lii-    'it«-r«i-«  pri*\iiir«*«.  p.  I  !(•  ri  »ui«. 

\"I,t,-.^     ^  I.it  Mil  i<t«  l'i:  I  h  ««<«r  Jfft^  ....  12T  |J!i 

t.a  cr<i%  turr  ■  lt«jr«   !•  rltia    »r   i|r   aiii    *iriilif|U«-«  de  U  niB|tt**    9%  te 
UiviUlr  «    ij  p. lit  !ii  «t-    iU'.{  j:'.'*  .  t<  i»  ii/.i -.^*r  d>' Pllur.  p.  IS1 .  — 


TABLR  DES  MATIÈRES 


it  liarliM  de  la  Saiul-Jeaii  à  Marseille  et  daus  le  Per- 
n  ramomille.  p .  123  ;  —  l'ariuoiBe,  126  ;  —  le  chien- 
:  le  lierre  lerreatre,  p.  129;  —  le  mille-perluia  ou 
I.  10  ;  —  ta  bardaQe  O'i  ^ateron,  le  eamoln  et 
K  IBI>  ;  — l'orohis,  p.  131  ;  -  la  verveiue,  p.  138.  —  La 
1  fini,  DpioioD  de  H.  Gaidoz,  p.  134.  —  La  cueillette 
•  midieinales  daag  les  lamaseries  du  Thibet,  p.  136. 

'    I.E  SUlSTIKjl  ou  CHOIX  QAaHÉR 

Uptc  de  surrivauceg.  —  La  croix  gammée  ou   «waatika 

iC  «olaire;  eou  exteaaion  daDs  le  inonde,  p.  112; 

b  m  Uaule  dès  le  vru°  «i^cle  pour  le  moins  dans  les 

a  de  la  Savoie  et  des  clmetièreB  du  liaut  Rhin 

Iran  prenier  flqe  du  fer,  p.  144  ;  —  sur  les  bords  de  la 

s  les  vallées  pyrénéenuea 
étfcnup,  p.  145.  —  Les  statues  de  Vèlau 
k  Hoberuier,  p.  ISS.   —  Le  swastika  si 

3;  ~   sur  des  coffrets   ciDËruires  et   des   fibalei 
»,  p.  154  ;   —   sur  des  boucles   mérovin^çieunes, 


-  Li  swmrKA  {«luite}  . 


accepta   par  leu  chréllens  comiuc    équivalent  de   la 

Inecriptlous    funéraires  des  catacombes.   —  Le  Diogtntu 

tËO.  —  Le  Bon  Pasteur  et  l'auge  Gabriel,  p.   IKl;  — 

Ibemeut  iivec  une  peinture  de  vase  grec,  id.  —  Le  ïwa«- 

•o\\  chrétieiioc^  irlandaises,  p.  162  ;  —  se   trouve 

■  Mineure  tt  en  Grèce  dès   le  xv*  siècle  au  moiuf  avaut 

i:l<>àHiBtarlil[;2°àUycèDes,p.  ini;  — puisau  viir  aiËcle 

rpre,  p.  \(,r,  -.  —  à  Alhèuca  (vases  du    Dipjlou),  eu   Béotie, 

S-16G;— en  Italie  cbez  les  Ombriens  et  chei  les  Samnltvs(vn' et 

'^Ateles  ar.  J.-C.j,  dans  l'Italie  méndlonale  (iv*  siècle  av.  J.-C), 

i  170-171-,  —  sai  la  poitnne  d'Hétios  comme   sur   la  poitrine 

^BgddbN  (cratèrt  du  Musée  de  VUnne).  p.  (72, 


•  Ixçan.  —  Le 


(suite)  . 


t  awastilia  en  Scandinavie,  p.  174  ;  —  daus  l'Iode  aur  dei  luonu- 
f  nenta  buddhiquet  et  jainas  des  premiers  siècles  avant  et  apria 
1  notre  ère,  p.  176.  —  Le  swaalilu  asaocié  à  la  rouelle  ou  roue  so- 
I  b(fe,  p.  177;  —  eu  tète  de»  édits  du  roi  buddbiste  Plyadasi-Açoka 
I*  ûtete  avsDl  jjotre  ère),  p.  17».  —  Originea  des  symboles,  opi- 
nions de   Ludwig  Millier,  Goblet  d'Alviella  et  Salomou  Reioach, 
p.  1B2. 

XJV*  LKCO.V.  —  AUTKES  »]ti.VBa  SOLAiniS 

1^  awasUka  n'est  pas  le  seul  gigue  solaire  dont  les  traces  se  re- 
trouvent en  Gaule,  Les  rouelles  g.iuloises  sontdee  amulettes  sols- 
Ueialee,  p.  1S5;  ~  la  roue  solaire  dans  l'Inde,  p.  IB'i;  —  le  Ju- 
piter gaulois  à  la  roue,  p.  IBÏ  ;  —  la  rouelle  à  six  rayons,  proto- 
type dn  ctuisme,  p,  189. 


TADLli  DEfi  MATÏgRBS 


Le  colle  di'S  foutoinca  est  une  Burviiauci!  <i^  l'éiioquu  celtique, 
p.  102;  —  lus  diviailés  d«« source»  Hiermalea ;  Greppo,  ChobouilLet 
et  Ciinrlna  Hubert,  p.  '93,  —  Les  [dolaloea  sMotea,  p.  197;  —  ilaufi 
le  dt^parlsmeiil  d'Eure-et-Loir,  p-  lUS;  —  daua  l'Aisoe,  p.  203; 
—  dauii  lo  pays  Eduen,  p.  205  ;  —  ea  Arinorique,  p.  208.  elc-  —  Le 
oallo  lies  fobtuiuea  semble  avoir  ùlt  râgularijË  par  les  druides.  Lea 
«hbis  deé  graude»  abbajea  odI  cuntinui  la  tradition,  p.  310-SI3. 


DEUXIEME    PARTIE 
LA  GAULE  APHÊS  LES  DKUIUES 
XV1>  L>(vii<'  —  RéauMË  di  la  pREmtni  pahtce 

XVII*  LRÇON.  —Lu  StUnOLU  RII.IiUIUT  SDR  MSBaNNAIlIS  UAULOtSKS 

L'iuQueuan  de»  druidaB  cuiuiumica  4  ae  Faire  «eatir.  —  Valaar  des 
aymbolei  gnièi  tar  lea  tuâdaillei  annoricainea.  trop  mtcoonue 
uujourd'bul.  Dur.balaia.  Lambert.  Hut^her  avainiit  vu  plua  juate. 
Il  faut  reproQdre  leur  tr«dili<>u,  saua  teuir  compte  des  exB|{6ra- 
tiooB  ilu  Fillloui,  p.  230  et  Buiy.  —  Symboles  jyaul  une  aiguiU- 
catlou  cerlwoe  :  le  swaalika,  p.  231;  —  le  triskWe,  p.  339;  — 
le  foudre,  p.  Ztl  :  —  li>  .^igue  <le  Veut  §,  p.  2(2 .  —  Les  druides 
ont  dû  présider  À  ce  uouuayago,  p.  213-214. 

XVJll"  LpÇOS.    —    LSS  "    0PP1DA  ..    BU    TTPB    D'AïABICU» 

CaraclËre  deces  ofi;ii(/(i  couatruils  tous  sur  uu  mûuie  uiodèlt,  p.  ^16; 
—  oppiiiuiii  de  Murceus.  p.  2iB;  —  stalïstique  avec  carte  des 
oppiiiii  il«  ce  lype.  p.  249.  —  Tue  école  d'arcbitectea  devait 
exister  a  cette  époque  dau»  \ka  coiuoiuuautËA  druidiques,  p.  230. 


Les  druides  d'après  les  texlis.  lin  pt'u  d'i  valeur  il.-s  reu»ei- 
),'[ji:uieuts  douués  par  César  louchautles  dieux  gaulois,  p.  2^5.  — 
Orifjiue  et  orgauisaliuu  des  druides,  p.  256:  —leur  euseigue- 
menl,  p.  26i;  —  leur  doctriue,  p.  2ii5.  —  Dis  pater  el  Ésus. 
p.  2b7.  -  L'éternité  des  âmes,  p.  270.  —  Kôle  politique  des 
druides,  273;  —  leur  dispariliou  de  Gaule,  p    274. 


(=  Lïçus.  —  L'Iblisoe  DiiulurgLE 

politique  et  les  luis  civiles, œuvre  des  druides,  n'ont  reçu  que  des 
uiudiliCi(tiuU3  légères,  p.  2S0.  —  Le  Stiiehui-moi;  les  lois  des 
Uj:'ttiau.t  'j'JllaiuLi,  c'est-à-dire  druides  de  secoud  rang],  est  resté 


TABLE   DES   MATIÈRES  435 

Pages. 

Ces  lois  nous  donoeut  ane  idée  sufflsamm eut  juste  de  Taucieu  étal 
social  du  pays,  p.  284.  —  De  la  prépondérance  des  druides  dans 
la  société  irlandaise  à  l'époque  celtique.  Des  connaissances 
exigées  des  membres  d'an  ran^  élevé  dans  la  corporation,  p.  28?. 

—  Les  druides  de  haut  rang  avaient  le  pas  sur  les  rois,  exemple 
tiré  de  l'épopée  irlandaise,  p.  290.  —  Communautés  analogues  aux 
communautés  druidiques  signalées  chez  les  Gètes,  p.  294.  —  Les 
lamaseries  du  Thibct  peuvent  donner  une  idée  assez  exacte  de  ce 
qu'étaient  les  communautés  druidiques,  p.  296. 

XXV*  LfÇON.  —  LbS  LAMASKRIISS 297-312 

Les  collegia  ou  communautés   religieuses  dans  l'antiquité,  p.  298. 

—  La  cité  religieuse  de  Comana  (Cappadoce)  avec  ses  dix  mille 
hiérudules,  p.  299.  —  Les  lamaseries  du  Thibet  peuvent  être  cou- 
sidérées  comme  une  survivance  de  ces  antiques  institutions,  p.  300. 

—  Description  des  lamaseries  de  la  Mongolie  et  du  Thibet,  par 
le  P.  IIuc,  p.  302-309;  —  rapprochements  avec  les  communautés 
druidiques,  p.  310. 

XXII*  Leçon. —La  rbligion  aphès  les  invasions  galatiques  et  la  con- 
quête ROMAINE 313-340 

Représentations  figurées  étrangères  aux  types  classiques  et  dont 
les  textes  ne  parlent  pa?<,  p.  314  ;  —  le  dieu  cornu,  le  dragon  à 
tôte  de  bélier,  p.  315;—  les  tricéphales,  p.  316;  —  le  dieu  au 
maillet,  p.  318;  •—  le  dieu  à  la  roue,  p.  319;  —  les  divinités  assi- 
milées, p.  320  ;  —  Mercure,  p.  322;  —  Apollon,  p.  327  ;  —  Mars, 
p.  329;  —  Jupiter  et  Minerve,  p.  331,  sont  des  divinités  gréco- 
romaines,  non  des  divinités  celtiques  ou  gauloises.  —  Divinités 
topiques,  p.  332.  —  Divinités  kimro-belgcs,  p.  335.  —  Rôle  des 
druides  vis-à-vis  des  divinités  étrangères  importées,  p.  338. 

XX1I1«  Leçon.  —  Les  triades  et  les  divinités  a  symboles    ....      341-362 

La  triade  de  l'autel  de  Reims,  p.  341-344: —  symboles  des  triades, 
p.  345;  —  origine  de  la  triade,  p.  347;  —  la  Triade  de  Lucain, 
p.  350  ;  —  l'antel  de  Paris  :  Ésus,  Cernunuos  et  le  Tarvos  Triga- 
ranos,  p.  331  ;  —  l'autel  de  Trêves  aux  trois  grues  et  le  dieu  bû- 
cheron, p.  253  ;  —  le  Dis  pater  gaulois  de  César  représenté  sous  lu 
figure  de  Jupiter  Sérapis,  p.  354.  —  Le  comput  du  temps  par 
nuits  et  non  par  jours,  p.  335. 

XXIV*  Leçon.  —  Le  chaudron  de  Gundestrup 363-380 

Découvert  dans  le  Jntland  (presqu'île  cimbrique).  Couvert  de 
bas-reliefs  où  se  retrouvent  les  principaux  symboles  de  la  triade 
kimrique;  parait  l'œuvre  d'un  collège  de  prêtres  cimbrcs;  —  du 
rôle  des  communautés  comme  propagatrices  des  langues  et  de  la 
civilisation  indo-européenne  (voir  Annexe  I).  —  Opinions  de  So- 
phus  MuUer  sur  les  bas-reliefs  du  vase,  p.  365.  ■—  Le  chaudron  n'ert 
une  œuvre  ni  gauloise,  ni  Scandinave,  elle  appartient  à  un  pays 
intermédiaire,  p.  372  ;  —  et  à  une  période  voisine  de  Tère  chré- 


4^ili  TAItLË  U£S   NATIÉAKS 


l'A^rt 


tifiiiie,  p.  :!7:i.  —  Lr*  cmiclutiouK  de  SophiM  MnlltT  paraiimeot 
léL'itimi**:  —  i I II proliahiliti*  «l'une  tl.it**  piitlrritMin*,  p.  :i74  :  — 
preiivi'it  a  l'ap;»!!!  <lf  hiu  rariirtcrf  •*iiiitiri«|iii'.  iiriM-«  t\r  Ifiaiiiru 
ile4  i|fiiiiT!«  i-iitijiiiii4  «Ipi»  faiiiill*-'«  Kuiiil'-iuiji.  i^linjli.i,  Krfuatulvia 
ri  Jiilia,  ainsi  4|u«-  Am  !i.i<^-r'lii'f!*  ilf  i'ar<*  irtiriiiKi-  ij  »iit  Ifn  tro< 
plii't'fi  rt*pri^ «filleul,  coiunie  lei«  liart-reliffi»  «lu  chiiidrou*  ilf« 
ariiirA  nuihri(|ui*ii  3«6-J7y 

XXV*  LfA^on.  (loucliiaiiiiin .  39l-JI'> 

Voir  la  pn^farp  . 


ANNEXES 

A.  nh«f  rvaliniii*  «ur  la  ri'liunui  t\f*    liauluit  fi  itur  cfllr   ilr*  *••  r- 
niaiii.'*.  par  Fn-rrl  r«! 

II.  Li*  rliAiiintiiitiiii'  3'i» 

CJ.  !.«■•  f-iipiilf<t         .......  3.** 

II.  Lpfi  •iilp<T'||||ii||>.     ....  4011 

K  Lt".  font  t|i*  l.t  S«iiil<JiMii                    ...  .                             k*.^ 

K.  i»,iiiii(»ti«  fl«*  J  -II.  •!••  I(>»««i  «nr  la  iii||iiifi<'ati<>ij  •!•*  la  t-rnis  gain- 

lil^F  4la<iii  lr«  r.il.irfiiiiht-ii         ....  •     .  4!i 

li.  K\lr>iil  «l»!  iii»-iii'iir«'  .!••  M.  hfliirli»'  «ur  /.'•  j'»iir  rin/  r^  /^i  m»«/^i 

i/^  t  f'tilf'ititt'  'fi  <lf'«    'iriftt*   Iffttut    rn  ti'iu't'  «1.1 

Il     !>•■  ti  pr-iitiiT  iti«ili  «l  ilr  i  altrr.illiiii  <l«'«  l.ilicnri  iiii|ii-*-urip^rii- 

lir^  t-il   <li-i'|iii-lll  •!  '• 

I.    l.f*   .i|iti.t>f4   i'hri-li**iiiii-*  irirUii  II'   i-t    •!  K«''»««''   ii>-ritii'rf*    il''^ 

«'•i|||llti|ll«ll|i-«   ilrijl'lh|ljr«.  41  7 


EHNKST  LKROliX.  KDlïKUR 

2S,  HIK  lltiNAl'Ain'K.  i« 


ItlltLlOTlIËUl \i  AIICIIËOLOGIUIJE 

CulltM'lion  (le  v\\\\\m  in-8,  illuslrés  iIp  plaD«te  4jle  il»îssins 

I.CTHO.NNK  (A.-J.K  «Itî  rinsliliit.  —  «iIùimos  cIio'ish'S,  asstMnl»l«k>s,  mi.*i*s  eu 
(U'drtî  Pt  au.ijrnK'al«M»s  diiii  iii«l»v\,  par  K.  Kvis.vN.  (i  voliinios  iii-S,  avrc 
porlrail  iin'«lil  pir  l^.iul  I)ki.\iî'«mik,  iltis^iim,  planchc?i  hors  iç.\U%  de.    l'y  îr. 

I-()N(;i>KHIKK  (A.  lie.),  lit'  rinsliliit.  --  OKinros  rôunies  f»l  inisf?  m  onln; 
par  (i.  Si.iiLi:MUKK«iKii,  de  rin-liUil.  7  volumes  iii-S,  nomlu'eujips  fl^^iires  et 
planclHî< l*-/!  Ir. 

HHHTUAM)  (Ali  xwDui:),  .l-  lliisiiUit.  -  •  NOS  OHUîlNKS. 
—  Vtilume  (l'ihfr'fiii'fion  :  AirUt'iAn-yiO.    Ci'llitjue  «'l  gauloise.  I11-8, (J»*>sinî5, 
plaiirln's  i-l  rarti's  «ri  t'oiiliMirs l'Mr. 

I.  —  La  liaiile  avant  liv-*  (ianlMis,d'aprvs  Us  ruonnmenU  elles  tfxli^s.  Nuu- 
Vfll»'  rililiuii  i'i»!'on«iu«'  «'l  auirinoiiléf.  Iii-S,  noiiibreiiscs  illuslralion"*  «»l 
rarl'"s ir«  IV, 

II.  —  Les  t'ellos  dans  l»*>  vall«M'S  du  IVi  <d  du  Danniie,  par  A.  Iîkrirvni' et 
S.  lU.iw.n.  In-S,  nnuilurusi's  illuslralioiis 7  IV.  5<'* 

III.  —  La  rcliu'iou  L^1lll^^iNf^  luS.  nouil«n'U'.'«'s  illuslrations    ....   10  ir- 

MlLLh:K  ;K  ),  d.'  lliislilul  —  [y  Mont  Alhus,  Vathopédi  cl  l'île  <\r.  Thasos. 
Av».m:  un»'.  n«>licf  hiuirra[>liinuc  par  M.  le  nianjuis  hkQukux  deSaint-Hilaire. 
lu-s.  "2  carh> In  Ir. 

LK  HLANT  (Kn\i(»>n  ,  «!»•  rin^lilul.  — Lis  pers»'H*u tours  cl  les  martyrs  aux 

j.ji'iiiii'r^  ^iiM"îi'>  i|i'  iinlri'  ci-.-,  jn-^'    li::iji-.«-  «»l  pl:Hi''h»*<  ....  7  îV.  *>" 

Si.llM.Ml;i.ln;i:il  1.  -i-.m.,  .!'•  Ih'-'iliii.  .M"laui:.'S  .iar.'ii  cd  •  _';••  L'.  .-tîj- 
l=iii'.  In  ^.  I  i«ii«:îi"iil    i!!ii-|-.'  il.-  -Ir-Mu^  •'!.  d<'.  1''»  |»î.'MH'h«'<  .     .     .       !  ■  !i'. 

liKI.NV'lll     Sl.\nM.»\  .  .i.-  il'ii  !■..!.  I!- jii:>'-«"i  iir  .•l|.'(»!oLri  [IM*-;.    lu-^,   u-.;:! 

lipi'U-'-  Ij- iiî-'*  I'*   -i-.ii!!'.   -  ••;.  'm-'i  '.ji-.ix  iir-i-      ......      .        !i  *!•. 

.Ml 'Nil!!. Il  ^     «i^  .\!:      '  "!i  '■'\>\'\.i    Ï!!   Mm-'-'   d"  Moi  IJinirn.      -  L--  {•■  ■■  \-^ 
hi '-'j-t-'i  i'!i«'-  ■•;i    ."^:j«   !•    •  '    i  '11-  '•  -  .•  .!i.'-  !•■»>-  -''.indinuvt'.-;.    Ti-idiJi    p. 
>.  Iii  i\  \.  .1.  «i  •  .  Iii-;:Int.  I".  ''^,  ■.'  !-'.i::«iii's,   ijT  li-.  ni'o.  rjn-ir-.  î  •  ;;• 

l"L')l'|]S  r     îlii.    ••!.<»  .        1;:  i  !i-    sj  ,,i  •■.' •!••-!'•    ri   d'-  !'.\  lh'.»io-i'' l'.'m'-. -••- 
I)'*il\    «.(i-î.'-  -î.'    I.  1:  I'!'  •  .  >i;\  ".  •-  d    ;:i    i;.'  M.h-''    r!  'dit  cl  d'un»'  n<"'!.'  -i-j"  ■■■ 
^i_n  '  -^Mii'"»:;  !'{•'  ''M  ^.  I;;-"..  i-'îi-'î.-  ...  ..«■••! 

ii.XlD'»/  lli.Ni'.i;.  Il  .  i'.  *  d'-  i!i\  Mio;":::!'  ...ii:!ii-!'.  1.  I.f  Hii'u  L-auli-i-  -i  : 
>«.;   d  •  I    :••  -^  :!d>".  •    i  ■  .  !  f  •'II-.  l!;-\  :.".iî:--i   -  ■•'  Iij"U['(.'n ;   ii  , 

|;\I"^i"   i,n;'--r.  ^«'i   ■,."•    :    •  =  •  i:-.  !••«.  ^^j  ,.  .  .-i-i  Canoa-.'.  In-^,  (d.     .">ir. 

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